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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 10<br />
I<br />
L'ardente activité révolutionnaire qui a rempli toute la vie consciente de<br />
<strong>Blanqui</strong> a commencé sous la Restauration.<br />
En 1824, <strong>le</strong> jeune <strong>Blanqui</strong> participa à l'organisation conspiratrice des<br />
Carbonari. En 1827, il fut b<strong>le</strong>ssé dans des combats de rues contre la police et la<br />
troupe et pour la première fois arrêté. En juil<strong>le</strong>t 1830, il prit une part active à la<br />
lutte révolutionnaire et fut profondément déçu par son résultat : l'établissement de<br />
la monarchie bourgeoise de Louis-Philippe.<br />
Entré dans l'association républicaine Les Amis du Peup<strong>le</strong>, <strong>Blanqui</strong> se plaça à<br />
l'ai<strong>le</strong> gauche de cel<strong>le</strong>-ci. Pour <strong>le</strong>s premières années de la monarchie de juil<strong>le</strong>t, deux<br />
documents témoignent de ses idées. Le premier est sa déclaration au procès des<br />
« Amis du Peup<strong>le</strong> », en janvier 1832 (Procès des Quinze). Le second est un<br />
discours prononcé à une réunion organisée par cette Société, <strong>le</strong> 2 février de la<br />
même année. Le premier de ces documents a été imprimé, à l'époque même, par<br />
l'association des « Amis du Peup<strong>le</strong> » ; <strong>le</strong> second nous est parvenu à l'état de<br />
manuscrit.<br />
Devant <strong>le</strong> tribunal, <strong>Blanqui</strong> posait nettement <strong>le</strong> problème de la division de la<br />
société en classes ; il liait la lutte que mènent <strong>le</strong>s « Amis du peup<strong>le</strong> » pour <strong>le</strong>s<br />
droits politiques aux besoins matériels, aux intérêts et aux souffrances des es<br />
populaires. Mais ses idées concernant <strong>le</strong>s classes socia<strong>le</strong>s de son temps n'avaient<br />
pas un suffisant degré de précision et son programme social était encore très<br />
indéterminé.<br />
Au président du tribunal qui lui demandait sa profession, <strong>Blanqui</strong> répondit :<br />
Prolétaire. Mais la suite de ses explications indique que, pour lui, <strong>le</strong> mot<br />
« prolétaire » désignait <strong>le</strong> travail<strong>le</strong>ur en général :<br />
C'est la profession de trente millions de Français qui vivent de <strong>le</strong>ur travail et<br />
qui sont privés de <strong>le</strong>urs droits politiques.<br />
Il est clair que <strong>Blanqui</strong> donnait à la notion de prolétaire Le même sens que <strong>le</strong>s<br />
démocrates donnaient à la notion de « peup<strong>le</strong> ». C'est l'opposition entre<br />
« l'aristocratie de la richesse et <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> » ou bien entre « la bourgeoisie et <strong>le</strong><br />
peup<strong>le</strong> », qui caractérise la pensée socia<strong>le</strong> de cette période. L'imprécision dans <strong>le</strong>s<br />
termes de cette opposition reflétait <strong>le</strong> niveau insuffisant du développement<br />
capitaliste en France, <strong>le</strong> non-achèvement de l'évolution industriel<strong>le</strong>. Comme nous<br />
<strong>le</strong> verrons plus loin, <strong>Blanqui</strong> confond « prolétaire » et « pauvres ».