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UN NOUVEAU PECTORAL-SCARABÉE DE CGUR<br />

A SAÏ (SOUDAN)<br />

Flor<strong>en</strong>ce THILL<br />

La campagne de novembre l98l à Saï, qui avait pour principal objectif la poursuite de la<br />

fouille du cimetière égypti<strong>en</strong> du Nouvel Empire SAC 5', a permis la découverte d'un objet<br />

particulièrem<strong>en</strong>t intéressant à bi<strong>en</strong> des égards. Il s'agit d'un pectoral de pierre vert foncé<br />

(Inv. S. 1425), <strong>en</strong> forme de collier ousekh, faisant office de scarabée de cæur. C'est le troisième<br />

de ce type mis au jour à Sai dans cette même nécropole 2, et le plus important par les dim<strong>en</strong>sions :<br />

15 x ll cm3. Il se trouvait dans la tombe 8, qui, à I'instar de la tombe 2 ayant fourni le pectoral<br />

S. 1147, fait partie du groupe c<strong>en</strong>tral du cimetière, le plus riche, semble-t-il, par son mobilier<br />

funéraire. Lors de sa découverte, le pectoral était fiché obliquem<strong>en</strong>t dans la terre de remplissage<br />

de la chambre, à proximité de fragm<strong>en</strong>ts de radius et d'humérus. Ne pouvant le considérer<br />

comme <strong>en</strong> place, ni même le rattacher à I'un des squelettes particulièrem<strong>en</strong>t bouleversés de cette<br />

partie de la tombe o, nous <strong>en</strong> sommes réduits aux conjectures quant à sa disposition primitive sur<br />

le mort: soit à I'emplacem<strong>en</strong>t du cæur, comme celui, trouvé in-situ, de la tombe 145, soit, plus<br />

vraisemblablem<strong>en</strong>t, susp<strong>en</strong>du au cou d'un des défunts.<br />

LE RECTO<br />

Le dos du nouveau pectoral de Saï (fig. l), représ<strong>en</strong>te un collier ousekh à quatre rangs de<br />

perles : deux rangées de perles <strong>en</strong> gouttes <strong>en</strong> léger relief, <strong>en</strong>serrant des perles tubulaires incisées,<br />

le cercle extérieur, <strong>en</strong> relief beaucoup plus acc<strong>en</strong>tué, étant composé d'une succession de trois<br />

perles rondes alternant avec une perle tubulaire. Chaque rang est délimité par un double filet<br />

incisé. Ce collier ousekh est d'un type bi<strong>en</strong> connu - notamm<strong>en</strong>t par les représ<strong>en</strong>tations des<br />

sarcophages du Moy<strong>en</strong> Empire 6 - comportant des attaches <strong>en</strong> forme de têtes de faucon..En son<br />

c<strong>en</strong>tre, comme dans les deux autres pectoraux de Saï, un gros scarabée est sculpté <strong>en</strong><br />

ronde-bosse. Il occupe ici <strong>en</strong>viron la moitié de Ia hauteur totale de I'objet. Par ses détails, gravés<br />

au trait sur les élytres, il ressemble beaucoup à celui du pectoral de la tombe 2. De parl et d'autre<br />

de ce scarabée c<strong>en</strong>tral, deux cobras <strong>en</strong> vis-à-vis, sculptés <strong>en</strong> léger relief, form<strong>en</strong>t la limite<br />

supérieure du collier ousekh,juste sous les têtes de faucon. Comme pour le pectoral aux quatre<br />

l. Pour les rapports préliminaires concernant cette nécropole, composée d'une tr<strong>en</strong>taine de tombes à puits du<br />

Nouvel Empire creusées dans le roc, cf. A. Minault - F. Thill, CRIPEL, 2, 1974, 75-102: CRIpEL, 3, 19j5. 67-90:<br />

A. Gout-Minault, CRIPEL, 4, 1976,85-103; J. Vercoutrer, CRIpEL, 2, 1974, 2t-22.<br />

2. L'étude iconographique des deux premiers (Inv. S I 147 et S. I 155) a été réalisée par Jean Vercoutter lui-même<br />

(c1' CRIPEL,3, 1975, I l-18). C'est avec d'autant plus de plaisir que je lui < offre > ce troisième pectoral !<br />

3. Contre 10,5 x 7,5 cm pour celui de la tombe 2 (S. ll47) et 7,8 x 6 cm pour celui de la rombe 14 (S. ll55).<br />

4. Cette tombe, collective comme toutes celles du cimetière, subit un effondrem<strong>en</strong>t important de la voûte qui<br />

acc<strong>en</strong>tua<br />

<strong>en</strong>core la détérioration et le bouleversem<strong>en</strong>t des squelettes dus au pillage.<br />

5. Cf. A. Minault - F. Thill, CRIPEL,3, 1975, fig. 4, p. 79. Il faut norer cep<strong>en</strong>danr que le pectoral de la rombe l4<br />

ne comporte pas de trous de susp<strong>en</strong>sion, contrairem<strong>en</strong>t à tous les autres.<br />

6. TypeIVdansG.Jéquier, Lesfisesd'objetsdessarcophagesduMoy<strong>en</strong>Empire,tæCaire, 1921,fig. 169,p.64.<br />

-331-


Flor<strong>en</strong>ce Thill<br />

Frc. 1. - Le recto du pectoral S. 1425 (éch. I : l).<br />

uraei de la tombe 14, les détails du corps des cobras sont gravés au trait. Enfirn, deux trous de<br />

susp<strong>en</strong>sion sont ménagés au niveau du deuxième rang de perles <strong>en</strong> partant de I'extérieur, sous<br />

les têtes de faucon.<br />

De cette brève description et des rapprochem<strong>en</strong>ts que I'on a pu faire alternativem<strong>en</strong>t avec<br />

