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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 144<br />

5. – LES PARTAGEUX<br />

Curieux artic<strong>le</strong> de L'Ordre, journal réactionnaire de Dijon :<br />

Les socialistes promettent aux malheureux <strong>le</strong> bonheur <strong>le</strong> plus décevant en<br />

<strong>le</strong>ur parlant du partage des terres. Nous en avons l'application sous nos yeux. Les<br />

anciens biens communaux ont été partagés dans un grand nombre de localités.<br />

Les pauvres habitants qui avaient droit de pâture, de parcours, ont reçu un lot de<br />

propriété exclusive. Qu'est-il arrivé ? C'est que, par misère ou par imprévoyance,<br />

la plupart ont vendu <strong>le</strong>ur portion et en ont dissipé <strong>le</strong> prix, de sorte qu'ils sont plus<br />

pauvres qu'autrefois, parce qu'ils n'ont plus <strong>le</strong>s droits de pâture. Voilà ce qu'ils<br />

ont gagné à la théorie du partage des biens. C'est un fait notoire que nous livrons<br />

aux méditations des égalitaires.<br />

Ce pauvre journal prend <strong>le</strong>s socialistes pour des partageux. Ils sont précisément<br />

tout <strong>le</strong> contraire. Ils prêchent l'association universel<strong>le</strong> comme l'unique remède aux<br />

maux actuels, la seu<strong>le</strong> solution possib<strong>le</strong> de tous <strong>le</strong>s problèmes sociaux qui<br />

engendrent la misère, <strong>le</strong> désordre, la guerre civi<strong>le</strong>. Le partage des terres, à <strong>le</strong>urs<br />

yeux, n'est pas même un palliatif et ne ferait que généraliser la pauvreté et la<br />

souffrance. Le partage des communaux <strong>le</strong>ur a toujours paru un expédient<br />

désastreux qui devait entraîner l'aggravation du sort des pauvres par <strong>le</strong>ur<br />

dépossession inévitab<strong>le</strong>, et la perte de l'ancienne ressource commune. Ils ont<br />

prophétisé <strong>le</strong> fait malheureux que l'ignorant journal met à <strong>le</strong>ur charge. Le plaisant<br />

de l'aventure, c'est que ce journal, en plaidant à son insu <strong>le</strong> thème de ses<br />

adversaires, devient ainsi un adepte de <strong>le</strong>ur doctrine, s'enrô<strong>le</strong> sous <strong>le</strong> drapeau<br />

socialiste et déserte la cause de la famil<strong>le</strong> et de la propriété. Quel<strong>le</strong> bévue ! par<strong>le</strong>r<br />

contre la propriété individuel<strong>le</strong> ! Comment sa plume n'a-t-el<strong>le</strong> pas rebondi<br />

d'horreur en écrivant cette paro<strong>le</strong> :<br />

Les pauvres sont devenus plus pauvres par la transformation d'une propriété<br />

commune en propriétés particulières.<br />

C'est tout bonnement du communisme pur. Car la logique est inexorab<strong>le</strong>.<br />

L'argument emprunté aux communaux est applicab<strong>le</strong> à la généralité des terres.<br />

L'approriation est donc un fléau ; el<strong>le</strong> ne peut pas être tantôt un bienfait et tantôt<br />

une calamité. Si el<strong>le</strong> était un bienfait, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> serait en toute circonstance, aussi bien<br />

pour <strong>le</strong>s partages des communaux que pour toute autre division des terrains<br />

communs. Cette cessation de l'indivis, à propos des biens de commune, devient en<br />

quelque sorte une pierre de touche pour <strong>le</strong> système actuel de propriété. Ses<br />

résultats en sont la condamnation ou l'apologie. Heureux, ils <strong>le</strong> légitiment ;<br />

funestes, ils <strong>le</strong> condamnent. Les défenseurs de l'ordre prononcent eux-mêmes. Le<br />

partage des communaux a eu des conséquences déplorab<strong>le</strong>s. Il n'a fait qu'aggraver<br />

la misère. Donc l'appropriation du sol en général a pour résultat nécessaire la

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