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Forum paysan - IFAD

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Rapport de la troisième réunion mondiale du<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

organisée en marge de la trente-troisième session<br />

du Conseil des gouverneurs du FIDA<br />

Siège du FIDA, Rome<br />

15-16 février 2010<br />

Oeuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté


Consensus de 2005 sur le <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>*<br />

Le <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> est:<br />

• un processus permanent – et non une manifestation occasionnelle – couvrant, à partir de<br />

la base, les activités soutenues par le FIDA sur le terrain et la concertation;<br />

• un processus tripartite impliquant des organisations <strong>paysan</strong>nes, des États et le FIDA;<br />

• un espace de concertation et de dialogue axé sur la réduction de la pauvreté rurale;<br />

• un instrument pour rendre compte de l’efficacité du développement, en particulier en ce<br />

qui concerne l’autonomisation des populations rurales pauvres et de leurs organisations;<br />

et<br />

• une interface entre les interventions visant le développement rural favorable aux pauvres<br />

et le processus de renforcement des capacités des organisations d’agriculteurs et de producteurs<br />

ruraux (y compris les organisations d’artisans pêcheurs, de pasteurs, de<br />

<strong>paysan</strong>s sans terres et de populations autochtones).<br />

Le <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>:<br />

• est régi par les principes de large participation, de pluralisme, d’ouverture et de flexibilité;<br />

• tire autant que possible parti des forums existants et évite les doubles emplois dans ce<br />

domaine; et<br />

• respecte les organisations existantes et crée, en tant que de besoin, de nouveaux espaces.<br />

Conditions:<br />

• Le processus du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> débute par des consultations à l’échelle nationale que<br />

complètent des réunions régionales ou sous-régionales. Ces dernières réunions déterminent<br />

la participation au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, qui a lieu lors du Conseil des gouverneurs du FIDA,<br />

et façonnent son contenu.<br />

• Le processus du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> devra être répercuté par les organes directeurs du FIDA.<br />

• Le succès du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> dépend de la capacité du FIDA à favoriser la consultation à<br />

l’échelle nationale avec des organisations <strong>paysan</strong>nes et à contribuer à satisfaire leurs besoins<br />

en matière de renforcement des capacités.<br />

• Les participants recommandent, en particulier, d’institutionnaliser les engagements pris<br />

avec des organisations <strong>paysan</strong>nes dans le cadre des principaux processus opérationnels<br />

du FIDA (projets, stratégies nationales et régionales).<br />

(*) Extrait de la déclaration conclusive de l’atelier de 2005.<br />

Membres du comité de pilotage du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

• Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA)<br />

• La Via Campesina<br />

• Association des agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable<br />

• Instance de coordination des producteurs familiaux (COPROFAM)<br />

• Réseau des organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA)<br />

• <strong>Forum</strong> mondial des aquaculteurs et pêcheurs<br />

• <strong>Forum</strong> mondial des populations de pêcheurs<br />

• Fonds international de développement agricole (FIDA)


Rapport de la troisième réunion mondiale du<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

organisée en marge de la trente-troisième session<br />

du Conseil des gouverneurs du FIDA<br />

Siège du FIDA, Rome<br />

15-16 février 2010<br />

Oeuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté


Table des matières<br />

Avant-propos 7<br />

Résumé 9<br />

I. Session spéciale: promotion du leadership féminin dans les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes et les organisations de producteurs ruraux 11<br />

II. Ouverture du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> 17<br />

III. Première séance plénière: tendances et évolution du partenariat<br />

du FIDA avec les organisations <strong>paysan</strong>nes 25<br />

IV. Réunions des groupes de travail régionaux: progrès réalisés et objectifs<br />

futurs des partenariats entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

aux niveaux national et régional 31<br />

Afrique de l’Ouest et du Centre 31<br />

Afrique orientale et australe 34<br />

Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe centrale et orientale 37<br />

Amérique latine et Caraïbes 39<br />

Asie et Pacifique 40<br />

V. Discussions thématiques (groupes de travail régionaux)<br />

Le rôle des organisations <strong>paysan</strong>nes dans le développement des filières<br />

43<br />

et les moyens de reproduire les succès (Afrique de l’Ouest et du Centre)<br />

Comment promouvoir l’accès aux marchés des petits exploitants agricoles<br />

43<br />

(Afrique orientale et australe)<br />

Les politiques et l’agriculture familiale: politiques et programmes<br />

d’investissements différenciés pour l’agriculture <strong>paysan</strong>ne<br />

45<br />

(Amérique latine et Caraïbes)<br />

Comment promouvoir la sécurité alimentaire et l’agriculture <strong>paysan</strong>ne<br />

dans un contexte de concurrence croissante pour la terre et d’autres<br />

48<br />

ressources naturelles (Asie et Pacifique) 49<br />

VI. Synthèse des délibérations 55<br />

Synthèse 55<br />

La réponse de la direction générale du FIDA 59<br />

La réponse des gouvernements des États membres 60<br />

Clôture du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> 61<br />

3


4<br />

Appendices<br />

I. Ordre du jour du <strong>Forum</strong> 62<br />

II. Discours d’ouverture du Président 65<br />

III. Présentation des “Partenariats en action 2008-2009” 69<br />

IV. Résumé des deux événements parallèles du jeudi 18 février 75<br />

Introduction<br />

Événement parallèle n° 1: Qu’est-ce que le programme<br />

“Achats au service du progrès” (P4P)? Œuvrer aux côtés des<br />

75<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes à différents niveaux 76<br />

Généralités 76<br />

Exposé présenté par la Fondation Bill et Melinda Gates 77<br />

Exposé présenté par le Programme alimentaire mondial<br />

Exposé présenté par la Coordination nationale des organisations<br />

77<br />

<strong>paysan</strong>nes du Mali 79<br />

Débat en séance plénière 80<br />

Événement parallèle n° 2: Comment aider les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes à offrir de meilleurs services à leurs membres 83<br />

Généralités 83<br />

Objectif et résultats attendus 84<br />

Débats 84<br />

Recommandations 86<br />

Observations finales 87<br />

V. Liste des participants 88


Sigles et acronymes<br />

APE Accord de partenariat économique<br />

AROPA Projet d’appui au renforcement des organisations professionnelles<br />

et aux services agricoles<br />

Asia DHRRA Développement des ressources humaines en Asie rurale<br />

A-SWAp Approche sectorielle de l’agriculture<br />

CNOP Coordination nationale des organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

CONTAG Confédération nationale des travailleurs du secteur de l’agriculture<br />

(Brésil)<br />

COPROFAM Instance de coordination des producteurs familiaux<br />

COSOP Programme d’options stratégiques pour le pays<br />

EAFF Fédération des agriculteurs d’Afrique orientale<br />

ESA Division Afrique orientale et australe<br />

FAA Federación Agraria Argentina<br />

FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture<br />

FIPA Fédération internationale des producteurs agricoles<br />

FOSCA Centre d’appui aux organisations de producteurs en Afrique<br />

IFOAM Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique<br />

JNC Junta Nacional del Café<br />

KENFAP Fédération nationale des producteurs agricoles du Kenya<br />

MERCOSUR Marché commun du Sud<br />

MIJARC Mouvement international de la jeunesse agricole et rurale catholique<br />

MVIWATA Réseau national des groupements d’agriculteurs (République-Unie<br />

de Tanzanie)<br />

NASFAM Association nationale des petits agriculteurs du Malawi<br />

PAM Programme alimentaire mondial<br />

P4P Achats au service du progrès<br />

PROPAC Plateforme sous-régionale des organisations <strong>paysan</strong>nes d’Afrique centrale<br />

REAF Commission de l’agriculture familiale<br />

ROPPA Réseau des organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs de l’Afrique<br />

de l’Ouest<br />

SACAU Confédération des syndicats agricoles d’Afrique australe<br />

SFOAP Programme d’appui aux organisations <strong>paysan</strong>nes africaines<br />

S&E Suivi-évaluation<br />

UNAG Union nationale des agriculteurs et éleveurs<br />

WCA Division Afrique de l’Ouest et du Centre<br />

WOCAN Femmes organisant le changement dans l’agriculture et la gestion des<br />

ressources naturelles


6<br />

FIDA/G.M.B. Akash


Avant-propos<br />

Au cours des deux années 2008 et 2009, les crises<br />

concomitantes alimentaires et énergétiques se sont trouvées<br />

aggravées par la crise financière et une récession d’ampleur<br />

mondiale. La déclaration de l’Organisation des Nations Unies<br />

pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) selon laquelle le<br />

nombre de personnes souffrant de la faim a dépassé le<br />

milliard en 2009 est venue cruellement souligner les<br />

conséquences d’une telle conjonction de crises. La nette<br />

diminution des moyens de subsistance et du pouvoir d’achat a<br />

touché une population encore plus large. En outre,<br />

l’agriculture – qui assure la subsistance de la très grande<br />

majorité des populations rurales pauvres des pays en<br />

développement – ressent de plus en plus les effets du<br />

changement climatique, de la désertification, du recul de la<br />

biodiversité et d’une intensification de la compétition sur la<br />

terre et l’eau alors que la population mondiale s’achemine<br />

vers les 9 milliards d’habitants.<br />

Devant cette situation, la communauté internationale a manifesté l’année dernière, sur<br />

les plans politique et financier, un souci croissant concernant la sécurité alimentaire et le<br />

sort de l’agriculture. À L’Aquila, 26 pays et 14 organismes multilatéraux ont adopté une<br />

initiative concertée sur la sécurité alimentaire. En novembre dernier, à Rome, les<br />

participants au Sommet mondial sur la sécurité alimentaire ont réaffirmé leur volonté<br />

d’intensifier le soutien national et international en faveur du développement agricole et<br />

de la sécurité alimentaire, en particulier pour les petits exploitants. À l’approche de 2015,<br />

date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), on voit se<br />

renforcer le consensus autour de la nécessité d’appuyer les efforts que déploient les<br />

ruraux pauvres, femmes et hommes, pour vaincre la pauvreté, jouir de leur droit à<br />

l’alimentation, s’adapter au changement climatique et aider à en atténuer les effets.<br />

Des organisations plus fortes de petits exploitants, de pêcheurs et de pasteurs sont<br />

indispensables si l’on veut faire face à ces défis et saisir les opportunités qui se présentent. La<br />

coopération entre producteurs ruraux se traduit pour eux par une amélioration de l’accès aux<br />

marchés et aux savoirs. Elle leur permet de réaliser des économies d’échelle et de disposer<br />

d’un plus grand pouvoir de négociation au sein des filières. Elle accroît la capacité des petits<br />

agriculteurs à gérer les ressources et les infrastructures et à influencer les politiques et les<br />

programmes de développement.<br />

7


8<br />

Le FIDA affronte ces défis en faisant preuve de diligence et de sens des responsabilités.<br />

Lors de la dernière reconstitution de ses ressources, ses membres ont convenu de porter les<br />

ressources à un niveau sans précédent. Au cours des années 2008 et 2009, le Fonds a engagé<br />

plus de 1,2 milliard d’USD pour financer 69 projets d’investissement rural et agricole de ses<br />

pays membres. Les organisations <strong>paysan</strong>nes nationales ou locales ont participé à la<br />

conception de 70% de ces projets et ont été associées à la formulation de la plupart des<br />

stratégies de pays adoptées par le FIDA au cours du cycle biennal. Le financement direct sous<br />

forme de dons accordé aux organisations <strong>paysan</strong>nes en vue de renforcer leurs capacités a<br />

plus que doublé par rapport au cycle précédent.<br />

À un moment où l’agriculture mondiale se trouve à la croisée des chemins et où le FIDA<br />

commence à mettre en œuvre la huitième reconstitution de ses ressources, la troisième<br />

réunion mondiale du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> constitue une occasion exceptionnelle de faire le point<br />

sur un “partenariat en action” et de réfléchir avec les dirigeants d’organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

aux moyens d’améliorer l’efficacité du Fonds en matière de développement et de renforcer la<br />

capacité des 500 millions de petits exploitants agricoles dans le monde de se libérer de la<br />

pauvreté et de la faim.


Résumé<br />

La réunion mondiale 2010 du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, qui s’est tenue à Rome les 15 et 16 février 2010,<br />

a rassemblé 120 participants, parmi lesquels 70 dirigeants d’organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

représentant des millions de petits exploitants et de producteurs ruraux du monde entier, afin<br />

de leur permettre de dialoguer avec le personnel du FIDA et certains partenaires.<br />

Suivant en cela une recommandation issue de la réunion 2008 du <strong>Forum</strong>, les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes participantes ont fait un effort particulier pour que les femmes<br />

bénéficient d’une présence et de possibilités d’expression accrues à la session 2010. Une<br />

réunion préparatoire, tenue le 13 février, a permis de réfléchir aux moyens de favoriser la<br />

présence des femmes au sein des instances dirigeantes des organisations <strong>paysan</strong>nes.<br />

L’engagement avait été pris, en 2008, d’avoir au moins 30% de femmes dirigeantes<br />

d’organisations <strong>paysan</strong>nes parmi les participants au <strong>Forum</strong>; cet objectif a été dépassé, avec<br />

40% de participantes.<br />

Comme en 2008, le FIDA a préparé un rapport destiné au <strong>Forum</strong>, en se fondant sur une<br />

enquête menée auprès des chargés de programme de pays et de dirigeants d’organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes à propos de l’évolution des partenariats au cours des deux dernières années. Après<br />

la présentation du rapport au début du <strong>Forum</strong>, les participants ont fait part de leurs<br />

réactions et de leurs observations.<br />

La réunion 2010 du <strong>Forum</strong> a fait une plus large place que les éditions précédentes aux<br />

questions opérationnelles. Dans cette optique, les deux séances en groupes de travail ont été<br />

axées sur les dimensions nationale et régionale de cette problématique:<br />

• Le lundi 15, dans l’après-midi, une séance a été consacrée à la collaboration<br />

opérationnelle entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes aux niveaux national<br />

et régional.<br />

• Le mardi 16, une séance a été consacrée, dans la matinée, aux thèmes suivants:<br />

a) la sécurité alimentaire dans un contexte de concurrence croissante pour l’accès à la<br />

terre; b) les rôles des organisations <strong>paysan</strong>nes à l’égard de l’autonomisation des petits<br />

exploitants au sein des filières; et c) les politiques et les programmes d’investissement<br />

différenciés à l’appui des petites exploitations agricoles.<br />

Une synthèse des délibérations et recommandations sur les évolutions nécessaires des<br />

partenariats a été approuvée par les participants et examinée avec la direction du FIDA dans<br />

l’après-midi du mardi 16. Cette séance de clôture était ouverte aux membres des organes<br />

directeurs du Fonds.<br />

Comme d’habitude, les participants au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> ont été invités à assister, en qualité<br />

d’observateurs, à la session du Conseil des gouverneurs. Ils ont eu la possibilité de prendre<br />

part aux manifestations régionales organisées le 18 février dans le cadre du Conseil des<br />

gouverneurs. La synthèse des délibérations du <strong>Forum</strong> a été présentée au Conseil des<br />

gouverneurs lors de la séance du matin du 17 février.<br />

Après la clôture du Conseil des gouverneurs, deux événements parallèles se sont déroulés<br />

dans l’après-midi du jeudi 18 février, avec la participation des organisations <strong>paysan</strong>nes et de<br />

certains partenaires, sur les thèmes suivants: a) la fourniture de services d’appui aux<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes; et b) l’initiative “Achats au service du progrès” du Programme<br />

alimentaire mondial et la collaboration à ce titre avec les organisations <strong>paysan</strong>nes nationales.<br />

9


10<br />

FIDA/Santiago Albert Pons


I. Session spéciale: atelier préparatoire<br />

sur la promotion du leadership<br />

féminin dans les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes et les organisations de<br />

producteurs ruraux<br />

Introduction<br />

Dans la plupart des pays en développement, les femmes accomplissent une part importante<br />

des travaux agricoles et produisent, au niveau mondial, la plus grande partie des cultures<br />

vivrières. Pourtant, leur rôle dans l’agriculture est dans une large mesure ignoré dans le cadre<br />

des politiques et de l’allocation de ressources. Les points de vue et les préoccupations des<br />

femmes rurales sont à peine entendus au niveau national comme au niveau mondial. Cela<br />

tient, entre autres, à la faible présence des femmes au sein des instances dirigeantes des<br />

organisations rurales et, dans certains cas, à la capacité limitée des quelques femmes aux<br />

commandes au niveau national à représenter efficacement les intérêts des femmes travaillant<br />

sur le terrain, où les groupements féminins sont le plus souvent confinés. Dans les<br />

organisations mixtes, si les femmes sont bien représentées en tant que membres, rares sont<br />

celles qui occupent des postes de direction; lorsque l’on passe du niveau local aux niveaux<br />

régional et national, cette tendance est encore plus marquée. Il en résulte un profond<br />

déséquilibre entre les moyens d’expression et le pouvoir décisionnel des femmes rurales et<br />

leur contribution considérable à la production, à la commercialisation et aux moyens de<br />

subsistance dans le secteur de l’agriculture. Les jeunes femmes capables qui auraient la<br />

possibilité d’assumer des fonctions dirigeantes doivent relever des défis particuliers, dans la<br />

mesure où elles doivent jongler pour concilier leurs rôles d’agricultrices et de dirigeantes et<br />

la prise en charge de leurs enfants en bas âge. Les normes socioculturelles qui attribuent le<br />

soin des enfants exclusivement aux femmes et relèguent ces dernières dans la sphère<br />

domestique font qu’il leur est difficile, sinon impossible, d’occuper des postes clés.<br />

Reconnaissant l’importance de ces questions pour l’avenir de l’agriculture <strong>paysan</strong>ne et le<br />

bien-être des ménages ruraux, la réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> qui s’est tenue au FIDA en 2008<br />

avait recommandé qu’une session spéciale soit consacrée à ce sujet au cours de la réunion de<br />

2010. En fait, près de 40% des participants au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> 2010 étaient des représentantes<br />

des agricultrices (contre 10% à la première réunion mondiale en 2006). La session spéciale<br />

du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> 2010 (“Promouvoir la participation des femmes aux instances dirigeantes<br />

des organisations <strong>paysan</strong>nes et des organisations de producteurs ruraux”), qui s’est tenue les<br />

12 et 13 février, a été organisée conjointement par le FIDA et l’ONG Femmes organisant le<br />

changement dans l’agriculture et la gestion des ressources naturelles (WOCAN) et cofinancée<br />

par le Gouvernement norvégien. Elle a réuni plus de 60 participants, parmi lesquels<br />

35 représentantes d’agricultrices venues participer au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> 2010, des membres du<br />

comité de pilotage du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, des observateurs d’ONG et de la FAO, et des<br />

fonctionnaires du FIDA. Dix femmes siégeant au Conseil d’administration du FIDA ont pris<br />

part au dîner informel du 12 février.<br />

Lors des séances plénières et au sein des quatre groupes de travail régionaux (Afrique<br />

francophone, Afrique anglophone, Amérique latine et Caraïbes, Asie et Pacifique), les<br />

participants ont débattu des moyens permettant d’accroître les profits économiques que<br />

tirent les femmes de l’agriculture; d’améliorer la formation des agricultrices et de mieux leur<br />

11


12<br />

transmettre l’information; d’appliquer des systèmes de quotas pour les femmes; de financer<br />

l’accès des femmes aux postes de direction des organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs<br />

ruraux; et de construire des réseaux et des partenariats entre les organisations <strong>paysan</strong>nes et le<br />

FIDA. La déclaration finale de la session spéciale a été incluse dans la synthèse des<br />

délibérations du troisième <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, et il en a été donné lecture au cours de la trentetroisième<br />

session du Conseil des gouverneurs du FIDA (voir page 55).<br />

Les sections suivantes résument les principales questions qui ont émergé durant la<br />

session spéciale.<br />

Autonomisation économique et accès aux moyens de production<br />

Tous les groupes de travail ont estimé que l’autonomisation économique des femmes est la<br />

condition essentielle pour qu’elles fassent davantage entendre leur voix et qu’elles accèdent<br />

plus largement aux fonctions de direction au sein des organisations <strong>paysan</strong>nes. Les<br />

participants ont instamment invité le FIDA et les autres donateurs à affecter, plus que<br />

jamais, des ressources financières aux agricultrices, car leur indépendance économique et le<br />

renforcement de leur pouvoir d’action sont liés à de nombreux problèmes, notamment ceux<br />

de l’accès à la terre et à l’eau, aux ressources productives, au crédit, aux sources d’énergie<br />

alternatives, à la technologie, à l’information et aux marchés. Les décideurs, les milieux<br />

d’affaires et les agriculteurs doivent tous rechercher, à l’intention des femmes, de nouveaux<br />

points d’accès aux filières, afin de créer de nouveaux débouchés économiques durables pour<br />

les agricultrices.<br />

Selon les participants, la principale question à laquelle doit répondre cette génération de<br />

décideurs et de dirigeants est la suivante: “Comment pouvons-nous rendre l’agriculture plus<br />

rentable et plus durable pour les générations futures d’agriculteurs?”. Les principaux points<br />

débattus concernant plus spécifiquement les agricultrices incluent la propriété foncière,<br />

l’amenuisement des ressources naturelles et leur dégradation qualitative, en particulier dans<br />

les zones les plus gravement touchées par le changement climatique. Pour enrayer de telles<br />

tendances, des politiques agricoles en faveur des femmes et des jeunes doivent être élaborées<br />

afin d’aider les agricultrices et les jeunes agriculteurs à acquérir l’esprit d’entreprise. Pour ce<br />

faire, les femmes et les jeunes ont besoin de gagner en confiance, ce qui leur sera possible<br />

dès lors qu’ils auront accès aux moyens de production, aux savoirs et aux compétences.<br />

Ils ont également besoin du soutien des hommes.<br />

Renforcement des capacités et formation<br />

Le renforcement des capacités a été un élément essentiel, dans tous les aspects des débats,<br />

pour promouvoir l’accession d’un plus grand nombre de femmes à des postes clés au sein<br />

des organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs ruraux. Selon les participants, il est<br />

fondamental que le FIDA et les autres donateurs voient dans le développement<br />

organisationnel et le renforcement des capacités le liant qui agglomère les efforts visant à<br />

favoriser l’accès des femmes à des postes de direction au sein des organisations <strong>paysan</strong>nes et<br />

de producteurs ruraux.<br />

Différents types de capacités doivent être renforcées. Les femmes ont besoin d’un accès<br />

aux informations technologiques les plus récentes concernant l’agriculture, la production et<br />

les mesures d’adaptation au changement climatique, ainsi qu’aux technologies de<br />

l’information pour avoir accès à ces informations. Elles doivent acquérir des compétences<br />

entrepreneuriales et commerciales, une plus grande confiance en elles et des capacités de<br />

direction, tout comme l’aptitude à négocier et à débattre avec les autorités. Elles ont<br />

également besoin de comprendre les aspects de la politique qui les touchent en tant<br />

qu’agricultrices. Plus précisément, il est nécessaire que:<br />

• la formation soit ciblée et décentralisée de sorte que les femmes disposent de<br />

l’autonomie requise pour appliquer leurs propres programmes de formation;


• le renforcement des capacités comprenne des visites de terrain, des échanges<br />

d’agriculteur à agriculteur et des visites dans des instituts de recherche et des écoles<br />

secondaires;<br />

• les organisations soient souples et tiennent compte des contraintes pesant sur l’emploi<br />

du temps des femmes, en particulier pour celles qui ont des enfants en bas âge, et des<br />

dynamiques familiales qui peuvent affecter leur participation; et<br />

• des crèches soient créées pour permettre aux femmes de participer à<br />

des formations, de manière qu’elles puissent remplir leur rôle en tant<br />

que professionnelles, prendre plus de postes de direction au sein de<br />

leurs organisations et s’attacher davantage à rendre leur travail<br />

rentable. Leur coût de fonctionnement devrait être inclus dans les<br />

activités de formation susceptibles d’être financées par les donateurs.<br />

Quotas de participation des femmes<br />

Malgré la difficulté de mise en œuvre, l’application et le maintien de quotas<br />

“Rien de ce qui nous concerne ne doit<br />

de participation des femmes ont été désignés comme des actions<br />

se faire sans nous!”<br />

prioritaires pour le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes. Il été affirmé, en<br />

fait, que le premier acte de l’autonomisation des femmes doit être<br />

Estrella Penunia Banzuela, AFA<br />

l’établissement de quotas de participation pour leur donner une plus<br />

grande visibilité. Les quotas contribuent à instaurer la nécessaire masse critique de membres<br />

et leaders féminins qui provoquera le changement dans la politique et la culture<br />

institutionnelle. Les participants ont relaté des histoires vécues au sein de leurs organisations<br />

respectives, dans lesquelles l’instauration de quotas (allant de 30 à 50%) a réussi à accroître<br />

la participation des femmes. Ils s’accordent néanmoins à dire que les quotas sont une<br />

condition nécessaire mais non suffisante pour que les femmes jouent des rôles de dirigeants<br />

au sein des organisations <strong>paysan</strong>nes. Même dans les organisations appliquant le système de<br />

quotas, les préoccupations des agricultrices peuvent ne pas être exprimées avec assez de<br />

force. Dans ces cas, il peut être nécessaire de créer des comités exclusivement féminins –<br />

espaces au sein desquels les femmes gagneront en confiance et plates-formes à partir<br />

desquelles elles pourront négocier avec le reste de l’organisation et avec les partenaires et<br />

institutions externes. L’existence d’outils, de chartes et de statuts a été citée comme<br />

essentielle pour le succès des systèmes de quotas, de même que les mécanismes de suivi de<br />

leur application. Tous les autres thèmes examinés au cours de la session spéciale, et en<br />

premier lieu l’autonomisation économique et le renforcement des capacités, ont été retenus<br />

comme des compléments essentiels à tout système de quotas.<br />

Changement culturel et institutionnel<br />

Afin d’accroître la participation des femmes, les organisations ont besoin de mieux<br />

communiquer avec les agricultrices, qui supportent le double fardeau du travail agricole et<br />

des tâches domestiques. La culture et le mode de fonctionnement des organisations, qui<br />

tendent à reproduire les normes culturelles masculines, doivent changer. Suivant le sexe du<br />

dirigeant, les critères de performance ne sont pas les mêmes: un homme accordera souvent<br />

plus d’importance aux considérations politiques, tandis qu’une femme s’attachera plus aux<br />

problèmes sociaux. Ces différences influent sur les priorités d’une organisation: les hommes,<br />

par exemple, pourront accorder une plus grande importance à la commercialisation, alors<br />

que les femmes mettront davantage l’accent sur l’autosuffisance alimentaire. D’autre part, les<br />

femmes ne s’attachent pas toujours à faire avancer leur cause, et le choix des dirigeants des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes devrait aussi constituer, pour les membres de ces organisations,<br />

l’occasion d’une sensibilisation et d’un renforcement des capacités pour une meilleure prise<br />

en compte des problèmes sexospécifiques. Les hommes doivent comprendre l’importance<br />

13


14<br />

d’une participation conjointe et d’un nouveau système de gestion moins exclusif, et y<br />

donner leur adhésion. Chacun, sur le terrain – des agents de vulgarisation aux acteurs du<br />

développement communautaire –, doit s’engager davantage à respecter et à comprendre la<br />

parité hommes-femmes.<br />

Réseaux, forums et autres structures<br />

L’instauration de réseaux de soutien destinés tant aux femmes qu’aux hommes sert à<br />

consolider tous les efforts visant à promouvoir l’accès des femmes à des postes de<br />

responsabilité au sein des organisations <strong>paysan</strong>nes du monde entier. De tels réseaux non<br />

seulement renforcent le développement des capacités et améliorent les services de<br />

formation, mais offrent également un forum pour le lancement de nouvelles plates-formes<br />

où les femmes puissent se réunir et s’organiser. Au bout du compte, ces réseaux aident à<br />

garantir la durabilité des efforts entrepris pour l’accession des femmes à des postes de<br />

direction au sein des organisations <strong>paysan</strong>nes. Il faut, par ailleurs, que les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes travaillent avec des structures implantées dans des zones urbaines et créent des<br />

alliances avec des institutions communales publiques et privées.<br />

Il serait souhaitable d’institutionnaliser des plates-formes de consultation et de<br />

concertation avec les organisations <strong>paysan</strong>nes, où la représentation des femmes serait<br />

garantie. La participation à de telles consultations aura un coût pour les représentants des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes locales, et il conviendrait de leur apporter un soutien pour faire<br />

face à une partie des frais administratifs.<br />

Il conviendrait de créer des forums réservés aux femmes (organisations exclusivement<br />

féminines ou structures féminines au sein d’organisations mixtes), où elles pourraient se<br />

réunir, délibérer et débattre, étant donné que, dans de nombreux contextes, il est plus facile<br />

aux femmes de parler quand elles sont entre elles.


On a également souligné l’importance d’une assistance visant à donner une forme juridique<br />

à ces organisations, étant donné que les groupements féminins sont souvent informels.<br />

Messages médiatiques<br />

On a, par ailleurs, souligné la nécessité de messages médiatiques et de portraits de femmes<br />

plus positifs. Les participants ont plus particulièrement mentionné le besoin de<br />

professionnaliser l’image des agricultrices, y compris celle des jeunes <strong>paysan</strong>nes.<br />

Financement<br />

Les participants ont insisté pour que les financements soient directement attribués aux<br />

organisations féminines ou aux structures féminines au sein des organisations <strong>paysan</strong>nes, et<br />

ont formulé, à cet égard, des recommandations spécifiques au FIDA.<br />

Conclusion<br />

Dans la déclaration finale, les participants ont invité le FIDA à maintenir un quota minimal<br />

de 30% pour la participation des femmes au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> (ainsi que dans ses opérations<br />

de soutien aux organisations <strong>paysan</strong>nes) avec, à terme, un objectif de 50%. Ils ont invité<br />

instamment le FIDA et les autres donateurs à accroître les efforts et les soutiens financiers en<br />

faveur de l’autonomisation économique des femmes; à fournir des aides et des récompenses<br />

spéciales aux organisations qui favorisent la parité hommes-femmes et des modèles de<br />

production tenant compte de la sexospécificité; à financer des projets lancés et pilotés par<br />

des femmes; à garantir la participation conjointe des femmes et des hommes à la conception<br />

et à la mise en œuvre de projets; à investir dans le renforcement des capacités; à appliquer et<br />

à contrôler les quotas; à créer des fonds spéciaux pour les femmes et pour les structures<br />

féminines même au sein d’organisations mixtes; et à faire de l’adhésion au système des<br />

quotas l’une des conditions d’octroi d’un financement. Les donateurs devraient également<br />

soutenir les femmes pour qu’elles commanditent des travaux de recherche sur les cultures et<br />

technologies présentant un intérêt pour elles, en établissant un pont entre les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes et les instituts universitaires et de recherche. Enfin, les participants ont<br />

recommandé que les jeunes agricultrices constituent un thème de discussion prioritaire lors<br />

de la session spéciale du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> qui se tiendra en 2012.<br />

15


16<br />

FIDA/G.M.B. Akash


II. Ouverture du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

Après une série de consultations aux niveaux national et régional, le<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> a tenu, les 15 et 16 février 2010, sa troisième réunion<br />

biennale mondiale en marge de la trente-troisième session du Conseil<br />

des gouverneurs du FIDA. Il a réuni plus de 70 dirigeants, représentant<br />

des millions de petits agriculteurs et de producteurs ruraux d’Asie,<br />

d’Afrique, d’Amérique latine, du Proche-Orient et de l’Europe, en vue<br />

d’échanges avec le personnel du FIDA et certains partenaires. Les<br />

participants ont aussi été invités à assister, en qualité d’observateurs, aux<br />

travaux du Conseil des gouverneurs du FIDA et à présenter aux<br />

gouverneurs une synthèse des délibérations du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>.<br />

Le <strong>Forum</strong> a été ouvert par le Président du FIDA, Kanayo F. Nwanze,<br />

qui a dès l’abord attiré l’attention sur le fait que les femmes représentent<br />

40% des participants au <strong>Forum</strong>, chiffre en augmentation significative,<br />

puisqu’elles n’étaient que 10% lors de la première réunion mondiale du<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> en 2006. Il a également rendu hommage à tous ceux qui<br />

ont perdu la vie ou souffert dans la catastrophe survenue le 12 janvier à<br />

Port-au-Prince, en Haïti, et annoncé la création, par les trois institutions<br />

des Nations Unies ayant leur siège à Rome, d’une équipe spéciale<br />

chargée d’apporter à Haïti une aide coordonnée afin que la prochaine<br />

saison culturale soit aussi productive que possible.<br />

On trouvera ci-après quelques extraits de son allocution d’ouverture<br />

(le texte intégral en est repris dans l’appendice II).<br />

Extraits de l’allocution d’ouverture prononcée par le Président du<br />

FIDA à la troisième réunion mondiale du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

“... Depuis la précédente réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> il y a deux ans, le<br />

monde a connu de multiples crises, aggravées par la récession mondiale<br />

et le changement climatique. Ces crises ont non seulement mis en lumière<br />

des décennies de négligence du secteur agricole, mais aussi sensibilisé le<br />

monde à l’importance du développement de l’agriculture en tant que source de croissance<br />

économique et de stabilité politique. Elles ont également été à l’origine d’un engagement en<br />

faveur d’une sécurité alimentaire durable à long terme...<br />

... L’exploitation agricole, indépendamment de sa taille ou de son échelle, est une entreprise.<br />

Chaque agriculteur voudrait nourrir sa famille et produire un excédent lui permettant d’obtenir<br />

un revenu grâce aux échanges. Tel est le fondement de la commercialisation de l’agriculture, la<br />

transformation de <strong>paysan</strong>s pratiquant une activité de subsistance en petits entrepreneurs du<br />

secteur agroalimentaire... Lorsque nous savons que 85% des exploitations agricoles de par le<br />

monde ont une superficie inférieure à 2 hectares (dans le monde en développement, cette<br />

superficie atteint parfois à peine 0,25 hectare); lorsque nous savons que 500 millions de petits<br />

exploitants produisent 80% des produits alimentaires que nous consommons dans le monde<br />

en développement; qu’ils vivent dans les zones rurales et constituent la majorité des ruraux<br />

pauvres; et lorsque nous savons que les jeunes constituent plus de 60% de la population rurale<br />

“Le dialogue que nous sommes en<br />

train d’établir est absolument essentiel<br />

– ce processus dans lequel une<br />

organisation comme le FIDA ouvre ses<br />

bras à d’autres et offre un forum au<br />

sein duquel les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes peuvent exprimer leurs<br />

points de vue. Cette approche devrait<br />

être encore développée avec d’autres<br />

organisations multilatérales.”<br />

Alberto Ercilio Broch, CONTAG<br />

17


18<br />

et que les jeunes femmes ou les jeunes filles représentent plus de la moitié d’entre eux – si nous<br />

savons tout cela, je vous le demande, qui nourrira le monde en 2020, en 2030 ou en 2050,<br />

alors que, d’ici là, la population de la planète comptera trois milliards d’habitants<br />

supplémentaires, soit une augmentation de 50%?<br />

Nous devons investir dans les jeunes ruraux d’aujourd’hui, car ils seront les agriculteurs de<br />

demain. Les gouvernements nationaux, les partenaires du développement et le secteur privé<br />

doivent se donner la main pour renforcer leurs capacités, pour mettre à leur disposition les<br />

technologies dont ils ont besoin, les infrastructures rurales, les institutions financières,<br />

l’information de marché et les liaisons qui sont les ingrédients essentiels de cette<br />

transformation... Cela implique également le développement des capacités et les possibilités<br />

d’emploi; cela implique d’inverser le sens des migrations qui vont actuellement des zones<br />

rurales vers les zones urbaines; cela suppose de nouveaux partenariats commerciaux – un<br />

changement des structures mentales; une évolution paradigmatique en matière de<br />

développement, car l’investissement dans la jeunesse rurale est la fondation sur laquelle bâtir<br />

des économies viables; il constitue le lien entre la productivité agricole et la sécurité alimentaire,<br />

entre la stabilité politique et la sécurité nationale, facteurs précurseurs d’une paix mondiale.<br />