I'un et I'autre des deux colliers ousekh antérieurem<strong>en</strong>t trouvés à Saï, il ressort que le dos de notre<br />

pectoral repr<strong>en</strong>d et réunit <strong>en</strong> un seul objet les thèmes figurés, <strong>en</strong>semble ou séparém<strong>en</strong>t, sur<br />

chacun des deux autres.<br />

Le collier à têtes de faucon et scarabée c<strong>en</strong>tral<br />

L'association sans précéd<strong>en</strong>t de ces trois composantes - deux seulem<strong>en</strong>t pour le pectoral<br />

de la tombe 14 - constitue la réelle originalité des trois pectoraux de Saï.<br />

Le collier ousekh<br />

Si le scarabée de cæur <strong>en</strong> pierre verte est fréqu<strong>en</strong>t au Nouvel Empire comme amulette<br />

funéraire ?, le collier ousekh est au contraire totalem<strong>en</strong>t inusité. Quant au scarabée de cæur, il est<br />

soit utilisé seul - <strong>en</strong> p<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tif ou disposé <strong>en</strong>tre les bandelettes - soit <strong>en</strong>châssé dans un pectoral<br />

épousant le plus souv<strong>en</strong>t la forme d'un naos 8, mais <strong>en</strong> aucun cas celle d'un collier ousekh.<br />

7. Cf. M. Malaise, Les scarabées de cæur dans I'Eg1:pte anci<strong>en</strong>ne, Bruxelles, 1978<br />

8. Cf. E. Feucht, Pektorale Nichtkoniglicher Person<strong>en</strong>, Wiesbad<strong>en</strong>, 1971, Pl. I-XXXIX, passln.<br />

-332-


Un nouveau pectoral à Sai<br />

L'emploi de cette amulette n'a cep<strong>en</strong>dant ri<strong>en</strong> pour nous surpr<strong>en</strong>dre puisqu'un chapitre du<br />

Livre des Mortslui est consacré. La vignette de ce chapitre 158, intitulé < Formule pour le collier<br />

d'or mis au cou du bi<strong>en</strong>heureux )), confîrme qu'il s'agit bi<strong>en</strong> de ce type de collier à têtes de<br />

faucon e.<br />

Nous le trouvons égalem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>tionné au verso du Papyrus Mac Gregor '0. Si I'on examine<br />

att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t cette liste d'amulettes, on constate que, mis à part le no 58 comportant deux fois<br />

le chiffre 20, les deux plus importants par le nombre sont le collier ousekh avec fermoirs <strong>en</strong> têtes<br />

de faucon (n" 2) et le serp<strong>en</strong>t djet (no 5), tous deux m<strong>en</strong>tionnés six fois. Toutes les autres<br />

amulettes sont au nombre de un à quatre, le plus souv<strong>en</strong>t trois.<br />

Ce même collier est aussi un élém<strong>en</strong>t de décor des plastrons de momies à Basse Epoque.<br />

C'est le cas, par exemple, d'un tissu stuqué peint du Musée de Zagreb, dont le c<strong>en</strong>tre est occupé<br />

par un pectoral <strong>en</strong> forme de naos représ<strong>en</strong>tant<br />

de droite à gauche Osiris, Horus et Isis, assisrr.<br />

En tant qu'amulette proprem<strong>en</strong>t dite, c'est aussi à Basse Epoque que l'on trouve le collier<br />

ousekh à têtes de faucon, soit <strong>en</strong> bronze et généralem<strong>en</strong>t surmonté d'une tête de divinité féminine<br />

(Hathor, Sekhmet ou Bastet, Isis, Mout) - ce sont les < égides ,r t' - soit <strong>en</strong> fai<strong>en</strong>ce verte, avec<br />

les têtes de faucon supportant le disque solaire13.<br />

Les têtes de faucon<br />

Pour ce qui est de la signification des fermoirs à têtes de faucon, plusieurs interprétations<br />

sont possibles, I'une n'excluant d'ailleurs pas les autres, comme c'est souv<strong>en</strong>t le cas <strong>en</strong> matière<br />

de religion égypti<strong>en</strong>ne.<br />

L'iconographie du faucon, dans le con<strong>texte</strong> du chapitre 158 du Livre des Mortsrelatif au<br />

collier ousekh, dans lequel le mort se prés<strong>en</strong>te comme fils d'Osiris et d'Isis, évoque tout<br />

naturellem<strong>en</strong>t I'image d'Horus la.<br />

Mais il pourrait s'agir aussi de représ<strong>en</strong>tations d'Isis et Nephthys, qui, dans plusieurs<br />

vignettes du chapitre 17 de ce mème Livre des Morts, sont figurées par des faucons <strong>en</strong>tourant la<br />

momie15' Dans la plupart des versions connues, les déesses sont explicitem<strong>en</strong>t désignées par la<br />

prés<strong>en</strong>ce, au-dessus de la tête des faucons, de leurs emblèmes respectifs j i<br />

" Y<br />

On peut noter égalem<strong>en</strong>t que I'un des noms d'Osiris, parmi la liste des épithètes du dieu<br />

qui constitue le chapitre 142 du Livre des Morts, est : ( Osiris <strong>en</strong> les deux faucons > 16.<br />

