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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 169<br />

enfermées dans un si<strong>le</strong>nce dédaigneux, pour attendre l'agonie de la grande<br />

Révolutionnaire.<br />

Mais la garde Révolutionnaire n'agonise point. El<strong>le</strong> se hérisse de cinq cent<br />

mil<strong>le</strong> baïonnettes ; el<strong>le</strong> brave et rail<strong>le</strong> Bismarck, la famine, <strong>le</strong> bombardement. El<strong>le</strong><br />

repousse l'ennemi aujourd'hui ; demain el<strong>le</strong> se prépare à l'attaquer. El<strong>le</strong> s'indigne<br />

contre la mol<strong>le</strong>sse, l'inaction de son gouvernement, el<strong>le</strong> demande à grands cris des<br />

fusils, des canons.<br />

Les rois tremb<strong>le</strong>nt, et <strong>le</strong>ur effroi prend <strong>le</strong> masque de la sympathie. Ils laissaient<br />

al<strong>le</strong>r, quand <strong>le</strong> courant portait la France au naufrage. Ils se ravisent lorsque <strong>le</strong><br />

courant menace de la ramener au salut et à la victoire.<br />

Les voilà p<strong>le</strong>ins d'humanité, de bienveillance. Le sang versé <strong>le</strong>s afflige. Il faut<br />

mettre un terme à ces horreurs. Si Paris allait é<strong>cras</strong>er Guillaume sous ses murs,<br />

rallier la province, enterrer dans nos sillons <strong>le</strong>s hordes al<strong>le</strong>mandes, et ruer sur<br />

l'Europe monarchique la France républicaine !<br />

Quel désastre, pour <strong>le</strong> monde des oppresseurs ! Royautés, aristocraties,<br />

superstitions précipitées ensemb<strong>le</strong> au tombeau, et <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s, émergeant des<br />

ténèbres et de la misère, debout au grand so<strong>le</strong>il – la lumière – de la Science et de<br />

l'Égalité ! Ô malheur ! malheur ! Vite au secours de la nuit et du sabre !<br />

Vite un armistice, afin que la Prusse masse ses armées autour du rebel<strong>le</strong><br />

endurci et lui dicte la loi au nom de la force ! Vite, la paix, quand Bismarck peut la<br />

dicter de par la victoire et <strong>le</strong> fait accompli.<br />

La nuit du 31 1 octobre va rendre aux despotes l'espoir et l'inso<strong>le</strong>nce. Ces<br />

Parisiens, qui <strong>le</strong>s remplissaient de terreur, sont vaincus, non par l'ennemi, mais par<br />

la trahison. Ils ont voulu rompre la trame ourdie dans l'ombre par <strong>le</strong>s auxiliaires et<br />

<strong>le</strong>s complices de l'étranger. Ils ont succombé par horreur de la guerre civi<strong>le</strong>. Ils<br />

périssent par <strong>le</strong> scrupu<strong>le</strong> que n'ont jamais connu <strong>le</strong>urs odieux adversaires, celui de<br />

verser <strong>le</strong> sang des concitoyens.<br />

Le Prussien, vainqueur par <strong>le</strong>s baïonnettes de la réaction, va re<strong>le</strong>ver la tête et<br />

retrouver son langage de Ferrières 2 . La révolution avait rabattu son inso<strong>le</strong>nce,<br />

1 L'insurrection du 31 octobre 1870, à laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s blanquistes prirent une grande part, avait pour<br />

but de renverser <strong>le</strong> gouvernement de la défense nationa<strong>le</strong>. Cette insurrection échoua. Le<br />

gouvernement s'engagea à ne pas poursuivre <strong>le</strong>s insurgés. Ce qui ne l'empêcha pas d'arrêter<br />

<strong>Blanqui</strong> et de <strong>le</strong> condamner, en 1872, pour sa participation à l'insurrection.<br />

2 Allusion à l'entretien du ministre des Affaires étrangères Ju<strong>le</strong>s Favre avec Bismarck, au château<br />

de Ferrières-en-Brie (Seine-et-Marne), <strong>le</strong> 19 septembre 1870. Favre demandait que l'intégrité de<br />

la France soit sauvegardée, Bismarck exigeait l'annexion de l'Alsace-Lorraine à l'Al<strong>le</strong>magne.<br />

Les pourpar<strong>le</strong>rs furent sans résultat.

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