C’est pour tout cela que milite le FIDA.<br />

... Aucune nation, aucun peuple ne peut parvenir au développement économique si ce<br />

développement ne trouve pas sa source à l’intérieur et si l’agriculture n’en est pas le<br />

fondement; après tout, le développement est un processus intrinsèque et endogène. Certes, il<br />

peut recevoir une aide de l’extérieur, mais un palmier ne peut pas utiliser l’énergie de la lumière<br />

solaire s’il n’est pas solidement enraciné dans son propre sol!<br />

Et l’initiative doit partir de vos organisations. Elle doit aussi prendre les jeunes pour point de<br />

départ. Le renforcement des organisations de petits agriculteurs, pêcheurs et pasteurs est<br />

essentiel si nous voulons parvenir à saisir les opportunités que font naître les défis du temps<br />

présent. Il est tout aussi important de renforcer votre capacité de vous rapprocher du secteur<br />

privé pour élargir ces partenariats, afin de mettre la demande et les marchés en relation avec<br />

la production des petits exploitants.<br />

Nous souhaitons que le <strong>Forum</strong> stimule les occasions de constituer des réseaux entre vous et<br />

de renforcer votre esprit d’initiative pour parvenir à ces objectifs... Je me félicite des progrès<br />

que nous avons pu réaliser. Mais nous devons faire fond sur notre expérience et élargir nos<br />

partenariats... Je voudrais évoquer quatre domaines dans lesquels nous pouvons mieux faire:<br />

• Il existe encore un certain nombre de pays dans lesquels la coopération du FIDA avec les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes est peu développée. Nous devons aller plus loin, et approfondir<br />

et développer ces relations.<br />

• Nous devons œuvrer, de concert, au renforcement des liens entre vos organisations et les<br />

mouvements communautaires de base et investir dans le plaidoyer à l’échelon des<br />

villages pour avoir un impact au niveau du terrain et améliorer la base globale de nos<br />

partenariats.<br />

• Nous devons développer le rôle de plaidoyer des organisations <strong>paysan</strong>nes dans le<br />

contexte du débat national sur les politiques. Ainsi, alors que le changement climatique<br />

constitue un énorme défi pour les agriculteurs, rares sont les responsables des politiques<br />

qui reconnaissent le rôle que peuvent jouer les petits exploitants dans l’atténuation de son<br />

impact. En travaillant ensemble, nous pouvons sensibiliser les autorités nationales afin de<br />

déterminer les meilleurs moyens de rétribuer les petits exploitants pour les services<br />

environnementaux qu’ils peuvent fournir pour réduire les émissions de carbone.<br />

• Nous devons assurer la participation des jeunes ruraux à l’agriculture, les aider à<br />

s’organiser en associations de jeunes <strong>paysan</strong>s, fournir des possibilités de renforcement<br />

des capacités et de formation, de liaisons institutionnelles et d’information de marché. Ce<br />

sont ces jeunes qui assureront la production vivrière de demain.<br />

... Alors que, partout dans le monde, l’agriculture est aujourd’hui sous les feux des projecteurs<br />

du fait de la crise de la sécurité alimentaire à laquelle nous avons été confrontés en 2007 et en<br />

2008, cette troisième réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> survient en temps opportun pour que nous


déterminions comment nous pouvons agir avec les gouvernements en vue d’accroître la<br />

productivité et les revenus des petits exploitants. J’espère qu’à la conclusion de cette session<br />

du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> nous aurons produit des idées novatrices sur la manière d’utiliser nos<br />

partenariats pour élargir les débouchés offerts par le marché aux petits exploitants et mettre au<br />

point des programmes de participation des jeunes ruraux aux activités agricoles, en incitant les<br />

petits exploitants à évoluer d’une agriculture de subsistance vers des activités agroalimentaires<br />

rentables et créatrices de richesses, en investissant dans leurs moyens de subsistance et en<br />

contribuant à la sécurité alimentaire, à l’autonomisation sociale et à la croissance économique.”<br />

Après l’allocution d’ouverture du Président, chacun des membres du comité<br />

de pilotage du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> a fait une déclaration.<br />

Estrella Penunia Banzuela, Secrétaire générale de l’Association des<br />

agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable, a salué en le<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> mondial “une grande occasion de dialoguer, de renforcer la<br />

solidarité et d’échanger des expériences, des enseignements tirés et des<br />

stratégies pour le développement des petits <strong>paysan</strong>s et pêcheurs, hommes et<br />

femmes, à travers le monde”. Elle a expliqué que “les petits agriculteurs,<br />

hommes et femmes, doivent avant tout avoir une terre à labourer. Compte<br />

tenu du prix élevé des produits alimentaires, de l’insécurité alimentaire et<br />

du changement climatique, nous espérons pouvoir généraliser un mode de<br />

production intégrée, diversifiée et utile à l’agriculture par le biais d’actions<br />

massives de vulgarisation et de promotion de l’agriculture, et également en<br />

ciblant et en faisant participer les jeunes agricultrices qui produisent la plus<br />

grande partie de la nourriture de la planète. Nous aimerions aussi que nos<br />

gouvernements élaborent des programmes à assise communautaire pour<br />

gérer les catastrophes et mettent en place des systèmes d’alerte rapide<br />

assortis d’une forte dissémination de l’information, parce que cela est très<br />

important pour que nous puissions nous adapter au changement<br />

climatique. Nous voudrions aussi qu’on nous aide à imaginer une politique<br />

énergétique qui encourage un recours croissant aux sources libres d’énergie,<br />

comme le soleil, l’eau et le vent dans toute la mesure du possible, et que<br />

ces actions soient gérées par la communauté… Nous voudrions encourager<br />

la création de coopératives agricoles, la formation de groupements de<br />

producteurs spécialisés parmi les petits exploitants agricoles, hommes et<br />

femmes, en vue d’activités coopératives de production et de<br />

commercialisation au niveau local ou au niveau régional. Et surtout, nous<br />

souhaiterions assurer la participation des petits exploitants aux processus<br />

gouvernementaux de prise de décision dans les domaines qui les<br />

concernent et les affectent, du plan local aux plans national, régional et<br />

international.” Elle a enfin demandé au FIDA de fournir, à long terme et de<br />

manière durable et souple, un soutien financier direct, en particulier par<br />

l’intermédiaire des organisations faîtières aux échelons national et régional.<br />

Alessandra Da Costa Lunas, Secrétaire exécutive de l’Instance de<br />

coordination des producteurs familiaux (COPROFAM), a fait l’éloge du<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> qui, a-t-elle dit, “a reconnu le rôle joué par les organisations<br />

indigènes en tant que porte-parole dans le dialogue sur les politiques mené<br />

avec les autorités publiques en vue de la définition des grandes orientations<br />

adéquates… Le <strong>Forum</strong> nous permet de nous sensibiliser davantage aux<br />

importants instruments que nous pouvons élaborer ensemble pour accroître<br />

“L’Association des agriculteurs d’Asie<br />

pour le développement rural durable<br />

considère que chaque réunion<br />

mondiale du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> est une<br />

grande occasion de dialoguer, de<br />

renforcer la solidarité et d’échanger<br />

des expériences, des enseignements<br />

tirés et des stratégies pour le<br />

développement des petits <strong>paysan</strong>s et<br />

pêcheurs, hommes et femmes, à<br />

travers le monde.”<br />

Estrella Penunia Banzuela, AFA<br />

“La faim constitue malheureusement<br />

un problème majeur à l’échelle<br />

mondiale, mais cela nous donne en<br />

même temps une occasion de premier<br />

plan de placer l’agriculture familiale au<br />

centre du débat, en reconnaissant son<br />

importance décisive dans la lutte<br />

contre la faim.”<br />

Alessandra Da Costa Lunas, COPROFAM<br />

19


le développement de nos régions.” Elle a souligné l’assistance extrêmement utile que le FIDA<br />

apporte à la région, spécialement dans le contexte de la Commission de l’agriculture familiale<br />

(REAF) du Marché commun du Sud (MERCOSUR), et de la promotion de cette agriculture<br />

familiale dans le développement et la politique agricoles. Elle a aussi mis en lumière “un<br />

certain nombre de défis auxquels nous sommes encore confrontés non seulement en<br />

Amérique latine, mais partout dans le monde. Nous savons que les politiques élaborées au fil<br />

des années ont tendu à favoriser l’exclusion d’hommes et de femmes de leur terre. Notre but<br />

est de développer une agriculture à visage humain, répondant aux besoins des populations<br />

qui jouent un rôle si important dans le travail de la terre. Il est essentiel d’étudier les<br />

questions liées à l’accès à la terre, en fournissant des garanties aux droits des populations et<br />

en affirmant leur droit à l’accès aux ressources naturelles, et à l’eau en particulier.” Il est un<br />

autre défi, celui concernant la nécessité de travailler ensemble à la recherche de solutions<br />

durables au problème de la production alimentaire. “Dans ce processus, il est capital de<br />

prendre conscience du rôle des femmes dans la production alimentaire, et cette importance<br />

doit être reconnue… Traditionnellement, les femmes ont accumulé une vaste expérience en<br />

matière de production durable.” Elle a également insisté sur le fait que “les jeunes doivent<br />

obtenir les moyens qui leur permettront de participer à l’agriculture familiale”. Alessandra Da<br />

Costa Lunas a souligné l’importance de l’agriculture familiale et de son rôle dans l’éradication<br />

de la faim dans le monde, et la nécessité de placer l’agriculture familiale au centre du débat.<br />

Elle a évoqué, à cet égard, le soutien de la COPROFAM à la campagne en faveur d’une année<br />

consacrée à l’agriculture familiale dans le cadre des Nations Unies, qui constituerait un<br />

moyen approprié de centrer le débat, dans divers domaines d’action des pouvoirs publics, sur<br />

l’importance de l’agriculture familiale.<br />

Ndiogou Fall, Président du Réseau des organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs de<br />

l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), a exprimé sa profonde gratitude pour la<br />

tenue de ce troisième <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>. “La réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> au<br />

FIDA est désormais l’un des grands événements du calendrier agricole<br />

international.” L’agriculture est un secteur confronté à des risques<br />

multiples, ce qui le différencie de bien d’autres secteurs. C’est aussi l’une<br />

des rares professions soumises à toute une gamme de contraintes qu’il<br />

faut surmonter afin d’éviter de compromettre son avenir. L’une de ces<br />

contraintes prend la forme d’un défi: nourrir une population croissante, et<br />

lui offrir des produits suffisants, en qualité et en quantité, mais aussi<br />

assurer la durabilité de la production de cette nourriture. Il faut aussi citer<br />

“Au ROPPA, nous pensons que le<br />

la contrainte que constitue la nécessité de produire une richesse suffisante<br />

modèle d’agriculture à promouvoir<br />

devrait reposer sur la petite agriculture<br />

pour combattre la pauvreté rurale tout en respectant les impératifs de<br />

familiale. C’est ce modèle qui nous fera durabilité dans des sociétés confrontées à une profonde transformation.<br />

aller de l’avant, et nous devons faire tout Ndiogou Fall a remercié le FIDA du financement direct qu’il a apporté aux<br />

notre possible pour soutenir les petits initiatives de renforcement des capacités des quatre grands réseaux<br />

exploitants qui travaillent dans des régionaux en Afrique. Il a aussi souligné l’importance du processus du<br />

conditions très difficiles.”<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> dans la promotion du dialogue avec les pouvoirs publics:<br />

“C’est là un important pas en avant, mais vous devez réaliser que les pays<br />

Ndiogou Fall, ROPPA<br />

ne se limitent pas simplement aux gouvernements, et donc c’est déjà<br />

quelque chose de voir les gouvernements participer davantage et réfléchir à ces problèmes.<br />

Vous devez aller plus loin, et vous devez associer d’autres parties prenantes. Vous devez<br />

englober toutes les personnes impliquées dans le domaine de l’agriculture et encourager la<br />

sensibilisation et la participation. Lorsque nous parlons de cette notion d’appropriation,<br />

nous devons nous assurer qu’elle couvre toutes les dimensions nécessaires de la question.” Il<br />

a salué le <strong>Forum</strong> 2010 pour avoir “innové en créant un secteur spécifique consacré aux<br />

femmes” et a exprimé le souhait qu’”un forum du même ordre soit créé pour les jeunes qui<br />

20


seront les agriculteurs de demain”. Il a évoqué, en conclusion, la nécessité de fonder les<br />

partenariats entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes sur des principes fiables pour<br />

réaliser des progrès adéquats, particulièrement en Afrique, citant comme exemple la<br />

question de l’accès à la terre, qui exige une sérieuse réflexion pour lutter contre<br />

l’accaparement des terres et l’appropriation incontrôlée de la propriété rurale.<br />

Herman Kumara Wijethunge, Secrétaire général du National Fisheries Solidarity<br />

Movement (NAFSO), <strong>Forum</strong> mondial des populations de pêcheurs, a abordé les crises<br />

financière, alimentaire et climatique dans le contexte d’un système<br />

capitaliste dominant qui ignore les externalités pour accroître les bénéfices<br />

et qui a pour effet la destruction de l’agriculture <strong>paysan</strong>ne au profit d’une<br />

agriculture intensive et d’un accaparement des terres pour des<br />

investissements à grande échelle (par exemple, dans le secteur des<br />

biocarburants). Il a relevé que “les pêches côtières et les activités menées<br />

sur les terres côtières sont progressivement remplacées par la pêche et<br />

l’aquaculture industrielles, la promotion du tourisme, les zones<br />

économiques libres…” et qu’il existe donc un risque d’accaparement des<br />

terres et d’importants investissements par les pays développés. Il a souligné<br />

“Nous devons, en application du code<br />

que ces solutions ne sont pas valables pour le long terme et que, faute de<br />

de conduite de la FAO pour une pêche<br />

mesures énergiques, les migrants climatiques se compteront par millions. Il responsable, reconnaître que les petits<br />

a remercié le FIDA pour le soutien qu’il a apporté aux petits agriculteurs, pêcheurs, les artisans pêcheurs et les<br />

aux pêcheurs et aux jeunes. Il a encouragé le FIDA à “appuyer les<br />

communautés de pêcheurs côtiers<br />

programmes de réforme foncière et de gestion des ressources halieutiques, apportent une contribution essentielle<br />

afin que les petits agriculteurs et les petits pêcheurs et tous les petits<br />

en termes de ressources économiques,<br />

producteurs de produits alimentaires puissent mettre à la disposition de d’emploi, de revenu et de souveraineté<br />

l’humanité des aliments peu coûteux en qualité et en quantité suffisantes. alimentaire.”<br />

Le FIDA doit soutenir une production d’énergie – solaire ou éolienne – qui Herman Kumara Wijethunge, WFFP<br />

ne pollue pas la Terre mère… Nous pensons que les petits agriculteurs et les<br />

petits pêcheurs constituent la clé de voûte de leurs pays et qu’ils en<br />

favorisent la souveraineté alimentaire, quel que soit le pays.” Le FIDA<br />

devrait les aider à conserver leurs modes de vie et d’acquisition des moyens<br />

de subsistance de manière durable, et contribuer à promouvoir<br />

l’application du “code de conduite de la FAO pour une pêche responsable,<br />

qui reconnaît l’importance du rôle des petits pêcheurs et des artisans<br />

pêcheurs dans la réponse aux besoins économiques des communautés de<br />

pêcheurs côtiers… emploi, revenu et souveraineté alimentaire; et dans<br />

lequel les États s’engagent à protéger les droits de subsistance et à accorder<br />

aux petits pêcheurs et aux artisans pêcheurs un accès préférentiel à des lieux “Vous ne pouvez pas lutter<br />

de pêche supplémentaires”.<br />

efficacement contre la faim et la<br />

Pedro Avendaño Garcès, représentant du <strong>Forum</strong> mondial des<br />

pauvreté sans une implication des<br />

aquaculteurs et pêcheurs, a souligné le fait que “le secteur de la pêche communautés et des organisations de<br />

est l’une des composantes du secteur de l’agriculture, mais qu’il est petits pêcheurs. Leur secteur d’activité<br />

souvent invisible dans les organisations internationales et dans leur est très important pour assurer la<br />

travail. Dans le contexte des politiques nationales, la présence et la sécurité alimentaire et sa durabilité<br />

contribution des petits pêcheurs et des organisations côtières tendent très partout dans le monde.”<br />

souvent à être oubliées… Pourtant, les petits pêcheurs nourrissent plus Pedro Avendaño Garcès, WFF<br />

d’un milliard de personnes, les pauvres de la planète. Les produits de la<br />

pêche représentent environ 19% des protéines animales consommées par<br />

la population mondiale.” Il a expliqué que les organisations de petits<br />

pêcheurs “doivent élargir et développer leurs capacités organisationnelles<br />

et faire davantage entendre leur voix sur le plan politique… développer<br />

21


des mécanismes de formation et d’enseignement en vue d’échanges d’expériences aux plan<br />

national et régional. Les droits de pêche doivent être attribués aux petites communautés<br />

de pêcheurs et retirés des mains des grandes flottes de pêche commerciales qui évoluent<br />

dans nos eaux.” On devra s’efforcer de lutter contre la tendance à la surpêche et à la<br />

dévastation des mers du monde. Il a déclaré, en conclusion, que “le financement de<br />

projets n’est pas aussi important que le soutien pour parvenir au respect mutuel,<br />

l’encouragement à l’autonomie des organisations de pêcheurs, et l’inscription des océans<br />

du monde à l’ordre du jour de la réflexion planétaire. Nous devons éviter de voir<br />

s’éteindre la vie des communautés côtières. Nous devons éviter de voir leurs activités<br />

submergées par celles des grandes entreprises commerciales.”<br />

Henry Saragih, coordonnateur du Secrétariat opérationnel international de La Via<br />

Campesina, a souligné que “le <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> se tient cette année à un moment crucial pour<br />

l’humanité, marqué par les crises alimentaire, climatique et financière... Davantage de<br />

<strong>paysan</strong>s ont été déplacés, le nombre de personnes souffrant de la faim s’est accru, et les<br />

communautés en ruine se multiplient. Nous sommes aujourd’hui les<br />

témoins d’une augmentation du nombre de <strong>paysan</strong>s sans terres, et de<br />

femmes et de jeunes qui ne sont pas en mesure d’avoir accès à la terre.” Il a<br />

décrit le modèle d’agriculture nécessaire, tel que le conçoit La Via<br />

Campesina: “Dans notre modèle, les êtres humains travaillent la terre afin<br />

de produire de la nourriture pour répondre aux besoins des communautés<br />

locales et protéger dans le même temps nos biens communs comme la<br />

terre, l’eau et les semences autochtones, mais également notre culture<br />

locale et notre histoire. Notre modèle propose une agriculture et des<br />

systèmes agroécologiques durables pour résoudre la crise mondiale qui<br />

“Dans notre modèle agroécologique,<br />

pousse un nombre croissant de personnes vers l’extrême pauvreté… Notre<br />

les êtres humains travaillent la terre<br />

modèle apporte également une réponse au changement climatique… qui<br />

afin de produire de la nourriture pour<br />

est aussi à l’origine d’une crise de migration. Des millions de personnes ne<br />

répondre aux besoins des<br />

communautés locales et protéger dans<br />

peuvent plus survivre sur leur propre terre et sont contraintes de migrer. La<br />

le même temps nos biens communs Via Campesina est convaincue que notre modèle de production<br />

comme la terre, l’eau et les semences alimentaire peut atténuer ce problème des déplacements de populations.<br />

autochtones, mais également notre Dans le même temps, nous exigeons que soient respectés les droits de tous<br />

culture locale et notre histoire.”<br />

les travailleurs migrants et de leurs familles.” Il a souligné que l’avenir de<br />

la production alimentaire est entre les mains des femmes et des enfants. Il<br />

Henry Saragih, La Via Campesina<br />

a demandé au FIDA d’accentuer encore son appui direct aux petits<br />

producteurs agricoles familiaux, afin d’accroître leur capacité de faire survivre leurs<br />

exploitations et de participer au développement agricole et rural et aux politiques qui s’y<br />

rapportent. Il a instamment demandé au FIDA “de veiller à ce que son appui parvienne<br />

effectivement aux organisations <strong>paysan</strong>nes de base, en modifiant sa manière de travailler<br />

avec nous aux plans national et régional. Nous sommes d’avis qu’il devrait élaborer un<br />

protocole applicable aux plans régional et national où nous soyons sûrs que son<br />

organisation conserve son autonomie et que les financements du FIDA parviennent<br />

réellement aux plus pauvres.” Henry Saragih a expliqué que La Via Campesina œuvre, aux<br />

plans national, régional et international, à la création d’une charte internationale des droits<br />

des <strong>paysan</strong>s. Il a demandé, en conclusion, un appui du FIDA pour faciliter le processus de<br />

mise en œuvre des recommandations de la Conférence internationale sur la réforme agraire<br />

et le développement rural.<br />

Ajaykumar Manubhai Vashee, Président de la Fédération internationale des<br />

producteurs agricoles (FIPA), a félicité le FIDA pour les progrès réalisés “spécialement sur<br />

le plan de la consultation des <strong>paysan</strong>s dans le cadre de la conception des stratégies de<br />

22


pays, et de la reconnaissance des femmes, qui constituent un groupe très<br />

spécial et vulnérable à l’intérieur du secteur de l’agriculture… mais le<br />

problème subsiste quant au retour d’information de nos programmes.<br />

Nous avons besoin d’un mécanisme amélioré et concerté permettant le<br />

suivi-évaluation (S&E) par les <strong>paysan</strong>s… En outre, il est également<br />

essentiel pour le FIDA que les programmes que nous entreprenons, quels<br />

qu’ils soient, comportent un élément de conception qui les intègre<br />

automatiquement dans la structure existante des organisations agricoles,<br />

que ce soit au niveau du village, du district ou de la province. Cela<br />

fournira un appoint à la sortie durable des programmes en cours du FIDA “Les défis les plus importants<br />

et permettra de ne pas fragmenter les organisations <strong>paysan</strong>nes existantes.” auxquels sont confrontés les <strong>paysan</strong>s<br />

Il a souligné qu’un “changement de mode de pensée est nécessaire de la sont liés à un environnement politique<br />

part des agences multilatérales et d’autres institutions et que lorsque les défectueux et à une mauvaise<br />

pouvoirs publics s’intéressent aux <strong>paysan</strong>s, ils sont mieux en mesure de le<br />

organisation des marchés agricoles,<br />

et il n’est pas de meilleur moyen de<br />

faire par l’intermédiaire des organisations <strong>paysan</strong>nes”. Les défis les plus<br />

les aborder que par l’organisation des<br />

importants auxquels sont confrontés les <strong>paysan</strong>s sont liés à un<br />

producteurs, qu’il s’agisse<br />

environnement politique défectueux et à une mauvaise organisation des<br />

d’associations par filière, de<br />

marchés agricoles, et il est nécessaire “de faire fond sur la durabilité et la<br />

coopératives ou d’organisations<br />

capacité d’adaptation de l’agriculture à petite échelle, ce qui signifie en<br />

<strong>paysan</strong>nes à vocation générale.”<br />

substance le profit… Nous avons par conséquent besoin d’une approche<br />

Ajaykumar Manubhai Vashee, IFAP<br />

délibérée qui garantisse que les marchés agricoles travaillent en faveur des<br />

petits <strong>paysan</strong>s et des pauvres, et que toute politique formulée pour faire<br />

en sorte que cela se produise prenne également en compte d’autres aspects comme les<br />

droits relatifs à la terre et à l’eau, le financement du crédit, les transferts de technologie et<br />

la modernisation générale de l’agriculture <strong>paysan</strong>ne, et que ces aspects se voient accorder<br />

la priorité par les pouvoirs publics… Nous avons besoin de nouveaux instruments de<br />

gestion du risque, non seulement pour le risque climatique, mais aussi pour le risque<br />

financier… Nous avons besoin d’une meilleure adaptation au changement climatique,<br />

reposant sur une recherche conduite à l’initiative des <strong>paysan</strong>s et davantage de services de<br />

vulgarisation… Pour ce qui concerne l’atténuation des effets du changement climatique et<br />

la possibilité ultérieure de crédits carbone et de rétribution pour la prestation de services<br />

environnementaux, nous devons veiller à ce que les petits agriculteurs en bénéficient et<br />

que toutes autres initiatives ne soient pas exclues du développement rural, comme c’est<br />

généralement le cas.” Il a souligné, pour conclure, la nécessité d’une cohésion entre les<br />

politiques et les initiatives aux plans national et international. “Nous devons adopter une<br />

approche plus holistique du développement rural et de l’agriculture, pour lesquels<br />

davantage d’investissements sont nécessaires. Mais les gouvernements sont-ils capables de<br />

hiérarchiser ces besoins et les besoins des <strong>paysan</strong>s lorsqu’ils formulent des programmes?”.<br />

Au plan international, de nombreuses initiatives ont été prises dans le contexte de la<br />

nouvelle architecture mondiale de l’agriculture rendue nécessaire par la crise alimentaire.<br />

Toutefois, a demandé Ajaykumar Manubhai Vashee, “sont-elles plus cohérentes, et<br />

sont-elles capables de répondre aux besoins des acteurs principaux, à savoir les <strong>paysan</strong>s?”.<br />

23


24<br />

FIDA/R. Ramasomanana


III. Première séance plénière:<br />

tendances et évolution du<br />

partenariat du FIDA avec les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

Lors de la précédente réunion du <strong>Forum</strong>, le FIDA avait présenté aux participants son rapport<br />

intitulé “Partenariats en action 2008-2009”, établi sur la base d’une enquête menée auprès des<br />

chargés de programme de pays du FIDA et d’un échantillon de dirigeants <strong>paysan</strong>s. Le rapport<br />

présente un bilan des progrès réalisés dans les partenariats entre le FIDA et les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes au cours des deux dernières années.<br />

La première séance plénière s’est ouverte par la présentation du rapport du FIDA par<br />

Philippe Rémy (coordonnateur des politiques), suivie par un débat ouvert sur ses principales<br />

conclusions.<br />

Les points saillants du rapport du FIDA au <strong>Forum</strong>, “Partenariats en action 2008-2009”, sont<br />

résumés ci-après1 :<br />

• Méthodologie. Des données chiffrées ont été transmises pour tous les programmes<br />

d’options stratégiques pour le pays (COSOP) et projets approuvés par le FIDA au cours<br />

de la période 2008-2009, c’est-à-dire 18 COSOP et 69 projets. Pour la première fois, une<br />

enquête qualitative a été réalisée auprès de diverses organisations <strong>paysan</strong>nes pour<br />

déterminer leur propre évaluation de leur participation aux activités du FIDA, en<br />

répondant aux questions suivantes: quelle est la forme de cette participation?; quels types<br />

d’avantages leur a-t-elle apportés?; quel a été son impact sur les résultats d’ensemble du<br />

projet?; et ont-elles été confrontées à des difficultés particulières dans la participation aux<br />

activités du projet? Au total, 24 organisations <strong>paysan</strong>nes ont été contactées.<br />

• Participation des organisations <strong>paysan</strong>nes aux COSOP et aux projets. Au cours de la<br />

période 2008-2009, la participation des organisations <strong>paysan</strong>nes à la formulation des<br />

COSOP a été très élevée, atteignant 83%. De plus, la qualité et l’intensité de cette<br />

collaboration se sont très sensiblement améliorées – dans 61% des cas, les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes ont été considérées comme des “acteurs spéciaux”. Le chiffre correspondant,<br />

pour la période 2006-2007, était de 55%. De manière générale, les tendances concernant<br />

les projets sont semblables à celles relatives aux COSOP. En 2008-2009, les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes ont été des acteurs spéciaux dans la conception de 51% des nouveaux projets,<br />

au lieu de 34% en 2006-2007. On a observé, dans toutes les régions, une hausse du<br />

pourcentage de projets pour lesquels les organisations <strong>paysan</strong>nes ont été associées à la<br />

conception en qualité d’acteurs spéciaux. Le pourcentage de nouveaux projets où les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes interviennent comme organismes d’exécution ou comme<br />

prestataires de services a atteint 52% en 2008-2009, chiffre en hausse de 30% par rapport<br />

à la période biennale précédente. Les dirigeants d’organisations <strong>paysan</strong>nes font partie des<br />

comités de pilotage dans près de la moitié des projets approuvés au cours de la dernière<br />

période biennale. Le chiffre correspondant, pour la période 2006-2007, était de 39%.<br />

L’une des observations intéressantes tirées de l’examen concerne la créativité dont ont fait<br />

preuve les chargés de programme de pays disposés à associer les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

1 L’ensemble de la présentation est repris dans l’appendice III.<br />

25


26<br />

à la conception et à l’exécution des projets. Les modalités mises en œuvre sont d’une très<br />

grande diversité et varient en fonction des contextes nationaux ainsi que des capacités<br />

effectives des organisations <strong>paysan</strong>nes.<br />

• Financement direct. Le montant total du financement direct accordé aux organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes en 2008-2009 s’est élevé à 12 millions d’USD, soit plus du double du montant<br />

de la période 2006-2007 (5,9 millions d’USD). En l’espace de six ans, le financement<br />

direct a été multiplié par onze. Une évolution importante est à noter concernant<br />

l’échelon géographique/organisationnel ciblé par l’appui financier direct. En 2006-2007,<br />

un tiers environ des dons ou des contrats institutionnels avaient pour cadre l’échelon<br />

national, les deux tiers restants étant partagés entre les échelons régional et mondial. En<br />

2008-2009, un seul don ciblait l’échelon national. La plus grande partie du financement<br />

destiné aux organisations <strong>paysan</strong>nes nationales a été acheminée par l’intermédiaire de<br />

leurs fédérations ou réseaux régionaux. En Afrique subsaharienne, le FIDA et la<br />

Commission européenne financent conjointement un vaste programme consacré au<br />

renforcement institutionnel et à l’appui à la participation à la concertation sur les<br />

politiques aux échelons national, sous-régional et panafricain. Cette nouvelle répartition<br />

correspond à l’évolution du nombre de dons approuvés: il est moins coûteux pour le<br />

FIDA de traiter, aux échelons régional ou mondial, quelques dons de volume élevé et<br />

pouvant bénéficier à un plus grand nombre d’organisations nationales par l’intermédiaire<br />

de leurs réseaux régionaux ou mondiaux que de formuler une multitude de petits dons<br />

ciblant des organisations nationales prises individuellement. La préférence pour les<br />

échelons régional ou sous-régional correspond aussi à l’intérêt croissant manifesté par les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes pour les processus d’intégration régionale, en particulier en<br />

Afrique et en Amérique latine.<br />

• Appui à l’implication dans la formulation des politiques. À l’échelon régional, le FIDA<br />

a appuyé, en Amérique latine, la participation de la COPROFAM au travaux de la REAF,<br />

créée dans le cadre du MERCOSUR; en Amérique centrale, les organisations <strong>paysan</strong>nes du<br />

Costa Rica, de la République dominicaine, d’El Salvador, du Guatemala, du Honduras et<br />

du Nicaragua ont bénéficié d’un appui qui leur a permis de recenser les points d’intérêt<br />

commun et d’entamer conjointement une discussion sur la politique agricole en<br />

Amérique centrale; en Afrique subsaharienne, le FIDA et la Commission européenne<br />

financent conjointement un vaste programme de développement institutionnel et<br />

d’appui à l’implication dans la formulation des politiques aux échelons national,<br />

sous-régional et panafricain. Au plan international, le FIDA a continué d’appuyer la<br />

participation des organisations <strong>paysan</strong>nes à des conférences et des manifestations de haut<br />

niveau, en particulier celles qui ont été organisées par la FAO. L’appui apporté dans ce<br />

domaine a contribué à donner aux représentants des producteurs agricoles des pays en<br />

développement la possibilité d’avoir accès aux processus d’élaboration des politiques et a<br />

renforcé leur capacité d’exercer une influence sur les politiques. Cette évolution s’est<br />

concrétisée par la réforme du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, au sein duquel<br />

les organisations <strong>paysan</strong>nes seront désormais des participants à part entière. En outre, le<br />

FIDA appuie, par un don de 1,4 million d’USD, l’initiative de la FAO concernant la<br />

formulation de Directives volontaires sur la gouvernance responsable de la tenure des<br />

terres et des autres ressources naturelles. Les Directives volontaires visent à fournir aux<br />

gouvernements, à la société civile et au secteur privé des indications pratiques sur la<br />

gouvernance responsable des terres en tant que moyen de réduire la pauvreté et<br />

l’insécurité alimentaire.<br />

• Impact des partenariats. Pour les organisations <strong>paysan</strong>nes, les avantages sont notamment<br />

les suivants: renforcement des capacités de leurs membres; développement institutionnel;


plus grande cohésion et nombre accru de membres; multiplication des<br />

contacts avec les agriculteurs et les partenaires; et amélioration du<br />

dialogue avec les pouvoirs publics et les donateurs. Il existe également<br />

des avantages pour les projets financés par le FIDA: focalisation accrue<br />

sur les petits <strong>paysan</strong>s pauvres; meilleure compréhension de la pauvreté<br />

rurale; accès aux savoirs locaux et autochtones; exécution plus efficace; et<br />

meilleur impact sur la sécurité alimentaire.<br />

Pour conclure, Philippe Rémy a posé quatre questions concernant la voie<br />

à suivre:<br />

1. Comment trouver un second souffle dans notre collaboration en:<br />

• trouvant des solutions pour renforcer les partenariats, même dans des<br />

conditions difficiles?<br />

• tirant un meilleur parti des bonnes pratiques?<br />

• repensant le processus ascendant du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, spécialement entre<br />

les réunions mondiales?<br />

2. Comment trouver le juste équilibre entre les échelons régional et national:<br />

• pour le renforcement des capacités?<br />

• pour l’appui à l’implication dans la formulation des politiques?<br />

3. Comment renforcer notre dialogue et notre collaboration sur les grandes<br />

questions liées à l’action des pouvoirs publics, comme le changement<br />

climatique, la sécurité alimentaire et la gouvernance foncière?<br />

4. Comment évaluer conjointement l’impact de nos partenariats sur le<br />

terrain, et leur efficacité en matière de développement?<br />

“Un dialogue doit s’établir entre le<br />

FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes,<br />

mais cela n’est pas suffisant. Ce<br />

dialogue doit être institutionnalisé afin<br />

d’éviter qu’il ne se produise au cas par<br />

cas – un cadre d’ensemble afin que<br />

chacun participe à la prise de décision<br />

et au partage.”<br />

Elisabeth Atangana, PROPAC<br />

Après la présentation du rapport du FIDA, les participants se sont concentrés<br />

sur l’examen des méthodes qui permettraient à leurs organisations respectives<br />

et au FIDA de travailler plus efficacement ensemble. Les principaux points<br />

ressortant du débat en séance plénière sont résumés ci-après.<br />

• Institutionnalisation de la participation des organisations <strong>paysan</strong>nes “Je pense vraiment qu’il est important<br />

aux projets. De nombreux participants ont fait observer que, bien que que le FIDA facilite le processus<br />

l’on tende de plus en plus à associer les organisations de producteurs à préparatoire du <strong>Forum</strong> au sein des<br />

la conception des projets et des COSOP du FIDA, leur participation organisations <strong>paysan</strong>nes, parce qu’il<br />

n’est pas encore systématique. Les décisions sur le point de savoir quand est très frustrant d’arriver dans une<br />

et comment associer les organisations <strong>paysan</strong>nes, et lesquelles choisir enceinte où il est possible de<br />

parmi ces organisations, sont souvent prises au cas par cas par les promouvoir ses propres priorités sans<br />

pouvoirs publics. Des directives, des mécanismes et des conditions s’y être préparé; c’est pourquoi<br />

explicites ont été réclamés pour institutionnaliser leur participation aux l’élaboration d’un plan stratégique au<br />

opérations du FIDA; en outre, l’approche du FIDA consistant à associer<br />

niveau des <strong>paysan</strong>s prend beaucoup<br />

de temps et de ressources, et ce point<br />

les organisations <strong>paysan</strong>nes devrait être appliquée dans les projets<br />

est souvent négligé.”<br />

cofinancés avec d’autres donateurs.<br />

• Qualité de la participation. Il est important, pour garantir une véritable Ibrahima Coulibaly, CNOP-Mali<br />

efficacité du processus d’élaboration du COSOP, de veiller à ce que les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes disposent des ressources et du temps suffisants pour que leurs<br />

membres puissent débattre entre eux des problèmes et formuler leurs positions. À cet<br />

effet, le FIDA devrait apporter un soutien systématique aux organisations <strong>paysan</strong>nes afin<br />

qu’elles soient préparées à participer.<br />

• Le rôle des organisations <strong>paysan</strong>nes dans la totalité du cycle du projet. Le rôle des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes au-delà de la phase de conception des projets est jugé important<br />

pour s’assurer que les petits exploitants en tirent véritablement des avantages. Elisabeth<br />

