Regroupements hétérogène et homogène - Commission scolaire de ...

Regroupements hétérogène et homogène - Commission scolaire de ... Regroupements hétérogène et homogène - Commission scolaire de ...

25.06.2013 Views

egroupement des élèves affecterait grandement les attentes et les pratiques des enseignants envers les élèves (Hallam et al., 2005). De plus, un manque de possibilité de déplacement combiné à une mauvaise assignation initiale de l’élève au groupe pourrait avoir des conséquences dommageables et cumulatives sur l’éducation d’un élève (Ireson et al., 2002). Il n’est pas surprenant d’apprendre que les élèves des groupes faibles soient les plus insatisfaits du regroupement homogène et qu’ils désirent le plus changer pour un groupe plus fort (Hallam et al., 2007). Pourtant, un grand nombre d’élèves des groupes forts désirent aussi changer, mais pour un groupe plus faible (Ibid.). Ceci pourrait expliquer que les raisons évoquées quant au désir de changer de groupe semblent majoritairement liées à l’apprentissage plutôt qu’au rendement. Rappelons que les mathématiques sont la matière qui se prête le plus au regroupement homogène (Kutnick et al., 2005; Hallam et al., 2006). C’est aussi celle pour laquelle les élèves sont généralement les plus insatisfaits quant à leur regroupement (Hallam et al., 2006). À l’inverse, la matière qui se prêterait le mieux au regroupement hétérogène, l’anglais (langue maternelle), est celle où l’on retrouve le taux le plus bas d’insatisfaction quant au regroupement. En lien avec les modèles théoriques, celui de Terwel (2005) semble avoir préséance dans les résultats. En effet, il semble évident que les élèves ayant des facteurs génétiques limitants (élèves faibles) seraient désavantagés par rapport à ceux dont les facteurs génétiques les favoriseraient (élèves forts) (Ireson et al., 2005; Hallinan et al., 1999). Leur niveau d’habiletés étant vu comme fixe et non malléable (facteurs génétiques) (Ireson et al., 2005), ces élèves se verraient fortement restreints quant aux facteurs culturels, impliqués dans leurs choix et responsabilités individuelles, relatifs à leur éducation scolaire. Cette situation peut être influencée par les croyances et les mythes entourant leur intégration (Blanksby, 1999), la structure et les pratiques de regroupement (Hallam et al., 2005) et la rigidité dans le déplacement des élèves d’un niveau de groupe à l’autre (Ireson et al., 2002; Hallinan, 2004). Ceci provoquerait des inégalités pour ces élèves qui seraient restreints à moins d’opportunités d’apprentissage (Betts et al., 2000; Kutnick et al., 2005; Heck et al., 2004), à moins de ressources (Betts et al., 2000; Kutnick et al., 2005; Heck et al., 2004; Monseur et al., 2001; Hallam et al., 2005), à des curriculums ralentis (Ireson et al., 2005; Burris et al., 2006; Monseur et al., 2001; Heck et al., 2004; Hallam et al., 2005) et à moins d’opportunités d’accéder aux études supérieures (Heck et al., 2004) en plus d’être victimes de ségrégation (Vandenberge, 2006), de préjugés (Betts et al., 2000; Kutnick et al., 2005) et de polarisation (Kutnick et al., 2005). De surcroît, ces élèves fréquenteraient des groupes dans lesquels les élèves montrent moins d’engagement scolaire ainsi que plus de problèmes de discipline et d’absentéisme (Berends, 1995), ce qui aurait un impact sur les attentes et, subséquemment, sur la nature des interactions qui prennent place au sein de la classe (Hallam et al., 2005), leur fournissant ainsi moins de stimulation (facteurs sociaux) (Betts et al., 2000; Kutnick et al., 2005). Fortin et al. (2011) Chaire de recherche de la CSRS sur la réussite et la persévérance scolaire 22

