Regroupements hétérogène et homogène - Commission scolaire de ...
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RECENSION DES ÉCRITS SUR LE REGROUPEMENT HOMOGÈNE OU<br />
HÉTÉROGÈNE DES ÉLÈVES<br />
Par<br />
Laurier Fortin, Ph.D.<br />
Mélanie Filiault, ps.éd.<br />
Amélie Plante, ps.éd.<br />
Marie-France Bradley, ps.éd.<br />
Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la <strong>Commission</strong> <strong>scolaire</strong> <strong>de</strong> la Région-<strong>de</strong>-Sherbrooke sur la<br />
réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
©Avril 2011
TABLE DES MATIÈRES<br />
SOMMAIRE DES RÉSULTATS....................................................................................... 3<br />
1. INTRODUCTION ...................................................................................................... 4<br />
2. DÉFINITIONS ET MODÈLES THÉORIQUES........................................................ 4<br />
2.1 Les différentes formes <strong>et</strong> pratiques <strong>de</strong> regroupement......................................... 4<br />
2.2 Les pratiques utilisées pour déci<strong>de</strong>r du regroupement <strong>homogène</strong> <strong>de</strong>s élèves..... 6<br />
2.3 Les différentes stratégies <strong>de</strong> déplacement <strong>de</strong>s élèves entre les groupes<br />
<strong>homogène</strong>s .......................................................................................................... 8<br />
3. LES MODÈLES THÉORIQUES EXPLICATIFS DES EFFETS DU<br />
REGROUPEMENT HOMOGÈNE DES ÉLÈVES.................................................... 9<br />
3.1 Le modèle théorique <strong>de</strong> Terwel .......................................................................... 9<br />
3.2 Le modèle théorique du « big fish little pond effect »........................................ 9<br />
3.3 Le modèle théorique <strong>de</strong> Carbonaro................................................................... 10<br />
4. RECENSION DES ÉCRITS SCIENTIFIQUES SUR L’EFFICACITÉ DU<br />
REGROUPEMENT HOMOGÈNE OU HÉTÉROGÈNE ET LEURS EFFETS<br />
SUR LES ÉLÈVES................................................................................................... 10<br />
4.1 Le regroupement <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>s groupes faibles .............................................. 11<br />
4.2 Les répercussions du type <strong>de</strong> regroupement sur les élèves............................... 13<br />
4.3 Quel type <strong>de</strong> regroupement répond aux besoins <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> quel type d’élèves<br />
en sont satisfaits? .............................................................................................. 18<br />
5. ORIENTATIONS ET DISCUSSION....................................................................... 19<br />
6. CONCLUSION......................................................................................................... 23<br />
7. RECOMMANDATIONS ......................................................................................... 23<br />
RÉFÉRENCES ................................................................................................................. 26<br />
ANNEXE 1 - LE REGROUPEMENT PAR INTÉRÊTS PRATIQUÉ PAR L’ÉCOLE<br />
SECONDAIRE D’ANJOU........................................................................ 29
Regroupement <strong>homogène</strong> ou<br />
<strong>hétérogène</strong> <strong>de</strong>s élèves<br />
D<br />
L<br />
L<br />
éfinitions<br />
e regroupement <strong>de</strong>s élèves faibles<br />
SOMMAIRE DES RÉSULTATS<br />
REGROUPEMENT HOMOGÈNE REGROUPEMENT HÉTÉROGÈNE<br />
Il s’agit d’assigner les élèves à <strong>de</strong>s groupes sur la base <strong>de</strong><br />
leurs habil<strong>et</strong>és cognitives ou <strong>de</strong> leurs résultats <strong>scolaire</strong>s afin<br />
<strong>de</strong> faciliter l’enseignement <strong>et</strong> <strong>de</strong> favoriser l’apprentissage <strong>de</strong>s<br />
élèves sans influencer leur développement social ou<br />
émotionnel.<br />
REGROUPEMENT HOMOGÈNE<br />
• On trouve, dans les groupes <strong>homogène</strong>s faibles, une<br />
concentration disproportionnée <strong>de</strong> garçons, d’élèves<br />
provenant <strong>de</strong> groupes <strong>et</strong>hniques <strong>et</strong> <strong>de</strong> statut socio‐<br />
économique faible <strong>et</strong> avec <strong>de</strong>s besoins éducatifs<br />
particuliers.<br />
• Ces élèves recevraient un enseignement <strong>de</strong> moins<br />
bonne qualité, bénéficieraient <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> ressources,<br />
n’auraient pas accès aux mêmes opportunités<br />
d’apprentissage, seraient plus souvent victimes <strong>de</strong><br />
préjugés <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s enseignants <strong>et</strong> recevraient<br />
moins <strong>de</strong> stimulation que ceux <strong>de</strong>s groupes forts.<br />
es répercussions du type <strong>de</strong> regroupement sur les élèves<br />
REGROUPEMENT HOMOGÈNE<br />
• Les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles <strong>et</strong> réguliers présenteraient<br />
plus <strong>de</strong> facteurs susceptibles <strong>de</strong> les mener au décrochage<br />
<strong>scolaire</strong>.<br />
• Le regroupement <strong>homogène</strong> conviendrait mieux aux<br />
élèves <strong>de</strong>s groupes forts. Ils auraient une meilleure<br />
relation avec leur enseignant, un meilleur sentiment <strong>de</strong><br />
bien‐être <strong>et</strong> une attitu<strong>de</strong> plus positive face aux <strong>de</strong>voirs.<br />
• En général, les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles semblent plus<br />
insatisfaits du regroupement <strong>homogène</strong> <strong>et</strong> c’est à<br />
l’intérieur <strong>de</strong> ces groupes que l’on trouve le plus grand<br />
nombre d’élèves désirant changer <strong>de</strong> groupe.<br />
• Toutefois, un grand nombre d’élèves <strong>de</strong>s groupes forts<br />
voudraient être dans un groupe moins fort, en raison <strong>de</strong>s<br />
difficultés <strong>et</strong> du rythme <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong> la pression à<br />
performer, du soutien <strong>et</strong> <strong>de</strong>s amitiés.<br />
• L’appréciation <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s serait liée à <strong>de</strong>s<br />
raisons <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment.<br />
Il s’agit <strong>de</strong> regrouper les élèves dans <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong><br />
manière à refléter toute l’étendue <strong>de</strong>s habil<strong>et</strong>és d’une<br />
même cohorte.<br />
REGROUPEMENT HÉTÉROGÈNE<br />
• Le regroupement <strong>hétérogène</strong> pourrait<br />
contribuer à corriger les inégalités quant à la<br />
polarisation <strong>de</strong>s élèves, à la stimulation, aux<br />
opportunités d’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s cours plus avancés<br />
ainsi qu’à bonifier le développement d’attitu<strong>de</strong>s<br />
pro‐<strong>scolaire</strong>s <strong>et</strong> pro‐sociales.<br />
• Toutefois, ce type <strong>de</strong> regroupement<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait plus <strong>de</strong> ressources <strong>et</strong> <strong>de</strong> soutien<br />
aux enseignants afin <strong>de</strong> s’assurer que<br />
l’enseignement soit différencié selon les besoins<br />
<strong>de</strong>s élèves.<br />
REGROUPEMENT HÉTÉROGÈNE<br />
• Le regroupement <strong>hétérogène</strong> conviendrait<br />
mieux aux élèves plus faibles ou ayant <strong>de</strong>s<br />
besoins particuliers, puisque ce type <strong>de</strong><br />
regroupement perm<strong>et</strong> aux élèves <strong>de</strong> mieux<br />
progresser <strong>et</strong> <strong>de</strong> se faire ai<strong>de</strong>r par <strong>de</strong>s élèves<br />
plus forts.<br />
• L’appréciation <strong>de</strong>s groupes <strong>hétérogène</strong>s serait<br />
liée à <strong>de</strong>s raisons d’ordre social, d’équité <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
stimulation.<br />
• Le regroupement à l’intérieur <strong>de</strong> la classe s’avérerait une<br />
pratique efficace dans les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> regroupement.<br />
• Une assignation bien appliquée <strong>de</strong>s élèves dans les<br />
groupes peut diminuer les eff<strong>et</strong>s négatifs <strong>et</strong> accroitre les<br />
bénéfices, particulièrement pour les élèves <strong>de</strong>s groupes<br />
faibles.<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong>
LE REGROUPEMENT HOMOGÈNE OU HÉTÉROGÈNE DES ÉLÈVES<br />
1. INTRODUCTION<br />
Les politiques actuelles du ministère <strong>de</strong> l'Éducation, du Loisir <strong>et</strong> du Sport du<br />
Québec (MELS) <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt aux écoles d’adopter <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s d’éducation inclusives,<br />
c’est-à-dire d’intégrer tous les élèves dans les classes, sans discrimination individuelle.<br />
Cependant, les écoles regroupent souvent les élèves par habil<strong>et</strong>és, au moins pour les<br />
matières <strong>de</strong> base. C<strong>et</strong>te situation amène donc <strong>de</strong>s questionnements sur les eff<strong>et</strong>s d’une<br />
telle pratique sur l’apprentissage <strong>et</strong> la réussite <strong>de</strong>s élèves.<br />
En eff<strong>et</strong>, les directeurs d’école se questionnent souvent relativement à<br />
l’organisation <strong>de</strong>s groupes d’élèves. La première partie <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te recension vise à<br />
expliquer <strong>et</strong> à décrire ces pratiques <strong>de</strong> regroupement, les modalités <strong>de</strong> regroupement <strong>et</strong> les<br />
stratégies <strong>de</strong> déplacement <strong>de</strong>s élèves entre les groupes. Par la suite, différents modèles<br />
théoriques explicatifs <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s du regroupement sur les élèves sont résumés. La<br />
troisième partie du texte concerne la recension <strong>de</strong>s écrits sur l’efficacité du regroupement<br />
<strong>homogène</strong> ou <strong>hétérogène</strong> <strong>et</strong> leur eff<strong>et</strong> sur les élèves. Dans la <strong>de</strong>rnière section, à la suite<br />
<strong>de</strong>s orientations <strong>et</strong> d’une discussion <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la recension, différentes<br />
recommandations sur le regroupement <strong>de</strong>s élèves sont proposées.<br />
2. DÉFINITIONS ET MODÈLES THÉORIQUES<br />
2.1 Les différentes formes <strong>et</strong> pratiques <strong>de</strong> regroupement<br />
Le regroupement <strong>homogène</strong> (ou regroupement par habil<strong>et</strong>és : groupes forts ou<br />
enrichis, moyens ou faibles) réfère à la pratique d’assigner les élèves à <strong>de</strong>s groupes sur la<br />
base <strong>de</strong> leurs habil<strong>et</strong>és cognitives ou <strong>de</strong> leurs résultats <strong>scolaire</strong>s. Il s’agit d’une pratique<br />
organisationnelle qui a pour but <strong>de</strong> faciliter l’enseignement <strong>et</strong> d’augmenter<br />
l’apprentissage <strong>de</strong>s élèves (encourager le développement cognitif) sans influencer ou<br />
modifier leur développement social ou émotionnel (Hallinan, 1994). Les élèves sont<br />
généralement classés selon <strong>de</strong>s caractéristiques prédictives à partir <strong>de</strong> tests cognitifs ou<br />
selon leur ren<strong>de</strong>ment <strong>scolaire</strong> (Heck, Price <strong>et</strong> Thomas, 2004). C<strong>et</strong>te pratique peut être<br />
motivée par la différenciation du curriculum, la quantité <strong>de</strong> matériel <strong>et</strong> la quantité <strong>de</strong>s<br />
notions enseignées en classe (Hallinan <strong>et</strong> Kubitschek, 1999). À l’inverse, le regroupement<br />
<strong>hétérogène</strong> est la pratique par laquelle les élèves sont regroupés pour refléter toute<br />
l’étendue <strong>de</strong>s habil<strong>et</strong>és d’une même cohorte (Kutnick, Sebba <strong>et</strong> Blatchford, 2005).<br />
Les pratiques <strong>de</strong> regroupement varient d’un pays à l’autre (Monseur <strong>et</strong> Demeuse,<br />
2001). Il existe différentes formes <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong>. Certaines pratiques <strong>de</strong><br />
regroupement assignent l’élève à <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s fixes. L’assignation aux<br />
groupes est alors faite à l’ai<strong>de</strong> d’une évaluation globale <strong>de</strong> leurs habil<strong>et</strong>és générales,<br />
habituellement basée sur le ren<strong>de</strong>ment ou sur les résultats antérieurs à <strong>de</strong>s tests cognitifs<br />
ou autres (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). Ainsi, on parle <strong>de</strong> regroupement immuable (groupes<br />
fermés) à travers les différents cours lorsque l’élève reste avec ses pairs, quelle que soit la<br />
matière enseignée (Monseur <strong>et</strong> Demeuse, 2001). Toutefois, les élèves peuvent parfois<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong>
suivre le même groupe la majorité du temps, mais pas nécessairement dans toutes les<br />
matières. Il s’agit <strong>de</strong> regroupement par niveau d’habil<strong>et</strong>és/cours (streaming) (Kutnick<br />
<strong>et</strong> al., 2005; Ireson, Clark <strong>et</strong> Hallam, 2002), ou <strong>de</strong> regroupement par bloc horaire<br />
(block scheduling) (Slavin, 1993). Par exemple, l’élève est avec le groupe A régulier pour<br />
le français <strong>et</strong> les mathématiques, <strong>et</strong> B fort pour l’anglais, mais dans une classe <strong>hétérogène</strong><br />
(élèves non regroupés par habil<strong>et</strong>és) dans les autres cours. Le regroupement par<br />
cohorte (banding) (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Ireson <strong>et</strong> al., 2002) est une forme moins<br />
différenciée <strong>de</strong> regroupement par niveau d’habil<strong>et</strong>és, offrant moins <strong>de</strong> flexibilité puisque<br />
les élèves sont assignés aux classes dans chaque cohorte annuelle, mais selon leurs<br />
habil<strong>et</strong>és <strong>scolaire</strong>s générales. Par exemple, il peut y avoir une classe faible, régulière <strong>et</strong><br />
forte pour chaque cohorte. L’élève dont les habil<strong>et</strong>és générales sont jugées faibles selon<br />
les procédures d’assignation <strong>de</strong> l’école se r<strong>et</strong>rouvera dans le groupe faible même s’il<br />
aurait pu être dans un groupe régulier en français (Ireson <strong>et</strong> al., 2002; Kutnick <strong>et</strong> al.,<br />
2005). Le regroupement peut aussi se faire par établissements (parfois appelé filières)<br />
lorsque les élèves sont admis dans <strong>de</strong>s écoles qui offrent <strong>de</strong>s curriculums différents <strong>et</strong><br />
dont le diplôme obtenu n’offre pas les mêmes perspectives d’étu<strong>de</strong>s supérieures (ex. :<br />
écoles professionnelles, écoles techniques) (Monseur <strong>et</strong> al., 2001; Van Houtte, 2004,<br />
2005).<br />
Une autre pratique, le regroupement par matière (s<strong>et</strong>ting), regroupe les élèves<br />
selon leurs habil<strong>et</strong>és dans une matière spécifique (Ireson <strong>et</strong> al., 2002; Kutnick <strong>et</strong> al.,<br />
2005). Ceci signifie qu’ils peuvent être dans <strong>de</strong>s groupes plus forts ou plus faibles <strong>et</strong> avec<br />
