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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 162<br />

La police poussait avec autant de succès que de perfidie à ces terreurs puéri<strong>le</strong>s<br />

qui détournaient <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> de la question sérieuse, <strong>le</strong> renversement de l'empire. Le<br />

fait est que, dans ce quartier si révolutionnaire de Bel<strong>le</strong>vil<strong>le</strong>, l'émeute n'entraîna<br />

pas une seu<strong>le</strong> recrue.<br />

La colonne insurgée avait parcouru ainsi plus de deux mil<strong>le</strong> mètres sur <strong>le</strong><br />

bou<strong>le</strong>vard de Bel<strong>le</strong>vil<strong>le</strong>, au milieu de l'iso<strong>le</strong>ment et du si<strong>le</strong>nce.<br />

<strong>Blanqui</strong>, Eudes, Granger, jugeant l'entreprise avortée, arrêtèrent la colonne et<br />

dirent à <strong>le</strong>urs compagnons :<br />

« C'est une affaire manquée. Nous n'avons pas <strong>le</strong>s fusils, et puis, vous voyez<br />

que personne ne se joint à nous. Nous ne pouvons rien sans <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>. Avant dix<br />

minutes, notre petit noyau va rencontrer des chassepots contre <strong>le</strong>squels nos<br />

revolvers ne signifient rien. Il faut nous séparer. Le terrain est libre, nul<br />

n'inquiétera notre retraite. Cachez vos armes et dispersez-vous à travers <strong>le</strong>s rues<br />

voisines. »<br />

Tous se rangèrent à cette opinion. Les trois fusils en<strong>le</strong>vés furent abandonnés ;<br />

<strong>le</strong>s revolvers rentrèrent sous <strong>le</strong>s vêtements, et la dispersion s'accomplit sans<br />

obstac<strong>le</strong>.<br />

Nous ne laissions ni morts, ni prisonniers, ni b<strong>le</strong>ssures sérieuses.<br />

Personne, d'ail<strong>le</strong>urs, n'eût songé à nous barrer <strong>le</strong> chemin. La stupeur était<br />

complète autour de nous.<br />

Il faut bien <strong>le</strong> dire, cette troupe d'hommes déterminés répandait au loin l'effroi.<br />

De l'entrée des rues qui aboutissent au bou<strong>le</strong>vard, on apercevait la fou<strong>le</strong> amassée à<br />

plusieurs centaines de mètres, et n'osant approcher. On voyait aussi <strong>le</strong>s sergents de<br />

vil<strong>le</strong>, qui se tenaient au loin, à distance respectueuse.<br />

... Voici l'histoire des arrestations. Après <strong>le</strong> départ du rassemb<strong>le</strong>ment armé, des<br />

curieux se sont attroupés aux portes de la caserne, questionnant, s'informant,<br />

suivant la mode parisienne. La police – sergents de vil<strong>le</strong> et mouchards, – survenant<br />

tout à coup, s'est abattue sur <strong>le</strong>s badauds, a frappé, assommé, arrêté à tort et à<br />

travers.<br />

... Les seuls, deux ou trois peut-être, que la police ait pu saisir avaient été<br />

dénoncés, par suite d'indiscrétions.<br />

Eudes et Brideau ne sont tombés aux mains de l'autorité bonapartiste que par<br />

effet du hasard. Un mouchard amateur, du nom de Le<strong>le</strong>u, ayant entrevu <strong>le</strong> revolver<br />

d'Eudes sous son pa<strong>le</strong>tot, suivit <strong>le</strong>s deux amis et <strong>le</strong>s fit arrêter par <strong>le</strong>s sergents de<br />

vil<strong>le</strong>.

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