Le scarabée de cæur<br />

Quant au scarabée de cæur lui-même, une étude exhaustive lui ayant déjà été consacrée,<br />

nous nous bornerons à rappeler qu'il peut être tout à la fois représ<strong>en</strong>tation de Rô-Harakhti et<br />

d'OsirisrT.<br />

9. Cf. P. Barguet, Le livre des morts des anci<strong>en</strong>s Egypti<strong>en</strong>s, paris, 1967,226.<br />

10. Cf. J. Capart, ZÀ5, 45, 1908-1909, 14-21. Le recto de ce papyrus comporte un Livre des Morts, le verso une<br />

liste de 75 amulettes, donnant pour chacune d'elles son nom, un dessin et un chiffre.<br />

I I . J. Monnet Saleh, Les antiquités égypti<strong>en</strong>nes de Zagreb, Paris - La Haye, 1970, 172 (n 892).<br />

12. J. Vercoutter a déjà souligné ce rapport avec les < égides > <strong>en</strong> bronze de Basse Epoque; cl. CRIPEL,3, lg75,<br />

13 et 17, note 3. Il cite notamm<strong>en</strong>t celle du Louvre qui prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> son c<strong>en</strong>tre un scarabée ailé gravé au trait.<br />

13. Cf. W.M.F. Petrie, Amulets, Warminster 1972,Plr. V, no 7l a et c. Ces amulettes, qui provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de D<strong>en</strong>dera,<br />

sont datées par I'auteur de l'époque ptolémaïque.<br />

14. C'est I'hypothèse de P. Barguet, op. cit.,187<br />

15. Cf. E. Naville, Das Aegyptische Todt<strong>en</strong>buch der XVIIL bis XX. Dynastle, I. Berlin. 1886. Pl. XXVllt.<br />

16. Cf. P. Barguet, op. cit.,187.<br />

17. Cf. M. Malaise, op. cit., 38-39.<br />

-JJJ-


Les uraei<br />

Flor<strong>en</strong>ce Thill<br />

Le thème des cobras figure sur les pectoraux des tombes 14 (S. I 155) et 8 (S. 1425) de Sai,<br />

mais traité différemm<strong>en</strong>t. S. 1155 comporte quatre uraei, têtes dirigées vers l'extérieur, dont les<br />

corps se rejoign<strong>en</strong>t pour former les limites interne et externe du collier ousekh. Il s'agit<br />

vraisemblablem<strong>en</strong>t, dans ce cas, de la répétition du thème des deux serp<strong>en</strong>ts, dans un but de<br />

symétrie décorative, plutôt que d'un év<strong>en</strong>tuel thème - qui serait peu clair - des quatre serp<strong>en</strong>ts.<br />

S.1425 montre quant à lui les deux uraei se faisant face, de part et d'autre du scarabée.<br />

La figuration des cobras sur ces deux pectoraux de Saî évoque le même con<strong>texte</strong> funéraire<br />

que le thème précéd<strong>en</strong>t. Et, là <strong>en</strong>core, plusieurs év<strong>en</strong>tualités sembl<strong>en</strong>t offertes quant à leur<br />

signification.<br />

Les deux Ouadjet<br />

Ils peuv<strong>en</strong>t être une représ<strong>en</strong>tation des deux déesses Ouadjet. J. Vercoutter cite à juste titre<br />

les vignettes du chapitre 17 du Livre des Morts représ<strong>en</strong>tant le défunt <strong>en</strong> adoration devant les<br />

deux déesses-cobras, <strong>en</strong>roulées sur une tige de papyrus, et, sur certaines versions, expressém<strong>en</strong>t<br />

nommées Tqq&. " lqt ''<br />

On notera que c'est sur cette même vignette qu'Isis et Nephthys se prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t sous la<br />

forme de deux faucons (cf . supra, p. 333).<br />

Nous retrouvons cette association des deux Ouadjet et d'Isis et Nephthys sur certains<br />

pectoraux, soit explicitem<strong>en</strong>tre, soit, peut-être, indirectem<strong>en</strong>t, lorsque les deux sæurs sont<br />

surmontées de deux yeux oudjat,-de part et d'autre d'un scarabée de cæur 20.<br />

Il est loisible, dans<br />

ce cas, de supposer que les deux oudjat sont les deux déesses-serp<strong>en</strong>ts sous la forme des yeux<br />

d'Horus, id<strong>en</strong>tification attestée depuis les Textes des furamides". Sur deux pectoraux de Tanis,<br />

nous avons ainsi I'association: Isis et Nephthys/deux déesses-cobras/deux yeux oudjat22.<br />

Les deux Meret<br />

Les deux cobras peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t être une figuration des deux Meret évoquées dans le<br />

chapitre 37 du Livre des Morts23. La vignette correspondante montre généralem<strong>en</strong>t un homme<br />

transperçant un'serp<strong>en</strong>t de sa lance 24. Or, il se trouve que dans le chapitre 125 de ce même <strong>texte</strong><br />

funéraire. Osiris est salué comme < Celui des deux filles. Celui des deux Meret. le Maître des<br />

deux Maât >> ". Nous avons donc ici id<strong>en</strong>tification d'Isis et Nephthys, les deux filles, avec les<br />

deux Meret et les deux Maât.<br />

Isis et Nephthys<br />

Les deux serp<strong>en</strong>ts de nos pectoraux pourrai<strong>en</strong>t tout aussi bi<strong>en</strong> être une représ<strong>en</strong>tation d'Isis<br />

et Nephthys elles-mêmes. Les deux cobras de part et d'autre du scarabée de cæur nous<br />

18. Cf. CRIPEL,3, 1975, 15, et 18, note 19, avec référ<strong>en</strong>ce à E. Naville, op. cit.,PL. XXVIII, A.g.<br />