27


Atangana a suggéré de réserver une partie du budget du projet aux organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

pour donner un exemple positif du soutien à leur participation tout au long du cycle du<br />

projet. Ajaykumar Manubhai Vashee a préconisé une méthode de S&E permettant aux<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes de participer, et a rappelé aux membres du <strong>Forum</strong> que le S&E a<br />

pour objectif de mesurer non seulement l’impact, mais aussi l’efficacité de l’exécution d’un<br />

projet, avec d’amples répercussions sur les investissements futurs.<br />

• Représentativité des organisations <strong>paysan</strong>nes. Un certain nombre de<br />

participants ont souligné la nécessité d’associer à la conception et à<br />

“Ce n’est pas sorcier, mais le suiviévaluation<br />

est un outil qui vous permet<br />

l’exécution des projets des organisations <strong>paysan</strong>nes authentiques et<br />

de mesurer quelque chose, et une représentatives, et non des organisations créées par les projets ou par les<br />

chose que vous pouvez mesurer est gouvernements. Plutôt que de voir les projets créer de nouvelles<br />

une chose que vous pouvez réparer. organisations, il conviendrait d’orienter les efforts vers le renforcement des<br />

Le plus important, pour moi, c’est qu’à organisations existantes et d’appuyer leur participation. La nécessité de<br />

plus long terme cet outil aidera aussi veiller à ce que les organisations <strong>paysan</strong>nes représentent et fassent participer<br />

les gouvernements nationaux à<br />

tous leurs membres, les femmes comme les hommes, a également été<br />

déterminer l’ordre de priorité de leurs soulignée.<br />

projets, parce qu’ils seront en mesure • Soutien direct aux organisations <strong>paysan</strong>nes. Poursuivre et amplifier le<br />

de voir ce qui marche et ce qui ne soutien direct du FIDA aux organisations <strong>paysan</strong>nes font partie, selon les<br />

marche pas.”<br />

participants, des actions essentielles à la garantie de leur autonomie vis-à-vis<br />

Ajaykumar Manubhai Vashee, IFAP<br />

des gouvernements et au renforcement de leur viabilité économique. Karen<br />

Serres, de la FIPA, a souligné la nécessité de développer, chez les <strong>paysan</strong>s, les<br />

capacités productives qui permettent l’augmentation des revenus.<br />

Les participants ont préconisé un renforcement des capacités dans divers domaines<br />

thématiques et techniques, comme l’accès au marché, la terre et la gouvernance des ressources<br />

naturelles. Il faut aussi, dans le même temps, soutenir les structures des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes pour s’assurer que les ressources des organisations régionales et nationales<br />

parviennent progressivement jusqu’aux organisations de base, selon le principe de subsidiarité.<br />

• Implication dans la formulation des politiques. On a observé qu’outre les ressources<br />

financières qu’il fournit le partenariat direct entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

entraîne la reconnaissance et la facilitation, par le gouvernement, de l’accès de ces<br />

organisations aux processus de concertation sur les politiques. Selon l’expression<br />

d’Elisabeth Atangana, “le FIDA a fait venir les organisations <strong>paysan</strong>nes sur le devant de la<br />

scène”. Plusieurs participants ont aussi relevé l’importance de l’appui à leur participation<br />

aux processus régionaux ou mondiaux d’élaboration des politiques. Les fédérations et les<br />

réseaux régionaux ont un rôle clé, qui est de représenter les agriculteurs dans les processus<br />

d’intégration régionale et les processus connexes de définition des politiques, et il est<br />

important, selon Philip Kiriro de la Fédération des agriculteurs d’Afrique orientale (EAFF),<br />

que le FIDA continue à les appuyer.<br />

28<br />

Les participants ont abordé plusieurs domaines dans lesquels le FIDA doit soutenir la<br />

participation des organisations <strong>paysan</strong>nes à la concertation sur les politiques – et surtout les<br />

questions liées au marché, à l’accès à la terre et à la gouvernance des ressources naturelles, et à<br />

la jeunesse.<br />

• Les questions liées au marché. Alberto Ercilio Broch, de CONTAG-Brésil, a rappelé aux<br />

participants que le secteur agro-industriel, et en particulier la présence de grandes sociétés<br />

multinationales dans les zones rurales, constitue un défi majeur pour les petits exploitants<br />

agricoles, et qu’il convient d’y faire face si l’on veut résoudre les problèmes de<br />

marginalisation et l’avenir de l’agriculture familiale. Il existe d’énormes écarts entre la<br />

rémunération perçue par les petits exploitants pour leurs produits et le prix payé par le


consommateur. Il faut trouver le moyen de faire apparaître ces questions<br />

dans le contexte du dialogue, étant donné qu’elles font partie intégrante<br />

de l’avenir des petits exploitants agricoles et de l’agriculture familiale.<br />

• L’accès à la terre et aux ressources naturelles. Les participants ont<br />

également évoqué le rôle des réseaux d’organisations <strong>paysan</strong>nes, qui<br />

contribuent à modeler la gouvernance des ressources naturelles.<br />

Plusieurs d’entre eux ont fait référence à la distorsion des politiques<br />

nationales, qui favorisent les investissements multinationaux à grande<br />

échelle aux dépens des intérêts des petits producteurs ruraux, et au rôle<br />

décisif que jouent les organisations <strong>paysan</strong>nes dans la défense des “Les grandes multinationales ont un<br />

moyens de subsistance ruraux.<br />

impact non seulement sur la terre,<br />

mais aussi sur l’eau. Au Pérou, nous<br />

• La jeunesse. Améliorer la rentabilité de l’agriculture est nécessaire pour<br />

avons des sociétés minières qui font<br />

attirer les jeunes ruraux – le caractère transversal de ce thème est apparu<br />

des forages pour puiser de l’eau et qui<br />

tout au long des débats. Parmi les domaines clés dans lesquels le FIDA<br />

utilisent aussi les eaux de surface. Les<br />

pourrait intervenir pour s’adresser à la jeunesse, les participants ont<br />

États sont intéressés par les bénéfices<br />

notamment cité: professionnaliser l’agriculture par le biais de la<br />

qui découlent des activités minières.<br />

formation, améliorer la durabilité des moyens de subsistance ruraux et<br />

Mais nous, les petits <strong>paysan</strong>s, n’avons<br />

de l’emploi rural, et garantir aux jeunes la sécurité de jouissance du sol et plus assez d’eau pour irriguer nos<br />

l’accès au crédit. George Dixon Fernandez, du Mouvement international champs. Il n’y a pas d’agriculture sans<br />

de la jeunesse agricole et rurale catholique (MIJARC), a souligné qu’une terre, mais il ne peut pas non plus y<br />

approche ciblant les jeunes ruraux devrait être intégrée dans la<br />

avoir d’agriculture sans eau.”<br />

conception de tous les projets du FIDA. Dans le cadre du processus du<br />

Lucila Quintana, JNC<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, un certain nombre de participants ont suggéré<br />

l’organisation d’une réunion spéciale de jeunes agriculteurs afin d’établir<br />

les grandes lignes des expériences acquises par les organisations dans la<br />

prise en compte des jeunes et de définir une stratégie commune destinée à la jeunesse.<br />

Germán Cartagena, de l’Union nationale des agriculteurs et éleveurs (UNAG), a suggéré<br />

que le FIDA et d’autres institutions de financement envisagent aussi l’élaboration d’une<br />

politique spécifique concernant la jeunesse.<br />

Le FIDA réagit aux débats en séance plénière<br />

Kevin Cleaver, Vice-Président adjoint, chargé des opérations, a formulé un certain nombre<br />

d’observations et de suggestions, en prenant pour base les questions soulevées au cours des<br />

débats en séance plénière. Les paragraphes ci-après sont extraits de sa réponse.<br />

“Ma réponse sera un peu provocatrice parce que je souhaite engager un débat. Je suis frappé,<br />

en entendant les déclarations des femmes, par l’extrême complexité de notre contexte. Il ne<br />

s’agit pas simplement de travaux agricoles et d’agriculture, mais aussi de politique sociale, de<br />

droit, d’éthique et d’économie. L’un des problèmes que nous rencontrons est que nous avons<br />

des objectifs multiples. Le résultat est un mélange plutôt compliqué. Si vous juxtaposez cela à<br />

la nature du FIDA – institution spécialisée des Nations Unies –, nous voilà face à un véritable<br />

casse-tête ne faisant pas seulement appel à nos compétences dans l’agriculture, mais aussi à<br />

des dimensions liées à l’éthique, au droit, etc.<br />

Maintenant, la question critique: vous souhaiteriez tous que nous apportions un appui beaucoup<br />

plus dynamique à la participation des groupes de <strong>paysan</strong>s et de femmes, avec différents niveaux<br />

de participation: un simple niveau de consultation, un deuxième niveau de conception des<br />

projets, un troisième pour leur mise en œuvre et enfin celui du suivi et de l’évaluation. C’est cela<br />

que nous voudrions voir se produire. Nous sommes tous sur la même longueur d’onde. Nous<br />

voulons grimper dans la hiérarchie des partenariats, et passer d’une invitation à une réception à<br />

une participation au suivi et à l’évaluation de nos actions. Et, dans certains pays, nous y<br />

parvenons…”<br />

29


30<br />

FIDA/Susan Beccio


IV. Réunions des groupes de<br />

travail régionaux: progrès réalisés<br />

et objectifs futurs des partenariats<br />

entre le FIDA et les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes aux niveaux national<br />

et régional<br />

La session 2010 du <strong>Forum</strong> a fait une large place à la discussion des questions opérationnelles<br />

au sein des groupes de travail régionaux. Les participants au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, ainsi que des<br />

membres du personnel de chacune des divisions régionales du FIDA, se sont répartis en cinq<br />

groupes régionaux pour examiner les progrès réalisés à ce jour à propos des partenariats entre<br />

le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes, et les objectifs futurs des partenariats aux niveaux<br />

national et régional. Les sections ci-après contiennent un résumé des débats de chacun des<br />

groupes de travail, ainsi qu’une synthèse des principaux points de discussion qui se sont<br />

dégagés au cours de la réunion plénière qui a suivi les réunions des groupes de travail.<br />

1. Afrique de l’Ouest et du Centre<br />

La réunion, présidée par le Directeur de la Division Afrique de l’Ouest et du Centre (WCA)<br />

du FIDA, a réuni des membres du personnel du FIDA travaillant dans la région, les<br />

dirigeants du ROPPA et de la PROPAC, des représentants des organisations nationales de<br />

<strong>paysan</strong>s dans la région, ainsi que des observateurs d’organisations gouvernementales et non<br />

gouvernementales. La séance a été introduite par Léopold Sarr, chargé de programme de<br />

pays du FIDA au sein de WCA, qui a proposé trois thèmes de discussion:<br />

1. Quel jugement les organisations <strong>paysan</strong>nes portent-elles sur leur partenariat avec le FIDA<br />

et, plus précisément, sur leur participation à la formulation des stratégies du FIDA<br />

(COSOP) et à l’exécution des projets?<br />

2. Quelle opinion ont-elles de l’appui du FIDA au renforcement de leurs capacités?<br />

3. Existe-t-il de nouveaux domaines qui ne soient pas encore couverts par les programmes en<br />

cours du FIDA et dans lesquels les organisations <strong>paysan</strong>nes souhaiteraient recevoir une aide?<br />

Participation des organisations <strong>paysan</strong>nes à la<br />

formulation des COSOP et à l’exécution des projets<br />

Les représentants des organisations <strong>paysan</strong>nes ont noté que<br />

d’importants progrès ont déjà été réalisés dans l’association<br />

de leurs organisations à la préparation des COSOP et à<br />

l’exécution des projets, mais que plusieurs contraintes sont<br />

encore insuffisamment prises en compte.<br />

• Capacités et ressources nécessaires à la participation.<br />

Les organisations <strong>paysan</strong>nes ont indiqué qu’elles ne sont<br />

pas familières de ces processus et qu’elles manquent<br />

souvent des capacités et des ressources nécessaires pour<br />

s’y préparer et être en mesure d’y participer sur un pied<br />

31


32<br />

d’égalité avec les autres parties prenantes. En outre, elles ont besoin de plus de temps<br />

pour parvenir à des consensus sur les positions à défendre. Ces processus ne prennent<br />

toutefois pas en compte ces exigences, et c’est généralement à la dernière minute que les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes sont invitées à participer. D’autre part, les autorités publiques<br />

peuvent aussi ne pas être familiarisées avec les processus participatifs, ce qui ne contribue<br />

pas à résoudre les difficultés spécifiques des organisations <strong>paysan</strong>nes.<br />

Le personnel du FIDA reconnaît que les règles régissant la conception des COSOP ne<br />

contiennent aucun mécanisme spécifique visant à faciliter la participation des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes en termes de temps ou de ressources financières. Les chargés de<br />

programme de pays ont toutefois fait état de plusieurs exemples positifs d’association des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes aux processus de conception, qui devraient contribuer à la<br />

définition des mécanismes appropriés. Au Mali, l’emploi des fonds du projet a facilité la<br />

participation d’organisations <strong>paysan</strong>nes. Au Burkina Faso et au Congo, plusieurs ateliers<br />

préparatoires ont été organisés afin d’aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à élaborer leurs<br />

propres positions à soumettre aux ateliers nationaux réunissant toutes les parties<br />

prenantes; en outre, de très nombreux échanges sont intervenus, par voie électronique,<br />

entre les organisations <strong>paysan</strong>nes et le FIDA au Burkina Faso. En Guinée, les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes participent à la conception des projets et à d’autres missions clés<br />

du FIDA. On a également noté que la participation d’un représentant d’une organisation<br />

<strong>paysan</strong>ne au processus d’amélioration de la qualité, comme ce fut le cas dans un projet<br />

récemment approuvé au Sénégal, peut avoir des résultats extrêmement positifs.<br />

• Représentativité. Les organisations <strong>paysan</strong>nes n’ont pas toutes le même degré<br />

d’organisation ni de représentativité. Dans certains pays, elles peuvent être très<br />

fragmentées, ou manquer de liaisons solides entre les échelons national et local, ou<br />

encore être des émanations des pouvoirs publics et ne pas être reconnues par les <strong>paysan</strong>s<br />

comme représentant véritablement leurs intérêts. La qualité du dialogue dépend aussi de<br />

la participation d’organisations représentatives et bien structurées.<br />

Recommandations. Le Directeur de la Division WCA a résumé les débats en déclarant que<br />

la Division doit institutionnaliser son dialogue avec les organisations <strong>paysan</strong>nes et l’adapter<br />

à leurs divers stades de développement dans les 24 pays relevant de la Division. À cet effet,<br />

a-t-il dit, i) conformément aux directives relatives aux COSOP, les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

doivent être associées à la formulation du COSOP; ii) des ressources financières doivent être<br />

mises à disposition pour faciliter leur participation à la formulation des COSOP et des<br />

projets, et cette participation doit être planifiée à l’avance; iii) les capacités des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes doivent être renforcées pour qu’elles puissent apporter une contribution efficace;<br />

iv) les organisations <strong>paysan</strong>nes doivent être représentées au sein des équipes de gestion des<br />

programmes de pays et des comités de pilotage des projets; et v) des réunions avec les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes doivent être systématiquement prévues dans le cadre de toutes les<br />

missions du FIDA. Il a également noté que leur participation doit être plus clairement<br />

définie dans le COSOP et les accords de financement et que, bien que leur participation au<br />

processus d’amélioration de la qualité doive se poursuivre, il est plus important encore<br />

d’assurer leur participation à la formulation des projets.<br />

Les organisations <strong>paysan</strong>nes ont elles aussi formulé un certain nombre de<br />

recommandations: i) planifier bien à l’avance le processus de formulation du COSOP ainsi<br />

que la participation des organisations <strong>paysan</strong>nes, afin que ces dernières disposent d’un délai<br />

suffisant pour organiser des consultations internes et établir des positions solides; ii)<br />

communiquer des informations sur le processus du COSOP à un large éventail<br />

d’organisations <strong>paysan</strong>nes pour s’assurer que l’accès à l’information n’est pas limité aux<br />

organisations non gouvernementales (ONG) soutenues par les pouvoirs publics; iii) faire en


sorte que des ressources financières puissent être mises à disposition des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes à titre de soutien direct au renforcement de leurs<br />

capacités de contribuer efficacement aux processus de conception; iv)<br />

veiller à une participation accrue des femmes, en particulier dans les<br />

comités de pilotage des projets; v) décrire les expériences positives en<br />

matière de partenariats entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes, les<br />

faire connaître et explorer les moyens de les reproduire; et vi) dans certains<br />

pays, développer les capacités des autorités publiques afin qu’elles<br />

comprennent mieux les processus participatifs et qu’elles soient capables de<br />

Mohamed Beavogui, Directeur de la Division<br />

nouer un véritable dialogue avec les organisations <strong>paysan</strong>nes. Il a<br />

Afrique de l’Ouest et du Centre du FIDA<br />

également été observé que l’inclusion systématique des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes dans les missions du FIDA (programme de visites) donnerait une visibilité accrue<br />

au partenariat et contribuerait à favoriser le dialogue entre les organisations <strong>paysan</strong>nes et les<br />

pouvoirs publics à propos de l’exécution du projet.<br />

Soutien du FIDA au renforcement des capacités<br />

• Dimension économique du renforcement des capacités. Tous les représentants des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes ont souligné que, bien qu’ils aient fait – avec quelques résultats<br />

positifs – tout leur possible pour développer leurs capacités de plaidoyer et de lobbying,<br />

leur priorité est maintenant de répondre à la demande de services économiques<br />

émanant de leurs membres pour les aider à s’intégrer dans des filières rentables, à avoir<br />

accès aux intrants et aux ressources financières, à commercialiser leur production, à créer<br />

de la valeur ajoutée par le biais de la transformation et à respecter les normes de qualité,<br />

entre autres. Ce programme exige, à son tour, un renforcement des capacités<br />

organisationnelles – par exemple, pour appuyer le développement des coopératives,<br />

organiser les achats collectifs d’intrants ou la commercialisation, et donner une forme<br />

juridique aux groupes informels. Des cas ont été cités où le FIDA continue à axer son<br />

soutien sur la production sans garantir l’accès aux marchés. Une autre préoccupation<br />

majeure tient à la nécessité, pour les organisations <strong>paysan</strong>nes, de générer leurs propres<br />

ressources afin de moins dépendre des sources de financement extérieures. Les liaisons<br />

entre le développement de la puissance économique et l’acquisition d’une légitimité et<br />

d’une crédibilité politiques ont également été soulignées.<br />

• Modalités de soutien. Selon les organisations <strong>paysan</strong>nes, la question des capacités doit être<br />

abordée simultanément aux niveaux régional et national, parce que leurs fonctions sont<br />

complémentaires. Elles estiment également que les formes classiques de soutien, axées sur<br />

l’assistance technique, ne sont pas toujours adaptées aux <strong>paysan</strong>s. En revanche, l’échange<br />

d’expériences entre <strong>paysan</strong>s, aussi bien Sud-Sud que Nord-Sud, est considéré comme une<br />

approche très efficace, à laquelle le FIDA pourrait apporter son soutien. Il a été fait référence<br />

à des expériences positives de développement des échanges avec les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

du Sénégal associées au Projet de services agricoles et organisations de producteurs (PSAOP),<br />

ainsi qu’entre des organisations <strong>paysan</strong>nes ouest-africaines et brésiliennes. La nécessité<br />

d’impliquer les fonctionnaires dans ces échanges d’expériences a également été soulignée.<br />

Les chargés de programme de pays du FIDA ont indiqué que les procédures du FIDA et/ou<br />

nationales peuvent empêcher les organisations <strong>paysan</strong>nes de conclure des contrats avec des<br />

prestataires de services. On a d’autre part noté que, dans les projets du FIDA, ce sont les<br />

budgets de formation qui ont les plus faibles taux de décaissement.<br />

Recommandations. Résumant les principales conclusions des débats, le Directeur de la<br />

Division WCA a reconnu que le FIDA devrait avoir pour priorité le renforcement de la<br />

33


34<br />

capacité des organisations <strong>paysan</strong>nes de produire davantage et mieux, et de transformer et<br />

de commercialiser leur production. Il a également indiqué que le soutien du FIDA doit être<br />

modulé suivant les différentes fonctions et priorités aux échelons local, régional et national,<br />

et que le meilleur moyen de renforcer les capacités consiste à promouvoir l’échange de<br />

savoirs et d’expériences, tant positives que négatives, avec des agriculteurs de la région et des<br />

agriculteurs d’autres continents. Il a souligné l’importance de la jeunesse comme force de<br />

modernisation du secteur de l’agriculture, et la nécessité d’investir dans les jeunes<br />

producteurs. Il a également recommandé que le FIDA révise ses propres procédures pour<br />

faciliter la passation de contrats par les organisations <strong>paysan</strong>nes, et que les projets cherchent<br />

à mieux adapter leur offre à la demande effective des organisations <strong>paysan</strong>nes, afin de<br />

parvenir à un meilleur taux de décaissement des budgets de formation.<br />

En outre, les représentants des organisations <strong>paysan</strong>nes ont insisté sur la nécessité de faire<br />

en sorte que les agricultrices tirent aussi parti des activités de renforcement des capacités. Il a<br />

également été recommandé que des fonds renouvelables destinés aux organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes soient inclus dans les projets du FIDA, afin de contribuer à la génération de<br />

ressources et à la réduction de la dépendance financière.<br />

Autres domaines dans lesquels il convient de renforcer le partenariat du FIDA avec les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

Les représentants des organisations <strong>paysan</strong>nes ont cité trois domaines prioritaires:<br />

• <strong>Forum</strong>s <strong>paysan</strong>s aux échelons régional et national. Des forums devraient être organisés,<br />

aux échelons régional et national, pour la préparation du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, et devraient être<br />

associés à d’autres parties prenantes du secteur.<br />

• Accaparement des terres. Les organisations <strong>paysan</strong>nes estiment urgentes les réponses à<br />

cette question parce que l’accaparement des terres met en jeu la stabilité de tout un pays.<br />

Il a été noté qu’à la suite de l’étude conduite par le FIDA, la FAO et l’Institut international<br />

pour l’environnement et le développement des Directives volontaires sont en cours<br />

d’élaboration à l’intention des investisseurs. Le Directeur de la Division WCA a confirmé<br />

que le FIDA était disposé à se tenir aux côtés des organisations <strong>paysan</strong>nes sur cette<br />

question.<br />

• Jeunesse et formation professionnelle. Il est indispensable de mettre en place, à<br />

l’intention des jeunes, des systèmes nationaux durables de formation professionnelle, qui<br />

doivent prendre en compte les initiatives <strong>paysan</strong>nes connexes, comme les universités<br />

<strong>paysan</strong>nes. Le Directeur de la Division WCA a affirmé que la participation du FIDA à la<br />

recherche d’une solution à cette question prioritaire serait examinée dans le cadre de la<br />

formulation des COSOP.<br />

L’un des membres du groupe de travail a ajouté qu’il avait été suggéré d’organiser, avant la<br />

prochaine réunion mondiale du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, des forums décentralisés qui garantiraient<br />

une appropriation à différents échelons régionaux et renforceraient le dialogue entre les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes, les autorités locales et les communautés économiques et<br />

commerciales locales.<br />

2. Afrique orientale et australe<br />

Cette réunion a été présidée par Ides de Willebois, Directeur de la Division Afrique<br />

orientale et australe (ESA), et animée par Benoît Thierry, chargé de programme de pays<br />

pour Madagascar et les Seychelles. Trois exposés ont été présentés au cours de la réunion de<br />

ce groupe de travail. Les deux premiers exposés ont abordé les progrès réalisés sur le plan<br />

des partenariats entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes à l’échelon national dans le<br />

cadre d’un don (Réseau national des groupements d’agriculteurs – MVIWATA, République-<br />

Unie de Tanzanie) et d’un prêt (Projet d’appui au renforcement des organisations


professionnelles et aux services agricoles – AROPA,<br />

Madagascar). La troisième intervention a présenté les<br />

progrès réalisés en termes de concertation sur les politiques<br />

publiques dans le cadre du Programme d’appui aux<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes africaines (SFOAP) (don aux<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes faîtières d’Afrique).<br />

Exposé sur le MVIWATA (République-Unie de Tanzanie)<br />

Steven Ruvuga a présenté le projet MVIWATA (2009-2012),<br />

dont il est le coordonnateur au cours des trois années de son<br />

exécution. Le projet est axé sur le renforcement des capacités<br />

des groupes de <strong>paysan</strong>s en vue d’obtenir un meilleur impact<br />

sur la planification et la mise en œuvre, à l’échelon national,<br />

de l’approche sectorielle de l’agriculture (A-SWAp). Il a pour objectifs: i) la formation des<br />

dirigeants et des groupements <strong>paysan</strong>s; ii) l’établissement de liens avec les décideurs; et iii)<br />

le renforcement des groupes et des réseaux locaux dans le contexte de l’aménagement des<br />

districts et de la mise en œuvre de l’A-SWAp. Le projet a notamment permis de faire évoluer<br />

la mentalité des <strong>paysan</strong>s, avec un passage d’une attitude passive à une attitude active vis-à-vis<br />

de l’aménagement des districts et de l’exécution; de multiplier les partenariats et d’accroître<br />

le dialogue à tous les échelons, y compris celui des comités du système de suivi des dépenses<br />

publiques; d’accroître la participation des <strong>paysan</strong>s aux comités; et de constituer des réseaux<br />

de <strong>paysan</strong>s.<br />

Tout en soulignant l’efficience du projet, l’exposé a aussi mis en évidence les deux<br />

structures mentales qui en ont freiné le progrès: les services publics décident de tout sans<br />

consulter les <strong>paysan</strong>s; et le gouvernement doit faire des choses pour eux, d’où l’importance<br />

des engagements à long terme. Steven Ruvuga a également insisté sur le rôle que peuvent<br />

jouer les organisations <strong>paysan</strong>nes faîtières dans l’offre aux groupements <strong>paysan</strong>s de base<br />

d’un soutien en matière de renforcement des capacités.<br />

Exposé sur l’AROPA (Madagascar)<br />

Solofo Andrianjafimahatratra, Président de la Chambre d’agriculture de Madagascar, a<br />

présenté les activités du projet AROPA, soutenu par le FIDA, et décrit le processus qui avait<br />

abouti à ce projet et à l’accord de prêt. Le partenariat entre le FIDA et les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes a débuté bien avant la conception de l’AROPA, par un petit don et une<br />

participation des organisations <strong>paysan</strong>nes à la formulation du COSOP. Ce capital<br />

d’amorçage a contribué à l’ouverture d’un dialogue entre les organisations <strong>paysan</strong>nes, qui a<br />

mis en évidence l’importance d’une organisation faîtière unique couvrant l’ensemble de ces<br />

organisations. Le dialogue entre l’organisation faîtière et le gouvernement a abouti au projet<br />

AROPA, d’un montant total de 20 millions d’USD sur une période de dix ans. Le projet<br />

fournit des services aux organisations <strong>paysan</strong>nes à tous les niveaux, depuis la base jusqu’à<br />

l’organisation faîtière, mais également à la Chambre d’agriculture.<br />

Les centres de services agricoles (CSA), mis en place par les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

faîtières, ont pour objectif de pallier l’absence de services agricoles destinés aux <strong>paysan</strong>s. Les<br />

CSA permettent d’établir un lien entre les agriculteurs, les intermédiaires et les opérateurs. Ils<br />

ont entrepris une consultation avec les organisations <strong>paysan</strong>nes, mais aussi avec des<br />

agriculteurs n’appartenant pas à ces organisations.<br />

Du point de vue de l’AROPA, les éléments essentiels au succès du partenariat sont:<br />

• un soutien à l’organisation d’élections nationales conduisant à une meilleure<br />

représentation et à une légitimité accrue des dirigeants des organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

faîtières et de la Chambre d’agriculture;<br />

35


36<br />

• un soutien institutionnel et un renforcement des services du Ministère de l’agriculture<br />

pour améliorer l’ancrage et la coordination des activités de soutien aux organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes; et<br />

• un soutien à moyen terme (dix ans) aux organisations <strong>paysan</strong>nes pour la mise en<br />

œuvre des politiques et stratégies.<br />

Du point de vue des organisations <strong>paysan</strong>nes, les éléments clés sont les suivants:<br />

• l’augmentation du financement direct des initiatives prises par les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes;<br />

• le renforcement de la gestion des savoirs en matière de développement agricole<br />

pertinent pour les organisations <strong>paysan</strong>nes; et<br />

• la promotion de dirigeants <strong>paysan</strong>s, spécialement parmi les femmes et les jeunes.<br />

Exposé sur le SFOAP<br />

Doug Taylor-Freeme, Président de la Confédération des syndicats agricoles d’Afrique australe<br />

(SACAU), a présenté le Programme d’appui aux organisations <strong>paysan</strong>nes africaines<br />

(SFOAP), un programme triennal lancé en novembre 2009 grâce à un important don de<br />

l’Union européenne (5 millions d’euros) et à un soutien du FIDA d’un montant de<br />

1,5 million d’USD. La demande de financement par un don a abouti à un programme<br />

quadriennal (2009-2012) couvrant 36 organisations <strong>paysan</strong>nes à l’échelon national, quatre<br />

réseaux régionaux et une plate-forme panafricaine. Le SFOAP a pour objectifs principaux<br />

l’autonomisation des organisations <strong>paysan</strong>nes grâce au renforcement de leurs capacités par<br />

l’intermédiaire des organisations <strong>paysan</strong>nes régionales, et le renforcement du rôle joué par<br />

les organisations <strong>paysan</strong>nes dans l’élaboration des politiques et des programmes. Les trois<br />

quarts des composantes du programme sont consacrés au développement institutionnel, le<br />

dernier quart concernant la participation aux processus d’élaboration des politiques.<br />

Les résultats ci-après ont été obtenus au cours de la première année (2009) du programme:<br />

• capacité organisationnelle accrue: six organisations <strong>paysan</strong>nes ont créé des bureaux<br />

permanents, 14 organisations prévoient le recrutement de nouveaux administrateurs;<br />

une formation a déjà été assurée dans les domaines de la gestion de projet et de la<br />

comptabilité;<br />

• amélioration des relations avec les membres: le soutien aux organes directeurs des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes, et notamment l’élaboration de textes statutaires et la tenue de<br />

réunions statutaires, a contribué à améliorer les structures institutionnelles; la<br />

communication et la transparence se sont accrues entre les plates-formes des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes nationales et leurs membres; et<br />

• concertation sur les politiques: la plus grande partie du programme sera consacrée au<br />

développement d’activités en 2010 (une grande étude sur la concurrence pour la terre,<br />

par exemple, est en cours de réalisation par la SACAU et sera à l’ordre du jour de la<br />

conférence sur les politiques les 29 et 30 mars).<br />

Recommandations. Ces trois exposés ont fait clairement apparaître que les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes peuvent jouer un rôle pilote dans l’élaboration de programmes fondés sur leurs<br />

besoins. Le débat qui a suivi ces présentations a été axé sur la détermination des moyens<br />

appropriés pour une meilleure collaboration entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes et<br />

sur la formulation de recommandations concrètes. Les recommandations adressées au FIDA<br />

sont les suivantes:<br />

• promouvoir un dialogue sans exclusive entre les pouvoirs publics, les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes et la société civile (ONG);<br />

• faire participer les organisations <strong>paysan</strong>nes aux équipes de gestion des programmes de<br />

pays du FIDA (concertation sur les politiques);


• faire participer les organisations <strong>paysan</strong>nes aux équipes de conception des COSOP et<br />

des projets;<br />

• associer les organisations <strong>paysan</strong>nes à l’exécution et à la supervision des projets; et<br />

• aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à fournir davantage de services commerciaux à leurs<br />

membres.<br />

3. Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe centrale<br />

et orientale<br />

Présidé par Nadim Khouri, Directeur de la Division Proche-<br />

Orient et Afrique du Nord (NEN), le groupe de travail était<br />

composé de représentants de l’Arménie, de la Jordanie, du<br />

Maroc, du Soudan et de la Tunisie, ainsi que d’organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes internationales. Des membres de la Division NEN<br />

et d’autres membres du personnel du FIDA étaient<br />

également présents.<br />

La première partie de la réunion du groupe de travail a été<br />

consacrée à une présentation du travail du FIDA dans la région;<br />

le programme comporte 43 projets en cours dans 16 pays, pour<br />

des montants de 600 millions d’USD sous forme de prêts et de 26 millions d’USD sous forme<br />

de dons. Les principaux domaines thématiques d’intervention du programme du FIDA dans la<br />

région sont:<br />

• la gestion des ressources naturelles (terre et eau);<br />

• l’augmentation de la production et de la productivité agricoles;<br />

• le développement rural communautaire et de zone;<br />

• les activités génératrices de revenus; et<br />

• les services financiers ruraux.<br />

En Europe centrale et orientale et dans les nouveaux États indépendants, les projets financés<br />

par le FIDA concernent les domaines thématiques suivants:<br />

• les services financiers ruraux;<br />

• les filières commerciales pour les petits exploitants ruraux (gestion de la filière<br />

d’approvisionnement);<br />

• l’économie rurale non agricole par le soutien aux petites et moyennes entreprises; et<br />

• les infrastructures d’inspiration commerciale.<br />

L’exposé contenait des exemples de collaboration entre le FIDA et les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes au cours de la période 2008-2009, notamment dans les domaines de la<br />

formulation des stratégies de pays, la conception et l’exécution des projets et le renforcement<br />

des capacités.<br />

À la suite de cette présentation, le groupe de travail a débattu des progrès réalisés dans la<br />

collaboration entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes, et a pris note du programme de<br />

travail du FIDA pour les trois prochaines années. Les organisations <strong>paysan</strong>nes ont établi la<br />

liste suivante des domaines prioritaires pour elles-mêmes et leurs membres:<br />

• amélioration de l’accès à la finance rurale;<br />

• soutien à la commercialisation et à l’accès aux marchés;<br />

• accentuation de la valeur ajoutée dans l’agriculture et gestion de la chaîne de valeur;<br />

• amélioration de la gestion de l’eau et de l’accès aux ressources en eau;<br />

• adaptation au changement climatique;<br />

• appui aux organisations de femmes et amélioration de l’accès direct des femmes aux<br />

ressources naturelles et financières;<br />

37


38<br />

• association de la jeunesse rurale et amélioration des possibilités d’emploi dans<br />

l’agriculture; et<br />

• amélioration de l’environnement porteur et des systèmes de gouvernance pour les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes privilégiant leurs membres.<br />

Au cours du débat, un certain nombre d’enseignements se sont dégagés de la collaboration<br />

en cours:<br />

• Les organisations <strong>paysan</strong>nes peuvent influencer les politiques des pouvoirs publics en<br />

matière de gestion des ressources naturelles, et le partenariat entre le FIDA et les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes peut contribuer efficacement à l’amélioration/à la formulation<br />

des politiques et stratégies nationales.<br />

• Les syndicats <strong>paysan</strong>s et les organisations <strong>paysan</strong>nes nationales sont souvent dominés<br />

par les défenseurs des intérêts des gros exploitants (ou des zones agricoles les plus<br />

riches) et doivent faire un effort pour s’adapter aux besoins des petits <strong>paysan</strong>s pauvres<br />

des zones marginales.<br />

Le FIDA a écouté les recommandations formulées par les organisations <strong>paysan</strong>nes et<br />

examiné les possibilités de coopération future. Les recommandations étaient les suivantes:<br />

