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Concilier biodiversité et pratiques agricoles. - Le réseau Messicoles

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David GASC<br />

Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du Diplôme d’Agronomie Approfondie<br />

Spécialité « Génie de l’environnement »,<br />

Option « Préservation <strong>et</strong> aménagement des milieux – Ecologie quantitative »<br />

Soutenu en septembre 2005<br />

Unité Eco-développement, Avignon<br />

<strong>Concilier</strong> <strong>biodiversité</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>agricoles</strong>.<br />

Usages de semences fermières <strong>et</strong> plantes messicoles en Luberon<br />

Membres du jury :<br />

Yannick OUTREMAN : Président du jury, Agrocampus Rennes<br />

Jacques LASSEUR : Maître de stage, INRA Unité Eco-développement, Avignon<br />

Didier LE CŒUR : Tuteur, INRA SAD, Rennes<br />

Jacques BAUDRY : Membre extérieur, INRA SAD, Rennes<br />

M. Carrascosa Garcia


<strong>Concilier</strong> <strong>biodiversité</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> culturales : Usages de semences fermières<br />

<strong>et</strong> plantes messicoles en Luberon<br />

Résumé :<br />

<strong>Le</strong>s espèces messicoles sont des plantes inféodées aux champs de céréales.<br />

Contrairement aux régions d’agriculture intensive, le Parc Naturel Régional du Luberon<br />

conserve une diversité en messicoles tout à fait exceptionnelle. Plusieurs études ont émis<br />

l’hypothèse que c<strong>et</strong>te diversité est liée à l’utilisation de semences autoproduites (ressemis) dans<br />

les exploitations de polyculture-élevage, facilitant leur dispersion. C<strong>et</strong>te proposition est le point<br />

de départ de c<strong>et</strong>te étude. Celle-ci doit préciser qui, pourquoi <strong>et</strong> comment se pratique le ressemis<br />

sur le territoire du Parc.<br />

Après avoir montré l’importance de c<strong>et</strong>te pratique à l’aide d’enquêtes réalisées auprès de 56<br />

agriculteurs cultivant des céréales, les éléments qui les motivent à garder leurs semences sont<br />

précisés. Face à la grande diversité de <strong>pratiques</strong> rencontrées, une typologie des exploitations a<br />

été réalisée de manière à étudier le ressemis sous l’angle des logiques de production. 4<br />

catégories d’agriculteurs ont été identifiés : « p<strong>et</strong>its » <strong>et</strong> « gros » éleveurs, polyculteurs Bio <strong>et</strong><br />

céréaliers. <strong>Le</strong> ressemis est pratiqué d’une part par les éleveurs, ce qui confirme <strong>et</strong> précise nos<br />

hypothèses, <strong>et</strong> d’autre part par les agriculteurs Bio. C<strong>et</strong>te étude a mis en évidence que le choix<br />

du ressemis correspondait à un compromis entre des critères d’ordre réglementaire, technicoéconomique<br />

<strong>et</strong> agronomique. Du point de vue agronomique, cela nous a permis de réviser la<br />

« nuisibilité » des adventices en fonction des logiques de production. <strong>Le</strong>s questions de la<br />

pérennité du ressemis <strong>et</strong> de la valorisation de l’étude pour la conservation des messicoles sur le<br />

Parc sont ensuite discutées.<br />

Abstract :<br />

Threatened arable weeds are only found in extensive cereal crops. Compared to other regions,<br />

which are intensively cultivated, the Luberon Natural Park (South-eastern France) has a great<br />

diversity of these arable weeds. Various studies have hypothesised that this diversity is due to a<br />

re-sowing technique : sowing the previous-year-harvested seeds. Farmers on mixed croplivestock<br />

farms replant their own seeds and graze their fields which helps the dissemination of<br />

the arable weeds.<br />

Assuming that this is true, we study who, why and how re-sowing is performed by the Park’s<br />

farmers. 56 surveys have been carried out to understand their motivations to replant farm seeds.<br />

A typology of farming systems which include cereals allows us to explain the reasons for various<br />

types of production. 4 types of farming production are identified : little and big cattle farming,<br />

organic farming and cereal farming. Re-sowing is used by cattle farmers, which confirms our<br />

hypothesis, and by biological farmers. This study points out that re-sowing is a compromise<br />

b<strong>et</strong>ween juridical, economical and agronomic factors. Farmers have different perceptions of<br />

weediness according to the type of farming production. The hypothesis of re-sowing and the<br />

conservation of threatened arable weeds in the Park are then discussed.<br />

Mots clés : plantes messicoles, adventice, céréales, <strong>pratiques</strong> culturales, ressemis, dissémination, logique<br />

de production, polyculture-élevage, enquêtes, analyse multivariée, Luberon.


Je tiens à adresser les plus vifs remerciements :<br />

Remerciements<br />

… à l’ensemble des personnes que j’ai contacté durant ce stage, sans lesquelles je n’aurais pas pu<br />

réaliser ce travail <strong>et</strong> tout spécialement les éleveurs qui ont partagé avec moi leur passion <strong>et</strong> certains de leurs<br />

savoir-faire. En particulier, je voudrais remercier M. ARMAND pour sa gentillesse <strong>et</strong> pour m’avoir<br />

autorisé à fouler ses champs de céréales à la recherche de p<strong>et</strong>ites plantes.<br />

… à l’équipe de travail « Vignobles <strong>et</strong> Biodiversité » pour son soutien méthodologique. En<br />

particulier, je souhaite remercier Pierre FRAPA, chargé d’étude au Parc Naturel Régional du Luberon, pour<br />

ses remarques pertinentes <strong>et</strong> sa grande sympathie. Je veux remercier aussi Marianna KONCZYKOWSKA,<br />

pour les échanges que nous avons pu avoir tout au long de ce stage. Mais aussi Arne SAATKAMP,<br />

étudiant en thèse de l’Université de Fribourg, pour le temps qu’il m’a consacré <strong>et</strong> la qualité des<br />

connaissances botaniques <strong>et</strong> en analyse de données qu’il m’a transmises.<br />

… à l’ensemble des membres de l’unité « Eco-développement » de l’INRA d’Avignon pour<br />

l’accueil qu’ils m’ont réservé. <strong>Le</strong>s discussions que j’ai eu avec nombre d’entre eux ont été très<br />

enrichissantes. <strong>Le</strong>ur soutien méthodologique, logistique <strong>et</strong> matériel m’ont été d’un grand secours tout au<br />

long de ce stage.<br />

Enfin j’adresse mes plus chaleureux remerciements à Jacques LASSEUR <strong>et</strong> Thierry DUTOIT, mes deux<br />

maîtres de stage qui m’ont permis de réaliser c<strong>et</strong>te étude passionnante. Jacques, zootechnicien à l’unité<br />

« Eco-développement » de l’INRA d’Avignon, m’a apporté, par sa longue expérience de terrain, de<br />

nombreux savoir-faire sur les méthodes d’enquêtes auprès d’agriculteurs. Son soutien méthodologique m’a<br />

été essentiel, surtout lors de la course finale. Thierry, professeur d’écologie à l’Université d’Avignon, m’a<br />

été d’un grand secours lors de mes interrogations portant sur l’écologie végétale. Tout comme Jacques,<br />

c<strong>et</strong>te personne à multiples fac<strong>et</strong>tes m’a touché par sa sympathie <strong>et</strong> son humour. Je n’oublierai pas de<br />

remercier Didier LE CŒUR, tuteur <strong>et</strong> enseignant de la formation passionnante que je m’apprête à terminer,<br />

pour les conseils pertinents qu’il a su me donner aux moments importants de ce stage.<br />

Pour terminer, merci :<br />

à Stéphanie (alias smothes) <strong>et</strong> Nathalie ainsi que Sabine, Chantal, Emilie, Blaise, Etienne <strong>et</strong> Cyril<br />

pour les indispensables moments de détente que nous avons pu passer ensemble <strong>et</strong> qui ont fait de ce stage<br />

une expérience personnelle très enrichissante.<br />

à ma famille pour m’avoir soutenu durant ces 5 années d’étude, même si elle ne comprenait pas<br />

toujours ce que je pouvais bien y apprendre.


Liste des figures :<br />

Liste des illustrations<br />

Figure 1 : Représentation des variables (actives) sur le plan factoriel 1-2 de l’AFCM. p11<br />

Figure 2 : Représentation des 4 catégories d’agriculteurs sur le plan factoriel 1-2. p12<br />

Figure 3 : Répartition des semences fermières <strong>et</strong> certifiées par culture <strong>et</strong> par type<br />

d’agriculteurs. p14<br />

Figure 4 : Lien entre le devenir des productions <strong>et</strong> la pratique du ressemis. p19<br />

Liste des tableaux :<br />

Tableau 1 : Synthèse des caractéristiques des 4 types d’agriculteurs (d’après annexe 11). p13<br />

Tableau 2 : Pratiques culturales des 4 types d’agriculteurs <strong>et</strong> potentiel de maintien des<br />

messicoles. p26<br />

Liste des photos :<br />

Photo 1 (page « Partie 1 ») : Pied d’alou<strong>et</strong>te (Consolida regalis) devant un champ cultivé de… coquelicot.<br />

Photo 2 (page « Partie 2 ») : Une des parcelles inventoriées de blé dur riche en espèces messicoles.<br />

Photo 3 (page « Partie 3 ») : Brebis en train de pâturer une parcelle d’orge en dérobé (pâturage en vert).<br />

Divers des trieurs de semences fermières utilisés (page « Partie 4 »):<br />

Photo 4 : Des tamis.<br />

Photo 5 : Un ventail (ventaïre).<br />

Photo 6 : Un trieur à cylindres<br />

Photo 7 : Un séparateur.<br />

Photo 8 : Un autre modèle de séparateur.<br />

Photo 9 : Des grains de blé tendre de la variété Florence Aurore avant le tri.<br />

Photo 10 : Des grains de blé tendre de la variété Florence Aurore (les mêmes que ceux de la photo 9) après avoir<br />

été triés par un séparateur puis par un trieur à cylindres.


Liste des sigles utilisés dans le corps du texte <strong>et</strong> les annexes :<br />

ADPIC : Accords Internationaux sur la Protection des Droits Intellectuels<br />

AFCM :Analyse Factorielle des Correspondances Multiples<br />

Av : Avoine<br />

BD : Blé dur<br />

Bio : en Agriculture Biologique<br />

BT : Blé tendre<br />

CAD : Contrat d’Agriculture Durable<br />

CAH : Classification Ascendante Hiérarchique<br />

CNDSF : Coordination Nationale de Défense des Semences Fermières<br />

COV : Certificat d’Obtention Végétale<br />

CPE : Coordination Paysanne Européenne<br />

CTE : Contrat Territorial d’Exploitation.<br />

CVO : Cotisation Volontaire Obligatoire<br />

DIVA : Action Publique, Agriculture <strong>et</strong> Biodiversité<br />

GAEC : Groupement Agricole d’Exploitation en Commun<br />

GDA : Groupement de Développement Agricole<br />

GNIS : Groupement National Interprofessionnel des Semences<br />

IMEP : Institut Méditerranéen d’Ecologie <strong>et</strong> de Paléoécologie<br />

INRA : Institut National de Recherche Agronomique<br />

L : Luzerne<br />

MAE : Mesure Agro-Environnementale<br />

MO : main d’œuvre<br />

O : Orge<br />

OGM : Organisme Génétiquement Modifié<br />

ONIC : Office National Interprofessionnel des Céréales<br />

PAC : Politique Agricole Commune<br />

PNRL : Parc Naturel Régional du Luberon<br />

RA : Recensements Agricoles<br />

RSP : Réseau des Semences Paysannes<br />

S : Sainfoin<br />

SAU : Surface Agricole Utile<br />

SC : Semences certifiées (i. e. ach<strong>et</strong>ées)<br />

SF : Semences fermières<br />

T : Triticale<br />

TL : Surfaces de Terres Labourables<br />

UPOV : Union internationale pour la Protection des Obtentions Végétales<br />

VBM : Valeur Biologique Majeure


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

Sommaire<br />

1. INTRODUCTION......................................................................................................................................... 8<br />

1.1. LA FLORE MESSICOLE DANS LE PARC NATUREL RÉGIONAL DU LUBERON.......................................... 9<br />

1.1.1. La spécificité de la flore messicole................................................................................................. 9<br />

1.1.2. <strong>Le</strong> Parc Naturel Régional du Luberon, un site d’étude privilégié.............................................. 10<br />

1.1.3. La disparition programmée des espèces messicoles .................................................................... 11<br />

1.2. LA PROBLÉMATIQUE ............................................................................................................................ 11<br />

1.3. LES PRINCIPALES ÉTAPES DE MON ÉTUDE ........................................................................................... 12<br />

2. MATÉRIEL ET MÉTHODES................................................................................................................... 14<br />

2.1. L’ÉTAT DES LIEUX DES CONNAISSANCES SUR LES ESPÈCES MESSICOLES........................................... 15<br />

2.2. LE CONTEXTE RÉGLEMENTAIRE DE L’UTILISATION DE SEMENCES FERMIÈRES ................................ 15<br />

2.3. LA MÉTHODOLOGIE DES ENQUÊTES .................................................................................................... 15<br />

2.3.1. Pourquoi faire des enquêtes ?...................................................................................................... 15<br />

2.3.2. La stratégie d’échantillonnage .................................................................................................... 16<br />

2.3.3. Quelles informations recueillir ? ................................................................................................. 16<br />

2.3.4. La mise en œuvre des enquêtes.................................................................................................... 17<br />

2.4. L’ANALYSE DES RÉSULTATS DES ENQUÊTES........................................................................................ 17<br />

2.4.1. <strong>Le</strong>s variables r<strong>et</strong>enues .................................................................................................................. 17<br />

2.4.2. L’analyse typologique .................................................................................................................. 18<br />

2.4.3. L’analyse des itinéraires techniques associés au ressemis.......................................................... 18<br />

2.5. LA COMPARAISON BOTANIQUE SELON LA MODALITÉ DE RESSEMIS ................................................... 19<br />

3. RÉSULTATS............................................................................................................................................... 20<br />

3.1. LES CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉCHANTILLON..................................................................................... 21<br />

3.2. LA DESCRIPTION DE LA DIVERSITÉ DES EXPLOITATIONS.................................................................... 22<br />

3.2.1. La typologie des exploitations ...................................................................................................... 22<br />

3.2.2. La description des types d’agriculteurs ....................................................................................... 23<br />

3.3. QUI PRATIQUE LE RESSEMIS ET SELON QUELLES MOTIVATIONS? ...................................................... 25<br />

3.3.1. Quelles sont les cultures concernées par le ressemis ? ............................................................... 25<br />

3.3.2. La pratique du ressemis « est vraiment importante pour nous » (éleveurs)............................... 25<br />

3.3.3. « En parlant en Bio, l’utilisation de semences de ferme devient quasiment obligatoire » ........ 27<br />

3.3.4. L’utilisation de semences fermières « est complètement contraire à nos objectifs de<br />

qualité » (céréaliers)..................................................................................................................................... 28<br />

3.4. QUELLES SONT LES ÉLÉMENTS DÉTERMINANTS LES CHOIX DE L’AGRICULTEUR CONCERNANT CETTE<br />

PRATIQUE ?....................................................................................................................................................... 29<br />

3.4.1. <strong>Le</strong> contexte réglementaire <strong>et</strong> économique contraint fortement l’utilisation de semences<br />

fermières....................................................................................................................................................... 29<br />

3.4.2. D’autres facteurs influencent le ressemis.................................................................................... 30<br />

3.5. COMMENT S’INTÈGRE LE RESSEMIS DANS LES ITINÉRAIRES TECHNIQUES ? ..................................... 32<br />

3.5.1. Pour les éleveurs (type 1 <strong>et</strong> 2) ...................................................................................................... 32


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

3.5.2. Pour les polyculteurs Bio (type 3)................................................................................................ 33<br />

3.5.3. Pour les polyculteurs céréaliers (type 4)...................................................................................... 33<br />

3.5.4. Quelles sont les relations entre les <strong>pratiques</strong> culturales <strong>et</strong> le ressemis ?.................................... 34<br />

3.6. LE RESSEMIS INFLUENCE-T-IL LA FLORE MESSICOLE ?...................................................................... 34<br />

3.6.1. Quel est l’avantage des semences fermières vis à vis des messicoles ?....................................... 34<br />

3.6.2. <strong>Le</strong> transport de graines adventices par les semences au cœur des raisonnements des<br />

agriculteurs................................................................................................................................................... 35<br />

3.6.3. <strong>Le</strong>s résultats de l’analyse floristique en guise d’illustration....................................................... 35<br />

4. DISCUSSION ET PERSPECTIVES......................................................................................................... 36<br />

4.1. QUI PRATIQUE LE RESSEMIS SUR LE PNRL ET SUR QUELLES SURFACES ? .......................................... 1<br />

4.1.1. La pertinence de l’échantillon ....................................................................................................... 1<br />

4.1.2. Des éléments d’extrapolation des résultats à l’ensemble du PNRL.............................................. 1<br />

4.2. FACE À LA DIVERSITÉ D’ITINÉRAIRES TECHNIQUES, QUEL EST LA POTENTIEL DE DISSÉMINATION<br />

DES ESPÈCES MESSICOLES ?............................................................................................................................... 2<br />

4.2.1. <strong>Le</strong>s <strong>pratiques</strong> de la polyculture céréalière sont défavorables au maintien de ces espèces ........... 2<br />

4.2.2. La polyculture-élevage constitue la meilleure chance de maintien <strong>et</strong> de dissémination de ces<br />

espèces ........................................................................................................................................................ 3<br />

4.2.3. <strong>Le</strong>s agriculteurs Bio créent des conditions favorables au maintien de ces espèces mais limitent<br />

leur dissémination .......................................................................................................................................... 3<br />

4.3. LA DISPERSION DES MESSICOLES VIA LES SEMENCES FERMIÈRES........................................................ 4<br />

4.4. LA PÉRENNITÉ DE CETTE PRATIQUE SUR LE PNRL .............................................................................. 5<br />

4.5. DES APPLICATIONS À LA CONSERVATION DES ESPÈCES MESSICOLES DU PNRL.................................. 6<br />

CONCLUSION 31<br />

BIBLIOGRAPHIE 32


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

Partie 1<br />

Introduction<br />

Photo 1


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

1 Introduction<br />

1.1. La flore messicole dans le Parc Naturel Régional du Luberon<br />

1.1.1. La spécificité de la flore messicole 1<br />

La flore messicole fait partie de la flore adventice 2 des champs cultivés. Elle a depuis<br />

toujours été combattue à cause de ses conséquences sur les rendements des cultures, en<br />

particulier à cause de sa compétitivité importante, ce qui a conduit au développement de<br />

moyens de lutte toujours plus efficaces. <strong>Le</strong>s espèces messicoles (du latin messi- : moisson <strong>et</strong> -<br />

cole : habiter) se développent dans les champs de céréales. De leur zone d’origine (Croissant<br />