19. C'est le cas notamm<strong>en</strong>t d'un pectoral de Toutankhamon représ<strong>en</strong>tant Isis et Nephthys protégeant de leurs ailes<br />

le pilier djed surmonté du disque solaire. Devant Nephthys, un cobra coiffé de la couronne rouge : la Ouadjet du Nord;<br />

devant Isis, un autre coiffé de la couronne blanche : la Ouadjet du Sud.<br />

20. Cf. G. Daressy, ASAE,2, 1901, 8, fig.7. C'est le cas égalem<strong>en</strong>t d'un pectoral de Tanis où les deux déesses<br />

debout ont chacune <strong>en</strong>tre leurs ailes déployées tn æil oudjat(cf. P. Montet, Les constructions et le tombeau de Psous<strong>en</strong>nès<br />

à Tanis, Paris, 1951, Pl. XXVIII).<br />

21. Cf. R.O. Faulkner, The anci<strong>en</strong>t egyptian pyramid texts; translated into English. Oxford, 1969, 157,<br />

utterance 468, $ 900-902. Dans ce chapitre, la < déesso-serp<strong>en</strong>t<br />

qui est dans Nekheb > est id<strong>en</strong>tifiée à la couronne blanche<br />

et à I'eil intact d'Horus; la couronne rouge est égalem<strong>en</strong>t ceil d'Horus et déesse-serp<strong>en</strong>t.<br />

22. Pectoral de Oundebaounded (cf. P. Montet, op. cit., Pl. L), et de Psous<strong>en</strong>nès<br />

(td., Pl. CXIV).<br />

23. Cf. P. Barguet, op. cit.,79.<br />

24. Comme le note J. Vercoutter, une vignette de ce chapitre figure les deux uraei associées<br />

au collier et au lotus,<br />

comme dans fe pectoral de la tombe 14 de Saï (cI. cRIpEL, 3, 1975, 15 et E. Naville, op. cit., pl. L).<br />

25. Cf. P. Barguet, op. cit.,158.<br />

-334-


L-<br />

Un nouveau pectoral à Saî<br />

ramènerai<strong>en</strong>t alors à I'iconographie traditionnelle des pectoraux montrant Isis et Nephthys,<br />

ag<strong>en</strong>ouillées ou debout, devant un scarabée de cæur'u. Ne trouve-t-on pas à plusieurs reprises,<br />

sur des pectoraux, la représ<strong>en</strong>tation des deux déesses avec, pour déterminatif de leur nom, un<br />

serp<strong>en</strong>t ". Une vignette du chapitre 182 du Livre des Morts28, ainsi que certaines stèles<br />

funéraires 2e, nous les montr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t déterminées par un serp<strong>en</strong>t. Serp<strong>en</strong>t des deux Meret<br />

ou des deux Maât ?<br />

Les deux Maât<br />

Il semble <strong>en</strong> effet qu'Isis et Nephthys ai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t été assimilées aux deux Maât, ainsi<br />

que l'atteste le <strong>texte</strong> du chapitre 125 du Livre des Morts, cité plus haut, comme le fait que I'on<br />

trouve parfois, sur des pectoraux, la représ<strong>en</strong>tation des deux sæurs, la tête surmontée d'une<br />

plume'0, ou <strong>en</strong>serrant une plume <strong>en</strong>tre leurs ailes déployées 3r. A moins qu'une petite effigie de<br />

Maât assise, plume sur la tête, ne soit figurée derrière chacune d'elles 32. La phase ultime de cette<br />

id<strong>en</strong>tifircation est représ<strong>en</strong>tée par un pectoral de la XIX" dynastie montrant deux plumes de part<br />

et d'autre d'un scarabée de cæur, <strong>en</strong> lieu et place d'Isis et Nephthys }.<br />

Ainsi, le thème des deux uraei <strong>en</strong>cadrant un scarabée de cæur, sur deux des pectoraux de<br />

Sai - thème se trouvant d'ailleurs fréquemm<strong>en</strong>t sur les petits scarabées<br />

3a - peut évoquer tout<br />

à la fois les deux déesses-cobras de Haute et de Basse Egypte : les deux Ouadjet; les deux Meret,<br />

déesses-serp<strong>en</strong>ts de I'empire des morts; Isis et Nephthys, sæurs d'Osiris, parfois assimilées aux<br />

deux Meret; ou bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core les deux Maât, elles aussi vraisemblablem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiées à Isis et<br />

Nephthys, et qui ont donné leur nom à la Salle du Jugem<strong>en</strong>t, dite < Salle des deux Maât >.<br />

L'intrication des thèmes, on le voit, est extrême. Quelle que soit la solution choisie - mais la<br />

meilleure n'est-elle pas de considérer que ceux-ci, loin de s'exclure, additionn<strong>en</strong>t leurs pouvoirs<br />

magiques ? - il ressort de cette brève étude que I'iconographie des colliers ousekh de Saï est<br />

incontestablem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> rapport avec le Jugem<strong>en</strong>t des Morts et la vie d'Outre-Tombe. L'exam<strong>en</strong> du<br />

verso du nouveau pectoral, comportant la formule du chapitre 30 du Livre des Morts dans sa<br />

quasi-<strong>intégral</strong>ité, ne pourra que corroborer cette opinion.<br />