• définir des programmes et des projets spécifiques se prêtant à une collaboration, en<br />

prenant en compte les succès antérieurs et en adaptant les innovations techniques et<br />

institutionnelles à la région, au pays ou au site spécifique;<br />

• faire fond sur les institutions existantes ayant fait leurs preuves et dont le système de<br />

gouvernance est à la fois adaptable et autonome (ne dépendant pas du<br />

projet), afin de garantir la durabilité;<br />

• veiller à ce que les futurs programmes prennent en compte les besoins<br />

des femmes et des jeunes, dans la mesure du possible grâce à un<br />

financement par des dons;<br />

• collaborer avec les réseaux d’organisations <strong>paysan</strong>nes et les soutenir,<br />

en renforçant leurs capacités et en favorisant le partage des savoirs et<br />

l’accès à l’information;<br />

• veiller à l’inclusion des petits exploitants agricoles;<br />

Nadim Khouri, Directeur de la Division<br />

• veiller à ce que les organisations <strong>paysan</strong>nes collaborant aux projets<br />

Proche-Orient et Afrique du Nord<br />

financés par le FIDA soient gérées par leurs membres et représentatives<br />

des <strong>paysan</strong>s;<br />

• travailler avec différents types d’organisations <strong>paysan</strong>nes (organisations informelles, de<br />

pasteurs, de pêcheurs), et pas seulement celles qui sont soutenues par l’État;<br />

• évaluer diverses possibilités d’enregistrement (par exemple, sous la forme<br />

d’associations professionnelles) pour éviter l’étiquetage politique ou les interférences<br />

politiques; et<br />

• chercher à faire en sorte que le cadre réglementaire général favorise les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes gérées par leurs membres, à but non lucratif et reposant sur l’autoassistance.<br />

Le FIDA s’est engagé à continuer de rechercher la participation des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes dans les pays suivants: l’Arménie (en mettant l’accent sur l’appui aux études de<br />

marché et aux systèmes d’information des <strong>paysan</strong>s basés sur le Web); la République arabe<br />

syrienne (en mettant l’accent sur le renforcement des capacités et sur les fonds de<br />

développement pour les associations de gardiens de troupeaux); l’Azerbaïdjan et la<br />

République de Moldova (en mettant l’accent sur le soutien aux associations d’usagers de<br />

l’eau et de producteurs); et la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et le Soudan (en matière de<br />

conception et d’exécution des projets).<br />

Les participants se sont engagés à explorer les possibilités d’un soutien institutionnel aux


organisations <strong>paysan</strong>nes en rapport avec les activités spécifiques aux pays mentionnées cidessus,<br />

et d’un soutien pour leur permettre d’améliorer leur gouvernance, afin de s’assurer<br />

que tous les petits exploitants agricoles sont pris en compte et de renforcer les capacités des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes pour qu’elles puissent répondre à leurs besoins. Les participants ont<br />

aussi convenu de chercher à accroître la participation des organisations <strong>paysan</strong>nes des<br />

régions Proche-Orient et Afrique du Nord et Europe centrale et orientale et nouveaux États<br />

indépendants à de futures manifestations, afin que la voix des <strong>paysan</strong>s de ces régions puisse<br />

être entendue dans ces enceintes.<br />

4. Amérique latine et Caraïbes<br />

C’est Mme Josephina Stubbs, Directrice de la Division<br />

Amérique latine et Caraïbes, qui a présidé la réunion à<br />

laquelle ont participé des membres du personnel du FIDA<br />

travaillant dans la région, des dirigeants des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes régionales et nationales, et des observateurs<br />

d’organisations gouvernementales et non gouvernementales.<br />

L’allocution d’introduction a été prononcée par Paolo Silveri,<br />

chargé de programme de pays du FIDA dans la région<br />

Amérique latine et Caraïbes, qui a proposé d’articuler le<br />

débat autour de deux dimensions principales: la dimension<br />

du projet et la dimension politique. Les participants ont formulé des recommandations<br />

reflétant les deux dimensions dans lesquelles ils dialoguent avec le FIDA. Les<br />

recommandations adressées au FIDA sont les suivantes:<br />

Au niveau du projet (par le biais des prêts accordés aux gouvernements)<br />

• Le FIDA devrait trouver des formes viables de consultation efficace avec les<br />

organisations à deux moments particuliers – au cours de l’élaboration du COSOP et<br />

pendant la conception du projet – en veillant constamment à la participation active<br />

des femmes et des jeunes au processus de consultation.<br />

• Le FIDA devrait promouvoir le renforcement des capacités, en donnant la priorité aux<br />

femmes et aux jeunes, avec un double objectif: fournir les capacités nécessaires à<br />

l’exécution du projet (l’assistance technique, par exemple); et améliorer la capacité de<br />

plaidoyer des organisations dans le contexte de la concertation sur les politiques.<br />

• Par le biais des projets, le FIDA devrait soutenir l’accès des producteurs familiaux aux<br />

ressources prioritaires, notamment la terre, l’eau, la finance et les technologies.<br />

• Par le biais des projets, le FIDA devrait faciliter le respect des normes, phytosanitaires<br />

ou autres, afin d’assurer aux producteurs familiaux l’accès aux marchés et le maintien<br />

sur ces marchés (en particulier les marchés institutionnels).<br />

• Le FIDA devrait améliorer l’efficience des retraits et d’autres procédures administratives<br />

et poursuivre l’assignation directe des fonds aux organisations.<br />

Au niveau des politiques (dons aux gouvernements et/ou aux organisations)<br />

• Appuyer, en tant que partenaire, les organisations <strong>paysan</strong>nes à mesure qu’elles<br />

introduisent et installent dans le dialogue politique l’idée selon laquelle l’agriculture<br />

familiale contribue effectivement à la sécurité alimentaire;<br />

• appuyer, grâce à des dons, les organisations qui encouragent le dialogue politique avec<br />

les pouvoirs publics. Ces dons devraient en particulier privilégier les organisations qui<br />

consolident une égale participation des femmes et des jeunes;<br />

• soutenir, par le biais d’initiatives en cours ou nouvelles, les actions de plaidoyer des<br />

organisations auprès des pouvoirs publics, en vue d’influer sur le pourcentage du budget<br />

national alloué à l’agriculture familiale et afin d’assurer la mise en œuvre adéquate des<br />

39


40<br />

politiques publiques nationales ou, lorsqu’elles existent, des politiques régionales;<br />

• garantir la participation pleine et active des organisations de producteurs familiaux,<br />

aussi bien ceux qui sont engagés dans l’agriculture et l’élevage que ceux pratiquant la<br />

pêche traditionnelle locale (“pesca artesanal”), le tourisme agricole, l’agriculture<br />

biologique, la production artisanale, ainsi que les ouvriers agricoles;<br />

• promouvoir la participation des organisations <strong>paysan</strong>nes aux processus politiques,<br />

spécialement lorsqu’ils concernent les positions nationales dans le contexte des<br />

négociations commerciales internationales; et<br />

• continuer de soutenir, parmi les initiatives en cours, celles qui ont réussi à renforcer le<br />

dialogue politique entre les organisations <strong>paysan</strong>nes et les pouvoirs publics.<br />

Une préoccupation a été exprimée, en séance plénière, à propos de l’extension du soutien à<br />

l’accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne, au-delà des Caraïbes,<br />

au reste de l’Amérique latine. Il a été suggéré, à cet égard, que le FIDA continue d’apporter<br />

un soutien au suivi de l’APE dans le cadre de la Communauté des Caraïbes. Un représentant<br />

de La Via Campesina a ajouté que son organisation n’était pas favorable à l’APE entre<br />

l’Union européenne et l’Amérique centrale.<br />

5. Asie et Pacifique<br />

La réunion, présidée par Thomas Elhaut, Directeur de la<br />

Division Asie et Pacifique du FIDA, a bénéficié de la<br />

participation de membres du personnel du FIDA travaillant<br />

dans la région, de représentants des organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

régionales et nationales, et d’observateurs d’organisations<br />

gouvernementales et non gouvernementales. Dans son<br />

introduction, Sana Jatta, chargé de programme de pays du<br />

FIDA, a proposé deux thèmes de discussion: les partenariats<br />

entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes; et les progrès<br />

réalisés dans le cadre du programme de coopération à<br />

moyen terme pour le renforcement des capacités des organisations <strong>paysan</strong>nes en Asie.<br />

S’agissant des partenariats, le groupe de travail a noté que la participation des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes aux consultations s’est certes accrue, mais que la qualité de la participation à ces<br />

consultations et à d’autres projets du FIDA doit être renforcée. Les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

peuvent assumer des responsabilités plus importantes dans le cadre de leur participation. Dans<br />

les projets du FIDA incluant une composante consacrée aux organisations <strong>paysan</strong>nes, cette<br />

composante peut être prise en charge par des organisations <strong>paysan</strong>nes partenaires et des ONG,<br />

qui peuvent participer au projet sur un pied d’égalité avec les pouvoirs publics. Les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes participant à un projet peuvent aussi conserver leurs propres activités<br />

d’apprentissage de savoirs et de commercialisation. Elles ont toutefois besoin d’un soutien<br />

pour l’exécution des activités. Il a également été noté que le FIDA devrait conserver une<br />

certaine souplesse dans la conception des projets, afin que les activités du projet répondent aux<br />

besoins réels des agriculteurs. Il conviendrait, à cet égard, d’associer davantage les pêcheurs aux<br />

consultations, de prêter une attention accrue aux nuances dans les catégories sectorielles (par<br />

exemple, les femmes au Népal) et de mettre fortement l’accent sur les jeunes agriculteurs.<br />

De l’avis du groupe de travail, l’autonomisation des organisations <strong>paysan</strong>nes a pour effet<br />

de leur permettre de mener des activités de vulgarisation répondant aux demandes des<br />

agriculteurs, de se lancer dans des entreprises à base agricole (surtout les jeunes), d’exprimer<br />

clairement leurs opinions et de s’assurer du soutien des pouvoirs publics.<br />

Le débat a ensuite porté sur les progrès réalisés dans le cadre du programme de<br />

coopération à moyen terme, décrit comme une “version asiatique du processus ascendant du


<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>”, en phase pilote dans dix pays d’Asie du Sud et du Sud-est et en Chine.<br />

Plusieurs exemples de ces progrès ont été présentés:<br />

• Des contrats ont été signés en décembre 2009 par le Bureau régional de la FAO pour<br />

l’Asie et le Pacifique.<br />

• En Asie du Sud, la mise en œuvre a démarré, et les crédits sont arrivés.<br />

• En Asie du Sud-est, la phase de recrutement prévue dans le cadre du programme<br />

régional a débuté; on espère que le coordonnateur sera en fonction d’ici à mars 2010.<br />

Le groupe de travail a souligné que le programme doit être impulsé par les <strong>paysan</strong>s et avoir<br />

une portée inclusive par l’intermédiaire de comités d’orientation régionaux et sousrégionaux<br />

composés d’organisations <strong>paysan</strong>nes. Le groupe a également insisté sur la<br />

nécessité d’une forte représentation des femmes.<br />

La question de la place des ONG dans ce programme a été évoquée en séance plénière.<br />

Estrella Penunia Banzuela a expliqué que les groupes de soutien jouent un rôle très<br />

important et cité un certain nombre d’activités prévues par le programme de coopération à<br />

moyen terme – établissement du profil et cartographie des groupements <strong>paysan</strong>s, recherche<br />

sur les grandes orientations, renforcement des capacités – pour lesquelles un appui des ONG<br />

pourrait s’avérer nécessaire. Toutefois, a-t-elle souligné, les décisions quant au type de<br />

soutien requis et au fournisseur de ce soutien seront prises par les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

membres des comités d’orientation aux échelons national, sous-régional et régional.<br />

41


42<br />

FIDA/Pablo Corral Vega


V. Discussions thématiques<br />

(groupes régionaux)<br />

Dans la matinée du mardi, les participants au <strong>Forum</strong> se sont répartis en<br />

quatre groupes régionaux pour débattre des questions ou problèmes<br />

principaux se rattachant à l’un des quatre thèmes suivants: i) le rôle des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes dans le développement des filières et les moyens<br />

de reproduire les succès (Afrique de l’Ouest et du Centre); ii) comment<br />

promouvoir l’accès aux marchés des petits exploitants agricoles (Afrique<br />

orientale et australe); iii) les politiques et l’agriculture familiale: politiques<br />

et programmes d’investissements différenciés pour l’agriculture <strong>paysan</strong>ne<br />

(Amérique latine et Caraïbes); et iv) comment promouvoir la sécurité<br />

alimentaire et l’agriculture <strong>paysan</strong>ne dans un contexte de concurrence<br />

croissante pour la terre et d’autres ressources naturelles (Asie et Pacifique).<br />

Les groupes ont également été invités à mettre l’accent, au cours de leurs<br />

débats, sur leurs attentes vis-à-vis du FIDA. Les principaux points abordés et<br />

les recommandations issues de chacun des groupes thématiques ont été<br />

présentés à la réunion plénière et sont résumés dans les paragraphes ci-après.<br />

1. Le rôle des organisations <strong>paysan</strong>nes dans le<br />

développement des filières et les moyens de reproduire les<br />

succès (Afrique de l’Ouest et du Centre)<br />

Le Directeur de la Division WCA du FIDA, le Président et le Secrétaire<br />

général du ROPPA, des représentants d’organisations <strong>paysan</strong>nes nationales,<br />

des chargés de programme de pays du FIDA et des observateurs<br />

d’organisations gouvernementales et non gouvernementales ont participé à cette réunion.<br />

Dans son introduction, Norman Messer, chargé de programme de pays du FIDA, a soulevé<br />

plusieurs questions:<br />

• Renforcement des capacités: comment pouvons-nous concilier la nécessité d’obtenir<br />

rapidement des résultats et de mettre les organisations <strong>paysan</strong>nes en mesure de se<br />

rattacher aux marchés déjà organisés, d’une part, et les différentes exigences<br />

temporelles liées au renforcement des capacités des groupements <strong>paysan</strong>s, en<br />

particulier les plus pauvres, d’autre part?<br />

• Formes juridiques: quelles sont les formes juridiques les plus appropriées pour les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes?<br />

• Types d’intervention: quelles sont les meilleures formes de soutien à apporter à<br />

l’intégration des <strong>paysan</strong>s dans les filières – les microprojets ciblant les <strong>paysan</strong>s sont-ils<br />

appropriés ou serait-il préférable que les projets ciblent un plus large éventail de<br />

parties prenantes au sein d’une filière?<br />

• Cibler les groupes vulnérables: comment faire en sorte que les <strong>paysan</strong>s pauvres<br />

puissent aussi bénéficier d’une approche reposant sur les filières?<br />

• Gouvernance: quel type de gouvernance faut-il promouvoir pour les filières et quel<br />

rôle des organisations <strong>paysan</strong>nes doivent-elles y jouer?<br />

“Certains professionnels des filières<br />

ont un important pouvoir de<br />

négociation, ce qui constitue leur<br />

arme principale, mais un petit<br />

exploitant agricole ne dispose pas des<br />

mêmes capacités. L’une des questions<br />

à prendre en compte dans la filière est<br />

celle de la nécessité de doter les petits<br />

exploitants agricoles d’une réelle<br />

capacité de négociation.”<br />

King-David Amoah, FONG<br />

43


44<br />

Les représentants des organisations <strong>paysan</strong>nes ont manifesté un souci commun, celui de<br />

veiller à ce que la participation aux filières ne se fasse pas aux dépens de la diversification<br />

des cultures, qui constitue la principale stratégie adoptée par les petits exploitants pour<br />

minimiser le risque. Ils ont cité plusieurs exemples de projets ayant incité les agriculteurs à<br />

concentrer leurs efforts sur une seule culture de rente, ce qui les a poussés à négliger leurs<br />

cultures vivrières et les a privés en fin de compte de revenus, parce qu’il n’y avait pas de<br />

marché ou parce qu’ils avaient dû vendre leur production à un prix peu élevé. Des exemples<br />

plus positifs ont également été cités, où l’intégration des petits exploitants dans les filières<br />

leur a ouvert un accès au marché et s’est traduite par une augmentation des revenus et de la<br />

sécurité alimentaire. Plusieurs ONG ont fait observer que lorsque l’approche basée sur les<br />

filières n’a pas donné de résultats positifs, il faut en attribuer la cause au manque de pouvoir<br />

de marché des <strong>paysan</strong>s et à leur faible capacité de négociation avec les commerçants. La<br />

réponse à ce déséquilibre de pouvoir et de ressources ne doit pas être le rejet des filières, qui<br />

modèlent l’accès aux marchés, mais plutôt le renforcement des organisations <strong>paysan</strong>nes afin<br />

qu’elles soient mieux intégrées à la filière, depuis la fourniture des intrants jusqu’à la<br />

commercialisation, le développement des formes collectives de commercialisation et de<br />

contrats, et l’amélioration de leur position dans les négociations avec les négociants et les<br />

autres parties prenantes. Les organisations <strong>paysan</strong>nes ont recommandé, de manière générale,<br />

qu’un soutien soit apporté aux petits exploitants pour la participation aux filières et pour le<br />

renforcement de leurs organisations pour leur donner accès à des marchés rentables, tout en<br />

préservant la diversification et en choisissant les filières pouvant avoir des effets positifs sur<br />

leurs autres productions.<br />

Les organisations <strong>paysan</strong>nes ont également souligné que, alors que la participation aux<br />

négociations sur les filières exige des organisations spécialisées, elles sont organisées en<br />

plates-formes globales couvrant toutes les activités agricoles. Elles ont insisté sur la nécessité<br />

de centrer les efforts sur le renforcement des capacités des plates-formes <strong>paysan</strong>nes plutôt<br />

que sur la création d’organisations spécialisées, parce que les plates-formes émanant des<br />

<strong>paysan</strong>s eux-mêmes sont capables de renforcer leurs capacités par le maintien de la<br />

cohésion, et qu’elles rendent mieux compte des préoccupations des petits exploitants. Elles<br />

ont débattu des avantages de l’interprofessionnalité comme moyen de regrouper toutes les<br />

parties prenantes d’une filière et de faciliter la négociation entre les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

et les autres acteurs de la filière. Plusieurs représentants d’organisations <strong>paysan</strong>nes ont<br />

estimé que ce modèle leur avait été imposé alors même qu’elles n’avaient pas encore acquis<br />

une force suffisante pour dialoguer avec les autres parties prenantes, les empêchant de tirer<br />

des avantages concrets de leur participation aux groupements interprofessionnels. Un<br />

exemple positif observé en Tunisie a toutefois été cité: des plates-formes locales de pêcheurs<br />

se sont groupées pour renforcer leur pouvoir au sein de la filière et obtenir une plus grande<br />

part de la valeur ajoutée le long de la filière.<br />

Le Directeur de la Division WCA a confirmé que le FIDA était prêt à soutenir le<br />

renforcement des capacités et l’expansion des plates-formes afin de leur donner les moyens de<br />

mieux négocier avec les acteurs de la filière, de retirer des avantages accrus de leur<br />

participation à des groupes interprofessionnels et d’accroître les recettes des petits exploitants.<br />

Il a invité, en conclusion de la réunion, les organisations <strong>paysan</strong>nes à aider le FIDA à<br />

concevoir de bons programmes.<br />

Plusieurs participants au groupe de travail ont réitéré la nécessité de renforcer le pouvoir et<br />

les capacités des petits exploitants, en particulier du point de vue organisationnel, afin que les<br />

petits exploitants puissent exprimer leur avis, par exemple, sur la formation des prix. On a<br />

également mentionné que les petits exploitants doivent être en mesure de diversifier leur<br />

production, de s’industrialiser et de vendre sur d’autres marchés.


2. Comment promouvoir l’accès aux marchés des petits exploitants agricoles<br />

(Afrique orientale et australe)<br />

Cette réunion a été présidée par Ides de Willebois, Directeur de la Division ESA du FIDA, et<br />

animée par Benoît Thierry, chargé de programme de pays pour Madagascar et les Seychelles.<br />

Deux exposés ont été présentés en ouverture, l’un concernant l’Association nationale des<br />

petits agriculteurs du Malawi (NASFAM) et l’autre présenté par un économiste régional de la<br />

Division ESA. Ces deux exposés sont résumés ci-après.<br />

Présentation de NASFAM (Malawi) par Alice Kachere (Présidente du<br />

Conseil d’administration de NASFAM)<br />

NASFAM, la plus importante organisation <strong>paysan</strong>ne du Malawi, a démarré<br />

en 1994, sous la forme d’un projet connu sous le nom de projet de<br />

développement des agro-industries par les petits exploitants, et a été<br />

juridiquement enregistrée en 1998. Cet exposé a montré comment<br />

NASFAM peut fournir à ses membres divers services économiques:<br />

organiser le secteur des petits exploitants; donner aux petits exploitants<br />

agricoles de meilleures capacités d’accéder aux marchés; développer la<br />

participation des petits exploitants agricoles aux marchés; et influer sur la<br />

Alice Kachere, NASFAM<br />

détermination des prix sur le marché intérieur, entre autres. L’exposé a<br />

également présenté la commercialisation comme une véritable activité pour les petits<br />

exploitants, en donnant comme exemple concret le marché du commerce équitable des<br />

arachides, à propos duquel NASFAM s’intéresse: i) à la recherche et au développement de la<br />

production; ii) à la formation en matière d’agronomie et de techniques post-récolte; iii)<br />

aux essais relatifs à la contamination par l’aflatoxine d’échantillons prélevés sur le terrain et<br />

en entrepôt; et iv) l’échantillonnage et les essais ultérieurs des produits avant leur mise en<br />

conteneurs et leur expédition.<br />

L’exposé s’est achevé par un inventaire des points qui n’ont pas encore été abordés,<br />

parmi lesquels : i) renforcer les capacités des petits exploitants agricoles en matière de<br />

production; ii) faire progresser les petits agriculteurs vers l’aval de la filière (valeur ajoutée);<br />

iii) faire en sorte que l’accès au marché ne supplante pas la protection du marché;<br />

iv) élaborer et gérer des outils et des structures pour la commercialisation (entrepôts, par<br />

exemple); v) fournir un accès aux services financiers et commerciaux; et vi) soutenir les<br />

formes participatives d’élaboration ou de formulation et de mise en oeuvre des politiques.<br />

Les questions soulevées au cours du débat qui a suivi la présentation portaient<br />

principalement sur le programme de subventions publiques aux intrants agricoles et<br />

visaient à déterminer si le programme de subventions apporte des avantages aux<br />

agriculteurs au niveau local. Malgré son coût élevé, le programme a contribué à réduire la<br />

faim parmi les <strong>paysan</strong>s pauvres.<br />

Exposé de Geoffrey Livingstone, économiste régional de la Division ESA<br />

L’exposé portait principalement sur les questions relatives à la manière de promouvoir<br />

l’accès aux marchés des petits exploitants agricoles, et sur les raisons de l’échec fréquent des<br />

associations de commercialisation agricole. Les raisons recensées sont multiples: volatilité<br />

des prix des produits, difficultés de la manutention post-récolte et contrôle de la qualité.<br />

L’orateur a souligné que le problème tient bien plus à des faiblesses organisationnelles qu’à<br />

des problèmes techniques.<br />

Les causes sous-jacentes de cette défaillance organisationnelle se rattachent au fait que les<br />

coopératives sont souvent impulsées par les projets et que les agriculteurs ne sont pas<br />

suffisamment consultés au préalable. Dans la plupart des cas, les responsables des<br />

coopératives de commercialisation n’entament des discussions avec les agriculteurs que<br />

45


46<br />

longtemps après l’établissement des coopératives. Une fois les coopératives mises en place,<br />

on ne prête généralement que peu d’attention à l’éducation, l’information et la formation en<br />

rapport avec le projet. Cela se traduit par une compréhension extrêmement faible des droits,<br />

obligations et avantages de l’appartenance à l’association. En conséquence, les membres de<br />

l’association ne manifestent à son égard qu’un très faible sens d’appropriation, de sorte que<br />

ces associations comprennent mal la dynamique du marché d’une filière donnée, qu’elles<br />

connaissent peu la situation financière des coopératives, qu’il existe une coupure entre les<br />

membres ordinaires et le comité de gestion, et qu’un manque de confiance entoure les<br />

transactions commerciales.<br />

Plusieurs suggestions ont été formulées quant à la voie à suivre:<br />

• reconnaître que les agriculteurs sont des entrepreneurs;<br />

• assurer l’enseignement et la formation en vue des possibilités de commercialisation;<br />

• développer les associations aux premiers stades du développement des filières;<br />

• assurer la formation concernant les services financiers et les implications de l’obtention<br />

d’un prêt auprès d’une banque commerciale;<br />

• affecter à l’association, sur une base semi-permanente, un formateur en matière<br />

coopérative; et<br />

• veiller à une bonne gouvernance institutionnelle au sein de l’association et aux liaisons<br />

entre les membres et la direction.<br />

Les débats qui ont suivi les présentations ont tourné autour de trois questions:<br />

• À quels défis les petits exploitants agricoles doivent-ils faire face lorsqu’ils cherchent à<br />

s’assurer d’un accès aux marchés?<br />

• Comment ces défis peuvent-ils être relevés et quel est le rôle des organisations <strong>paysan</strong>nes?<br />

• Que peut faire le FIDA en termes de partenariat avec les organisations <strong>paysan</strong>nes pour<br />

soutenir l’accès aux marchés des petits exploitants en général et des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes en particulier?<br />

À quels défis les petits exploitants agricoles doivent-ils faire face lorsqu’ils cherchent<br />

à s’assurer d’un accès aux marchés?<br />

Quatre principaux problèmes ont été recensés: infrastructure rurale; information de marché;<br />

autonomie des agriculteurs; et absence de mouvement coopératif en Afrique orientale et<br />

australe. Il a été suggéré que, pour chercher à les résoudre, le FIDA<br />

“L’avenir appartient à ceux qui sont investisse dans les routes de desserte et d’autres infrastructures rurales<br />

organisés.”<br />

comme les marchés, les installations de stockage et les entrepôts réfrigérés,<br />

Philip Kiriro, EAFF<br />

à l’intention des petits exploitants, mais aussi de leurs organisations. Le<br />

FIDA pourrait fournir des capitaux de démarrage pour permettre aux<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes au niveau national d’assurer des bénéfices<br />

tangibles à leurs membres. Pour ce qui concerne l’information de marché,<br />

il a été recommandé que le FIDA apporte un soutien à des centres<br />

d’information et mette au point des systèmes d’information utilisant de<br />

nouvelles technologies par le biais, par exemple, de connexions mobiles.<br />

Les agriculteurs étant souvent dispersés sur l’ensemble du territoire, le<br />

FIDA pourrait aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à se réunir autour de<br />

produits de base/cultures spécifiques, créant ainsi des possibilités de<br />

commercialisation collective. Enfin, les associations étant souvent créées<br />

par les pouvoirs publics et sur la base de cultures spécifiques, il a été suggéré que le FIDA<br />

oriente ses interventions de manière à autonomiser les agriculteurs pour qu’ils puissent créer<br />

leurs propres structures. Recréer un mouvement coopératif dans la région et reconstruire<br />

l’image des fermes coopératives pourraient contribuer à relever ce défi particulier.


Comment ces défis peuvent-ils être relevés et quel est le rôle des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes?<br />

Le groupe de travail a retenu quelques suggestions que le FIDA pourrait suivre pour relever<br />

ces défis:<br />

• créer des plates-formes d’échange entre vendeurs et acheteurs le long de la filière afin<br />

de sensibiliser les agriculteurs aux possibilités de commercialisation, ce qui<br />

contribuera à faire coïncider l’offre et la demande;<br />

• développer des centres d’affaires;<br />

• encourager les échanges transfrontaliers;<br />

• renforcer le marché des prestataires de services; et<br />

• aider les organisations <strong>paysan</strong>nes nationales à fournir des services économiques à<br />

leurs membres.<br />

Que peut faire le FIDA en termes de partenariat avec les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

pour soutenir l’accès aux marchés des petits exploitants en général et des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes en particulier?<br />

Il a été noté, au cours du débat, que jusqu’en 2004 ESA n’était guère informée de l’existence<br />

d’organisations <strong>paysan</strong>nes faîtières dans la région, alors même que certaines organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes avaient été créées en 1946 (la Fédération nationale des producteurs agricoles du<br />

Kenya [KENFAP], par exemple). En fait, on trouve dans la région Afrique orientale et australe<br />

un large éventail d’organisations de producteurs créées autour d’un produit (associations de<br />

producteurs de café, par exemple) et/ou plus généralement sous la forme d’organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes. Il a été suggéré que le FIDA consacre une attention accrue au développement de<br />

son travail avec les organisations <strong>paysan</strong>nes au niveau des pays.<br />

Le groupe de travail a formulé les cinq recommandations suivantes à l’intention du FIDA:<br />

• jouer le rôle d’intermédiaire pour contribuer à associer les organisations <strong>paysan</strong>nes aux<br />

grands programmes dirigés par les pouvoirs publics, comme l’A-SWAp en République-<br />

Unie de Tanzanie;<br />

• contribuer à structurer et à promouvoir l’indépendance financière des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes au niveau national afin qu’elles offrent des services économiques à leurs<br />

membres;<br />

• travailler avec les organisations <strong>paysan</strong>nes à la réduction des risques associés à la<br />

commercialisation – en favorisant, par exemple, une assurance contre les risques du<br />

marché adaptable à leurs besoins;<br />

• œuvrer en faveur de la décentralisation du financement, étant donné que les flux de<br />

fonds vont du centre vers les régions;<br />

• soutenir le développement de la capacité de plaidoyer des organisations <strong>paysan</strong>nes.<br />

Les membres du groupe de travail ont formulé un certain nombre d’observations après la<br />

présentation de la synthèse en séance plénière. La relation entre les petits exploitants agricoles et<br />

les entreprises agroalimentaires doit être facilitée par des politiques volontaristes des pouvoirs<br />

publics. Laisser cette relation au marché ne constitue pas une solution à cause des économies<br />

d’échelle. Cela ramène à la nécessité d’organisations <strong>paysan</strong>nes solides et d’un espace de<br />

plaidoyer dans le cadre des politiques. En outre, le renforcement de la prestation de services ne<br />

devrait pas être limité aux organisations <strong>paysan</strong>nes. D’autres prestataires de services – services<br />

publics de vulgarisation, recherche, groupes au sein du secteur privé – sont tout aussi<br />

importants. L’idée est de rechercher un juste équilibre qui permette aux agriculteurs d’avoir accès<br />

aux marchés et de produire efficacement pour les marchés. À cet égard, les marchés régionaux<br />

ne doivent pas être sous-estimés. Les possibilités d’échanges transfrontaliers doivent toutefois<br />

être mieux comprises par les petits agriculteurs afin qu’ils puissent participer au processus.<br />

47


48<br />

Les relations entre sociétés multinationales et petits agriculteurs ont aussi été évoquées.<br />

Une approche positive de ce type de relations peut impliquer qu’une société multinationale<br />

développe une activité à grande échelle et à forte valeur ajoutée pour un produit spécifique,<br />

et que les agriculteurs en assurent la production. Une telle<br />

approche doit cependant comporter une véritable<br />

consultation entre l’industrie de transformation et les<br />

agriculteurs, y compris les femmes. De plus, les agriculteurs<br />

ne doivent pas être consultés individuellement, mais plutôt<br />

par l’intermédiaire de leurs organisations, dont la voix<br />

pèse davantage.<br />

3. Les politiques et l’agriculture familiale: politiques<br />

et programmes d’investissements différenciés pour<br />

l’agriculture <strong>paysan</strong>ne (Amérique latine et Caraïbes)<br />

La réunion s’est tenue en présence du Directeur de la<br />

Division Amérique latine et Caraïbes du FIDA, de<br />

représentants de la REAF du MERCOSUR et d’organisations <strong>paysan</strong>nes nationales, des<br />

chargés de programme de pays du FIDA, ainsi que d’observateurs d’organisations<br />

gouvernementales et non gouvernementales.<br />

Un exposé sur la REAF, présenté par Paolo Silveri, a servi d’introduction.<br />

Le MERCOSUR, composé de quatre membres à part entière (Argentine, Brésil, Paraguay,<br />

Uruguay), de deux membres associés (État plurinational de Bolivie, Chili) et d’un pays<br />

candidat à une adhésion pleine et entière (République bolivarienne du Venezuela), est un<br />

marché commun régional où les convergences politiques se renforcent.<br />

Les exploitations pratiquant une agriculture familiale représentent approximativement<br />

85% du total des exploitations – agriculture et élevage – de la région. La superficie moyenne<br />

d’une exploitation familiale est de 25 hectares, et environ 60% de la population rurale<br />

travaille sur cette catégorie d’exploitations. L’agriculture familiale représente 35% de la<br />

production primaire, et environ 65% des produits alimentaires consommés dans la région<br />

en proviennent.<br />

Le processus de la REAF a été lancé à l’initiative d’un pays membre (le Brésil) appuyé à<br />

l’origine par l’Argentine. La création de la REAF répondait à deux objectifs essentiels:<br />

i) faciliter les échanges; et ii) créer un espace de convergence pour des politiques<br />

différenciées. Un fonds régional du MERCOSUR a été créé par les gouvernements des pays<br />

membres afin d’assurer la continuité du processus pendant une période initiale de cinq ans<br />

(2010-2015); son objectif est de faciliter la pérennité du processus et la prise de conscience,<br />

aux échelons des pays et du MERCOSUR, que la concertation sur les politiques entre les<br />

pouvoirs publics et la société civile est possible et qu’elle peut être efficace. Un ordre du jour<br />

permanent a été adopté, plaçant l’agriculture familiale parmi les priorités de l’action des<br />

pouvoirs publics au niveau des pays et du MERCOSUR. La COPROFAM coordonne les<br />

principales organisations représentatives de l’agriculture familiale dans ces pays, et un réseau<br />

de contacts régionaux a été mis en place pour soutenir le processus.<br />

Le processus a déjà plusieurs résultats à son actif, dont les principaux sont des<br />

changements dans les structures régionales des pouvoirs publics visant à une mise en œuvre<br />

adéquate de politiques différenciées en matière d’agriculture familiale (en Argentine et en<br />

Uruguay), et la création de programmes régionaux: un programme régional de formation<br />

destiné à la jeunesse rurale, déjà appliqué, et un programme régional sur l’égalité hommesfemmes,<br />

en cours d’exécution.<br />

Au cours du débat qui a suivi la présentation de cet exposé, il a été reconnu que, dans le<br />

domaine de la concertation sur les politiques, la REAF constituait une expérience efficace du


point de vue de l’élaboration des politiques publiques, ainsi que de l’organisation de<br />

rencontres entre les gouvernements et les organisations de la société civile, dans leurs pays<br />

respectifs, puis dans l’espace régional du MERCOSUR. Elle offre la possibilité de concevoir et<br />

de mettre en œuvre des politiques publiques différenciées pour le secteur de l’agriculture<br />

familiale. Elle a donné une visibilité à l’agriculture familiale, à divers points de vue: besoins<br />

spécifiques (pour les politiques différenciées) et potentiel économique (offre de marchés<br />

intérieurs), social (sécurité alimentaire, colonisation rurale) et environnemental<br />

(biodiversité). La REAF a aussi contribué à faire naître la confiance entre les<br />

pouvoirs publics et les organisations du secteur de l’agriculture familiale, “Nous pouvons demeurer autonomes<br />

avec des changements dans les modalités d’interaction entre les parties. par rapport aux gouvernements; la<br />

Il a également été fait référence à un processus semblable en cours en REAF crée un important espace pour<br />

Amérique centrale – le Programme régional de dialogue rural, créé dans le un dialogue efficace, sans cooptation<br />

contexte du traité de libre-échange entre l’Amérique centrale et la<br />

par les gouvernements.”<br />

République dominicaine – à propos duquel les mêmes observations ont été Alessandra Da Costa Lunas Santos,<br />

formulées au sujet de l’impact sur la concertation sur les politiques et la<br />

COPROFAM<br />

participation des organisations <strong>paysan</strong>nes. Le programme a permis<br />

d’intégrer au sein des instances régionales les organisations du secteur de l’agriculture<br />

familiale; il a souligné l’importance de ce secteur et de ses organisations pour la sécurité<br />

alimentaire régionale.<br />

Les participants à la réunion ont mis en évidence un certain nombre de problèmes:<br />

