25.06.2013 Views

Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 107<br />

bien innocents de nos désastres ; et d'ail<strong>le</strong>urs, c'est aujourd'hui plus que jamais<br />

qu'il faut être philosophe. Les chefs d'éco<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s accusations dirigées contre eux<br />

sont une des perfidies de la faction des intrigants. Qu'est-ce donc que <strong>le</strong>s chefs<br />

d'éco<strong>le</strong> ? Les auteurs, ou du moins <strong>le</strong>s tenants principaux des diverses théories<br />

socia<strong>le</strong>s qui se proposent de reconstituer <strong>le</strong> monde sur la base de la justice et de<br />

l'égalité. Le socialisme, c'est la croyance à l'ordre nouveau qui doit sortir du<br />

creuset de ces doctrines. El<strong>le</strong>s se combattent sans doute sur bien des points, mais<br />

el<strong>le</strong>s poursuivent <strong>le</strong> même but, el<strong>le</strong>s ont <strong>le</strong>s mêmes aspirations ; el<strong>le</strong>s s'accordent<br />

sur <strong>le</strong>s questions essentiel<strong>le</strong>s et déjà, de <strong>le</strong>urs efforts, il est sorti une résultante qui,<br />

sans être encore bien déterminée, a cependant saisi l'esprit des masses, est devenue<br />

<strong>le</strong>ur foi, <strong>le</strong>ur espérance, <strong>le</strong>ur étendard. Le socialisme est l'étincel<strong>le</strong> é<strong>le</strong>ctrique qui<br />

parcourt et secoue <strong>le</strong>s populations. El<strong>le</strong>s ne s'agitent, ne s'enflamment qu'au souff<strong>le</strong><br />

brûlant de ces doctrines, aujourd'hui l'effroi des intrigants et bientôt, je l'espère, <strong>le</strong><br />

tombeau de l'égoïsme. Les chefs d'éco<strong>le</strong> tant maudits sont en définitive <strong>le</strong>s<br />

premiers révolutionnaires, comme propagateurs de ces idées puissantes qui ont <strong>le</strong><br />

privilège de passionner <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> et de <strong>le</strong> jeter dans <strong>le</strong>s tempêtes. Ne vous y<br />

trompez pas, <strong>le</strong> socialisme, c'est la révolution. El<strong>le</strong> n'est que là. Supprimez <strong>le</strong><br />

socialisme, la flamme populaire s'éteint, <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce et <strong>le</strong>s ténèbres se font sur toute<br />

l'Europe.<br />

Vous déplorez la division de la démocratie. Si par là vous entendez <strong>le</strong>s haines<br />

personnel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s jalousies, <strong>le</strong>s rivalités d'ambition, je me joins à vous pour <strong>le</strong>s<br />

flétrir, el<strong>le</strong>s sont un des fléaux de notre cause ; mais remarquez que ce n'est pas<br />

une plaie spécia<strong>le</strong> au parti, nos adversaires de toutes cou<strong>le</strong>urs en souffrent comme<br />

nous. El<strong>le</strong>s n'éclatent plus bruyamment dans nos rangs que par suite du caractère<br />

plus expansif, des mœurs plus ouvertes du monde démocratique. Ces luttes<br />

individuel<strong>le</strong>s, d'ail<strong>le</strong>urs, tiennent à l'infirmité humaine ; il faut s'y résigner et<br />

prendre <strong>le</strong>s hommes tels qu'ils sont. S'emporter contre un défaut de nature, c'est de<br />

la puérilité, sinon de la sottise. Les esprits fermes savent naviguer au travers de ces<br />

obstac<strong>le</strong>s qu'il n'est donné à personne de supprimer, et qu'il est possib<strong>le</strong> à tous<br />

d'éviter ou de franchir. Sachons donc nous plier à la nécessité et, tout en déplorant<br />

<strong>le</strong> mal, n'en laisser ra<strong>le</strong>ntir notre marche. Je <strong>le</strong> répète, l'homme vraiment politique<br />

ne tient pas compte de ces entraves et va droit devant lui, sans s'inquiéter<br />

autrement des cailloux qui sèment la route. Aussi <strong>le</strong>s récriminations dont vous me<br />

par<strong>le</strong>z entre <strong>le</strong>s diverses éco<strong>le</strong>s, si toutefois vous n'y attachez pas trop<br />

d'importance, me paraissent aussi misérab<strong>le</strong>s que bur<strong>le</strong>sques. Proudhoniens et<br />

communistes sont éga<strong>le</strong>ment ridicu<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>urs diatribes réciproques, et ils ne<br />

comprennent pas l'utilité immense de la diversité dans <strong>le</strong>s doctrines. Chaque<br />

nuance, chaque éco<strong>le</strong> a sa mission à remplir, sa partie à jouer dans <strong>le</strong> grand drame<br />

révolutionnaire, et, si cette multiplicité des systèmes vous semblait funeste, vous<br />

méconnaîtriez la plus irrécusab<strong>le</strong> des vérités : « La lumière ne jaillit que de la<br />

discussion. » Ces débats théoriques, cet antagonisme des éco<strong>le</strong>s sont la plus grande<br />

force du parti républicain ; c'est ce qui constitue sa supériorité sur <strong>le</strong>s autres partis,<br />

frappés d'immobilisme et pétrifiés dans <strong>le</strong>ur vieil<strong>le</strong> forme immuab<strong>le</strong>. Nous sommes<br />

un parti vivant, nous ; nous avons <strong>le</strong> mouvement, l'âge, la vie. Les autres ne sont

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!