<strong>de</strong>s pairs différents pour chacune <strong>de</strong>s matières (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). Certaines écoles<br />
peuvent restreindre la flexibilité associée à ce type <strong>de</strong> pratique en créant un<br />
regroupement par habil<strong>et</strong>és résiduelles (residual s<strong>et</strong>ting), où les élèves sont assignés<br />
aux groupes selon leurs habil<strong>et</strong>és dans une seule matière <strong>et</strong> restent dans ce niveau<br />
d’habil<strong>et</strong>és pour plusieurs autres matières (Ireson <strong>et</strong> al., 2002). On peut aussi créer <strong>de</strong>s<br />
groupes accélérés en assignant les élèves les plus forts à <strong>de</strong>s cours n<strong>et</strong>tement différents,<br />
habituellement offerts à <strong>de</strong>s élèves plus vieux (Slavin, 1993).<br />
Contrairement aux précé<strong>de</strong>ntes, certaines pratiques assignent d’abord les élèves<br />
dans <strong>de</strong>s groupes <strong>hétérogène</strong>s. Le regroupement à l’intérieur <strong>de</strong> la classe est la pratique<br />
par laquelle les élèves sont regroupés dans leur groupe pour <strong>de</strong>s activités spécifiques ou,<br />
la plupart du temps, selon leurs habil<strong>et</strong>és ou d’autres critères (ex. : assurer une mixité,<br />
répondre à un besoin d’apprentissage spécifique) (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). Dans le même<br />
ordre d’idées, le regroupement <strong>homogène</strong> à travers les classes pour <strong>de</strong>s matières<br />
déterminées assigne les élèves à <strong>de</strong>s classes <strong>hétérogène</strong>s, mais les regroupe pour une ou<br />
plusieurs matières en fonction <strong>de</strong> leurs résultats (Monseur <strong>et</strong> al., 2001). Ils peuvent être<br />
regroupés par niveau, mais aussi tous niveaux confondus. Toutefois, le regroupement<br />
<strong>homogène</strong> tous niveaux confondus est plus utilisé au primaire <strong>et</strong> son efficacité n’a pas<br />
encore été démontrée au secondaire (Slavin, 1993).<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
5
2.2 Les pratiques utilisées pour déci<strong>de</strong>r du regroupement <strong>homogène</strong> <strong>de</strong>s élèves<br />
Les écoles peuvent adopter différentes formules <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong> 1<br />
dépendamment <strong>de</strong> certains facteurs (Kilgore, 1991). L’école aurait tendance à adopter<br />
une formule inclusive 2 s’il y a une gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour enseigner dans les classes fortes,<br />
si les enseignants exercent une forte influence sur les règles <strong>et</strong> les normes entourant le<br />
regroupement <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> si le taux d’interaction élèves-enseignant est élevé. À<br />
l’inverse, l’école aurait tendance à adopter une formule exclusive 3 lorsqu’elle est en<br />
présence d’une plus p<strong>et</strong>ite cohorte d’élèves, que les enseignants n’exercent pas une forte<br />
influence sur les règles <strong>et</strong> les normes entourant le regroupement <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> que le taux<br />
d’interaction élèves-enseignant est faible. La présence d’une p<strong>et</strong>ite cohorte peut aussi<br />
mener l’école à adopter une formule arbitraire 4 . Ceci survient lorsque l’école est aux<br />
prises avec <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s contraintes relatives au nombre d’élèves pouvant être admis dans<br />
chaque groupe. Toutefois, si l’école est en présence d’une plus gran<strong>de</strong> cohorte d’élèves,<br />
que les élèves ne choisissent pas personnellement le niveau du groupe auquel ils veulent<br />
appartenir <strong>et</strong> que la coopération entre les membres du personnel est élevée, elle aurait<br />
tendance à adopter une formule méritocratique 5 .Il est à noter que le recours à la formule<br />
d’inclusion par l’école n’aurait qu’un impact mo<strong>de</strong>ste sur la réussite <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> qu’un<br />
large <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> variations quant au niveau <strong>de</strong> réussite aurait été observé entre <strong>de</strong>s écoles<br />
privilégiant c<strong>et</strong>te formule (Farrell, Dyson <strong>et</strong> Polat, 2007). Ceci laisse supposer que<br />
d’autres variables seraient susceptibles d’influencer davantage la réussite.<br />
Plusieurs types d’évaluation peuvent être utilisés pour assigner les élèves aux<br />
groupes. Ireson <strong>et</strong> al. (2002) se sont intéressés aux pratiques <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong>s élèves<br />
dans 45 écoles <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne. Les évaluations plus fréquemment utilisées étaient<br />
les examens <strong>et</strong> les compositions maisons, suivis <strong>de</strong>s examens publics. À moindre échelle,<br />
<strong>de</strong>s tests standardisés (ex. : tests cognitifs) étaient aussi utilisés. Il est toutefois ressorti<br />
que les évaluations étaient surtout utilisées pour l’assignation <strong>de</strong>s élèves en<br />
mathématiques <strong>et</strong> en sciences, puisque le regroupement était beaucoup moins présent en<br />
anglais. Outre les évaluations <strong>et</strong> quoiqu’à une fréquence moindre, d’autres informations<br />
seraient utilisées pour le regroupement <strong>de</strong>s élèves. On peut considérer les informations<br />
provenant <strong>de</strong> l’école primaire, l’opinion <strong>de</strong> l’enseignant quant au potentiel <strong>de</strong> l’élève <strong>et</strong><br />
son sentiment vis-à-vis <strong>de</strong> lui, l’intuition du personnel non enseignant, le comportement<br />
<strong>et</strong> la motivation <strong>de</strong> l’élève (attitu<strong>de</strong>, estime <strong>de</strong> soi, effort), les facteurs sociaux (groupes<br />
d’amis ou d’ennemis), le sexe <strong>et</strong> les besoins particuliers. Ces informations pourraient<br />
entre autres être utilisées pour éviter <strong>de</strong>s mauvaises combinaisons d’élèves. D’autres<br />
étu<strong>de</strong>s ont suggéré que le genre masculin, l’<strong>et</strong>hnie, un SSE faible <strong>et</strong> les besoins éducatifs<br />
spécifiques sont <strong>de</strong>s éléments non <strong>scolaire</strong>s qui peuvent motiver l’école à assigner les<br />
1 La formule <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong> se définit par le <strong>de</strong>gré auquel la formule actuelle <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong> <strong>de</strong> l’école<br />
correspond au placement attendu pour les élèves à l’intérieur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te même école par rapport aux standards nationaux. Par exemple,<br />
ces standards peuvent spécifier que 20 % <strong>de</strong>s élèves seront en groupes forts <strong>et</strong> 20 %, en groupes faibles.<br />
2 La formule inclusive réfère aux écoles ayant une forte proportion d’élèves au-<strong>de</strong>là du placement attendu pour les élèves <strong>de</strong> l’école.<br />
Elle suggère que les standards <strong>de</strong> l’école quant à l’assignation <strong>de</strong>s élèves sont en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>s normes nationales.<br />
3 La formule exclusive réfère aux écoles ayant une forte proportion d’élèves en <strong>de</strong>çà du placement attendu pour les élèves <strong>de</strong> l’école.<br />
Elle suggère que les standards <strong>de</strong> l’école quant à l’assignation <strong>de</strong>s élèves sont au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s normes nationales.<br />
4 La formule arbitraire réfère aux écoles ayant une forte proportion d’élèves au-<strong>de</strong>là <strong>et</strong> en <strong>de</strong>çà du placement attendu; elle suggère que<br />
l’assignation ne correspond pas aux capacités <strong>et</strong> intérêts <strong>de</strong>s élèves, mais est plutôt aléatoire <strong>et</strong> approximative.<br />
5 La formule méritocratique réfère aux écoles ayant une faible proportion d’élèves au-<strong>de</strong>là <strong>et</strong> en <strong>de</strong>çà du placement attendu. Elle<br />
suggère que les standards <strong>de</strong> l’école quant à l’assignation <strong>de</strong>s élèves sont conformes aux normes nationales.<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
6
élèves à un groupe faible (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Heck <strong>et</strong> al., 2004), ce qui contribuerait à<br />
la marginalisation <strong>de</strong> ces élèves (Heck <strong>et</strong> al., 2004).<br />
Les croyances <strong>de</strong>s enseignants <strong>et</strong> <strong>de</strong>s parents pourraient influencer les pratiques <strong>de</strong><br />
regroupement <strong>de</strong>s élèves faibles. En eff<strong>et</strong>, dans une étu<strong>de</strong> ayant pour but d’observer les<br />
perceptions <strong>de</strong>s enseignants <strong>et</strong> <strong>de</strong>s parents quant à un programme <strong>de</strong> regroupement<br />
<strong>homogène</strong> dans une école, les enseignants ont rapporté qu’ils trouvaient difficile <strong>de</strong><br />
comprendre les habil<strong>et</strong>és <strong>et</strong> les déficits <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s élèves faibles parce qu’ils sont tous<br />
très différents les uns <strong>de</strong>s autres <strong>et</strong> qu’il est ainsi difficile <strong>de</strong> prévoir la planification <strong>de</strong><br />
l’enseignement pour eux (Blanksby, 1999). Ils étaient donc d’avis que ces élèves<br />
<strong>de</strong>vraient recevoir <strong>de</strong>s services spécialisés. L’opinion <strong>de</strong>s parents allait dans le même<br />
sens. Ils rapportaient que l’intégration <strong>de</strong>s élèves faibles ne fonctionne pas <strong>et</strong> qu’il est<br />
préférable qu’ils soient regroupés en groupes <strong>homogène</strong>s afin <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong>s ressources<br />
spécialisées.<br />
Un autre aspect qui affecte l’assignation <strong>de</strong>s élèves est le déplacement entre les<br />
groupes (Ireson <strong>et</strong> al., 2002). Dans les groupes <strong>homogène</strong>s, le taux <strong>de</strong> déplacement varie<br />
d’une école à l’autre selon la rigidité <strong>de</strong> leurs politiques. Certaines écoles fixent un<br />
plafond d’élèves pouvant être inclus dans les groupes forts <strong>et</strong>/ou imposent <strong>de</strong>s<br />
programmes qui ne suivent pas tous le même déroulement d’un groupe à l’autre. Ceci<br />
signifie qu’un changement <strong>de</strong> groupe implique <strong>de</strong> revoir <strong>de</strong> la matière déjà vue <strong>et</strong> d’en<br />
manquer d’autre. Dans les écoles plus souples, on peut voir <strong>de</strong>s rencontres bimensuelles<br />
ou <strong>de</strong>s observations en classe par les chefs <strong>de</strong> département pour juger <strong>de</strong> la pertinence <strong>de</strong><br />
changer un élève <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> groupe. D’autres écoles encore plus souples jugent<br />
important que les élèves sachent qu’ils peuvent être déplacés <strong>de</strong> groupe, ce qui<br />
constituerait un facteur motivateur au ren<strong>de</strong>ment. Malgré tout, les déplacements entre les<br />
groupes sont généralement observés en fin d’année <strong>scolaire</strong>. Ces déplacements peuvent<br />
aussi être stimulés par <strong>de</strong>s requêtes parentales ou encore par <strong>de</strong>s facteurs<br />
comportementaux. Selon ces auteurs, le fait qu’un élève puisse être déplacé dans un<br />
groupe faible sur la base <strong>de</strong> son comportement <strong>et</strong> non <strong>de</strong> son ren<strong>de</strong>ment est inquiétant<br />
puisque c<strong>et</strong>te situation laisse entrevoir que les groupes forts seraient réservés aux élèves<br />
motivés <strong>et</strong> capables <strong>de</strong> se comporter correctement. Quant aux groupes <strong>hétérogène</strong>s, les<br />
déplacements semblent y être moins fréquents <strong>et</strong> les raisons évoquées semblent avoir trait<br />
aux relations sociales (amis) <strong>et</strong> à l’incompatibilité enseignant-élève.<br />
En résumé, il semble que différentes formules <strong>de</strong> regroupement existent <strong>et</strong> que celle<br />
adoptée par l’école dépend d’éléments associés au personnel, à la cohorte d’étudiants, au<br />
taux d’interactions élèves-enseignant <strong>et</strong> aux choix laissés aux élèves. Aussi, les croyances<br />
<strong>de</strong>s enseignants <strong>et</strong> <strong>de</strong>s parents vis-à vis l’intégration <strong>de</strong>s élèves pourraient influencer<br />
l’assignation aux groupes. D’ailleurs, bien que les évaluations formelles semblent être les<br />
plus utilisées pour déci<strong>de</strong>r du regroupement <strong>de</strong>s élèves, d’autres informations plus<br />
subjectives pourraient être considérées, telles que l’opinion, le sentiment <strong>et</strong> l’intuition du<br />
personnel, le comportement <strong>et</strong> la motivation <strong>de</strong> l’élève, les facteurs sociaux, le sexe <strong>et</strong> les<br />
besoins particuliers. De plus, les politiques <strong>de</strong> l’école pourraient gran<strong>de</strong>ment contraindre<br />
le déplacement <strong>de</strong>s élèves entre les groupes, ce qui signifie que l’assignation d’un élève à<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
7
un mauvais groupe au départ pourrait avoir <strong>de</strong> graves répercussions sur son cheminement<br />
<strong>scolaire</strong>.<br />
2.3 Les différentes stratégies <strong>de</strong> déplacement <strong>de</strong>s élèves entre les groupes<br />
<strong>homogène</strong>s<br />
Certaines stratégies perm<strong>et</strong>tent les déplacements <strong>de</strong>s élèves d’un niveau <strong>de</strong> groupe<br />
<strong>homogène</strong> à l’autre. Certaines sont très restrictives. Dans la stratégie cautionnée, l’élève<br />
est sélectionné tôt pour faire partie <strong>de</strong> l’élite <strong>et</strong> recevoir <strong>de</strong>s opportunités <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ressources<br />
spécialisées <strong>et</strong> y <strong>de</strong>meure tout au long <strong>de</strong> son cheminement <strong>scolaire</strong> (Turner, dans Ellison<br />
<strong>et</strong> Hallinan, 2004). D’autres stratégies favorisent la compétition entre les élèves. En eff<strong>et</strong>,<br />
dans la stratégie du tournoi, l’élève qui augmente son ren<strong>de</strong>ment peut avancer vers un<br />
groupe plus fort, mais celui qui diminue son ren<strong>de</strong>ment est déplacé vers un groupe plus<br />
faible <strong>et</strong> perd l’opportunité <strong>de</strong> remonter vers un groupe plus fort (Rosenbaum, dans<br />
Ellison <strong>et</strong> al., 2004). Quant à la stratégie <strong>de</strong> lutte d’espace, l’élève peut se déplacer vers<br />
un groupe plus fort ou plus faible seulement à condition qu’une place se libère, c’est-àdire<br />
qu’un élève quitte le groupe auquel il veut avoir accès (Hallinan <strong>et</strong> Sorensen, dans<br />
Ellison <strong>et</strong> al., 2004). La sélection <strong>de</strong>s élèves pour intégrer ces groupes se fait selon <strong>de</strong>s<br />
critères <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment <strong>scolaire</strong>. Le pourcentage <strong>de</strong> déplacements est déterminé par <strong>de</strong>s<br />
contraintes d’espace, <strong>de</strong> taille <strong>de</strong>s groupes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> l’enseignant (Hallinan <strong>et</strong><br />