• Aucun résultat de fond n’a encore été atteint en matière d’intégration des échanges et<br />

d’intégration de politiques différenciées dans les politiques macroéconomiques à<br />

l’échelon des pays.<br />

• Les réalisations du processus de concertation sur les politiques doivent être plus<br />

efficacement portées à la connaissance de la société civile.<br />

• Il faut que les changements d’orientations et les<br />

changements institutionnels se traduisent davantage par<br />

des investissements importants (publics et privés) en<br />

faveur de l’agriculture familiale.<br />

• Les engagements pris par les gouvernements doivent être<br />

mieux intégrés aux politiques nationales pour garantir la<br />

pérennité des résultats atteints par le processus.<br />

4. Comment promouvoir la sécurité alimentaire et<br />

l’agriculture <strong>paysan</strong>ne dans un contexte de<br />

concurrence croissante pour la terre et d’autres<br />

ressources naturelles (Asie et Pacifique)<br />

Cette séance a réuni des représentants d’une quinzaine d’organisations <strong>paysan</strong>nes de la région<br />

ainsi que d’organisations régionales/mondiales d’agriculteurs et de producteurs actives dans<br />

la région. Thomas Elhaut, Directeur de la Division Asie et Pacifique du FIDA, un certain<br />

nombre de chargés de programme de pays du FIDA dans la région et d’autres partenaires<br />

intéressés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du FIDA, étaient également présents. La réunion a<br />

été présidée par Sana F.K. Jatta, chargé de programme de pays et coordonnateur des<br />

partenariats du FIDA avec les organisations <strong>paysan</strong>nes dans la région Asie et Pacifique.<br />

La projection d’un documentaire vidéo sur les luttes menées par certaines communautés<br />

<strong>paysan</strong>nes pour leur terre a attiré l’attention des participants sur les expériences des <strong>paysan</strong>s<br />

sumilao et negros et sur les enseignements tirés de leur campagne en faveur de la mise en<br />

œuvre intégrale des dispositions de la loi relative à l’extension du programme global de<br />

réforme agraire, récemment promulguée aux Philippines. Le documentaire a montré<br />

49


50<br />

comment une société civile forte et bien coordonnée et une mobilisation de masse ont<br />

réussi à protéger de la conversion certaines terres irrigables de la communauté sumilao<br />

malgré l’action de puissants intérêts commerciaux privés qui persécutent parfois<br />

impunément les <strong>paysan</strong>s.<br />

La présentation des conclusions préliminaires d’une étude, actuellement menée par la<br />

Coalition internationale pour l’accès à la terre et le FIDA, sur les investissements en rapport<br />

avec la terre en Asie a fourni une vue d’ensemble du phénomène en cours. On observe, en<br />

particulier, que le contexte régional est caractérisé par un déclin des dépenses publiques dans<br />

le secteur de l’agriculture, associé à une réduction de l’aide au développement outre-mer. Les<br />

exemples du Pakistan, de la Malaisie, de l’Inde et de l’Indonésie, entre autres, montrent que<br />

cette tendance s’est traduite par un déficit d’investissements que de nombreux gouvernements<br />

s’efforcent de combler par des investissements privés (locaux et étrangers). Comme l’a<br />

démontré la hausse des investissements étrangers directs en Asie (souvent de caractère<br />

intrarégional), cette situation rend les terres agricoles de plus en plus vulnérables à<br />

l’exploitation commerciale par d’autres secteurs – ceux du tourisme et de l’énergie, par<br />

exemple. De multiples impacts négatifs ont été relevés par l’étude qui met en évidence, parmi<br />

les plus importants, le fait que les terres ciblées par les investisseurs privés sont très souvent<br />

déjà occupées, ce qui ouvre la porte à des conflits, au déplacement de <strong>paysan</strong>s et à la privation<br />

de moyens de subsistance. Les effets incluent également des impacts environnementaux qui<br />

peuvent avoir des conséquences négatives si les investisseurs ne prennent pas les précautions<br />

requises. Dans certaines régions d’Asie, ce problème est particulièrement crucial parce que<br />

certains investissements, comme ceux consacrés à l’extension à grande échelle des plantations<br />

de palmiers à huile dans certains pays, auraient provoqué une déforestation.<br />

Les débats en séance plénière ont fait apparaître des problèmes et des défis particuliers,<br />

résumés ci-après.<br />

Mise en œuvre des lois et politiques en vigueur: on a noté que, dans de nombreux pays<br />

d’Asie, la réforme agraire existe bien dans les politiques et la législation nationales, mais<br />

qu’il arrive souvent qu’elle ne soit pas appliquée, ou qu’elle le soit de manière inadéquate.<br />

Des représentants d’organisations <strong>paysan</strong>nes ont cité plusieurs cas où il existe une législation<br />

appropriée dans un certain nombre de domaines clés dans leurs pays, comme la<br />

conservation des terres agricoles, mais où le suivi de l’application de ces textes est<br />

insuffisant. En outre, les entreprises privées étrangères sont parfois autorisées – voire invitées<br />

– à réaliser des investissements fonciers pour pratiquer des cultures de rente, créant ainsi des<br />

déséquilibres qui compromettent directement la capacité des agriculteurs locaux de produire<br />

suffisamment de vivres pour répondre à la demande locale. Il a par conséquent été<br />

recommandé qu’une nouvelle réforme agraire soit adoptée, en s’inspirant de modèles mis en<br />

œuvre avec succès dans des pays d’Asie comme le Japon et la République de Corée.<br />

Manque de cohérence des politiques à l’intérieur des pays: parmi les cas de conflits<br />

entre les orientations, on a observé des situations où, d’une part, il existe un fort<br />

engagement en faveur de la préservation de la forêt mais où, d’autre part, de vastes<br />

superficies de terres forestières sont vendues à des investisseurs étrangers à des fins<br />

commerciales. Des conflits du même ordre existent dans certains pays entre la législation<br />

sur l’extraction minière, souvent pratiquée par de grandes sociétés, et les lois sur la<br />

réforme agraire qui sont censées encourager un meilleur accès des populations<br />

autochtones à leurs espaces domaniaux ancestraux.<br />

Relations commerciales internationales: certains participants ont exprimé leur<br />

préoccupation quant à l’inégalité des relations de pouvoir entre les acteurs de l’économie de<br />

marché aux échelons mondial et national, qui rend ces marchés inefficaces et non


concurrentiels. L’un des participants s’est même dit préoccupé par le risque d’une apparente<br />

“colonisation impérialiste” des terres agricoles des pays en développement par des sociétés<br />

transnationales qui encouragent l’utilisation de pesticides et autres produits chimiques<br />

potentiellement dangereux, ainsi que la culture de plantes génétiquement modifiées pour<br />

réaliser des bénéfices rapides.<br />

Agriculture <strong>paysan</strong>ne et inégalité des relations de pouvoir: il a été réaffirmé que les<br />

petits <strong>paysan</strong>s peuvent produire suffisamment de vivres pour répondre à la demande<br />

locale. Il a été noté, en conséquence, qu’il faudrait mettre l’accent sur l’autonomisation<br />

des agriculteurs, et spécialement des petits <strong>paysan</strong>s, pour qu’ils soient en mesure de<br />

négocier sur un pied d’égalité avec des intérêts économiques puissants (grandes sociétés et<br />

pouvoirs publics) désireux d’avoir accès à leurs terres pour accroître la production<br />

alimentaire et leurs revenus. La question est donc de savoir comment établir des<br />

partenariats triplement gagnants avec des investisseurs dans le secteur de la production<br />

agricole par le biais de modèles opérationnels conçus de manière appropriée pour<br />

protéger les intérêts des <strong>paysan</strong>s.<br />

Souveraineté alimentaire: de nombreux participants ont demandé que les agriculteurs<br />

obtiennent la maîtrise du processus de production vivrière. Certains participants estiment en<br />

particulier que la pratique des monocultures devrait être découragée et remplacée par des<br />

systèmes d’exploitation diversifiés incluant des pratiques telles que l’agriculture biologique.<br />

Rôle des gouvernements nationaux: il a été noté que de nombreux investissements de<br />

grande ampleur ne peuvent pas être réalisés sans le soutien des pouvoirs publics. Il convient<br />

par conséquent de mener des actions de plaidoyer auprès des gouvernements afin qu’ils<br />

jouent, de manière responsable, un rôle pilote dans les investissements agricoles plutôt que<br />

de laisser le secteur privé national ou les investisseurs étrangers directs usurper ce rôle.<br />

Politiques agricoles: dans plusieurs pays, les politiques de protection des <strong>paysan</strong>s auraient<br />

été réduites par la suppression des subventions qui leur étaient accordées, ce qui a rendu<br />

beaucoup plus difficile l’augmentation de la production agricole, spécialement lorsque cela<br />

va de pair avec de faibles investissements publics dans le secteur agricole. Dans certains pays,<br />

l’autosuffisance alimentaire est mise en péril par la trop grande importance accordée à<br />

l’agriculture axée sur les exportations.<br />

Terres côtières: dans certains pays, spécialement ceux ayant une longue façade maritime, les<br />

terres côtières sont ciblées par des sociétés privées en vue d’une exploitation commerciale,<br />

par exemple pour la culture de canne à sucre. Certains des exemples cités auraient eu un<br />

impact négatif sur les moyens de subsistance des pêcheurs vivant dans les zones concernées.<br />

Coexistence de l’agriculture <strong>paysan</strong>ne et de l’agriculture commerciale: malgré l’aversion<br />

que certaines personnes manifestent à l’égard des grandes sociétés internationales, des<br />

industries agroalimentaires et de la monoculture, les débats de la session ont mis en<br />

évidence la nécessité de faciliter la coexistence des deux modèles de production afin qu’ils<br />

puissent se renforcer mutuellement.<br />

Les participants ont notamment recommandé:<br />

• une politique mondiale de réglementation des grands investissements fonciers, et<br />

notamment le parachèvement et la mise en œuvre effective des Directives volontaires<br />

partant de la base, dont l’initiative a été prise par la FAO;<br />

• un système de production agricole fondé sur la protection de la biodiversité et de<br />

l’environnement et sur l’autonomisation des communautés agricoles rurales en tant<br />

que partenaires et parties prenantes sur un pied d’égalité;<br />

51


• une participation des organisations <strong>paysan</strong>nes à tous les stades du<br />

processus décisionnel, conduisant à des lois et réglementations qui<br />

protégeront les droits d’accès<br />

à la terre;<br />

• une coopération Sud-Sud, en particulier entre les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes, venant s’ajouter à la coopération Nord-Sud, qui peut être<br />

facilitée par le biais du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>;<br />

• un effort supplémentaire de conception et de mise en œuvre, entre<br />

agriculteurs et grands investisseurs, de différents modèles de<br />

“Je voudrais très sincèrement<br />

partenariat susceptibles de déboucher sur une situation gagnant-<br />

remercier le FIDA pour l’organisation<br />

gagnant;<br />

du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>. Je participe à un<br />

• un soutien à un code mondial de conduite pour les investisseurs<br />

grand nombre de réunions<br />

dans le secteur de l’agriculture pour éviter que des investisseurs sans<br />

internationales à travers le monde, et<br />

scrupules, peu nombreux, ne profitent de la situation dans des pays<br />

celle-ci me frappe agréablement par la où les systèmes de gouvernance foncière ne sont pas solides.<br />

qualité du débat et par celle des<br />

personnes qui y participent... et par<br />

Le représentant de la FAO, Paul Mathieu, a annoncé la publication<br />

l’importance accordée aux petits<br />

d’une étude parrainée conjointement par la FAO, le FIDA, l’Institut<br />

exploitants plutôt qu’aux processus de international pour l’environnement et le développement et l’Agence<br />

concentration des terres, qui en<br />

suisse de développement et de coopération, dans laquelle sont analysés<br />

accroissant les superficies des<br />

divers types d’arrangements de coopération entre d’importants<br />

exploitations réduisent en même<br />

investisseurs et des petits exploitants locaux, comme les diverses formes<br />

temps le nombre d’exploitants.”<br />

d’agriculture sous contrat, les entreprises conjointes, les contrats de<br />

gestion et les nouvelles relations et les nouveaux partenariats au sein des<br />

Andre Leu, IFOAM<br />

filières. Il a été reconnu, parmi les principales conclusions de l’étude,<br />

qu’aucun de ces modèles ne peut être considéré comme l’unique solution. Le contexte est<br />

fondamental, et les négociations sont fortement caractérisées par des asymétries de<br />

pouvoir entre les investisseurs, les pouvoirs publics à l’échelon local ou central, et les<br />

agriculteurs locaux.<br />

Le rapport relève deux conditions préalables fondamentales qui doivent être remplies<br />

pour qu’un modèle quelconque d’investissement en partenariat soit équitable: la symétrie<br />

dans l’accès à l’information, et la sûreté des droits fonciers des pauvres. Étant donné que<br />

la gouvernance foncière, plutôt que les acquisitions de terres en elles-mêmes, joue un rôle<br />

central indispensable à la réussite d’un partenariat gagnant-gagnant, la FAO a entrepris<br />

l’élaboration d’un ensemble de Directives volontaires sur la gouvernance responsable de la<br />

tenure des terres et des autres ressources naturelles, dans le cadre d’un processus<br />

entièrement consultatif avec une forte participation d’organisations de la société civile.<br />

En conclusion, Thomas Elhaut a souligné l’importance du rôle des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes dans la recherche de réponses aux défis posés par les grands investissements<br />

fonciers des sociétés et des investisseurs privés. Il a encouragé les représentants des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes à demeurer vigilants dans la mise en œuvre de grands<br />

investissements fonciers dans leurs pays, mais aussi à continuer, de manière constructive, à<br />

faire participer les investisseurs, en qualité de partenaires égaux, au profit des <strong>paysan</strong>s<br />

membres. Il a confirmé la disposition du FIDA à faciliter la poursuite de consultations sur<br />

les grands investissements fonciers au cours de l’année 2010 et au-delà. Ces consultations<br />

auront pour base les conclusions de l’étude en cours commanditée par la Coalition<br />

internationale pour l’accès à la terre, avec le soutien de la Division Asie et Pacifique du<br />

FIDA, et portant sur les pressions commerciales exercées sur la terre dans un certain<br />

nombre de pays de la région.<br />

52


54<br />

FIDA/Susan Beccio


VI. Synthèse des délibérations<br />

Synthèse<br />

À la fin des débats en séance plénière, une synthèse des délibérations<br />

a été rédigée et soumise aux participants au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, à la<br />

Direction du FIDA et aux représentants des États membres présents<br />

à cette séance finale. C’était la première fois que les gouvernements<br />

des pays membres étaient invités à participer à cette séance du<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>.<br />

La synthèse a été entérinée par le comité de pilotage du <strong>Forum</strong><br />

<strong>paysan</strong> et par les représentants des organisations <strong>paysan</strong>nes. C’est<br />

Alphonsine Nguba Ngiengo, de la Confédération <strong>paysan</strong>ne du Congo<br />

(COPACO-PRP), membre du comité de pilotage du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, qui<br />

en a donné lecture en séance plénière du Conseil des gouverneurs du<br />

FIDA, le 17 février. Cette synthèse est présentée ci-dessous in extenso.<br />

Synthèse des délibérations de la troisième réunion mondiale du<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, organisée en marge de la trente-troisième session<br />

du Conseil des gouverneurs du FIDA 15-16 février 2010<br />

Excellences, Mesdames et Messieurs les Gouverneurs du FIDA,<br />

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,<br />

Nous, les participants au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, représentant des millions de petits et moyens<br />

agriculteurs, éleveurs et pêcheurs artisanaux, avons travaillé au cours des quatre derniers jours,<br />

dans le cadre de la troisième réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> au FIDA, et avons approuvé la synthèse<br />

ci-après de nos délibérations.<br />

Depuis la précédente réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> il y a deux ans, le monde a connu des crises<br />

multiples, aggravées par la récession mondiale et le changement climatique. Ceux qui sont<br />

pauvres et souffrent de la faim sont aujourd’hui plus nombreux. Nous voulons souligner les<br />

paroles prononcées par le Président du FIDA à l’ouverture de notre forum, qui a déclaré que ces<br />

crises “attirent l’attention du monde sur l’importance du développement de l’agriculture en tant<br />

que source de croissance économique et de stabilité politique... Les investissements dans le<br />

développement rural et une attention sérieuse portée au rôle que jouent les ruraux pauvres,<br />

hommes et femmes, dans la croissance agricole, et en particulier le rôle des petits exploitants à<br />

travers le monde, doivent être au cœur des politiques gouvernementales et de leurs agendas<br />

pour le développement.” Nous reconnaissons le rôle significatif de l’agriculture familiale dans le<br />

monde, et nous apportons notre soutien à la campagne pour la proclamation, par les Nations<br />

Unies, d’une année internationale de l’agriculture familiale.<br />

Nous assistons partout à travers le monde à une compétition croissante pour la terre et l’eau,<br />

avec une concentration croissante des terres et des acquisitions foncières à grande échelle par<br />

des entreprises transnationales et les élites locales. Ces pratiques ont pour résultat que des<br />

communautés rurales se voient exclues de l’accès à la terre et à l’eau, ressources<br />

fondamentales dont elles dépendent en tant que producteurs agricoles. Il faut inclure, parmi ces<br />

ressources, nos ressources halieutiques, qui s’épuisent de plus en plus. Il est important de<br />

“De par le monde, l’agriculture n’est<br />

pas une priorité. Grâce au FIDA, nous,<br />

les <strong>paysan</strong>s, avons la possibilité de<br />

débattre dans ce forum de ces<br />

questions et de rédiger une déclaration<br />

à soumettre aux gouvernements. Nous<br />

pourrions, dans d’autres enceintes,<br />

maximiser aussi notre potentiel, non<br />

pas en qualité d’observateurs mais en<br />

nouant un dialogue effectif avec les<br />

gouvernements. Nous devrions<br />

envisager cette possibilité.”<br />

Pedro Rafael Alegría Moncada,<br />

La Via Campesina (Honduras)<br />

55


56<br />

continuer à promouvoir la participation de nos organisations <strong>paysan</strong>nes à l’élaboration des<br />

Directives volontaires sur la gouvernance responsable de la tenure des terres et des autres<br />

ressources naturelles, à titre de suivi de la Conférence internationale sur la réforme agraire et le<br />

développement rural.<br />

Nous voulons que la maîtrise de l’agriculture nous revienne, à nous qui cultivons la terre et<br />

nourrissons le monde. Aucune réponse efficace ne peut être apportée aux défis que constituent<br />

la sécurité alimentaire pour tous, l’élimination de la pauvreté et l’atténuation des effets du<br />

changement climatique sans une augmentation et une amélioration des investissements<br />

consacrés à nos exploitations agricoles et à nos communautés rurales, et sans des politiques<br />

de soutien accru au développement rural.<br />

La communauté internationale a reconnu comme principe fondamental la définition et<br />

l’appropriation par chaque pays des politiques de développement agricole et rural. Mais cette<br />

appropriation ne doit pas se limiter à nos gouvernements et à nos administrations. Par<br />

conséquent, en tant qu’organisations légitimes et autonomes de producteurs agricoles, nous<br />

affirmons qu’il est de notre devoir et de notre droit d’être associées à la conception, l’exécution<br />

et l’évaluation de ces politiques et programmes de développement rural dont les avantages ne<br />

vont pas seulement à nos communautés rurales, mais aussi à nos concitoyens urbains qui<br />

dépendent de la nourriture que nous produisons.<br />

Partenariat entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes dans le cadre des programmes<br />

de pays. Nous sommes très satisfaits des progrès réels réalisés dans la consultation et le<br />

partenariat entre le FIDA, les gouvernements et nos organisations depuis la création du <strong>Forum</strong><br />

<strong>paysan</strong>, et en particulier au cours des deux dernières années.<br />

Nous sommes d’accord avec le Président du FIDA lorsqu’il souligne que les partenariats du FIDA<br />

avec les organisations <strong>paysan</strong>nes ont amélioré la compréhension, par le Fonds, de la pauvreté<br />

rurale, qu’ils ont permis au FIDA de veiller à ce que l’accent soit davantage mis sur les plus petits et<br />

les plus pauvres des <strong>paysan</strong>s, et qu’ils ont également permis de mieux valoriser les connaissances<br />

et l’expérience locales et autochtones, avantages qui se sont traduits, à leur tour, par l’amélioration<br />

des projets et des bénéfices plus durables pour les petits exploitants. Nous reconnaissons, dans le<br />

même temps, que nous devons faire plus et mieux pour approfondir ce partenariat.<br />

Afin de saisir toutes les occasions offertes par une participation plus générale des producteurs<br />

ruraux, nous avons besoin de temps et de ressources pour nous consulter. Nous soumettons<br />

les recommandations suivantes au FIDA:<br />

• étendre le partenariat à tous les pays dans lesquels le FIDA intervient, en prenant en<br />

compte la diversité des organisations des ruraux pauvres;<br />

• inclure systématiquement au moins une organisation faîtière nationale parmi les membres<br />

de l’équipe de gestion du programme de pays afin qu’elle contribue au pilotage du<br />

programme (formulation du COSOP, conception et exécution des projets et programmes,<br />

concertation sur les politiques et autres initiatives);<br />

• créer, au sein du budget du FIDA, un guichet souple et répondant à la demande visant à<br />

faciliter la participation des organisations <strong>paysan</strong>nes au COSOP et au cycle du projet;<br />

• élaborer des directives opérationnelles pour appuyer la participation systématique des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes au niveau du pays, et en particulier au suivi et à l’exécution des<br />

programmes financés par le FIDA;<br />

• veiller à systématiser la pratique, déjà bien établie, des consultations avec les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes. À cet égard, le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes régionales et<br />

internationales pourraient tenir à jour un fichier d’organisations qui pourraient être<br />

systématiquement invitées lorsque le FIDA est sur le point d’entamer la conception d’un<br />

projet; et<br />

• dresser un bilan des leçons à tirer des programmes conduits avec les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes, dans la perspective d’une réplication à plus grande échelle; et promouvoir les<br />

échanges Sud-Sud et développer les connaissances entre les <strong>paysan</strong>s. (Nous<br />

recommandons, à ce propos, d’étudier la possibilité de répliquer les programmes des<br />

“itinéraires d’apprentissage”, mis en œuvre avec succès en Amérique latine.)


Suivi-évaluation (S&E). Il est recommandé d’ouvrir systématiquement aux organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes les systèmes de S&E des projets pour leur donner les moyens d’influencer leur mise<br />

en œuvre et d’avoir accès à des informations essentielles. La participation des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes à l’équipe de gestion du programme de pays servira de point d’entrée pour un suivi<br />

en commun des résultats et des impacts du programme de pays du FIDA et pour évaluer la<br />

qualité de l’implication des organisations <strong>paysan</strong>nes.<br />

Appui direct aux organisations <strong>paysan</strong>nes. Nous avons noté avec satisfaction l’appui direct<br />

croissant que le FIDA a apporté, au cours des années, à nos organisations par le biais d’un<br />

financement, sous forme de dons, des programmes de renforcement des capacités. Nous<br />

convenons avec le FIDA que l’appui direct à nos organisations devrait être acheminé<br />

principalement par l’intermédiaire de nos réseaux et fédérations à l’échelle régionale, dans un<br />

souci d’économies d’échelle et d’efficience. L’appui direct à des organisations nationales ou<br />

locales devrait néanmoins demeurer possible.<br />

À mesure que l’appui s’élargit, le FIDA attend aussi des organisations <strong>paysan</strong>nes qu’elles<br />

conduisent leurs propres évaluations des avantages et de l’impact de cet appui sur les groupes<br />

cibles du FIDA au sein de leurs propres organisations, particulièrement en termes de<br />

développement économique. Il faudrait en outre procéder à un recensement plus systématique<br />

des synergies entre l’appui direct au renforcement des organisations <strong>paysan</strong>nes et la capacité<br />

de ces organisations de bénéficier des projets d’investissement de plus grande ampleur<br />

appuyés par le FIDA et les gouvernements. Il conviendra d’analyser les synergies entre ces<br />

deux processus.<br />

Processus du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>. Nous demandons à nouveau que le <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> soit un<br />

processus de consultation permanent, de la base au sommet, prenant pleinement en compte la<br />

diversité de nos organisations et respectant leur autonomie.<br />

Nous recommandons, à cet égard, que chaque division régionale du FIDA élabore et exécute<br />

ses propres plans de concertation et de consultation au niveau des pays et des régions, en<br />

partenariat avec les membres du comité de pilotage du <strong>Forum</strong>, en vue d’organiser des réunions<br />

régionales ou sous-régionales du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> dans au moins cinq régions/sous-régions au<br />

cours des deux prochaines années, avec des contributions des organisations <strong>paysan</strong>nes. Les<br />

plans des divisions régionales devraient être élaborés au cours des prochains mois et soumis,<br />

pour observations et validation, au comité de pilotage du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>. Il est suggéré qu’au<br />

niveau régional la consultation soit systématiquement liée aux possibilités existantes en rapport<br />

direct avec les opérations du FIDA dans ses cinq régions. Ainsi:<br />

• Pour l’Amérique latine et les Caraïbes, une session spéciale serait organisée chaque année<br />

dans le contexte des processus d’intégration régionale, et notamment le CAFTA-DR et le<br />

REAF/MERCOSUR.<br />

• Dans les autres divisions régionales du FIDA, les organisations <strong>paysan</strong>nes nationales<br />

seraient invitées à participer à l’Atelier régional annuel sur l’exécution des projets, et une<br />

journée supplémentaire serait ajoutée à l’ordre du jour pour établir un bilan et définir les<br />

moyens d’accélérer le partenariat, au niveau national, entre le FIDA, les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes et les gouvernements nationaux.<br />

Il est également recommandé que le FIDA amorce un dialogue avec le Secrétariat du Nouveau<br />

partenariat pour le développement de l’Afrique en vue de l’établissement d’un point focal du<br />

Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine afin d’accélérer le partenariat<br />

avec les organisations <strong>paysan</strong>nes.<br />

Les femmes dans l’agriculture et les organisations <strong>paysan</strong>nes2 Nous, femmes <strong>paysan</strong>nes, pêcheuses et éleveuses, attirons une fois encore l’attention sur la<br />

disproportion flagrante entre les rôles des femmes dans tous les aspects de l’agriculture dans<br />

l’ensemble du monde en développement et l’insuffisance de la reconnaissance, des droits, des<br />

2 Cette déclaration a été préparée dans le cadre d’une session spéciale du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>: “Atelier préparatoire sur<br />

le thème Promouvoir la participation des femmes aux instances dirigeantes des organisations <strong>paysan</strong>nes et de<br />

producteurs ruraux”.<br />

57


58<br />

ressources et des services dont nous bénéficions. Nous lançons aussi un signal d’alarme à<br />

propos des effets du changement climatique et de la crise financière sur les femmes, car ils se<br />

traduisent par une augmentation de la pauvreté et des pénuries alimentaires. À cause de la<br />

pauvreté et de l’absence de services dans les zones rurales, nos fils et nos filles ne veulent pas<br />

être des <strong>paysan</strong>s et continuent de migrer vers les zones urbaines. Cette situation suscite une<br />

question capitale: comment assurer la rentabilité et la durabilité de l’activité agricole afin de<br />

garantir un avenir à la prochaine génération de <strong>paysan</strong>s, femmes et hommes?<br />

Des organisations de producteurs efficaces et représentatives peuvent constituer un<br />

puissant instrument permettant aux femmes rurales de faire entendre leur voix, afin que nous<br />

puissions exercer une plus grande influence sur les décisions qui affectent nos vies et nos<br />

moyens de subsistance. Mais, à ce jour, nos voix n’ont été que trop rarement entendues au<br />

sein de nos organisations.<br />

L’autonomisation économique des femmes ainsi que leur savoir et leurs compétences accrus<br />

sont des préalables essentiels pour améliorer notre statut et nos moyens de subsistance et pour<br />

nous permettre de jouer un rôle efficace au sein des organisations de producteurs. Nous invitons<br />

instamment le FIDA et les autres bailleurs de fonds à consacrer de nouvelles ressources à l’appui<br />

de l’autonomisation économique des femmes <strong>paysan</strong>nes. Nous avons besoin de ces ressources<br />

pour renforcer nos savoirs, nos compétences et notre rôle dirigeant, afin de produire et de<br />

transformer les produits alimentaires de manière plus efficace et plus durable, pour nos familles<br />

ainsi que pour les marchés. Nous invitons instamment le FIDA et les autres bailleurs de fonds à<br />

orienter des ressources vers les structures féminines au sein des organisations <strong>paysan</strong>nes et à<br />

exiger des quotas à respecter.<br />

Nous invitons aussi spécifiquement le FIDA:<br />

• à poursuivre et à accroître les efforts visant à permettre aux femmes d’obtenir un meilleur<br />

accès aux moyens de production, y compris la terre et l’eau, et de mieux maîtriser ces<br />

moyens;<br />

• à appuyer l’élaboration et la mise à disposition de services financiers adaptés à l’agriculture<br />

et à rendre possible l’augmentation des revenus des femmes;<br />

• à prévoir chaque fois que cela sera possible, outre l’intégration des préoccupations<br />

relatives à l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’ensemble des projets et des<br />

programmes, l’affectation de fonds réservés aux femmes dans les programmes financés<br />

par le FIDA à titre de mesure de discrimination positive – par exemple, au titre des fonds<br />

de développement communautaire et au titre de la formation;<br />

• à utiliser le financement sous forme de dons pour le renforcement des capacités des<br />

femmes – y compris le cas échéant pour des installations de protection de l’enfance –<br />

lorsqu’il n’est pas possible de financer de telles activités par un prêt;<br />

• lorsque les programmes financés par le FIDA appuient l’accès à la terre et à d’autres types<br />

de propriété, à chercher à négocier l’attribution de titres de propriété conjoints, avec<br />

l’appui de services juridiques consultatifs pour permettre aux femmes de défendre leurs<br />

droits; et<br />

• à prêter attention, dans le contexte d’une indispensable focalisation sur la jeunesse rurale,<br />

à la situation et aux besoins spécifiques des jeunes femmes.<br />

Dans le contexte de l’engagement du FIDA auprès des organisations <strong>paysan</strong>nes, nous<br />

recommandons que le FIDA:<br />

• fasse de la place aux femmes dirigeantes <strong>paysan</strong>nes afin qu’elles participent aux<br />

processus d’élaboration des politiques aux niveaux national et mondial, ainsi qu’aux<br />

consultations sur la stratégie du FIDA dans les pays;<br />

• détermine, dans la conception des projets et programmes travaillant avec les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes, des quotas réservés aux femmes (qui ne seront pas, là où c’est possible,<br />

inférieurs à 30% et viseront à atteindre, progressivement, 50%); fournisse des moyens<br />

pour inciter les organisations de producteurs à atteindre ces cibles; et assure le suivi de<br />

leur exécution;


• investisse davantage de ressources sous forme de dons pour accroître la capacité des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes d’aborder les questions d’égalité entre les hommes et les<br />

femmes et d’autonomiser les femmes et pour renforcer le rôle dirigeant des femmes – si<br />

possible en acheminant directement des fonds vers les structures féminines au sein de nos<br />

organisations; et<br />

• implique les femmes leaders d’organisations <strong>paysan</strong>nes dans la supervision et le suivi des<br />

programmes de développement.<br />

Enfin, nous notons avec satisfaction que le chiffre de 30% de femmes participantes<br />

recommandé lors de la précédente réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> a été dépassé cette année. Nous<br />

demandons le maintien de la proportion actuelle de 40% au cours des prochaines réunions,<br />

l’objectif étant de l’augmenter progressivement à l’avenir.<br />

Investir dans les jeunes <strong>paysan</strong>s<br />

Nous sommes tous conscients de la nécessité urgente d’aborder la question des jeunes<br />

agriculteurs. Notre agriculture familiale doit être rémunératrice et leur assurer une vie digne. Il faut<br />

assurer aux jeunes <strong>paysan</strong>s, femmes et hommes, un accès aux facteurs de production – terre,<br />

crédit et formation. À cet égard, nous recommandons au FIDA:<br />

• de recenser les organisations de jeunes agriculteurs et de jeunesse rurale, et leurs réseaux<br />

(nationaux et régionaux);<br />

• d’organiser une session spéciale du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> semblable à celle consacrée cette<br />

année aux femmes, et de veiller à ce que les jeunes soient davantage représentés aux<br />

prochaines réunions du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>;<br />

• de désigner au sein du FIDA un point focal pour la jeunesse;<br />

• d’organiser un atelier mondial sur la participation des jeunes au programme Agriculture<br />

durable et développement rural au cours de cette année, proclamée Année internationale<br />

de la jeunesse par les Nations Unies;<br />

• d’intégrer les jeunes dans tous les programmes et politiques du FIDA, en respectant<br />

l’équilibre entre les sexes et en mettant l’accent sur l’élaboration de programmes de<br />

renforcement et d’amélioration des capacités pour permettre aux jeunes ruraux de<br />

s’engager dans une production alimentaire durable et dans des emplois agricoles et ruraux;<br />

• de lancer des projets pilotes à l’appui des jeunes ruraux; et<br />

• d’organiser des échanges de jeunes pour un partage d’expériences sur les meilleures<br />

pratiques et pour l’apprentissage.<br />

Nous adressons à nouveau nos remerciements sincères au FIDA pour sa réponse positive à<br />

notre demande de création du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> en tant que plate-forme unique pour un dialogue<br />

sans exclusive sur le développement rural et pour l’occasion qui nous est offerte de prendre la<br />

parole devant son Conseil des gouverneurs.<br />

Je vous remercie de votre attention.<br />

La réponse de la Direction générale du FIDA<br />

Kevin Cleaver, Vice-Président adjoint du FIDA, chargé des programmes, a répondu à un grand<br />

nombre de points soulevés dans la synthèse des délibérations. Il a réaffirmé l’importance du<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> en tant que moyen, pour les organisations <strong>paysan</strong>nes, d’exprimer des points de<br />

vue qui font si souvent défaut dans le dialogue avec les pouvoirs publics. Il a souligné la<br />

situation difficile des femmes et des enfants et insisté sur la volonté du FIDA de chercher à y<br />

remédier. Il a aussi reconnu que les organisations <strong>paysan</strong>nes ont besoin d’un soutien<br />

financier et technique direct accru, et démontré l’engagement du FIDA sur ce point en<br />

déclarant que ce soutien a été multiplié par quatre entre 2008 et 2009. Il a également pris<br />

acte de ce que les pêcheurs et les peuples autochtones ne peuvent pas être négligés.<br />

Kevin Cleaver a expliqué que le FIDA doit rendre des comptes aux gouvernements et que<br />

les mesures qu’il prend, sur le plan des politiques, peuvent créer un lien entre les<br />

59


organisations <strong>paysan</strong>nes et les pouvoirs publics, qu’il s’agisse d’expression, de renforcement<br />

des capacités ou d’investissement direct. Il a déclaré que le FIDA continuera à financer les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes par le biais de projets, sur le plan régional par le biais de dons, et<br />

sur le plan international par le biais de conférences et d’autres enceintes. Il a aussi réaffirmé<br />

que le FIDA – et cela a été déjà démontré – est résolu à encourager la<br />

participation des organisations <strong>paysan</strong>nes à la conception des COSOP et<br />

des projets, affirmant que la qualité des projets s’améliore précisément grâce<br />

à cette participation des organisations <strong>paysan</strong>nes à leur formulation. Dans<br />

le même temps, a-t-il déclaré, cet engagement financier, tout comme la<br />

supervision directe des projets, ne peut pas être garanti pour tous les pays,<br />

étant donné que certains gouvernements ne l’autorisent pas.<br />

Il a ensuite abordé, pour y répondre, les points qu’il a qualifiés de<br />

“plus controversés”.<br />

“Nous demanderons toujours<br />

• Accaparement des terres et investissements étrangers privés: cette<br />

l’autorisation du gouvernement. Nous question est l’une des plus controversées aujourd’hui. L’investissement<br />

chercherons à le convaincre, mais<br />

privé peut cependant être le meilleur ou le pire. Le FIDA estime qu’il<br />

nous ne pouvons pas lutter contre lui.” doit être régi par des principes, et il a publié à cet effet des principes<br />

dont les investisseurs pourraient utilement s’inspirer. L’investissement<br />

Kevin Cleaver, Vice-Président adjoint<br />

du FIDA<br />

privé va faire partie de la réalité. Il faut simplement veiller à ce qu’il<br />

soit bénéfique et non nuisible.<br />

• Suivi-évaluation: l’idée selon laquelle le S&E pourrait aller au-delà de l’usage qu’en<br />

font les donateurs, et qu’il pourrait être à la disposition des organisations <strong>paysan</strong>nes,<br />

est une idée bienvenue. Si les organisations <strong>paysan</strong>nes participent à la supervision et à<br />

la conception et savent ce qu’il se passe, les résultats n’en seront probablement que<br />

meilleurs.<br />

• Filières: le rôle du FIDA consiste à aider les agriculteurs à participer à ce qui existe déjà.<br />

