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Arts, sociétés, cultures Art, espace, temps Arts, États et pouvoir
Arts, mythes et religions Arts techniques,
expressions
Nom de l’œuvre - Nom de l’auteur ou de l’artiste
M LE MAUDIT, de Fritz LANG
Reproduction de l’œuvre :
Film noir et blanc réalisé par Fritz LANG (1931). Avec : Peter
Lorre (Hans Beckert), Gustaf Gründgens (Schränker), Ellen Widmann
(Madame Beckmann), Inge Landgut (Elsie Beckmann), Otto Wernicke
(Inspecteur Karl Lohmann). 1h46
Arts, ruptures,
continuités
Synopsis
Berlin, dans les années 1930. La petite Elsie Beckmann est abordée dans la rue par un petit
homme souriant qui, tout en sifflotant un air de Peer Gynt, lui achète un ballon à un marchand ambulant
aveugle... Un peu plus tard, la presse annonce que le maniaque assassin d'enfants vient de faire une nouvelle
victime. Le commissaire Lohmann fait procéder à de nombreuses rafles qui n'aboutissent qu'à
désorganiser la pègre. Celle-ci, lasse d'être continuellement importunée, décide, à l'instigation de son chef,
Schränker, de retrouver le criminel. Tandis que la police utilise des méthodes d'investigation scientifiques,
la pègre fait surveiller la ville par les mendiants et les clochards. L'aveugle identifie M. grâce à l'air de Grieg.
Un jeune voyou le prend en filature et réussit en le bousculant à imprimer sur son manteau un M.
préalablement dessiné à la craie dans la paume de sa main. Se sachant découvert, M. se réfugie dans un
immeuble administratif où il se cache après la fermeture des bureaux. Le chef de la pègre monte alors un
véritable coup de main. Déguisé en policier, il se fait ouvrir, neutralise le concierge et introduit la bande à
l'intérieur de l'édifice. Après de nombreuses recherches, M. est découvert et capturé. Mais un des gardiens
réussit à donner l'alerte. Les truands s'enfuient sauf l'un d'eux, trop occupé à essayer d'entrer dans la
chambre des coffres. Arrêté par les policiers, il avoue le véritable motif de cette opération et révèle que M. a
été conduit dans une usine désaffectée. La pègre s'érigeant en Tribunal écoute M. qui expose son cas : elle le
condamne à mort et il va être exécuté lorsque la police envahit la distillerie. Le meurtrier sera traduit devant
une juridiction légale.
Dans M... toute une société va se liguer pour éliminer un être nuisible et l'empêcher d'exister. Le film
commence par une comptine : "Attends encore un peu le méchant homme noir viendra avec sa petite hache,
il fera du hachis de toi... Tu es dehors." La petite fille, au centre, joue le rôle du bourreau et élimine de la vie
les autres enfants. Dans un second temps, elle entraîne le mouvement de la caméra pour amorcer l'histoire
du film : celle de la petite fille qui va être tuée par le vrai méchant homme noir (remarquablement interprété
par Peter Lorre).
Le film montre la pauvreté et l’anarchie de la société allemande déstabilisée par deux crises économiques, ce
qui favorisera la montée du nazisme. Mme Beckman reçoit le panier avec la même lassitude que l'autre
blanchisseuse. Elle est la classe laborieuse sur laquelle tous les malheurs vont s'abattre. Son travail ne lui
permet pas d'aller chercher son enfant à la sortie de l'école. Ceux qui peuvent se le permettre sont des
bourgeois que l'on reconnaît à leurs beaux habits.
La mise en scène est expressionniste et magistrale : jeux d’ombre (celle du tueur), gros plans successifs sur
les tables, plan séquence sur la cotation des tartines (qui illustre la crise), plans en plongée (la cage
d’escalier…), alternance des scènes montrant l’enquête scientifique de la police par opposition à celle de la
pègre, fondée sur la surveillance… Lang dénonce la faillite de l’Etat allemand qui échoue à protéger sa
population (comme le suggère le dernier plan où la mère est résignée). Celle-ci veut d’ailleurs faire justice
elle-même : scène de lynchage, faux tribunal…
Lang semble au contraire défendre l’idée que le tueur est malade et doit être soigné (intervention du faux
avocat, puis de la police).