Sorensen, dans Ellison <strong>et</strong> al., 2004). Finalement, selon la stratégie combative, le<br />
déplacement <strong>de</strong>s élèves est basé sur le mérite <strong>et</strong> le ren<strong>de</strong>ment (Turner, dans Ellison <strong>et</strong> al.,<br />
2004). Ainsi, les élèves peuvent monter ou <strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> groupe,<br />
dépendamment <strong>de</strong> leur ren<strong>de</strong>ment (Turner, dans Ellison <strong>et</strong> al., 2004).<br />
D’autres stratégies sont plus souples <strong>et</strong> ne considèrent pas uniquement le<br />
ren<strong>de</strong>ment. Dans la stratégie <strong>de</strong> concordance, l’assignation est faite conjointement par<br />
les dirigeants <strong>de</strong> l’école <strong>et</strong> l’élève. En eff<strong>et</strong>, l’école détermine les cours offerts <strong>et</strong> les<br />
élèves choisissent parmi ces options. Ainsi, la sélection <strong>de</strong>s élèves n’est pas<br />
nécessairement basée sur le ren<strong>de</strong>ment (Gar<strong>et</strong>, Agnew <strong>et</strong> Delany, dans Ellison <strong>et</strong> al.,<br />
2004). Finalement, selon la stratégie <strong>de</strong> technique, les caractéristiques <strong>de</strong>s groupes<br />
(incluant la taille <strong>et</strong> les élèves qui les composent) sont déterminées par le personnel <strong>de</strong><br />
l’école selon la cohorte d’élèves <strong>de</strong>sservis. Il perm<strong>et</strong> ainsi le déplacement <strong>de</strong>s élèves<br />
selon les besoins d’apprentissage <strong>et</strong> non seulement selon le ren<strong>de</strong>ment (Barr <strong>et</strong> Dreeben,<br />
dans Ellison <strong>et</strong> al., 2004).<br />
Il est à noter que le choix <strong>de</strong> la stratégie dépend <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> l’école <strong>et</strong> n’est<br />
jamais appliqué strictement. Pour la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s écoles, la stratégie est basée sur<br />
les ren<strong>de</strong>ments <strong>scolaire</strong>s <strong>et</strong> elle est modifiée par d’autres facteurs qui entrent en ligne <strong>de</strong><br />
compte dans l’assignation <strong>de</strong>s élèves aux groupes, tels que certaines caractéristiques<br />
personnelles <strong>de</strong> l’élève <strong>et</strong> l’organisation <strong>de</strong> l’école (Ellison <strong>et</strong> al., 2004).<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
8
3. LES MODÈLES THÉORIQUES EXPLICATIFS DES EFFETS DU REGROUPEMENT HOMOGÈNE<br />
DES ÉLÈVES<br />
Quelques modèles théoriques sont proposés pour évaluer les eff<strong>et</strong>s du<br />
regroupement sur les élèves. Nous présentons les modèles les plus pertinents. Le premier<br />
modèle, celui <strong>de</strong> Terwel, perm<strong>et</strong> une analyse systémique <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s du regroupement sur<br />
l’élève. L’intérêt du <strong>de</strong>uxième modèle, celui du big-fish-little-pond effect, rési<strong>de</strong> dans les<br />
aspects amenés par la comparaison sociale. Finalement, le modèle <strong>de</strong> Carbonaro propose<br />
une interrelation entre l’effort fourni par l’élève, le niveau du groupe <strong>et</strong> le ren<strong>de</strong>ment.<br />
3.1 Le modèle théorique <strong>de</strong> Terwel<br />
Terwel (2005) suggère un modèle qui est influencé par trois perspectives. La<br />
première, génétique <strong>et</strong> biopsychologique, repose sur l’idée que <strong>de</strong>s facteurs génétiques<br />
stables, prédéterminés <strong>et</strong> fixes engendreraient <strong>de</strong>s différences inévitables au niveau du<br />
QI, ce qui justifierait le regroupement <strong>de</strong>s élèves en groupes <strong>homogène</strong>s. La <strong>de</strong>uxième<br />
perspective, culturelle, amène l’idée que l’apprentissage est une responsabilité <strong>de</strong> chaque<br />
individu <strong>et</strong> requiert une liberté individuelle. Ainsi, l’utilisation du regroupement<br />
<strong>homogène</strong> pourrait minimiser la responsabilité <strong>et</strong> la liberté individuelle. Toutefois, selon<br />
l’auteur, c<strong>et</strong>te pratique n’est pas bonne ou mauvaise tant <strong>et</strong> aussi longtemps que<br />
l’organisation <strong>scolaire</strong> vise l’égalité <strong>et</strong> le respect <strong>de</strong> ses élèves. La troisième perspective,<br />
sociologique, propose que les différences au niveau du QI sont causées par le<br />
regroupement <strong>homogène</strong> <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te pratique crée <strong>de</strong>s différences au niveau <strong>de</strong> la qualité<br />
<strong>de</strong>s interactions en classe. Ainsi, les élèves plus performants <strong>et</strong> regroupés dans la même<br />
classe sont plus stimulés par les enseignants <strong>et</strong> ont tendance à s’entrai<strong>de</strong>r davantage<br />
comparativement aux élèves présentant <strong>de</strong>s difficultés sociales <strong>et</strong> <strong>scolaire</strong>s. Dans ce<br />
modèle, les expériences d’apprentissage sont affectées par les caractéristiques <strong>de</strong> l’élève<br />
(facteurs génétiques), elles-mêmes influencées par le contexte <strong>scolaire</strong>, incluant la<br />
différenciation au niveau du curriculum (facteurs culturels) ainsi que par la composition<br />
<strong>de</strong> la classe (facteurs sociaux).<br />
3.2 Le modèle théorique du « big fish little pond effect »<br />
La théorie du « big-fish-little-pond effect » soutient que la formation du concept <strong>de</strong><br />
soi <strong>scolaire</strong> <strong>de</strong> l’élève requiert la comparaison <strong>de</strong> sa propre perception <strong>de</strong> ses<br />
compétences <strong>scolaire</strong>s à un cadre <strong>de</strong> référence. Par exemple, la formation du concept <strong>de</strong><br />
soi <strong>scolaire</strong> est perceptible lorsqu’un élève détient un concept <strong>de</strong> soi <strong>scolaire</strong> inférieur<br />
parce qu’il se compare à <strong>de</strong>s élèves qui, selon sa perception, sont plus performants que<br />
lui. Les élèves performants auraient donc un meilleur concept <strong>de</strong> soi <strong>scolaire</strong> s’ils étaient<br />
placés en classe <strong>hétérogène</strong>, puisqu’ils seraient les plus habiles <strong>de</strong> la classe<br />
comparativement à un scénario où ils seraient placés dans un groupe <strong>de</strong> niveau élevé dans<br />
lequel la compétition est beaucoup plus forte (Marsh, Chessor <strong>et</strong> Craven, dans Catsambis,<br />
Mulkey <strong>et</strong> Crain, 2001) À l’inverse, les élèves moins forts bénéficieraient d’être<br />
regroupés tous ensemble en groupes faibles puisqu’ils n’auraient plus à faire face à la<br />
compétition. Ils auraient alors une meilleure perception <strong>de</strong> leurs habil<strong>et</strong>és (Marsh, dans<br />
Mulkey, Catsambis <strong>et</strong> Steelman, 2005).<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
9
3.3 Le modèle théorique <strong>de</strong> Carbonaro<br />
Carbonaro (2005) présente un modèle conceptuel qui m<strong>et</strong> en lien l’effort, le<br />
regroupement <strong>et</strong> le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l’élève. Selon lui, les efforts sont susceptibles <strong>de</strong> varier<br />
en fonction du niveau du groupe <strong>et</strong> l’effort antérieur est un critère important pour<br />
l’assignation <strong>de</strong>s élèves aux groupes. Ainsi, le niveau du groupe est susceptible<br />
d’influencer la perception que les élèves ont d’eux-mêmes <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur futur, ce qui<br />
influence par le fait même le niveau d’effort qu’ils m<strong>et</strong>tent en place à l’école. Aussi, le<br />
regroupement <strong>homogène</strong> est influencé par la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> cognitive provenant du<br />
curriculum, ce qui entraîne un impact sur l’engagement intellectuel <strong>de</strong> l’élève. L’effort <strong>et</strong><br />
le niveau du groupe sont donc susceptibles d’influencer la réussite <strong>scolaire</strong> <strong>de</strong> l’élève. De<br />
même, l’effort <strong>et</strong> la réussite <strong>scolaire</strong> sont susceptibles d’influencer le groupe. Enfin,<br />
certaines caractéristiques personnelles (genre, SSE, <strong>et</strong>hnie) <strong>de</strong>s élèves sont susceptibles<br />
d’expliquer les différences existantes entre l’effort mis en place dans les différents<br />
groupes d’habil<strong>et</strong>és, puisque dans les groupes faibles, les élèves ten<strong>de</strong>nt à m<strong>et</strong>tre moins<br />
d’effort dans leur apprentissage.<br />
Les pratiques <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong>s élèves sont donc assez variées. De plus, les<br />
stratégies <strong>de</strong> déplacement <strong>de</strong>s élèves d’un groupe à l’autre <strong>et</strong> les modèles théoriques<br />
présentés suggèrent que le regroupement <strong>homogène</strong> peut avoir <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sur<br />
l’apprentissage <strong>et</strong> la réussite <strong>de</strong>s élèves. Il importe donc <strong>de</strong> se questionner sur l’efficacité<br />
<strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> regroupement ainsi que sur leurs eff<strong>et</strong>s sur la réussite <strong>de</strong>s élèves.<br />
4. RECENSION DES ÉCRITS SCIENTIFIQUES SUR L’EFFICACITÉ DU REGROUPEMENT<br />
HOMOGÈNE OU HÉTÉROGÈNE ET LEURS EFFETS SUR LES ÉLÈVES<br />
D’entrée <strong>de</strong> jeu, il importe <strong>de</strong> préciser que dans les étu<strong>de</strong>s consultées, le<br />
regroupement <strong>homogène</strong> est très souvent observé dans les cours <strong>de</strong> mathématiques,<br />
puisque c<strong>et</strong>te matière se prête gran<strong>de</strong>ment à c<strong>et</strong>te pratique. La généralisation <strong>de</strong>s résultats<br />
présentés aux autres matières est donc limitée, quoiqu’elle serait possible en regard <strong>de</strong>s<br />
autres matières principales (français <strong>et</strong> sciences), puisqu’elles sont aussi souvent incluses<br />
dans les étu<strong>de</strong>s (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005).<br />
Les écrits scientifiques ayant trait aux eff<strong>et</strong>s du regroupement <strong>homogène</strong> sur les<br />
élèves s’inscrivent majoritairement autour <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux questions : (1) Le regroupement<br />
<strong>homogène</strong> est-il plus efficace pour encourager l’apprentissage <strong>de</strong>s élèves que les autres<br />
métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> regroupement? (2) Tous les élèves bénéficient-ils du regroupement<br />
<strong>homogène</strong> au même <strong>de</strong>gré?<br />
Nous débuterons en nous questionnant sur les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles. Nous<br />
résumerons ensuite les résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s qui ont examiné les répercussions <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
types <strong>de</strong> regroupement sur les élèves faibles, moyens ou forts, notamment sur la réussite<br />
<strong>scolaire</strong> <strong>et</strong> leur ren<strong>de</strong>ment dans certains cours.<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
10
4.1 Le regroupement <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>s groupes faibles<br />
4.1.1 Les élèves <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s faibles reçoivent-ils un enseignement <strong>de</strong> moins<br />
bonne qualité?<br />
Les étu<strong>de</strong>s quantitatives montrent que l’on r<strong>et</strong>rouve généralement dans les groupes<br />
faibles une concentration disproportionnée <strong>de</strong> garçons, d’élèves provenant <strong>de</strong> groupes<br />
<strong>et</strong>hniques spécifiques, <strong>de</strong> statut socio-économique faible <strong>et</strong> avec <strong>de</strong>s besoins éducatifs<br />
spécifiques. Ce sont toutes <strong>de</strong>s caractéristiques qui affectent les attentes <strong>de</strong>s enseignants<br />
envers les élèves <strong>et</strong> les aspirations <strong>de</strong>s élèves (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). Ces élèves seraient<br />
aussi plus susceptibles <strong>de</strong> vivre un plus grand nombre <strong>de</strong> changements d’enseignants<br />
(Kutnick <strong>et</strong> al., 2005) <strong>et</strong> d’avoir plus d’enseignants qui ne sont pas <strong>de</strong>s spécialistes <strong>de</strong> la<br />
matière enseignée (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> Shkolnik, 2000; Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). Toutefois, dans ces<br />
groupes, le ratio enseignant-élèves serait moindre (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al., 2000), afin <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre<br />
plus <strong>de</strong> soutien à ces élèves (Ireson, Clark <strong>et</strong> Hallam, 2002). Finalement, il semble que les<br />
élèves <strong>de</strong>s groupes faibles évitent <strong>de</strong>s cours plus difficiles même lorsqu’ils peuvent faire<br />
ce choix. En eff<strong>et</strong>, dans une école d’Israël qui laisse le libre-choix à l’élève du niveau du<br />
groupe qu’il désire fréquenter <strong>et</strong> qui offre plus <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> sciences pures avancés, il a été<br />
observé que les garçons d’habil<strong>et</strong>és faibles <strong>et</strong> qui n’étaient pas considérés comme étant<br />
<strong>de</strong>s élèves appropriés pour les cours <strong>de</strong> sciences avancées se r<strong>et</strong>rouvaient intégrés dans<br />
les cours avancés en sciences humaines.<br />
Les étu<strong>de</strong>s qualitatives vont dans le même sens. Boaler, Wiliam <strong>et</strong> Brown (2000)<br />
ont trouvé que les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles subissent beaucoup d’eff<strong>et</strong>s négatifs. En<br />
plus <strong>de</strong>s changements fréquents d’enseignants <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’expérience limitée <strong>de</strong> certains<br />
enseignants, ils ajoutent l’attribution <strong>de</strong> leçons <strong>de</strong> bas niveau considérées comme trop<br />
faciles, l’inaccessibilité à <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> mathématiques perm<strong>et</strong>tant d’atteindre un niveau<br />
plus élevé <strong>et</strong> l’obligation d’attendre la fin du cours, sans tâche supplémentaire à effectuer,<br />
si les exercices sont terminés à l’avance. Par conséquent, ces élèves croyaient que leurs<br />
opportunités d’apprentissage étaient gran<strong>de</strong>ment amoindries, que leur enseignant les<br />
considérait comme étant limités <strong>et</strong> que ces <strong>de</strong>rniers avaient aussi une idée préconçue <strong>de</strong>s<br />
habil<strong>et</strong>és <strong>de</strong> ces élèves qui se traduisait à leur offrir peu <strong>de</strong> chance <strong>de</strong> se développer<br />
davantage.<br />
Par ailleurs, dans une étu<strong>de</strong> faite dans une école qui a choisi d’éliminer le<br />
regroupement <strong>homogène</strong> <strong>et</strong> d’instaurer le regroupement <strong>hétérogène</strong> pour une partie <strong>de</strong> ses<br />
classes <strong>de</strong> 9 e <strong>et</strong> 10 e année (14-16 ans), Rothenberg, McDermott <strong>et</strong> Martin (1998) ont<br />
trouvé que l’enseignement <strong>et</strong> la qualité <strong>de</strong> l’instruction ont changé dans tous les groupes,<br />
