1414 Magazine des donateurs de la Garde aérienne suisse ... - Rega

1414
Magazine des donateurs de la Garde aérienne suisse de sauvetage Numéro 76, juin 2011
Attaques au laser
Jeu dangereux
avec des vies humaines
Reportage
Intervention spectaculaire
sur la cathédrale de Zurich
Rétrospective
De Bâle à la Sardaigne –
Quand la réalité rejoint
la fiction

Sommaire
Couverture :
Prise de vue à une altitude de 11 000 pieds :
l‘avion-ambulance de la Rega dans son nouvel habillage.
2
4 Dossier
Depuis quelques années, les attaques au laser se multiplient contre les aéronefs.
Or, l’aviation n’est pas le seul secteur touché par ce phénomène :
le trafic routier et ferroviaire sont également pris pour cible. La police est sur
le qui-vive.
9 Partenariat
Evacuation en terrain difficile et désincarcération de blessés :
les sapeurs-pompiers – partenaires précieux de la Rega – préparent le terrain
pour le sauvetage.
10 Au cœur d’une base
Avec son « hélicoptère des bébés » et sa mansarde sur le toit de l’Hôpital
pédiatrique, la base de Zurich est l’une des plus anciennes de la Rega.
Jour et nuit, « Rega 1 » répond présente.
12 Reportage
Sauvetage au sommet de la cathédrale de Zurich – un exercice peu anodin,
même pour la Rega. L’intervention du 21 juillet 2010 restera à jamais gravée
dans la mémoire des membres de l’équipage de la base de Saint-Gall.
15 Portrait
Médecin, elle parle mandarin et apporte son soutien aux personnes
qui connaissent des problèmes médicaux à l’étranger.
Regula Amiet est l’un des dix médecins conseils de la Rega.
16 Poster
Accident de la route – le nouveau visage des secours.
18 En bref
iRega – l’application d’urgence gratuite pour iPhone.
22 Rétrospective
Comment une grand-mère dynamique, en jouant une pièce de théâtre
avec ses petits-enfants, se prépare à vivre un véritable cauchemar :
une agression en Sardaigne suivie d’un rapatriement particulier en Suisse.
24 Prévention
La sécurité sur deux roues: conseils avisés pour rouler futé.
25 Les coulisses de la Rega
Concours de dessin pour les petits fans de la Rega – participe et gagne !
26 Suisse romandega
Se réapproprier l’image de soi.
27 Invité
« L’homme volant » – Yves « Jetman » Rossy évoque sa passion,
entre risques calculés et mesures de sécurité.
28 Histoire
1965 – sauvetage aérien… pour un avion de sauvetage.
Opération délicate pour Hermann Geiger et Fredy Wissel.
32 Service donateurs
En Suisse comme à l’étranger, vous pouvez compter sur nous – votre soutien
est précieux.
0844 834 844
Le numéro d’appel des donatrices et donateurs
Pour joindre la Rega : voir page 32

Conseil de fondation de la Rega :
Albert Keller*, président, Uitikon ;
Franz Steinegger*, vice-président,
Flüelen ;
Ulrich Graf*, Bäch ;
Michael Hobmeier*, Bäch ;
Christian Kern*, Prof. Dr méd., Genève ;
Paul Maximilian Müller, Berne ;
Adrian Frutiger, PD Dr méd., Trimmis ;
Charles Raedersdorf, Köniz ;
Roland Müller, Prof. Dr en droit, Staad ;
Andreas Berger, Dr méd.,
Merlischachen ;
Bruno Jelk, Zermatt ;
Patrizia Pesenti, Breganzona ;
Heidi Hanselmann, Walenstadt ;
Thomas P. Emmerich, Riehen ;
Marco Maggiorini, Prof. Dr méd.,
Hütten ;
Markus Mader, Berne
(représentant de la Croix-Rouge suisse)
(* = membres du comité directeur)
Direction:
Ernst Kohler, CEO / Président de la
direction
Roland Albrecht, Dr méd., médecin-chef
Andreas Lüthi, chef des finances
Impressum No 76 / juin 2011
Magazine des donateurs
de la Garde aérienne suisse
de sauvetage (Rega)
Parution semestrielle,
Tirage : 1,630 million
Rédaction :
Sascha Hardegger
Christian Trottmann
Ariane Güngerich
Wanda Bühler
Maria Betschart
Philipp Keller
Collaboration :
Francesco Argenton
Walter Stünzi
René Fritschi
Édition française :
CRS, service de traduction, Berne
Adaptations rédactionnelles,
Cadence Conseils, Lausanne
Photos :
Peter Lewis (couverture, p. 18)
Archives Rega (p. 2, 3–10, 18, 21, 32)
Markus Heinzer (p. 2, 12–13)
Martin Rindlisbacher (p. 2, 22–23)
Iris Ritter (p. 19)
Sebastien Feval/Breitling (p. 27)
Friedli Engesser (p. 28–31)
iStockphoto/banque d’images (p. 24)
Philipp Keller (p. 10, 15)
Thilla Koller (p. 13)
CHUV (p. 25)
Divers (p. 6, 11, 19, 23, 25, 26)
Production : tutto fatto, Zurich
Graphisme : Alex Demarmels, Thalwil
Éditeur : Service de presse Rega,
case postale 1414,
8058 Zurich-Aéroport,
Formulaire de contact
www.info.rega.ch,
compte postal 80-637-5
Impression/prépresse : Swissprinters
Publicité :
Zürichsee Werbe AG, 8712 Stäfa
Reproduction :
avec indication des sources
Editorial
Chère donatrice,
cher donateur,
Selon les derniers chiffres publiés par l’institut
de recherche gfs-zurich, 98 % (!) des Suissesses et des
Suisses connaissent la Rega et ses hélicoptères rouge
et blanc qui apportent une aide médicale jusque dans
les endroits les plus reculés…
Et pourtant, il reste encore des choses à apprendre
sur la Rega. Saviez-vous par exemple qu’elle possède
trois avions-ambulance qui rapatrient du monde
entier des habitants de notre pays victimes d’une
maladie ou d’un accident graves ? Qu’elle emploie
autant de pilotes qu’une petite ligne aérienne et
autant de médecins qu’un petit hôpital ?