Arts de l’espace
Arts du son
Arts du langage
De l’Antiquité au
IXème siècle
Du IXème siècle
À la fin du XVIIème s.
XVIIIème et XIXème siècles
Le XXème siècle et
notre époque
Arts du quotidien
Arts du spectacle vivant Arts du visuel

Brève biographie de l’auteur ou de l’artiste
Fritz Lang (Vienne, Autriche-Hongrie, 5 décembre 1890 - Beverly Hills, Los Angeles, Californie,
2 août 1976) est un réalisateur allemand d'origine autrichienne, naturalisé américain en 1935. Cinéaste
adulé par les critiques de la Nouvelle Vague, en particulier Claude Chabrol et Jean-Luc Godard — ce
dernier l'a d'ailleurs sollicité pour jouer son propre rôle dans Le Mépris — Fritz Lang est l'auteur d'une
œuvre traversée de nombreux thèmes tels que la vengeance, la mort, le surhomme, la soif de pouvoir
et, surtout, le double, thématique présente dans la quasi totalité de ses films.
Métropolis, réalisé en 1927, est le seul film de l'histoire à être classé au Registre international Mémoire
du monde de l'UNESCO.
On peut remarquer que pour M le maudit, son premier film parlant, Langl utilise déjà la bande son
comme élément dramatique, avec l'horloge évoquant l'attente et l'inquiétude de la mère d'Elsie
Beckman (la première victime), ou encore l'utilisation du Hall de Roi de la Montagne (Peer Gynt
d'Edvard Grieg) comme leitmotiv sifflé par l'assassin avant de passer à l'acte.
Contexte (historique, social, artistique …)
Réalisé en 1931, M le maudit donne une image saisissante de la société allemande de l’époque.
La solitude et le désoeuvrement de l’assassin qui rôde autour des préaux et qui offre aux enfants des sucreries
ou des ballonnets évoque le malaise de la république de Weimar, impuissante face à la crise financière que
traverse l’Allemagne, générant chômage et pauvreté. En réaction s’impose un nationalisme revanchard prônant
«l’ordre nouveau», prémisse du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale.
La pègre se substituant à la police montre ainsi le désir d’imposer sa propre loi au mépris du respect des droits
fondamentaux (de fait, après 1933, le régime nazi exterminera handicapés et malades incurables).
La police se montre autoritaire, répressive et méprisante face aux parias de la société, et, de surcroît, peu
efficace.
Enfin, les bourgeois enfermés dans les cafés et salles de réunion semblent étriqués et égoïstes ; ce sont eux qui
favoriseront l’arrivée d’Hitler au pouvoir, provoquant ainsi la guerre, par désir de revanche.
Hitler, grand amateur de cinéma, a de plus été fasciné par le personnage de Schränker, le chef de la pègre, ganté
de noir, portant manteau de cuir et chapeau, et en a imité la gestuelle (avec son coude, par exemple, ou par sa
manière de s’interrompre quand il parle).
Artistiquement, le premier film parlant de Lang impressionne par sa maîtrise du son (silences éloquents ou
créant du suspense, sifflement récurrent et caractéristique du tueur, bruit qui fait repérer M dans
l’immeuble…).
Ce film est considéré comme expressionniste : marqué par la stylisation géométrique du décor (table, couvert
d’Elsie…), les saisissants contrastes d'ombres et de lumières (intérieurs, ombre chinoise), l'emploi du clairobscur,
une rigueur théâtralisée des personnages.
Expressionnisme : forme d’art faisant consister la valeur de la représentation dans l’intensité de l’expression.
Tendance caractéristique du début du XXe siècle (à partir de Van Gogh).
Œuvres liées, références, etc.
Wikipedia : M le maudit ; Fritz Lang
Freddy Buache, Le cinéma allemand 1918-1933, 5 Continents-Hatier, 1984
Marc Ferro, Cinéma et Histoire, Editions Folio, première édition 1977, réédition 1993
Site internet du ciné club de Caen.