La plupart des <strong>paysan</strong>s vendent leurs produits à quelqu’un. Mais il existe un<br />

déséquilibre de pouvoir, et le FIDA a pour mission de renforcer la partie “<strong>paysan</strong>ne” de<br />

cette équation.<br />

• Échanges: certains croient à l’utilité des barrières à l’importation, à l’autosuffisance<br />

alimentaire. Il existe un déséquilibre dans la plupart des accords de libre-échange. Le<br />

FIDA ne peut intervenir dans ce débat que de manière limitée. Mais nous nous<br />

efforcerons de vous écouter et de respecter vos points de vue, et de vous aider à<br />

renforcer votre capacité d’influencer vos gouvernements.<br />

60<br />

Kevin Cleaver a souligné, en conclusion, l’importance d’être à l’écoute des points de vue de<br />

chacun: c’est seulement ainsi que nous irons de l’avant.<br />

La réponse des gouvernements des États membres<br />

La parole a ensuite été donnée, en séance plénière, aux représentants des gouvernements<br />

membres (en particulier les membres du Conseil d’administration). La demande d’un débat<br />

au Conseil d’administration sur la synthèse des délibérations du <strong>Forum</strong> a été l’un des<br />

thèmes les plus souvent abordés. On trouvera ci-après un résumé des observations formulées<br />

par les gouvernements membres:<br />

Suède. Je n’avais jamais assisté à une réunion de ce type, avec des <strong>paysan</strong>s venant de toutes les<br />

régions du monde et un si grand nombre de femmes. Je pense que vous avez tous droit à pratiquer<br />

une agriculture rentable.<br />

Argentine. La synthèse des délibérations devrait être transformée en un document de travail à<br />

soumettre au Conseil d’administration, afin que ce dernier puisse l’utiliser pour répondre à certaines


des questions soulevées. Un appel a été lancé en vue de rapprocher les véritables bénéficiaires des<br />

projets du FIDA et les pouvoirs publics. Les membres du Conseil d’administration ont un rôle à jouer<br />

dans ce rapprochement.<br />

France. Je voudrais exprimer mon soutien résolu à l’idée d’intégrer votre synthèse des délibérations à<br />

l’ordre du jour du Conseil d’administration. Il est important que vous transmettiez ces idées et que<br />

vous en fassiez un document de travail, pas seulement pour le FIDA, mais aussi pour ses organes<br />

directeurs. Certains des points de ce document pourraient être discutables, mais le moment est venu<br />

d’en débattre. Vous avez accompli un bond en avant, quantitatif et qualitatif. J’aimerais beaucoup<br />

être ici pour travailler avec vous.<br />

Guatemala. Tout comme certains de mes collègues, j’ai assisté aux précédentes réunions du <strong>Forum</strong><br />

<strong>paysan</strong>, et je voudrais vous féliciter pour les améliorations significatives observées au cours de cette<br />

manifestation. Je pense aussi que nous devons prendre en compte dans nos travaux la déclaration et<br />

les suggestions qu’elle contient, afin de parvenir à une vision de ce qui se passe sur le terrain, et de<br />

comprendre la réalité des bénéficiaires des programmes du FIDA.<br />

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. L’idée de faire participer davantage<br />

les organisations <strong>paysan</strong>nes à la conception, à l’exécution et à d’autres phases des projets me paraît<br />

très convaincante. Comment intégrer ce processus au niveau opérationnel, où il peut réellement<br />

avoir un sens? Comment y parvenir lorsque le retour d’information du terrain n’est pas toujours<br />

suffisant? Nous pouvons compter sur le FIDA pour qu’il crée ces processus vertueux d’information<br />

aux niveaux pertinents.<br />

Canada. Le soutien direct apparaît clairement comme une question importante, très probablement<br />

comme moyen de garantir que l’argent parvient bien aux utilisateurs finaux.<br />

Ouganda. Si les gouvernements ne sont pas en accord avec les idées pour lesquelles milite le FIDA,<br />

ce dernier doit alors s’engager auprès des gouvernements pour souligner que les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes font partie des acteurs des filières. De toute façon, les gouvernements ont besoin du FIDA<br />

pour s’ organiser. Il y a de bons combats et de mauvais combats. Le FIDA doit mener le bon combat.<br />

Clôture du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

C’est Yukiko Omura, Vice-Présidente du FIDA, qui a présidé la clôture<br />

officielle du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, en rendant hommage aux participants pour<br />

les nombreux et importants messages formulés dans la synthèse des<br />

délibérations. Elle a assuré les participants que le FIDA ferait tout ce qui<br />

est en son pouvoir pour apporter son soutien, combler les écarts et<br />

réduire les déséquilibres. Elle a souligné que la plate-forme du <strong>Forum</strong><br />

<strong>paysan</strong> est unique non seulement en ce qu’elle permet des échanges<br />

d’idées et d’opinions, mais aussi parce qu’elle concerne une action<br />

Yukiko Omura, Vice-Présidente du FIDA<br />

commune sur le terrain en vue de produire des résultats utiles aux ruraux<br />

pauvres, hommes et femmes. Elle a remercié les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

pour le long voyage qu’elles ont effectué pour partager leur clairvoyance quant à la voie à<br />

suivre. Elle a conclu sa déclaration en citant une phrase prononcée par le Président du<br />

FIDA à l’ouverture du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> – “Nous devons investir dans les jeunes ruraux<br />

d’aujourd’hui, car ils seront les agriculteurs de demain” –, et elle a assuré le <strong>Forum</strong> que le<br />

FIDA serait partie prenante de cette transformation.<br />

61


62<br />

APPENDICE I<br />

Ordre du jour du <strong>Forum</strong><br />

Session spéciale du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

Atelier préparatoire – Promouvoir la participation des femmes aux instances<br />

dirigeantes des organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs ruraux<br />

Vendredi 12 février 2010 (ARAN Park Hotel)<br />

16.30 Inscription des participants<br />

17.30–19.30 Session d’introduction – prises de contact informelles – explication de l’ordre<br />

du jour – attente (cocktail)<br />

19.30 Dîner offert aux participants et aux invités extérieurs<br />

Samedi 13 février 2010 (siège du FIDA)<br />

9.00–10.30 Introduction et débat en séance plénière – salle de conférences Italie<br />

10.30–10.45 Pause-café<br />

10.45–13.00 Groupes de travail (réunions parallèles) – salle Ovale A, salle Ovale B,<br />

C 200, C 300<br />

13.00–14.00 Déjeuner (ingrédients biologiques)<br />

14.00–15.30 Plénière: comptes rendus des groupes de travail et débat – salle de conférences<br />

Italie<br />

15.30–15.45 Pause-café<br />

15.45–17.00 Groupes de travail (réunions parallèles) – salle Ovale A, salle Ovale B,<br />

C 200, C 300<br />

17.00–18.00 Plénière: comptes rendus des groupes de travail et débat –<br />

salle de conférences Italie<br />

18.00–18.30 Plénière: conclusion – salle de conférences Italie<br />

Dimanche 14 février 2010 (ARAN Park Hotel)<br />

9.00–18.00 Réunions préparatoires et parallèles des réseaux d’organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

et de producteurs ruraux<br />

14.00–18.00 Inscription des participants<br />

18.15–20.00 Réunion d’information avec les membres du comité de pilotage<br />

du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>


15-16 février: réunion mondiale du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

Lundi 15 février 2010<br />

9.00–10.30 Séance d’ouverture – salle de conférences Italie<br />

Allocution du Président du FIDA<br />

Interventions des membres du comité de pilotage du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>: FIPA,<br />

La Via Campesina, <strong>Forum</strong> mondial des populations de pêcheurs, <strong>Forum</strong><br />

mondial des aquaculteurs et pêcheurs, ROPPA, Association des agriculteurs<br />

d’Asie pour le développement rural durable, COPROFAM (5 minutes chacun)<br />

10.30–10.45 Pause-café<br />

10.45–12.30 Séance plénière: tendances et faits nouveaux en matière de partenariats entre<br />

le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

12.30–13.00 Séance plénière: compte rendu de l’atelier préparatoire de samedi sur la<br />

promotion de la participation des femmes aux instances dirigeantes des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

13.00–14.30 Déjeuner (ingrédients biologiques)<br />

14.30–17.30 Réunions des groupes de travail régionaux: progrès réalisés et objectifs futurs des<br />

partenariats FIDA/organisations <strong>paysan</strong>nes aux niveaux national et régional:<br />

Afrique de l’Ouest et du Centre – salle Ovale A<br />

Afrique orientale et australe – C 300<br />

Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe centrale et orientale – salle Ovale B<br />

Amérique latine et Caraïbes – salle de conférences Italie<br />

Asie et Pacifique – C 200<br />

17.30–18.30 Préparation des comptes rendus des groupes de travail régionaux<br />

18.00 Cocktail – zone des conférences<br />

20.00 Séance de travail nocturne du comité de pilotage sur les recommandations<br />

concernant l’évolution des partenariats FIDA/organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

Mardi 16 février 2010<br />

8.30 – 10.30 Réunion des groupes de travail thématiques régionaux (en parallèle):<br />

Afrique de l’Ouest et du Centre: rôle des organisations <strong>paysan</strong>nes dans le<br />

développement des filières et comment reproduire les réussites exemplaires –<br />

salle Ovale A<br />

Afrique orientale et australe: comment promouvoir l’accès des petits exploitants<br />

agricoles aux marchés – C 300<br />

Amérique latine et Caraïbes: action des pouvoirs publics et agriculture familiale:<br />

politiques et programmes d’investissements différenciés pour les petits <strong>paysan</strong>s –<br />

salle de conférences Italie<br />

Asie et Pacifique: comment promouvoir la sécurité alimentaire et l’agriculture<br />

<strong>paysan</strong>ne dans un contexte de concurrence croissante pour la terre et d’autres<br />

ressources naturelles – salle Ovale B<br />

10.30 – 11.00 Pause-café<br />

11.00 – 12.30 Séance plénière: rapports des groupes de travail thématiques régionaux et débat<br />

général – salle de conférences Italie<br />

63


64<br />

12.30 – 14.00 Déjeuner (ingrédients biologiques)<br />

Préparation de la synthèse des délibérations<br />

(Comité de pilotage du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>)<br />

14.00 – 16.30 Séance plénière – salle de conférences Italie<br />

Comptes rendus des groupes de travail régionaux concernant les partenariats<br />

FIDA/organisations <strong>paysan</strong>nes aux niveaux régional et national; débat sur les<br />

conclusions et recommandations<br />

Présentation, discussion et approbation, par les représentants des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes, de la synthèse des délibérations en vue de sa<br />

présentation au Conseil des gouverneurs<br />

16.30 – 16.45 Pause-café<br />

16.45 – 18.30 Séance plénière finale – Salle de conférences Italie<br />

(Séance ouverte aux Gouverneurs et aux membres du Conseil d’administration<br />

du FIDA)<br />

Réactions de la Direction du FIDA à la synthèse des délibérations<br />

Discussion avec les membres du Conseil d’administration<br />

Clôture du <strong>Forum</strong><br />

Les participants au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> sont invités à assister, en qualité d’observateurs, au Conseil<br />

des gouverneurs. La synthèse des délibérations du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> sera présentée au Conseil<br />

des gouverneurs au cours de la séance plénière qui se tiendra dans la matinée du mercredi<br />

17 février. Les participants au <strong>Forum</strong> auront la possibilité de participer aux quatre événements<br />

parallèles organisés dans la matinée du jeudi 18 février.<br />

Événements parallèles au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

Jeudi 18 février 2010 (siège du FIDA)<br />

14.30 – 17.00 Comment aider les organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs ruraux<br />

à fournir des services adéquats à leurs membres? – salle Ovale<br />

14.30 - 17.00 Qu’est-ce que le programme “Achats au service du progrès” (P4P)?<br />

Collaboration avec les organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs ruraux<br />

à différents échelons – salle de conférences Italie


APPENDICE II<br />

Discours d’ouverture du Président<br />

Représentants des organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs ruraux, partenaires, collègues,<br />

Mesdames et Messieurs, permettez-moi tout d’abord d’exprimer mon grand plaisir de vous<br />

accueillir tous ici au siège du FIDA pour cette troisième réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>. Vous êtes<br />

les bienvenus.<br />

Je voudrais spécialement souhaiter la bienvenue aux femmes dirigeantes présentes ici<br />

aujourd’hui. Un grand nombre d’entre elles ont déjà participé, samedi, à l’atelier sur le<br />

leadership féminin. Je suis ravi de savoir que les femmes représentent, cette année, 40% des<br />

participants au <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>. C’est là un très grand progrès depuis la première réunion du<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, en 2006, où elles n’étaient que 9%. Le FIDA est fermement résolu à renforcer le<br />

rôle moteur joué par les femmes et leur influence en matière de prise de décisions dans<br />

l’agriculture. En fait, tel est exactement le deuxième engagement que j’ai pris, au nom du FIDA,<br />

lorsque j’ai reçu la Torche de champion de l’OMD 3, qui m’a été remise l’an dernier à Istanbul<br />

par la Ministre de la coopération pour le développement du Danemark.<br />

Avant de prononcer quelques mots à propos du <strong>Forum</strong>, permettez-moi de dire que le FIDA<br />

s’associe à la communauté internationale pour rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie<br />

ou souffert de la catastrophe qui a frappé, le 12 janvier, Port-au-Prince, en Haïti. Vendredi<br />

dernier, un mois après le séisme, les institutions basées à Rome ont annoncé la constitution<br />

d’une équipe spéciale chargée d’apporter une aide coordonnée à Haïti. Le FIDA est à l’avantgarde<br />

pour aider Haïti à faire en sorte que la prochaine campagne agricole soit aussi<br />

productive que possible.<br />

De manière plus générale et au plan mondial, nous explorons au FIDA les moyens de<br />

mieux soutenir les agriculteurs – et en particulier les petits exploitants qui sont extrêmement<br />

vulnérables à l’impact des catastrophes – et les possibilités de mettre en place un cadre<br />

général de réaction rapide pour le relèvement et la reconstruction afin de renforcer notre<br />

capacité opérationnelle d’apporter une aide dans des circonstances aussi dramatiques partout<br />

dans le monde.<br />

Permettez-moi maintenant d’aborder les petits exploitants et le <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>. Depuis la<br />

précédente réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, il y a deux ans, le monde a connu de multiples crises,<br />

aggravées par la récession mondiale et le changement climatique. Ces crises ont non seulement<br />

mis en lumière des décennies de négligence du secteur agricole, mais aussi sensibilisé le monde<br />

à l’importance du développement de l’agriculture en tant que source de croissance économique<br />

et de stabilité politique. Elles ont également été à l’origine d’un engagement en faveur d’une<br />

sécurité alimentaire durable à long terme. Pour atteindre d’ici à 2015 les Objectifs du Millénaire<br />

pour le développement, à supposer que nous y parvenions, il faudra placer au centre des<br />

politiques publiques et de leurs agendas de développement les investissements dans le<br />

développement rural, et porter une sérieuse attention au rôle des ruraux pauvres, hommes et<br />

femmes, dans la croissance agricole, et en particulier au rôle que jouent, à travers le monde, les<br />

petits exploitants agricoles.<br />

65


66<br />

Pendant des décennies, le FIDA a plaidé avec vigueur en faveur du secteur agricole, et en<br />

particulier du rôle des petits exploitants: agriculteurs, pêcheurs et pasteurs. Au cours de<br />

l’année dernière, nous avons été en mesure d’attirer l’attention des gouvernements et des<br />

dirigeants d’entreprises du monde entier – et tout récemment, le mois dernier, au <strong>Forum</strong><br />

économique mondial de Davos, où j’ai représenté la voix des petits exploitants – sur le fait<br />

que 500 millions de petits exploitants de par le monde soutiennent environ un tiers de la<br />

population mondiale et produisent 80% des aliments consommés dans le monde en<br />

développement. L’exploitation agricole, indépendamment de sa taille ou de son échelle, est<br />

une entreprise. Chaque agriculteur voudrait nourrir sa famille et produire un excédent lui<br />

permettant d’obtenir un revenu grâce aux échanges. Tel est le fondement de la<br />

commercialisation de l’agriculture, la transformation de <strong>paysan</strong>s pratiquant une activité de<br />

subsistance en petits entrepreneurs du secteur agro alimentaire.<br />

Lorsque nous savons que 85% des exploitations agricoles de par le monde ont une<br />

superficie inférieure à 2 hectares et que, dans le monde en développement, cette superficie<br />

n’est parfois que de 0,25 hectare; lorsque nous savons que 500 millions de petits exploitants<br />

produisent 80% des produits alimentaires que nous consommons dans le monde en<br />

développement; que ces petits exploitants vivent dans les zones rurales et constituent la<br />

majorité des ruraux pauvres; et lorsque nous savons que les jeunes constituent plus de<br />

60% de la population rurale et que les jeunes femmes ou les jeunes filles représentent plus de<br />

la moitié d’entre eux – si nous savons tout cela, je vous le demande, qui nourrira le monde en<br />

2020, en 2030 ou en 2050, alors que d’ici là la population de la planète comptera trois<br />

milliards d’habitants supplémentaires, soit une augmentation de 50% par rapport à la<br />

population actuelle? Nous devons donc investir dans les jeunes ruraux d’aujourd’hui, car ils<br />

seront les agriculteurs de demain.<br />

Les gouvernements nationaux, les partenaires du développement et le secteur privé doivent<br />

se donner la main pour renforcer leurs capacités, pour mettre à leur disposition les<br />

technologies dont ils ont besoin, les infrastructures rurales, les institutions financières,<br />

l’information de marché et les liaisons qui sont les ingrédients essentiels de cette<br />

transformation. Le FIDA est résolu à être partie à cette transformation. Cela concerne le<br />

développement agricole et rural, mais cela implique également le développement des<br />

capacités et les possibilités d’emploi; cela implique d’inverser le sens des migrations qui vont<br />

actuellement des zones rurales vers les zones urbaines; cela suppose de nouveaux partenariats<br />

commerciaux, un changement des structures mentales, une évolution paradigmatique en<br />

matière de développement, car l’investissement dans la jeunesse rurale est la fondation sur<br />

laquelle bâtir des économies viables. Il constitue le lien entre la productivité agricole et la<br />

sécurité alimentaire, entre la stabilité politique et la sécurité nationale, facteurs précurseurs<br />

d’une paix mondiale. C’est pour tout cela que milite le FIDA.<br />

Quel est alors le positionnement du FIDA dans ce nouveau paradigme? L’an dernier, le<br />

Conseil des gouverneurs du FIDA a approuvé une augmentation de 67% des ressources du<br />

Fonds pour la prochaine période triennale, 2010 2012. Cela signifie que le FIDA exécutera<br />

chaque année un programme de travail d’un montant d’environ un milliard d’USD, en vue de<br />

toucher au moins 60 millions de ruraux pauvres, dont beaucoup sont membres de vos<br />

organisations. Je voudrais tracer les grandes lignes de ce que nous faisons déjà et de ce que<br />

nous prévoyons de faire. Par le biais de nos projets et programmes, nous financerons des<br />

investissements innovants pour renforcer les droits d’accès et d’occupation, pour la terre et<br />

l’eau, et améliorer l’accès aux services financiers, aux intrants et au matériel agricole, aux<br />

infrastructures et aux marchés. Dans le cadre des stratégies de développement impulsées par<br />

les pays, et en étroite consultation avec les producteurs ruraux, nous continuerons à cibler<br />

soigneusement ces investissements sur les plus pauvres, et en particulier les agricultrices.


Nous œuvrons main dans la main avec vos organisations pour faire progresser les femmes<br />

rurales, qui sont de plus en plus les agricultrices du monde en développement. Ce sont elles qui<br />

effectuent la plus grande partie des travaux agricoles, et elles produisent plus de 60% des plantes<br />

vivrières. Les projets du FIDA ciblent les petites agricultrices, qui ont souvent moins de droits à<br />

la propriété de la terre, à la finance et à d’autres moyens de production que leurs homologues<br />

masculins à travers le monde. Mais les services financiers à eux seuls ne suffisent pas; nos<br />

investissements ne seront pas efficaces si les pouvoirs publics ne mettent pas en place les cadres<br />

d’action adéquats. De ce point de vue également, nous travaillons en liaison étroite avec vos<br />

organisations pour inciter les gouvernements à mettre en œuvre des politiques de soutien au<br />

développement agricole et rural. Les projets du FIDA insistent sur le fait que l’augmentation de<br />

la production agricole des petits exploitants exige une mobilisation de tout le potentiel de<br />

recherche et d’innovation technologique. Ce sont là les moteurs du changement, et ils doivent<br />

bénéficier d’investissements durables aux échelons tant régional que national pour améliorer la<br />

production des agriculteurs. La révolution verte qui s’est déroulée en Asie est un exemple<br />

remarquable de ce processus. Je suis convaincu que, si ces instruments sont en place, la pauvreté<br />

rurale et l’insécurité alimentaire peuvent être surmontées et, comme l’ont démontré la Chine au<br />

cours des années 1980 et le Viet Nam plus récemment, cela peut intervenir rapidement.<br />

Le Viet Nam, qui était un pays en déficit vivrier, s’est transformé pour devenir le deuxième<br />

exportateur mondial de riz, grâce au développement de l’agriculture <strong>paysan</strong>ne. De ce fait, la<br />

pauvreté est tombée de 58% en 1979 à moins de 15% aujourd’hui. Je suis absolument<br />

convaincu que l’Afrique peut se nourrir par elle-même, tout comme l’ont fait le Viet Nam et la<br />

Chine. L’Afrique possède les ressources humaines et naturelles dont elle a besoin pour assurer sa<br />

croissance agricole et son autosuffisance alimentaire. Ce dont l’Afrique a besoin, c’est de<br />

dirigeants locaux motivés, et c’est cela que certains d’entre vous ont appelé de leurs vœux<br />

vendredi dernier, et c’est cela que j’ai préconisé aux dirigeants africains tout au long de ma<br />

carrière. C’est pour cela qu’ils ont apposé leur signature à Maputo en 2003, et pourtant moins<br />

de dix pays allouent aujourd’hui 10% de leur budget national à l’agriculture comme ils s’y<br />

étaient engagés à Maputo en 2003.<br />

L’Afrique a besoin d’engagement et de leadership au niveau le plus élevé des pouvoirs<br />

publics, tout comme nous en avons besoin au niveau le plus bas de la communauté, et je<br />

répéterai donc mon appel. Aucune nation, aucun peuple ne peut parvenir au développement<br />

économique si ce développement ne trouve pas sa source à l’intérieur et si l’agriculture n’en est<br />

pas le fondement; après tout, le développement est un processus intrinsèque et endogène.<br />

Certes, il peut recevoir une aide de l’extérieur mais, comme je l’ai dit auparavant, et je le répète<br />

aujourd’hui, un palmier ne peut pas utiliser l’énergie de la lumière solaire s’il n’est pas<br />

solidement enraciné dans son propre sol. Cette initiative doit partir de vos organisations. Elle<br />

doit aussi prendre les jeunes pour point de départ. Le renforcement des organisations de petits<br />

agriculteurs, pêcheurs et pasteurs est essentiel si nous voulons parvenir à saisir les opportunités<br />

que font naître les défis du temps présent. Il est tout aussi important de renforcer votre capacité<br />

de vous rapprocher du secteur privé pour élargir ces partenariats, afin de mettre la demande et<br />

les marchés en relation avec la production des petits exploitants.<br />

Nous souhaitons que le <strong>Forum</strong> stimule les occasions de constituer des réseaux entre vous et<br />

de renforcer votre esprit d’initiative pour parvenir à ces objectifs. Depuis la première réunion du<br />

<strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> du FIDA, en 2005, nous avons observé d’importants résultats. La coopération<br />

entre les producteurs agricoles, les pêcheurs et le secteur privé améliore l’accès aux marchés et au<br />

savoir, renforce le pouvoir de négociation des <strong>paysan</strong>s tout au long de la filière, de la production<br />

à la commercialisation, crée des possibilités d’emplois et de génération de revenus dans les<br />

zones rurales et donne plus de force à la voix des producteurs ruraux pour influencer les<br />

politiques et les programmes de développement.<br />

67


68<br />

Au FIDA, notre participation avec les organisations <strong>paysan</strong>nes revêt de nombreuses formes.<br />

Fait particulièrement important, le FIDA consulte les <strong>paysan</strong>s au moment de la préparation du<br />

programme d’options stratégiques pour le pays, habituellement désigné par l’acronyme<br />

COSOP, et lors de la conception des projets. Nous accordons également des dons importants<br />

aux organisations <strong>paysan</strong>nes faîtières pour les soutenir et pour soutenir leurs réseaux aux<br />

échelons régional ou sous-régional.<br />

Grâce au partenariat avec les organisations <strong>paysan</strong>nes, le FIDA a une meilleure<br />

compréhension de la pauvreté rurale. Ce partenariat nous a permis de mieux cibler les plus<br />

petits et les plus pauvres parmi les <strong>paysan</strong>s, et nous avons bénéficié de l’expérience et du<br />

savoir locaux et autochtones, avec pour résultat des projets de meilleure qualité et des<br />

avantages plus durables pour les petits exploitants. Je me félicite des progrès que nous avons<br />

pu réaliser. Mais nous devons faire fond sur notre expérience et élargir nos partenariats.<br />

Avant de conclure, je voudrais donc évoquer quatre domaines dans lesquels nous pouvons<br />

mieux faire.<br />

Premièrement, il existe encore un certain nombre de pays dans lesquels la coopération du<br />

FIDA avec les organisations <strong>paysan</strong>nes est peu développée. Nous devons aller plus loin, et<br />

approfondir et développer ces relations.<br />

Deuxièmement, nous devons œuvrer, de concert, au renforcement des liens entre vos<br />

organisations et les mouvements communautaires de base, et investir dans le plaidoyer à<br />

l’échelon des villages pour avoir un impact au niveau du terrain et améliorer la base globale<br />

de nos partenariats.<br />

Troisièmement, nous devons développer le rôle de plaidoyer des organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

dans le contexte du débat national sur les politiques. Ainsi, alors que le changement<br />

climatique constitue un énorme défi pour les agriculteurs, rares sont les responsables des<br />

politiques qui reconnaissent le rôle que peuvent jouer les petits exploitants dans l’atténuation<br />

de son impact. En travaillant ensemble, nous pouvons sensibiliser les autorités nationales afin<br />

de déterminer les meilleurs moyens de rétribuer les petits exploitants pour les services<br />

environnementaux qu’ils peuvent fournir pour réduire les émissions de carbone.<br />

Quatrièmement, nous devons assurer la participation des jeunes ruraux à l’agriculture, les<br />

aider à s’organiser en associations de jeunes <strong>paysan</strong>s, fournir des possibilités de renforcement<br />

des capacités et de formation, de liaisons institutionnelles et d’information de marché. Ce<br />

sont ces jeunes qui assureront la production vivrière de demain.<br />

En conclusion, alors que, partout dans le monde, l’agriculture est aujourd’hui sous les feux<br />

des projecteurs du fait de la crise de la sécurité alimentaire à laquelle nous avons été<br />

confrontés en 2007 et en 2008, cette troisième réunion du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> survient en temps<br />

opportun pour que nous déterminions comment nous pouvons agir avec les gouvernements<br />

en vue d’accroître la productivité et les revenus des petits exploitants. J’espère qu’à la<br />

conclusion de cette session du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> nous aurons produit des idées novatrices sur la<br />

manière d’utiliser nos partenariats pour élargir les débouchés offerts par le marché aux petits<br />

exploitants et mettre au point des programmes de participation des jeunes ruraux aux activités<br />

agricoles, en incitant les petits exploitants à évoluer d’une agriculture de subsistance vers des<br />

activités agroalimentaires rentables et créatrices de richesses, en investissant dans leurs moyens<br />

de subsistance et en contribuant à la sécurité alimentaire, à l’autonomisation sociale et à la<br />

croissance économique.


APPENDICE III<br />

Présentation des “Partenariats en<br />

action 2008-2009”<br />

69


APPENDICE IV<br />

Résumé des deux événements parallèles<br />

Événements parallèles du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>, organisés en marge<br />

de la trente-troisième session du Conseil des gouverneurs du FIDA<br />

Siège du FIDA, Rome<br />

18 février 2010<br />

Introduction<br />

Deux événements parallèles ont été organisés, dans le cadre du processus du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong>,<br />

après la fin des travaux du Conseil des gouverneurs, dans l’après-midi du 18 février. Il avaient<br />

pour objectif d’offrir un espace de dialogue entre les représentants des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes, des représentants des gouvernements et des membres du personnel du FIDA et<br />

d’autres institutions des Nations Unies. Deux thèmes ont été retenus pour ces événements<br />

parallèles:<br />

• Qu’est-ce que le programme “Achats au service du progrès” (P4P)? Œuvrer aux côtés des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes à différents niveaux<br />

• Comment aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à offrir de meilleurs services à leurs<br />

membres<br />

On trouvera dans les pages ci-après un résumé de ces deux événements.<br />

75


76<br />

Qu’est-ce que le programme “Achats au<br />

service du progrès” (P4P)? Œuvrer aux<br />

côtés des organisations <strong>paysan</strong>nes à<br />

différents niveaux<br />

Généralités<br />

Le programme “Achats au service du progrès” (P4P) vise à améliorer les moyens d’existence<br />

des petits exploitants et des agriculteurs à faible revenu grâce à des interventions axées sur le<br />

marché. S’inspirant de la vaste expérience acquise par le Programme alimentaire mondial<br />

(PAM) des Nations Unies dans l’achat de produits alimentaires sur les marchés locaux et<br />

régionaux, le P4P fait appel à la “plate-forme de demande” du PAM concernant de tels<br />

produits pour accroître les niveaux de production et les débouchés des agriculteurs.<br />

L’objectif de cet événement parallèle était d’ouvrir un dialogue avec les participants à<br />

propos du programme P4P et d’examiner les principaux enseignements tirés à ce jour<br />

pour ce qui concerne l’action à entreprendre aux côtés des organisations <strong>paysan</strong>nes à<br />

différents niveaux du programme.<br />

Trois résultats étaient attendus de cet événement:<br />

• clarification du concept de P4P;<br />

• établissement d’une liste de recommandations adressées au PAM sur la possibilité de<br />

poursuivre son action auprès des organisations <strong>paysan</strong>nes à différents niveaux; et<br />

• établissement d’une liste de recommandations adressées aux organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

pour qu’elles sensibilisent leurs membres aux possibilités de vente au PAM (en en<br />

précisant les limites).<br />

Une quarantaine de personnes ont participé à cet événement, présidé par Jean-Philippe<br />

Audinet (coordonnateur du <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong> – FIDA). L’événement a débuté avec la<br />

présentation, par Arlene Mitchell, d’un exposé sur la Fondation Bill et Melinda Gates, l’une<br />

des principales sources de financement du P4P. Cet exposé a été suivi par celui présenté par<br />

deux membres du personnel du PAM: Mary McGroarty, conseillère principale de programme<br />

et Sarah Longford, conseillère P4P. Le troisième exposé a été présenté par Ibrahima Coulibaly,<br />

Président de la Coordination nationale des organisations <strong>paysan</strong>nes (CNOP) du Mali.<br />

Après la présentation des exposés, le débat a été ouvert et la parole donnée aux<br />

participants. Pour faciliter la discussion, les orateurs ont été invités à proposer, dans leurs<br />

interventions:<br />

• des exemples des meilleures méthodes suivies pour impliquer les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes à différents niveaux/échelons;<br />

• une description de modes efficaces de transmission de messages clés depuis<br />

l’organisation faîtière jusqu’aux membres vivant dans les zones rurales, par exemple en<br />

matière de qualité, de fixation des prix et d’information sur les marchés; et<br />

• des exemples de bonnes pratiques suivies par le réseau d’organisations <strong>paysan</strong>nes pour tirer<br />

les enseignements de l’expérience et en faire profiter leurs membres et des entités extérieures.<br />

Jean-Philippe Audinet a ouvert l’événement en déclarant que cette approche, qui consiste à<br />

tenter d’établir un lien entre les petits exploitants agricoles des pays en développement et le<br />

PAM, l’un des principaux acheteurs de produits alimentaires dans le monde, est à la fois<br />

importante et novatrice, mais non exempte de difficultés. Le manque d’aide alimentaire est


souvent perçu comme un obstacle au développement. Le fait qu’un acheteur important et<br />

stable, tel que le PAM, s’ouvre à un groupe de fournisseurs difficiles à appréhender, car constitué<br />

de nombreux petits exploitants, apparaît au FIDA comme une extraordinaire opportunité. Cela<br />

constitue de plus une excellente occasion de travailler de concert avec une autre institution<br />

basée à Rome et de rechercher des synergies.<br />

Il a souligné l’importance de cet événement dans lequel il voit un moyen, pour des acteurs<br />

qui n’ont pas nécessairement l’habitude de travailler ensemble – le PAM et les petits exploitants<br />

–, d’apprendre à se connaître et de trouver des avantages communs.<br />

Exposé présenté par la Fondation Bill et Melinda Gates<br />

Arlene Mitchell, Directrice adjointe par intérim, Développement agricole/Accès au marché, a<br />

présenté un exposé décrivant l’approche suivie par les trois programmes de la Fondation Bill et<br />

Melinda Gates – éducation, santé mondiale (malaria, VIH/sida, maladies négligées) et le<br />

troisième et nouveau pilier du programme: développement mondial. L’agriculture constitue la<br />

plus importante composante du programme de développement mondial, dont l’objectif,<br />

extrêmement ambitieux, est d’aider 150 millions de familles <strong>paysan</strong>nes pauvres d’Afrique<br />

subsaharienne et d’Asie du Sud à tripler leurs revenus d’ici à 2025.<br />

Dans l’ensemble des programmes, l’approche est guidée par plusieurs principes<br />

fondamentaux:<br />

• placer les petits <strong>paysan</strong>s, dont la plupart sont des femmes, au cœur des efforts de la<br />

Fondation;<br />

• mettre l’accent sur les zones dans lesquelles les besoins sont les plus pressants;<br />

• agir sur la base des observations et dans une perspective de résultats;<br />

• accorder une large place à des partenariats solides;<br />

• mener, dans le secteur de l’agriculture, des activités sur tous les points de la filière.<br />

Dans le cadre du programme de développement mondial, ce sont les petits <strong>paysan</strong>s disposant<br />

de moins de deux hectares pour vivre qui constituent le centre d’intérêt, et la mise en œuvre de<br />

la stratégie de la Fondation en matière d’impact sur la problématique hommes-femmes permet<br />

d’assurer la prise en compte des besoins et des rôles des femmes. Cet axe d’activité accorde une<br />

place importante à l’écoute des <strong>paysan</strong>s et à leur association à toutes les phases du travail.<br />

Trois critères définissent le succès:<br />

• augmentation des revenus des ménages <strong>paysan</strong>s;<br />

• augmentation du poids des enfants;<br />

• qualité et quantité accrues dans les régimes alimentaires des individus.<br />

Le programme travaille avec un large éventail de partenaires des secteurs public, privé et non<br />

lucratif, des pays en développement et des pays développés, et s’en inspire. Le premier don, et le<br />

plus important, est celui accordé à l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, une<br />

organisation conduite par des Africains et œuvrant pour redynamiser l’agriculture sur le<br />

continent. Il s’agit d’un mécanisme de financement accordant des dons aux échelons national et<br />

infranational. Le deuxième don, par ordre d’importance, concerne le P4P: la Fondation vise à<br />

accroître les revenus des <strong>paysan</strong>s en les faisant accéder à un nouveau marché, celui du PAM, et<br />

en faisant en sorte que le PAM effectue des achats auprès des petits <strong>paysan</strong>s. Les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes doivent, à cet égard, représenter les petits exploitants agricoles, et il faut que les<br />

femmes soient justement représentées parmi leurs membres et parmi leurs dirigeants. Ce don<br />

est exécuté par le PAM.<br />

Exposé présenté par le Programme alimentaire mondial<br />

Le programme “Achats au service du progrès” (P4P) est un projet pilote quinquennal, lancé en<br />

septembre 2008 par le PAM, et dont le but est d’offrir aux petits exploitants agricoles la<br />

77


78<br />

possibilité d’accéder aux marchés agricoles et de devenir des acteurs compétitifs sur le marché.<br />

La vision du P4P consiste à promouvoir le développement de marchés agricoles de manière<br />

que, d’ici à 2013, au moins 500 000 petits <strong>paysan</strong>s à faible revenu – majoritairement des<br />

femmes – puissent produire des excédents vivriers et les vendre à un prix équitable pour<br />

accroître leurs revenus. Depuis son lancement, l’initiative P4P a permis l’achat de<br />

36 000 tonnes de denrées alimentaires à de petits exploitants agricoles de 11 pays pilotes.<br />

L’objectif, pour 2010, est de porter les achats à 100 000 tonnes.<br />

Le programme laisse place à l’expérimentation de nouvelles modalités et plates-formes<br />

d’achat. Parmi celles-ci figurent les appels d’offres propres à favoriser les petits agriculteurs,<br />

l’acquisition directe auprès d’organisations <strong>paysan</strong>nes ou de négociants, la passation de contrats<br />

à terme avec les organisations <strong>paysan</strong>nes et les achats opérés dans le cadre du nouveau système<br />

de récépissés d’entrepôt et des bourses de marchandises. En outre, le PAM viendra ajouter son<br />

pouvoir d’achat de produits alimentaires aux initiatives collectives de manière à réduire ou à<br />

mutualiser les risques pesant sur les petits agriculteurs, à accroître leurs liquidités et à leur<br />

donner plus largement accès aux services financiers. Avec ce programme, le PAM s’écarte des<br />

pratiques d’acquisition essentiellement à grande échelle, avec appel à la concurrence, au profit<br />

de formules d’achat plus modulées s’appliquant à différents stades de la filière.<br />

Le programme poursuit les objectifs suivants:<br />

• recenser et mettre en commun les meilleures pratiques qui permettront au PAM, aux<br />

organisations non gouvernementales, aux gouvernements et aux parties prenantes du<br />

marché agricole de participer davantage et avec profit aux marchés;<br />

• améliorer les capacités afin d’accroître les revenus procurés par les marchés agricoles;<br />

• accroître les ventes des <strong>paysan</strong>s au PAM; et<br />

• transformer les programmes d’achat de produits vivriers du PAM.<br />

Le PAM entend conjuguer sa demande et les compétences, connaissances et ressources de<br />

partenaires qui, du côté de l’offre, incitent les agriculteurs à accroître leur production et à en<br />

améliorer la qualité. Grâce à la formation et au renforcement de leurs capacités, les petits<br />

exploitants acquerront les compétences et les outils nécessaires pour jouer un rôle actif sur les<br />

marchés agricoles, en vendant leurs produits au PAM et à d’autres clients. L’accès au crédit, la<br />

meilleure compréhension de la dynamique des marchés et l’assistance technique de partenaires<br />

aideront les agriculteurs à intervenir sur les marchés en dehors du concours du PAM.<br />

Couverture géographique du P4P: 21 pays pilotes<br />

Afrique: Burkina Faso, Éthiopie, Ghana, Kenya, Libéria, Malawi, Mali, Mozambique, Ouganda,<br />

République démocratique du Congo, Rwanda, Sierra Leone, Soudan, République-Unie de<br />

Tanzanie, Zambie<br />

Asie: Afghanistan, République démocratique populaire lao<br />

Amérique latine: El Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua<br />

Les chiffres de décembre 2009 montrent que le PAM et ses partenaires avaient, à cette date,<br />

recensé 356 organisations <strong>paysan</strong>nes réparties dans 15 pays et regroupant au total plus de<br />

620 000 membres. Ces organisations ont été ciblées dans le cadre du programme P4P en<br />

fonction de critères préétablis, parmi lesquels on trouve généralement:<br />

• l’immatriculation réglementaire;<br />

• la capacité minimale de rassembler des effectifs suffisants;<br />

• un pourcentage minimal de femmes parmi les membres (ou projet/stratégie<br />

d’accroissement de ce pourcentage); et<br />

• l’obtention de l’appui de divers partenaires se situant du côté de l’offre/pouvoirs<br />

publics, etc.