Fertile) où elles trouvaient des conditions extrêmes (aridité, vent, altitude, <strong>et</strong>c…) de non<br />

concurrence ainsi que des <strong>pratiques</strong> <strong>agricoles</strong> traditionnelles adéquates, elles se sont<br />

propagées partout en Europe, utilisant les vagues successives d’échanges de céréales<br />

(Olivereau, 1996 ; Jauzein, 1997 ; Sutcliffe & Kay, 2000). Elles ont bénéficié de conditions<br />

favorables créées par l’Homme dans les parcelles de céréales. C<strong>et</strong> agrosystème céréalier se<br />

caractérise par un régime de perturbations (labours, moisson, traitements) au cycle annuel.<br />

Ces espèces se sont adaptées à ces perturbations <strong>et</strong> à l’évolution des techniques de culture.<br />

Malgré les difficultés à définir clairement ce qu’est une messicole (Olivereau, 1996 ; Jauzein,<br />

1997), nous considérons dans notre étude en tant que telle les espèces annuelles (thérophytes<br />

au sens de Raunkiaer (1905, cité par Jauzein [b])) plus ou moins inféodées aux moissons. En<br />

tenant compte de la biogéographie du site d’étude du Luberon (climat, nature <strong>et</strong> teneur en eau<br />

du sol, <strong>et</strong>c…), nous nous restreindrons à la liste des espèces messicoles typiques 3 du Parc<br />

naturel régional du Luberon réactualisée par Guende en juin 1999 (cité par Roche <strong>et</strong> al, 2002).<br />

Ces plantes messicoles réalisent leur cycle biologique entre le semis <strong>et</strong> la moisson de<br />

la céréale. Elles sont le plus souvent tolérantes au stress <strong>et</strong> peu compétitrices (Dutoit <strong>et</strong> al.,<br />

2001) (stratégie SR ou R selon Grime (1977)), héritage des milieux ouverts dont elles sont<br />

originaires, plutôt mésotrophes à oligotrophes (Jauzein, 2001 [a]). En situation de sols riches<br />

(i. e celle des cultures), elles sont concurrencées par les espèces plus compétitrices (stratégie<br />

RC ou C 3 ). Diploïdes 4 en majorité, à faible plasticité, les messicoles semblent plus statiques <strong>et</strong><br />

plus vulnérables que les espèces envahissantes qui sont en majorité polyploïdes 4 <strong>et</strong> donc plus<br />

adaptatives (Verlaque <strong>et</strong> Filosa, 1997). <strong>Le</strong>s plus vulnérables d’entre elles aux changements de<br />

conditions de culture sont souvent autogames 5 , à levée automnale <strong>et</strong> possèdent des graines<br />

peu longévives (Maill<strong>et</strong> <strong>et</strong> Godron, 1997). <strong>Le</strong>s messicoles plus fréquentes ont des<br />

caractéristiques intermédiaires comme le coquelicot (Papaver rhoeas). Il semblerait donc<br />

que ces plantes souffrent de leur spécialisation extrême au régime de perturbations de<br />

l’agrosystème céréalier en situation de changement.<br />

1 L’annexe 4 indique de façon plus détaillée l’ensemble de ces informations.<br />

2 <strong>Le</strong>s plantes adventices sont souvent associées à des « mauvaises herbes ». Navas <strong>et</strong> Gasquez (1991, cités par Gerbaud,<br />

2002) en donnent une définition complète : « une plante qui forme des populations capables de s’implanter dans des habitats<br />

cultivés, notablement perturbés ou occupés par l’homme, <strong>et</strong> qui se développe au détriment de la population de plantes déjà<br />

installée qui est délibérément cultivée ou qui est d’un intérêt écologique <strong>et</strong>/ou esthétique »<br />

3 Cf. annexe 2<br />

4 Une espèce est diploïde lorsqu’elle possède deux versions de son information génétique (2n chromosomes). Chacun des<br />

gènes possède deux versions alléliques. La polyploïdie constitue un avantage adaptatif en conditions changeantes.<br />

5 Se dit d’une espèce qui est capable de se reproduire par autofécondation.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

1.1.2. <strong>Le</strong> Parc Naturel Régional du Luberon, un site d’étude privilégié<br />

<strong>Le</strong> territoire du Parc Naturel Régional du Luberon (PNRL) délimité en 1977, s’étend<br />

sur plus de 165 000 ha <strong>et</strong> 76 communes du Vaucluse <strong>et</strong> des Alpes de Haute-Provence (cf.<br />

annexe 1). <strong>Le</strong> Parc a été créé pour protéger <strong>et</strong> valoriser le patrimoine naturel, culturel <strong>et</strong><br />

humain d’exception de son territoire en m<strong>et</strong>tant en œuvre une politique innovante<br />

d’aménagement <strong>et</strong> de développement économique, social <strong>et</strong> culturel respectueuse de<br />

l’environnement. Situé entre les contreforts du Mont Ventoux <strong>et</strong> la Camargue, il est balayé<br />

par une multitude de microclimats. Associé à la diversité géologique <strong>et</strong> topographique, ce<br />

territoire présente une grande richesse de terroirs <strong>et</strong> de paysages qui ont été façonnés par<br />

l’Homme. L’agriculture y est très diversifiée. La céréaliculture, associée ou non à la<br />

polyculture-élevage, est largement représentée avec d’autres productions comme le<br />

maraîchage, la viticulture, l’arboriculture, la culture de plantes à parfum <strong>et</strong> de plantes<br />

fourragères (cf. annexe 1).<br />

L’élevage ovin en Luberon<br />

L’élevage est principalement ovin, de tradition pastorale. <strong>Le</strong>s exploitations se situent dans les<br />

zones de moyenne montagne à l’Est du Parc (cf. annexe 1). C<strong>et</strong>te activité a permis de<br />

maintenir une activité économique dans des régions défavorisées <strong>et</strong> participe aujourd’hui à la<br />

restauration écologique de milieux ouverts fragiles. En 2000, 110 éleveurs ovins pour plus de<br />

20 000 brebis étaient recensés (RA 2000). L’effectif ovin <strong>et</strong> surtout le nombre d’exploitations<br />

diminuent régulièrement depuis 1970 (Garcia <strong>et</strong> al., 2000). Il a quasiment disparu du P<strong>et</strong>it<br />

Luberon à l’Ouest du Parc. En 20 ans, le nombre d’éleveurs ovins a diminué de 70% <strong>et</strong> les<br />

effectifs ovins de 42% (RA 2000), ce qui traduit une augmentation de la taille des troupeaux.<br />

La céréaliculture en Luberon<br />

La céréaliculture est largement présente dans les terroirs de plaine, surtout à l’Ouest du<br />

Parc (cf. annexe 1). <strong>Le</strong> blé dur, avec plus de 8 000 ha cultivés (RA 2000) est la principale<br />

céréale produite sur le PNRL, largement devant l’orge, le blé tendre, le triticale, le Grand<br />

Epeautre. Depuis quelques années, nous constatons un engouement des agriculteurs du<br />

Luberon pour la culture du blé dur : en 20 ans, le nombre d’exploitations a doublé <strong>et</strong> la<br />

surface a été multipliée par 6 (RA 2000). Cela s’est fait au dépend des autres cultures. Nous<br />

constatons un changement important des activités <strong>agricoles</strong>. De plus, la pression<br />

démographique <strong>et</strong> touristique croissante <strong>et</strong> la conjoncture économique défavorable rem<strong>et</strong>tent<br />

de plus en plus en cause la vocation agricole de certains terroirs (cf. annexe 1).<br />

Ces évolutions, tant de l’élevage que de la céréaliculture, illustrent les changements<br />

d’usage qui affectent actuellement le territoire du PNRL.<br />

L’état des messicoles en Luberon<br />

La première étude commanditée par le Parc <strong>et</strong> réalisée par Denis Filosa de 1983 à<br />

1989 a mis en évidence la richesse du Luberon en espèces messicoles (39 espèces messicoles<br />

typiques) (cf. annexes 1 <strong>et</strong> 3). La Haute Provence est une des régions les plus riches en<br />

messicoles de France (Guende & Olivier, 1997; Verlaque <strong>et</strong> Filosa, 1997; Mahieu, 1997;<br />

Roche <strong>et</strong> al., 2002) (cf. annexe 3) <strong>et</strong> d’Europe (Jauzein, 2001 [b]). Ainsi, sur le seul territoire<br />

couvert par le PNRL, se trouve la plupart des messicoles rares ou assez rares à l’échelle du<br />

continent européen dont une dizaine très rares (Bifora testiculata, Bupleurum lancifolium,<br />

Hypecoum pendulum, Roemeria hybrida, <strong>et</strong>c…) <strong>et</strong> Garidella nigellastrum dont on ne connaît


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

qu’une quinzaine de stations au monde (Filosa, 1997) (cf. annexe 3 <strong>et</strong> photo 1). Un inventaire<br />

des populations de messicoles actuellement en cours confirme ce constat <strong>et</strong> m<strong>et</strong> en exergue<br />

leur raréfaction progressive (Saatkamp, com. pers.).<br />

1.1.3. La disparition programmée des espèces messicoles<br />

La richesse floristique messicole s’érode de manière alarmante en conséquence d’une<br />

agriculture de plus en plus intensive 6 , <strong>et</strong> ce depuis le milieu du XX ème siècle (Hald, 1999 ;<br />

Stoate <strong>et</strong> al., 2001 ; Jauzein, 2001 [b] ; Robinson & Sutherland, 2002). <strong>Le</strong>s causes de<br />

disparition en sont multiples, affectant des échelles spatio-temporelles variées (cf. annexe 4).<br />

Nous en donnons ici les principales :<br />

• L’utilisation d’herbicides : C’est le principal facteur d’élimination de ces espèces<br />

(de Snoo, 1997 ; Hald, 1999 ; Mander <strong>et</strong> al., 1999 ; Jauzein, 2001 [b]).<br />

• L’intensification/simplification du travail du sol (Albrecht <strong>et</strong> Mattheis, 1998,<br />

Jauzein, 2001 [b] ; Holland, 2004).<br />

• L’utilisation de fertilisants chimiques (en particulier azotés) : Cela a pour eff<strong>et</strong><br />

d’enrichir le sol <strong>et</strong> de défavoriser ces espèces peu compétitrices (Bobbink, 1991 ;<br />

Maill<strong>et</strong> <strong>et</strong> Godron, 1997 ; Kleijn <strong>et</strong> Van der Voort, 1997 ; Kleijn <strong>et</strong> al., 2001)<br />

• L’utilisation d’espèces <strong>et</strong> de variétés cultivées plus compétitives (amélioration <strong>et</strong><br />

sélection variétale) (Maill<strong>et</strong> <strong>et</strong> Godron, 1997 ; Monaco <strong>et</strong> al., 2002).<br />

• La modification des dates de semis <strong>et</strong> de récolte (Jauzein, 2001 [b]).<br />

• <strong>Le</strong> changement d’usage du sol : modification des cultures locales, des systèmes<br />

de rotations, l’abandon des terres, <strong>et</strong>c… (Jauzein, 2001 [b]).<br />

• Mais aussi l’achat <strong>et</strong> le tri de semences : <strong>Le</strong> tri des semences systématique,<br />

mécanisé <strong>et</strong> performant (trieurs <strong>et</strong> moissonneuses-batteuses…) a été déterminant<br />

pour de nombreuses messicoles, en particulier pour les espèces mimétiques 7<br />

(Wilson, 1992 ; Jauzein, 2001 [b]). De plus, les agriculteurs ont de plus en plus<br />

recours aux semences commercialisées (Jauzein, 2001 [b]).<br />

<strong>Le</strong> déclin de ces espèces n’épargne pas les zones de France les plus riches en messicoles<br />

comme le Luberon (Maill<strong>et</strong> <strong>et</strong> Godron, 1997 ; Dutoit <strong>et</strong> al., 2001), où il est attribué au rapide<br />

changement d’usages <strong>et</strong> de <strong>pratiques</strong> <strong>agricoles</strong> (cf. 1.1.2.).<br />

1.2. La problématique<br />

Dans ce contexte de disparition programmée de la <strong>biodiversité</strong> messicole tout à fait<br />

remarquable, le PNRL, en collaboration avec les institutions <strong>agricoles</strong> locales, a pris des<br />

initiatives pour mieux la connaître <strong>et</strong> la protéger (comme avec une MAE 8 ). D’autant plus que<br />

ces espèces ne bénéficient d’aucune mesure de protection réglementaire efficace étant donné<br />

que les milieux cultivés en sont exclus (Galland, 1997).<br />

C’est dans ce cadre que je réalise une étude avec l’INRA d’Avignon, en collaboration avec<br />

des écologues de l’IMEP (Institut Méditerranéen d’Ecologie <strong>et</strong> de Paléoécologie), intégrée au<br />

programme national DIVA (Action Publique, Agriculture <strong>et</strong> Biodiversité, cf. site 1). <strong>Le</strong><br />

6<br />

C’est à dire qui utilise plus d’intrants, des méthodes mécaniques plus performantes, sur de plus grandes surfaces.<br />

7<br />

Ces espèces possèdent des caractéristiques morphologiques <strong>et</strong> phénologiques mimant celles de la céréale cultivée. Par<br />

exemple, certaines espèces ont un cycle biologique identique à celui de la céréale : elles germent <strong>et</strong> atteignent la maturité en<br />

même temps. A l’extrême, certaines espèces comme Agrostemma githago miment les graines de céréales (forme, densité).<br />

8<br />

La Mesure Agro-Environnementale (MAE) « Protection in situ des agrosystèmes à messicoles » a été conduite de 1997 à<br />

2002 sur le territoire du PNRL (cf. 4.5).


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

programme a pour objectif d’étudier l’impact du pastoralisme sur l’organisation de la<br />

<strong>biodiversité</strong> (dont les messicoles) <strong>et</strong> des flux biologiques en région méditerranéenne.<br />

<strong>Le</strong>s espèces messicoles constituent un matériel biologique intéressant. D’une part, elles ont<br />

un turn over rapide (plantes annuelles) <strong>et</strong> d’autre part elles réagissent en premier lieu au<br />

« filtre » écologique imposé par les interventions culturales (Saatkamp, 2005). Ces<br />

caractéristiques prennent toute leur importance dans le contexte changeant du PNRL. Ce<br />

dernier, par sa richesse floristique, est un site atelier privilégié pour l’étude du<br />

fonctionnement des communautés messicoles <strong>et</strong> constitue une entité d’action pertinente dans<br />

une perspective d’application des résultats d’études à la gestion conservatoire de ces plantes.<br />

Il apparaît intéressant d’essayer de comprendre pourquoi la flore messicole résiste sur le<br />

Luberon au déclin brutal <strong>et</strong> généralisé, malgré les rapides changements d’usages du sol.<br />

Certains auteurs justifient la richesse d’exception du Luberon par la présence de vestiges<br />

d’une agriculture restée traditionnelle, organisée autour de la polyculture-élevage ou par des<br />

conditions pédo-climatiques particulièrement favorables (Guende & Olivier, 1997 ; Verlaque<br />

<strong>et</strong> Filosa, 1997 ; Mahieu, 1997). Différentes études se sont focalisées sur les modes de<br />

dissémination, de manière à vérifier si ces plantes pouvaient bénéficier de capacités de<br />

colonisation des milieux. <strong>Le</strong> transport des graines de messicoles entre les parcelles ne se fait<br />

ni par le vent, ni par les fourmis (Gerbaud, 2002) ni par les moutons (exo- <strong>et</strong> endozoochorie)<br />

(Dutoit <strong>et</strong> al., 2003). Il a été souvent suggéré (sans l’avoir vérifié) que ces espèces utilisaient<br />

le vecteur humain pour se propager (Olivereau, 1996 ; Jauzein, 2001 [b] ; Monaco <strong>et</strong> al.,<br />

2002). En particulier, les agriculteurs « traditionnel » sembleraient avoir des comportements<br />

différents vis à vis de l’achat <strong>et</strong> du tri de semences (Mahieu, 1997 ; Collin <strong>et</strong> al., 2000).<br />

Certains auteurs (Maill<strong>et</strong> <strong>et</strong> Godron, 1997, Mahieu, 1997 ; Gerbaud, 2002 ; Jäger 2002 ;<br />

Dutoit <strong>et</strong> al., 2003) pensent qu’elles pourraient « voyager » via les semences autoproduites<br />

(semences fermières) par les agriculteurs, surtout que c<strong>et</strong>te pratique (i.e. production de<br />

semences à la ferme 9 ou ressemis 9 ) semble être encore réalisée sur le territoire d’étude<br />

(Mahieu, 1997).<br />

1.3. <strong>Le</strong>s principales étapes de mon étude<br />

Partant du principe que le ressemis est une pratique importante pour le maintien <strong>et</strong> la<br />

dissémination des espèces messicoles, mon étude vise précisément à caractériser c<strong>et</strong>te<br />

pratique culturale 10 sur le territoire. Par ailleurs, j’ai tenu à développer mes capacités de<br />

reconnaissance botanique <strong>et</strong> de conception d’un protocole d’observation, dans l’objectif de<br />

vérifier l’eff<strong>et</strong> du ressemis sur les populations messicoles.<br />

J’ai décliné c<strong>et</strong>te problématique en plusieurs étapes.<br />

• Dans un premier temps, j’identifierai la pratique du ressemis sur le territoire du<br />

PNRL <strong>et</strong> les agriculteurs concernés.<br />

• Dans un second temps, je déterminerai les motivations des agriculteurs <strong>et</strong> les freins<br />

de c<strong>et</strong>te pratique. Pour cela, il sera nécessaire d’expliciter notamment les<br />

caractéristiques des exploitations concernées <strong>et</strong> le contexte réglementaire qui<br />

encadre c<strong>et</strong>te pratique.<br />

• Puis je préciserai comment c<strong>et</strong>te pratique s’insère dans le système de production.<br />

En particulier, il sera question de caractériser son intégration dans les itinéraires<br />

techniques afin de voir dans quelles mesures elle pourrait favoriser la<br />

dissémination des espèces messicoles.<br />

9 La production de semences fermières est la pratique qui consiste à semer des semences autoproduites sur l’exploitation,<br />

issues des récoltes précédentes. Dans la suite du texte, c<strong>et</strong>te pratique est qualifiée tour à tour de « ressemis », « d’utilisation<br />

de semences fermières ». Nous pourrons quelquefois employer l’expression « garder ses semences ».<br />

10 Cf. partie 2.3.1.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

• A partir des situations intéressantes rencontrées, je tenterai d’illustrer son influence<br />

sur les communautés messicoles.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

Partie 2<br />

Matériel <strong>et</strong> Méthodes<br />

Photo 2


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2 Matériel <strong>et</strong> méthodes 11<br />

2.1. L’état des lieux des connaissances sur les espèces messicoles<br />

Un travail de recherche bibliographique nous a permis d’appréhender la spécificité des<br />

espèces messicoles, d’en cerner les menaces <strong>et</strong> les enjeux de conservation à l’échelle du<br />

continent européen. Il a donné lieu à la rédaction d’une synthèse présentée en annexe 4. Nous<br />

avons ensuite replacé ces informations dans le contexte local de l’étude. Puis nous avons<br />