LE VERSO<br />

Le verso de S. 1425 (fig.2, a) est limité <strong>en</strong> son pourtour par la figuration <strong>en</strong> relief du dernier<br />

rang du collier ousekh. Sa deuxième particularité réside dans la disposition du <strong>texte</strong> : celui-ci est<br />

gravé non pas sur toute la surface du plat, comme il est d'usage sur les pectoraux de ce type,<br />

mais à I'intérieur d'un cadre incisé <strong>en</strong> forme de cæur qui r<strong>en</strong>force <strong>en</strong>core le pouvoir magique<br />

de I'inscription. La formule se déroule de droite à gauche <strong>en</strong> neuf lignes de <strong>texte</strong> hiéroglyphique<br />

incisées, séparées par un filet gravé semblant tracé à la règle. L'introduction, Sd.f, se trouve hors<br />

cadre, sur le revers d'une tête de faucon. Bi<strong>en</strong> que relativem<strong>en</strong>t soignée, l'écriture est loin<br />

d'atteindre la perfection artistique du décor de I'autre face.<br />

26. Cf. par ex. un pectoral de Toutankhamon dans C. Aldred, Jewels of the pharaohs,London, 1971, Pl. 94, ainsi<br />

que les nombreux pectoraux cités dans I'ouvrage d'E. Feucht, op. cit., passim.<br />

27. Cf. E. Feucht, op. cit.,Pl. VIII, Tl;X,86; XII,90; XVII, 108B.<br />

28. Cf. E. Naville, op. cit., Pl. CCVIII.<br />

29. Par ex. deux stèles du Musée archéologique de Flor<strong>en</strong>ce, datées de la XIXe dynastie (cf. S. Bosticco, Le stele<br />

egiziane del Nuovo Regno, Roma, 1965, no 47 (Inv. 2522); no 48 (Inv. 2591).<br />

30. Cf. E. Feucht, op. cit., Pl. XV, 101.<br />

31. Cf. P. Montet, op. cit.,Pl. XXUIL<br />

32. Cf. E. Feucht, op. cit., Pl. ilL,34.<br />

33. Cf. E. Feucht, op. cil., Pl. I, 12 (pectoral de Neferr<strong>en</strong>pet).<br />

34. Par ex. à Aniba (cf. G. Steindorff, Aniba, lI. Tafeln, Glùckstadt - Hamburg - New York, 1937,^1f.56, 137)<br />

ou à Sai, dans cette même nécropole du Nouvel Empire (S. 1029 de la tombe 5 ou S. 1296 de la tombe 20).<br />

-335-


Flor<strong>en</strong>ce Thill<br />

Frc. 2. Le verso des deux pectoraux < aux serp<strong>en</strong>ts > de Sa/<br />

(éch. I : l).<br />

-336-<br />

a. S. 1425 (tombe 8); b. S. 1155 (tombe 14)


L--<br />

Un nouveau pectoral à Saî<br />

Un premier exam<strong>en</strong> de ce verso révèle d'emblée plusieurs singularités - la plus frappante<br />

étant I'ordre tbut à fait fantaisiste des groupes de mots des deux premières lignes - qui vont<br />

pr<strong>en</strong>dre tout leur s<strong>en</strong>s à la lueur de la comparaison de I'inscription avec celle du pectoral de la<br />

tombe 14 (S. I155) (fig. 2, a et b).<br />

En premier lieu, il apparaît qu'<strong>en</strong> dépit de la différ<strong>en</strong>ce importante de dim<strong>en</strong>sions <strong>en</strong>tre les<br />

deux objets - presque du simple au double - les deux <strong>texte</strong>s occup<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t la même<br />

largeur. D'autre part, le <strong>texte</strong> du pectoral S. 1155, bi<strong>en</strong> que disposant d'une surface plus réduite<br />

<strong>en</strong> hauteur, produit un effet d'équilibre et d'aisance abs<strong>en</strong>t de I'autre inscription. Pourtant les<br />

écritures sont de toute évid<strong>en</strong>ce similaires comme le prouve la coexist<strong>en</strong>ce des mêmes<br />

particularités graphiques, tel le grand /inversé de la ligne 3 ou les mots mtrw (1.2) et rmt (1.6).<br />

Les deux versions du chapitre 30 B sont par ailleurs rigoureusem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tiques, mot pour moq<br />

et au déterminatif près. En outre, à chaque frn de ligne, la formule est coupée exactem<strong>en</strong>t au<br />

même <strong>en</strong>droit.<br />

A ce degré d'observation, deux hypothèses se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t : ou bi<strong>en</strong> les deux pectoraux sont<br />

de la même main, ou bi<strong>en</strong> I'un est la copie de I'autre. Un exam<strong>en</strong> att<strong>en</strong>tif des deux <strong>texte</strong>s permet,<br />

semble-t-il, de trancher <strong>en</strong> faveur de la seconde interprétation.<br />

Nous avons déjà signalé l'étonnante disposition des deux premières lignes de I'inscription.<br />

Le <strong>texte</strong> comm<strong>en</strong>ce par : h3ty n [pr(w.l) m 'h'av lieu de lb(J) n mwt.l sp 2, qui se trouve seulem<strong>en</strong>t<br />

à la deuxième ligne. Un trait vertical sépare ce dernier membre de phrase de la suite du <strong>texte</strong> :<br />

r./. Devant une telle êtrangetê, la première réaction est de p<strong>en</strong>ser que le scribe a débuté<br />

normalem<strong>en</strong>t la formule à la ligne 2 - réservant le haut pour la m<strong>en</strong>tion du nom du bénéficiaire<br />

- et ( oublié > tout un membre de phrase. S'étant aperçu de son erreur, il aurait par la suite<br />

ajouté la partie manquante au-dessus et signalé ce r<strong>en</strong>voi par I'adjonction d'une barre verticale.<br />

Une autre interprétation est néanmoins possible. Une observation parallèle des deux<br />

pectoraux révèle que si le <strong>texte</strong> de S. ll55 (tombe 14) est, comme nous I'avons déjà signalé,<br />

harmonieusem<strong>en</strong>t distribué dans I'espace, l'autre prés<strong>en</strong>te des superpositions et compressions de<br />

signes que ri<strong>en</strong> ne justifire à priori puisque tous deux dispos<strong>en</strong>t de la même largeur. On note<br />