6. CONCLUSION L’école représente un acteur social important qui a tendance à reproduire la structure sociale de la communauté qu’elle dessert (Heck et al., 2004; Kutnick et al., 2005). Par conséquent, les groupes ségrégués dans la communauté le sont aussi souvent à l’école et se retrouvent plus souvent assignés aux groupes faibles (groupes minoritaires, SSE faible) (Heck et al., 2004). Une distribution inégale des ressources aux élèves amoindrit les efforts pour atteindre une éducation équitable et cet effet statique de la position qu’occupe l’élève va dans le sens contraire de la mobilité sociale et de la liberté de choix. Il repose ainsi sur les dirigeants d’écoles de faire le lien entre les demandes de la société et le changement dans les écoles. Il est donc important de se rappeler que l’offre et l’accès aux cours peuvent être des barrières structurelles significatives pour le succès des élèves à l’école et qu’augmenter les attentes envers les élèves offre une meilleure préparation pour les adultes de demain. Ainsi, il est important que l’éducation véhicule des valeurs qui prônent l’intolérance envers la discrimination, le racisme et le sexisme pour augmenter la justice sociale et pour faire pression afin que des changements surviennent dans la société. 7. RECOMMANDATIONS Les différentes études recensées sur les types de regroupement laissent entrevoir deux paradigmes. D’un côté, les partisans du regroupement homogène soutiennent que l’enseignement dans ce type de classe s’avère plus facile, que ce type de regroupement permet de mieux répondre aux besoins des élèves qui partagent le même niveau d’habiletés (Hallam et Ireson, 2005) et que le rendement des élèves y est plus grand (Moller, Blau et Stearns, 2003). De l’autre côté, les tenants du regroupement hétérogène mettent de l’avant les effets positifs de cette pratique sur le rendement des élèves (Burris et al., 2006) et recommandent l’abolition du regroupement homogène (Burris et al., 2006) ou du moins, des groupes faibles (Rothenberg et al., 1998). Nos recommandations sur le sujet sont plus nuancées. Bien que le regroupement hétérogène ait été identifié par plusieurs auteurs comme étant une pratique prometteuse pour la réussite de tous les élèves et ce, quelles que soient leurs caractéristiques (Burris et al., 2006; Monseur et al., 2001; Kutnick et al., 2005), il apparaît que cette forme de regroupement demande beaucoup plus de ressources pour son application. Par ailleurs, il semble que ce ne soit pas le regroupement homogène à lui seul qui porte préjudice à l’élève, mais plutôt les pratiques qui l’entourent. Il nous semble également pertinent de mentionner qu’à l’intérieur même des groupes homogènes une certaine hétérogénéité subsiste. C’est pourquoi nos recommandations se centrent davantage sur un changement des pratiques au sein de l’école : Fortin et al. (2011) Chaire de recherche de la CSRS sur la réussite et la persévérance scolaire 23

egroupement <strong>de</strong>s élèves affecterait gran<strong>de</strong>ment les attentes <strong>et</strong> les pratiques <strong>de</strong>s<br />

enseignants envers les élèves (Hallam <strong>et</strong> al., 2005). De plus, un manque <strong>de</strong> possibilité <strong>de</strong><br />

déplacement combiné à une mauvaise assignation initiale <strong>de</strong> l’élève au groupe pourrait<br />

avoir <strong>de</strong>s conséquences dommageables <strong>et</strong> cumulatives sur l’éducation d’un élève (Ireson<br />