étudié le contexte réglementaire dans lequel s’exerçait c<strong>et</strong>te pratique avant de nous focaliser<br />

sur le fonctionnement « interne » du système de production.<br />

2.2. <strong>Le</strong> contexte réglementaire de l’utilisation de semences fermières<br />

Nous avons tenu à préciser le contexte législatif supposant qu’il influence le ressemis<br />

(Mahieu, 1997), en portant une attention particulière à la filière des céréales. Dans un premier<br />

temps, nous avons réalisé un état des lieux à partir des textes de loi <strong>et</strong> des articles disponibles<br />

sur Intern<strong>et</strong>. C<strong>et</strong>te recherche bibliographique nous a permis d’identifier les arguments <strong>et</strong> les<br />

acteurs qui participent au débat de la privatisation des obtentions végétales.<br />

Dans un second temps, nous avons sollicité certains de ces acteurs intervenant à différents<br />

niveaux de la filière. Nous avons pour cela contacté par téléphone d’une part les acteurs de la<br />

filière semence <strong>et</strong> céréale dont le GNIS (Groupement National Interprofessionnel des<br />

Semences), l’ONIC (Office National Interprofessionnel des Céréales) <strong>et</strong> un semencier <strong>et</strong><br />

d’autre part le CNDSF (Coordination Nationale de Défense des Semences Fermières) <strong>et</strong> le<br />

RSP (Réseau des Semences Paysannes), ainsi qu’un <strong>réseau</strong> de naturalistes (Tela Botanica).<br />

Cela nous a permis de préciser les différentes dispositions réglementaires <strong>et</strong><br />

économiques susceptibles d’influencer plus ou moins directement le ressemis. Puis, dans le<br />

souci de les replacer dans le contexte de l’agriculture locale, nous avons rencontré ou contacté<br />

par téléphone le Groupement de Développement Agricole (GDA « Grandes Cultures ») ainsi<br />

que les 4 coopératives céréalières du territoire du PNRL.<br />

Nous avons ensuite interviewé les agriculteurs du PNRL afin de vérifier l’impact de ces<br />

déterminants sur le terrain.<br />

2.3. La méthodologie des enquêtes<br />

2.3.1. Pourquoi faire des enquêtes ?<br />

Notre objectif consiste à décrire la pratique du ressemis, tant dans ses conditions de<br />

mise en œuvre que dans ses motivations. La « pratique » dépend de l’agriculteur qui la m<strong>et</strong> en<br />

œuvre. Elle se distingue de fait de la « technique » qui peut être décrite indépendamment de la<br />

personne qui l’utilise (Landais <strong>et</strong> Deffontaines, 1988). <strong>Le</strong>s <strong>pratiques</strong> associées entre elles sont<br />

l’expression des motivations des agriculteurs <strong>et</strong> font partie de leur logique de production, de<br />

leur proj<strong>et</strong>. C<strong>et</strong>te notion de pratique renvoie à une grande diversité de manières concrètes<br />

d’agir du fait de son lien avec une diversité de conditions d’exercice des agriculteurs<br />

(contexte socio-économique, expérience du passé, <strong>et</strong>c…). Il est difficile d’appréhender c<strong>et</strong>te<br />

11 La démarche méthodologique est synthétisée en annexe 5.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

diversité autour de la pratique du ressemis de par notre point de vue externe à l’exploitation<br />

agricole, d’où la nécessité de réaliser des enquêtes à plusieurs niveaux (Darré <strong>et</strong> al., 2004).<br />

Dans un premier temps, nous devons éclairer le proj<strong>et</strong> de l’agriculteur afin de comprendre la<br />

pratique du ressemis. Nous allons donc caractériser le système de production des<br />

exploitations, c’est à dire la combinaison des productions <strong>et</strong> des facteurs de production (Gras<br />

<strong>et</strong> al., 1989 ; Capillon <strong>et</strong> Manichon, 1991). Cela nous perm<strong>et</strong>tra de préciser le contexte de<br />

mise en œuvre du ressemis <strong>et</strong> de connaître ses justifications par rapport au proj<strong>et</strong><br />

d’exploitation. Nous allons réaliser des regroupements d’exploitations qui présentent des<br />

similarités de systèmes de production (typologie). Il sera alors possible de raisonner la<br />

pratique du ressemis à partir des logiques de production (Gras <strong>et</strong> al., 1989).<br />

Dans un second temps, nous avons étudié la mise en place de la pratique du ressemis à<br />

l’échelle de la parcelle. En particulier, nous préciserons la manière dont elle s’insère dans les<br />

itinéraires techniques rencontrés. L’itinéraire technique est la « suite logique <strong>et</strong> ordonnée »<br />

de <strong>pratiques</strong> culturales « appliquées à une espèce végétale cultivée » (Sébillotte, 1978 ; Gras<br />

<strong>et</strong> al., 1989). <strong>Le</strong> choix des itinéraires techniques se font par rapport au proj<strong>et</strong> global de<br />

l’exploitation. Ce concept nous conduit donc à nous interroger sur les relations associant le<br />

ressemis avec les autres <strong>pratiques</strong> culturales<br />

Ces deux approches nous perm<strong>et</strong>tront de connaître les déterminants de la pratique du ressemis<br />

<strong>et</strong> la manière dont c<strong>et</strong> acte cultural est mise en œuvre. Nous serons alors en mesure d’en<br />

prévoir la pérennité (Gras <strong>et</strong> al., 1989).<br />

2.3.2. La stratégie d’échantillonnage<br />

La suite de l’étude doit répondre aux trois questions suivantes : qui pratique le<br />

ressemis, pourquoi <strong>et</strong> comment l’agriculteur le m<strong>et</strong> en œuvre. Peu d’informations étaient<br />

disponibles au préalable sur ces questions. En particulier, il n’était pas possible de connaître a<br />

priori l’ensemble des agriculteurs le pratiquant. Nous avons donc adopté une stratégie<br />

d’échantillonnage évolutive. D’autre part, nous avons rencontré des agriculteurs qui ne<br />

gardaient pas leurs semences afin de mieux comprendre les motivations de ce choix.<br />

Des auteurs ont associé la richesse en messicoles à la présence de polyculture-élevage<br />

(Guende & Olivier, 1997 ; Verlaque <strong>et</strong> Filosa, 1997 ; Mahieu, 1997 ; Collin <strong>et</strong> al., 2000 ;<br />

Gerbaud, 2002 ; Saatkamp, 2005) (cf. 1.2.). Nous nous sommes spécialement intéressés aux<br />

éleveurs.<br />

Au fur <strong>et</strong> à mesure des enquêtes, nous avons identifié de nouveaux foyers de ressemis chez les<br />

agriculteurs Bio <strong>et</strong> les céréaliers. De plus, dans la perspective d’étudier a posteriori<br />

l’influence de c<strong>et</strong>te pratique sur les messicoles, il nous est apparu judicieux de rencontrer des<br />

agriculteurs se situant sur des zones riches en messicoles. Nous avons donc privilégié les<br />

agriculteurs des zones à valeur biologique majeure (VBM) « messicoles » (cf. annexe 1).<br />

2.3.3. Quelles informations recueillir ?<br />

Nous avons renseigné auprès des agriculteurs les éléments concernant le système de<br />

production (foncier, main d’œuvre, successions culturales, types de productions, orientations<br />

technico-économiques, mode de production 12 ). En outre, les informations portant sur la<br />

dynamique de l’exploitation nous ont permis de recueillir des éléments quant aux liens entre<br />

l’évolution des systèmes de production <strong>et</strong> la pratique du ressemis. Nous nous sommes ensuite<br />

focalisés sur la mise en œuvre du ressemis. Nous avons cherché à faire réagir les agriculteurs<br />

sur la possibilité de favoriser les adventices (<strong>et</strong> les messicoles) par c<strong>et</strong>te pratique. Nous avons<br />

12 Nous distinguons l’agriculture conventionnelle de l’agriculture biologique.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

étudié c<strong>et</strong>te pratique par espèce végétale, en supposant que les déterminants de c<strong>et</strong>te pratique<br />

sont différents selon les cultures. Nous pensions nous limiter aux céréales à paille mais les<br />

premiers résultats nous ont incité à inclure aussi les espèces fourragères de par leur<br />

importance en terme de surface <strong>et</strong> de par la fréquence du ressemis.<br />

Pour chacune d’entre elles, nous identifions la manière dont le ressemis s’insère dans<br />

l’itinéraire technique à l’échelle de la parcelle, afin d’évaluer dans quelles mesures celui-ci<br />

favoriserait les espèces messicoles (cf. 1.1.1. <strong>et</strong> annexe 4). <strong>Le</strong>s principales <strong>pratiques</strong> culturales<br />

renseignées sont l’utilisation d’herbicides, le travail du sol, la rotation des cultures, le tri des<br />

semences, l’utilisation de fertilisants. La fréquence d’achat de semences certifiées ainsi que le<br />

mode de sélection des parcelles ressemées ou récoltées pour la semence sont aussi renseignés.<br />

<strong>Le</strong> questionnaire d’enquête a été réalisé à partir de ces éléments <strong>et</strong> est présenté en annexe 6.<br />

2.3.4. La mise en œuvre des enquêtes<br />

Nous avons choisi de réaliser des entr<strong>et</strong>iens semi-directifs qui nous semblent les plus<br />

propices à recueillir ce genre d’informations. Des questions ouvertes introduisant chaque<br />

thématique abordée perm<strong>et</strong>tent de m<strong>et</strong>tre en confiance <strong>et</strong> de laisser à l’agriculteur la liberté de<br />

s’exprimer (Darré <strong>et</strong> al, 2004). A nous d’adapter la suite des questions en fonction des<br />

réponses déjà obtenues. Nous avons réalisé quelques pré-enquêtes afin de tester <strong>et</strong> d’améliorer<br />

notre questionnaire. Cela nous a conduit à l’élaboration du schéma d’entr<strong>et</strong>ien suivant :<br />

La première partie cherche à caractériser globalement l’exploitation. La seconde s’attache à<br />

déterminer la perception du ressemis par l’agriculteur. Puis la troisième <strong>et</strong> la quatrième<br />

étudient les modalités du ressemis par culture à l’échelle de la parcelle sur la base des<br />

dispositions de la campagne en cours (2005). Enfin, la discussion se clôt sur la perception de<br />

la pratique du ressemis à l’échelle du territoire du Parc <strong>et</strong> une réflexion sur sa pérennité.<br />

<strong>Le</strong> questionnaire a été construit pour que l’entr<strong>et</strong>ien ne dure pas plus d’1 heure. Nous avons<br />

choisi de faire autant que possible une partie de l’entr<strong>et</strong>ien autour des parcelles afin de garder<br />

une trace visuelle de l’exploitation <strong>et</strong> d’évaluer la présence éventuelle de messicoles.<br />

<strong>Le</strong>s agriculteurs ont été contactés par téléphone. Nous avons utilisé la liste des éleveurs du<br />

Parc disponible à l’INRA (dont ceux ayant contracté pour la MAE « messicoles »), la liste des<br />

agriculteurs Bio fourni par Bio de Provence (Fédération Régionale de l’Agriculture<br />

Biologique) <strong>et</strong> des renseignements complémentaires fournis lors des premières enquêtes par<br />

des agriculteurs. Nous avons tenu à terminer la phase d’enquêtes dans le courant du mois de<br />

juin pour réaliser par la suite des inventaires botaniques avant la moisson.<br />

2.4. L’analyse des résultats des enquêtes<br />

2.4.1. <strong>Le</strong>s variables r<strong>et</strong>enues<br />

<strong>Le</strong>s enquêtes réalisées nous ont permis de renseigner des variables importantes qui<br />

déterminent la pratique du ressemis <strong>et</strong> que nous avons par la suite analysées.<br />

Tout d’abord, nous pensons que le devenir des productions 13 influence la pratique de<br />

ressemis. <strong>Le</strong> ressemis réalisé pour des cultures autoconsommées dans des exploitations<br />

d’élevage ne constituerait pas une contrainte, en particulier vis à vis des « mauvaises herbes ».<br />

A l’inverse, les exploitations dont les productions sont vendues seraient soumises à des<br />

exigences telles que le ressemis serait un inconvénient.<br />

13 Nous distinguons par exemple les productions autoconsommées de celles vendues.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

L’utilisation de semences fermières est considérée comme une pratique traditionnelle<br />

(Mahieu, 1997 ; Collin <strong>et</strong> al., 2000). En postulant que les agriculteurs les plus âgés sont<br />

porteurs de c<strong>et</strong>te tradition, il nous a semblé important de considérer l’âge des agriculteurs.<br />

Aussi, nous pensons que le mode de production 11 influence la pratique de ressemis.<br />

Lorsqu’il n’y a pas d’élevage, le ressemis peut trouver sa justification dans des systèmes de<br />

culture en Agriculture Biologique qui utilisent de variétés anciennes 14 souvent non<br />

disponibles dans le commerce.<br />

Enfin, c<strong>et</strong>te pratique dépend de la culture considérée (réglementation, surface cultivée, coût<br />

des semences <strong>et</strong> densité de semis). Nous n’examinons que les cultures majoritaires : le blé<br />

dur, le blé tendre, l’orge, le triticale, l’avoine, le sainfoin <strong>et</strong> la luzerne.<br />

Elle dépend aussi de la taille de l’exploitation de par l’importance des économies réalisées.<br />

Plus les surfaces semées sont importantes <strong>et</strong> plus la pratique du ressemis perm<strong>et</strong> de faire des<br />

économies. On l’appréhende par des variables comme la surface 15 <strong>et</strong> la taille de troupeau.<br />

2.4.2. L’analyse typologique<br />

Nous avons choisi de raisonner le choix de ressemis en référence aux systèmes de<br />

production. Nous avons donc réalisé une typologie des agriculteurs qui tient compte de<br />

plusieurs variables : l’âge du chef d’exploitation, la surface d’exploitation, le mode de<br />

production, les orientations économiques (le présence <strong>et</strong> la taille d’élevage, la présence de<br />

cultures végétales), la nature des variétés utilisées. Nous y avons intégré aussi le type de main<br />

d’œuvre, la présence d’un trieur <strong>et</strong> la présence d’une moissonneuse en tant que variables<br />

illustratives (i. e qui ne participent pas à la construction des axes factoriels). Nous avons<br />

étudié par la suite la pratique du ressemis par type d’agriculteurs caractérisés par l’ensemble<br />

de ces variables. <strong>Le</strong>s annexes 7 <strong>et</strong> 8 indiquent respectivement la signification des variables<br />

utilisées dans l’analyse multivariée <strong>et</strong> le tableau de données brutes.<br />

La typologie se fait en deux temps. Tout d’abord, nous réalisons une analyse factorielle à<br />

composantes multiples (ou AFCM) (Faye, 1995), étant donné la nature qualitative de nos<br />

variables (chacune des variables est décomposée en plusieurs modalités) <strong>et</strong> la quantité de<br />

variables utilisées (plus de 2). Nous avons utilisé le logiciel R. <strong>Le</strong> tableau de données utilisé<br />

pour l’AFCM est composé de 56 agriculteurs (lignes) <strong>et</strong> de 28 modalités (pour les 12<br />

variables actives) (colonnes). 10 autres modalités (pour les 3 variables illustratives) ont été<br />

ajoutées à ce tableau (cf. annexe 7). Ceci nous perm<strong>et</strong> de caractériser la diversité des<br />

agriculteurs en identifiant les principales variables organisant les plans factoriels obtenus. A<br />

partir d’une classification basée sur ces coordonnées factorielles, nous pouvons par la suite<br />

opérer à des regroupements d’agriculteurs (i. e. types d’agriculteurs) aux vues de leurs<br />

similitudes (classification ascendante hiérarchique ou CAH). Nous avons ensuite identifié la<br />

pratique du ressemis pour chacun de ces types, en s’intéressant à la similarité des agriculteurs<br />

entre eux, c’est à dire aux propriétés qu’ils ont en commun, sans pour autant qu’elles soient<br />

partagées par tous (Rosch, 1976, cité par Monier, 1999).<br />

2.4.3. L’analyse des itinéraires techniques associés au ressemis<br />

Pour caractériser l’itinéraire technique, nous avons r<strong>et</strong>enu les variables de travail du<br />

sol, de rotation de culture, d’utilisation d’herbicides <strong>et</strong> de tri de semences. Elles ont été<br />

choisies d’une part parce qu’elles sont utilisées pour lutter contre les adventices (Monaco <strong>et</strong><br />

14<br />

L’agriculteur utilise ce terme pour désigner les variétés qui ne sont plus commercialisées depuis plusieurs années.<br />

15<br />

Nous renseignons la surface de terres labourables (TL) qui correspond à la surface agricole utile (SAU) ôtée des surfaces<br />

toujours en herbe.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

al. 2002) <strong>et</strong> nous pensons que la principale contrainte imposée par le ressemis est justement<br />

liée à l’introduction d’adventices. D’autre part, ce sont des perturbations anthropiques qui<br />

influencent particulièrement les communautés messicoles (cf. 1.1.3.). La modalité de ressemis<br />

a été condensée avec la modalité de tri par souci de clarté. Ces 4 variables 16 de <strong>pratiques</strong> ont<br />

été ajoutées à l’AFCM (cf. annexes 7 <strong>et</strong> 8) afin de pouvoir m<strong>et</strong>tre en relation les types<br />

d’agriculteurs avec ces <strong>pratiques</strong>. La modalité de ressemis a été renseignée pour la culture du<br />

blé dur <strong>et</strong>/ou de l’orge qui sont les cultures céréalières majoritaires <strong>et</strong> présentes chez le plus<br />

grand nombre d’agriculteurs de l’échantillon (cf. annexe 9).<br />

2.5. La comparaison botanique selon la modalité de ressemis<br />

Après avoir caractérisé la pratique du ressemis, nous avons vérifié dans quelles<br />

mesures elle participe à la dissémination <strong>et</strong> au maintien des espèces messicoles sur le PNRL.<br />

Une étude précédente montre que certaines espèces messicoles peuvent être contenues dans<br />

les semences autoproduites de céréales (Jäger, 2002). Nous ne savons pas si ces graines de<br />

messicoles ont la capacité de germer lorsqu’elles sont ressemées.<br />

Nous avons émis l’hypothèse que les espèces messicoles observées en été 2005 sur les<br />

parcelles proviennent des graines semées lors de c<strong>et</strong>te campagne 2005 (pas d’eff<strong>et</strong> « banque<br />

de graines »). Nous avons réalisé des observations au champ dans le cadre d’un dispositif<br />

perm<strong>et</strong>tant de réduire l’influence d’autres facteurs sur la flore messicole (<strong>pratiques</strong> culturales,<br />

successions de cultures, facteurs physiques <strong>et</strong> biologiques du milieu, <strong>et</strong>c…). Nous avons<br />

recherché des parcelles cultivées en céréale qui avaient été semées selon différentes modalités<br />

de ressemis (pas de ressemis, ressemis avec ou sans tri). Nous avons privilégié les parcelles<br />

proches <strong>et</strong> appartenant au même agriculteur, ce qui nous assurait d’une certaine homogénéité<br />

du système de culture (i. e. de <strong>pratiques</strong> culturales) <strong>et</strong> des facteurs du milieu entre les<br />

parcelles.<br />

Ainsi, nous avons réalisé des inventaires des espèces messicoles contenues sur 10 parcelles en<br />

blé dur d’un éleveur 17 . Parmi ces 10 parcelles, 2 parcelles ont été semées avec 100% de<br />

semences certifiées <strong>et</strong> 8 parcelles avec un mélange de semences certifiées (entre 70 <strong>et</strong> 80%) <strong>et</strong><br />

de semences fermières non triées (entre 20 <strong>et</strong> 30%). Nous avons inventorié les espèces<br />

répertoriées par Guende (cf. annexe 2), à l’aide du guide de détermination de Jauzein (1995).<br />