<strong>homogène</strong>s <strong>et</strong> <strong>hétérogène</strong>s, sauf dans les groupes <strong>homogène</strong>s faibles. Dans ces groupes<br />
faibles, puisque l’enseignement était ralenti, dilué <strong>et</strong> raccourci, les élèves trouvaient que<br />
les travaux n’étaient pas amusants ni intéressants, ne favorisaient pas l’apprentissage <strong>et</strong><br />
étaient incompréhensibles. De plus, le contenu académique enseigné était résumé <strong>et</strong><br />
simplifié <strong>et</strong> les enseignants semblaient <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r moins <strong>de</strong> tâches d’écriture aux élèves.<br />
En résumé, il semblerait que les élèves <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s faibles reçoivent un<br />
enseignement <strong>de</strong> moins bonne qualité. Ces élèves bénéficieraient <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> ressources,<br />
n’auraient pas accès aux mêmes opportunités d’apprentissage, seraient plus victimes <strong>de</strong><br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
11
préjugés <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s enseignants <strong>et</strong> recevraient moins <strong>de</strong> stimulation que ceux <strong>de</strong>s<br />
groupes forts.<br />
4.1.2 Le regroupement <strong>homogène</strong> perpétue-t-il les difficultés à accé<strong>de</strong>r aux étu<strong>de</strong>s<br />
supérieures?<br />
Une seule <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s recensées a apporté <strong>de</strong>s réponses à c<strong>et</strong>te question. Dans c<strong>et</strong>te<br />
étu<strong>de</strong> quantitative, Heck <strong>et</strong> al. (2004) ont utilisé une analyse <strong>de</strong> réseau pour étudier les<br />
différents profils d’élèves présents dans une école secondaire d’Hawaii qui pratique le<br />
regroupement <strong>homogène</strong>. Ils ont trouvé une structure sociale très sélective qui limite<br />
l’accès <strong>de</strong>s élèves à certaines positions sociales. C<strong>et</strong>te structure est également très<br />
limitante par rapport à la probabilité pour les élèves d’atteindre les plus hauts niveaux<br />
d’éducation. Ainsi, leurs résultats rapportent qu’environ 35 % <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>s profils forts<br />
obtiennent un diplôme avec mention très honorable ou très bien <strong>et</strong> que plus <strong>de</strong> 82 %<br />
d’entre eux planifient d’aller à l’université. Quant aux élèves <strong>de</strong>s profils faibles, plusieurs<br />
n’obtiennent pas leur diplôme, près <strong>de</strong>s trois quarts planifient d’aller dans un collège<br />
communautaire <strong>et</strong> 14 % planifient d’aller dans une école militaire.<br />
Il semblerait donc que les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles aient moins d’opportunités à<br />
leur disposition <strong>et</strong> aient moins <strong>de</strong> chances d’accé<strong>de</strong>r aux étu<strong>de</strong>s supérieures. Ces<br />
conclusions sont toutefois à interpréter avec pru<strong>de</strong>nce, puisqu’il est possible qu’elles ne<br />
s’appliquent pas aux élèves d’autres provenances.<br />
4.1.3 Le regroupement <strong>hétérogène</strong> perm<strong>et</strong>-il <strong>de</strong> corriger ces inégalités?<br />
La recension <strong>de</strong>s écrits <strong>de</strong> Monseur <strong>et</strong> al. (2001), qui regroupe <strong>de</strong>s données<br />
statistiques provenant <strong>de</strong> 40 pays, rapporte que l’homogénéité à l’intérieur <strong>de</strong>s classes<br />
aurait pour eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> rendre les classes ou les établissements plus différents entre eux,<br />
tandis que l’hétérogénéité à l’intérieur <strong>de</strong>s classes les rendrait plus semblables. De plus,<br />
ces auteurs ont trouvé <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ards <strong>scolaire</strong>s assez faibles dans les pays qui<br />
favorisent le regroupement <strong>hétérogène</strong>. Aussi, l’assignation à une classe <strong>hétérogène</strong><br />
augmenterait même la probabilité <strong>de</strong>s élèves qui présentent une compétence initiale forte<br />
<strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> mathématiques avancées (Burris, Heubert <strong>et</strong> Levin, 2006).<br />
D’ailleurs, après l’assignation dans <strong>de</strong>s groupes <strong>hétérogène</strong>s, on a observé une<br />
augmentation significative du pourcentage d’élèves qui prennent <strong>de</strong>s cours avancés. De<br />
plus, Kutnick <strong>et</strong> al. (2005) rapportent un eff<strong>et</strong> positif du regroupement <strong>hétérogène</strong> sur les<br />
attitu<strong>de</strong>s pro-sociales <strong>et</strong> pro-<strong>scolaire</strong>s <strong>de</strong>s élèves.<br />
Du côté <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s qualitatives, <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s bénéfiques ont pu être observés dans une<br />
école qui a abandonné le regroupement <strong>homogène</strong> dans certaines classes <strong>de</strong> 9 e <strong>et</strong><br />
10 e année (14-16 ans) pour y instaurer le regroupement <strong>hétérogène</strong> (Rothenberg <strong>et</strong> al.,<br />
1998). En eff<strong>et</strong>, en plus d’avoir observé une augmentation du taux <strong>de</strong> présence <strong>de</strong>s élèves<br />
anciennement assignés aux groupes faibles ainsi qu’un pourcentage plus élevé d’élèves<br />
qui prennent <strong>de</strong>s cours avancés <strong>de</strong> mathématiques <strong>et</strong> donc un plus grand pourcentage<br />
d’élèves qui rédigent l’examen national standardisé <strong>de</strong> mathématiques, ils ont vu que les<br />
pratiques d’enseignement ont changé. Comparativement au début <strong>de</strong> l’année <strong>scolaire</strong>, les<br />
enseignants utilisaient majoritairement une pédagogie centrée sur l’élève (gui<strong>de</strong>r les<br />
élèves, encourager le travail d’équipe <strong>et</strong> l’entrai<strong>de</strong>) à la fin <strong>de</strong> l’année <strong>et</strong> utilisaient plus<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
12
l’apprentissage coopératif ainsi que <strong>de</strong> meilleures stratégies pour questionner les élèves.<br />
Ceci a eu pour eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> bonifier le niveau d’apprentissage, la stimulation <strong>de</strong>s élèves, le<br />
niveau d’interaction général <strong>et</strong> les habil<strong>et</strong>és d’opérations, telles que la pensée critique <strong>et</strong><br />
l’écriture.<br />
Hallam <strong>et</strong> Ireson (2005) se sont intéressés aux croyances <strong>de</strong>s enseignants quant aux<br />
pratiques <strong>de</strong> regroupement dans 45 écoles <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne. Les enseignants se sont<br />
prononcés fortement en accord pour dire qu’il est plus facile d’enseigner dans une classe<br />
<strong>homogène</strong>, que ce type <strong>de</strong> regroupement rend la gestion <strong>de</strong> classe plus facile <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
mieux ajuster les programmes aux besoins <strong>de</strong>s élèves. Cependant, ils s’enten<strong>de</strong>nt pour<br />
dire que l’enseignement en classe <strong>hétérogène</strong> est bénéfique pour tous les élèves en plus<br />
<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre les enseignants au défi en les gardant alertes quant au maintien <strong>et</strong> au<br />
développement <strong>de</strong> leurs compétences, les empêchant ainsi <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir rigi<strong>de</strong>s dans leurs<br />
métho<strong>de</strong>s d’enseignement. Ils sont toutefois d’avis que l’efficacité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te pratique<br />
dépend <strong>de</strong>s ressources disponibles <strong>et</strong> du soutien qui leur est offert. Ils sont aussi d’accord<br />
pour dire que l’enseignement aux élèves plus faibles <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une approche différente <strong>de</strong><br />
celle utilisée pour les élèves plus forts <strong>et</strong> qu’on tend à enseigner à l’élève moyen dans les<br />
classes <strong>hétérogène</strong>s.<br />
En résumé, les résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s suggèrent que le regroupement <strong>hétérogène</strong><br />
pourrait contribuer à corriger <strong>de</strong>s inégalités quant à la polarisation <strong>de</strong>s élèves, à la<br />
stimulation <strong>et</strong> aux opportunités d’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s cours plus avancés ainsi qu’à bonifier le<br />
développement d’attitu<strong>de</strong>s pro-<strong>scolaire</strong>s <strong>et</strong> pro-sociales. Toutefois, ce type <strong>de</strong><br />
regroupement <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait plus <strong>de</strong> ressources <strong>et</strong> <strong>de</strong> soutien aux enseignants afin <strong>de</strong><br />
s’assurer que l’enseignement soit différencié selon les besoins <strong>de</strong>s élèves.<br />
4.1.4 Le regroupement <strong>de</strong>s élèves en groupe <strong>hétérogène</strong> selon d’autres indicateurs que<br />
les habil<strong>et</strong>és intellectuelles ou <strong>scolaire</strong>s (intérêts, attitu<strong>de</strong>s, talents, histoire, <strong>et</strong>c.)<br />
est-il prom<strong>et</strong>teur pour favoriser la réussite <strong>scolaire</strong>?<br />
Malheureusement, aucune étu<strong>de</strong> scientifique n’a pu être i<strong>de</strong>ntifiée en lien avec ce<br />
suj<strong>et</strong>. Toutefois, une expérience <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong>s élèves par intérêts est présentement<br />
pratiquée dans une école secondaire <strong>de</strong> l’Île <strong>de</strong> Montréal 6 .<br />
4.2 Les répercussions du type <strong>de</strong> regroupement sur les élèves<br />
4.2.1 Le regroupement <strong>homogène</strong> ou <strong>hétérogène</strong> favorise-t-il le décrochage <strong>scolaire</strong> ou<br />
nuit-il à la réussite <strong>scolaire</strong>?<br />
Une seule étu<strong>de</strong> a été trouvée concernant le lien entre le regroupement <strong>homogène</strong> <strong>et</strong><br />
le décrochage <strong>scolaire</strong>. Dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> quantitative, Berends (1995) rapporte que<br />
l’assignation à un groupe faible ou régulier augmenterait les probabilités <strong>de</strong> décrochage<br />
<strong>scolaire</strong>. En eff<strong>et</strong>, comparativement aux groupes forts, les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles <strong>et</strong><br />
réguliers présenteraient plusieurs facteurs qui augmenteraient la probabilité <strong>de</strong><br />
décrochage. Ces élèves aspireraient moins à atteindre le niveau collégial, auraient plus <strong>de</strong><br />
6<br />
École secondaire d’Anjou <strong>de</strong> la <strong>Commission</strong> <strong>scolaire</strong> <strong>de</strong> la Pointe-<strong>de</strong>-l’Île. Voir un résumé <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
pratique <strong>et</strong> <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s en annexe 1.<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
13
problèmes <strong>de</strong> discipline, feraient preuve <strong>de</strong> moins d’engagement envers l’école <strong>et</strong><br />
s’absenteraient plus.<br />
En général, les résultats quant aux eff<strong>et</strong>s du regroupement <strong>homogène</strong> sur la réussite<br />
<strong>de</strong>s élèves sont mitigés, car certains chercheurs ne trouvent aucun eff<strong>et</strong> ou seulement <strong>de</strong><br />
très légers eff<strong>et</strong>s. Effectivement, Slavin (1993), B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al. (2000), Van<strong>de</strong>nberge (2006)<br />
<strong>et</strong> Kutnick <strong>et</strong> al. (2005) n’en trouvent qu’à condition qu’il y ait ségrégation entre <strong>de</strong>s<br />
écoles qui offrent <strong>de</strong>s curriculums différents (filières ou écoles spécialisées). D’ailleurs,<br />
le regroupement en filières pourrait amener une différenciation précoce <strong>de</strong>s curriculums,<br />
ce qui mènerait à une inégalité dans les ren<strong>de</strong>ments (Hallinan, 2000). D’autres rapportent<br />
que le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s élèves est plus grand dans les groupes <strong>homogène</strong>s que dans les<br />
groupes <strong>hétérogène</strong>s (Moller, Blau <strong>et</strong> Stearns, 2003) ou encore que le ren<strong>de</strong>ment varie en<br />
fonction du niveau du groupe <strong>homogène</strong> <strong>et</strong> que le groupe à lui seul pourrait affecter la<br />
quantité <strong>de</strong> matière apprise par l’élève (Hallinan, 2000). De plus, l’assignation à un<br />
groupe plus fort que celui auquel l’élève est actuellement assigné aurait pour eff<strong>et</strong><br />
d’augmenter son ren<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> vice versa s’il était assigné à un groupe plus faible<br />
(Hallinan, 2000).<br />
Des comparaisons entre le regroupement <strong>homogène</strong> <strong>et</strong> le regroupement <strong>hétérogène</strong><br />
ont suggéré que les élèves plus faibles progresseraient mieux en groupes <strong>hétérogène</strong>s,<br />
contrairement aux plus forts qui progresseraient mieux en groupes <strong>homogène</strong>s (Kutnick<br />
<strong>et</strong> al., 2005). Toutefois, Hallinan (2000) a trouvé que l’assignation <strong>de</strong> l’élève à un groupe<br />
<strong>hétérogène</strong> en 8 e année (13-14 ans) serait positivement corrélée avec le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ces<br />
mêmes élèves assignés à un groupe fort en 10 e année (15-16 ans). De plus, on observerait<br />
une plus gran<strong>de</strong> augmentation du ren<strong>de</strong>ment chez les élèves ayant une compétence<br />
initiale forte <strong>et</strong> qui sont assignés à un groupe <strong>hétérogène</strong> (Burris <strong>et</strong> al., 2006). Le<br />
placement dans ce type <strong>de</strong> groupe aurait donc un eff<strong>et</strong> bénéfique sur le ren<strong>de</strong>ment, même<br />
une fois les eff<strong>et</strong>s du niveau <strong>de</strong> compétence initiale, du SSE <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’<strong>et</strong>hnie contrôlés<br />
(Burris <strong>et</strong> al., 2006). De plus, le niveau d’effort fourni par l’élève différerait d’un niveau<br />
<strong>de</strong> groupe <strong>homogène</strong> à l’autre selon les efforts antérieurs, la réussite antérieure <strong>et</strong> les<br />
expériences en classe vécues par l’élève (Carbonaro, 2005). Tout comme pour le<br />
ren<strong>de</strong>ment, augmenter le niveau du groupe aurait donc un eff<strong>et</strong> bénéfique sur le niveau<br />
d’effort fourni par l’élève (Mulkey <strong>et</strong> al., 2005). Ceci vient expliquer les conclusions <strong>de</strong><br />
ces auteurs à l’eff<strong>et</strong> que l’assignation <strong>de</strong> l’élève en 8 e année (13-14 ans) aurait un impact<br />
sur son ren<strong>de</strong>ment en 12 e année (17-18 ans).<br />
Mulkey <strong>et</strong> al. (2005) se sont intéressés aux eff<strong>et</strong>s du regroupement <strong>homogène</strong> ou<br />
<strong>hétérogène</strong> en comparant <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> forces similaires provenant d’écoles qui utilisaient<br />
le regroupement <strong>homogène</strong> à ceux d’écoles à regroupement <strong>hétérogène</strong>. Afin <strong>de</strong> s’assurer<br />
qu’ils comparent <strong>de</strong>s groupes d’élèves similaires, ils estiment la propension d’un élève à<br />