Nous relevons avec plaisir que la population
suisse prend la Rega pour ce qu’elle est : une organisation
d’utilité publique dont l’unique vocation est de
venir en aide aux personnes en détresse – une mission
qui mobilise tous nos efforts 24 heures sur 24.
La fierté des Suissesses et des Suisses envers « leur »
Rega est pour nous une source supplémentaire de
motivation.
Dans cette édition, nous vous faisons découvrir de
nouvelles facettes de notre activité. Vous y apprendrez
notamment pourquoi les attaques laser contre les
aéronefs sont si dangereuses ; quels défis particuliers
un équipage doit relever lors d’une intervention en
plein cœur de la vieille ville de Zurich ; la rapidité et
l’efficacité qui caractérisent un rapatriement depuis
la Sardaigne ou encore la collaboration bien rodée
des partenaires de la chaîne de sauvetage après un
grave accident de la route.
Vous avez décidé de soutenir la Rega. Sans vous,
elle n’existerait pas : votre contribution nous permet
d’accomplir notre mission, sur le terrain et derrière
le rideau. Je vous en remercie de tout cœur.
Ernst Kohler,
CEO / Président de la direction
3

Dossier
Attaques au laser : jeu dangereux avec des vies humaines
Des actes puérils qui
peuvent très mal tourner
Depuis quelques années, les attaques au laser contre des hélicoptères
de la Rega ou d’autres compagnies se multiplient de façon dramatique.
Aujourd’hui, le pays tout entier – autorités législatives en tête – déclare la
guerre aux irresponsables à l’origine de ces méfaits. Etat des lieux.
11 novembre 2008, une heure du matin.
L’hélicoptère Rega de Bâle transporte un patient
vers l’Hôpital cantonal. Tout se déroule normalement
quand, soudain, une vive lumière verte
pointe exactement sur l’œil droit du pilote.
Le rayon suit intentionnellement l’hélicoptère
pendant de longues minutes ; quelqu’un semble
faire bien peu de cas du risque de crash de la
machine et de la vie des personnes à son bord.
Cet incident est le premier d’une longue série
qui suscite de vives inquiétudes : à ce jour, plus
de 20 attaques au laser ont été perpétrées contre
des hélicoptères de la Rega – et la tendance est
à la hausse (voir chronique).
Le sauveteur professionnel Markus Rieder
est aussi Flight Safety Officer de la Rega ; à ce
titre, les attaques au laser le concernent directement.
Tous les incidents de ce type lui sont
signalés. « Je suis en contact permanent avec la
police et l’Office fédéral de l’aviation civile
(OFAC) ; j’aborde aussi régulièrement cette
problématique avec mes homologues d’autres
organisations de sauvetage à l’étranger. Notre
but est de suivre l’évolution de cette pratique
4
et d’échanger nos expériences en la matière. »
La Rega a en outre chargé un médecin d’étudier
le phénomène, notamment pour en évaluer les
conséquences sur la santé (voir interview). Suite
au cas relaté ci-dessus, le pilote bâlois a par
exemple dû suivre un traitement médical.
Santé et législation
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP)
étoffe lui aussi ses armes et examine la création
d’une base légale pour mettre un terme à ces
attaques. Selon Beat Gerber, responsable du
rayonnement laser à l’OFSP, il est question
d’interdire les pointeurs dont la puissance dépasse
1 milliwatt (mW). En-dessous de cette
intensité, ils entrent dans les catégories 1 et 2,
sans danger pour l’œil. « Actuellement en Suisse,
les particuliers peuvent détenir des pointeurs
de classe 3 et plus. Il y a une véritable lacune
juridique à combler ! », précise Beat Gerber.
