Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

25.06.2013 Views

Auguste Blanqui, Textes choisis (1971) 100 détestable mensonge en trois mots que vous venez d'y inscrire : Liberté, Égalité, Fraternité ! Si vos femmes, si vos filles, ces brillantes et frêles créatures, qui promènent dans de somptueux équipages leur oisiveté tissée d'or et de soie, étaient jetées tout à coup à vos pieds, la poitrine ouverte par le fer des ennemis sans pitié, quels rugissements de douleur et de vengeance vous feriez retentir jusqu'aux extrémités du monde ! Eh bien, allez ! allez voir, étendus sur les dalles de vos hôpitaux, sur la paillasse des mansardes, ces cadavres de femmes égorgées, le sein troué de balles bourgeoises, ce sein, entendez-vous, qui a porté et nourri les ouvriers dont la sueur engraisse les bourgeois ! Les femmes du peuple valent les vôtres et leur sang ne doit pas, ne peut pas rester sans vengeance ! Justice donc, justice des assassins ! Nous demandons : 1° La dissolution et le désarmement de la garde bourgeoise de Rouen. 2° L'arrestation et la mise en jugement des soi-disant membres de la cour d'appel, séides nommés par Louis-Philippe, qui, agissant au nom et pour le compte de la faction royaliste victorieuse, ont emprisonné les magistrats légitimes de la cité, et rempli les cachots des républicains. 3° L'éloignement immédiat de Paris des troupes de ligne, qu'en ce moment même les réacteurs chassent, dans des banquets fratricides, à une Saint-Barthélemy des ouvriers parisiens.

Retour à la table des matières Auguste Blanqui, Textes choisis (1971) 101 11. – AVIS AU PEUPLE (TOAST DU 25 FÉVRIER 1851) 1 Quel écueil menace la révolution de demain ? L'écueil où s'est brisée celle d'hier, la déplorable popularité de bourgeois déguisés en tribuns. Ledru-Rollin, Louis Blanc, Crémieux, Marie, Lamartine, Garnier-Pagès, Dupont (de l'Eure), Flocon, Albert, Arago, Marrast 2 ! Liste funèbre ! noms sinistres écrits en caractères sanglants sur tous les pavés de l'Europe démocratique. C'est le gouvernement provisoire qui a tué la révolution ! C'est sur sa tête que doit retomber la responsabilité de tous les désastres, le sang de tant de milliers de victimes. La réaction n'a fait que son métier en égorgeant la démocratie. Le crime est aux traîtres que le peuple confiant avait acceptés pour guides et qui ont livré le peuple à la réaction. Misérable gouvernement ! Malgré les cris, les prières, il lance l'impôt de quarante-cinq centimes qui soulève les campagnes désespérées 3 . Il maintient les états-majors royalistes, la magistrature royaliste, les lois royalistes. Trahison ! 1 Toast envoyé par Blanqui de Bellele à Londres, en réponse à une demande de toast pour le banquet du 25 février 1851, anniversaire de la révolution de 1848. « Voici l'histoire de ce toast contée par Engels : « Barthélemy, se disant blanquiste, persuada Blanqui d'envoyer un toast au banquet. Mais il ne reçut qu'une attaque magnifique contre le gouvernement provisoire, Louis Blanc et Cie entre autres. Barthélemy, stupéfié, remit le document et il fut décidé de ne pas le publier... Nous traduisîmes le toast en allemand et le diffusâmes en Allemagne et en Angleterre. » Ce toast, publié d'abord en tract par les « Amis de l'Égalité », fut, ensuite, repris par La Patrie le 27 février 1851. Blanqui s'explique longuement sur l'origine et l'utilisation de ce texte dans une lettre (B. N., N. A. F., 9580, liasse I a , chemise 2, sous-chemise a, feuillet 41 et sq. du 19 mars 1851, [voir appendice p. 122 et sq.). 2 LEDRU-ROLLIN, Louis BLANC, CRÉMIEUX, etc. -Membres du gouvernement provisoire au début de la révolution de 1848. 3 Impôt des 45 centimes. Par un décret du 16 mars 1848, le gouvernement provisoire augmenta de 45 centimes par franc les 4 impôts directs qui pesaient surtout sur les paysans. Cette augmentation suscita un vif mécontentement dans les campagnes.

