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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 150<br />

Et comment pourrait-il ne point s'en mê<strong>le</strong>r, puisqu'il est l'État ? Certes, <strong>le</strong><br />

conseil serait admirab<strong>le</strong>, s'il n'était une rail<strong>le</strong>rie. On engage <strong>le</strong>s ouvriers à bâtir<br />

avec <strong>le</strong>urs centimes de petites associations de dix, vingt, trente, cinquante, cent<br />

personnes, et à s'acoquiner dans ces recoins, pour tenir à l'œil <strong>le</strong> gérant et soigner<br />

la fructification du magot. Par cela même, en réalité, on <strong>le</strong>s dissuade de fourrer <strong>le</strong><br />

nez dans la grande association où vont s'engloutir <strong>le</strong>s gros sous jusqu'à<br />

concurrence de deux milliards et demi de francs.<br />

S'imagine-t-on, par hasard, que ce prélèvement de deux milliards sur la<br />

production nationa<strong>le</strong> soit chose indifférente au bien-être des travail<strong>le</strong>urs, et qu'ils<br />

n'aient pas plus à s'en soucier que des montagnes de la lune ? Et l'emploi de ces<br />

milliards, est-il aussi pour eux sans intérêt ? 500 millions de dette publique, dont <strong>le</strong><br />

capital a passé qui sait à quoi ? 500 millions servant àempêcher six cent mil<strong>le</strong><br />

hommes de travail<strong>le</strong>r, 60 millions alloués à l'Église, c'est-à-dire à la production des<br />

ténèbres, 25 millions à la soi-disant instruction publique, souvent simp<strong>le</strong><br />

succursa<strong>le</strong> des sacristies, tout au plus manufacture de pénombre ; tout cela n'a-t-il<br />

aucune influence sur <strong>le</strong> sort des masses ? Comment ose-t-on <strong>le</strong>ur dire de détourner<br />

<strong>le</strong>urs regards de l'État et de ne compter que sur el<strong>le</strong>s-mêmes ?<br />

Je sais bien qu'on va répondre : « Personne ne cherche àdistraire <strong>le</strong>s ouvriers de<br />

la chose publique, tout au contraire. On <strong>le</strong>s presse vivement d'y prendre une part<br />

active. Qu'ils s'occupent de politique, c'est <strong>le</strong>ur droit et <strong>le</strong>ur devoir. Mais la<br />

politique est une chose, et <strong>le</strong> travail social en est une autre. Réclamer de l'État une<br />

bonne gestion des intérêts communs, c'est bien. Lui demander de l'argent pour<br />

<strong>le</strong>urs intérêts privés, comme ils l'ont fait en 48, c'est insensé. Il ne faut pas<br />

confondre deux questions distinctes et essentiel<strong>le</strong>ment différentes. »<br />

« Différentes ! Distinctes ! » Mil<strong>le</strong> et mil<strong>le</strong> fois non ! La question est une et<br />

indivisib<strong>le</strong>. J'accorde que <strong>le</strong> budget ne commandite pas <strong>le</strong>s associations de<br />

travail<strong>le</strong>urs... Et encore ! En supposant quelques avances, faites à fonds perdus, à<br />

des sociétés ouvrières, contrairement aux axiomes sacramentels de l'économie<br />

politique officiel<strong>le</strong>, qu'est-ce que ce chiffre de centaines et de mil<strong>le</strong>, auprès des<br />

milliers de millions semés à p<strong>le</strong>ines mains sur tous <strong>le</strong>s grands chemins de l'Europe,<br />

de l'Asie, de l'Afrique et de lAmérique ? Une rivière et un verre d'eau ! On jette de<br />

hauts cris pour <strong>le</strong> verre d'eau répandu, on regarde en si<strong>le</strong>nce cou<strong>le</strong>r la rivière. Et<br />

pourtant <strong>le</strong> verre d'eau a produit quelque chose là où il est tombé, et <strong>le</strong> f<strong>le</strong>uve est<br />

allé se perdre stéri<strong>le</strong> dans la mer.<br />

Mais point de chicanes ! Supprimée la commandite du budget ! Les ouvriers ne<br />

demandent point d'argent à l'État. C'est l'État, au contraire, qui <strong>le</strong>ur en demande, et<br />

beaucoup, sous prétexte des intérêts généraux. Leurs intérêts particuliers ne<br />

souffrent-ils pas de cette saignée ? Si la grande association prend <strong>le</strong>urs sous, avec<br />

quoi pourraient-ils constituer <strong>le</strong> capital des petites ? Et si el<strong>le</strong> use mal des sommes<br />

pré<strong>le</strong>vées, plus désastreux encore sera pour eux <strong>le</strong> mauvais usage que l'excès de

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