égalem<strong>en</strong>t que, contre toute att<strong>en</strong>te, ces <strong>en</strong>tassem<strong>en</strong>ts inesthétiques se produis<strong>en</strong>t toujours du côté<br />

droit, correspondant au début des lignes, et non à la fin, comme on I'att<strong>en</strong>drait plutôt. Une<br />

exception à cette règle : la ligne 2, dont la partie gauche est particulièrem<strong>en</strong>t serrée puisqu'elle<br />

reproduit <strong>en</strong> une demi-ligne la totalité de la ligne 2 du pectoral S. 1155.<br />

Ces différ<strong>en</strong>tes remarques <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t des conclusions radicalem<strong>en</strong>t opposées à notre<br />

première hypothèse. Tout se passe comme si le scribe du nouveau pectoral S. 1425 avait copié<br />

le <strong>texte</strong> de S. I 155 <strong>en</strong> comm<strong>en</strong>çant par la gauche, c'est-à-dire dans le s<strong>en</strong>s inverse de l'écriture. La<br />

première ligne de S. 1425 correspondrait alors non pas à un r<strong>en</strong>voi dans un espace primitivem<strong>en</strong>t<br />

laissé libre, mais bi<strong>en</strong> à la copie, de gauche à droite, de la première ligne de S. 1155. Le scribe<br />

n'ayant pu inscrire la totalité de celle-ci dans ce cadre restreint, a continué <strong>en</strong> dessous, sur la<br />

partie droite de la ligne 2. Il ne lui restait plus alors qu'une demi-rangée pour écrire le <strong>texte</strong> de<br />

la ligne 2 de S. 1155, ce qui explique I'invraisemblable chevauchem<strong>en</strong>t de signes de cette fîn de<br />

rang. A partir de la troisième ligne, il suit scrupuleusem<strong>en</strong>t son modèle mais comme il comm<strong>en</strong>ce<br />

par la gauche, il a inévitablem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>dance à trop espacer ses premiers signes, ce qui I'oblige à<br />

serrer toute la deuxième partie, sur la droite.<br />

Cette interprétation, qui a le mérite d'expliquer toutes les < bizarreries > graphiques de<br />

notre pectoral, apparaît <strong>en</strong> dernier exam<strong>en</strong> comme la plus plausible. En conséqu<strong>en</strong>ce, il semble<br />

évid<strong>en</strong>t que I'inscription du pectoral de la tombe 8 a été copiée, à une époque indéterminée -<br />

qui n'est pas forcém<strong>en</strong>t celle de la fabrication de I'objet - sur celle du pectoral de la tombe 14,<br />

par un scribe qui, manifestem<strong>en</strong>t, ne compr<strong>en</strong>ait pas la signification du <strong>texte</strong> qu'il reproduisait.<br />

-337 -


Translitérqtion (cf. fig. 3).<br />

Flor<strong>en</strong>ce Thill<br />

Frc. 3. - L'insuiption du pectoral 5. 1425 (éch. 1 : l).<br />

b3ty(.1)" n !pr(w.l) m'lt'<br />

dd.f tb(.l) n mwt.l sp 2b ./ r.t" m mtnryd m bsf r.t m 8383.t<br />

m lrl rlq(w).k' r.l m-gsf lryz<br />

m!3.t ntk k3(.1) lmy ft.t(.l) flnmwh sw83.ti '.wt(.t)i pr.k<br />

r b(w)k nfr ltn.n (n.n) tmt m sbnÈw^<br />

ïnyw(.t) lr(y.w) rm1" m 'lt'.w l.l<br />

t.2<br />

1.3<br />

1.4<br />

1.5<br />

1.6<br />

nfr<br />

1.7<br />

1.8<br />

n.n nfr n s/mo 3w lb n wQ'-mdw m ddo<br />

grgq rJ r-gs ntrr mk tn(w).t.k wn.ty"<br />

Comm<strong>en</strong>laires-<br />

Æ ur-'a<br />

a. La graphie n'est pas très- claire maisil semblg par comparaison avec le pectoral de la<br />

tombe 14 (S. 1155), que.le groupe<br />

b = n tS- doive se lire $_gt G-.<br />

déterminatif du cæur qui est, dans les deux cas, mais surtout ici, niat gravê.<br />

C,est te<br />

b. Il manque un des deux traits a"P.Les deux sont prés<strong>en</strong>ts<br />

sur le pectoral S. 1155.<br />

c. Nous avons vu (cf. supra, p.337) que la barre verticale indique la séparation <strong>en</strong>tre la fin<br />

de la ligne I et le début de la ligne 2. La formule doit se lire : dd..f tb(.t) n mw.t.l sp 2<br />

h3ty(.t) n bp4w.t) m 'h' r.t...<br />

- p<br />

de&leFir,lat æ<br />

I gelîffi.-<br />

WTOTF+H<br />

C"[îJNI+u!fr<br />

-338-


Un nouveau pectoral à Sai<br />

d. La graphie d" g^"r!_Eu claire, que ce soit sur I'un ou sur I'autre des deux pectoraux.<br />

Nous avons ici 4 X - ^. Le signe horizontal sous le ra est vraisemblablem<strong>en</strong>t P . Mais<br />

It<br />

il reste à élucideile ,1 qri, sur le pectoral S. I 155, est figuré comme un a . Naville ne signale<br />

aucune variante d'écriture povr mtrw.<br />

e. Nous avons ici un groupe curieux de signes ,&5ê avec la prés<strong>en</strong>ce aberrante<br />

d'un long /sinueux et inversé. Il semble qu'ili-egiss-là d'une mauvaise graphie du signe<br />