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 101<br />

11. – AVIS AU PEUPLE<br />

(TOAST DU 25 FÉVRIER 1851) 1<br />

Quel écueil menace la révolution de demain ? L'écueil où s'est brisée cel<strong>le</strong><br />

d'hier, la déplorab<strong>le</strong> popularité de bourgeois déguisés en tribuns.<br />

Ledru-Rollin, Louis Blanc, Crémieux, Marie, Lamartine, Garnier-Pagès,<br />

Dupont (de l'Eure), Flocon, Albert, Arago, Marrast 2 !<br />

Liste funèbre ! noms sinistres écrits en caractères sanglants sur tous <strong>le</strong>s pavés<br />

de l'Europe démocratique.<br />

C'est <strong>le</strong> gouvernement provisoire qui a tué la révolution ! C'est sur sa tête que<br />

doit retomber la responsabilité de tous <strong>le</strong>s désastres, <strong>le</strong> sang de tant de milliers de<br />

victimes.<br />

La réaction n'a fait que son métier en égorgeant la démocratie. Le crime est aux<br />

traîtres que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> confiant avait acceptés pour guides et qui ont livré <strong>le</strong> peup<strong>le</strong><br />

à la réaction.<br />

Misérab<strong>le</strong> gouvernement ! Malgré <strong>le</strong>s cris, <strong>le</strong>s prières, il lance l'impôt de<br />

quarante-cinq centimes qui soulève <strong>le</strong>s campagnes désespérées 3 .<br />

Il maintient <strong>le</strong>s états-majors royalistes, la magistrature royaliste, <strong>le</strong>s lois<br />

royalistes. Trahison !<br />

1<br />

Toast envoyé par <strong>Blanqui</strong> de Bel<strong>le</strong>-Î<strong>le</strong> à Londres, en réponse à une demande de toast pour <strong>le</strong><br />

banquet du 25 février 1851, anniversaire de la révolution de 1848. « Voici l'histoire de ce toast<br />

contée par Engels : « Barthé<strong>le</strong>my, se disant blanquiste, persuada <strong>Blanqui</strong> d'envoyer un toast au<br />

banquet. Mais il ne reçut qu'une attaque magnifique contre <strong>le</strong> gouvernement provisoire, Louis<br />

Blanc et Cie entre autres. Barthé<strong>le</strong>my, stupéfié, remit <strong>le</strong> document et il fut décidé de ne pas <strong>le</strong><br />

publier... Nous traduisîmes <strong>le</strong> toast en al<strong>le</strong>mand et <strong>le</strong> diffusâmes en Al<strong>le</strong>magne et en<br />

Ang<strong>le</strong>terre. » Ce toast, publié d'abord en tract par <strong>le</strong>s « Amis de l'Égalité », fut, ensuite, repris<br />

par La Patrie <strong>le</strong> 27 février 1851. <strong>Blanqui</strong> s'explique longuement sur l'origine et l'utilisation de<br />

ce texte dans une <strong>le</strong>ttre (B. N., N. A. F., 9580, liasse I a , chemise 2, sous-chemise a, feuil<strong>le</strong>t 41 et<br />

sq. du 19 mars 1851, [voir appendice p. 122 et sq.).<br />

2<br />

LEDRU-ROLLIN, Louis BLANC, CRÉMIEUX, etc. -Membres du gouvernement provisoire au<br />

début de la révolution de 1848.<br />

3<br />

Impôt des 45 centimes. Par un décret du 16 mars 1848, <strong>le</strong> gouvernement provisoire augmenta<br />

de 45 centimes par franc <strong>le</strong>s 4 impôts directs qui pesaient surtout sur <strong>le</strong>s paysans. Cette<br />

augmentation suscita un vif mécontentement dans <strong>le</strong>s campagnes.

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