<strong>et</strong> al., 2002).<br />

Il n’est pas surprenant d’apprendre que les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles soient les plus<br />

insatisfaits du regroupement <strong>homogène</strong> <strong>et</strong> qu’ils désirent le plus changer pour un groupe<br />

plus fort (Hallam <strong>et</strong> al., 2007). Pourtant, un grand nombre d’élèves <strong>de</strong>s groupes forts<br />

désirent aussi changer, mais pour un groupe plus faible (Ibid.). Ceci pourrait expliquer<br />

que les raisons évoquées quant au désir <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> groupe semblent majoritairement<br />

liées à l’apprentissage plutôt qu’au ren<strong>de</strong>ment. Rappelons que les mathématiques sont la<br />

matière qui se prête le plus au regroupement <strong>homogène</strong> (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Hallam <strong>et</strong><br />

al., 2006). C’est aussi celle pour laquelle les élèves sont généralement les plus insatisfaits<br />

quant à leur regroupement (Hallam <strong>et</strong> al., 2006). À l’inverse, la matière qui se prêterait le<br />

mieux au regroupement <strong>hétérogène</strong>, l’anglais (langue maternelle), est celle où l’on<br />

r<strong>et</strong>rouve le taux le plus bas d’insatisfaction quant au regroupement.<br />

En lien avec les modèles théoriques, celui <strong>de</strong> Terwel (2005) semble avoir préséance<br />

dans les résultats. En eff<strong>et</strong>, il semble évi<strong>de</strong>nt que les élèves ayant <strong>de</strong>s facteurs génétiques<br />

limitants (élèves faibles) seraient désavantagés par rapport à ceux dont les facteurs<br />

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Leur niveau d’habil<strong>et</strong>és étant vu comme fixe <strong>et</strong> non malléable (facteurs génétiques)<br />

(Ireson <strong>et</strong> al., 2005), ces élèves se verraient fortement restreints quant aux facteurs<br />

culturels, impliqués dans leurs choix <strong>et</strong> responsabilités individuelles, relatifs à leur<br />

éducation <strong>scolaire</strong>. C<strong>et</strong>te situation peut être influencée par les croyances <strong>et</strong> les mythes<br />

entourant leur intégration (Blanksby, 1999), la structure <strong>et</strong> les pratiques <strong>de</strong> regroupement<br />

(Hallam <strong>et</strong> al., 2005) <strong>et</strong> la rigidité dans le déplacement <strong>de</strong>s élèves d’un niveau <strong>de</strong> groupe<br />

à l’autre (Ireson <strong>et</strong> al., 2002; Hallinan, 2004). Ceci provoquerait <strong>de</strong>s inégalités pour ces<br />

élèves qui seraient restreints à moins d’opportunités d’apprentissage (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al., 2000;<br />

Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Heck <strong>et</strong> al., 2004), à moins <strong>de</strong> ressources (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al., 2000;<br />

Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Heck <strong>et</strong> al., 2004; Monseur <strong>et</strong> al., 2001; Hallam <strong>et</strong> al., 2005), à <strong>de</strong>s<br />

curriculums ralentis (Ireson <strong>et</strong> al., 2005; Burris <strong>et</strong> al., 2006; Monseur <strong>et</strong> al., 2001; Heck<br />

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supérieures (Heck <strong>et</strong> al., 2004) en plus d’être victimes <strong>de</strong> ségrégation (Van<strong>de</strong>nberge,<br />

2006), <strong>de</strong> préjugés (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al., 2000; Kutnick <strong>et</strong> al., 2005) <strong>et</strong> <strong>de</strong> polarisation (Kutnick <strong>et</strong><br />

al., 2005). De surcroît, ces élèves fréquenteraient <strong>de</strong>s groupes dans lesquels les élèves<br />

montrent moins d’engagement <strong>scolaire</strong> ainsi que plus <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> discipline <strong>et</strong><br />

d’absentéisme (Berends, 1995), ce qui aurait un impact sur les attentes <strong>et</strong>,<br />

subséquemment, sur la nature <strong>de</strong>s interactions qui prennent place au sein <strong>de</strong> la classe<br />

(Hallam <strong>et</strong> al., 2005), leur fournissant ainsi moins <strong>de</strong> stimulation (facteurs sociaux) (B<strong>et</strong>ts<br />

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Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />

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