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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 113<br />

à rien, de grands mots, la foi, <strong>le</strong> dévouement, la révolution, sans la moindre pensée<br />

positive. Thiers 1 , dans l'opposition, pourrait signer ces tartines. Est-ce avec un<br />

pareil bourdonnement qu'on soulèverait <strong>le</strong>s masses en France ? El<strong>le</strong>s n'en sont plus<br />

là, dieu merci. El<strong>le</strong>s comprennent la révolution comme il faut la comprendre, et<br />

comme Maître Mazzini ne la veut pas. On ne s'insurgera plus chez nous pour des<br />

phrases creuses, quand même <strong>le</strong> mot révolution y mugirait d'un bout à l'autre. Les<br />

campagnes n'ont commencé à s'ébran<strong>le</strong>r qu'après avoir attaché un sens très positif<br />

et très catégorique à ce mot de Révolution. Guerre aux châteaux ! À bas <strong>le</strong>s<br />

riches ! Mort aux exploiteurs ! Voilà <strong>le</strong> cri de ralliement des campagnes et <strong>le</strong>ur<br />

traduction du mot : Socialisme. Ces cris sont l'épouvante de Mazzini et de ses<br />

pareils : N'oubliez pas non plus <strong>le</strong>s anathèmes de Kossuth contre <strong>le</strong> Socialisme, en<br />

Ang<strong>le</strong>terre, lorsqu'il a eu pris langue, et connu <strong>le</strong> dernier mot des divers partis. Lui<br />

ne demande que l'indépendance de la Hongrie, avec <strong>le</strong> maintien du régime<br />

aristocratique et féodal qui la gouverne. Jugez de son goût pour nos doctrines en<br />

nous pendrait, là-bas. La France est bien loin en avant du reste de l'Europe ; el<strong>le</strong> a<br />

franchi <strong>le</strong>s phases qui restent à parcourir pour nos voisins. Le mot de révolution et<br />

de révolutionnaire n'a donc pas <strong>le</strong> même sens dans notre bouche et dans cel<strong>le</strong> de la<br />

plupart des étrangers. Presque tous en sont à la guerre des bourgeois contre <strong>le</strong>s<br />

rois, <strong>le</strong>s nob<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s prêtres. Quelques-uns, <strong>le</strong>s Hongrois, <strong>le</strong>s Polonais, ne sont que<br />

des aristocrates, en lutte pour <strong>le</strong>ur nationalité, contre des conquérants étrangers.<br />

Chez nous, <strong>le</strong> c<strong>le</strong>rgé, la nob<strong>le</strong>sse sont à peu près morts et ont dû se confondre avec<br />

la Bourgeoisie pour soutenir la guerre en commun contre <strong>le</strong> Prolétariat. Rois,<br />

nob<strong>le</strong>s, prêtres, bourgeois sont coalisés contre <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> des travail<strong>le</strong>urs. Dans la<br />

dernière insurrection, partout Bonaparte a eu <strong>le</strong>s bourgeois pour auxiliaires de ses<br />

troupes. Sans eux, il aurait échoué 2 . Sans doute nombre de bourgeois étaient dans<br />

<strong>le</strong>s rangs du peup<strong>le</strong>, mais ce sont là des exceptions. El<strong>le</strong>s confirment la règ<strong>le</strong>. La<br />

finance, <strong>le</strong> négoce, la propriété, <strong>le</strong> barreau ont été partout en masse contre <strong>le</strong><br />

mouvement. On dit qu'aujourd'hui la bourgeoisie fait la guerre au pouvoir ; mais ce<br />

n'est pas pour nos beaux yeux, c'est au profit des Bourbons, aînés ou cadets.<br />

Mazzini déblatère avec fureur contre <strong>le</strong> matérialisme des doctrines socialistes,<br />

contre la préconisation des appétits, l'appel aux intérêts égoïstes ; il foudroie la<br />

théorie avilissante et démoralisatrice du bien-être matériel. Or ne voyez-vous pas<br />

que ce sont tout simp<strong>le</strong>ment des déclamations contre-révolutionnaires ? Qu'est-ce<br />

que la révolution, si ce n'est l'amélioration du sort des masses ? Et quel<strong>le</strong> sottise<br />

1<br />

Louis-Adolphe THIERS (1797-1877) : Homme politique français. Dans sa jeunesse, il fut <strong>le</strong><br />

chef du parti bourgeois-libéral. Au cours de la révolution de 1830, il aida Louis-Philippe à<br />

prendre <strong>le</strong> pouvoir. Ministre sous la monarchie de juil<strong>le</strong>t. Pendant l'insurrection de Juin, partisan<br />

de la dictature de Cavaignac. Après <strong>le</strong>s journées de Juin, chef du parti de l'« ordre ».<br />

Le 17 février 1871, Thiers fut élu chef du pouvoir exécutif. Sa politique fut extrêmement<br />

réactionnaire. Après la proclamation de la Commune, il s'enfuit à Versail<strong>le</strong>s et déc<strong>le</strong>ncha, avec<br />

<strong>le</strong> soutien de Bismarck, la guerre civi<strong>le</strong> contre Paris révolutionnaire. A mérité <strong>le</strong> surnom de<br />

Bourreau de la Commune.<br />

2<br />

<strong>Blanqui</strong> évoque ici des insurrections qui eurent lieu dans certaines régions de la France après <strong>le</strong><br />

2 décembre 1851.

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