A4 (D 4l de Gardiner), déterminatif du verbe 4--l comme du substantif<br />

"-- 4î<br />

Nous avons vu que cette écriture fantaisiste se trouve égalem<strong>en</strong>t sur le<br />

pectoral S.1155.<br />

f. Habituellem<strong>en</strong>t nous trouvons à cet <strong>en</strong>droi tê * b3lt . Or, nous avons<br />

2 . Etant donné que le pectoral S. ll55 donne la graphie Ê., tt semble qu'il faille lire<br />

k"= r-gs qui signifie égalern<strong>en</strong>t < auprès de, devant >. Nous aurions ainsi une variante<br />

- u,. h"-"urant altérée sur le pectoral S. 1425 - tout à fait inhabituelle. Il reste que le<br />

groupe ? ," retrouve normalem<strong>en</strong>t cette fois à la ligne 8 et que là, le signe "-'-\ ne<br />

I<br />

ressemble pas du tout à celui de la ligne 3 !<br />

^ 9n<br />

c. Le mot lry est ici écrit VMI<br />

a.on _v_gl<br />

au lieu a.ÉV t'<br />

P ou .-[Y<br />

. C"tt" variante<br />

graphique n'est pas attestée dans Naville, ni, semble-t-il, ailleurs.<br />

h. flnmwest r<strong>en</strong>du nur$-"o--e<br />

dans la variante Pe de Naville (cf. Naville<br />

, Aeg. Todt.,II, 98).<br />

i. Il semble qu'il y ait un supplém<strong>en</strong>taire qui r,orrs do.t.re$^fll""lieu de ÉÆJ{fl<br />

k.<br />

Le signe É- est assez mal formé. Nous avons 'â Ou'tt faut restituet V<br />

lll ri i<br />

L'omission du w de âw est attestée par ailleurs (cf. Naville, Aeg. Todt., II, 98, Pa et Ag).<br />

l. Pour les différ<strong>en</strong>tes manières de compr<strong>en</strong>dre ltnn ou lrn n.n ou <strong>en</strong>core hn.n n.n, cf.<br />

M. Malaise, Les scarabées de cæur dans I'Egypte anci<strong>en</strong>ne, Bruxelles, 1978. La graphie que<br />

nous avons ici est une de celles qui sont bi<strong>en</strong> attestées.<br />

m. Nous trouvons ici 11fl[ L{


n.<br />

p.<br />

Flor<strong>en</strong>ce Thill<br />

par un O et que sur nos deux pectoraux, il manque, pour ce substantif, le I et le<br />

déterminatif de I'homme. Cette même graphie sans t et sans déterminatif se retrouve dans<br />

Nagel, BIFAO, 29, 1929, 32.<br />

Le groupe lry.w rm! est écrit de manière curieuse,,Ê,sur S. 1425, et<br />

$3<br />

sur<br />

S. 1155, qu'il faut sans doute rétablir,FÊ . il )irigne \- est, selon toute<br />

vraisemblance, le q, la graphie \. de S. I 155 est plus surpr<strong>en</strong>ante. A moins que nous<br />

n'ayons e {5* , le signe 6é êtant mis pour - .<br />

FFS<br />

sQm ne comporte ni complém<strong>en</strong>t phonétique ni déterminatif, ce qui est assez rare.<br />

Nousavonsicilavariantem/d(cf.Naville, Aeg.Todt.,II,99,peetBa)qui,d'aprèsMalaise,<br />

est moins fréqu<strong>en</strong>te que m kmd. Il faut cep<strong>en</strong>dant noter que tous les scarabées de cæur<br />

lisibles d'Aniba, ainsi que les deux de Soleb, port<strong>en</strong>t cette même version (cf. G. Steindorff,<br />

Aniba,II, Tafeln, 1937,Tf.47-49 et M. Schiff-Giorgini, c. Robichon et J. Leclant, Soleb II :<br />

Les nécropoles, Flor<strong>en</strong>ce, 1971, 120, 128). La comparaison avec les autres scarabées de cæur<br />

de Saï est malheureusem<strong>en</strong>t impossible, leur <strong>texte</strong> étant soit incomplet soit illisible.<br />

q. Il manque un détermin atif à grg, ou #-<br />

ft<br />

ou <strong>en</strong>core<br />

4<br />

r. Nous avons ici la version la plus simplifiée, comme dans le papyrus du Louvre publié par<br />

Nagel dans BIFAO, 29, 1929, 32. La leçon complète est i r gs nlr ,3 m b3h n1r ,3 nb 'Imntt<br />

(cf. Naville, Aeg. Todt.,I, Tf. XLIII), la plus usitée est : n1r ,3.<br />

s. La version complète comporte le groupe m m3'-brw à la suite de wn.ty (cf. Naville, op. cit.,<br />

I, Tf. XLIII), mais ce dernier membre de phrase est presque toujours omis.<br />

Trqduction.<br />

< Qu'il dise: ô (mon) cæur de ma mère, ô (mon) cæur de ma mère, muscle cardiaque de mes<br />

dev<strong>en</strong>irs. Ne t'érige pas <strong>en</strong> témoin contre moi. Ne m'accuse pas devant le tribunal. eue ton<br />

inclinaison ne me soit-pas_défavorable <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du préposé à la balance, car tu es le Ka qui<br />

est dans (mon) corps, le Chnoum qui garantit la prospérité de mes membres. puisses-tu accéder<br />

au bi<strong>en</strong>-être qui nous est procuré là-bas. Ne r<strong>en</strong>ds pas (mon nom) puant [ou : Ne me r<strong>en</strong>ds pas<br />

puantl au nez de la Cour qui attribue aux hommes leur rang. Que cela soit bon pour nous et bon<br />

pour le juge, que cela soit agréable à celui qui prononce la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce. Ne dis pàs de m<strong>en</strong>songes<br />

contre moi <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du (grand) dieu, car voici v<strong>en</strong>u le mom<strong>en</strong>t de ton évaluation >>.<br />