Nous avons choisi de réaliser c<strong>et</strong> inventaire sur une seule plac<strong>et</strong>te (40m² soit 2mx20m) par<br />

parcelle, en considérant que le ressemis est homogène sur toute la surface de la parcelle. Pour<br />

minimiser l’eff<strong>et</strong> des bordures sur les communautés de messicoles (Gerbaud, 2002), nous<br />

avons situé c<strong>et</strong>te plac<strong>et</strong>te à 10m des bords de la parcelle (dans un angle). Nous avons évalué le<br />

plus précisément possible le nombre de plantes pour toutes les messicoles. Pour cela, nous<br />

avons estimé tous les 2m x 2m leurs effectifs. Par ailleurs, nous avons renseigné le précédent<br />

cultural (sur 5 ans), seule pratique à varier entre ces parcelles (Mahieu, 1997). Ces inventaires<br />

botaniques ont été réalisés juste avant la moisson. Cela nous a permis de ne recenser que les<br />

espèces messicoles potentiellement « transportables » par la moissonneuse.<br />

Pour l’analyse des résultats floristiques, nous avons calculé <strong>et</strong> comparé différents indicateurs<br />

de <strong>biodiversité</strong> (dont la richesse spécifique <strong>et</strong> l’abondance) afin de voir si les deux types de<br />

parcelles 18 se distinguaient entre eux.<br />

L’ensemble de la démarche méthodologique est synthétisé en annexe 5.<br />

16 Ces variables ne participent pas à la construction des axes factoriels. Ces 4 variables possèdent 17 modalités.<br />

17 Situé à Rustrel dans le Pays d’Apt.<br />

18 Selon les deux types des semences utilisées (cf. supra)


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

Partie 3<br />

Résultats<br />

Photo 3


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

3 Résultats<br />

3.1. <strong>Le</strong>s caractéristiques de l’échantillon<br />

L’annexe 9 présente les caractéristiques de l’échantillon de 56 agriculteurs. Nous en<br />

donnons ici ses principales propriétés :<br />

L’âge de l’agriculteur<br />

L’histogramme en annexe 9 présente la répartition des âges des chefs d’exploitation.<br />

La moyenne d’âge de l’échantillon est de 44 ans. La majorité des agriculteurs ont entre 35 <strong>et</strong><br />

50 ans (66%). 11% des agriculteurs rencontrés sont « âgés ». A l’opposé, 19% des<br />

agriculteurs sont des « jeunes agriculteurs » qui ont repris l’exploitation familiale.<br />

<strong>Le</strong> mode de production <strong>et</strong> l’orientation technico-économique<br />

<strong>Le</strong>s agriculteurs Bio représentent 1/4 de l’échantillon. La moitié sont des éleveurs. <strong>Le</strong>s<br />

agriculteurs Bio sont tournés vers la diversification des productions <strong>et</strong> des modes de<br />

commercialisation. <strong>Le</strong>s agriculteurs conventionnels sont à 67% des éleveurs. Ils sont<br />

beaucoup moins diversifiés que leurs homologues en Bio. <strong>Le</strong>s éleveurs sont sur-représentés<br />

dans notre échantillon (59%) conformément à notre stratégie d’échantillonnage. Certains sont<br />

des éleveurs spécialisés (28%) <strong>et</strong> la plupart sont diversifiés (72%). Ces derniers produisent <strong>et</strong><br />

vendent des céréales en particulier du blé dur.<br />

La surface de terres labourables<br />

Nous remarquons que plus des 3/4 des exploitations ont une surface de terres<br />

labourables inférieure à 80 ha. Nous distinguons les exploitations « p<strong>et</strong>ites » pour des surfaces<br />

comprises entre 0 <strong>et</strong> 30 ha, « moyennes » entre 30 <strong>et</strong> 70 ha <strong>et</strong> « grandes » au-delà de 70 ha.<br />

<strong>Le</strong>s productions végétales<br />

Nous représentons en annexe 9 la fréquence des cultures <strong>et</strong> leurs surfaces respectives.<br />

<strong>Le</strong>s superficies en céréales <strong>et</strong> fourrages totalisent 2 416 ha pour une surface de terres<br />

labourables de 3 500 ha. La différence entre les deux correspond aux surfaces de gel, de<br />

maraîchage, de viticulture, d’arboriculture, d’autres grandes cultures (tournesol, colza) <strong>et</strong> de<br />

plantes aromatiques (lavande, <strong>et</strong>c…). La culture du blé dur présente dans 36 exploitations est<br />

majoritaire <strong>et</strong> représente 30 % des terres labourables (TL). La prédominance de c<strong>et</strong>te culture<br />

correspond à la situation du PNRL (33% des TL dans le département 04 d’après le RA 2000).<br />

Bien que les surfaces soient inférieures à celles de blé dur, la culture d’orge (surtout orge<br />

d’hiver) tient une place importante. <strong>Le</strong> blé tendre, l’orge de printemps, le triticale <strong>et</strong> d’autres<br />

céréales (avoine, seigle) sont plus rarement cultivées, sur des surfaces plus réduites.<br />

Concernant les fourrages, le sainfoin <strong>et</strong> la luzerne sont les productions majoritaires<br />

(respectivement 15,5 ha <strong>et</strong> 7,2 ha/exploitation).<br />

<strong>Le</strong>s productions animales<br />

La majorité des éleveurs sont des éleveurs ovins viande, ce qui est représentatif de la<br />

production animale locale (les ovins représentent 95% du cheptel total du PNRL d’après le<br />

RA 2000). <strong>Le</strong>s p<strong>et</strong>its troupeaux (moins de 150 brebis) représentent 30% des éleveurs, les<br />

troupeaux de taille moyenne (entre 150 <strong>et</strong> 500) 49% <strong>et</strong> les gros troupeaux (plus de 500) 21%.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

3.2. La description de la diversité des exploitations<br />

79% des agriculteurs rencontrés utilisent des semences fermières, assez régulièrement.<br />

<strong>Le</strong> ressemis est donc une pratique courante sur les exploitations même s’il ne concerne<br />

souvent qu’une seule culture. Parmi ces agriculteurs, 65% gardent leurs semences de céréales<br />

<strong>et</strong> 55% gardent celles de fourragères. Nous envisagions de présenter uniquement le ressemis<br />

de céréales, par définition le plus apte à disséminer les messicoles. Puisqu’il est pratiqué<br />

fréquemment pour les cultures fourragères, nous considérons les deux situations de ressemis.<br />

Nous allons désormais étudier c<strong>et</strong>te pratique en fonction de la diversité des exploitations. En<br />

particulier, nous allons préciser les motivations qu’ont les agriculteurs à garder leurs<br />

semences puis la manière dont ils l’insèrent dans leurs itinéraires techniques.<br />

3.2.1. La typologie des exploitations<br />

L’AFCM a été réalisée sur l’ensemble des variables r<strong>et</strong>enues pour décrire les<br />

exploitations. Nous représentons ci-dessous le plan factoriel 1-2 <strong>et</strong> les variables perm<strong>et</strong>tant de<br />

caractériser le système de production des exploitations (figure 1).<br />

triticale.O<br />

elevage.G<br />

Figure 1 : Représentation des variables (actives) sur le plan factoriel 1-2 de l’AFCM.<br />

La description des axes factoriels<br />

Sain.O Luz.O<br />

elevage.M<br />

autresprods.N<br />

orge.O<br />

bledur.N<br />

surf.M<br />

age.JA<br />

Vanc.N<br />

bl<strong>et</strong>endre.N<br />

en.conv<br />

Axe2 (13%)<br />

elevage.P<br />

age.AM<br />

surf.G<br />

triticale.N<br />

bledur.O<br />

<strong>Le</strong>s modalités des variables les plus discriminantes sur les 3 premiers axes (ces axes<br />

représentent respectivement 23, 13 <strong>et</strong> 9% de la diversité totale) perm<strong>et</strong>tent de caractériser la<br />

diversité des exploitations de notre échantillon. La signification des abréviations utilisées pour<br />

chacune des modalités de variables est donnée en annexe 7 <strong>et</strong> rappelée sur le marque-page.<br />

Premier axe<br />

On trouve en négatif les modalités « présence de triticale » (triticale.O), <strong>et</strong> « élevage<br />

de grande taille » (elevage.G). En positif se trouvent les modalités elevage.N, Sain.N,<br />

bl<strong>et</strong>endre.O, Vanc.O <strong>et</strong> en.bio. La présence <strong>et</strong> la taille du troupeau distinguent les agriculteurs.<br />

surf.P<br />

autresprods.O<br />

en.bio<br />

elevage.N<br />

Vanc.O<br />

bl<strong>et</strong>endre.O<br />

Axe1 (23%)


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<strong>Le</strong>s agriculteurs à gros troupeau sont opposés à ceux qui n’en ont pas. La présence du<br />

troupeau est associée aux cultures autoconsommées sur l’exploitation (triticale, orge, sainfoin,<br />

luzerne, <strong>et</strong>c…). Par ailleurs, la modalité autresprods.O est associée à elevage.N.<br />

Second axe<br />

En positif se trouvent les modalités bl<strong>et</strong>endre.O, Vanc.O, en.bio (idem axe 1) <strong>et</strong><br />

bledur.N. A l’opposé, nous r<strong>et</strong>rouvons la modalité surf.G. Ce second axe oppose le mode de<br />

production Bio associé à la culture de blé tendre <strong>et</strong> de variétés anciennes à l’agriculture<br />

conventionnelle associée à la culture de blé dur <strong>et</strong> aux grandes surfaces en terres labourables.<br />

Troisième axe<br />

L’axe 3 oppose les modalités age.JA, elevage.P <strong>et</strong> bledur.N <strong>et</strong> les modalités elevage.G<br />

<strong>et</strong> bledur.O (cf. annexe 10). <strong>Le</strong>s jeunes agriculteurs associés à de p<strong>et</strong>its troupeaux sont<br />

opposés aux autres agriculteurs avec de gros troupeaux cultivant du blé dur.<br />

Nous réalisons une partition en 4 groupes d’agriculteurs (méthode de classification<br />

hiérarchique ascendante) à partir des différences mises en évidence par l’analyse multivariée.<br />

Nous représentons ici ces 4 types d’agriculteurs sur le plan factoriel 1-2 (figure. 2).<br />

P<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs<br />

Gros Eleveurs spécialisés<br />

2<br />

Figure 2 : Représentation des 4 catégories d’agriculteurs sur le plan factoriel 1-2.<br />

3.2.2. La description des types d’agriculteurs<br />

1<br />

Nous pouvons caractériser ces 4 groupes à l’aide du tableau 1 ci-après.<br />

• Type 1 : « P<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs » (23 agriculteurs) :<br />

<strong>Le</strong>s polyculteurs-éleveurs possèdent une surface d’exploitation assez p<strong>et</strong>ite (la plupart entre<br />

20 <strong>et</strong> 50ha). Ils cultivent une grande diversité de végétaux, dont seule une partie (orge,<br />

sainfoin, avoine, <strong>et</strong>c…) est autoconsommée par le troupeau (< 500 brebis). Ils se sont<br />

diversifiés avec d’autres activités comme la viticulture, le maraîchage ou l’arboriculture pour<br />

mieux amortir les aléas des revenus. Ils sont souvent jeunes <strong>et</strong> seuls à gérer l’exploitation.<br />

Compte tenu des surfaces réduites, ils ne possèdent pas de moissonneuse ni de trieur.<br />

4<br />

3<br />

Polyculteurs<br />

Céréaliers<br />

Polyculteurs Bio


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• Type 2 : « Gros éleveurs spécialisés » (12 agriculteurs) :<br />

A l’opposé des p<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs, les gros éleveurs spécialisés possèdent des<br />

surfaces souvent supérieures à 50ha. Ils se caractérisent par la présence d’un gros troupeau.<br />

L’élevage structure totalement l’exploitation. C<strong>et</strong>te spécialisation se matérialise en terme de<br />

production végétale par la culture de plusieurs espèces à destination du troupeau (orge,<br />

triticale, sainfoin, luzerne) sur de grandes surfaces afin d’atteindre l’autosuffisance du<br />

troupeau. A c<strong>et</strong>te spécificité est associée la culture fréquente du blé dur pour la vente. <strong>Le</strong> chef<br />

d’exploitation est couramment associé à des membres de la famille. Certains d’entre eux<br />

possèdent une moissonneuse mais plus exceptionnellement un trieur.<br />

• Type 3 : « Polyculteurs Bio » (10 agriculteurs) :<br />

<strong>Le</strong>s polyculteurs Bio ne possèdent pas de troupeau. Ils se distinguent par la culture d’un grand<br />

nombre de variétés (dont certaines anciennes) de céréales ou de fourrages selon le cahier des<br />

charges de l’Agriculture Biologique. La diversification est très importante sur des surfaces<br />

quelquefois très réduites. Ces agriculteurs seuls ou en structure collective (GAEC) possèdent<br />

souvent un matériel de tri performant.<br />

Type 4 : « Polyculteurs céréaliers » (11 agriculteurs) :<br />

<strong>Le</strong>s polyculteurs céréaliers ont diversifié leurs productions autour de la culture principale du<br />

blé dur, cultivé sur de grandes surfaces. <strong>Le</strong>s autres productions sont des cultures annuelles<br />

(essentiellement du colza ou du tournesol), du maraîchage ou de la vigne. Seul ou en groupe,<br />

ils possèdent généralement une moissonneuse <strong>et</strong> plus rarement un trieur.<br />

Tableau 1 : Synthèse des caractéristiques des 4 types d’agriculteurs (d’après annexe 11).<br />

Type d'agriculteur<br />

Variable Type1 Type 2 Type 3 Type 4<br />

pas de jeune <strong>et</strong><br />

age tout pas de jeune pas de jeune beaucoup<br />

d'agriculteurs âgés<br />

surface 30ha 70ha<br />

mode de production conventionnel conventionnel bio conventionnel<br />

présence d'élevage 150 têtes non non<br />

présence de variétés anciennes non non oui non<br />

culture d'orge oui (80%) oui (90%) peu (40%) non<br />

culture de triticale peu (25%) oui (40%) non non<br />

culture de blé dur peu (40%) oui (80%) oui (80%) oui (100%)<br />

culture de blé tendre non non oui (90%) non<br />

culture de sainfoin oui (80%) oui (90%) peu (50%) non<br />

culture de luzerne oui (60%) oui (90%) peu (40%) non<br />

autres productions oui (50%) non oui (80%) oui (80%)<br />

type de main d'œuvre seul famille groupe ou seul groupe ou seul<br />

présence de trieur non non<br />

oui<br />

performant<br />

peu<br />

présence de moissonneuse non peu peu oui<br />

Nombre d'agriculteurs par type 23 12 10 11


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3.3. Qui pratique le ressemis <strong>et</strong> selon quelles motivations?<br />

3.3.1. Quelles sont les cultures concernées par le ressemis ?<br />

La figure 3 ci-dessous représente la part de ressemis dans les exploitations enquêtées<br />

en distinguant les cultures <strong>et</strong> les types d’agriculteurs.<br />

SC O<br />

SF O<br />

SC T<br />

SF T<br />

SC BD<br />

SF BD<br />

SC BT<br />

SF BT<br />

SC Av<br />

SF Av<br />

SC S<br />

SF S<br />

SC L<br />

SF L<br />

0 5 10 15 20 25 30<br />

Nombre d'exploitations<br />

P<strong>et</strong>its éleveurs<br />

Gros éleveurs<br />

Figure 3 :Répartition des semences fermières <strong>et</strong> certifiées par culture <strong>et</strong> par type d’agriculteurs 19 .<br />

La proportion de semences fermières de céréales est majoritaire pour l’orge (3/5<br />

agriculteurs). Par contre le ratio est équilibré pour le triticale (1/2 agriculteurs). Pour les<br />

cultures fourragères, le ressemis est fréquent pour le sainfoin (3/5) <strong>et</strong> plus rare pour la luzerne<br />

(1/3). <strong>Le</strong>s agriculteurs qui cultivent l’avoine gardent leurs semences (1/1). Ces cultures sont<br />

en grande partie autoconsommées par les animaux. L’orge <strong>et</strong> le triticale sont autoconsommés<br />

sous forme de grain (ou pâturé en vert pour l’orge). <strong>Le</strong>s fourrages sont pâturés en vert ou<br />

autoconsommés en foin. L’avoine est pâturée en vert.<br />

L’utilisation de semences fermières est très peu développée pour le blé dur (1/3) alors qu’elle<br />

est plus courante pour le blé tendre (2/3). Ces deux cultures sont produites pour la vente.<br />

<strong>Le</strong> ressemis dépend de la culture considérée <strong>et</strong> du devenir de la production. Or ces deux<br />

dimensions distinguent nos types d’agriculteurs précédemment obtenus (cf. 3.1.2.). Ceci<br />

justifie l’intérêt d’analyser la pratique du ressemis en fonction de ces types.<br />

3.3.2. La pratique du ressemis « est vraiment importante pour nous »<br />

(éleveurs des types 1 <strong>et</strong> 2)<br />

<strong>Le</strong>s éleveurs gardent souvent des semences d’orge, de triticale, d’avoine, de<br />

sainfoin <strong>et</strong> de luzerne mais ils achètent celles de blé dur (cf. figure 3). La priorité des<br />

19<br />

SC : semences certifiées ; SF : semences fermières ; O : orge, T : triticale ; BD : blé dur ; BT : blé tendre, Av : avoine ; S :<br />

sainfoin ; L : luzerne.<br />

Bio<br />

Céréaliers


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éleveurs est de produire des aliments pour le troupeau. Ils justifient le ressemis par un<br />

ensemble d’éléments d’ordre économique, agronomique <strong>et</strong>/ou technique.<br />

<strong>Le</strong>s économies permises en produisant ses semences sont mises en avant par les<br />

éleveurs (cf. annexe 12). Ainsi, ils « gardent leurs semences car ça leur perm<strong>et</strong> de faire des<br />

économies avec peu d’embêtements 20 ». Même si les semences d’orge sont moins chères que<br />

celles de blé dur, l’économie est souvent intéressante pour l’éleveur. De plus, le ressemis<br />

d’orge est peu contraignant car il ne nécessite pas de matériel de stockage spécifique. <strong>Le</strong>s<br />

semences sont directement extraites du silo destiné à l’alimentation du troupeau. Cela peut<br />

expliquer l’importance de la pratique du ressemis d’orge pour les éleveurs (cf. figure 3).<br />