Le classement par catégorie est élaboré en fonction
des risques de lésions biologiques, pouvant
aller d’une distraction passagère à une cécité
C’est au décollage et à
l’atterrissage que les attaques au
laser sont les plus dangereuses.
Les pilotes peuvent se protéger
du rayon laser en détournant très
rapidement le regard.

transitoire, voire à une lésion durable de la rétine.
A partir de la classe 3 (de 1 à 5 mW), le rayon est
dangereux pour l’œil. On trouve notamment
dans cette catégorie les lasers industriels utilisés
pour le traitement de matériaux – par exemple
pour le polissage de surfaces –, la surveillance de
la circulation, la détection d’incendie ou encore
la mesure des distances. Au-delà de 500 mW,
les rayonnements ne sont plus « seulement »
dangereux pour les yeux ou la peau mais susceptibles
de provoquer des incendies ou des explosions.
Or on peut acquérir sans problème ce type
d’appareil sur Internet. L’OFSP entend mettre un
frein à cette situation : les premières décisions
en vue d’une interdiction devraient être prises
dès cette année.
Laser contre la Rega
Les rayonnements laser sont particulièrement
dangereux pour les appareils volant à basse
altitude. Etant donné l’attention soutenue que
le décollage et l’atterrissage requièrent de la part
du pilote – surtout dans les zones à forte densité
de population –, les hélicoptères Rega sont des
cibles particulièrement sensibles, de nuit plus
encore que de jour. « Nous volons généralement
à quelques centaines de mètres du sol seulement
et, dès lors, constituons un objectif facile pour
les agressions au laser », s’inquiète Markus
Rieder. Si un pilote est ébloui à une distance de
350 mètres par un rayon puissant, il n’est alors
plus en mesure de reconnaître le terrain d’atterrissage
ni de repérer d’éventuels obstacles :
d’un instant à l’autre, il vole « à l’aveugle ».
Dossier
Historique des attaques au laser
contre la Rega
Schwamendingen, octobre 2008
L’équipage de la base de Dubendorf est aveuglé.
L’auteur est retrouvé et poursuivi en justice.
Bâle, novembre 2008
Lors d’une intervention secondaire, l’équipage de
l’hélicoptère subit une attaque au laser.
Le pilote doit alors se soumettre à un examen médical.
Lucerne, novembre 2008
A leur arrivée à l’Hôpital cantonal, l’équipage Rega subit
une attaque au laser. La position de l’auteur au moment
des faits est déterminée avec précision.
Berne, avril 2009
Un rayon laser très puissant entrave la vision de l’équipage.
La source du rayon est repérée ; une patrouille de police
est envoyée sur les lieux.
Offenburg, mai 2009
Lors d’un vol de transfert, l’hélicoptère est la cible de
plusieurs attaques au laser. Le service d’intervention
allemand est informé.
Forêt-Noire, juin 2009
Le pilote Rega remarque un puissant laser vert. L’équipage
est averti à temps. Une plainte contre X est déposée.
Berne, septembre 2009
Vol de retour de l’Hôpital de l’Ile vers la base de Wilderswil.
L’équipage Rega 10 est victime d’une attaque au laser.
Thurgovie, octobre 2009
L’équipage est aveuglé à quatre reprises par un rayon vert.
Grâce à l’appareil de vision nocturne, le lieu d’où l’auteur
a opéré est localisé. Une plainte est déposée.
Appenzell Rhodes-Intérieures, octobre 2009
Attaque au laser contre l’équipage Rega.
La source de l’agression n’est pas localisée.
Saint-Gall, février 2010
Arrivée à l’Hôpital cantonal. Le pilote est ébloui.
Malgré la présence d’un groupe de personnes au sol,
l’atterrissage se déroule sans problème.
Vaud, mai 2010
Vol de transfert entre l’Hôpital de Nyon et le CHUV à
Lausanne. La source du laser est localisée avec exactitude.
La police est prévenue.
Mannheim, juin 2010
Eblouissement majeur à l’arrivée à l’hôpital pédiatrique.
La police est emmenée par hélicoptère vers la source
de l’attaque. L’auteur reste introuvable.
Berne, juin 2010
Festival rock du Greenfield sur l’aérodrome d’Interlaken :
l’équipage de la base de Wilderswil est aveuglé par un
rayon laser provenant de la foule.
Saint-Gall, juillet 2010
L’équipage subit une attaque prolongée au rayon vert.
La police est informée ; l’auteur reste introuvable.
Saint-Louis, août 2010
Lors d’un vol de retour sur Bâle, attaque de l’équipage
Rega 2. La situation n’a pas présenté de danger particulier.
Saint-Gall, août 2010
Aveuglement lors d’un vol vers l’Hôpital cantonal.
Rayon vert très puissant.
Saint-Gall, août 2010
Le pilote et l’ambulancier sont atteints directement au
visage par un rayon dangereux.