Dans le cadre du programme P4P, une quarantaine de ces organisations ont déjà signé avec le<br />

PAM des contrats d’achat portant sur un total de 20 000 tonnes, ou bien ont reçu une formation<br />

dans cette perspective. Néanmoins, toutes sont “ciblées”, ce qui signifie qu’elles auront la<br />

possibilité de vendre au PAM et/ou de bénéficier d’une formation ainsi que d’obtenir un appui<br />

du côté de l’offre.<br />

Le nombre et le type d’organisations <strong>paysan</strong>nes varient considérablement d’un pays à l’autre<br />

(de quatre ou cinq organisations <strong>paysan</strong>nes au Libéria, au Mozambique et en Zambie à 202 au<br />

Kenya, des associations locales aux organisations faîtières, en passant par les syndicats et<br />

fédérations d’agriculteurs au Mali et au Mozambique). La proportion de femmes parmi les<br />

membres des organisations <strong>paysan</strong>nes est extrêmement variable; dans l’ensemble des 15 pays<br />

visés, toutefois, les agricultrices ne représentent en moyenne que 20% du nombre d’adhérents.<br />

Cela étant, la plupart des organisations <strong>paysan</strong>nes se sont engagées à accroître ce pourcentage<br />

dans le cadre du programme P4P.<br />

L’importance que revêtent une participation plus directe des petits exploitants à la<br />

conception et à la mise en œuvre du programme P4P ainsi que la question des capacités a été<br />

soulignée lors du premier examen annuel du programme. L’accent est actuellement placé sur<br />

cette participation, de manière que le programme réponde aux besoins et aux priorités indiqués<br />

par ses bénéficiaires.<br />

Bien que le matériel didactique actuellement utilisé soit extrêmement varié, rien n’a encore<br />

été tenté pour harmoniser et intégrer les approches de formation. Est-ce nécessaire? Le PAM et<br />

ses partenaires sont conscients de la nécessité de traduire ces matériels dans les langues locales,<br />

mais aussi de veiller à la mise en place d’une formation qui favorise l’égalité entre les sexes,<br />

fasse largement appel à des approches participatives/interactives et soit accessible aussi bien à<br />

un public alphabétisé que non alphabétisé.<br />

Exposé de la CNOP du Mali sur le P4P au Mali et sur le partenariat avec<br />

l’organisation <strong>paysan</strong>ne Faso Jigi<br />

Ibrahima Coulibaly, de la CNOP du Mali, a décrit comment le PAM développe l’approche du<br />

P4P dans le pays et comment s’est structuré le partenariat avec les organisations <strong>paysan</strong>nes. Au<br />

cours des dernières années, les achats locaux ont essentiellement concerné le mil et le sorgho<br />

(1 500 tonnes en 2009 et 1 400 tonnes en 2010) par le biais d’une combinaison de contrats<br />

directs, de contrats à terme et d’adjudications concurrentielles. Les organisations <strong>paysan</strong>nes ont<br />

participé aux programmes locaux d’acquisitions principalement dans les régions de Sikasso,<br />

Ségou, Koulikoro et Mopti. Pour ce qui concerne le programme P4P, la possibilité pour une<br />

organisation <strong>paysan</strong>ne de signer des contrats avec le PAM est soumise aux conditions et critères<br />

suivants: avoir été immatriculée depuis au moins un an, disposer d’un compte bancaire,<br />

compter au minimum 30% de femmes parmi ses membres et comporter une grande majorité<br />

de petits exploitants parmi ses membres. Les adjudications locales sont organisées par le biais<br />

de l’établissement de partenariats avec le Gouvernement malien, le Ministère de l’agriculture et<br />

certaines ONG nationales et internationales.<br />

Dans ce contexte, l’organisation <strong>paysan</strong>ne Faso Jigi a entamé des discussions préliminaires<br />

avec l’équipe P4P du PAM en vue de comprendre comment Faso Jigi pourrait vendre sa<br />

production (mil, sorgho et riz) au PAM. Après chaque récolte, Faso Jigi peut disposer de<br />

10 tonnes de mil, de sorgho et de riz. Faso Jigi a été en mesure d’augmenter les prix à la<br />

production payés à ses membres, sur la base de primes de qualité, et c’est sur cette base qu’elle a<br />

entamé des discussions avec le bureau du PAM au Mali sur les modalités selon lesquelles le<br />

PAM pourrait absorber la nouvelle capacité de livraison de Faso Jigi. Du point de vue de Faso<br />

Jigi, les principales conditions du développement d’un partenariat durable entre les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes et le programme P4P reposent sur trois éléments: a) déterminer un prix<br />

fixe pour les cultures de base, afin de stabiliser la demande et de mieux organiser la<br />

79


80<br />

planification de chaque organisation <strong>paysan</strong>ne; b) soutenir le développement institutionnel<br />

des organisations <strong>paysan</strong>nes, afin d’accroître leur capacité de production de masse; et<br />

c) proposer un calendrier plus souple de collecte des récoltes.<br />

Débat en séance plénière<br />

“Nous avons toujours compris que le PAM nous fournissait des vivres, mais nous n’avons<br />

jamais envisagé le PAM comme une entité susceptible de nous acheter notre production.<br />

Je pense qu’il est important que cette occasion nous soit donnée et que nous puissions<br />

envisager de telles solutions de rechange pour les petits <strong>paysan</strong>s. Aujourd’hui, nous ne<br />

disposons pas réellement des conditions adéquates à la production. Les <strong>paysan</strong>s<br />

parviennent difficilement à bien vendre leur production sur le marché. Pourquoi? Il y a des<br />

intermédiaires, et ce sont eux qui gagnent le plus. Cela est certainement vrai au Honduras.<br />

Nous avons besoin d’installations d’entreposage. Nous avons besoin d’infrastructures pour<br />

nous soutenir. Nous avons besoin d’argent. Nous sommes souvent payés des mois et des<br />

mois après la vente. Et comment nous assurer que nous disposons de la technologie<br />

nécessaire pour une production de qualité?”<br />

– Maria Alicia Calles, Union des femmes <strong>paysan</strong>nes, Honduras<br />

Après la présentation des exposés, le débat a été ouvert et la parole donnée aux participants.<br />

Les principaux points ressortant de la discussion sont résumés ci-après.<br />

Prix du marché et modalités d’acquisition<br />

Les plus vives préoccupations ont été exprimées à propos des prix et des modalités<br />

d’acquisition. Où et comment sont-ils définis? De nombreux participants ont dit craindre que<br />

retenir le critère de la fixation “concurrentielle” des prix ne crée un fossé qui exclurait leur<br />

participation au programme. Les appels d’offres seraient monopolisés par les négociants qui<br />

ont l’habitude des importations et disposent des moyens de manipuler de grandes quantités<br />

de biens normalisés et de mobiliser des ressources financières grâce à leur accès au crédit. Il<br />

est impossible, pour les petits exploitants, de répondre à ces conditions. Il a été proposé de<br />

définir un prix intéressant, qui serait le prix du marché avec un petit supplément pour le<br />

travail accompli, de diviser le montant total en montants plus petits et de limiter le recours<br />

aux appels d’offres afin de donner la priorité aux organisations <strong>paysan</strong>nes. On a aussi estimé<br />

que le programme P4P devrait établir une connexion directe avec les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

pour débattre des prix. Si le PAM veut se rendre dans les villages et procéder aux acquisitions<br />

selon ses propres critères, ce sont les petits négociants villageois qui en bénéficieront, et non<br />

les petits <strong>paysan</strong>s. Collectivement, les membres d’une coopérative de petits <strong>paysan</strong>s ne seront<br />

pas en mesure d’amasser 20 tonnes de maïs. D’une manière ou d’une autre, il faut créer des<br />

conditions de fixation des prix qui soient adéquates pour les organisations <strong>paysan</strong>nes et<br />

auxquelles elles puissent légitimement répondre. Le P4P doit, à cet égard, être bien plus<br />

qu’une stratégie d’approvisionnement, car d’autres facteurs entrent en jeu. Comme l’a dit l’un<br />

des participants, “l’objectif du PAM est d’atteindre 500 000 ménages à faible revenu? Mais,<br />

s’agissant des prix, le principe d’action est-il conforme à l’objectif fixé?”.<br />

La représentante du PAM a expliqué que le programme se réfère aux prix du marché local.<br />

L’une des règles, sur ce plan, est que le PAM ne veut pas payer plus qu’il ne l’aurait fait en<br />

ayant recours à un processus normal d’appel d’offres local. C’est là un bon point de référence,<br />

qui supprime des couches de la pyramide et ramène aux <strong>paysan</strong>s. Elle a ajouté que le PAM est<br />

aussi un acquéreur privilégiant la qualité et qu’il n’ignore pas que le nettoyage et la<br />

préparation des différents produits alimentaires impliquent un travail non négligeable, pour<br />

lequel les négociants seront remboursés. Elle a aussi expliqué que le P4P cherche à<br />

expérimenter de nouvelles modalités d’acquisition, et plus précisément en matière d’appels<br />

d’offres, en réduisant la taille à 50 tonnes, en fournissant des sacs aux organisations <strong>paysan</strong>nes


ou aux vendeurs (c’est normalement le négociant qui achète les sacs), en achetant sur une base<br />

incoterm FCA (le PAM collecte les marchandises à l’entrepôt du vendeur) – essentiellement<br />

pour rendre le processus plus simple pour le petit exploitant. Si quelqu’un offre des semences<br />

ou des technologies améliorées, le PAM attribuera un contrat à terme ou formulera un<br />

engagement d’achat.<br />

L’un des participants du Brésil a expliqué que le PAM conduit des programmes<br />

d’alimentation scolaire et qu’il peut travailler par le biais de ce programme ou d’autres<br />

programmes. Il n’est pas nécessaire d’acheter d’énormes quantités à de grandes distances. Le<br />

PAM pourrait ainsi avoir recours à une procédure locale de passation de marchés pour participer<br />

à un travail avec une organisation de soins de santé. Il existe, au niveau local, une longue chaîne<br />

d’acteurs et d’associations dans laquelle cela pourrait se faire.<br />

Capacité de stockage/entreposage<br />

Une autre préoccupation a été exprimée: bien que de nombreux <strong>paysan</strong>s soient membres<br />

d’organisations <strong>paysan</strong>nes, ils ne remplissent néanmoins pas un autre critère, en ce sens qu’ils<br />

ne disposent pas d’installations d’entreposage et de capacité de stockage. Le PAM a reconnu que,<br />

lors des travaux préparatoires menés dans les 21 pays, il était clairement apparu que la capacité<br />

de stockage et de commercialisation constituait un énorme facteur limitant pour les<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes. Le PAM a exprimé l’espoir de pouvoir catalyser ses efforts par<br />

l’intermédiaire d’autres partenaires – en ayant recours, par exemple, à des contrats à terme afin<br />

que des partenaires privés puissent intervenir et mettre en place des unités de stockage.<br />

Liquidités immédiatement disponibles et accès au crédit<br />

Plusieurs participants ont évoqué le besoin de liquidités, en particulier pour des paiements<br />

rapides après la récolte. Le microcrédit ne constitue pas la panacée, spécialement pour les petits<br />

exploitants. Le PAM a reconnu la complexité de la question et cité le crédit à terme comme<br />

l’une des solutions possibles. Le partenariat est toutefois essentiel sur ce point, étant donné<br />

que le PAM est une institution ne possédant pas d’expertise en matière de microcrédit. Le PAM<br />

s’est dit conscient de la nécessité de développer des partenariats avec des organisations comme<br />

le FIDA et la FAO, cependant que le PAM pourrait offrir son système de passation des marchés<br />

comme catalyseur.<br />

Représentativité des organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

“Notre coopérative fonctionne avec succès, elle est démocratique, et les femmes y sont<br />

fortement représentées. Quel est le problème? Chacun pense savoir quels sont les besoins<br />

des autres.” – Ibrahim Coulibaly, CNOP, Mali<br />

Il y a une réalité tenace: il existe des négociants, grands ou petits, qui veulent court circuiter les<br />

agriculteurs marginalisés. Certains participants ont dit craindre que les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

légitimes ne soient négligées à cause de perceptions “extérieures” de non-représentativité de<br />

leurs membres, ou à cause d’impressions d’exclusion de <strong>paysan</strong>s plus marginalisés. Le PAM a<br />

reconnu avoir été parfois déçu par le fait que les organisations <strong>paysan</strong>nes ne se soucient pas des<br />

petits exploitants. Il ne cherche toutefois jamais à affaiblir les organisations <strong>paysan</strong>nes ou leurs<br />

relations avec les institutions des Nations Unies. L’intention est de faire en sorte que les petits<br />

exploitants soient inclus dans l’équation, dans la mesure en particulier où c’est au niveau du<br />

village qu’est attendu l’impact souhaité du programme. Pour être résolues, ces difficultés doivent<br />

être abordées en commun.<br />

Partenariat<br />

“Je n’ai pas d’expérience du P4P, mais j’ai celle d’un donateur de toutes les institutions basées<br />

à Rome. Nous pensons que l’importance de ce mécanisme tient au fait qu’il devient un fort<br />

élément de développement, par son introduction dans l’aide humanitaire et par<br />

81


82<br />

l’introduction de mesures à court terme dans une perspective de développement à plus<br />

long terme. Et il est important, dans cet effort, de rechercher des alliances de différentes<br />

forces. Nous avons toujours plaidé pour que les organisations œuvrent de concert. En voici<br />

une parfaite occasion.” – Martine Van Dooren, Ambassadeur de Belgique<br />

Cette question des partenariats est fondamentale – partenariat entre les gouvernements, entre<br />

les institutions des Nations Unies ayant leur siège à Rome et les organisations <strong>paysan</strong>nes, ainsi<br />

qu’avec les partenaires du côté de l’offre et le secteur privé. Chaque partenaire a son mandat et<br />

apporte sa propre expertise, ses compétences, ses ressources, ses technologies et ses<br />

innovations. La clé réside dans la coordination, qui doit faire en sorte que les avantages soient<br />

répartis équitablement, spécialement en faveur des petits exploitants agricoles. En principe, ce<br />

sont les gouvernements qui devraient assurer la coordination de l’ensemble.<br />

Durabilité<br />

Étant donné que le programme P4P est limité dans le temps, puisqu’il doit s’achever en 2013,<br />

la question de sa durabilité a été soulevée. Le programme est un processus induit par la<br />

demande, conçu pour renforcer les capacités des agriculteurs et les aider à produire. Si, à la fin<br />

du programme, la demande stable et importante du PAM venait à manquer, qu’est-ce qui la<br />

remplacerait? Le gouvernement? Le poids d’un acteur tel que le PAM sur le marché est loin<br />

d’être négligeable. Quelle est la stratégie de sortie?<br />

La représentante du PAM a répondu que lorsque les stratégies sont conçues pour les<br />

différents pays, le principal facteur pris en compte est celui de la manière dont le programme<br />

peut contribuer au développement de l’agriculture et du marché, de manière à faire des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes des acteurs compétitifs sur le marché, sur une base durable. Un autre<br />

facteur intervient dans la durabilité: la liaison avec les programmes mis en œuvre par les<br />

pouvoirs publics, par exemple par l’intermédiaire des programmes d’alimentation scolaire<br />

utilisant des produits cultivés sur place. La clé de la durabilité se trouve donc dans la liaison<br />

entre les agriculteurs et le marché. On ne peut pas créer de dépendance du côté du marché,<br />

avec une situation dans laquelle les agriculteurs vendraient tout leur stock de produits au<br />

PAM. Le programme se veut une occasion d’ouvrir une porte, et cette occasion ne peut pas et<br />

ne doit pas s’arrêter au PAM. Dans cette perspective, le PAM travaille avec d’autres acheteurs en<br />

Afrique, et avec les gouvernements ayant exprimé un intérêt pour l’acquisition de produits<br />

locaux pour l’alimentation scolaire. L’idée est d’opérer une transition et de remplacer les<br />

acteurs externes pour parvenir à une situation du type acquisitions locales, gestion locale,<br />

appropriation locale. Dans cette perspective, il n’est pas nécessaire que les prix soient<br />

compétitifs pour assurer la durabilité. L’une des stratégies possibles consiste à réduire les coûts<br />

de production.<br />

“Nous devrions toujours démarrer sur un a priori: ‘Oui, vous êtes mon partenaire.’ “<br />

– Jean-Philippe Audinet, FIDA<br />

Jean-Philippe Audinet a conclu l’événement parallèle en réaffirmant que le <strong>Forum</strong> <strong>paysan</strong><br />

n’est pas seulement un lieu de rencontre et de dialogue, mais aussi un lieu de respect et de<br />

découverte du potentiel que peut déclencher la collaboration. Il a souligné la valeur de<br />

l’initiative P4P et l’ampleur de la collaboration et du partenariat qu’elle exige, dans lesquels<br />

les organisations <strong>paysan</strong>nes occupent la place la plus importante.


Comment aider les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes à offrir de meilleurs services à<br />

leurs membres?<br />

Généralités<br />

La nécessité de soutenir les organisations <strong>paysan</strong>nes n’est plus mise en question. Elles<br />

contribuent pour une part essentielle à la réalisation de plusieurs objectifs: améliorer les moyens<br />

de subsistance des populations rurales pauvres, réduire la pauvreté et parvenir à la sécurité<br />

alimentaire. Par les services qu’elles offrent à leurs membres, elles peuvent apporter un précieux<br />

concours à l’amélioration de la production et des revenus des petits producteurs. Les données<br />

disponibles attestent de leur capacité à relier les petits exploitants aux marchés; à accélérer<br />

l’adoption des technologies et des intrants; à encourager la gestion durable de la terre, de l’eau et<br />

d’autres ressources naturelles; ainsi qu’à regrouper et exprimer les avis des petits producteurs dans<br />

l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, du niveau national au niveau mondial.<br />

Il ressort de l’examen des partenariats entre le FIDA et les organisations <strong>paysan</strong>nes pour la période<br />

biennale 2008-2009 que leur participation à la conception et à l’exécution des programmes et<br />

projets du FIDA a pour résultats des stratégies nationales mieux adaptées et plus précises, une<br />

meilleure compréhension de la pauvreté rurale et une identification plus facile des groupes cibles<br />

du FIDA. Leur participation garantit qu’une attention renforcée est accordée aux petits <strong>paysan</strong>s<br />

pauvres. Elle permet aussi de faciliter l’accès aux connaissance et à l’expérience des populations<br />

locales et autochtones, ce qui accroît la pertinence des projets. Elle contribue enfin à une plus<br />

grande durabilité des projets en développant un fort sentiment d’appropriation par les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes. En un mot, la participation des organisations <strong>paysan</strong>nes influe positivement sur les<br />

résultats des projets, en termes de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire.<br />

Afin de fournir des services appropriés à leurs membres, les organisations <strong>paysan</strong>nes ont<br />

besoin d’un large soutien pour améliorer leurs capacités humaines et financières internes et<br />

développer leur organisation institutionnelle. De toute évidence, ces besoins varient selon le<br />

niveau d’activité des organisations <strong>paysan</strong>nes (du niveau local au niveau mondial) et selon le<br />

type de services qu’elles offrent à leurs membres (techniques, économiques, sociaux, etc.). Leurs<br />

besoins sont également fonction de leur maturité et de leur degré de développement. Un<br />

nombre croissant d’organisations <strong>paysan</strong>nes ont renforcé leurs capacités internes et sont de plus<br />

en plus à même de définir et de planifier leurs objectifs. Certaines d’entre elles ont même créé<br />

des agences de développement qui fournissent des services à leurs propres membres et à<br />

d’autres organisations <strong>paysan</strong>nes.<br />

Même lorsqu’elles disposent de fortes capacités internes, les organisations <strong>paysan</strong>nes ne<br />

peuvent pas fournir tous les services dont leurs membres ont besoin. En outre, il est parfois plus<br />

efficace pour elles de servir de relais à des services d’origine externe. Elles doivent donc s’en<br />

remettre dans une certaine mesure à des prestataires de services externes appartenant au secteur<br />

public ou privé – institutions publiques de conseil et de recherche, organisations non<br />

gouvernementales, entreprises privées, prestataires de services financiers et fournisseurs d’intrants.<br />

Un autre problème important auquel sont confrontées les organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

concerne leur dépendance vis-à-vis de soutiens financiers externes, et les risques qui y sont<br />

liés. En général extrêmement variables (en fonction, par exemple, des cycles de projet),<br />

83


84<br />

les soutiens externes ne favorisent pas la durabilité des prestations de services. De plus, ils<br />

sont souvent extrêmement exigeants en termes de soumission de rapports. Les soutiens<br />

externes peuvent également dissuader les organisations <strong>paysan</strong>nes de chercher à accroître<br />

leurs propres ressources, et les gouvernements d’appuyer la prestation par ces organisations<br />

de services publics.<br />

Objectif et résultats attendus<br />

L’objectif de cet événement parallèle était d’engager un dialogue avec les participants en vue<br />

de formuler des recommandations sur la manière d’aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à offrir<br />

de meilleurs services à leurs membres, eu égard en particulier aux questions suivantes:<br />

• comment adapter le soutien au développement des organisations <strong>paysan</strong>nes en tenant<br />

compte de leur diversité et des divers degrés de maturité;<br />

• comment parvenir à un juste équilibre entre services internes et externes; et<br />

• comment parvenir à la durabilité de la prestation des services des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes tout en rendant mieux compte de leurs activités à leurs membres.<br />

Quatre résultats étaient escomptés:<br />

• une liste des principes clés relatifs au soutien à apporter aux organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

pour qu’elles puissent offrir de meilleurs services à leurs membres;<br />

• des recommandations sur la manière d’adapter le soutien aux différents types<br />

d’organisations <strong>paysan</strong>nes;<br />

• des recommandations sur la manière de nouer des partenariats avec des organisations<br />

parvenues à maturité et ayant développé une forte capacité d’appui à leurs membres; et<br />

• des exemples de bonnes pratiques et de pratiques novatrices de soutien aux<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes, en particulier pour l’amélioration de la durabilité des services<br />

et le renforcement de la capacité des organisations <strong>paysan</strong>nes à rendre compte.<br />

Débats<br />

L’événement parallèle a été présenté et présidé par Philippe Rémy, coordonnateur des politiques<br />

au FIDA. La nécessité de soutenir les organisations <strong>paysan</strong>nes n’est plus mise en question. Elles<br />

contribuent pour une part essentielle à la réalisation de plusieurs objectifs: améliorer les moyens<br />

de subsistance des populations rurales pauvres, réduire la pauvreté et parvenir à la sécurité<br />

alimentaire. Par les services qu’elles offrent à leurs membres, elles peuvent apporter un précieux<br />

concours à l’amélioration de la production et des revenus des petits producteurs. Les données<br />

disponibles attestent de leur capacité à relier les petits exploitants aux marchés; à accélérer<br />

l’adoption des technologies et des intrants; à encourager la gestion durable de la terre, de l’eau et<br />

d’autres ressources naturelles; ainsi qu’à regrouper et exprimer les avis des petits producteurs<br />

dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, du niveau national au niveau mondial.<br />

Cinq des participants au débat ont présenté de brefs exposés sur leur organisation et leur<br />

expérience en matière de soutien à la prestation de services par les organisations <strong>paysan</strong>nes.<br />

• Ignace Coussement, Directeur d’AgriCord, a présenté cette alliance qui regroupe dix<br />

agri-agences de huit pays de l’Organisation de coopération et de développement<br />

économiques (OCDE) et qui mobilise un soutien aux organisations <strong>paysan</strong>nes de pays<br />

en développement dans quatre domaines principaux: renforcement organisationnel,<br />

développement institutionnel et coopération entre <strong>paysan</strong>s, élaboration des politiques et<br />

plaidoyer, et opérations économiques. Il a souligné la nécessité de répondre à la diversité<br />

des organisations <strong>paysan</strong>nes en offrant de la souplesse, en veillant à une bonne<br />

détermination et préparation des projets, et en encourageant les réseaux de <strong>paysan</strong> à<br />

<strong>paysan</strong>. Le juste équilibre entre services internes et externes devrait être basé sur une<br />

évaluation préalable approfondie des prestataires de services potentiels et sur un contrôle


par les <strong>paysan</strong>s de la prestation des services – par exemple, par l’intermédiaire d’un cadre<br />

coopératif, d’une unité distincte appartenant totalement aux <strong>paysan</strong>s, d’une position clé<br />

dans le cadre de gouvernance et d’un suivi des petits planteurs.<br />

• Mercy Karanja, responsable principale des programmes, a présenté un exposé général sur<br />

les objectifs et les activités de la Fondation Bill et Melinda Gates dans le secteur du<br />

développement de l’agriculture. Elle a expliqué que la Fondation s’intéresse principalement<br />

aux petits exploitants agricoles, et tout particulièrement aux femmes, et qu’elle soutient<br />

l’ensemble de la filière par le biais d’un certain nombre d’initiatives: initiative relative à la<br />

productivité des agriculteurs (accès au savoir et aux intrants); initiative relative à la science<br />

et à la technologie (développement de nouvelles technologies); initiative relative à l’accès<br />

au marché; et initiative relative à la politique et aux statistiques (politique porteuse). La<br />

Fondation soutient le Centre d’appui aux organisations de producteurs en Afrique<br />

(FOSCA), en cours d’établissement.<br />

• Fadel Ndiamé, consultant pour la Fondation Bill et Melinda Gates, est ensuite intervenu<br />

pour décrire le FOSCA, dont l’objectif est de faciliter l’accès des organisations <strong>paysan</strong>nes à<br />

des prestataires de services externes induits par la demande et de promouvoir des liens<br />

commerciaux entre les groupes de <strong>paysan</strong>s et les acteurs privés, les partenaires du<br />

développement et les intermédiaires financiers. Le FOSCA coopérera avec les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes pour rendre possible la fourniture au plan local d’une capacité technique et<br />

administrative et agira en coordination avec d’autres partenaires plus spécialisés dans la<br />

fourniture d’une assistance aux organisations <strong>paysan</strong>nes en matière d’élaboration des<br />

politiques. Le FOSCA a pour fonction première de certifier des réseaux de prestataires<br />

pouvant fournir, à la demande, des services techniques, de gestion et institutionnels à<br />

différentes organisations <strong>paysan</strong>nes et de faire ensuite office de mécanisme chargé de<br />

faciliter l’établissement de liens commerciaux entre les collectifs de groupements <strong>paysan</strong>s<br />

et les marchés des intrants et des produits par l’intermédiaire d’acteurs du secteur privé, de<br />

partenaires du développement et d’intermédiaires financiers.<br />

• Marlene Ramirez, Secrétaire générale de Développement des ressources humaines en Asie<br />

rurale (Asia DHRRA), a présenté son organisation. Asia DHRRA est un partenariat régional<br />

de réseaux et d’organisations de dix pays asiatiques qui donne à des représentants du<br />

monde rural – <strong>paysan</strong>s aussi bien qu’agents du développement – un soutien et des<br />

possibilités d’améliorer leurs connaissances, leurs compétences et leur façon de voir. Au<br />

plan régional, ses services cherchent à accompagner les organisations <strong>paysan</strong>nes dans le<br />

renforcement de leur base organisationnelle, démarche essentielle pour assurer leur<br />

autonomisation et leur durabilité. Le soutien fourni suit une intervention programmatique<br />

adaptée à leur croissance organisationnelle, depuis la création jusqu’à<br />

l’institutionnalisation et la consolidation. Au plan national, l’appui d’Asia DHRRA au<br />

développement des entreprises rurales prend en compte les divers stades du renforcement<br />

des capacités des organisations <strong>paysan</strong>nes, à commencer par l’amélioration des régimes<br />

fonciers. Son programme facilitant l’accès des petits producteurs au marché fournit des<br />

services ciblés aux organisations <strong>paysan</strong>nes et aux organisations partenaires utilisant<br />

l’approche des filières.<br />

• Pedro Peretti, de la Federación Agraria Argentina (FAA), a présenté son organisation<br />

centenaire, un syndicat qui fournit aussi des services – financiers et non financiers – par<br />

l’intermédiaire d’un réseau de coopératives. La FAA n’accepte aucun financement du<br />

Gouvernement argentin, afin de sauvegarder son indépendance, mais elle accepte une aide<br />

internationale à concurrence de 15% de ses ressources totales. Il a insisté sur un certain<br />

nombre de principes fondamentaux, notamment la nécessité de veiller à la transparence<br />

dans la prestation des services, d’éviter le développement d’une caste bureaucratique de<br />

85


86<br />

dirigeants en assurant des élections et un renouvellement périodiques, de maintenir<br />

d’étroites connexions avec les bases locales et de parvenir à un contrôle social fort. Le<br />

renforcement des capacités des organisations membres est encouragé par l’intermédiaire<br />

d’une fondation, en particulier pour le renforcement des filières commerciales.<br />

Recommandations<br />

Les principales recommandations issues des observations formulées par trois des intervenants<br />

(Ndiogou Fall, du Réseau des organisations <strong>paysan</strong>nes et de producteurs de l’Afrique de<br />

l’Ouest [ROPPA], Steven Ruvuga, du Réseau national des groupements d’agriculteurs de<br />

Tanzanie [MVIWATA], et Pedro Peretti, de la FAA), et du débat qui a suivi peuvent être<br />

résumées comme suit:<br />

Principes fondamentaux relatifs au soutien à apporter aux organisations <strong>paysan</strong>nes afin<br />

qu’elles offrent un meilleur service à leurs membres<br />

• Fonder le soutien aux organisations <strong>paysan</strong>nes sur un partenariat efficace, le respect<br />

mutuel et la confiance.<br />

• Veiller à ce que la prestation de services soit contrôlée par les agriculteurs et induite par<br />

la demande.<br />

• Privilégier le soutien direct aux organisations <strong>paysan</strong>nes pour renforcer leurs propres<br />

capacités de choisir entre la prestation directe de services à leurs membres ou le recours à<br />

des prestataires externes.<br />

• Partir de la réalité: prévoir une phase préparatoire induite par les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes (éventuellement avec un soutien externe) pour définir les objectifs, évaluer le<br />

contexte d’ensemble (par exemple, cadre juridique, politiques budgétaires et autres<br />

politiques pertinentes, cartographie des prestataires de services, marchés), concevoir le<br />

programme de prestation de services et définir un plan d’action. À cet effet, les activités<br />

préparatoires doivent être reflétées dans les programmes et budgets des donateurs.<br />

• Développer des services de proximité, en s’appuyant sur diverses sources, couvrant à la<br />

fois les organisations <strong>paysan</strong>nes et les partenaires externes.<br />

• Un appui institutionnel à long terme est nécessaire pour soutenir le développement des<br />

institutions, en particulier du point de vue de la gouvernance et de celui de la gestion des<br />

organisations <strong>paysan</strong>nes. Les organisations <strong>paysan</strong>nes doivent être renforcées à la fois<br />

pour offrir des services et pour avoir accès aux services (recenser les prestataires de services<br />

correspondant aux besoins des organisations <strong>paysan</strong>nes), et ensuite pour assurer le suivi<br />

de la qualité des services ainsi que de leur impact sur les activités des agriculteurs.<br />

• Veiller, dans le même temps, à ce que de petits montants puissent être alloués à court<br />

terme, afin d’assurer la souplesse des budgets et la mise à disposition rapide de fonds.<br />

Adaptation du soutien aux divers types d’organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

• Cartographier les organisations <strong>paysan</strong>nes et leur stade de développement pour un<br />

soutien mieux adapté. (Asia DHRRA, par exemple, distingue quatre stades – survie,<br />

productivité, croissance et expansion.)<br />

• Cartographier les prestataires de services, afin d’aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à<br />

trouver le meilleur équilibre entre services internes et externes.<br />

• Faire en sorte que le soutien soit souple, afin de l’adapter aux différents types<br />

d’organisations <strong>paysan</strong>nes et de promouvoir une diversification des prestataires de<br />

services, parmi lesquels les organisations <strong>paysan</strong>nes elles-mêmes.<br />

• Aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à faire leurs propres choix stratégiques quant aux<br />

domaines prioritaires de renforcement des capacités, déterminer les services qu’elles<br />

peuvent elles-mêmes offrir et renforcer leurs capacités en la matière.


