Regroupements hétérogène et homogène - Commission scolaire de ...

Regroupements hétérogène et homogène - Commission scolaire de ... Regroupements hétérogène et homogène - Commission scolaire de ...

25.06.2013 Views

2.2 Les pratiques utilisées pour décider du regroupement homogène des élèves Les écoles peuvent adopter différentes formules de regroupement homogène 1 dépendamment de certains facteurs (Kilgore, 1991). L’école aurait tendance à adopter une formule inclusive 2 s’il y a une grande demande pour enseigner dans les classes fortes, si les enseignants exercent une forte influence sur les règles et les normes entourant le regroupement des élèves et si le taux d’interaction élèves-enseignant est élevé. À l’inverse, l’école aurait tendance à adopter une formule exclusive 3 lorsqu’elle est en présence d’une plus petite cohorte d’élèves, que les enseignants n’exercent pas une forte influence sur les règles et les normes entourant le regroupement des élèves et que le taux d’interaction élèves-enseignant est faible. La présence d’une petite cohorte peut aussi mener l’école à adopter une formule arbitraire 4 . Ceci survient lorsque l’école est aux prises avec de grandes contraintes relatives au nombre d’élèves pouvant être admis dans chaque groupe. Toutefois, si l’école est en présence d’une plus grande cohorte d’élèves, que les élèves ne choisissent pas personnellement le niveau du groupe auquel ils veulent appartenir et que la coopération entre les membres du personnel est élevée, elle aurait tendance à adopter une formule méritocratique 5 .Il est à noter que le recours à la formule d’inclusion par l’école n’aurait qu’un impact modeste sur la réussite des élèves et qu’un large degré de variations quant au niveau de réussite aurait été observé entre des écoles privilégiant cette formule (Farrell, Dyson et Polat, 2007). Ceci laisse supposer que d’autres variables seraient susceptibles d’influencer davantage la réussite. Plusieurs types d’évaluation peuvent être utilisés pour assigner les élèves aux groupes. Ireson et al. (2002) se sont intéressés aux pratiques de regroupement des élèves dans 45 écoles de Grande-Bretagne. Les évaluations plus fréquemment utilisées étaient les examens et les compositions maisons, suivis des examens publics. À moindre échelle, des tests standardisés (ex. : tests cognitifs) étaient aussi utilisés. Il est toutefois ressorti que les évaluations étaient surtout utilisées pour l’assignation des élèves en mathématiques et en sciences, puisque le regroupement était beaucoup moins présent en anglais. Outre les évaluations et quoiqu’à une fréquence moindre, d’autres informations seraient utilisées pour le regroupement des élèves. On peut considérer les informations provenant de l’école primaire, l’opinion de l’enseignant quant au potentiel de l’élève et son sentiment vis-à-vis de lui, l’intuition du personnel non enseignant, le comportement et la motivation de l’élève (attitude, estime de soi, effort), les facteurs sociaux (groupes d’amis ou d’ennemis), le sexe et les besoins particuliers. Ces informations pourraient entre autres être utilisées pour éviter des mauvaises combinaisons d’élèves. D’autres études ont suggéré que le genre masculin, l’ethnie, un SSE faible et les besoins éducatifs spécifiques sont des éléments non scolaires qui peuvent motiver l’école à assigner les 1 La formule de regroupement homogène se définit par le degré auquel la formule actuelle de regroupement homogène de l’école correspond au placement attendu pour les élèves à l’intérieur de cette même école par rapport aux standards nationaux. Par exemple, ces standards peuvent spécifier que 20 % des élèves seront en groupes forts et 20 %, en groupes faibles. 2 La formule inclusive réfère aux écoles ayant une forte proportion d’élèves au-delà du placement attendu pour les élèves de l’école. Elle suggère que les standards de l’école quant à l’assignation des élèves sont en deçà des normes nationales. 3 La formule exclusive réfère aux écoles ayant une forte proportion d’élèves en deçà du placement attendu pour les élèves de l’école. Elle suggère que les standards de l’école quant à l’assignation des élèves sont au-dedes normes nationales. 4 La formule arbitraire réfère aux écoles ayant une forte proportion d’élèves au-deet en deçà du placement attendu; elle suggère que l’assignation ne correspond pas aux capacités et intérêts des élèves, mais est plutôt aléatoire et approximative. 5 La formule méritocratique réfère aux écoles ayant une faible proportion d’élèves au-deet en deçà du placement attendu. Elle suggère que les standards de l’école quant à l’assignation des élèves sont conformes aux normes nationales. Fortin et al. (2011) Chaire de recherche de la CSRS sur la réussite et la persévérance scolaire 6