Vaud, août 2010
Cible d’une attaque au laser, le pilote enclenche toutes
ses sources de lumière extérieures et parvient ainsi
à éviter l’éblouissement.
Vaud, août 2010
L’équipage Rega localise l’auteur de l’attaque grâce au
projecteur et permet à la police d’arrêter un jeune homme
de 19 ans qui prenait la fuite. Celui-ci avoue.
Thurgovie, août 2010
Au cours d’une intervention primaire, l’équipage Rega est
aveuglé. Les coordonnées de la source de l’attaque sont
enregistrées et transmises à la police.
Berne, janvier 2011
Attaque au laser lors d’un exercice de nuit. L’incident est
signalé par la Rega à l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC).

Dossier
Attention aux
pointeurs laser!
Ne jamais diriger un pointeur laser vers une
personne et surtout ne pas viser ses yeux
ou son visage. Les rayonnements du laser
peuvent endommager gravement la rétine.
Les pointeurs laser ne sont pas des jouets
et doivent en aucun cas être laissés à la
portée des enfants.
Un pointeur laser doit être classifié et
étiqueté.
N’utilisez que des pointeurs laser de classe 1
et 2 (jusqu’à 1 milliwatt de puissance).
Ne jamais viser des moyens de transport
avec des pointeurs laser.
Recommandations de l’OFSP
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A ce jour, la Rega a été victime de plus de 20
attaques au laser lors de missions de sauvetage.
Les auteurs sont probablement des jeunes, inconscients
des risques de ce « jeu » dangereux.
Jusqu’ici, seuls deux auteurs ont pu être appréhendés
par la police suite aux dénonciations
de la Rega.
Une arme, pas un jouet
L’aviation n’est pas le seul secteur concerné.
Les CFF déplorent également des attaques
contre leurs conducteurs de locomotive. Selon
leur porte-parole Christian Ginsig, les rayons
verts et rouges sont les plus dangereux : « Ils
peuvent être confondus avec nos signaux de circulation,
ce qui peut avoir de graves conséquences
», précise-t-il, soulignant toutefois que
les CFF n’entendent pas surestimer l’importance
de ce problème pour le rail.
La police cantonale bernoise prend en revanche
les choses très au sérieux, car des attaques
ont également été commises à l’encontre
de la circulation routière. Elle a d’ailleurs mis
l’accent sur ce point lors de la dernière foire
BEA à Berne et compte en son sein quatre spécialistes
de la question.
Rolf Schlup est l’un d’eux. Il explique la
multiplication des pointeurs laser notamment
par la modicité de leur prix. « Aujourd’hui, pour
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Un rayon laser vert est perçu avec 400 fois plus d’intensité qu’un rayon rouge.
quelques dizaines de francs seulement, vous
pouvez vous procurer des appareils émettant
jusqu’à 1000 mW. Ce ne sont pas des jouets, ce
sont des armes ! », insiste-t-il. De plus en plus
souvent, la police confisque des lasers dangereux
dans les écoles et sur la voie publique – une
trentaine l’an dernier. A l’heure actuelle, dix
procédures pénales pour utilisation abusive de
ces objets sont en cours.
Evolution à l’étranger
« Le laser, une menace dans le monde entier
», titrait voilà quelques mois une revue
d’aviation suédoise. Les autorités aéronautiques
du pays sont parmi les premières à avoir exigé de
leurs compagnies aériennes qu’elles préparent
leurs pilotes – sur simulateur – à des attaques au
laser. Un aide-mémoire a également été élaboré
sur le comportement à adopter en pareil cas,
en particulier lors des manœuvres de décollage
et d’atterrissage. Le pilote doit par exemple
passer immédiatement en vol aux instruments
et enclencher le pilote automatique. L’Organisation
de l’aviation civile internationale (OACI)
cherche elle aussi des solutions. Suite à une
étude menée dernièrement de concert avec
l’aéroport de Montréal, elle a suggéré que dans
les secteurs proches des aéroports où l’on trouve
des « spotters » – ces passionnés observant et
photographiant les avions –, des enquêteurs se
mêlent discrètement à ces derniers afin de
démasquer les éventuelles sources d’attaques
au laser.
L’Allemagne elle aussi n’est pas épargnée par
ces agressions. Elle punit d’ailleurs sévèrement
les responsables : l’an dernier, en Rhénanie-du-
Nord-Westphalie, un homme de 29 ans a été
condamné à 10 mois de prison avec sursis et à
une amende de 1000 euros pour avoir attaqué au
laser un hélicoptère de la police.
La Suisse prévoit également de lourdes sanctions
pénales pour risque de lésion corporelle et
mise en danger de la circulation. Les auteurs de
délits mettant sciemment la vie de nombreuses
personnes en péril encourent de trois à dix ans
de prison.
Christian Trottmann
Dossier
Médecine et laser
– éclairage du
médecin de la Rega
Pourquoi est-il important que
la Rega dispose d‘un interlocuteur
médical spécifique
pour les attaques au laser ?