être assigné à un groupe fort, moyen ou faible, peu importe le type <strong>de</strong> regroupement<br />
utilisé dans leur école, sur la base <strong>de</strong> leurs habil<strong>et</strong>és en mathématiques. Ainsi, les élèves<br />
« forts » sont ceux qui ont <strong>de</strong> bonnes habil<strong>et</strong>és en mathématiques, peu importe qu’ils<br />
soient dans <strong>de</strong>s classes <strong>hétérogène</strong>s ou <strong>de</strong>s classes <strong>homogène</strong>s fortes, moyennes ou<br />
faibles en mathématiques. Ils ont observé une association significative entre le type <strong>de</strong><br />
regroupement <strong>et</strong> les résultats <strong>scolaire</strong>s ainsi que <strong>de</strong>s caractéristiques sociales entre la 8 e <strong>et</strong><br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
14
la 10 e année, <strong>et</strong> aussi entre la 10 e <strong>et</strong> la 12 e année. Toutefois, ces eff<strong>et</strong>s varient selon le<br />
genre <strong>et</strong> selon la propension à être dans un groupe fort ou faible. Ainsi, les garçons à<br />
propension « fort » ont <strong>de</strong>s résultats moindres en mathématique lorsqu’ils sont placés en<br />
classes <strong>homogène</strong>s plutôt qu’<strong>hétérogène</strong>s, alors que les garçons à propension « faible »<br />
semblent avoir <strong>de</strong> meilleurs résultats dans <strong>de</strong>s classes <strong>homogène</strong>s. Chez les filles, seules<br />
celles à propension « faible » réussissent généralement mieux en mathématiques<br />
lorsqu’elles sont en classes <strong>homogène</strong>s. C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> rapporte aussi <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s positifs du<br />
regroupement <strong>homogène</strong> pour les élèves à propension « faible » au plan <strong>de</strong>s<br />
caractéristiques psychosociales, entre la 8 e <strong>et</strong> la 12 e année. Les filles <strong>et</strong> garçons à<br />
propension « faible » auraient plus confiance <strong>de</strong> graduer, <strong>de</strong> poursuivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />
supérieures, <strong>et</strong> ont un meilleur concept <strong>de</strong> soi <strong>scolaire</strong> en mathématiques lorsqu’ils sont<br />
placés dans <strong>de</strong>s classes <strong>homogène</strong>s. Par contre, ceux à propension « fort » qui sont en<br />
classes <strong>homogène</strong>s ont moins confiance <strong>de</strong> graduer, <strong>de</strong> poursuivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures<br />
<strong>et</strong> ont un concept <strong>de</strong> soi moindre en mathématiques que les élèves à propension « fort »<br />
en classes <strong>hétérogène</strong>s. Les auteurs expliquent c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> par le haut niveau <strong>de</strong> compétition<br />
entre élèves forts lorsqu’ils sont regroupés dans <strong>de</strong>s classes <strong>homogène</strong>s. Le type <strong>de</strong><br />
regroupement semble avoir peu d’eff<strong>et</strong> sur l’engagement <strong>scolaire</strong> chez les filles. Par<br />
contre, en comparaison aux garçons <strong>de</strong> même force inscrits en classes <strong>hétérogène</strong>s, les<br />
garçons à propension « fort » ten<strong>de</strong>nt plus à se désengager <strong>de</strong> l’école alors que<br />
l’engagement <strong>scolaire</strong> est meilleur chez les garçons à propension « faible ».<br />
Quant aux élèves ayant <strong>de</strong>s besoins particuliers, il semblerait que les eff<strong>et</strong>s du<br />
regroupement <strong>homogène</strong> sur eux soient moins clairs, à l’exception <strong>de</strong>s élèves surdoués<br />
pour qui un programme spécial, donné dans un groupe séparé <strong>et</strong> par un enseignant formé<br />
pour leur enseigner, serait efficace. Pour les autres, incluant les élèves <strong>de</strong> minorités<br />
<strong>et</strong>hniques, malgré un nombre limité <strong>de</strong> recherches sur le suj<strong>et</strong>, il y aurait quelques<br />
avantages potentiels d’un regroupement <strong>homogène</strong> flexible <strong>et</strong> du regroupement à<br />
l’intérieur <strong>de</strong> la classe, qui perm<strong>et</strong>tent un déploiement efficace d’assistants<br />
d’enseignement (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005).<br />
D’ailleurs, le regroupement à l’intérieur <strong>de</strong> la classe, peu importe le contexte <strong>de</strong><br />
regroupement, pourrait avoir le plus grand potentiel pour augmenter les standards en<br />
rendant l’expérience d’apprentissage personnalisée (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). Il faudrait<br />
toutefois porter une attention particulière aux interactions entre les élèves <strong>et</strong> entre<br />
l’enseignant <strong>et</strong> l’élève (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). En eff<strong>et</strong>, l’enseignant étant seul pour<br />
s’occuper d’un grand groupe d’élèves, le temps alloué par celui-ci à chacun <strong>de</strong>s élèves est<br />
assez limité. Par conséquent, il faut questionner si la qualité <strong>de</strong>s interactions entre pairs<br />
sera aussi propice à l’apprentissage <strong>de</strong> l’élève. Cependant, il est à noter que les raisons<br />
qui poussent les enseignants à regrouper les élèves à l’intérieur <strong>de</strong> leurs classes semblent<br />
plutôt justifiées par <strong>de</strong>s motifs d’ordre organisationnel plutôt que par <strong>de</strong>s buts<br />
pédagogiques (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Hallam <strong>et</strong> Ireson, 2005). Les groupes seraient donc<br />
construits par les élèves <strong>et</strong> motivés par les amitiés (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). C<strong>et</strong>te pratique<br />
<strong>de</strong> regroupement serait aussi plus présente dans les classes <strong>hétérogène</strong>s que dans les<br />
classes <strong>homogène</strong>s (Hallam <strong>et</strong> al., 2005). Il est cependant important <strong>de</strong> souligner que le<br />
nombre d’étu<strong>de</strong>s sur le regroupement à l’intérieur <strong>de</strong> la classe semble limité <strong>et</strong> que<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
15
d’autres techniques <strong>et</strong> éléments tels que la communication <strong>et</strong> le soutien pourraient avoir<br />
un eff<strong>et</strong> positif sur le ren<strong>de</strong>ment (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005).<br />
En résumé, il semble que les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles <strong>et</strong> réguliers présenteraient<br />
plus <strong>de</strong> facteurs susceptibles <strong>de</strong> mener au décrochage <strong>scolaire</strong>. De plus, le regroupement<br />
<strong>homogène</strong> conviendrait peut-être mieux aux élèves <strong>de</strong>s groupes forts <strong>et</strong> le regroupement<br />
<strong>hétérogène</strong> conviendrait mieux aux élèves plus faibles ou ayant <strong>de</strong>s besoins particuliers.<br />
Toutefois, le regroupement à l’intérieur <strong>de</strong> la classe pourrait s’avérer être une pratique<br />
efficace, qu’il soit pratiqué en groupe <strong>homogène</strong> ou <strong>hétérogène</strong>. Après les étu<strong>de</strong>s qui ont<br />
examiné les eff<strong>et</strong>s généraux du type <strong>de</strong> regroupement sur les élèves, la section suivante se<br />
penche sur les eff<strong>et</strong>s spécifiques du regroupement <strong>homogène</strong> sur les différents groupes<br />
d’élèves.<br />
4.2.2 Y a-t-il <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s spécifiques du regroupement <strong>homogène</strong> sur les différents groupes<br />
d’élèves?<br />
Dans les groupes <strong>homogène</strong>s faibles, la moyenne générale serait moins élevée, il y<br />
aurait plus d’échecs (Van Houtte, 2005), plus d’élèves qui ne graduent pas (Heck <strong>et</strong> al.,<br />
2004) <strong>et</strong> l’intérêt par rapport aux tâches d’apprentissage serait moins présent (Van <strong>de</strong><br />
gaer, Pustjens <strong>et</strong> Van Damme, 2006). Ces élèves percevraient moins l’utilité <strong>de</strong>s<br />
mathématiques <strong>et</strong> seraient davantage enclin à éviter la tâche, ils utiliseraient moins <strong>de</strong><br />
stratégies métacognitives <strong>et</strong> démontreraient une volonté plus faible face aux efforts à<br />
fournir (Bouffard <strong>et</strong> Couture, 2003). Par ailleurs, il semble que les buts <strong>de</strong> performance<br />
soient positivement associés à la réussite <strong>scolaire</strong> <strong>de</strong>s groupes réguliers <strong>et</strong> faibles, c'est-àdire<br />
que plus l’élève est motivé au ren<strong>de</strong>ment <strong>scolaire</strong>, mieux il réussit (Bouffard <strong>et</strong><br />
Couture, 2003). Ainsi, augmenter le niveau d’habil<strong>et</strong>és du groupe <strong>de</strong>s élèves dits « sous<br />
la moyenne » pourrait avoir pour eff<strong>et</strong> d’augmenter leur concept <strong>de</strong> soi <strong>scolaire</strong> général <strong>et</strong><br />
leur concept <strong>de</strong> soi <strong>scolaire</strong> en anglais (Ireson <strong>et</strong> al., 2001). Notons ici que le taux<br />
d’absentéisme en 8 e année (13-14 ans) serait relié au ren<strong>de</strong>ment en mathématiques en<br />
9 e année (14-15 ans) dans les groupes très faibles (Hallinan, 2000).<br />
Le niveau <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment antérieur du groupe pourrait aussi avoir <strong>de</strong>s impacts sur le<br />
ren<strong>de</strong>ment ultérieur <strong>de</strong> l’élève (Hallinan, 2000). En eff<strong>et</strong>, Ireson, Hallam <strong>et</strong> Hurley (2005)<br />
ont observé qu’à ren<strong>de</strong>ment égal à l’examen national <strong>de</strong> mathématiques <strong>de</strong> secondaire 3<br />
(Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne), les élèves dans les groupes forts en secondaire 5 ont mieux performé,<br />
suivis <strong>de</strong> ceux dans les groupes moyens <strong>et</strong> enfin <strong>de</strong> ceux dans les groupes faibles, à<br />
l’examen <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s secondaires. Un eff<strong>et</strong> relatif au groupe a donc été observé.<br />
D’ailleurs, ces auteurs rapportent aussi qu’une fois les eff<strong>et</strong>s du ren<strong>de</strong>ment antérieur, du<br />
statut socio-économique <strong>et</strong> du taux <strong>de</strong> présence contrôlés, les élèves <strong>de</strong>s groupes forts ont<br />
mieux performé à l’examen <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s secondaires que les élèves <strong>de</strong>s groupes<br />
faibles, surtout en mathématiques <strong>et</strong> en anglais. Aussi, le score <strong>de</strong>s élèves à l’examen<br />
national d’anglais en 8 e année (13-14 ans) serait positivement corrélé avec le ren<strong>de</strong>ment<br />
en anglais en 9 e année (14-15 ans) <strong>de</strong> ces mêmes élèves assignés à <strong>de</strong>s groupes réguliers,<br />
forts <strong>et</strong> avancés, mais pas avec celui <strong>de</strong> ces mêmes élèves assignés à <strong>de</strong>s groupes faibles<br />
(Hallinan, 2000).<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
16
En général, les élèves <strong>de</strong>s groupes forts auraient <strong>de</strong> meilleurs résultats en<br />
mathématiques (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005) <strong>et</strong> en compréhension <strong>de</strong> lecture (Monseur <strong>et</strong> al.,<br />
2001) que les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles. De plus, ces élèves performeraient mieux en<br />
langage, suivis <strong>de</strong>s élèves moyens <strong>et</strong> enfin <strong>de</strong>s élèves faibles (Van <strong>de</strong> gaer <strong>et</strong> al., 2006).<br />
Aussi, l’assignation à un groupe fort ou avancé <strong>de</strong> mathématiques en 8 e année (13-14 ans)<br />
serait positivement corrélée au ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ces mêmes élèves placés dans un groupe<br />
régulier ou fort <strong>de</strong> mathématiques en 9 e année (14-15 ans), mais pas avec celui <strong>de</strong>s élèves<br />
placés dans un groupe faible (Hallinan, 2000).<br />
De plus, les élèves <strong>de</strong>s groupes forts auraient une meilleure relation avec leur<br />
enseignant, un meilleur sentiment <strong>de</strong> bien-être <strong>et</strong> une attitu<strong>de</strong> plus positive face aux<br />
<strong>de</strong>voirs que les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles (Van <strong>de</strong> gaer <strong>et</strong> al., 2006). Par ailleurs, les<br />
élèves <strong>de</strong>s groupes forts auraient un plus haut niveau <strong>de</strong> compétence perçue ainsi que <strong>de</strong>s<br />
buts <strong>de</strong> performance plus élevés (Bouffard <strong>et</strong> al., 2003). D’ailleurs, la compétence perçue<br />
serait reliée à l’engagement <strong>et</strong> à la réussite pour tous les niveaux <strong>de</strong> groupes (Ibid.).<br />
Toutefois, il semble que les élèves <strong>de</strong>s groupes forts soient ceux qui ont le niveau le plus<br />
faible <strong>de</strong> buts <strong>de</strong> maîtrise <strong>et</strong> que ces buts <strong>de</strong> maîtrise soient positivement associés avec<br />
leur engagement, mais négativement associés avec leur ren<strong>de</strong>ment (Ibid.). De plus, il<br />
semble que les élèves qui sont davantage disposés à fournir <strong>de</strong> plus grands efforts soient<br />
plus souvent regroupés dans les groupes forts (Carbonaro, 2005). Les élèves qui exercent<br />
plus d’efforts en 10 e année (15-16 ans) apprennent davantage <strong>et</strong> sont plus souvent<br />
regroupés dans <strong>de</strong>s groupes forts (Ibid.).<br />
Aussi, malgré <strong>de</strong>s opinions divergentes sur d’autres aspects, il semble se dégager<br />
un consensus dans les étu<strong>de</strong>s à l’eff<strong>et</strong> que les élèves <strong>de</strong>s groupes forts soient avantagés<br />
par rapport aux groupes faibles quant au ren<strong>de</strong>ment <strong>scolaire</strong> <strong>et</strong> sur plusieurs autres<br />
aspects ayant trait à la réussite.<br />
4.2.3 Y a-t-il d’autres répercussions du regroupement <strong>homogène</strong> sur les élèves?<br />
Selon les étu<strong>de</strong>s quantitatives recensées, il semble que le regroupement <strong>homogène</strong><br />
soit un désavantage à bien <strong>de</strong>s égards <strong>et</strong> ce, particulièrement pour les élèves <strong>de</strong>s groupes<br />
faibles. Ces élèves adopteraient <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s sociales <strong>et</strong> <strong>scolaire</strong>s plus négatives, vivraient<br />
plus <strong>de</strong> mécontentement face à l’école <strong>et</strong> auraient <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s plus négatives<br />
relativement à leurs attentes <strong>et</strong> à leurs aspirations <strong>scolaire</strong>s (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). Par<br />
contre, Ansalone <strong>et</strong> al. (2006) ont évalué un programme qui regroupe les élèves dans <strong>de</strong>s<br />
groupes <strong>hétérogène</strong>s où ils travaillent individuellement, <strong>de</strong> manière autonome, à leur<br />
rythme, sans cours magistraux, mais avec du soutien <strong>de</strong> l’enseignant. Ils ont observé que<br />
les élèves faibles assignés à ces classes adoptaient une meilleure attitu<strong>de</strong> que ceux dans<br />
les classes traditionnelles.<br />
