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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 177<br />

Le soulèvement éclate. Aussitôt, dans <strong>le</strong>s quartiers du travail, des barricades<br />

s'élèvent çà et là, à l'aventure, sur une multitude de points.<br />

Cinq, dix, vingt, trente, cinquante hommes recrutés par hasard, la plupart sans<br />

armes, commencent à renverser des voitures, lèvent et entassent des pavés pour<br />

barrer la vo<strong>le</strong> publique, tantôt au milieu des rues, plus souvent à <strong>le</strong>ur intersection.<br />

Quantité de ces barrages seraient à peine un obstac<strong>le</strong> pour la cava<strong>le</strong>rie. Parfois,<br />

après une grossière ébauche de retranchement, <strong>le</strong>s constructeurs la plantent là pour<br />

se mettre en quête de fusils et de munitions.<br />

En juin, on a compté plus de six cents barricades. Une trentaine au plus ont fait<br />

à el<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s tous <strong>le</strong>s frais de la batail<strong>le</strong>. Les autres, dix-neuf ou vingt, n'ont pas<br />

brûlé une amorce. De là, ces glorieux bul<strong>le</strong>tins qui racontaient avec fracas<br />

l'enlèvement de cinquante barricades, où il ne se trouvait pas une âme.<br />

Tandis qu'on dépave ainsi <strong>le</strong>s rues, d'autres petites bandes courent çà et là,<br />

désarment <strong>le</strong>s corps de garde en prenant de la poudre et des armes chez <strong>le</strong>s<br />

arquebusiers. Tout cela se fait sans concert ni direction, au gré de la fantaisie<br />

individuel<strong>le</strong>.<br />

Peu à peu, cependant, un certain nombre de barricades, plus hautes, plus fortes,<br />

mieux construites, attirent de préférence <strong>le</strong>s défenseurs qui s'y concentrent. Ce<br />

n'est point <strong>le</strong> calcul, mais <strong>le</strong> hasard qui détermine l'emplacement de ces<br />

fortifications principa<strong>le</strong>s ; quelques-unes seu<strong>le</strong>ment, par une sorte d'usurpation<br />

militaire assez concevab<strong>le</strong>, occupent <strong>le</strong>s grands débouchés.<br />

Durant cette première période de l'insurrection, <strong>le</strong>s troupes, de <strong>le</strong>ur côté, se sont<br />

réunies. Les généraux reçoivent et étudient <strong>le</strong>s rapports de police. Ils se gardent<br />

bien d'aventurer <strong>le</strong>urs détachements sans données certaines, au risque d'un échec<br />

qui démoraliserait <strong>le</strong> soldat. Dès qu'ils connaissent bien <strong>le</strong>s positions des insurgés,<br />

ils massent <strong>le</strong>s régiments sur divers points, qui constitueront désormais la base des<br />

opérations.<br />

Les armées sont en présence. Ici va se montrer à nu <strong>le</strong> vice de la tactique<br />

populaire ; cause certaine des désastres.<br />

Point de commandement général, partant point de direction ; pas même de<br />

concert entre <strong>le</strong>s combattants. Chaque barricade a son groupe particulier, plus ou<br />

moins nombreux, mais toujours isolé. Qu'il compte dix ou cent hommes, il<br />

n'entretient aucune communication avec <strong>le</strong>s autres postes. Souvent, il n'y a même<br />

pas un chef pour diriger la défense, et, s'il y en a un, son influence est à peu près<br />

nul<strong>le</strong>. Les soldats n'en font qu'à <strong>le</strong>ur tête : l'un s'en va, l'autre arrive ; ils restent, ils<br />

partent, ils reviennent, suivant <strong>le</strong>ur bon plaisir. Le soir, ils vont se coucher.

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