Les éventuelles lésions corporelles
consécutives à une exposition
à des rayons laser font partie
de la problématique. Elles doivent
également entrer en ligne de
compte dans l’évaluation de tels
incidents, au même titre que les
aspects juridiques et tactiques
relatifs aux vols aériens.
A quoi faut-il veiller avec les
pointeurs laser ?
Quelle que soit leur puissance,
ils ne doivent jamais être dirigés
sur les yeux ou le visage.
Selon leur intensité, les rayons
peuvent causer des brûlures ou
des cloques et, par la suite,
la formation de cicatrices.
Quelles sont les principales
conséquences d’un aveuglement
au laser ?
Un rayon dirigé directement sur
l’œil peut causer de nombreux
problèmes, allant d’une forte
Dr méd. Ivo Breitenmoser,
médecin urgentiste, spécialiste
laser à la Rega
gêne du pilote lors d’une phase
particu lièrement délicate du vol à
l’apparition de lésions oculaires
durables, ou pire, à la cécité de
l’œil concerné.
Comment un membre
d’équipage peut-il se protéger ?
Il existe des lunettes spéciales.
Mais dans la pratique, le port de
ces verres sombres est irréaliste,
en particulier de nuit. La meilleure
chose à faire est de sensibiliser
les membres de l’équipage afin
qu’ils puissent optimiser leur
comportement le moment venu.
Quel est le traitement médical
à suivre en cas de lésion ?
Selon la nature du rayon, son
intensité, l’angle et la durée de
l’agression, les lésions peuvent
être très diverses et se manifester
au bout de plusieurs heures
seulement, voire le lendemain.
Les possibilités de traitement
sont très restreintes.

Chaque année, la Rega forme des sapeurs-pompiers dans toute la Suisse
Les sapeurs-pompiers préparent
le terrain
Mardi soir, 23 h. L’unité technique du corps des sapeurs-pompiers
volontaires de la Ville de Zoug est mobilisée suite à un grave
accident, survenu dans une région montagneuse : une voiture s’est
retournée sur le toit dans un pré situé en contrebas de la route.
Le conducteur est dans un état critique. Le service de sauvetage et les
pompiers optent alors pour une évacuation d’urgence : il s’agit d’extraire
le blessé au plus vite afin de lui apporter une assistance médicale.
Déjà, le bruit de l’hélicoptère de la Rega se fait entendre. L’aire
d’atterrissage est éclairée ; l’appareil se pose. Après un bref échange
entre les différents partenaires de la chaîne de sauvetage, le patient
est transféré à bord de l’appareil ; il décolle quelques instants plus tard
en direction de l’hôpital.
Le corps des sapeurs-pompiers volontaires de la Ville de Zoug
est un service d’incendie et de secours communal et constitue, du
même coup, le seul centre de renfort du Canton de Zoug. Ce dernier
assume des tâches au niveau régional ou cantonal et dispose d’équipements
spécifiques ainsi que d’engins lourds comme un véhicule
tonne-pompe.
Bénéficiant d’une formation spéciale au sein d’un centre de
renfort, l’unité technique est mobilisée pour les interventions de
secours routier en particulier. De la désincarcération au sauvetage
en terrain difficile – en hauteur comme en profondeur (situations
extrêmes) – en passant par le sauvetage de personnes ensevelies
sous des décombres : ses tâches sont multiples ! Outre une grande
résistance physique et psychique, ces missions requièrent des
connaissances techniques pointues. Les exercices et les interventions
se déroulent en étroite collaboration avec le service de sauvetage
du Canton de Zoug et la Rega.
La Rega et les sapeurs-pompiers
Partenariat
Quelques 150 corps de pompiers issus de toute la Suisse sollicitent
chaque année une formation auprès de la Rega qui est en
mesure de répondre à un tiers des demandes. « Nous devons fixer
des priorités et évaluer la probabilité qu’une brigade précise soit
appelée à collaborer avec nous. Nous assurons avant tout l’instruction
et la formation des pompiers professionnels et des centres de
renfort », explique Patrick Sieber, responsable de la formation des
partenaires à la Rega. Le pays compte au total 14 services du feu
professionnels et environ 250 centres de renfort. Les tâches du service
du feu sur le lieu du sinistre sont multiples : il sécurise le terrain
d’atterrissage prévu pour l’hélicoptère de sauvetage et assure son
éclairage de nuit, dégage les débris d’épave ou tout objet dangereux
et aide au transport du patient. En préparant le terrain pour le sauvetage
et l’assistance médicale, le rôle du service du feu est inestimable.
En cas d’évacuation de personnes bloquées en haut d’un immeuble
ou au fond d’un ravin, la Rega alerte quant à elle par pager les spécialistes
du sauvetage héliporté du service d’incendie. Ces pompiers
spécialement formés assurent alors ces interventions hélitreuillées.