élèves à un groupe faible (Kutnick et al., 2005; Heck et al., 2004), ce qui contribuerait à la marginalisation de ces élèves (Heck et al., 2004). Les croyances des enseignants et des parents pourraient influencer les pratiques de regroupement des élèves faibles. En effet, dans une étude ayant pour but d’observer les perceptions des enseignants et des parents quant à un programme de regroupement homogène dans une école, les enseignants ont rapporté qu’ils trouvaient difficile de comprendre les habiletés et les déficits de chacun des élèves faibles parce qu’ils sont tous très différents les uns des autres et qu’il est ainsi difficile de prévoir la planification de l’enseignement pour eux (Blanksby, 1999). Ils étaient donc d’avis que ces élèves devraient recevoir des services spécialisés. L’opinion des parents allait dans le même sens. Ils rapportaient que l’intégration des élèves faibles ne fonctionne pas et qu’il est préférable qu’ils soient regroupés en groupes homogènes afin de recevoir des ressources spécialisées. Un autre aspect qui affecte l’assignation des élèves est le déplacement entre les groupes (Ireson et al., 2002). Dans les groupes homogènes, le taux de déplacement varie d’une école à l’autre selon la rigidité de leurs politiques. Certaines écoles fixent un plafond d’élèves pouvant être inclus dans les groupes forts et/ou imposent des programmes qui ne suivent pas tous le même déroulement d’un groupe à l’autre. Ceci signifie qu’un changement de groupe implique de revoir de la matière déjà vue et d’en manquer d’autre. Dans les écoles plus souples, on peut voir des rencontres bimensuelles ou des observations en classe par les chefs de département pour juger de la pertinence de changer un élève de niveau de groupe. D’autres écoles encore plus souples jugent important que les élèves sachent qu’ils peuvent être déplacés de groupe, ce qui constituerait un facteur motivateur au rendement. Malgré tout, les déplacements entre les groupes sont généralement observés en fin d’année scolaire. Ces déplacements peuvent aussi être stimulés par des requêtes parentales ou encore par des facteurs comportementaux. Selon ces auteurs, le fait qu’un élève puisse être déplacé dans un groupe faible sur la base de son comportement et non de son rendement est inquiétant puisque cette situation laisse entrevoir que les groupes forts seraient réservés aux élèves motivés et capables de se comporter correctement. Quant aux groupes hétérogènes, les déplacements semblent y être moins fréquents et les raisons évoquées semblent avoir trait aux relations sociales (amis) et à l’incompatibilité enseignant-élève. En résumé, il semble que différentes formules de regroupement existent et que celle adoptée par l’école dépend d’éléments associés au personnel, à la cohorte d’étudiants, au taux d’interactions élèves-enseignant et aux choix laissés aux élèves. Aussi, les croyances des enseignants et des parents vis-à vis l’intégration des élèves pourraient influencer l’assignation aux groupes. D’ailleurs, bien que les évaluations formelles semblent être les plus utilisées pour décider du regroupement des élèves, d’autres informations plus subjectives pourraient être considérées, telles que l’opinion, le sentiment et l’intuition du personnel, le comportement et la motivation de l’élève, les facteurs sociaux, le sexe et les besoins particuliers. De plus, les politiques de l’école pourraient grandement contraindre le déplacement des élèves entre les groupes, ce qui signifie que l’assignation d’un élève à Fortin et al. (2011) Chaire de recherche de la CSRS sur la réussite et la persévérance scolaire 7

2.2 Les pratiques utilisées pour déci<strong>de</strong>r du regroupement <strong>homogène</strong> <strong>de</strong>s élèves<br />

Les écoles peuvent adopter différentes formules <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong> 1<br />

dépendamment <strong>de</strong> certains facteurs (Kilgore, 1991). L’école aurait tendance à adopter<br />

une formule inclusive 2 s’il y a une gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour enseigner dans les classes fortes,<br />

si les enseignants exercent une forte influence sur les règles <strong>et</strong> les normes entourant le<br />

regroupement <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> si le taux d’interaction élèves-enseignant est élevé. À<br />

l’inverse, l’école aurait tendance à adopter une formule exclusive 3 lorsqu’elle est en<br />

présence d’une plus p<strong>et</strong>ite cohorte d’élèves, que les enseignants n’exercent pas une forte<br />

influence sur les règles <strong>et</strong> les normes entourant le regroupement <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> que le taux<br />

d’interaction élèves-enseignant est faible. La présence d’une p<strong>et</strong>ite cohorte peut aussi<br />

mener l’école à adopter une formule arbitraire 4 . Ceci survient lorsque l’école est aux<br />

prises avec <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s contraintes relatives au nombre d’élèves pouvant être admis dans<br />