D’autre part, l’absence d’inconvénient par rapport à la possibilité de transporter des<br />

graines d’adventices est soulignée (cf. annexe 12). « Cela leur perm<strong>et</strong> de faire de l’herbe en<br />

plus ». <strong>Le</strong> pâturage sur chaumes (80% des agriculteurs) ou sur les cultures fourragères<br />

pâturées ou consommées en foin perm<strong>et</strong> de tolérer un certain niveau d’infestation par les<br />

« mauvaises herbes ». <strong>Le</strong>s éleveurs perçoivent même certaines des messicoles (Papaver<br />

rhoeas, Adonis spp., Vaccaria hispanica (vachère), <strong>et</strong>c…) comme de « la bonne herbe » pour<br />

le troupeau. Par exemple pour le pâturage des repousses, seules les adventices repoussent<br />

après la moisson <strong>et</strong> les premières pluies. Cela constitue une ration utile pour réaliser la<br />

continuité des ressources fourragères avant les premières repousses automnales (Gerbaud,<br />

2002). Toutefois dans l’argumentaire des éleveurs, c<strong>et</strong>te valorisation est présentée comme<br />

secondaire <strong>et</strong> ne fait pas partie de leurs motivations à ressemer.<br />

D’autres éleveurs ne gardent pas leurs semences car ils estiment que les avantages<br />

du ressemis ne compensent pas ses inconvénients d’ordre organisationnel. L’utilisation de<br />

semences fermières est alors perçue comme une contrainte importante : « il faut trier <strong>et</strong> traiter<br />

les semences, les stocker, sélectionner les parcelles ». Ils estiment que c<strong>et</strong>te pratique, en<br />

favorisant le développement de « mauvaises herbes », peut handicaper les rendements. Ces<br />

arguments se rapprochent de ceux énoncés par les polyculteurs céréaliers.<br />

Contrairement aux céréales, l’utilisation de semences fermières de fourragères<br />

(sainfoin <strong>et</strong> luzerne) est opportuniste <strong>et</strong> très aléatoire (cf. annexe 12). <strong>Le</strong>s fluctuations<br />

climatiques lors de la campagne de production sont très importantes. <strong>Le</strong>s années de<br />

sécheresse successives provoquent depuis « une paire d’années » un déficit dans la<br />

production de foins. <strong>Le</strong>s éleveurs, préférant produire du foin à des semences, ont utilisé de<br />

moins en moins de semences de ferme ces dernières années. « Je ne fais plus de semences de<br />

ferme […] car la seconde coupe est quasi inexistante ».<br />

L’absence fréquente de moissonneuse chez les éleveurs (25/35) explique aussi la difficulté à<br />

ressemer des fourragères. En eff<strong>et</strong>, la plupart des éleveurs dépendent de la disponibilité des<br />

entrepreneurs, ce qui est inadéquat pour faire coïncider la maturité très ponctuelle des plantes<br />

avec la moisson.<br />

Malgré cela, le ressemis de fourragères est motivé par les économies qu’il perm<strong>et</strong> de faire<br />

(« les semences du commerce sont très chères »). D’autre part, les inconvénients par rapport à<br />

la possibilité d’introduction d’adventices sont moins importants que pour les céréales (cf.<br />

annexe 12). <strong>Le</strong>s éleveurs semblent avoir des exigences de pur<strong>et</strong>é des semences différentes<br />

entre la production d’herbe <strong>et</strong> celle de grains (cf. 3.4.2.).<br />

Au-delà de ces tendances, nous observons des différences entre le sainfoin <strong>et</strong> la<br />

luzerne. <strong>Le</strong> ressemis de sainfoin (60% des éleveurs) est 2 fois plus fréquent que celui de<br />

luzerne (30%) (cf. figure 3). C<strong>et</strong>te différence peut être expliqué par un ensemble de<br />

20 <strong>Le</strong>s indications données entre guillem<strong>et</strong>s <strong>et</strong> en italique sont extraites des témoignages des agriculteurs interrogés.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

considérations synthétisées en annexe 13. Tout d’abord l’économie annuelle à l’hectare<br />

permise en ressemant des semences de sainfoin est le double de celle permise avec la luzerne.<br />

De plus, les surfaces de sainfoin sont bien plus importantes que celles de luzerne ce qui<br />

accroît la différence. Enfin, les semences certifiées commercialisées de sainfoin sont décriées<br />

par les éleveurs pour leur très mauvaise adaptation aux terroirs de moyenne montagne<br />

méditerranéenne (cf. annexe 12).<br />

Qu’est ce qui différencie les p<strong>et</strong>its éleveurs des gros éleveurs vis à vis du ressemis ?<br />

<strong>Le</strong> ressemis de blé dur est très anecdotique. L’utilisation de semences fermières de<br />

c<strong>et</strong>te céréale est limitée par la réglementation en vigueur <strong>et</strong> par un ensemble de mécanismes<br />

que nous développerons dans la suite du texte (cf. 3.4.1.). <strong>Le</strong>s gros éleveurs spécialisés<br />

cultivent majoritairement le blé dur (cf. tableau 1) <strong>et</strong> sont de ce point de vue plus sensibles à<br />

c<strong>et</strong>te contrainte réglementaire. La proportion de gros éleveurs spécialisés à faire du<br />

ressemis de blé dur est donc moins importante que celle de p<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs (cf.<br />

figure 3). D’autre part, 10/15 éleveurs qui ne cultivent pas de blé dur font du ressemis d’orge<br />

alors qu’ils ne sont que 8/20 éleveurs parmi ceux qui en cultivent. <strong>Le</strong> témoignage suivant<br />

montre que la présence de blé dur influence le choix du ressemis pour les autres<br />

cultures :. « comme je me fais déjà livrer les semences de blé dur par la coopérative, je me<br />

fais livrer aussi les semences d’orge. C’est plus simple » De fait, les gros éleveurs spécialisés<br />

y sont les plus sensibles.<br />

<strong>Le</strong> triticale est cultivé essentiellement par les gros éleveurs spécialisés (cf. tableau 1).<br />

<strong>Le</strong> ressemis de c<strong>et</strong>te espèce est assez fréquent (45% des éleveurs) mais moins que celui d’orge<br />

(cf. figure 3). Cela s’explique par le fait que le triticale est un hybride 21 , par définition<br />

sensible au ressemis (cf. annexe 12 <strong>et</strong> 3.4.1.). En outre, la proportion d’éleveurs gardant leurs<br />

semences de triticale est supérieure chez les gros éleveurs spécialisés (60% contre 30% chez<br />

les p<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs). <strong>Le</strong>s surfaces de triticale de ces derniers sont en moyenne<br />

supérieures à celles des p<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs. Cela pourrait expliquer en partie les<br />

différences de ressemis de triticale (ainsi que d’orge) entre ces deux types d’éleveurs. <strong>Le</strong>s<br />

témoignages recueillis mentionnent souvent l’importance de la surface cultivée dans le choix<br />

du ressemis (cf. annexe 12). Ainsi, lorsque les surfaces sont jugées p<strong>et</strong>ites, ils ne gardent pas<br />

leurs semences « car ça ne vaut pas le coup » <strong>et</strong> inversement.<br />

3.3.3. « En parlant en Bio, l’utilisation de semences de ferme devient<br />

quasiment obligatoire » (type 3)<br />

<strong>Le</strong>s polyculteurs Bio cultivent de nombreuses variétés dont des variétés anciennes.<br />

Citons par exemple Blé Meunier d’Apt, le Florence Aurore (blé tendre) <strong>et</strong> le P<strong>et</strong>it Epeautre<br />

(blé dur). <strong>Le</strong> ressemis est très important dans ces systèmes de culture diversifiés. Que ce soit<br />

pour le blé tendre, le blé dur <strong>et</strong> même pour l’orge, ils utilisent en grande majorité des<br />

semences fermières (cf. figure 3). Ainsi, 85 à 100% des agriculteurs Bio de notre échantillon<br />

utilisent des semences fermières de céréales <strong>et</strong> 50 à 80% pour les fourragères.<br />

<strong>Le</strong> ressemis est lié plus ou moins directement à l’Agriculture Biologique. « Pour nous<br />

(agriculteurs Bio), le fait de garder ses semences est une pratique très importante dans le<br />

contexte Bio ». La réglementation en vigueur oblige l’utilisation de semences certifiées Bio.<br />

Or, ces semences sont chères dans le commerce (plus que ne le sont les semences non<br />

21 Espèce issue du croisement de deux espèces : le blé <strong>et</strong> l’orge.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

certifiées Bio), ce qui incite à en garder (économies). De plus, les variétés du marché<br />

sélectionnées pour la culture en plaine sont inadaptées aux terroirs de moyenne montagne<br />

du Luberon (cf. annexe 12). Ainsi, le seul agriculteur Bio qui achète des semences se situe<br />

dans la plaine de Durance. La culture de variétés anciennes ne fait que renforcer<br />

l’importance du ressemis dans le système de production Bio. <strong>Le</strong> ressemis apparaît comme<br />

essentiel si l’agriculteur désire conserver ces variétés qui ne sont pas commercialisées (elles<br />

ne figurent pas au Catalogue Officiel des variétés commercialisables). L’utilisation de<br />

semences fermières fait donc partie intégrante des logiques <strong>et</strong> du système de production<br />

Bio. C<strong>et</strong>te pratique constitue un avantage à la fois économique, technique <strong>et</strong><br />

agronomique important vis à vis de l’Agriculture Biologique.<br />

3.3.4. L’utilisation de semences fermières « est complètement contraire à<br />

nos objectifs de qualité » (type 4)<br />

<strong>Le</strong>s polyculteurs céréaliers se distinguent n<strong>et</strong>tement car ils utilisent des semences<br />

fermières rarement. Pour le blé dur, la principale culture (cf. tableau 1), seulement 28%<br />

gardent régulièrement des semences. <strong>Le</strong> constat est le même pour le blé tendre (cf. figure 3).<br />

L’achat de semences certifiées revient plus cher que de garder leurs semences mais<br />

cela constitue avant tout une garantie pour atteindre leurs objectifs de qualité <strong>et</strong> de<br />

quantité des récoltes (cf. annexe 12). Comme c’est le cas chez les gros éleveurs spécialisés, le<br />

ressemis de blé dur est contraint par un ensemble d’éléments d’ordre réglementaire <strong>et</strong><br />

économique. La réglementation PAC subordonne les primes à l’achat de semences certifiées à<br />

110kg/ha en moyenne sur la surface emblavée totale. « Même si c’est très cher, on nous y<br />

oblige ». Ce seuil (comparé aux 180kg/ha de densité de semis moyenne) les dissuade de<br />

garder leurs semences.<br />

Dans le même ordre d’idée, les contrats passés entre les agriculteurs <strong>et</strong> la coopérative limitent<br />

l’utilisation de semences fermières. Ainsi, 7 polyculteurs céréaliers ont signé des contrats<br />

« qualité » ou « traçabilité », 5 ont obtenu des contrats « semences » pour la multiplication<br />

des semences. Ces contrats obligent l’utilisation de semences certifiées sur les parcelles<br />

contractées, en échange d’une prime. <strong>Le</strong> contexte législatif détaillé ultérieurement encadre <strong>et</strong><br />

limite strictement l’utilisation de blé dur fermier (cf. 3.4.1.) <strong>et</strong> explique la rar<strong>et</strong>é de c<strong>et</strong>te<br />

pratique chez ces agriculteurs (cf. figure 3).<br />

D’un point de vue agronomique, certains polyculteurs céréaliers justifient l’arrêt du<br />

ressemis par une diminution des rendements <strong>et</strong> de régularité des récoltes : « ce qu’on garde<br />

(ressemis) est lamentable ! ». De plus, la contrainte matérielle <strong>et</strong> technique occasionnée par le<br />

ressemis est souvent mise en avant par ces agriculteurs. « On ne s’embête pas à garder ses<br />

semences ». Selon eux, il est nécessaire de trier, de traiter <strong>et</strong> de stocker les semences, ce qui<br />

demande technicité, temps <strong>et</strong> matériel adéquat. <strong>Le</strong>s semences ach<strong>et</strong>ées sont « déjà toutes<br />

prêtes ». Or, certains agriculteurs ne sont pas des céréaliers spécialisés <strong>et</strong> ont une autre<br />

activité agricole (viticulture, maraîchage). Ils ont rarement un trieur (cf. tableau 1). De plus, à<br />

la différence des éleveurs, les polyculteurs céréaliers expédient la récolte juste après la<br />

moisson. La pratique du ressemis demande donc des capacités de stockage supplémentaires.<br />

Tout cela explique la perception généralement négative qu’ils ont du ressemis. Pour eux,<br />

l’achat de semences est une facilité matérielle <strong>et</strong> organisationnelle.<br />

Malgré ces éléments qui composent les témoignages des polyculteurs céréaliers, une<br />

faible proportion d’entre eux gardent leurs semences (3/9 agriculteurs pour le blé dur, 2/4<br />

agriculteurs pour l’orge) (cf. figure 3). Ce sont les économies permises par le ressemis qui


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

motivent ces polyculteurs céréaliers à garder des semences fermières de blé dur (cf. annexe<br />

12). Ainsi, 2 d’entre eux possèdent de grandes surfaces emblavées (>50 ha) dont une partie<br />

seulement est ressemée (>25ha). Or, si nous faisons le calcul en semant à 200kg/ha, il est<br />

possible d’économiser environ 110€/ha avec ses propres semences (200)*(0,7-0,15)=110€, en<br />

tenant compte du prix d’achat de semences du commerce (0,7€/kg) <strong>et</strong> du prix de vente du<br />

grain de blé dur (0,15€/kg) actuels approximatifs). <strong>Le</strong>urs grandes surfaces leur perm<strong>et</strong>tent de<br />

cumuler l’économie du ressemis avec la prime PAC perçue sur d’autres parcelles.<br />

Un troisième polyculteur céréalier garde ses semences d’orge <strong>et</strong> de blé dur. Sa motivation est<br />

aussi économique mais d’un autre ordre (il ne possède que 2ha pour la culture ressemée).<br />

« Alors que les revenus diminuent <strong>et</strong> les charges augmentent, je cherche à faire des<br />

économies à tous les niveaux » affirme-t-il. Il se distingue des autres polyculteurs céréaliers<br />

par ses <strong>pratiques</strong> restées traditionnelles <strong>et</strong> sa volonté de garder ses semences comme il l’a<br />

toujours fait. Cela nous rappelle qu’il existe une grande diversité de perceptions du<br />

ressemis qui se détachent de la tendance générale mais elles sont marginalisées.<br />

Nous avons mis en exergue le lien entre type d’agriculteur <strong>et</strong> pratique du ressemis.<br />

Certains des déterminants du ressemis sont partagés par les différents types d’agriculteurs.<br />

Nous étudions maintenant plus précisément les plus importants d’entre eux.<br />

3.4. Quelles sont les éléments déterminants les choix de l’agriculteur<br />

concernant c<strong>et</strong>te pratique ?<br />

3.4.1. <strong>Le</strong> contexte réglementaire <strong>et</strong> économique contraint fortement<br />

l’utilisation de semences fermières<br />

<strong>Le</strong>s résultats de la recherche sur la réglementation<br />

La réglementation conditionne le choix des agriculteurs du Luberon vis à vis du<br />

ressemis. Une étude plus complète est présentée en annexe 14. Tout d’abord, il est important<br />

de noter que les agriculteurs conservent le droit d’utiliser des semences de ferme mais ne<br />

peuvent ni les vendre ni les échanger. Cependant, un ensemble de contraintes réglementaires,<br />

technologiques <strong>et</strong> économiques limite l’utilisation de semences fermières <strong>et</strong> rend ce droit<br />

« naturel » des agriculteurs de plus en plus fragile.<br />

En ce qui concerne le blé dur, l’utilisation de semences fermières est largement<br />

défavorisée par :<br />

• L’assuj<strong>et</strong>tissement des primes PAC spécifiques blé dur à l’utilisation de semences<br />

certifiées : la prime PAC est accordée aux agriculteurs qui utilisent au moins 110kg/ha de<br />

semences certifiées (sur la surface totale emblavées en blé dur).<br />

• La signature de contrats entre la coopérative <strong>et</strong> les agriculteurs : ces contrats (traçabilité,<br />

qualité, semences) incitent ces derniers à participer aux efforts de traçabilité en utilisant<br />

des semences certifiées, en échange des primes correspondantes.<br />

La technologie hybride développée sur les cultures de triticale, seigle <strong>et</strong> quelquefois<br />

de blé ont rendu tacitement obligatoire le rachat systématique de semences certifiées.<br />

<strong>Le</strong>s normes de qualité imposées par la filière céréale sont strictes. Elles contraignent<br />

l’utilisation de semences de ferme pour les productions végétales commercialisées.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

La conjoncture économique module l’importance de ces différents éléments. En<br />

eff<strong>et</strong>, nous pouvons comprendre aisément que les primes (PAC <strong>et</strong> contrats) prennent d’autant<br />

plus d’importance dans les choix des agriculteurs qu’elles sont soutenues par la mauvaise<br />

conjoncture économique actuelle (les charges augmentent alors que les revenus <strong>agricoles</strong><br />

baissent). Mais nous pouvons penser à l’inverse que c<strong>et</strong>te conjoncture incite les agriculteurs à<br />

faire des économies dès que l’occasion se présente (i. e. en gardant ses semences). De la<br />

même manière, l’augmentation continue du prix des semences certifiées donne de<br />

l’importance au ressemis. Cela dépend aussi de la perception des agriculteurs.<br />

La perception de la réglementation par les agriculteurs<br />

Il semblerait que les p<strong>et</strong>its agriculteurs (p<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs <strong>et</strong> agriculteurs<br />

Bio) soient très sensibles à toute opportunité de réduire des charges : ils « font des économies<br />

dès que possible ». <strong>Le</strong>s principaux agriculteurs sensibles à la limitation du ressemis de blé dur<br />

par des causes réglementaires sont les polyculteurs céréaliers <strong>et</strong> les gros éleveurs spécialisés<br />

(cf. supra). Elle est la cause de la rar<strong>et</strong>é de ressemis de blé dur (cf. figure 3) : « on nous y<br />

oblige ». La différence entre les 110kg/ha (prime PAC) <strong>et</strong> la densité de semis pratiquée par les<br />

agriculteurs interviewés (comprise entre 170 <strong>et</strong> 200kg/ha) ne semble pas être suffisante pour<br />

justifier de garder ses semences de blé dur. <strong>Le</strong> seuil des « 30% » de semences fermières<br />

annoncé par Mahieu (1997) provient du fonctionnement de la prime PAC : si l’agriculteur<br />

sème à 170kg/ha, il peut toucher les primes PAC en semant 110kg/ha de SC <strong>et</strong> utiliser les 60<br />

kg restants avec ses semences (soit environ 30%).<br />

La dégénérescence des hybrides est un risque supplémentaire qui dissuade les agriculteurs de<br />

garder leurs semences. C<strong>et</strong> hybride « est sensible. Si on le ressème, il perd p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it de sa<br />

force ». Ceci explique la différence entre le ressemis d’orge <strong>et</strong> celui de triticale (cf. figure 3).<br />