Des partenaires précieux
Les sapeurs-pompiers volontaires de la Ville de Zoug ont effectué
l’an dernier quelques 270 interventions. Dans tout le pays, les
pompiers sauvent régulièrement des vies, avec le concours régulier
de la Rega. Ces femmes et ces hommes sont des partenaires essentiels
de la chaîne de sauvetage.
Christian Trottmann
Découvrez en p. 12 un reportage sur un sauvetage spectaculaire effectué au
Grossmünster de Zurich avec les pompiers professionnels de la Ville.
9

Au cœur d’une base
Le Jet Ranger 206B, surnommé
« l’hélicoptère des bébés ».
Du provisoire de longue durée :
le local de la base sur le toit de
l’Hôpital pédiatrique de Zurich.
10
L’équipe de la base de Zurich au complet. En intervention, l’équipage se compose toujours de trois personnes.
La première base de la Rega se trouve à Zurich et répond au code radio « Rega 1 »
Jour et nuit au service
des patients
Depuis 45 ans, « Rega 1 » apporte une assistance médicale sur les lieux
d’intervention dans les plus brefs délais. Médecin urgentiste, sauveteur
professionnel et pilote assurent également, de jour comme de
nuit, le transfert de blessés ou de malades vers les hôpitaux. Près d’un
tiers des interventions se déroulent d’ailleurs la nuit. A toute heure,
l’équipage est donc pleinement opérationnel en l’espace de quelques
minutes.
« L’esprit d’équipe est essentiel », déclare le
chef de base Adrian Ferrari. Pilote, sauveteur
professionnel et médecin urgentiste assurent en
effet des gardes de 24 heures et vivent ainsi en
communauté durant le service de piquet. Adrian
Ferrari évoque notamment les repas préparés
ensemble et les discussions à la « table familiale
». Cette complicité permet à l’équipage de
décompresser après les interventions difficiles.
Une atmosphère conviviale qui profite aussi aux
patients !
De l’aéroport de Zurich au toit de l’hôpital
La Rega exploite sa plus ancienne base
depuis 1968. A l’origine, elle se trouvait à l’aéroport
de Zurich-Kloten, d’où l’équipage décollait
à bord d’un Agusta Bell Jet Ranger 206A.

Quatre ans plus tard, un Jet Ranger 206B stationne
à titre d’essai sur le toit de l’Hôpital
pédiatrique de Zurich. L’équipage loge alors
dans un bâtiment voisin et transporte le kérosène
dans des jerricans pour ravitailler la machine.
A cette époque, un grand nombre d’interventions
concerne des prématurés, ce qui a valu à l’appareil
zurichois son surnom d’« hélicoptère des
bébés ». Le provisoire devient ensuite permanent,
et un Bölkow BO 105 biturbine remplaçe
par la suite l’hélicoptère monoturbine.
Une « mansarde » pour l’équipage
En 1990, l’équipage s’installe dans un container
habitable aménagé sur le toit de l’hôpital
pédiatrique. Ce bâtiment provisoire comprend
bureaux, séjour et salles de repos ainsi qu’une
cuisine et une salle de bain. Faute de place, il n’a
pas pu être aménagé sur le même toit que l’hélicoptère
; on accède alors à la plateforme d’atterrissage
par un escalier en colimaçon. La Rega
modernise par la suite les lieux en y intégrant
une extension. En 1995, elle remplaçe le Bölkow
par un Agusta A 109 K2.
2003 : nouvelle base, nouvel hélicoptère
En mai 2003, après plus de 30 ans de provisoire,
l’équipage prend possession de sa nouvelle
base située à l’aérodrome de Dubendorf ; six
mois plus tard, le nouvel Eurocopter EC 145
entre en service. Aujourd’hui, c’est à bord de cet
appareil que l’équipage effectue ses missions,
fréquemment menées de nuit. Entre les accidents
de la route, de travail ou encore une majorité de
vols de transfert d’un hôpital à un autre, la palette
des missions de la base zurichoise est large !
02h33 : début d’une mission nocturne
Tous les membres de l’équipage entendent
l’alarme : le pilote réceptionne l’appel téléphonique
de la centrale d’intervention et vérifie immédiatement
les conditions météo. Il informe le
médecin urgentiste et le sauveteur professionnel,
et chacun s’affaire à ses tâches. Selon le type de
mission, l’hélicoptère est équipé d’un projecteur
Spectrolab avant d’être sorti du hangar. Le bruit
du rotor troue bientôt le silence de la nuit : 30
minutes plus tard, souvent moins, l’équipage
s’envole vers sa destination. Ses membres ont
l’habitude d’être pleinement opérationnels en
l’espace de quelques minutes, et se tiennent jour
et nuit au service des patients.
Ariane Güngerich
Pour petits et grands, la plus grande exposition de courges en Suisse à la « Jucker Farmart ».