chaque groupe. Toutefois, si l’école est en présence d’une plus gran<strong>de</strong> cohorte d’élèves,<br />

que les élèves ne choisissent pas personnellement le niveau du groupe auquel ils veulent<br />

appartenir <strong>et</strong> que la coopération entre les membres du personnel est élevée, elle aurait<br />

tendance à adopter une formule méritocratique 5 .Il est à noter que le recours à la formule<br />

d’inclusion par l’école n’aurait qu’un impact mo<strong>de</strong>ste sur la réussite <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> qu’un<br />

large <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> variations quant au niveau <strong>de</strong> réussite aurait été observé entre <strong>de</strong>s écoles<br />

privilégiant c<strong>et</strong>te formule (Farrell, Dyson <strong>et</strong> Polat, 2007). Ceci laisse supposer que<br />

d’autres variables seraient susceptibles d’influencer davantage la réussite.<br />

Plusieurs types d’évaluation peuvent être utilisés pour assigner les élèves aux<br />

groupes. Ireson <strong>et</strong> al. (2002) se sont intéressés aux pratiques <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong>s élèves<br />

dans 45 écoles <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne. Les évaluations plus fréquemment utilisées étaient<br />

les examens <strong>et</strong> les compositions maisons, suivis <strong>de</strong>s examens publics. À moindre échelle,<br />

<strong>de</strong>s tests standardisés (ex. : tests cognitifs) étaient aussi utilisés. Il est toutefois ressorti<br />

que les évaluations étaient surtout utilisées pour l’assignation <strong>de</strong>s élèves en<br />

mathématiques <strong>et</strong> en sciences, puisque le regroupement était beaucoup moins présent en<br />

anglais. Outre les évaluations <strong>et</strong> quoiqu’à une fréquence moindre, d’autres informations<br />

seraient utilisées pour le regroupement <strong>de</strong>s élèves. On peut considérer les informations<br />

provenant <strong>de</strong> l’école primaire, l’opinion <strong>de</strong> l’enseignant quant au potentiel <strong>de</strong> l’élève <strong>et</strong><br />

son sentiment vis-à-vis <strong>de</strong> lui, l’intuition du personnel non enseignant, le comportement<br />

<strong>et</strong> la motivation <strong>de</strong> l’élève (attitu<strong>de</strong>, estime <strong>de</strong> soi, effort), les facteurs sociaux (groupes<br />

d’amis ou d’ennemis), le sexe <strong>et</strong> les besoins particuliers. Ces informations pourraient<br />

entre autres être utilisées pour éviter <strong>de</strong>s mauvaises combinaisons d’élèves. D’autres<br />

étu<strong>de</strong>s ont suggéré que le genre masculin, l’<strong>et</strong>hnie, un SSE faible <strong>et</strong> les besoins éducatifs<br />

spécifiques sont <strong>de</strong>s éléments non <strong>scolaire</strong>s qui peuvent motiver l’école à assigner les<br />

1 La formule <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong> se définit par le <strong>de</strong>gré auquel la formule actuelle <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong> <strong>de</strong> l’école<br />

correspond au placement attendu pour les élèves à l’intérieur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te même école par rapport aux standards nationaux. Par exemple,<br />

ces standards peuvent spécifier que 20 % <strong>de</strong>s élèves seront en groupes forts <strong>et</strong> 20 %, en groupes faibles.<br />

2 La formule inclusive réfère aux écoles ayant une forte proportion d’élèves au-<strong>de</strong>là du placement attendu pour les élèves <strong>de</strong> l’école.<br />

Elle suggère que les standards <strong>de</strong> l’école quant à l’assignation <strong>de</strong>s élèves sont en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>s normes nationales.<br />

3 La formule exclusive réfère aux écoles ayant une forte proportion d’élèves en <strong>de</strong>çà du placement attendu pour les élèves <strong>de</strong> l’école.<br />

Elle suggère que les standards <strong>de</strong> l’école quant à l’assignation <strong>de</strong>s élèves sont au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s normes nationales.<br />

4 La formule arbitraire réfère aux écoles ayant une forte proportion d’élèves au-<strong>de</strong>là <strong>et</strong> en <strong>de</strong>çà du placement attendu; elle suggère que<br />

l’assignation ne correspond pas aux capacités <strong>et</strong> intérêts <strong>de</strong>s élèves, mais est plutôt aléatoire <strong>et</strong> approximative.<br />

5 La formule méritocratique réfère aux écoles ayant une faible proportion d’élèves au-<strong>de</strong>là <strong>et</strong> en <strong>de</strong>çà du placement attendu. Elle<br />

suggère que les standards <strong>de</strong> l’école quant à l’assignation <strong>de</strong>s élèves sont conformes aux normes nationales.<br />

Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />

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