D’un autre côté, les eff<strong>et</strong>s du regroupement <strong>homogène</strong> sur l’estime <strong>de</strong> soi <strong>de</strong>s<br />
élèves semblent encore incertains. Ireson <strong>et</strong> al. (2001) rapportent une meilleure estime <strong>de</strong><br />
soi <strong>et</strong> un meilleur concept <strong>de</strong> soi <strong>scolaire</strong> chez les élèves dans les écoles où le<br />
regroupement <strong>homogène</strong> est pratiqué <strong>de</strong> façon modérée par rapport à celles où il est<br />
omniprésent ou absent. Également, l’estime <strong>de</strong> soi serait meilleure dans les groupes forts<br />
que dans les groupes faibles, mais c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> serait plus grand chez les garçons (Van<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
17
Houtte, 2005). De plus, les garçons qui ont tendance à être assignés à un groupe faible<br />
seraient positivement affectés par le regroupement <strong>homogène</strong> quant à l’estime <strong>de</strong> soi <strong>et</strong> à<br />
la perception <strong>de</strong> contrôle (locus of control) (Catsambis <strong>et</strong> al., 2001). À l’inverse, Van<br />
Houtte (2005) ne trouve, en moyenne, pas d’eff<strong>et</strong> du regroupement sur l’estime <strong>de</strong> soi.<br />
Par contre, le regroupement <strong>homogène</strong> aurait aussi quelques eff<strong>et</strong>s perceptibles à<br />
long terme dans la vie <strong>de</strong> l’individu. À cause d’un moins bon ren<strong>de</strong>ment <strong>scolaire</strong>, les<br />
personnes n’ayant pas vécu le regroupement <strong>homogène</strong> à l’école bénéficieraient d’un<br />
moins bon salaire une fois sur le marché du travail <strong>et</strong> d’une moins bonne assurance santé<br />
(Moller <strong>et</strong> al., 2003).<br />
En résumé, il semblerait que le regroupement <strong>homogène</strong> puisse affecter l’attitu<strong>de</strong>,<br />
le comportement, l’estime <strong>de</strong> soi <strong>et</strong> le concept <strong>de</strong> soi <strong>de</strong>s élèves, <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te pratique <strong>de</strong><br />
regroupement puisse avoir <strong>de</strong>s répercussions à long terme dans la vie <strong>de</strong>s élèves une fois<br />
sur le marché du travail. Toutefois, que ce soit au plan <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong> du regroupement<br />
<strong>homogène</strong> sur la réussite <strong>scolaire</strong> ou sur les attitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> comportements <strong>de</strong>s élèves, il<br />
semble en général qu’une assignation bien appliquée <strong>de</strong>s élèves dans les groupes peut<br />
diminuer les eff<strong>et</strong>s négatifs observés dans les étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> accroître les bénéfices observés,<br />
particulièrement pour les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles.<br />
4.3 Quel type <strong>de</strong> regroupement répond aux besoins <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> quel type d’élèves<br />
en sont satisfaits?<br />
Dans la recension <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s quantitatives, Kutnick <strong>et</strong> al. (2005) rapportent que le<br />
lien est bien démontré entre le regroupement <strong>homogène</strong> <strong>et</strong> le mécontentement <strong>de</strong>s élèves<br />
les plus faibles relativement au ren<strong>de</strong>ment, à la polarisation <strong>et</strong> aux attitu<strong>de</strong>s anti-<strong>scolaire</strong>s.<br />
Ces élèves semblent préférer être assignés à <strong>de</strong>s groupes <strong>hétérogène</strong>s en mathématiques,<br />
comparativement aux élèves forts qui préfèrent l’être à <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s en<br />
mathématiques, en sciences <strong>et</strong> en anglais (Hallam <strong>et</strong> Ireson, 2006). D’ailleurs, selon ces<br />
mêmes auteurs, les élèves qui obtiennent un meilleur résultat à l’examen national, qui ont<br />
vécu beaucoup <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong>, qui ont un SSE élevé <strong>et</strong> qui ont un goût élevé<br />
pour l’école seraient ceux qui préféreraient le regroupement <strong>homogène</strong>, tandis que ceux<br />
qui auraient une préférence pour le regroupement <strong>hétérogène</strong> seraient caractérisés par un<br />
meilleur concept <strong>de</strong> soi général <strong>et</strong> <strong>scolaire</strong>.<br />
Dans une étu<strong>de</strong> sur la satisfaction <strong>de</strong>s élèves en Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne (n>6000) quant à<br />
leur regroupement actuel, Hallam <strong>et</strong> Ireson (2007) ont trouvé qu’un plus grand<br />
pourcentage d’élèves en groupes <strong>homogène</strong>s aimerait être dans un groupe plus fort en<br />
mathématiques, en anglais <strong>et</strong> en sciences plutôt que dans un groupe plus faible ou dans un<br />
groupe parallèle, sans toutefois désirer être dans le groupe le plus fort. Ce sont les élèves<br />
<strong>de</strong>s groupes faibles qui ont le plus exprimé le désir <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> groupe. Dans les<br />
groupes <strong>hétérogène</strong>s, un plus grand pourcentage d’élèves a exprimé le désir d’être dans<br />
un groupe équivalent en anglais <strong>et</strong> en sciences que d’élèves dans les groupes <strong>homogène</strong>s.<br />
D’ailleurs, ils amènent l’idée que le regroupement actuel serait <strong>de</strong> loin le plus puissant<br />
indicateur pour qu’un élève désire changer <strong>de</strong> groupe. Les raisons qui ont été les plus<br />
souvent évoquées par les élèves quant au désir <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> groupe sont <strong>de</strong> faire du<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
18
travail plus difficile, <strong>de</strong> faire du travail plus facile à un niveau <strong>et</strong> à un rythme plus<br />
appropriés <strong>et</strong> avec plus <strong>de</strong> soutien, d’avoir un meilleur statut <strong>et</strong> d’être avec ses amis.<br />
Dans une autre étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Hallam <strong>et</strong> al. (2006) sur la préférence <strong>de</strong>s élèves quant au<br />
regroupement (Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne; n>5000), les raisons évoquées par les élèves qui<br />
préfèrent le regroupement <strong>homogène</strong> sont que ce type <strong>de</strong> regroupement perm<strong>et</strong> que le<br />
travail soit fait au niveau approprié <strong>et</strong> que le ren<strong>de</strong>ment soit considéré. Bien que peu <strong>de</strong><br />
réponses aient été recueillies quant aux raisons qui justifient la préférence pour le<br />
regroupement <strong>hétérogène</strong>, il est ressorti la coopération <strong>et</strong> l’entrai<strong>de</strong>, être avec ses amis,<br />
encourager les interactions sociales, <strong>et</strong> l’égalité <strong>de</strong>s opportunités d’apprentissages <strong>et</strong><br />
pousser les élèves plus faibles à mieux performer. Aussi, <strong>de</strong>s élèves faibles participant à<br />
un programme pour lequel ils sont assignés à <strong>de</strong>s groupes <strong>hétérogène</strong>s, mais où ils<br />
travaillent individuellement, <strong>de</strong> manière autonome, à leur rythme, sans cours magistraux,<br />
avec du soutien <strong>de</strong> l’enseignant, seraient plus satisfaits <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> regroupement que<br />
<strong>de</strong>s classes traditionnelles (Ansalone <strong>et</strong> al., 2006).<br />
Quant aux étu<strong>de</strong>s qualitatives, dans une étu<strong>de</strong> effectuée auprès <strong>de</strong> 843 élèves en<br />
Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, Boaler <strong>et</strong> al. (2000) ont observé que dans les groupes forts, les élèves<br />
(surtout les filles) mentionnent qu’ils ne peuvent conjuguer la vitesse <strong>de</strong>s leçons<br />
enseignées avec la constante pression <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir performer. En eff<strong>et</strong>, dans ces groupes, les<br />
enseignants donnaient <strong>de</strong>s démonstrations rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la matière sans donner davantage <strong>de</strong><br />
précision <strong>et</strong> d’explication <strong>et</strong> réprimandaient même les élèves lorsqu’ils ne comprenaient<br />
pas immédiatement. C’est pourquoi la plupart <strong>de</strong>s élèves aimeraient être assignés à un<br />
groupe un peu plus faible que celui auquel ils sont assignés actuellement <strong>et</strong> les élèves <strong>de</strong>s<br />
groupes forts apprécieraient moins leur cours <strong>de</strong> mathématiques que les élèves <strong>de</strong>s<br />
groupes <strong>hétérogène</strong>s. D’ailleurs, dans les groupes <strong>hétérogène</strong>s, les élèves apprécieraient<br />
le fait que l’enseignant soit en mesure <strong>de</strong> s’adapter au rythme <strong>de</strong> chacun en respectant les<br />
élèves qui ont un rythme plus lent <strong>et</strong> en donnant <strong>de</strong>s tâches supplémentaires à ceux qui<br />
sont plus rapi<strong>de</strong>s.<br />
En résumé, les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles semblent être les plus insatisfaits du<br />
regroupement <strong>homogène</strong> <strong>et</strong> ils sont ceux qui désirent le plus changer <strong>de</strong> groupe pour être<br />
dans un groupe plus fort, mais pas dans le groupe le plus fort. Toutefois, on r<strong>et</strong>rouve<br />
aussi un grand nombre d’élèves <strong>de</strong>s groupes forts qui voudraient être dans un groupe<br />
moins fort. Les raisons évoquées par ces <strong>de</strong>rniers quant au désir <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> groupe ont<br />
trait à la difficulté <strong>et</strong> au rythme <strong>de</strong> travail, à la pression <strong>de</strong> performer, au soutien, au statut<br />
<strong>et</strong> aux amitiés. D’ailleurs, l’appréciation <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s semble plutôt liée à <strong>de</strong>s<br />
raisons <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment, tandis que celle <strong>de</strong>s groupes <strong>hétérogène</strong>s le serait plutôt à <strong>de</strong>s<br />
raisons d’ordre social, d’équité <strong>et</strong> <strong>de</strong> stimulation.<br />
5. ORIENTATIONS ET DISCUSSION<br />
Les étu<strong>de</strong>s suggèrent que les élèves <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s faibles semblent<br />
recevoir un enseignement <strong>de</strong> moins bonne qualité. En eff<strong>et</strong>, il semble que le<br />
regroupement <strong>homogène</strong> entraînerait <strong>de</strong>s inégalités au niveau <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
19
essources, <strong>de</strong>s opportunités d’apprentissage <strong>et</strong> <strong>de</strong> la stimulation <strong>et</strong> que les élèves <strong>de</strong>s<br />
groupes faibles seraient plus victimes <strong>de</strong> préjugés <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s enseignants (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al.,<br />
2000; Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). Ces élèves seraient donc désavantagés par rapport à ceux <strong>de</strong>s<br />
groupes <strong>homogène</strong>s forts.<br />
En eff<strong>et</strong>, les enseignants ne considéreraient pas l’hétérogénéité, présente même<br />
dans les groupes <strong>homogène</strong>s faibles (Ireson <strong>et</strong> al., 2005), ce qui les amèneraient à avoir<br />
<strong>de</strong>s attentes différentes envers les élèves en raison <strong>de</strong> leur perception du niveau<br />
d’habil<strong>et</strong>és du groupe (Ireson <strong>et</strong> al., 2005; Burris <strong>et</strong> al., 2006). Ainsi, ils verraient le<br />
niveau d’habil<strong>et</strong>és <strong>de</strong>s élèves comme étant fixe <strong>et</strong> non malléable (Ireson <strong>et</strong> al., 2005), ce<br />
qui aurait pour eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> diminuer les opportunités d’apprentissage par la différenciation<br />
<strong>de</strong>s programmes selon le niveau d’habil<strong>et</strong>és (Ireson <strong>et</strong> al., 2005; Burris <strong>et</strong> al., 2006) <strong>et</strong><br />
donc <strong>de</strong> diminuer la motivation <strong>de</strong>s élèves (Ireson <strong>et</strong> al., 2005). Par conséquent, un<br />
curriculum accéléré <strong>et</strong> enrichi pourrait être plus bénéfique pour les élèves ayant <strong>de</strong>s<br />
habil<strong>et</strong>és plus faibles qu’un curriculum plus traditionnel qui ralentit les apprentissages<br />
(Burris <strong>et</strong> al., 2006). D’ailleurs, Hallinan (2000) suggère qu’il est beaucoup plus probable<br />
que les enseignants découragent ces élèves en ne leur donnant pas assez <strong>de</strong> défis plutôt<br />
qu’en leur donnant du travail trop difficile.<br />
De plus, les élèves <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s faibles seraient plus victimes <strong>de</strong> rej<strong>et</strong><br />
social, se verraient limités dans l’accès aux connaissances <strong>et</strong> plusieurs n’obtiendraient pas<br />
leur diplôme d’étu<strong>de</strong>s secondaires. Par conséquent, ils auraient moins d’opportunités<br />
d’accé<strong>de</strong>r aux étu<strong>de</strong>s supérieures <strong>et</strong> aspireraient à un niveau d’étu<strong>de</strong>s moins élevé (Heck<br />
<strong>et</strong> al., 2004).<br />
Aussi, il semble que les élèves <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s faibles décrochent plus en<br />
raison <strong>de</strong> la présence accrue <strong>de</strong> facteurs défavorables en lien avec la réussite <strong>scolaire</strong><br />
(Berends, 1995). Quant à la réussite, certains auteurs ne trouvent pas d’impact significatif<br />
du regroupement <strong>homogène</strong> sur le ren<strong>de</strong>ment (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al., 2000; Monseur <strong>et</strong> al., 2001;<br />
Ireson <strong>et</strong> al., 2005; Van<strong>de</strong>nberge, 2006). D’autres en trouvent quant à la ségrégation<br />
(Van<strong>de</strong>nberge, 2006), à la favorisation <strong>de</strong>s curriculums <strong>et</strong> à l’affectation <strong>de</strong>s ressources<br />
(Monseur <strong>et</strong> al., 2001; Heck <strong>et</strong> al., 2004; Hallam <strong>et</strong> al., 2005), ce qui limiterait l’accès<br />
aux connaissances (Heck <strong>et</strong> al., 2004) <strong>et</strong> diminuerait l’opportunité <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s<br />
connaissances généralisables (Hallam <strong>et</strong> al., 2005). Ainsi, le regroupement <strong>homogène</strong><br />
pourrait affecter le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s élèves à travers <strong>de</strong>s processus éducationnels,<br />
interpersonnels <strong>et</strong> institutionnels (Hallinan <strong>et</strong> al., 1999) qui favoriseraient les élèves <strong>de</strong>s<br />
groupes forts au détriment <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s groupes faibles (Hallinan <strong>et</strong> al., 1999; Ireson <strong>et</strong><br />
al., 2005). Conséquemment, par ses décisions quant à l’assignation <strong>de</strong>s élèves aux<br />
différents groupes <strong>homogène</strong>s, le personnel <strong>de</strong> l’école détermine les opportunités qui sont<br />
fournies pour l’apprentissage <strong>de</strong>s élèves (Hallinan <strong>et</strong> al., 1999).<br />
D’ailleurs, à ren<strong>de</strong>ment antérieur égal <strong>et</strong> à un niveau d’effort équivalent, il a été<br />
