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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 137<br />

complication <strong>le</strong>s effraie. Rien d'aussi décourageant que de ne pas voir clair dans<br />

son jeu, quand la vie en dépend.<br />

Néanmoins, <strong>le</strong>s bienfaits manifestes de l'association ne tarderont pas à éclater<br />

aux yeux de tout <strong>le</strong> prolétariat de l'industrie, dès que <strong>le</strong> pouvoir travail<strong>le</strong>ra pour la<br />

lumière, et <strong>le</strong> ralliement peut s'accomplir avec une extrême rapidité.<br />

Autrement grave est la difficulté dans <strong>le</strong>s campagnes. D'abord l'ignorance et <strong>le</strong><br />

soupçon hantent beaucoup plus encore la chaumière que l'atelier. Puis il n'existe<br />

pas d'aussi puissants motifs de nécessité et d'intérêt qui entraînent <strong>le</strong> paysan vers<br />

l'association. Son instrument de travail est solide et fixe. L'industrie, création<br />

artificiel<strong>le</strong> du Capital, est un navire battu par <strong>le</strong>s flots et menacé à chaque instant<br />

du naufrage. L'agriculture a sous ses pieds <strong>le</strong> plancher des vaches qui ne sombre<br />

jamais.<br />

Le paysan connaît son terrain, s'y cantonne, s'y retranche et ne redoute que<br />

l'empiètement. Le naufrage, pour lui, serait l'engloutissement dé sa parcel<strong>le</strong> dans<br />

cet océan de terres dont il ignore <strong>le</strong>s limites. Aussi partage et communauté sont-ils<br />

des mots qui sonnent <strong>le</strong> tocsin à ses oreil<strong>le</strong>s. Ils ont contribué pour une bonne part<br />

aux malheurs de la République en 1848, et servent derechef contre el<strong>le</strong>, depuis la<br />

nouvel<strong>le</strong> coalition des trois monarchies.<br />

Ce n'est pas une raison pour rayer <strong>le</strong> mot communisme du dictionnaire<br />

politique. Loin de là, il faut habituer <strong>le</strong>s campagnards à l'entendre non comme une<br />

menace, mais comme une espérance. Il suffit de bien établir que la communauté<br />

est simp<strong>le</strong>ment l'association intégra<strong>le</strong> de tout <strong>le</strong> pays, formée peu à peu<br />

d'associations partiel<strong>le</strong>s, grossies par des fédérations successives. L'association<br />

politique du territoire français existe déjà. Pourquoi l'association économique n'en<br />

deviendrait-el<strong>le</strong> pas <strong>le</strong> complément naturel, par <strong>le</strong> progrès des idées ?<br />

Mais il faut déclarer nettement que nul ne pourra jamais être forcé de<br />

s'adjoindre avec son champ à une association quelconque, et que, s'il y entre, ce<br />

sera toujours de sa p<strong>le</strong>ine et libre volonté. Les répétitions sur <strong>le</strong>s biens des ennemis<br />

de la république seront exercées, à titre d'amende, par arrêt de commissions<br />

judiciaires, ce qui n'implique en rien <strong>le</strong> principe de propriété.<br />

Il sera indispensab<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment d'annoncer que ces arrêts respecteront <strong>le</strong>s petits<br />

et moyens propriétaires, attendu que <strong>le</strong>ur hostilité, sans importance quand el<strong>le</strong><br />

existe, ne mérite pas une représail<strong>le</strong>. Ce qu'il faut balayer du sol, sans hésitation,<br />

sans scrupu<strong>le</strong>, ce sont <strong>le</strong>s aristocraties et <strong>le</strong> c<strong>le</strong>rgé. À la frontière, marche !<br />

Dans quels délais <strong>le</strong> communisme pourra-t-il s'instal<strong>le</strong>r en France ? Question<br />

diffici<strong>le</strong>. À juger par la disposition présente des esprits, il ne frapperait pas<br />

précisément aux portes. Mais rien de si trompeur qu'une situation, parce que rien<br />

n'est si mobi<strong>le</strong>. La grande barrière, on ne <strong>le</strong> redira jamais trop, est l'ignorance. Là-

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