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Brève biographie de l’auteur ou de l’artiste<br />
Fritz Lang (Vienne, Autriche-Hongrie, 5 décembre 1890 - Beverly Hills, Los Ange<strong>le</strong>s, Californie,<br />
2 août 1976) est un réalisateur al<strong>le</strong>mand d'origine autrichienne, naturalisé américain en 1935. Cinéaste<br />
adulé par <strong>le</strong>s critiques de la Nouvel<strong>le</strong> Vague, en particulier Claude Chabrol et Jean-Luc Godard — ce<br />
dernier l'a d'ail<strong>le</strong>urs sollicité pour jouer son propre rô<strong>le</strong> dans Le Mépris — Fritz Lang est l'auteur d'une<br />
œuvre traversée de nombreux thèmes tels que la vengeance, la mort, <strong>le</strong> surhomme, la soif de pouvoir<br />
et, surtout, <strong>le</strong> doub<strong>le</strong>, thématique présente dans la quasi totalité de ses films.<br />
Métropolis, réalisé en 1927, est <strong>le</strong> seul film de l'histoire à être classé au Registre international Mémoire<br />
du monde de l'UNESCO.<br />
On peut remarquer que pour M <strong>le</strong> <strong>maudit</strong>, son premier film parlant, Langl utilise déjà la bande son<br />
comme élément dramatique, avec l'horloge évoquant l'attente et l'inquiétude de la mère d'Elsie<br />
Beckman (la première victime), ou encore l'utilisation du Hall de Roi de la Montagne (Peer Gynt<br />
d'Edvard Grieg) comme <strong>le</strong>itmotiv sifflé par l'assassin avant de passer à l'acte.<br />
Contexte (historique, social, artistique …)<br />
Réalisé en 1931, M <strong>le</strong> <strong>maudit</strong> donne une image saisissante de la société al<strong>le</strong>mande de l’époque.<br />
La solitude et <strong>le</strong> désoeuvrement de l’assassin qui rôde autour des préaux et qui offre aux enfants des sucreries<br />
ou des ballonnets évoque <strong>le</strong> malaise de la république de Weimar, impuissante face à la crise financière que<br />
traverse l’Al<strong>le</strong>magne, générant chômage et pauvreté. En réaction s’impose un nationalisme revanchard prônant<br />
«l’ordre nouveau», prémisse du nazisme et de la Seconde Guerre mondia<strong>le</strong>.<br />
La pègre se substituant à la police montre ainsi <strong>le</strong> désir d’imposer sa propre loi au mépris du respect des droits<br />
fondamentaux (de fait, après 1933, <strong>le</strong> régime nazi exterminera handicapés et malades incurab<strong>le</strong>s).<br />
La police se montre autoritaire, répressive et méprisante face aux parias de la société, et, de surcroît, peu<br />
efficace.<br />
Enfin, <strong>le</strong>s bourgeois enfermés dans <strong>le</strong>s cafés et sal<strong>le</strong>s de réunion semb<strong>le</strong>nt étriqués et égoïstes ; ce sont eux qui<br />
favoriseront l’arrivée d’Hit<strong>le</strong>r au pouvoir, provoquant ainsi la guerre, par désir de revanche.<br />
Hit<strong>le</strong>r, grand amateur de cinéma, a de plus été fasciné par <strong>le</strong> personnage de Schränker, <strong>le</strong> chef de la pègre, ganté<br />
de noir, portant manteau de cuir et chapeau, et en a imité la gestuel<strong>le</strong> (avec son coude, par exemp<strong>le</strong>, ou par sa<br />
manière de s’interrompre quand il par<strong>le</strong>).<br />
Artistiquement, <strong>le</strong> premier film parlant de Lang impressionne par sa maîtrise du son (si<strong>le</strong>nces éloquents ou<br />
créant du suspense, siff<strong>le</strong>ment récurrent et caractéristique du tueur, bruit qui fait repérer M dans<br />
l’immeub<strong>le</strong>…).<br />
Ce film est considéré comme expressionniste : marqué par la stylisation géométrique du décor (tab<strong>le</strong>, couvert<br />
d’Elsie…), <strong>le</strong>s saisissants contrastes d'ombres et de lumières (intérieurs, ombre chinoise), l'emploi du clairobscur,<br />
une rigueur théâtralisée des personnages.<br />
Expressionnisme : forme d’art faisant consister la va<strong>le</strong>ur de la représentation dans l’intensité de l’expression.<br />
Tendance caractéristique du début du XXe sièc<strong>le</strong> (à partir de Van Gogh).<br />
Œuvres liées, références, etc.<br />
Wikipedia : M <strong>le</strong> <strong>maudit</strong> ; Fritz Lang<br />
Freddy Buache, Le cinéma al<strong>le</strong>mand 1918-1933, 5 Continents-Hatier, 1984<br />
Marc Ferro, Cinéma et Histoire, Editions Folio, première édition 1977, réédition 1993<br />
Site internet du ciné club de Caen.