observé que <strong>de</strong>s élèves assignés ultérieurement dans un groupe plus faible ou équivalent à<br />
leur regroupement actuel performent moins (Hallinan, 2000; Ireson <strong>et</strong> al., 2005; Ireson <strong>et</strong><br />
al., 2001). Ainsi, assigner un élève à un groupe plus fort, indépendamment <strong>de</strong> ses<br />
capacités, ferait en sorte d’améliorer sa réponse aux défis intellectuels <strong>et</strong> d’augmenter son<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
20
engagement intellectuel, donc d’augmenter son succès dans ses efforts <strong>scolaire</strong>s <strong>et</strong><br />
d’augmenter son ren<strong>de</strong>ment (Hallinan, 2000). Ceci pourrait même compenser le manque<br />
d’habil<strong>et</strong>és <strong>de</strong> l’élève à apprendre.<br />
De plus, on a remarqué que la pédagogie utilisée dans les groupes <strong>homogène</strong>s serait<br />
différente <strong>de</strong> celle utilisée dans les groupes <strong>hétérogène</strong>s <strong>et</strong> que ceci aurait un impact<br />
important sur les apprentissages <strong>de</strong>s élèves (Boaler <strong>et</strong> al., 2000). En eff<strong>et</strong>, les groupes<br />
<strong>hétérogène</strong>s semblent pouvoir contribuer à diminuer la polarisation, à bonifier les<br />
attitu<strong>de</strong>s pro-<strong>scolaire</strong>s <strong>et</strong> pro-sociales (Van <strong>de</strong> gaer <strong>et</strong> al., 2006) ainsi qu’à mieux assurer<br />
la stimulation <strong>et</strong> les opportunités d’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s cours avancés (Rothenberg <strong>et</strong> al., 1998;<br />
Burris <strong>et</strong> al., 2006). Ceci à condition que les ressources nécessaires soient disponibles <strong>et</strong><br />
qu’un soutien suffisant soit donné aux enseignants pour répondre aux besoins diversifiés<br />
<strong>de</strong>s élèves dans ces groupes (Hallam <strong>et</strong> al., 2005).<br />
La pratique du regroupement <strong>hétérogène</strong>s semble aussi augmenter la réussite <strong>de</strong><br />
tous les élèves, peu importe leurs caractéristiques (Burris <strong>et</strong> al., 2006). En eff<strong>et</strong>, elle ne<br />
porterait pas <strong>de</strong> préjudice aux élèves forts (Monseur <strong>et</strong> al., 2001), tout en perm<strong>et</strong>tant aux<br />
élèves plus faibles ou ayant <strong>de</strong>s besoins particuliers <strong>de</strong> mieux progresser (Kutnick <strong>et</strong> al.,<br />
2005). Toutefois, le regroupement à l’intérieur <strong>de</strong> la classe, peu importe le contexte <strong>de</strong><br />
regroupement, pourrait avoir le plus grand potentiel pour augmenter les standards <strong>de</strong>s<br />
élèves en personnalisant l’expérience d’apprentissage.<br />
Outre le ren<strong>de</strong>ment, le regroupement <strong>homogène</strong> aurait aussi d’autres répercussions<br />
sur les élèves. En eff<strong>et</strong>, il semble que le regroupement <strong>homogène</strong> soit un aspect important<br />
du contexte <strong>scolaire</strong> qui influence le processus <strong>de</strong> comparaison sociale (Ireson <strong>et</strong> al.,<br />
2001), les attitu<strong>de</strong>s, les comportements <strong>et</strong> l’estime <strong>de</strong> soi <strong>de</strong>s élèves (surtout chez les<br />
garçons <strong>de</strong>s groupes faibles). D’ailleurs, les élèves <strong>de</strong>s groupes plus faibles auraient<br />
moins d’attachement face à l’école. Ils auraient donc <strong>de</strong>s attentes <strong>et</strong> un engagement<br />
moindres envers l’école, plus <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> discipline <strong>et</strong> s’absenteraient plus (Berends,<br />
1995). Ainsi, le niveau <strong>de</strong> la classe changerait les attentes <strong>et</strong>, subséquemment, la nature<br />
<strong>de</strong>s interactions qui prennent place au sein <strong>de</strong> la classe (Hallam <strong>et</strong> al., 2005). Par<br />
conséquent, un <strong>de</strong>gré modéré <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong> pourrait être bénéfique pour<br />
l’estime <strong>de</strong> soi <strong>de</strong>s élèves, tandis qu’un <strong>de</strong>gré plus élevé <strong>de</strong> regroupement <strong>homogène</strong><br />
serait moins avantageux (Ireson <strong>et</strong> al., 2001). Ceci pourrait avoir un lien avec le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />
mixité sociale vécue par les élèves ou avec les différences dans le climat <strong>de</strong> compétitivité<br />
dans les groupes. Toutefois, le regroupement <strong>homogène</strong> pourrait avoir un eff<strong>et</strong> positif sur<br />
l’emploi obtenu une fois sur le marché du travail (Moller <strong>et</strong> al., 2003).<br />
En ce qui a trait aux pratiques <strong>de</strong> regroupement, il semble que certaines<br />
caractéristiques organisationnelles puissent affecter la formule <strong>de</strong> regroupement<br />
<strong>homogène</strong> adoptée par l’école (Kilgore, 1991). En eff<strong>et</strong>, les croyances <strong>de</strong>s enseignants <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong>s parents vis-à vis l’intégration <strong>de</strong>s élèves pourraient influencer l’assignation aux<br />
groupes (Blanksby, 1999). D’ailleurs, bien qu’il semble que ce soit <strong>de</strong>s informations plus<br />
objectives (examens, tests) qui soient le plus fréquemment utilisées pour déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />
l’assignation <strong>de</strong>s élèves aux groupes, d’autres informations plus subjectives (ex. :<br />
sentiments, opinions, intuitions) peuvent aussi être considérées. Aussi, la structure <strong>de</strong><br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
21
egroupement <strong>de</strong>s élèves affecterait gran<strong>de</strong>ment les attentes <strong>et</strong> les pratiques <strong>de</strong>s<br />
enseignants envers les élèves (Hallam <strong>et</strong> al., 2005). De plus, un manque <strong>de</strong> possibilité <strong>de</strong><br />
déplacement combiné à une mauvaise assignation initiale <strong>de</strong> l’élève au groupe pourrait<br />
avoir <strong>de</strong>s conséquences dommageables <strong>et</strong> cumulatives sur l’éducation d’un élève (Ireson<br />
<strong>et</strong> al., 2002).<br />
Il n’est pas surprenant d’apprendre que les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles soient les plus<br />
insatisfaits du regroupement <strong>homogène</strong> <strong>et</strong> qu’ils désirent le plus changer pour un groupe<br />
plus fort (Hallam <strong>et</strong> al., 2007). Pourtant, un grand nombre d’élèves <strong>de</strong>s groupes forts<br />
désirent aussi changer, mais pour un groupe plus faible (Ibid.). Ceci pourrait expliquer<br />
que les raisons évoquées quant au désir <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> groupe semblent majoritairement<br />
liées à l’apprentissage plutôt qu’au ren<strong>de</strong>ment. Rappelons que les mathématiques sont la<br />
matière qui se prête le plus au regroupement <strong>homogène</strong> (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Hallam <strong>et</strong><br />
al., 2006). C’est aussi celle pour laquelle les élèves sont généralement les plus insatisfaits<br />
quant à leur regroupement (Hallam <strong>et</strong> al., 2006). À l’inverse, la matière qui se prêterait le<br />
mieux au regroupement <strong>hétérogène</strong>, l’anglais (langue maternelle), est celle où l’on<br />
r<strong>et</strong>rouve le taux le plus bas d’insatisfaction quant au regroupement.<br />
En lien avec les modèles théoriques, celui <strong>de</strong> Terwel (2005) semble avoir préséance<br />
dans les résultats. En eff<strong>et</strong>, il semble évi<strong>de</strong>nt que les élèves ayant <strong>de</strong>s facteurs génétiques<br />
limitants (élèves faibles) seraient désavantagés par rapport à ceux dont les facteurs<br />
génétiques les favoriseraient (élèves forts) (Ireson <strong>et</strong> al., 2005; Hallinan <strong>et</strong> al., 1999).<br />
Leur niveau d’habil<strong>et</strong>és étant vu comme fixe <strong>et</strong> non malléable (facteurs génétiques)<br />
(Ireson <strong>et</strong> al., 2005), ces élèves se verraient fortement restreints quant aux facteurs<br />
culturels, impliqués dans leurs choix <strong>et</strong> responsabilités individuelles, relatifs à leur<br />
éducation <strong>scolaire</strong>. C<strong>et</strong>te situation peut être influencée par les croyances <strong>et</strong> les mythes<br />
entourant leur intégration (Blanksby, 1999), la structure <strong>et</strong> les pratiques <strong>de</strong> regroupement<br />
(Hallam <strong>et</strong> al., 2005) <strong>et</strong> la rigidité dans le déplacement <strong>de</strong>s élèves d’un niveau <strong>de</strong> groupe<br />
à l’autre (Ireson <strong>et</strong> al., 2002; Hallinan, 2004). Ceci provoquerait <strong>de</strong>s inégalités pour ces<br />
élèves qui seraient restreints à moins d’opportunités d’apprentissage (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al., 2000;<br />
Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Heck <strong>et</strong> al., 2004), à moins <strong>de</strong> ressources (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al., 2000;<br />
Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Heck <strong>et</strong> al., 2004; Monseur <strong>et</strong> al., 2001; Hallam <strong>et</strong> al., 2005), à <strong>de</strong>s<br />
curriculums ralentis (Ireson <strong>et</strong> al., 2005; Burris <strong>et</strong> al., 2006; Monseur <strong>et</strong> al., 2001; Heck<br />
<strong>et</strong> al., 2004; Hallam <strong>et</strong> al., 2005) <strong>et</strong> à moins d’opportunités d’accé<strong>de</strong>r aux étu<strong>de</strong>s<br />
supérieures (Heck <strong>et</strong> al., 2004) en plus d’être victimes <strong>de</strong> ségrégation (Van<strong>de</strong>nberge,<br />
2006), <strong>de</strong> préjugés (B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al., 2000; Kutnick <strong>et</strong> al., 2005) <strong>et</strong> <strong>de</strong> polarisation (Kutnick <strong>et</strong><br />
al., 2005). De surcroît, ces élèves fréquenteraient <strong>de</strong>s groupes dans lesquels les élèves<br />
montrent moins d’engagement <strong>scolaire</strong> ainsi que plus <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> discipline <strong>et</strong><br />
d’absentéisme (Berends, 1995), ce qui aurait un impact sur les attentes <strong>et</strong>,<br />
subséquemment, sur la nature <strong>de</strong>s interactions qui prennent place au sein <strong>de</strong> la classe<br />
(Hallam <strong>et</strong> al., 2005), leur fournissant ainsi moins <strong>de</strong> stimulation (facteurs sociaux) (B<strong>et</strong>ts<br />
<strong>et</strong> al., 2000; Kutnick <strong>et</strong> al., 2005).<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
22
6. CONCLUSION<br />
L’école représente un acteur social important qui a tendance à reproduire la<br />
structure sociale <strong>de</strong> la communauté qu’elle <strong>de</strong>ssert (Heck <strong>et</strong> al., 2004; Kutnick <strong>et</strong> al.,<br />
2005). Par conséquent, les groupes ségrégués dans la communauté le sont aussi souvent à<br />
l’école <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>rouvent plus souvent assignés aux groupes faibles (groupes minoritaires,<br />
SSE faible) (Heck <strong>et</strong> al., 2004). Une distribution inégale <strong>de</strong>s ressources aux élèves<br />
amoindrit les efforts pour atteindre une éducation équitable <strong>et</strong> c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> statique <strong>de</strong> la<br />
position qu’occupe l’élève va dans le sens contraire <strong>de</strong> la mobilité sociale <strong>et</strong> <strong>de</strong> la liberté<br />
<strong>de</strong> choix. Il repose ainsi sur les dirigeants d’écoles <strong>de</strong> faire le lien entre les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
la société <strong>et</strong> le changement dans les écoles. Il est donc important <strong>de</strong> se rappeler que<br />
l’offre <strong>et</strong> l’accès aux cours peuvent être <strong>de</strong>s barrières structurelles significatives pour le<br />
succès <strong>de</strong>s élèves à l’école <strong>et</strong> qu’augmenter les attentes envers les élèves offre une<br />
meilleure préparation pour les adultes <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Ainsi, il est important que l’éducation<br />
véhicule <strong>de</strong>s valeurs qui prônent l’intolérance envers la discrimination, le racisme <strong>et</strong> le<br />
sexisme pour augmenter la justice sociale <strong>et</strong> pour faire pression afin que <strong>de</strong>s changements<br />
surviennent dans la société.<br />
7. RECOMMANDATIONS<br />
Les différentes étu<strong>de</strong>s recensées sur les types <strong>de</strong> regroupement laissent entrevoir<br />
<strong>de</strong>ux paradigmes. D’un côté, les partisans du regroupement <strong>homogène</strong> soutiennent que<br />
l’enseignement dans ce type <strong>de</strong> classe s’avère plus facile, que ce type <strong>de</strong> regroupement<br />
perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> mieux répondre aux besoins <strong>de</strong>s élèves qui partagent le même niveau<br />
d’habil<strong>et</strong>és (Hallam <strong>et</strong> Ireson, 2005) <strong>et</strong> que le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s élèves y est plus grand<br />
(Moller, Blau <strong>et</strong> Stearns, 2003). De l’autre côté, les tenants du regroupement <strong>hétérogène</strong><br />
m<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> l’avant les eff<strong>et</strong>s positifs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te pratique sur le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s élèves (Burris<br />
<strong>et</strong> al., 2006) <strong>et</strong> recomman<strong>de</strong>nt l’abolition du regroupement <strong>homogène</strong> (Burris <strong>et</strong> al.,<br />
2006) ou du moins, <strong>de</strong>s groupes faibles (Rothenberg <strong>et</strong> al., 1998).<br />
Nos recommandations sur le suj<strong>et</strong> sont plus nuancées. Bien que le regroupement<br />
<strong>hétérogène</strong> ait été i<strong>de</strong>ntifié par plusieurs auteurs comme étant une pratique prom<strong>et</strong>teuse<br />
pour la réussite <strong>de</strong> tous les élèves <strong>et</strong> ce, quelles que soient leurs caractéristiques (Burris <strong>et</strong><br />
al., 2006; Monseur <strong>et</strong> al., 2001; Kutnick <strong>et</strong> al., 2005), il apparaît que c<strong>et</strong>te forme <strong>de</strong><br />
regroupement <strong>de</strong>man<strong>de</strong> beaucoup plus <strong>de</strong> ressources pour son application. Par ailleurs, il<br />
semble que ce ne soit pas le regroupement <strong>homogène</strong> à lui seul qui porte préjudice à<br />
l’élève, mais plutôt les pratiques qui l’entourent. Il nous semble également pertinent <strong>de</strong><br />
mentionner qu’à l’intérieur même <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s une certaine hétérogénéité<br />
subsiste.<br />
C’est pourquoi nos recommandations se centrent davantage sur un changement <strong>de</strong>s<br />
pratiques au sein <strong>de</strong> l’école :<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
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1. Soutenir l’élève dans l’accomplissement <strong>de</strong> son potentiel (Hallam <strong>et</strong> al., 2006)<br />
Il importe <strong>de</strong> soutenir chaque élève dans l’accomplissement <strong>de</strong> son potentiel <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