Détente et loisirs actifs au Greifensee
Un petit quart d’heure en S-Bahn sépare la gare centrale de Zurich de la station de
Nänikon-Greifensee, un bref périple qui permet de passer de l’effervescence de la
grande ville à un autre monde, plus paisible. Située à deux pas de la gare, la jolie
bourgade de Greifensee a préservé son église gothique et son château médiéval.
Le centre historique se dresse sur les rives du lac éponyme.
Croisières en bateau à vapeur et événements à la ferme
Le deuxième plus grand lac du canton de Zurich est un véritable joyau, avec ses
rives peu bâties formant un véritable site protégé. Il est possible d’en faire le tour
grâce à un chemin de randonnée de 23 km, où cyclistes et personnes à rollers
disposent de leur propre piste. L’été, le lac fait aussi le bonheur des baigneurs
et des navigateurs. Le week-end, il accueille les croisiéristes à bord du bateau à
vapeur « Greif », encore alimenté au charbon.
Non loin de là, au bord du lac de Pfäffikon, on peut également découvrir l’univers
d’une entreprise agricole tout à fait insolite : à Seegräben se trouve en effet la
« Jucker Farmart », ferme la plus visitée de Suisse. La « Hof-Chuchi » sert notamment
des plats préparés avec les produits de la ferme. Des événements y sont
également régulièrement organisés, tandis que la plus grande exposition de
courges du pays attire petits et grands à la fin du mois d’août. Une façon originale
d’allier tradition et modernité !
Conseils pratiques et autres informations :
Tourisme Oberland zurichois : www.trzo.ch
Compagnie de navigation du Greifensee : www.sgg-greifensee.ch
Jucker Farmart : www.juckerfarmart.ch
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Reportage
Sauvetage au-dessus des toits de Zurich
Hélitreuillage
sur la cathédrale
« Sauvetage en ville de Zurich »,
« Digne d’un film d’aventures »,
« Spectaculaire sauvetage sur la
cathédrale de Zurich » – les médias
sont unanimes : ce qui s’est passé en
cette fin d’après-midi du 21 juillet 2010,
dans la vieille ville de Zurich,
avait un caractère pour le moins
exceptionnel. La Rega confirme.
L’équipage Rega de la base de Saint-Gall se
trouve sur le toit de l’Hôpital cantonal de Schwytz
– à bord de l’hélicoptère Da Vinci – lorsque
parvient l’appel radio : « Sauvetage par hélitreuillage
à Zurich : coordonnées 683.463/247.182.
Homme d’une cinquantaine d’années avec fracture
du fémur. » Avant de décoller, le médecin
urgentiste Christian Salis s’équipe de son harnais,
la sauveteuse professionnelle Thilla Koller
contrôle le treuil et le pilote Dennis Bach se prépare
mentalement à ce vol sortant de l’ordinaire :
en effet, les coordonnées fournies par la centrale
d’alarme conduisent l’hélicoptère directement
en vieille ville de Zurich, à la verticale de la tour
sud de la cathédrale. « Pendant le vol d’approche,
j’ai procédé à une première analyse des risques,
procédure très importante dans une zone aussi
habitée », précise le pilote.
Avant leur arrivée, les préparatifs à Zurich
vont bon train. L’intervention est placée sous
le commandement du premier-lieutenant Ruedi
Schärer, du service de la protection et du sauvetage.
« Pour ne pas perdre de temps, j’ai étudié
toutes les possibilités. » Un camion à grande
échelle et des spécialistes du sauvetage en terrain
difficile sont alors dépêchés sur place, et Ruedi
Schärer est en contact permanent avec la centrale
d’alarme de la Rega. Le blessé a déjà reçu les
premiers soins : il est stabilisé et se trouve dans
la partie supérieure de la tour de la cathédrale.
Il s’agit à présent de le ramener au sol en toute
sécurité. « Pour moi, il y avait trois options.
La première était d’aller le chercher au moyen de
12
Le patient et le médecin Rega
sont évacués de la tour de
la cathédrale par hélitreuillage.

la grande échelle de 53 mètres ; la deuxième,
d’envoyer des sauveteurs spécialisés pour le redescendre
au sol à l’aide d’un rappel par-dessus
le balcon de la tour, et la troisième, de faire appel
à l’hélicoptère pour procéder par hélitreuillage. »
Chaque option comporte des risques. Les
fragiles tuiles et vitraux de la cathédrale résisteront-ils
aux turbulences provoquées par les
rotors de l’hélicoptère ? Le poids du camion à
grande échelle ne sera-t-il pas trop excessif dans
cet environnement ? Le pourtour de la cathédrale
étant entièrement excavé (c’est là que se trouvent
les catacombes), le sol pourrait céder sous les
32 tonnes du véhicule. Pour des raisons de sécurité,
le responsable écarte rapidement cette
variante. Restent les sauveteurs spécialisés :
l’intervention prévue se révélera certainement
longue et difficile, et le patient a besoin de soins
médicaux dans les plus brefs délais. L’option
Rega est finalement retenue.