<strong>Le</strong>s exigences de la filière sont souvent implicites. <strong>Le</strong>s agriculteurs qui vendent leurs<br />

productions sont les plus concernés : « quand on est payé sur la qualité, on ne peut se<br />

perm<strong>et</strong>tre de garder ses semences <strong>et</strong> faire du bricolage ».<br />

3.4.2. D’autres facteurs influencent le ressemis<br />

<strong>Le</strong> devenir de la production<br />

<strong>Le</strong>s résultats précédents font apparaître une relation entre le devenir des productions <strong>et</strong><br />

la pratique du ressemis. La figure 4 l’illustre.<br />

utilisation de semences fermières (% des cultures<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

Céréaliers<br />

Eleveurs<br />

0 20 40 60 80 100<br />

proportion de productions autoconsommées (% )<br />

Figure 4 : Lien entre le devenir des productions <strong>et</strong> la pratique du ressemis.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

Chaque exploitant est situé en fonction de la proportion de productions (céréales,<br />

fourrages) autoconsommée (en abscisses) <strong>et</strong> de la proportion de semences fermières utilisée 22<br />

(en ordonnées). Il existe une relation entre le devenir de la production <strong>et</strong> l’importance du<br />

ressemis sur l’exploitation. Plus il y a de productions autoconsommées <strong>et</strong> plus il y a de<br />

ressemis <strong>et</strong> inversement. On remarque qu’il n’y a pas d’intermédiaire, ce qui dénote<br />

l’existence de comportements bien distincts. <strong>Le</strong>s uns (à gauche de la figure 4), polyculteurs<br />

céréaliers, gardent rarement des semences (ils vendent la plupart de leurs productions) alors<br />

que les autres (à droite), éleveurs, en gardent pour la plupart des cultures autoconsommées.<br />

Deux groupes ne suivent pas c<strong>et</strong>te tendance. D’une part, certains agriculteurs utilisent des<br />

semences fermières malgré le faible pourcentage d’autoconsommation. Ils le justifient par des<br />

surfaces de culture importantes (économies intéressantes) ou par leurs <strong>pratiques</strong> restées<br />

traditionnelles. Parmi eux figurent des polyculteurs Bio qui ont la particularité de vendre leur<br />

productions via un circuit de commercialisation (vente aux meuniers, aux agriculteurs, dans<br />

les marchés ou à la ferme) plus court que celui utilisé par les polyculteurs céréaliers (vente<br />

aux coopératives céréalières). D’autre part, certains agriculteurs ne gardent pas des semences<br />

malgré un fort taux d’autoconsommation. Ils le justifient par des surfaces réduites <strong>et</strong> par<br />

l’influence de la culture du blé dur (vendue) sur les autres cultures autoconsommées.<br />

<strong>Le</strong> lien du ressemis avec le devenir de la production est renforcé par l’étude du cas de<br />

l’orge (cf. annexe 15) qui présente sur notre échantillon la particularité de pouvoir être<br />

autoconsommé à 100% ou être en partie vendu. Ceci montre que l’autoconsommation des<br />

productions, liée à l’élevage, est favorable à la pratique du ressemis.<br />

Nous avons approfondi le lien qui existe entre le devenir des productions <strong>et</strong> le ressemis en<br />

distinguant dans un premier temps l’autoconsommation en herbe de l’autoconsommation en<br />

grain. <strong>Le</strong>s arguments mis en avant par les éleveurs montre que le ressemis est<br />

préférentiellement pratiqué pour les cultures autoconsommées en fourrage (foin ou en<br />

vert). Ainsi, l’orge <strong>et</strong> l’avoine autoconsommés en fourrage (cf. photo 3) sont<br />

systématiquement ressemées (100%) alors que ceux autoconsommés en grains proviennent<br />

dans 39% des cas de semences ach<strong>et</strong>ées (cf. annexe 15). C<strong>et</strong>te distinction est bien illustrée par<br />

l’association des termes dans le témoignage suivant : «je ressème une partie de mon orge,<br />

mais uniquement celui que je fais manger en vert, pour faire de l’herbe ».<br />

Puis, nous avons distingué la vente en circuit long de commercialisation (transitant par les<br />

coopératives céréalières) de celle en circuit plus court 23 pour l’ensemble des cultures. <strong>Le</strong><br />

ressemis est significativement plus important dans le second cas (cf. annexe 15). <strong>Le</strong>s<br />

coopératives céréalières imposent des exigences en terme de pur<strong>et</strong>é des récoltes qui semblent<br />

empêcher les agriculteurs de garder leurs semences. A l’opposé, malgré la vente, le circuit<br />

court de commercialisation semble avoir des exigences moindres en terme de pur<strong>et</strong>é des<br />

produits. La filière à laquelle se destine la récolte vendue conditionne le ressemis.<br />

<strong>Le</strong> devenir des productions, associé à diverses exigences de pur<strong>et</strong>é des semences,<br />

influence la pratique du ressemis.<br />

La présence de blé dur<br />

Des agriculteurs affirment qu’ils ne gardent pas leur semences d’orge car ils achètent<br />

déjà des semences de blé dur à la coopérative (cf. 3.3.2.). La différence observée entre le<br />

ressemis en présence de blé dur <strong>et</strong> celui en son absence est significative (cf. annexe 16). Puis,<br />

en distinguant ensuite ceux qui font du ressemis de blé dur de ceux qui n’en font pas, nous<br />

démontrons que l’utilisation de semences fermières pour le blé dur détermine le ressemis pour<br />

22 C<strong>et</strong>te variable calculée perm<strong>et</strong> d’avoir une idée de l’importance du ressemis dans une exploitation, indépendamment de la<br />

culture considérée. Nous l’avons calculé ainsi : nombre de cultures ressemées/nombre de cultures total dans l’exploitation<br />

23 Cf. page précédente


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

les autres cultures (cf. annexe 16). La présence <strong>et</strong> les choix concernant le blé dur<br />

conditionnent le ressemis sur l’exploitation. <strong>Le</strong>s contraintes réglementaires concernant c<strong>et</strong>te<br />

espèce (cf. 3.4.) se répercutent sur l’ensemble des espèces végétales produites.<br />

La surface cultivée<br />

Bien que souvent citée par les agriculteurs (cf. annexe 12), il n’y a pas de relation<br />

significative entre l’utilisation de semences fermières <strong>et</strong> la surface semée de la culture<br />

considérée. Néanmoins, le ressemis est d’autant plus fréquent que le surface de la culture est<br />

importante <strong>et</strong> inversement. La surface cultivée influencerait les choix du ressemis à<br />

travers d’autres variables. Nous pouvons la considérer comme un déterminant mineur.<br />

L’âge de l’agriculteur<br />

Contrairement à ce que nous pensions, les agriculteurs âgés ne gardent pas plus leurs<br />

semences. Au contraire, des agriculteurs âgés nous ont même confiés qu’étant proches de la<br />

r<strong>et</strong>raite, ils ne « s’embêtent plus avec ce genre de travail ». Ils semblent plus sensibles aux<br />

contraintes matérielles <strong>et</strong> organisationnelles engendrées par le ressemis.<br />

3.5. Comment s’intègre le ressemis dans les itinéraires techniques ?<br />

Nous étudions ici la manière dont le ressemis est pratiqué <strong>et</strong> dont il s’articule avec les<br />

autres <strong>pratiques</strong> culturales. Nous utilisons les données des annexes 11 <strong>et</strong> 17. L’annexe 11<br />

présente la répartition des agriculteurs par modalité de <strong>pratiques</strong> culturales <strong>et</strong> l’annexe 17 la<br />

position de ces <strong>pratiques</strong> sur le plan factoriel 1-2 de l’AFCM.<br />

Tout d’abord, certaines <strong>pratiques</strong> sont toujours associées au ressemis, quelque soit le<br />

type d’agriculteur. Ainsi, l’agriculteur sélectionne habituellement les parcelles dont il va<br />

extraire ses semences. <strong>Le</strong>s critères de sélection sont l’absence d’adventice <strong>et</strong> la qualité de la<br />

récolte (absence de maladies, « beauté » des épis <strong>et</strong> des grains). <strong>Le</strong>s agriculteurs (à<br />

l’exception des polyculteurs Bio) achètent régulièrement des semences commercialisées pour<br />

« renouveler » leurs stocks <strong>et</strong> suivre le progrès variétal (cf. annexe 20). Ils sont de ce point de<br />

vue des intermédiaires entre les agriculteurs qui gardent chaque année leurs semences<br />

(polyculteurs Bio) de ceux qui ont recours uniquement aux semences du marché.<br />

3.5.1. Pour les éleveurs (type 1 <strong>et</strong> 2)<br />

L’objectif des éleveurs est de limiter l’infestation par les adventices « car il y en a déjà<br />

assez dans le sol », même s’ils en tolèrent un certain seuil. <strong>Le</strong>s trois principaux moyens<br />

utilisés pour atteindre c<strong>et</strong> objectif sont la rotation, le travail du sol <strong>et</strong> l’utilisation d’herbicides.<br />

L’affirmation suivante : « Je n’ai pas de problème avec c<strong>et</strong>te pratique (le ressemis) car mes<br />

parcelles sont propres. […] Je fais de bonnes rotations avec le sainfoin <strong>et</strong> la luzerne qui<br />

étouffent les adventices <strong>et</strong> épuisent le stock de graines » montre comment les éleveurs<br />

associent le ressemis à un ensemble de <strong>pratiques</strong> qui limitent le « salissement » des parcelles.<br />

La rotation fourragère est la base du système de polyculture-élevage. Chez certains<br />

éleveurs, la céréale est cultivée 1 ou 2 années consécutives suivies d’une fourragère (pérenne)<br />

alors que chez d’autres, la phase céréalière peut durer jusqu’à 5 ans. Ils veillent à réaliser une<br />

« bonne rotation », c’est à dire en alternant les cultures <strong>et</strong> laissant reposer les parcelles le plus<br />

longtemps possible en prairie ou en jachère. Certains parlent du sainfoin comme d’un<br />

« désherbant naturel ». <strong>Le</strong>s coupes (2 par an pour le sainfoin <strong>et</strong> jusqu’à 4 pour la luzerne)<br />

<strong>et</strong>/ou la pâture par les brebis éliminent les « mauvaises herbes », qui n’ont pas le temps de se


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

reproduire <strong>et</strong> épuisent de ce fait la banque de graines du sol. De la même manière, le labour<br />

est souvent pratiqué en situation de ressemis. <strong>Le</strong> déchaumage n’est pas réalisé pour perm<strong>et</strong>tre<br />

le pâturage sur chaumes. La plupart des éleveurs n’utilisent pas d’herbicide. Il faut distinguer<br />

ici les p<strong>et</strong>its des gros éleveurs. Ces derniers utilisent en eff<strong>et</strong> plus fréquemment des<br />

désherbants (1/3 les utilisent occasionnellement <strong>et</strong> 1/3 systématiquement avec 1 ou 2 passages<br />

par campagne) que les p<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs (seulement 1/4 des cas) (cf. annexe 11).<br />

<strong>Le</strong>s combinaisons de <strong>pratiques</strong> rencontrées témoignent d’une grande diversité de situations <strong>et</strong><br />

de perception du risque de contamination par des adventices. <strong>Le</strong>s semences fermières ne<br />

sont généralement pas triées, même lorsque l’éleveur possède un trieur. Elles sont<br />

généralement extraites du silo au moment du semis. <strong>Le</strong>s <strong>pratiques</strong> culturales réalisées<br />

semblent suffire pour limiter l’infestation. Ceux qui les trient le justifient par la volonté<br />

d’ôter toutes sortes de déch<strong>et</strong>s comme les épis, les grains cassés, les pailles mais pas<br />

spécialement pour enlever les graines d’adventices.<br />

3.5.2. Pour les polyculteurs Bio (type 3)<br />

<strong>Le</strong>s polyculteurs Bio essaient de limiter l’infestation par la rotation des cultures (cf.<br />

annexe 11), en alternant les céréales avec des légumineuses ou des grandes cultures (colza,<br />

tournesol…). Ils réalisent habituellement un labour à la suite du déchaumage à l’exception<br />

d’un cas où l’agriculteur utilise la technique du faux semis 24 dans le but d’épuiser le stock de<br />

graines du sol. Ces <strong>pratiques</strong> ne sont pas considérées comme suffisantes pour lutter<br />

contre les adventices des semences fermières.<br />

De ce fait, les semences de blé ou d’orge sont systématiquement triées, 80% avec un<br />

trieur performant 25 (cf. annexe 11). <strong>Le</strong> témoignage suivant résume bien la situation du<br />

ressemis en système de production Bio : « <strong>Le</strong> tri est vraiment indispensable. On sait que<br />

systématiquement il y a des herbes qui vont polluer même si on fait attention à notre manière<br />

de cultiver. Donc, si en plus on sème des mauvaises graines, alors là on est foutu ». La<br />

possession d’un trieur fait l’unanimité parmi ces agriculteurs ou s’ils n’en ont pas ils font trier<br />

leurs semences par un voisin équipé.<br />

Une autre particularité de ces agriculteurs est qu’ils échangent régulièrement leurs semences<br />

avec d’autres agriculteurs. C<strong>et</strong>te pratique traditionnelle a disparu chez les agriculteurs<br />

conventionnels. Ils bénéficient d’un <strong>réseau</strong> dynamique d’agriculteurs Bio. Cela leur perm<strong>et</strong> de<br />

« limiter les problèmes de dégénérescence » <strong>et</strong> de « renouveler les stocks » (cf. annexe 18).<br />

3.5.3. Pour les polyculteurs céréaliers (type 4)<br />

L’objectif par rapport à la lutte contre les adventices est clairement énoncé par<br />

l’affirmation suivante : « on laisse la céréale, c’est tout ». <strong>Le</strong>s polyculteurs céréaliers ne<br />

tolèrent pas les adventices au champ, encore moins dans les semences. L’utilisation<br />

systématique d’herbicide (1 ou 2 passages) est le principal moyen de lutte <strong>et</strong> doit pallier la<br />

rotation peu satisfaisante (cf. annexes 11 <strong>et</strong> 16). En eff<strong>et</strong>, ces agriculteurs font soit de la<br />

monoculture céréalière (avec des jachères annuelles), soit une rotation avec des cultures<br />

annuelles comme le tournesol ou le colza (cf. annexes 11 <strong>et</strong> 16). Ils pratiquent par ailleurs le<br />

labour précédé d’un déchaumage <strong>et</strong> dans quelques situations des techniques de travail du sol<br />

simplifié comme le semis direct 26 . <strong>Le</strong>s parcelles ainsi que les grains récoltés sont « propres »<br />

24<br />

Cela consiste à r<strong>et</strong>ourner régulièrement la terre avant de semer (labour). <strong>Le</strong>s adventices se développent entre chacune de<br />

ces interventions <strong>et</strong> sont détruites lors du labour. De c<strong>et</strong>te façon, le stock de graines du sol s’épuise.<br />

25<br />

Par exemple un séparateur, un trieur à cylindre, une table asymétrique<br />

26<br />

La terre n’est pas r<strong>et</strong>ournée entre la récolte <strong>et</strong> le semis comme c’est le cas avec le labour. Elle est souvent griffée en<br />

utilisant par exemple un Chisel.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

du point de vue des adventices surtout grâce à l’utilisation de désherbants. En conséquence, le<br />

tri des semences n’est qu’occasionnellement fait car inutile. Il se justifie néanmoins par la<br />

volonté d’éliminer les grains cassés, les épis <strong>et</strong> les pailles.<br />

En marge de ces tendances générales, il existe le cas d’un polyculteur céréalier qui a conservé<br />

des <strong>pratiques</strong> traditionnelles : il n’utilise pas d’herbicides <strong>et</strong> tolère un certain seuil<br />

d’infestation des céréales. Il trie ses semences.<br />

3.5.4. Quelles sont les relations entre les <strong>pratiques</strong> culturales <strong>et</strong> le ressemis ?<br />

<strong>Le</strong>s agriculteurs ne modifient pas leurs <strong>pratiques</strong> culturales pour la production de<br />

semences fermières. C’est le ressemis qui trouve sa place dans les itinéraires techniques<br />

correspondants. Seul le tri est réalisé spécifiquement pour c<strong>et</strong>te pratique, lorsqu’il est<br />

considéré comme nécessaire. <strong>Le</strong> ressemis est associé préférentiellement à certaines <strong>pratiques</strong><br />

culturales. Nous examinons plus précisément les relations qu’il existe entre d’une part la<br />

rotation, l’utilisation d’herbicides, le travail du sol <strong>et</strong> le tri <strong>et</strong> d’autre part l’utilisation de<br />

semences fermières.<br />

Tout d’abord, le ressemis est fréquemment réalisé lorsqu’il est associé à une rotation<br />

fourragère alors qu’il est plus rare lorsqu’il s’agit d’une monoculture de céréale ou d’une<br />

rotation avec des grandes cultures (cf. annexe 19). <strong>Le</strong> travail du sol ne semble pas influencer<br />

clairement le ressemis (cf. annexe 19). Enfin l’utilisation de désherbants influence le<br />

ressemis. <strong>Le</strong> ressemis est rare lorsque l’agriculteur utilise des herbicides. Dans ce cas, il<br />

est associé systématiquement à du non-tri. A l’opposé, les semences sont ou non triées<br />

lorsque l’agriculteur ne désherbe pas (cf. annexe 19). La modalité de ressemis 27 est donc<br />

conditionnée par l’itinéraire technique (en particulier par la rotation <strong>et</strong> l’utilisation<br />

d’herbicides) dans lequel c<strong>et</strong>te pratique s’insère.<br />

Après avoir précisé les motivations <strong>et</strong> l’intégration du ressemis dans les divers itinéraires<br />

techniques, nous étudions maintenant l’influence de c<strong>et</strong>te pratique sur les messicoles.<br />

3.6. <strong>Le</strong> ressemis influence-t-il la flore messicole ?<br />

Nous pouvons apporter quelques résultats préliminaires portant sur le possibilité de<br />

dissémination des espèces messicoles via les semences fermières.<br />

3.6.1. Quel est l’avantage des semences fermières vis à vis des messicoles ?<br />

Même si les semences fermières sont quelquefois triées, elles constituent une chance<br />

de dissémination des espèces adventices (dont les messicoles) plus importante que leurs<br />

homologues du commerce. Ces dernières sont triées très efficacement. <strong>Le</strong>s normes de<br />

commercialisation tolèrent un taux d’impur<strong>et</strong>és des semences quasi nul. Ainsi, la teneur<br />

maximale autorisée est de 3 graines de Raphanus raphanistrum, Agrostemma githago 28 pour<br />

un échantillon de 500g de semences certifiées d’après le Règlement technique (cf. site 2).<br />

27 i. e. utilisation ou pas de semences fermières, tri ou pas des semences fermières, <strong>et</strong>c…<br />