Durabilité de la prestation des services aux membres des organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

• Se concentrer sur les activités économiques et l’accès aux marchés. L’autonomisation<br />

économique est considérée comme essentielle pour assurer la durabilité. Dans cette<br />

perspective, toutefois, l’amélioration des capacités des organisations <strong>paysan</strong>nes d’assurer<br />

aux producteurs l’accès aux ressources productives, notamment la terre, et/ou le contrôle<br />

de ces ressources est un facteur important.<br />

• Aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à s’insérer dans les filières et à établir des partenariats<br />

avec les autres parties prenantes.<br />

• Offrir aux organisations <strong>paysan</strong>nes un accès aux ressources financières (fonds<br />

renouvelables, prêts concessionnels accordés par des institutions de microfinancement) et<br />

les aider à developper des contrats avec des investisseurs privés socialement responsables,<br />

garantissant des prix rémunérateurs, et aidant les OP à élargir leur éventail d’activités.<br />

• Aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à envisager des stratégies de sortie dès le début de leurs<br />

activités de prestation de services.<br />

• Aider les organisations <strong>paysan</strong>nes à s’engager dans les processus de concertation sur les<br />

politiques avec les gouvernements, et à négocier des soutiens, en particulier lorsqu’elles<br />

assurent des services publics.<br />

• Adapter les subventions à la capacité de paiement : les capacités des organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes sont souvent surestimées, et il faut les aider à développer leur propre capacité de<br />

démarrage, d’autoévaluation et d’adaptation de leurs activités.<br />

Observations finales<br />

En conclusion, le rôle central des organisations <strong>paysan</strong>nes et de leurs membres dans la<br />

définition, la prestation et le contrôle de la qualité des services a été réaffirmé, tout comme ont<br />

été réitérés les problèmes qu’implique le soutien financier externe.<br />

Les risques du soutien financier externe<br />

Les organisations <strong>paysan</strong>nes ont à l’évidence besoin d’un appui extérieur pour offrir de meilleurs<br />

services à leurs membres, directement ou par l’intermédiaire de prestataires de services externes.<br />

Elles sont toutefois confrontées à un important défi, qui concerne leur dépendance vis-à-vis de<br />

soutiens financiers externes, et les risques qui y sont liés. En général extrêmement versatiles (en<br />

fonction, par exemple, des cycles de projet), les soutiens externes ne favorisent pas la durabilité<br />

des prestations de services. De plus, ils sont souvent extrêmement exigeants en termes de<br />

soumission de rapports, et les organisations <strong>paysan</strong>nes risquent dans ces conditions d’avoir<br />

davantage de comptes à rendre à leurs donateurs qu’à leurs membres. En outre, si le soutien des<br />

pouvoirs publics aux organisations <strong>paysan</strong>nes fournissant des services publics relève d’une<br />

attitude positive, il présente aussi un risque de dépendance que certaines organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes se refusent à prendre.<br />

Les participants ont également souligné l’importance de la capitalisation des connaissances<br />

au sein des organisations <strong>paysan</strong>nes, spécialement par l’encouragement et le renforcement des<br />

liaisons/réseaux entre <strong>paysan</strong>s sur la base d’engagements institutionnels à long terme, et le<br />

renforcement des liens entre plates-formes régionales. Apprendre les bonnes pratiques, faciliter<br />

les échanges – en particulier les échanges Sud-Sud – et faire participer les organisations<br />

<strong>paysan</strong>nes au suivi évaluation des projets, y compris ceux du FIDA, sont essentiels pour tirer<br />

davantage – et plus utilement – d’enseignements de la participation des organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

en termes de renforcement des capacités et de prestation de services.<br />

87


88<br />

APPENDICE V<br />

Liste des participants<br />

ORGANISATIONS PAYSANNES ET DE PRODUCTEURS RURAUX<br />

Afrique orientale et australe<br />

Mr Renaldo Chingore João, President, Uniao Nacional de Camponeses (UNAC),<br />

Maputo, Mozambique. Tel +258-21-306738 / +258-21-311828; Fax +258-21-306738<br />

diamantino@unac.org.mz; diamantino.n@gmail.com<br />

Mr Leonard Nduati Kariuki, National Chairman, Kenya National Federation of Agricultural<br />

Producers (KENFAP), Nairobi, Kenya. Tel +254-20-608324; producers@kenfap.org,<br />

nduati@nelleon.co.ke, leonduati@yahoo.com; http://www.kenpaf.org<br />

Mr Philip Kiriro, President, Nairobi, Kenya. Tel/fax +254-20-4451691;<br />

Mobile +254-728 405067; farmers@knfu.org; philipkiriro@yahoo.com; info@eaffu.org;<br />

www.eaffu.org<br />

Mr Steven A. Ruvuga, National Coordinator, Morongoro, Tanzania.<br />

Tel/Fax +255-(0)232 6141 84; Fax +255-(0)2614184; Mobile +255-(0)744 38 92 47;<br />

saruvuga@yahoo.co.uk; mviwata@africaonline.co.tz<br />

Mr Douglas Taylor-Freeme, President, Pretoria, South Africa. pondoro@cfu.co.zw,<br />

info@sacau.org; http://www.sacau.org<br />

Mr Solofo Andrianjafimahatratra, President, Chambre d’Agriculture, Tranoben’ny Tantsaha,<br />

Madagascar. h.rakotondratsima@ifad.org, capfida@blueline.mg.<br />

Ms Alice Kachere, Board Chair Person, National Smallholder Farmers Association<br />

of Malawi, Lilongwe, Malawi. Tel +265 1 772866, nasfam@nasfam.org;<br />

http://www.nasfam.org<br />

Ms Frank Tumwebaz, President, Uganda National Farmers Federation (UNFFE),<br />

Northern Region Representative, Kampala, Uganda. Tel +256-414-340249 / 230705;<br />

franktumwebaze@yahoo.co.uk; http://www.unffe.org<br />

Afrique de l’Ouest et du Centre<br />

Mr King-David Amoah, President, Farmers’ Organisations Network in Ghana Accra<br />

(FONG), Ghana. Tel +233-21-315894; ecasardghana@yahoo.com,<br />

daa@africaonline.com.gh; ecasard@ghana.com<br />

Mr Makanjuola Olaseinde Arigbede, National Coordinator, United Small & Medium<br />

Scale Farmers Associations of Nigeria (USMEFAN), Member of the Farmers’ <strong>Forum</strong><br />

Steering Committee, IBADAN Oyo State, Nigeria. Tel +234-2-8107367;<br />

Tel/fax +234-2-8103720; Mobile +234-8034647797; olaseindearigbede@yahoo.com


Mr Ibrahima Coulibaly, President, CNOP Mali, Bamako, Mali.<br />

Tel +223-228-7415/272 34 88 (dir), Tel c/o AOPP +223-228-6781 / 223-6761126;<br />

i_ibracoul@yahoo.fr, aopp@cefib.com<br />

Mr NDiogou Fall, President, ROPPA Western Africa, Member of the Farmers’ <strong>Forum</strong><br />

Steering Committee, Thiès, Senegal. Tel +221-9511237; Mobile +221 77 614 17 24;<br />

fongs@orange.sn, fongs@sentoo.sn, Ousseini.Ouedraogo@roppa-ao.org;<br />

http://www.roppa.info<br />

Ms Elisabeth Atangana, President, PROPAC Central Africa, Yaounde, Cameroon.<br />

Tel +237 99 44 08 30 / +23799825940; cnopcameroun@yahoo.fr,<br />

cnop_cam2001@yahoo.fr, propac_cm@yahoo.fr; http://www.propac-op.org<br />

Ms Hortense Kinkodila, Présidente, CNOP Concertation Nationale des Organisations<br />

Paysannes et des producteurs agricoles du Congo Brazzaville, Republic of Congo.<br />

cnopcongo_op@yahoo.fr, congobrazza2001@yahoo.fr, kinkodilahortense@yahoo.fr<br />

laminezie@gmail.com; http://cnop-congo04.e-monsite.com/<br />

Ms. Alphonsine Nguba Ngiengo, COPACO-PRP, Confédération Paysanne du Congo,<br />

Member of the Farmers’ <strong>Forum</strong> Steering Committee, ICC member of La Via Campesina,<br />

DR Congo. Tel +243 99 46 42 963; ngubaalpha@yahoo.fr, vcafrica@gmail.com,<br />

copacoprp@yahoo.fr<br />

Mr Abba Manneh, Member of the Executive Board, National Co-coordinating<br />

Organisation of Farmers’ Association of The Gambia, NACOFAG, Gambia.<br />

mannehabba@yahoo.com, nacofag100@hotmail.com<br />

Ms Seynabou Ndoye, Vice-President, Fédération Nationale des GIE de Pêche du Sénégal,<br />

FENAGIE Pêche, Dakar, Senegal. Tel +221 832 11 00; ndoye_s@yahoo.fr,<br />

fenagiepeche@orange.sn; http://www.fenagiepeche.com/index.html<br />

Ms Korotoumou Gariko, Membre du Conseil d’Administration, Confédération Paysanne<br />

du Faso, CPF, Ouagadougou, Burkina Faso. Tel +226 50301844; cpf@fasonet.bf;<br />

http://www.cpf.bf<br />

Proche-Orient et Afrique du Nord<br />

Mr Abdelmajid Labidi, Member of the Executive Board, Union Tunisienne de<br />

l’Agriculture et de la Pêche, UTAP, Tunisia. Tel +216-71806800; utap.tunis@email.ati.tn,<br />

samia.benhassine@u-t-a-p.com; http://www.utap.org.tn/<br />

Mr.Ahmad Al-Faour, President, Jordan Farmers’ Union (JFU), Amman, Jordan.<br />

Tel +962 65655835/7; Fax 00 962 65622 182; jfu@accessme.com.jo;<br />

ahmadfaoor@yahoo.com<br />

Ms Nazeli Vardanyan, Director, Federation of Agricultural Associations (FAA),<br />

Yerevan 0032, Armenia. Tel (374-10) 77 88 70, 77 88 07; vnazeli@mail.ru,<br />

nazeli@faa-ule.am; http://www.faa-ule.am/<br />

Ms Maha Hussein Freigoun, Focal Point, North Sudan Commission, The Sudan.<br />

Tel 0912364917; freigoun22@yahoo.com<br />

89


90<br />

Asie<br />

Mr Zainal Arifin Fuat, Secretary, Serikat Petani Indonesia (SPI); Jakarta, Indonesia.<br />

Tel +62-21-7991890; viacampesina@viacampesina.org, zainal@spi.or.id;<br />

http://www.viacampesina.org<br />

Mr Raul Q. Montemayor, Vice-President, IFAP, National Manager, Federation of Free<br />

Farmers Cooperatives, IFAP Asian Committee, Quezon City, The Philippines.<br />

Tel +63-2-6471093; Fax +63-2-6471451; raulm@freefarm.org<br />

Ms Estrella Penunia Banzuela, Secretary General, Asian Farmers’ Association for<br />

Sustainable Rural Development, Member of the Farmers’ <strong>Forum</strong> Steering Committee,<br />

Quezon City, Philippines. Tel/Fax +632-4364640; afa@asianfarmers.org;<br />

afaesther@asianfarmers.org, estherpenunia@gmail.com; http://www.asianfarmers.org<br />

Mr Kushal Pal Singh, Chairman, IFAP - Asian Regional Committee, Meerut, India.<br />

Tel +9111-2688-9002; kpsingh.india@gmail.com, jainvam@gmail.com<br />

Ms Kong Sokchhoin, Project Coordination of FNN, Khan Tuol Kork, Phnom Penh,<br />

Cambodia. sokchhoin@online.com.kh, sokcchoin06@yahoo.com; www.fnn.org.kh<br />

Ms Amalia Pulungan, Representative, Aliansi Petani, Indonesia (Indonesian Peasant<br />

Alliance), Jakarta Timur, Indonesia. Tel +62 21 8564164, Mobile 62-8561446269;<br />

api_bumie@yahoo.co.id, seknas@api.or.id, sendamalia@gmail.com;<br />

http//www.api-indonesia.blogspot.com/<br />

Ms Florita Caya, National Vice Chairperson, LAKAMBINI-PAKISAMA, Quezon City,<br />

Philippines. Tel +63-2 426 7785; Fax +63-2 426 7784; marj_ibanez@yahoo.com.ph,<br />

pakisama_davao@yahoo.com, afa@asianfarmers.org, pakisama.natl@yahoo.com<br />

Ms Smita Bhatnagar, Finance Coordinator, Self Employed Women’s Association (SEWA),<br />

SEWA Reception Centre, Opp. Victoria Garden, Bhadra, Ahmadabad, India.<br />

Tel 91-79-25506444 / 25506477 / 25506441; asiafarmersforum@sewa.org,<br />

mail@sewa.org, smitabhatnagar@rediffmail.com; http://www.sewa.org/index.asp<br />

Mr Ibrahim Umar, President, Maldives Farmers’ and Agriculture Association (MFAA),<br />

Republic of the Maldives. Tel +960-9947888; Fax +960-3335894;<br />

maldivesfarmers@yahoo.com<br />

Ms Jeomsook Goo, Secretary General, Korean Women Peasants Association (KWPA),<br />

Republic of Korea. zaimal@spi.or.id, rupina72@gmail.com; http://www.viacampesina.org<br />

Balram Banskota, Deputy Secretary General, Nepal Peasants Federation (ANPFa),<br />

PO Box: 273, Lalitpur, Nepal. Tel +977 14288404; Fax+ 977 14288403;<br />

anpfa@anpfa.org.np, balram@anpfa.org.np, secretariatlvcsouthasia@gmail.com;<br />

http://www.anpfa.org.np<br />

Ms Padma Pushpakanthi, Convener of Women’s Network on PRSP and National<br />

Coordinator, MONLAR, Sri Lanka. sasthri@sltnet.lk, secretariatlvcsouthasia@gmail.com;<br />

http://savisthri.blogspot.com/<br />

Amérique centrale et Caraïbes<br />

Mr Germán Cartagena, Unión Nacional des Agricultores e Ganaderos (UNAG),<br />

Nicaragua. Tel +268-7429-2661675, Tel Office +505-2687439, Tel/Fax +505-2502044;<br />

cartagenagerman@yahoo.com, unag@unag.org.ni, afo@unag.org.ni<br />

Mr Pedro Rafael Alegría Moncada, Coordinator, Global Campaign on Agrarian Reform<br />

Member of the International Coordination Commission, La Via Campesina, Honduras.<br />

laviacampesina@cablecolor.hn, viacampesina@amnettgu.com


Ms Juana Mercedes de Brioso, Confederación Nacional de Mujeres Campesinas<br />

(CONAMUCA), Santo Domingo, Dominican Republic. Tel +809 682 0075;<br />

Fax +809 686 7517; conamuca@yahoo.es, articulacion5@yahoo.es<br />

Ms Maria Alicia Calles, President, Consejo Coordinador de Organizaciones Campesinas<br />

de Honduras, COCOCH, Honduras. ejuselfyy@yahoo.com, cococh@sdnhon.org<br />

Mr Rose Renwick, Coordinator, Windward Islands Farmers Association, WINFA,<br />

Saint Vincent. rozesvg@hotmail.com, winfa@caribsurf.com; http://www.winfa.org<br />

Mr Juan Santos, Asociación de Agricultores Integral El Sembrador (AGRISEM),<br />

Aldea Cholá, Uspantán, Quiché, Guatemala. Tel 502) 53663541, (502) 51912145,<br />

(502) 57897656; juansantos@agrisem.org, agrisem@gmail.com; http://www.agrisem.org<br />

Amérique du Sud<br />

Mr Alberto Ercilio Broch, Confereraçao Nacional dos Trabalhadores na Agricultura,<br />

CONTAG, Brazilia, Brazil. Tel +5561-2102-2288, +5561-8134-0389;<br />

alberto@contag.org.br, facco@contag.org.br, agenciacontag@contag.org.br;<br />

http://www.contag.org.br<br />

Mr Pedro Peretti, Coordinadora de productores familiares del MERCOSUR<br />

(COPROFAM) Secretary, c/o Federación Agraria Argentina (FAA), Argentina.<br />

Tel +54 341-512-2000, +54 114-343-5478; Fax +54 341-512-2001; pperetti@faa.com.ar,<br />

faa@faa.com.ar; http://www.faa.com.ar<br />

Mr Eugenio Rigoberto Turra Paredes, President, Movimento Unitario Campesino y Etnia<br />

de Chile, MUCECH, Chile. Tel +562 635 1518 / 681 96 63; mucech@mucech.tie.cl,<br />

rigoturra@yahoo.es<br />

Ms Alessandra Da Costa Lunas Santos, Executive Secretary, COPROFAM,<br />

Cono Mercosur, Member of the Farmers’ <strong>Forum</strong> Steering Committee.<br />

alessandra@contag.org.br; http://www.coprofam.org<br />

Mr Juan Macuaga Condori, Coordinadora de Integración de Organizaciones Económicas<br />

campesinas de Bolivia (CIOEC), Bolivia. juan@cioecbolivia.org,<br />

juanmacuaga70@hotmail.com<br />

Ms Raquel Copa de Justo, Secretaria de Actas y Archivos, Asociación de Productores<br />

Agropecuarios Ecologicos, Imperial Talaca, Candarave, Tacna, Perú. Tel 052 – 952647786,<br />

052 - 472040; ol_tarata@sierrasur.gob.pe, omolleapaza@sierrasur.gob.pe<br />

Ms Julia Flores Calderon, Lideresa, Asociación de Productores Agropecuarios y<br />

Artesanales, Cumbre de Llave, Perú. Tel. 051 951566454; juliaflores_79@hotmail.com<br />

Ms Lucila Quintana, Vice-President, Junta Nacional del Café (JNC), Lima, Perú.<br />

Tel (511) 4331477 - (511) 3327914; jnc@juntadelcafe.org.pe, lucila_quintana@yahoo.es;<br />

http://www.juntadelcafe.org.pe<br />

Ms Mercedes Pluas Pacheco, Coordinadora del Sector campesino, Federación Nacional<br />

de Campesinos e Indígenas Libres de Ecuador (FENACLE), Guayaquil, Ecuador.<br />

Tel (593) 04 2414077; mercedespluas@ymail.com, fenacle@Easynet.Net.Ec,<br />

fenacle@Gye.Satnet.Net, rita.zanotto@gmail.com, viacampesina.sudamerica@gmail.com;<br />

http://www.fenacle.org.ec<br />

Mr Juan Herrero, Asociación de Productores del NorOeste Cordobés (APENOC),<br />

Argentina. apenoc@gmail.com, apenoc@coop5.com.ar,<br />

movnaccampesinoindigena@gmail.com, rita.zanotto@gmail.com,<br />

viacampesina.sudamerica@gmail.com<br />

91


92<br />

Pays de l’OCDE<br />

Ms Elizabeth Gauffin, President, IFAP Development Cooperation Committee (DCC),<br />

Federation of Swedish Farmers (IFAP), Stockholm, Sweden.<br />

Tel +467- 053-60361; elisabeth.gauffin@lrf.se<br />

Ms Claude Girod, International Commission, La Via Campesina, Responsable de la<br />

commission “internationale” de la Confédération Paysanne, Responsable du groupe de<br />

travail sur la “Souveraineté Alimentaire” pour les Organisations Européennes,<br />

Frangy-en Bresse, France. Tel +33-3-85747189; girodclaude@gmail.com,<br />

international@confederation.<strong>paysan</strong>ne.org<br />

Ms Karen Serres, Présidente, Commission Nationale des Agricultrices, FNSEA, IFAP,<br />

Lauzes, France. Tel +33-6219-37136; kserres46@gmail.com<br />

Mr Giuseppe Politi, President, Confederazione italiana agricoltori (CIA), Rome, Italy.<br />

Tel +39 06 32 68 73 05; e.dellanoce@cia.it, segreteriapresidente@cia.it<br />

Ms Kati Partanen, President of IFAP Young Farmers’ Committee, YFC, IFAP, Iisalmi,<br />

Finland. Tel +358 40 5229872; partanen.kati@gmail.com, kati.partanen@savonia.fi;<br />

http://www.ifap.org<br />

Mr Carlos Marentes, Director, Border Agricultural Workers USA, Texas, USA.<br />

Tel (915) 532-0921; marentes@farmworkers.org<br />

Mr Roger Johnson, President, NFU, Washington DC, USA. Tel +1 202 554 1600;<br />

nfu@nfu.org<br />

Fédération/réseaux internationaux<br />

Mr Taghi Farvar, Executive Secretary, International Federation/Networks, WAMIP, Teheran,<br />

Iran. Tel +98-2166972-973; Mobile +98-9121764-908; taghi@cenesta.org<br />

Ms George Dixon Fernandez, President, MIJARC, Brussels, Belgium.<br />

georgedixon72@yahoo.co.in<br />

Mr Pedro Avendaño Garcès, Executive Secretary, WFF, Member of the Farmers’ <strong>Forum</strong><br />

Steering Committee. pedro.avendano@udelmar.cl, info@foro-pescadores.com,<br />

pedro.avendano@terra.cl<br />

Mr David King, Secretary General, IFAP, Member of the Farmers’ <strong>Forum</strong> Steering<br />

Committee, Paris, France. david.king@ifap.org<br />

Mr Andre Leu, Vice-President, IFOAM. chair@ofa.org.au<br />

Mr Henry Saragih, General Coordinator, International Operative Secretariat,<br />

La Via Campesina, Member of the Farmers’ <strong>Forum</strong> Steering Committee, Indonesia.<br />

Tel +62 21 799 1890; Fax +62 21 799 3426; hsaragih@viacampesina.org,<br />

ratihkusuma@viacampesina.org, fspi@fspi.or.id; http://www.viacampesina.org<br />

Mr Ajaykumar Manubhai Vashee, President, IFAP, Member of the Farmers’ <strong>Forum</strong><br />

Steering Committee. Tel. +27-12-3226980; Fax +27-12-3200557; president@ifad.org,<br />

vashee@zamnet.zm, vashee@zamtel.zm<br />

Mr Herman Kumara Wijethunge, General Secretary, WFFP, Member of the Farmers’<br />

<strong>Forum</strong> Steering Committee, Sri Lanka. Tel +94-31-4870658 / 31-22-39750 / 31-48-72692;<br />

Fax +94-31-4872692; hermankumara@gmail.com, fishmove@slt.lk, wffp.gs@gmail.com;<br />

http://www.nafsolk.org


OBSERVATEURS<br />

Personnes ressources et personnel technique d’organisations <strong>paysan</strong>nes<br />

Mr Gustave Ewole, PROPAC, Cameroun. Tel/Fax +23799825940, +23722234190;<br />

egguy1@yahoo.fr, cnop_cam2001@yahoo.fr<br />

Mr Benito Eliasi, Capacity-Building Officer, SACAU, South Africa. Tel +27(0) 760249307;<br />

Fax +27-12-6440808; benito.eliasi@sacau.org; http://www.sacau.org<br />

Mr Stephen Muchiri, Chief Executive Officer, EAFF, Nairobi, Kenya.<br />

Tel +254 (20) 445 1691; Fax +254 (20) 445 1691; Mobile +254 (722) 80 93 20;<br />

smuchiri@eaffu.org, info@eaffu.org<br />

Mr Mohamadou Magha, Coordonateur Cellule d’Exécution Technique, ROPPA,<br />

Burkina Faso. Tel +226 (50) 36 08 25; Mobile +226 (788) 47 302;<br />

mohamadou.magha@roppa-ao.org, roppa@roppa-ao.org; http://www.roppa.info<br />

Ms Lilia Hantanirina Ravoniarisoa, Secrétaire Générale, FVTM, Madagascar.<br />

fvtm@moov.mg<br />

Ms Carolin Grieshop, Secretary General, Mouvement International de la Jeunesse<br />

Agricole (MIJARC), Brussels, Belgium. Tel +32 2 734 92 11; c.grieshop@mijarc.net;<br />

http://www.mirjac.org<br />

Mr Mamadou Cissokho, Facilitator, Pan-African Farmers’ Platform.<br />

Mobile +221 (77) 5581455; papa.ndir@yahoo.fr, asprodeb@asprodeb.org<br />

Ms Cristina Grandi, Liaison Officer to FAO & <strong>IFAD</strong> International Federation of Organic<br />

Agriculture Movements (IFOAM) Rome, Italy. Tel +39-06-45437-485; c.grandi@ifoam.org;<br />

http://www.ifoam.org<br />

Ms Indra Sakti Gunawan Lubis, La Via Campesina, Jakarta, Indonesia.<br />

Tel +62-21-7991890; ilubis@viacampesina.org<br />

Mr Lamine Coulibaly, La Via Campesina, CNOP Mali, Bamako, Mali.<br />

Tel/Fax 00223 20 28 60 0; laminezie@gmail.com<br />

Mr Paul Nicholson, Euskal Herriko Nezakarien Elkartasuna (EHNE), La Via Campesina,<br />

Spain. pnicholson@ehne.org<br />

Ms Solenne Piriou-Garin, International staff, La Via Campesina.<br />

solenne.garin@viacampesina.org<br />

Organisations non gouvernementales (ONG) et consultants<br />

Mr José A. Osaba, WRF-FRM IYFF-AIAF Campaign Coordinator, WORLD RURAL<br />

FORUM, Araba, Spain. Mobile + 34 649 638996; Tel + 945 12 13 24;<br />

wrfsecretary@ruralforum.net, osabajose@gmail.com; www.familyfarmingcampaign.net,<br />

www.ruralforum.net<br />

Ms Laura Lorenzo Lacalle, WORLD RURAL FORUM, WRF, Araba, Spain.<br />

Mobile + 34 649 638996, Tel + 945 12 13 24; llorenzo@ruralforum.net<br />

Ms Marlene Ramirez, Secretary General, Asian Partnership for the Development of<br />

Human Resources in Rural Asia (AsiaDHRRA), Quezon City, Philippines.<br />

Tel (632) 436.47.06, (632) 426.67.39; Fax (632) 426.67.39; asiadhrra@asiadhrra.org;<br />

http://www.asiadhrra.org<br />

Mr Aksel Naerstad, Senior Policy Adviser, International coordinator of the More and<br />

Better Campaign, More and Better, Oslo, Norway. Tel +47 23 10 95 91;<br />

Mobile +47 48 25 82 85; Skype:akselnaerstad; aksel@utviklingsfondet.no;<br />

http:// www.moreandbetter.org, http://www.utviklingsfondet.no<br />

93


94<br />

Ms Kanchan Lama, Coordinator, Women Organizing for Change in Agriculture WOCAN,<br />

Nepal. Tel 1-202-331-9099; kanchanlama@wocan.org<br />

Ms Shanta Manavi, Chairperson of Central Acting Committee of Pokhara,<br />

All Nepal Women Association, Kathmandu, Nepal. shanta.manavi@yahoo.com<br />

Ms Livia Zoli, ACTIONAID. Livia.Zoli@actionaid.org<br />

Mr Chris Leather, Food Policy Adviser, OXFAM, International, Rome, Italy.<br />

Tel +39 34 05 44 98 67; chris.leather@oxfaminternational.org;<br />

http://www.oxfaminternational.org, http://www.ipcinfo.org<br />

Ms Martha Hirpa, Director of Gender Equity and Young People’s Initiative,<br />

Heifer International, Board Member, WOCAN, Little Rock, AR/USA. Tel (800) 422-0474;<br />

martha.hirpa@heifer.org; http://www.heifer.org/<br />

Mr Antonio Onorati, President CROCEVIA, International NGO/CSO Planning<br />

Committee (IPC), Roma, Italy. Tel 06-72902263; Mobile +393408219456;<br />

MC2535@mclink.it; http://www.croceviaterra.it, http://www.foodsovereignty.org<br />

Ms Nora McKeon, Coordinator, TERRA NUOVA, Rome, Italy. Tel 0039/06/8070847,<br />

Mobile +393358388785; nora.mckeon@fastwebnet.it; http://www.terranuova.org<br />

Mr Laurent Pellerin, President, AGRICORD and President of Union Producteurs<br />

Agricoles (UPA), Canada, Leuven, Belgium. Tel +32 (0) 16 24 27 50;<br />

Fax +32 (0) 16 24 27 55; info@agricord.org, laurent.pellerin@ordiamicus.com,<br />

http://www.upa.qc.ca<br />

Mr Ignace Coussement, Managing Director Agricord, Leuven, Belgium.<br />

Tel +32 (0) 16 24 27 50; info@agricord.org, ignace.coussement@agricord.org;<br />

http://www.agricord.org<br />

Mr Marek Poznanski, Collectif Stratégies Alimentaires (CSA), Brussels, Belgium.<br />

Tel +32 (0)2 412 06 62; marek.poznanski@csa-be.org; http://www.csa-be.org<br />

Mr Christophe Jacqmin, Directeur, Inter-réseaux Développement rural, Paris, France.<br />

Tel +33 (0)1 42 46 57 13; christophe.jacqmin@inter-reseaux.org;<br />

http://www.Inter-reseaux.org<br />

Ms Nathalie Boquien, Animatrice réseau, Inter-réseaux Développement rural, France.<br />

Tel +33 (0)1 42 46 57 13; nathalie.boquien@inter-reseaux.org;<br />

http://www.Inter-reseaux.org<br />

Mr Fadel Diamé, Consultant, Jilanka, Pretoria, South Africa. Tel +27 (0) 129918628,<br />

Mobile +27 (0) 846062782; fndiame@mweb.co.za<br />

Organisations internationales et agences de coopération bilatérale<br />

Mr Madiodio Niasse, Director of the Secretariat of the International Land Coalition (ILC),<br />

Rome, Italy. Tel +390654592206; m.niasse@landcoalition.org<br />

Mr Thomas Price, FAO, Rome, Italy. Tel +39 06 5705-54775; thomas.price@fao.org;<br />

http://www.fao.org<br />

Mr Doyle Baker, FAO, Rome, Italy. Doyle.baker@fao.org<br />

Mr Guy Evers, FAO, Rome, Italy. guy.evers@fao.org; http://www.fao.org<br />

Ms Alberta Mascaretti, FAO, Rome, Italy. alberta.mascaretti@fao.org; http://www.fao.org<br />

Paul Mathieu, FAO, Rome, Italy. paul.mathieu@fao.org<br />

Mr Jacky Ganry, Global <strong>Forum</strong> for Agricultural Research (GFAR), Rome, Italy.<br />

Tel +39 06570 56614; Jacky.Ganry@fao.org


Mr Heiko Karl Knoch, Head, NGO Unit, Division of External Relations, WFP, Rome,<br />

Italy. Tel +39-06/6513 2958; heiko.knoch@wfp.org; http://www.wfp.org<br />

Ms Sarah Longford, Purchase for Progress, WFP, Rome, Italy. Tel +39-06/6513 2958;<br />

heiko.knoch@wfp.org; http://www.wfp.org<br />

Mr Ken Davies, Coordinator, Purchase for Progress, WFP, Rome, Italy.<br />

Tel +39-06/6513 2958; heiko.knoch@wfp.org; http://www.wfp.org<br />

Ms Florence Lasbennes, Country coordinator, HLTF on the global food security crisis,<br />

Rome, Italy. Tel +39-06/5459 2641; Florence.Lasbennes@undp.org<br />

Ms Sabine Schenk, Senior Advisor - Natural Resources and Environment, Swiss Agency<br />

for Development and Cooperation (SDC), Bern, Switzerland.<br />

sabine.schenk@deza.admin.ch; http://www.sdc.admin.ch/<br />

Mr Philip Mikos, Head of Rural Development and Environment Unit, DG Development,<br />

European Commission, Evere, Belgium. Tel + 32.2.29 93047; Fax + 32.2.29 92908;<br />

philip.mikos@ec.europa.eu; http://ec.europa.eu<br />

Mr Yves Leenaerts, European Commission, AIDCO E6, Evere, Belgium.<br />

Tel + 32 2 299 37 64; Fax + 32.2.29 92908; Yves.LEENAERTS@ec.europa.eu;<br />

http://ec.europa.eu<br />

Ms Mercy Karanja, Senior Program Officer, Global Development, Bill and Melinda Gates<br />

Foundation, Seattle, USA. Tel +1 206 770 1501; Fax +1 206 709 3131;<br />

mercy.karanja@gatesfoundation.org; http://www.gatesfoundation.org<br />

Ms Arlene Mitchell, Bill and Melinda Gates Foundation, Seattle, USA.<br />

Tel +1 206 770 1501; Fax +1 206 709 3131; arlene.mitchell@gatesfoundation.org;<br />

http://www.gatesfoundation.org<br />

Ms Dorothee Loetscher, Global <strong>Forum</strong> for Rural Advisory Services (GFRAS), Switzerland.<br />

Tel +41 (0)52 354 97 64, +41 (0)52 354 97 64, +41 (0)52 354 97 64,<br />

+41 (0)52 354 97 64; Fax + 41 (0)52 354 97 97; dorothee.loetscher@agridea.ch<br />

Mr Claude Torre, Chargé de mission AFD, France. Tel +39 06 68 40 52 29 / 40;<br />

claude.torre@diplomatie.gouv.fr; http://www.delegfrance-oaa.org<br />

Programmes soutenus par le FIDA<br />

Mr Lic. Susana Márquez, Responsable del Área de Relaciones Internacionales Ministerio<br />

de Agricultura, Unidad para el Cambio Rural (UCAR), Ganadería y Pesca, Argentina.<br />

marquez.su@gmail.com<br />

Mr Carlos Mermot Salvino, Asistente Técnico Programa REAF, FIDA MERCOSUR,<br />

Tel + 598 99 69 36 28; cmermot@adinet.com.uy<br />

Mr Lautaro Viscay, Asistente Técnico, Secretaría REAF, FIDA MERCOSUR.<br />

Tel +54-343-15-4593357; lautaroviscay@fibertel.com.ar, lautaroviscay@yahoo.com.ar<br />

Mr Leonardo Granados Rojas, Coordinador Programa, Dr CAFTA, Diálogo Regional<br />

Rural, Global, Tel (506) 2222 8624; lgranados@dialogoregionalrural.org;<br />

www.dialogoregionalrural.org<br />

95


96<br />

Personnes ressources<br />

Agnès Deshormes, Consultante, Paris. agnesdeshormes@yahoo.fr<br />

Sappho Haralambous, Consultante, Rome. sappho@fastwebnet.it<br />

Brett Shapiro, Consultante, Rome. brettjshapiro@gmail.com<br />

Participation du FIDA<br />

De nombreux membres du personnel du FIDA ont participé à l’événement, et la plupart<br />

des membres du Département gestion des programmes étaient présents à une ou<br />

plusieurs des séances plénières, des réunions des groupes de travail et des événements<br />

parallèles.<br />

Le Président du FIDA a prononcé le discours d’ouverture, la Vice-Présidente a présidé la<br />

séance de clôture, et le Vice-Président adjoint responsable des programmes, a participé à<br />

toutes les séances plénières.<br />

Toutes les photos de la réunion par le FIDA/Publifoto


Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent<br />

n’impliquent de la part du Fonds international de développement agricole des Nations<br />

Unies aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones,<br />

ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les appellations de<br />

pays “développés” et “en développement” sont employées à des fins de commodité statistique<br />

et ne reflètent pas nécessairement un jugement quant au stade atteint par tel ou tel<br />

pays ou telle ou telle région dans le processus de développement.<br />

La présente publication peut être reproduite en tout ou en partie sans l’autorisation préalable<br />

du FIDA, à condition que la source soit indiquée par l’éditeur et qu’une copie du texte publié<br />

soit envoyée au FIDA.<br />

Photo page de couverture: FIDA/G.M.B. Akash<br />

Contacts<br />

Jean-Philippe Audinet<br />

Division des politiques et du conseil technique<br />

FIDA<br />

Courrier électronique: j.audinet@ifad.org<br />

Roberto Longo<br />

Division des politiques et du conseil technique<br />

FIDA<br />

Courrier électronique: r.longo@ifad.org<br />

Philippe Rémy<br />

Division des politiques et du conseil technique<br />

FIDA<br />

Courrier électronique: p.remy@ifad.org


Fonds international de<br />

développement agricole<br />

Via Paolo di Dono, 44<br />

00142 Rome, Italie<br />

Tél.: +39 06 54591<br />

Télécopie: +39 06 5043463<br />

Courriel: ifad@ifad.org<br />

www.ifad.org<br />

www.ifad.org/farmer<br />

Janvier 2011

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