Il nous reste à évoquer les questions que ne manque pas de susciter la découverte de ces<br />

trois pectoraux de Saï, tous particulièrem<strong>en</strong>t originaux <strong>en</strong> eux-mêmes 35,<br />

tout <strong>en</strong> étant d'un type<br />

très rare.<br />

Comme le soulignait J. Vercoutter 36,<br />

un pectoral id<strong>en</strong>tique à celui de la tombe 2 a êtêtrouvé<br />

à Aniba dans une sépulture de la XVIII" dynastie. On peut <strong>en</strong> m<strong>en</strong>tionner deux autres,<br />

fragm<strong>en</strong>taires, égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pierre verte, découverts dans la tombe d'Heka-nefer à Toshka-Est 37 :<br />

35. Celui qui, a priori, paraît le moins original des trois, le pectoral S. 1 147, trouvé dans la tombe 2 et réplique<br />

de celui d'Aniba, est particulièrem<strong>en</strong>t intéressant lui-aussi de par son inscription. Celle-ci ne reproduit pas le chapitre 30 B<br />

drt Livre des Morts, comme dans la quasi-totalité des cas, mais le chapitre 30 A, rarissime sur les scarabées de cæur.<br />

Malaise <strong>en</strong> note seulem<strong>en</strong>t deux exemples, tous deux d'époque tardive, et <strong>en</strong>core ceux-ci ne prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t-ils pas la formule<br />

dans son <strong>intégral</strong>ité (cf. M. Malaise, op. cit., p. 17). L'inscription du pectoral S. I 147 de Sai serait donc la seule, à notre<br />

connaissance, à fournir le <strong>texte</strong> complet du chapitre 30 A sur un scarabée de cceur, <strong>en</strong> n'éludant pas la partie où le cæur<br />

est prié de se taire sur les actions du défunt I En outre, il est le seul de tous les pectoraux de ce type à donner le nom<br />

et le titre du bénéficiaire de la formule.<br />

36. Cf. J. Vercoutter, CRIPEL,3, 1975, 13 et 17, notes 7 et g.<br />

37 - Cf. w K. Simpson, Heka-nefer and the Dynastic Material from Toshka and Arminna, New Hav<strong>en</strong> and<br />

Philadelphia, 1963, Pl. IX a-d.<br />

-340-


Un nouveau pectoral à Sai'<br />

du premier, le plus petit, il ne reste qu'une extrémité de collier ousekh terminé par une tête de<br />

faucon et la trace d'un trou de susp<strong>en</strong>sion. Le plat est anépigraphe. Il semble très proche de ceux<br />

d'Aniba et de la tombe 2 de Saï. Le second, dont les dim<strong>en</strong>sions, d'après la partie subsistante,<br />

sont voisines de celles du nouveau pectoral S. 1425 de Saï, prés<strong>en</strong>te sur le recto quatre rangs de<br />

perles gravés. En haut, une inscription horizontale comm<strong>en</strong>çant par : dd mdw /n. La terminaison<br />

<strong>en</strong> tête de faucon manque ainsi que le scarabée c<strong>en</strong>tral mais la forme des cassures ne laisse aucun<br />

doute sur leur exist<strong>en</strong>ce originelle. Le verso comporte six lignes d'un <strong>texte</strong> hiéroglyphique qui<br />

se révèle être ici aussi le chapitre 30 B du Livre des Morls jusqu'à : (r) gs nlr '3. Des trous de<br />

susp<strong>en</strong>sion existai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t sur ce pectoral.<br />

Nous nous trouvons donc <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de six objets, de même type mais non id<strong>en</strong>tiques,<br />

tous découverts dans des nécropoles nubi<strong>en</strong>nes. Parmi eux, trois provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d'un même site, le<br />

plus méridional, celui de Sai 38. Le fait ne laisse pas d'intriguer ! N'est-il pas surpr<strong>en</strong>ant que ce<br />

g<strong>en</strong>re d'amulettes funéraires dont, nous I'avons vu, la signification est sinon tout à fait claire, à<br />

tout le moins aisém<strong>en</strong>t rattachable aux conceptions égypti<strong>en</strong>nes du Jugem<strong>en</strong>t des Morts, ne se<br />

trouve pas plus souy<strong>en</strong>t dans les tombes, et notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Egypte même ? Pourquoi un site aussi<br />

important qu'Aniba au Nouvel Empire n'<strong>en</strong> a-t-il fourni qu'un, et celui de Soleb, pourtant très<br />

riche, pas un seul ? Toutes ces questions nous amèn<strong>en</strong>t à poser le problème de la fabrication de<br />

ces pectoraux. S'ils sont d'importation égypti<strong>en</strong>ne, il est pour le moins curieux qu'aucun n'ait été<br />

trouvé <strong>en</strong> Egypte. Alors, faudrait-il réviser nos idées (trop ?) établies sur les productions<br />

< indigènes > ? Si l'état des recherches archéologiques <strong>en</strong> Nubie ne nous permet pas <strong>en</strong>core de<br />

répondre à toutes les questions posées par de tels objets, leur découverte semble <strong>en</strong> tout cas<br />

prouver une fois de plus I'importance incontestable du site de Saï au Nouvel Empire.<br />

38. A noter égalem<strong>en</strong>t que la version

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