28 Ces deux espèces font partie des messicoles typiques du PNRL


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

3.6.2. <strong>Le</strong> transport de graines adventices par les semences au cœur des<br />

raisonnements des agriculteurs<br />

La possibilité de participer à la dissémination de « mauvaises herbes » fait partie<br />

intégrante des motivations <strong>et</strong> des justifications des agriculteurs quant au choix du ressemis (cf.<br />

supra). A c<strong>et</strong> égard, ils ne distinguent pas les espèces messicoles des autres adventices.<br />

3.6.3. <strong>Le</strong>s résultats de l’analyse floristique en guise d’illustration<br />

Il est nécessaire de vérifier au champ si l’utilisation de semences fermières participe à<br />

la dissémination (cf. photo 2). Nous avons pour cela réalisé des inventaires des espèces<br />

messicoles sur les 10 parcelles de blé dur d’une même exploitation (cf. annexes 20 <strong>et</strong> 21).<br />

La nature des semences (100% de semences ach<strong>et</strong>ées / mélange de semences ach<strong>et</strong>ées <strong>et</strong> de<br />

semences fermières) utilisées lors de c<strong>et</strong>te campagne 2005 ne semble pas avoir d’eff<strong>et</strong> sur la<br />

richesse en messicoles (nombre d’espèces) (cf. annexe 21). Par contre, nous remarquons que<br />

l’abondance (effectif par unité de surface) est en moyenne supérieure sur les parcelles où<br />

l’agriculteur a semé le mélange avec des semences fermières par rapport à celle des parcelles<br />

où il a semé uniquement des semences ach<strong>et</strong>ées (cf. annexe 21).<br />

Pour certaines espèces qui nous semblaient bien réagir à la nature des semences (cf. annexe<br />

20), nous avons comparé les effectifs sur les 2 types de parcelles. Ainsi, l’abondance de<br />

Galium tricornutum <strong>et</strong> de Ranunculus arvensis tend à être supérieure en situation de ressemis<br />

(respectivement 81 <strong>et</strong> 58 plantes/40m² en moyenne contre 24 <strong>et</strong> 6 sans ressemis) (cf. annexe<br />

21). De même, <strong>Le</strong>gousia speculum-veneris <strong>et</strong> Neslia paniculata semblent pouvoir bénéficier<br />

du ressemis pour se disséminer (cf. annexe 21) mais il faut rester vigilant du fait de leur rar<strong>et</strong>é<br />

sur notre échantillon. <strong>Le</strong> manque de répétitions nous empêche aussi de montrer l’influence du<br />

ressemis sur la présence de messicoles.<br />

De plus, la nature des semences ne semble pas expliquer à elle seule l’hétérogénéité de la<br />

flore inventoriée. L’étude des précédents culturaux des 10 parcelles nous apporte d’autres<br />

éléments de compréhension. Ainsi, la relative faible diversité (richesse <strong>et</strong> abondance) en<br />

messicoles d’une parcelle (parcelle « mix 6 ») peut être en partie attribuée au précédent d’une<br />

luzernière de 10 ans.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

Photo 5<br />

Photo 4<br />

Partie 4<br />

Discussion,<br />

Perspectives <strong>et</strong><br />

Conclusion<br />

Photo 9<br />

Photo 10<br />

Photo 6<br />

Photo 7<br />

Photo 8


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

4 Discussion <strong>et</strong> perspectives<br />

4.1. Qui pratique le ressemis sur le PNRL <strong>et</strong> sur quelles surfaces ?<br />

4.1.1. La pertinence de l’échantillon<br />

<strong>Le</strong> ressemis est une pratique courante sur les exploitations de notre échantillon. 65%<br />

des exploitations utilisent des semences fermières de céréales. Ceci confirme ce qui était<br />

annoncé par Mahieu (1997). En comparaison, le GDA « Grandes Cultures » <strong>et</strong> les 4<br />

coopératives céréalières nous avaient annoncés que les agriculteurs du PNRL gardant leurs<br />

semences de céréale correspondait à 5-10% des agriculteurs cultivant des céréales. Ceci<br />

montre que notre stratégie d’échantillonnage qui visait à rencontrer majoritairement des<br />

situations de ressemis a été efficace. Cependant, dans une perspective d’extension de nos<br />

résultats à l’ensemble du territoire, nous devons prendre quelques précautions.<br />

4.1.2. Des éléments d’extrapolation des résultats à l’ensemble du PNRL<br />

Nous avons mis en évidence l’association systématique du ressemis à l’Agriculture<br />

Biologique (blé dur <strong>et</strong> blé tendre) <strong>et</strong> à l’élevage (orge, triticale, avoine, sainfoin <strong>et</strong> luzerne) <strong>et</strong><br />

montré qu’il est anecdotique chez les polyculteurs céréaliers (blé dur). <strong>Le</strong> lien du ressemis<br />

avec l’élevage provient de l’autoconsommation des productions. Cela confirme nos<br />

hypothèses de départ <strong>et</strong> en explicite les éléments. L’intérêt fonctionnel du ressemis en<br />

favorisant la production de biomasse ne fait pas partie des objectifs des éleveurs<br />

contrairement à ce que nous pouvions penser (Bellon, 1997 ; Gerbaud <strong>et</strong> al., 2001, Gerbaud,<br />

2002). La possibilité de ressemer des « mauvaises graines » est perçue comme une<br />

« contrainte » qui se transforme en « atout » dans le cas de la polyculture-élevage. Nous<br />

pouvons donc évaluer l’importance de c<strong>et</strong>te pratique dans ces exploitations à l’échelle du Parc<br />

à partir des informations disponibles sur l’agriculture du Luberon. <strong>Le</strong> nombre d’éleveurs<br />

ovins est d’environ 110 sur le territoire du Parc auquel nous ajoutons les éleveurs équins (env.<br />

95) <strong>et</strong> caprins (env. 45) (RA 2000 <strong>et</strong> annexe 1) qui font aussi autoconsommer leurs<br />

productions, ce qui fait environ 250 éleveurs sur le Parc. Cependant, il faut tempérer ce<br />

nombre car les éleveurs qui ont par exemple 2 cheptels différents sont comptabilisés en<br />

double. Nous ne sommes pas en mesure de connaître précisément les surfaces ressemées par<br />

ces éleveurs mais nous pouvons penser qu’elles sont assez réduites à l’échelle du Parc.<br />

En ce qui concerne les polyculteurs Bio, force est de constater que leur nombre est<br />

anecdotique sur le Parc (moins de 21 agriculteurs Bio cultivant des céréales <strong>et</strong> des fourragères<br />

sont présents sur le territoire en 2003 d’après Bio de Provence). De plus, leurs surfaces<br />

cultivées en grandes cultures sont généralement très p<strong>et</strong>ites. Nous pensons donc que les<br />

surfaces ressemées selon le mode de production Bio sont réduites.<br />

A l’opposé, les polyculteurs céréaliers sont beaucoup plus nombreux <strong>et</strong> cultivent des surfaces<br />

plus importantes (RA 2000). Or, nous avons montré que ces agriculteurs sont très sensibles à<br />

la limitation du ressemis par la réglementation. <strong>Le</strong>s mesures prises pour limiter l’utilisation de<br />

semences fermières sont très efficaces sur notre zone d’étude du fait même de l’omniprésence<br />

de la culture du blé dur, alors que dans d’autres régions elles ont pu avoir des eff<strong>et</strong>s opposés<br />

(Carrascosa Garcia, 2003). Malgré ce contexte peu favorable, l’intérêt principal des<br />

polyculteurs céréaliers à ressemer est économique <strong>et</strong> se justifie par des surfaces importantes.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

Compte tenu du faible nombre de polyculteurs céréaliers dans c<strong>et</strong>te situation à l’échelle du<br />

Parc, nous pensons que les surfaces ressemées dans ce cas de figure sont négligeables.<br />

En somme, nous pouvons de dire avec précaution que le ressemis est réalisé sur des surfaces<br />

assez réduites à l’échelle du Parc, dans peu d’exploitations. Mais il est possible que cela<br />

puisse encore être suffisante pour perm<strong>et</strong>tre le maintien des espèces messicoles sur le site.<br />

4.2. Face à la diversité d’itinéraires techniques, quel est la potentiel de<br />

dissémination des espèces messicoles ?<br />

En considérant d’une part la diversité d’itinéraires techniques incluant la pratique du ressemis<br />

(cf. 3.5.) <strong>et</strong> d’autre part les exigences écologiques de la flore messicole (cf. 1.1.), nous<br />

pouvons indiquer les situations les plus aptes à favoriser la dissémination <strong>et</strong> le maintien des<br />

communautés messicoles. La synthèse est indiquée dans le tableau 2 ci-dessous.<br />

Tableau 2 : Pratiques culturales des 4 types d’agriculteurs <strong>et</strong> potentiel de maintien des messicoles 29 .<br />

Type d'agriculteur<br />

Pratique culturale Type1 Type 2 Type 3 Type 4<br />

utilisation d'herbicides<br />

travail du sol<br />

rotation<br />

fertilisation<br />

tri des semences<br />

++<br />

++<br />

--<br />

++<br />

+++<br />

+<br />

+<br />

-<br />

+<br />

+++<br />

+++<br />

+<br />

+/-<br />

++<br />

---<br />

-- (++)<br />

- (+/-)<br />

+<br />

-- (-)<br />

+ (-)<br />

Du point de vue agronomique, la lutte contre les adventices mobilise différents moyens en<br />

fonction du type d’agriculteurs. La « nuisibilité » des adventices « est fortement réduite car le<br />

tri est bien fait » (agriculteurs Bio), <strong>et</strong> « car nous utilisons des herbicides » (céréaliers) ou<br />

« car nous faisons une bonne rotation avec des fourrages » (éleveurs).<br />

4.2.1. <strong>Le</strong>s <strong>pratiques</strong> de la polyculture céréalière sont défavorables au<br />

maintien de ces espèces<br />

L’utilisation d’herbicides, considérée comme la principale cause de disparition des<br />

adventices dont les messicoles, (de Snoo, 1997 ; Hald, 1999 ; Mander <strong>et</strong> al., 1999 ; Jauzein,<br />

2001 [b]) est associée systématiquement au ressemis chez les polyculteurs céréaliers. <strong>Le</strong>s<br />

conditions de culture sont défavorables au développement de messicoles, d’autant plus que<br />

l’utilisation d’herbicides est couplée dans certains des cas à du non-labour 30 (Bekker <strong>et</strong> al.,<br />

1998 ; Monaco <strong>et</strong> al., 2002) <strong>et</strong> que le ressemis présente un caractère anecdotique sur la zone<br />

d’étude (cf. 3.3.4.). Nous pouvons nuancer ce propos par l’existence de résistances aux<br />

désherbants chez de rares messicoles comme Papaver rhoeas. L’utilisation importante<br />

d’engrais chimiques par ces agriculteurs renforce c<strong>et</strong>te tendance. <strong>Le</strong>s p<strong>et</strong>ites espèces<br />

messicoles rares sont supplantées par les espèces compétitrices pour la lumière (Maill<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />

Godron, 1997). La réalisation d’une longue rotation en céréale (monoculture ou céréale<br />

alternée avec une culture annuelle) tempère ces affirmations. En eff<strong>et</strong>, la succession de cycle<br />

céréalier doit être bénéfique à c<strong>et</strong>te flore particulière. Cependant, le passage à la monoculture<br />

céréalière, caractérisant une partie des changements d’usage observés en plaine du Luberon,<br />

appauvrit sur le long terme la flore adventice rare (Jauzein, 2001 [a]).<br />

29 <strong>Le</strong>s signes + indiquent une influence positive des <strong>pratiques</strong> sur les messicoles à l’inverse des signes -. <strong>Le</strong>s données entre<br />

parenthèses caractérise la situation de polyculture céréalière extensive marginale sur notre échantillon.<br />

30 <strong>Le</strong> non-labour <strong>et</strong> le semis direct favorisent les espèces adventices pérennes (i. e. non messicoles).


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

En marge de ces <strong>pratiques</strong>, il subsiste une exploitation de polyculture céréalière, où<br />

l’agriculteur ne désherbe pas mais trie ses semences (ventail 31 ), constituant des conditions<br />

plus favorables aux messicoles. Mais ce cas est devenu rare sur ce territoire.<br />

4.2.2. La polyculture-élevage constitue la meilleure chance de maintien <strong>et</strong> de<br />

dissémination de ces espèces<br />

L’agriculture à faible niveau d’intrants pratiquée par les éleveurs est la plus<br />

propice au maintien <strong>et</strong> à la dissémination des messicoles par le ressemis. Ils n’utilisent pas<br />

d’herbicide <strong>et</strong> réalisent un labour superficiel sans déchaumage. Ils utilisent aussi des engrais<br />

organiques (fumier). De plus, ils ne trient qu’exceptionnellement 32 leurs semences. Nous<br />

pouvons moduler ce propos pour les gros éleveurs spécialisés. <strong>Le</strong>urs <strong>pratiques</strong> sont moins<br />

favorables que celles des p<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs car ils ont recours plus souvent aux<br />

herbicides <strong>et</strong> aux fertilisants chimiques (doses <strong>et</strong> nombre de passages).<br />

<strong>Le</strong>s éleveurs ont la particularité de réaliser une rotation fourragère, souvent préconisée<br />

pour lutter contre les adventices (Monaco <strong>et</strong> al., 2002). Cela est l’occasion de nous<br />

interroger sur l’eff<strong>et</strong> des successions culturales avec des céréales <strong>et</strong> des fourragères sur<br />

les communautés messicoles, surtout que l’étude m<strong>et</strong> en évidence une utilisation fréquente<br />

de sainfoin (<strong>et</strong> de luzerne) fermier chez les éleveurs. Dutoit <strong>et</strong> Gerbaud (2003) ont montré que<br />

l’introduction de longues phases prairiales dans une rotation en culture céréalière (de l’ordre<br />

de 10 ans) fait disparaître de nombreuses espèces messicoles peu longévives à la faveur<br />

d’espèces pérennes. Avec l’appui des témoignages apportés par les agriculteurs (épuisement<br />

de la banque de graines du sol par le caractère pérenne, les coupes <strong>et</strong> la pâture), nous pensons<br />

que c<strong>et</strong>te rotation limite la présence en messicoles rares dans les parcelles. Mais les rotations<br />

fourragères rencontrées témoignent d’une grande diversité <strong>et</strong> sont plus ou moins longues.<br />

Elles sont de 3 types : la céréale peut être alternée avec du sainfoin, de la luzerne ou des<br />

graminées (dactyle, ray-grass, fétuque, <strong>et</strong>c…). La culture du sainfoin dure entre 3 <strong>et</strong> 4 ans<br />

alors que celle de la luzerne dure entre 5 <strong>et</strong> 6 ans <strong>et</strong> les graminées plus de 6 ans. <strong>Le</strong> sainfoin<br />

pourrait être un bon compromis entre le cycle annuel des céréales <strong>et</strong> les longues phases<br />

prairiales <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tre le maintien <strong>et</strong> la dissémination des espèces messicoles. <strong>Le</strong> régime<br />

de perturbations engendré par la coupe (date, nombre de passage par an, hauteur de coupe)<br />

pourrait avoir les mêmes conséquences que la moisson des céréales. Nous avons repéré sur le<br />

terrain des parcelles de sainfoin en 2 ème année de production riches en messicoles<br />

remarquables (dont Adonis annua, Adonis flammea, Bifora testiculata). De plus, les<br />

observations de terrain communiquées par Arne Saatkamp (com. pers.) témoignent de la<br />

capacité de ces plantes de subsister dans différentes cultures (vignes, fourrages) ayant un<br />

précédent céréalier plus ou moins récent. Il serait nécessaire d’étudier de façon plus<br />

approfondie le rôle des cultures fourragères présentes dans ce système de polycultureélevage<br />

qui rassemble les plus grandes chances de dissémination de ces espèces.<br />

4.2.3. <strong>Le</strong>s agriculteurs Bio créent des conditions favorables au maintien de<br />

ces espèces mais limitent leur dissémination<br />

<strong>Le</strong>s conditions de cultures des exploitations Bio rencontrées paraissent dans un<br />

premier temps convenir parfaitement aux exigences écologiques des messicoles : pas de<br />

31 Trieur considéré comme peu performant<br />

32 Dans ces rares situations, l’éleveur utilise des trieurs que nous pouvons qualifier de peu performants (tamis, ventail) (cf.<br />

photos 4-8) en comparaison des trieurs utilisés dans les exploitations Bio ou dans les coopératives céréalières.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

désherbage, labour annuel, utilisation d’engrais organiques <strong>et</strong> rotation fourragère longue en<br />

céréale (plus de 2 ans) (principalement) ou rotation avec des cultures annuelles. Cela peut<br />

expliquer la richesse en espèces messicoles observée dans les parcelles de certaines de ces<br />

exploitations. De plus, les échanges fréquents entre agriculteurs pourraient constituer des<br />

sortes de connexions entre les exploitations. Cependant, un tri performant est réalisé<br />

systématiquement chez ces agriculteurs. C’est une des causes principales de disparition des<br />

espèces messicoles (Wilson, 1992 ; Jauzein, 2001 [b]). Malgré des conditions du survie<br />

favorables, le ressemis est dans ce cas peu favorable à la dissémination des espèces<br />

messicoles. Ce résultat tempère les bénéfices de l’Agriculture Biologique sur la flore<br />

messicole souvent mis en avant par de nombreux auteurs (Tranchard, 1997 ; Albrecht <strong>et</strong><br />

Mattheis, 1998 ; Hald, 1999 ; Van Elsen, 2000, Hole <strong>et</strong> al., 2005). Nous pouvons penser que<br />

les espèces messicoles « récoltées » les moins sensibles au tri sont celles qui ont des<br />

caractéristiques de leurs graines semblables à celles des céréales (taille, forme, densité)<br />

leur perm<strong>et</strong>tant de passer au travers du trieur. Ainsi, certaines espèces comme Galium<br />

tricornutum <strong>et</strong> Rapistrum rugosum seraient favorisées. Nous pouvons nous questionner sur<br />

l’efficacité du tri face à la diversité de trieurs rencontrée dans les exploitations Bio (ventail,<br />

séparateur, table asymétrique, trieur cylindrique) (cf. photos 4-8). L’efficacité doit dépendre<br />

du matériel de tri utilisé mais aussi du temps consacré à c<strong>et</strong>te opération (cf. photos 9-10). Ce<br />

constat illustre la nécessité de ne pas considérer le ressemis indépendamment des autres<br />

<strong>pratiques</strong> culturales.<br />

4.3. La dispersion des messicoles via les semences fermières<br />

L’analyse floristique nous apporte quelques éléments de réflexion quant à la réalité du<br />

transport <strong>et</strong> de la présence d’espèces messicoles par les semences autoproduites. <strong>Le</strong> ressemis<br />

semble avoir un eff<strong>et</strong> positif sur l’abondance de certaines messicoles comme Ranunculus<br />

arvensis <strong>et</strong> Galium tricornutum <strong>et</strong> pourrait ainsi renforcer les populations de certaines<br />

messicoles. Cela pourrait s’expliquer par la possession d’adaptations à la dissémination<br />

chez ces 2 espèces. <strong>Le</strong>s graines de Ranunculus arvensis sont munies de croch<strong>et</strong>s <strong>et</strong> celles de<br />

Galium tricornutum sont p<strong>et</strong>ites, légères <strong>et</strong> rondes, facilement détachées de leur pédoncule.<br />

De plus, leurs graines ou leurs fruits sont érigés au dessus de la hauteur de coupe de la<br />

moissonneuse 33 <strong>et</strong> atteignent la maturité 34 juste avant la moisson. Ces caractéristiques<br />

pourraient leur perm<strong>et</strong>tre de se disséminer (transport <strong>et</strong> germination) en utilisant le ressemis.<br />

Malgré ces tendances, les résultats sont peu significatifs. L’étude botanique se limite à sa<br />

valeur illustrative. En eff<strong>et</strong>, le nombre de répétitions pour chacun des 2 types de parcelles<br />

comparés est trop réduit. L’étude de la nature des semences n’est pas suffisante pour<br />

expliquer les différences observées. Nous avons remarqué par exemple que les précédents<br />

culturaux des parcelles influençaient aussi la flore messicole présente. Il serait intéressant<br />

de consacrer une étude spécifique pour vérifier si les graines sont transportées effectivement<br />

dans les semences fermières <strong>et</strong> si elles sont viables. D’ores <strong>et</strong> déjà, nous disposons des<br />

résultats d’une étude réalisée par Jäger (2002) sur c<strong>et</strong>te même exploitation. Il a mis en<br />

évidence que 64,5% (indice de Sorensen 35 ) des espèces d’adventices récoltées après le<br />

passage de la moissonneuse sont présentes dans les parcelles récoltées. <strong>Le</strong>s espèces<br />

messicoles qui en font partie sont des espèces dont la date de maturité des graines coïncide<br />

avec celle de la céréale d’hiver (blé dur dans ce cas), mais pas exclusivement. Si les graines<br />

de ces messicoles ont la capacité de germer dans les parcelles ressemées (ce qu’il manque<br />

33 Entre 10 <strong>et</strong> 20 cm de hauteur<br />

34 Ils sont prêts à être dispersés, à se détacher de leur pédoncule.<br />

35 Indice de similitude entre 2 lots de graines (lots A <strong>et</strong> B) calculé comme suit : nombre d’espèces communes entre le lot A <strong>et</strong><br />

le lot B / (nombre d’espèces dans le lot A + nombre d’espèces dans le lot B).