considérer ce qu’il peut atteindre, pas seulement au plan académique (Hallam <strong>et</strong> al.,<br />
2006). Plusieurs auteurs ont mis en relief l’importance <strong>de</strong> maintenir <strong>de</strong>s attentes élevées<br />
envers les élèves, qu’ils éprouvent <strong>de</strong>s difficultés <strong>scolaire</strong>s ou non. Certaines pratiques<br />
observées dans les groupes <strong>homogène</strong>s faibles telles que l’attribution <strong>de</strong> leçons trop<br />
faciles ou l’obligation d’attendre la fin du cours sans tâche supplémentaire à effectuer<br />
lorsque les exercices sont terminés à l’avance ne perm<strong>et</strong>tent pas aux élèves <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à<br />
profit leur potentiel <strong>et</strong> <strong>de</strong> repousser leurs limites. Par exemple, Boaler, William <strong>et</strong> Brown<br />
(2000) ont montré que ces élèves avaient conscience que leurs opportunités<br />
d’apprentissage étaient amoindries <strong>et</strong> que leurs enseignants ne leur fournissaient pas les<br />
chances <strong>de</strong> se développer.<br />
2. Fournir <strong>de</strong>s opportunités d’apprentissage <strong>et</strong> une stimulation équitables <strong>et</strong> avoir<br />
<strong>de</strong>s attentes élevées pour tous les élèves<br />
Il faut s’assurer <strong>de</strong> l’égalité au plan <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s ressources, <strong>de</strong>s<br />
opportunités d’apprentissage <strong>et</strong> <strong>de</strong> la stimulation pour les élèves <strong>de</strong>s groupes faibles<br />
(B<strong>et</strong>ts <strong>et</strong> al., 2000; Kutnick <strong>et</strong> al., 2005). Aussi, il faut réaliser que le niveau d’habil<strong>et</strong>és<br />
<strong>de</strong>s élèves n’est pas fixe <strong>et</strong> est malléable (Ireson <strong>et</strong> al., 2005), ce qui amènerait les<br />
enseignants à avoir <strong>de</strong>s attentes plus élevées <strong>et</strong> <strong>de</strong> meilleurs pratiques pédagogiques<br />
envers les élèves (Hallam <strong>et</strong> al., 2005). Ceci aurait un impact positif sur la motivation <strong>de</strong>s<br />
élèves (Ireson <strong>et</strong> al., 2005) <strong>et</strong> leur ren<strong>de</strong>ment <strong>scolaire</strong>. Il faut donc gar<strong>de</strong>r en tête qu’il est<br />
beaucoup plus probable que les enseignants découragent les élèves en ne leur donnant pas<br />
assez <strong>de</strong> défis plutôt qu’en leur donnant du travail trop difficile (Hallinan, 2000). Ainsi, il<br />
est donc important <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s opportunités d’apprentissage équitables pour tous les<br />
élèves (Hallam <strong>et</strong> al., 2005, 2006; Ireson <strong>et</strong> al., 2005) afin d’éviter <strong>de</strong> désavantager les<br />
élèves faibles (Van Houtte, 2005; Slavin, 1993) <strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre une trop gran<strong>de</strong> pression sur<br />
les élèves forts (Boaler <strong>et</strong> al., 2000). Il faut se souvenir que les élèves répon<strong>de</strong>nt à la<br />
mesure <strong>de</strong> ce qu’on attend d’eux. Ainsi, leur motivation quant à leur ren<strong>de</strong>ment est<br />
proportionnelle aux attentes <strong>de</strong> leurs enseignants <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs parents (Ellison <strong>et</strong> al., 2004).<br />
D’ailleurs, <strong>de</strong>s attentes plus élevées <strong>de</strong> l’enseignant auraient pour eff<strong>et</strong> d’augmenter la<br />
réussite <strong>scolaire</strong> même chez les élèves faibles en agissant comme stimulant auprès d’eux<br />
(Ansalone, 2003).<br />
Par exemple, un curriculum accéléré <strong>et</strong> enrichi est plus bénéfique pour les élèves<br />
<strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s faibles qu’un curriculum plus traditionnel qui ralentit les<br />
apprentissages (Buris <strong>et</strong> al., 2006). En eff<strong>et</strong>, avoir <strong>de</strong>s attentes plus élevées <strong>de</strong> la part <strong>de</strong><br />
l’enseignant aura pour eff<strong>et</strong> d’améliorer le ren<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> la réussite <strong>scolaire</strong> chez les<br />
élèves <strong>de</strong>s groupes <strong>homogène</strong>s faibles. Au contraire, avoir <strong>de</strong>s attentes faibles provoquera<br />
un ancrage chez ces élèves par rapport à leur croyance quant à leur capacité <strong>de</strong> réussir, les<br />
laissant ainsi stagner dans la croyance que la réussite <strong>scolaire</strong> ne leur est pas accessible<br />
(Ansalone, 2003).<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
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3. Sensibiliser le personnel aux conséquences <strong>de</strong> ses actions <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses décisions sur<br />
les élèves (Hallam <strong>et</strong> al., 2006)<br />
De manière à promouvoir une philosophie <strong>de</strong> soutien, le personnel doit être<br />
sensible à l’impact <strong>de</strong> ses pratiques sur les élèves. Ainsi, il est important que les<br />
enseignants portent une attention constante aux messages qu’ils véhiculent auprès <strong>de</strong><br />
leurs élèves, car, à travers leurs interactions quotidiennes, ils les informent <strong>de</strong>s<br />
comportements <strong>et</strong> <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s qui sont valorisés au sein <strong>de</strong> leur classe (Hallam <strong>et</strong> al.,<br />
2006).<br />
Par ailleurs, il est important que l’école anticipe les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> ses pratiques <strong>de</strong><br />
regroupement sur les élèves <strong>et</strong> ne tolère pas le déplacement d’un élève dans un groupe<br />
plus faible pour <strong>de</strong>s raisons reliées à son comportement (Ireson <strong>et</strong> al., 2005).<br />
4. Trouver <strong>de</strong>s moyens justes <strong>et</strong> équitables d’assigner les élèves dans les groupes<br />
Il serait important <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s moyens justes <strong>et</strong> équitables d’assigner les élèves<br />
aux groupes <strong>et</strong> <strong>de</strong> se questionner sur nos mythes <strong>et</strong> croyances quant à l’assignation <strong>de</strong>s<br />
élèves aux groupes (Rothenberg <strong>et</strong> al., 1998) <strong>et</strong> au poids à donner aux facteurs<br />
comportementaux <strong>et</strong> motivationnels dans ces décisions (Ireson <strong>et</strong> al., 2002).<br />
5. Favoriser <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> regroupement flexibles<br />
Les politiques <strong>de</strong> regroupement flexibles qui ne condamnent pas les élèves à rester<br />
au même niveau, mais qui leur perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> se déplacer d’un niveau <strong>de</strong> groupe à l’autre,<br />
selon leurs besoins <strong>et</strong> au fur <strong>et</strong> à mesure <strong>de</strong> leur cheminement <strong>scolaire</strong>, seraient à<br />
privilégier (Kutnick <strong>et</strong> al., 2005; Ireson <strong>et</strong> al., 2002, 2005) <strong>et</strong> ce, à plus d’une ou <strong>de</strong>ux<br />
occasions durant la même année <strong>scolaire</strong> (Ireson <strong>et</strong> al., 2002). De plus, en repensant<br />
l’organisation <strong>de</strong>s classes, l’option ne <strong>de</strong>vrait pas seulement être le regroupement<br />
<strong>homogène</strong> ou non, mais plutôt ce qui apporterait le plus <strong>de</strong> bénéfices aux élèves : le<br />
regroupement à certaines conditions, le regroupement pour seulement certaines matières<br />
ou encore la combinaison <strong>de</strong> certains aspects <strong>de</strong>s classes <strong>hétérogène</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong>s classes<br />
<strong>homogène</strong>s (Catsambis <strong>et</strong> al., 2001).<br />
6. Offrir du soutien à l’enseignant (Rothenberg <strong>et</strong> al., 1998)<br />
Le soutien offert aux enseignants est également un élément très important à<br />
considérer (Rothenberg <strong>et</strong> al., 1998). Pour qu’ils puissent répondre aux besoins<br />
diversifiés <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> se rapprocher <strong>de</strong> la pédagogie observée dans les regroupements<br />
<strong>hétérogène</strong>s, les ressources nécessaires doivent être à la disposition <strong>de</strong>s enseignants<br />
(Hallam <strong>et</strong> al., 2005).<br />
Aussi, un <strong>de</strong>s aspects positifs du regroupement <strong>hétérogène</strong> lorsque l’enseignant<br />
est bien soutenu est qu’il perm<strong>et</strong> un enseignement plus adapté selon les besoins <strong>de</strong>s<br />
élèves (Hallam <strong>et</strong> Ireson, 2005). Il importe donc d’envisager dans quelle mesure les<br />
enseignants peuvent diversifier leurs métho<strong>de</strong>s pédagogiques dans le contexte <strong>scolaire</strong><br />
actuel, pour s’adapter aux besoins <strong>de</strong>s différents types d’élèves, <strong>et</strong> dans quelle mesure<br />
l’école offre du soutien à l’enseignant à c<strong>et</strong> égard.<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
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Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
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ANNEXE 1<br />
Le regroupement par intérêts pratiqué par l’École secondaire d’Anjou<br />
(provenant d’une entrevue téléphonique conduite par Mélanie Filiault auprès du directeur<br />
<strong>de</strong> l’école)<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong>
LE REGROUPEMENT PAR INTÉRÊTS PRATIQUÉ PAR L’ÉCOLE<br />
SECONDAIRE D’ANJOU<br />
De manière à contrer la baisse du taux <strong>de</strong> fréquentation <strong>de</strong>s élèves dans son<br />
établissement, l’École secondaire d’Anjou, située sur l’île <strong>de</strong> Montréal dans le territoire<br />
<strong>de</strong> la <strong>Commission</strong> <strong>scolaire</strong> <strong>de</strong> la Pointe-<strong>de</strong>-l’Île, a décidé <strong>de</strong> miser sur les intérêts <strong>de</strong>s<br />
élèves <strong>de</strong> manière à créer <strong>de</strong>s profils à leur mesure. Lors <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te décision, prise en 1998,<br />
<strong>de</strong>ux profils existaient déjà : le profil musique <strong>et</strong> le profil arts. C’est à partir d’une<br />
enquête auprès <strong>de</strong>s élèves du primaire d’Anjou pour connaître leurs intérêts que le profil<br />
sciences est venu s’ajouter comme troisième profil. Depuis ce temps, un profil<br />
informatique <strong>et</strong> un profil sport se sont ajoutés. Ainsi, cinq profils sont maintenant offerts<br />
aux élèves <strong>de</strong> l’école.<br />
De manière à gérer c<strong>et</strong>te nouvelle pratique <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong>s élèves, il a été<br />
décidé <strong>de</strong> décloisonner les horaires <strong>de</strong>s élèves. Ainsi, une pério<strong>de</strong> d’une matière<br />
principale (français, mathématique ou anglais) par cycle <strong>de</strong> neuf jours est utilisée pour<br />
ajouter <strong>de</strong>s cours du profil choisi par l’élève. Aussi, la notion <strong>de</strong> libre choix pour l’élève<br />
quant à son profil est très importante pour l’école. Ainsi, aucun regroupement par<br />
habil<strong>et</strong>és n’est présent au sein <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te école <strong>et</strong> il n’y a aucune limite quant au nombre<br />
d’élèves qui peuvent intégrer chacun <strong>de</strong>s profils. C’est l’école qui s’ajuste à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s élèves. Par exemple, pour l’année 2008-2009, un groupe <strong>de</strong> 42 élèves a été formé<br />
pour le profil musique. Une entente a donc été prise avec l’enseignant quant à sa<br />
rémunération en lien avec le surnombre d’élèves dans son groupe.<br />
Les ressources <strong>de</strong> l’école ne sont pas une contrainte pour répondre aux intérêts <strong>de</strong>s<br />
élèves. L’objectif est <strong>de</strong> s’assurer que le profil répon<strong>de</strong> aux intérêts <strong>de</strong> l’élève <strong>et</strong> que<br />
l’élève correspon<strong>de</strong> aux intérêts du profil. Pour s’en assurer, <strong>de</strong>s mesures sont prises pour<br />
voir à ce que l’élève choisisse le profil qui correspond le mieux à ses intérêts. Par<br />
exemple, les enseignants sont formés pour dépister le profil qui conviendrait le mieux à<br />
l’élève <strong>et</strong> à le conseiller en ce sens. De plus, on rencontre régulièrement <strong>de</strong>s parents qui<br />
font pression sur leur enfant pour qu’il choisisse un profil en particulier, surtout pour les<br />
sciences. Pour éviter qu’un élève soit assigné à un profil qui ne correspond pas<br />
véritablement à ses intérêts mais plutôt à l’intérêt <strong>de</strong> ses parents, un élève qui désire<br />
choisir le profil sciences doit obtenir une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> son enseignant, à la suite<br />
<strong>de</strong> quoi une discussion aura lieu entre l’école <strong>et</strong> les parents pour s’assurer du véritable<br />
intérêt <strong>de</strong> l’élève pour ces matières.<br />
Il importe ici <strong>de</strong> préciser que le profil choisi n’empêche pas l’élève <strong>de</strong> pouvoir se<br />
préparer à faire son entrée au Cégep avec une autre concentration que celle qu’il a choisie<br />
au secondaire. Par exemple, un élève du profil musique peut prendre les cours <strong>de</strong> sciences<br />
nécessaires afin <strong>de</strong> pouvoir faire son entrée au Cégep en concentration sciences pures.<br />
De plus, l’école a prévu une flexibilité pour perm<strong>et</strong>tre à l’élève <strong>de</strong> pouvoir changer<br />
<strong>de</strong> profil au cours <strong>de</strong> son parcours secondaire. Ainsi, l’élève a la possibilité <strong>de</strong> changer <strong>de</strong><br />
profil à la fin <strong>de</strong> chaque cycle, soit à la fin du secondaire 2 puis à la fin du secondaire 3, 4<br />
<strong>et</strong> 5. En secondaire 1 <strong>et</strong> 2, les groupes sont <strong>homogène</strong>s par profil, c’est-à-dire que l’élève<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
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suit toujours le même groupe dans chaque matière. Toutefois, pour le secondaire 3 à 5,<br />
les groupes sont éclatés <strong>de</strong> manière à répondre à l’exigence du ministère <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre à<br />
l’élève d’avoir <strong>de</strong>s cours dans différents niveaux <strong>et</strong> d’avoir <strong>de</strong>s cours à option. Ainsi, ces<br />
groupes sont <strong>hétérogène</strong>s <strong>et</strong> composés au hasard par le système informatique.<br />
Depuis l’instauration <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te pratique <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong>s élèves par habil<strong>et</strong>és,<br />
monsieur Cacchione, directeur <strong>de</strong> l’école, remarque une augmentation <strong>de</strong> la réussite <strong>de</strong>s<br />
élèves <strong>et</strong> une fréquentation accrue d’élèves provenant d’autres commissions <strong>scolaire</strong>s,<br />
soit environ 300 c<strong>et</strong>te année.<br />
Fortin <strong>et</strong> al. (2011) Chaire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la CSRS sur la réussite <strong>et</strong> la persévérance <strong>scolaire</strong><br />
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