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

toujours à prouver), nous pourrons penser que le ressemis (sans tri) constitue une véritable<br />

connexion écologique entre les parcelles (Dutoit <strong>et</strong> al., 2003) d’une même exploitation voire<br />

entre les exploitations en situation d’échange de semences (polyculteurs Bio). Dans un<br />

premier temps, il serait possible d’évaluer l’efficacité de tri des différents trieurs présents sur<br />

le PNRL (cf. photos 4-8). Puis il serait nécessaire d’inventorier plusieurs parcelles sur<br />

lesquelles nous renseignerions les <strong>pratiques</strong> culturales influençant les espèces messicoles. Il<br />

serait judicieux de choisir ces parcelles sur différentes exploitations. Nous pourrions identifier<br />

ces exploitations grâce à la mise en évidence des déterminants <strong>et</strong> des types d’agriculteurs<br />

pratiquant le ressemis dans la présente étude. L’échantillon doit inclure des parcelles qui se<br />

distinguent selon la modalité de ressemis. Un échantillon important est nécessaire pour être en<br />

mesure de discriminer l’influence du ressemis sur la flore messicole des autres facteurs<br />

comme le précédent cultural. La connaissance des caractéristiques biologiques de chacune des<br />

espèces (nombre de graines produites, date de maturité, hauteur des graines au moment de la<br />

moisson, <strong>et</strong>c…) perm<strong>et</strong>trait d’interpréter les résultats. Ceci serait l’occasion de rentrer un peu<br />

plus dans le détail de la spécificité de chacune des espèces au sein de la flore messicole. Il<br />

serait nécessaire de réaliser cela sur plusieurs années afin d’évaluer l’eff<strong>et</strong> de la banque de<br />

graines du sol. C<strong>et</strong>te poursuite nécessaire de l’étude doit nous aider à mieux comprendre le<br />

fonctionnement des communautés messicoles. Ce serait aussi une opportunité d’éprouver<br />

l’hypothèse du transport des messicoles par les moissonneuses <strong>et</strong> le fumier dans ces<br />

exploitations de polyculture-élevage.<br />

La diversité des communautés messicoles résulterait des <strong>pratiques</strong> <strong>agricoles</strong> actuelles ou<br />

passées (à faible niveau d’intrants) favorables mais aussi de la teneur en messicoles des<br />

semences utilisées. La composition de ce mélange (céréale + messicoles) dépend de<br />

l’origine des parcelles récoltées sur la même exploitation ou sur d’autres (cas du Bio).<br />

4.4. La pérennité de c<strong>et</strong>te pratique sur le PNRL<br />

Nous indiquons différents éléments de réflexion sur la pérennité de la pratique du<br />

ressemis sur le territoire du Parc.<br />

L’évolution envisagée des mesures réglementaires considérées dans l’étude<br />

devrait renforcer la présence du ressemis. D’une part, les primes blé dur de la PAC<br />

diminuent régulièrement depuis quelques années (313 €/ha en 2004, 291 €/ha en 2005 <strong>et</strong> 285<br />

€/ha à compter de 2006, cf. site 3), ce qui réduit son pouvoir incitateur. D’autre part, la<br />

conjoncture économique est de plus en plus défavorable. Par exemple, en 20 ans, le prix du<br />

quintal de blé dur est passé de plus de 20€ à 9€ en 2005 (d’après les témoignages recueillis<br />

auprès du CNDSF). <strong>Le</strong> prix des semences certifiées ne cesse d’augmenter (cf. annexe 12). De<br />

même, la réforme de la PAC entrant en vigueur en 2006 risque d’avoir des conséquences<br />

brutales sur l’agriculture locale <strong>et</strong> la pratique du ressemis. Nous avons la chance d’avoir<br />

réalisé c<strong>et</strong> état des lieux de la pratique à ce moment « charnière ». <strong>Le</strong> découplage des aides blé<br />

dur risque de provoquer de grandes modifications de productions végétales. De nombreux<br />

agriculteurs affirment vouloir remplacer les surfaces emblavées par des prairies temporaires<br />

(surtout sainfoin). En eff<strong>et</strong>, le fonctionnement de la nouvelle PAC prévoit d’accorder 75% du<br />

montant des primes blé dur d’une année de référence, sous réserve de l’entr<strong>et</strong>ien des terres.<br />

Cela va donner encore plus d’importance au sainfoin (cf. 4.2.2.). Si c<strong>et</strong>te évolution se<br />

concrétise, nous pouvons penser que d’une part l’eff<strong>et</strong> négatif du blé dur sur le ressemis va<br />

diminuer <strong>et</strong> d’autre part que les éleveurs vont être plus réactifs par rapport à c<strong>et</strong>te mutation.<br />

En eff<strong>et</strong>, l’organisation des exploitations de polyculture-élevage ne dépend pas de la culture<br />

du blé dur à la différence de celle des polyculteurs céréaliers. Ainsi, l’éleveur chez qui nous<br />

avons réalisé les inventaires botaniques envisage d’arrêter la culture du blé dur dès l’an


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

prochain au profit des cultures d’orge, de triticale <strong>et</strong> de sainfoin en réponse à la mise en place<br />

de la nouvelle PAC (alors qu’il en cultivait c<strong>et</strong>te année 10ha).<br />

<strong>Le</strong>s perspectives d’évolution du ressemis sont bien moins positives lorsque nous<br />

nous interrogons sur l’avenir de l’agriculture (cf. annexe 1) <strong>et</strong> plus particulièrement de<br />

l’élevage (toutes choses étant par ailleurs identiques). D’une part, l’élevage est en déprise<br />

depuis plus de 20 ans (Garcia <strong>et</strong> al., 2000). La nombre d’éleveurs ne cesse de diminuer (RA<br />

2000). D’autre part, l’évolution conduit à l’agrandissement de la taille des troupeaux <strong>et</strong> à la<br />

disparition des p<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs (RA 2000). Or, les <strong>pratiques</strong> traditionnelles des<br />

p<strong>et</strong>its polyculteurs-éleveurs sont beaucoup plus favorables aux messicoles que celles des gros<br />

éleveurs spécialisés (cf. 4.2.2.).<br />

Ces quelques éléments sont la preuve de la complexité <strong>et</strong> des interconnexions qu’il existe<br />

entre les divers facteurs qui influencent le ressemis, rendant difficile de prévoir<br />

l’évolution future de c<strong>et</strong>te pratique sur le PNRL <strong>et</strong> de ses bénéfices potentiels sur les<br />

espèces messicoles.<br />

4.5. Des applications à la conservation des espèces messicoles du PNRL<br />

Notre propos se focalisera sur les mesures qui peuvent être envisagées à l’échelle d’une<br />

collectivité territoriale telle le PNRL. En eff<strong>et</strong>, nous avons mis en évidence le lien entre le<br />

choix des agriculteurs de pratiquer le ressemis <strong>et</strong> les politiques de filière, les incitations<br />

financières de la PAC. <strong>et</strong> la conjoncture économique. Toutefois le PNRL. qui a pour objectif<br />

de protéger la <strong>biodiversité</strong> messicole remarquable sur son territoire n’a aucune prise sur ces<br />

facteurs. Par contre, il peut m<strong>et</strong>tre en place des mesures spécifiques dans la continuité de la<br />

MAE « messicoles » ou développer des actions de sensibilisation ou d’organisation des<br />

producteurs qui perm<strong>et</strong>trait de solliciter l’utilisation de semences fermières dans la<br />

perspective de maintenir les populations de messicoles.<br />

La MAE « messicoles » mise en œuvre entre 1997 <strong>et</strong> 2002 n’a pas révélé de résultats<br />

bénéfiques significatifs (Roche <strong>et</strong> al., 2002). De plus, un certain nombre d’éleveurs<br />

participants nous ont fait part de leurs griefs quand à la nécessité imposée dans le cahier des<br />

charges de pratiquer une succession de céréales sur cinq ans qui « salissait leurs terres ».<br />

Sous réserve de montrer plus clairement la pertinence du ressemis vis à vis de la dispersion<br />

des espèces messicoles, nous pourrions introduire dans un cahier des charges plusieurs<br />

éléments directement issus de notre étude. D’une part, il serait possible de tirer partie de la<br />

perception positive des éleveurs de l’usage de semences fermières non triées destinées au<br />

pâturage en vert. D’autre part, nous r<strong>et</strong>enons qu’un assolement avec le sainfoin est moins<br />

défavorable qu’avec les autres fourragères <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te espèce peut avantageusement faire<br />

l’obj<strong>et</strong> d’un ressemis. Un contrat pourrait être proposé aux éleveurs <strong>et</strong> préconiserait un<br />

assolement de céréales à pâturer / sainfoin à partir de semences fermières sur des parcelles<br />

localisé dans les zones à VBM « messicoles ». <strong>Le</strong> cahier des charges devrait en outre<br />

reprendre les clauses concernant la fumure organique <strong>et</strong> l’interdiction du désherbage stipulé<br />

pour la MAE précédente. Il devrait aussi prévoir des périodes de pâturage n’handicapant la<br />

réalisation du cycle biologique des espèces messicoles ciblées.<br />

Au niveau organisationnel, une approche intéressante serait de favoriser les <strong>réseau</strong>x<br />

d’échange de semences sur le modèle des agriculteurs Bio. L’étude a montré que le ressemis<br />

est associé à l’utilisation de variétés anciennes <strong>et</strong> de semences locales menacées de<br />

disparition. Il serait donc judicieux de continuer à développer les filières locales à l’image de<br />

celle du Blé Meunier d’Apt. Il serait possible d’échanger légalement des semences à travers la<br />

création d’une structure associative.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

Conclusion<br />

La pratique du ressemis est courante sur le PNRL. Elle est principalement liée à la<br />

polyculture-élevage du fait de l’autoconsommation des produits par les animaux. Dans les<br />

exploitations de polyculture-élevage, les conditions de culture sont les plus favorables au<br />

maintien <strong>et</strong> à la dissémination des espèces messicoles. <strong>Le</strong>s agriculteurs Bio pratiquent aussi le<br />

ressemis mais le tri systématique comprom<strong>et</strong> la dissémination de ces dernières. Ainsi, les<br />

différences de pratique du ressemis que c<strong>et</strong>te étude précise souligne l’intérêt de coupler<br />

approche agronomique <strong>et</strong> écologique sur de telles questions. En eff<strong>et</strong> la compréhension du<br />

lien entre présence de messicoles <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>agricoles</strong> ne peut se résumer à la seule pratique<br />

du ressemis considérée isolément. La grande diversité de logiques de production, de<br />

motivations <strong>et</strong> de justifications du choix du ressemis dont nous avons été témoin était ainsi<br />

importante à caractériser. <strong>Le</strong>s surfaces ressemées sur le PNRL bien que réduites peuvent<br />

contribuer à la dispersion des espèces messicoles <strong>et</strong> expliquer en partie la richesse<br />

exceptionnelle de ce site. Il semble que l’utilisation de semences fermières renforce les<br />

populations de certaines espèces messicoles dotées d’adaptations à la dissémination. C<strong>et</strong>te<br />

étude ouvre de nouvelles perspectives d’étude. Elle a mis d’autre part en évidence<br />

l’importance d’appréhender la problématique des messicoles du PNRL sous l’angle de la<br />

succession culturale. Ainsi, par exemple, la culture du sainfoin pourrait participer<br />

efficacement au maintien des communautés messicoles sur le site. C<strong>et</strong>te étude montre la<br />

difficulté de mise en œuvre des mesures de conservation de la flore messicole très liée aux<br />

<strong>pratiques</strong> productives <strong>et</strong> donc aux politiques de filières. Enfin, il est clair que ces mesures de<br />

conservation ne pourront pas s’appuyer sur la sensibilité des agriculteurs envers ces plantes.<br />

En eff<strong>et</strong>, nous avons montré que les messicoles sont avant tout perçues comme des<br />

« mauvaises herbes » dont il faut, à quelques exceptions près, absolument se débarrasser.


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

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(05.05).


Mémoire de DAA GE option PAMEQ 2005 GASC David<br />

Auteur(s) : GASC David<br />

Nombre de pages : 33 annexe(s) : 48<br />

Année de soutenance : 2005<br />

Spécialisation : Génie de l’Environnement<br />

Option : Préservation <strong>et</strong> aménagement des milieux –<br />

Ecologie quantitative<br />

Enseignant Responsable de l'option :<br />

LE COEUR Didier............................<br />

Organisme d’accueil : INRA Avignon<br />

Cadre réservé à la Bibliothèque Centrale<br />

Adresse : Unité Ecodéveloppement, INRA Dom. St Paul, Site<br />

Agroparc, 84614 AVIGNON cedex 9<br />

Responsable scientifique : LASSEUR Jacques<br />

Enseignant responsable du stage :Didier LE COEUR<br />

Titre : <strong>Concilier</strong> <strong>biodiversité</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> culturales. Usages de semences fermières <strong>et</strong> plantes<br />

messicoles en Luberon<br />

Résumé : <strong>Le</strong>s espèces messicoles sont des plantes inféodées aux champs de céréales. Contrairement aux régions<br />

d’agriculture intensive, le Parc Naturel Régional du Luberon conserve une diversité en messicoles tout à fait exceptionnelle.<br />

Plusieurs études ont émis l’hypothèse que c<strong>et</strong>te diversité est liée à l’utilisation de semences autoproduites (ressemis) dans les<br />

exploitations de polyculture-élevage, facilitant leur dispersion. C<strong>et</strong>te proposition est le point de départ de c<strong>et</strong>te étude. Celle-ci<br />

doit préciser qui, pourquoi <strong>et</strong> comment se pratique le ressemis sur le territoire du Parc.<br />

Après avoir montré l’importance de c<strong>et</strong>te pratique à l’aide d’enquêtes réalisées auprès de 56 agriculteurs cultivant des<br />

céréales, les éléments qui les motivent à garder leurs semences sont précisés. Face à la grande diversité de <strong>pratiques</strong><br />

rencontrées, une typologie des exploitations a été réalisée de manière à étudier le ressemis sous l’angle des logiques de<br />

production. 4 catégories d’agriculteurs ont été identifiés : « p<strong>et</strong>its » <strong>et</strong> « gros » éleveurs, polyculteurs Bio <strong>et</strong> céréaliers. <strong>Le</strong><br />

ressemis est pratiqué d’une part par les éleveurs, ce qui confirme <strong>et</strong> précise nos hypothèses, <strong>et</strong> d’autre part par les agriculteurs<br />

Bio. C<strong>et</strong>te étude a mis en évidence que le choix du ressemis correspondait à un compromis entre des critères d’ordre<br />

réglementaire, technico-économique <strong>et</strong> agronomique. Du point de vue agronomique, cela nous a permis de réviser la<br />

« nuisibilité » des adventices en fonction des logiques de production. <strong>Le</strong>s questions de la pérennité du ressemis <strong>et</strong> de la<br />

valorisation de l’étude pour la conservation des messicoles sur le Parc sont ensuite discutées.<br />

Abstract : Threatened arable weeds are only found in extensive cereal crops. Compared to other regions, which are<br />

intensively cultivated, the Luberon Natural Park (South-eastern France) has a great diversity of these arable weeds. Various<br />

studies have hypothesised that this diversity is due to a re-sowing technique : sowing the previous-year-harvested seeds.<br />

Farmers on mixed crop-livestock farms replant their own seeds and graze their fields which helps the dissemination of the<br />

arable weeds.<br />

Assuming that this is true, we study who, why and how re-sowing is performed by the Park’s farmers. 56 surveys have been<br />

carried out to understand their motivations to replant farm seeds. A typology of farming systems which include cereals allows<br />

us to explain the reasons for various types of production. 4 types of farming production are identified : little and big cattle<br />

farming, organic farming and cereal farming. Re-sowing is used by cattle farmers, which confirms our hypothesis, and by<br />

biological farmers. This study points out that re-sowing is a compromise b<strong>et</strong>ween juridical, economical and agronomic<br />

factors. Farmers have different perceptions of weediness according to the type of farming production. The hypothesis of resowing<br />

and the conservation of threatened arable weeds in the Park are then discussed.<br />

Mots clés : plantes messicoles, adventice, céréales, <strong>pratiques</strong> culturales,<br />

ressemis, dissémination, logique de production, polyculture-élevage,<br />

enquêtes, analyse multivariée, Luberon.<br />

Diffusion<br />

non limitée<br />

limitée (préciser au verso)<br />

Je soussigné David GASC, propriétaire des droits de reproduction du résumé du présent document, autorise toutes les<br />

sources bibliographiques à signaler <strong>et</strong> publier ce résumé.<br />

Date 15 septembre 2005 Signature,

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