Quelques minutes après l’appel, le Da Vinci
survole la cathédrale. Par précaution, la police
zurichoise a entre-temps stoppé les trams et
bouclé une partie du quai de la Limmat. L’équipage
de la Rega doit tout d’abord déterminer
l’endroit où il déposera le médecin urgentiste,
Christian Salis, et évaluer les éventuels obstacles
et autres dangers. Le pilote commence alors par
un vol de reconnaissance. « Je dois toujours avoir
en vue une procédure de départ en urgence en
cas de panne ou d’autre ennui technique, en particulier
dans une zone aussi peuplée. Si un moteur
lâche, je dois être en mesure de dégager mon
En raison du poids du véhicule et
des risques d’effondrement du
sol, il est impossible d’utiliser le
camion à grande échelle des
pompiers.
Equipé et sécurisé pour
l’hélitreuillage, le patient attend
l’hélicoptère sur la plate-forme de
la cathédrale.
Reportage
hélicoptère en toute sécurité grâce à celui qui
reste. C’est possible avec le Da Vinci qui est un
bi moteur », explique Dennis Bach.
Suspendu au treuil au-dessus des deux tours,
le médecin urgentiste de la Rega est déposé sur
la plate-forme de la cathédrale. Le pilote et la
sauveteuse professionnelle se mettent ensuite en
position d’attente à l’héliport de l’Hôpital universitaire
de Zurich. Pendant ce temps, le médecin
urgentiste relaie les partenaires d’intervention
sur place et prend le patient en charge : il lui
fournit les soins nécessaires et l’installe avec
précaution sur le matelas coquille. Allongé, bien
enserré et sécurisé dans le sac de sauvetage,
l’homme est maintenant prêt pour un vol au-
dessus des toits de la ville : médecin urgentiste
et patient sont alors évacués par hélitreuillage
puis transportés jusqu’à l’hôpital. Ce n’est pas
tous les jours que la Rega effectue un sauvetage
aussi spectaculaire ! Et il y a fort à parier que
Felix et Regula, les saints patrons de la ville,
n’avaient encore jamais vu un hélicoptère
d’aussi près.
Christian Trottmann
13

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Maladie ou accident à l’étranger – la Rega répond présent
La langue :
un pont entre ici et là-bas
En cas de problèmes médicaux à l’étranger, les voyageurs peuvent
s’adresser au service de gestion des urgences médicales de la Rega ;
il organise quelques 900 rapatriements par an. Les consultations téléphoniques
sont assurées par une équipe de dix médecins conseils.
Portrait de l’un d’entre eux : le Dr méd. Regula Amiet.
En chinois, ‹ ma › peut signifier mère ou
cheval, mais aussi insulter. Tout dépend de
l’intonation. « Pour dire cheval par exemple,
le ton part d’assez bas, puis monte légèrement »,
explique Regula Amiet. Ce médecin de la Rega
parle allemand, anglais, français et italien, mais
également mandarin : inutile de préciser que si
un donateur est hospitalisé en Chine, cet atout
vaut de l’or !
En cas d’urgence médicale à l’étranger, les
donateurs de la Rega ou leurs proches peuvent
contacter la centrale d’intervention. Les médecins
conseils responsables des consultations par
téléphone se procurent alors des renseignements
détaillés sur le patient auprès des médecins sur
place et compilent les données récoltées dans un
dossier électronique.
Regula Amiet a passé ses examens de médecine
en 1991 et son doctorat en 1992, puis a
travaillé dans plusieurs hôpitaux suisses. « Outre
les sciences naturelles, les langues m’ont toujours
intéressée. En 2000, j’ai donc commencé
à apprendre le chinois », raconte cette véritable
boule d’énergie de 44 ans.
Donner une perspective aux enfants
En février 2001, Regula Amiet se rend dans
le sud-est de la Chine et reste finalement sept ans
dans le pays. Pendant neuf mois, elle étudie le
chinois tout en soignant les enfants d’un orphelinat
à Hunan. Puis, elle travaille dans un second
foyer pour enfants à Xinjiang, dans le nordouest,
où elle conseille les nourrices et assistantes.
Parallèlement, elle met sur pied un programme
thérapeutique et social. « Nous avons
beaucoup travaillé avec les médecins et hôpitaux
locaux. Je voulais leur montrer que ces enfants
orphelins, dont certains sont handicapés, ont un
avenir. » Regula Amiet rayonne : « Ils doivent
manger et se vêtir, bien sûr, mais ils ont aussi
besoin d’amour, de chaleur humaine et de défis
à relever. » Aujourd’hui, terminées les journées
entières couchés dans un lit, les enfants ap-
prennent désormais à s’habiller seuls ou à se
déplacer avec des cannes ou des béquilles.
Trouver des solutions adaptées
Regula Amiet est rentrée en Suisse en été
2008 et travaille depuis au sein de la Rega. Elle
aime être quotidiennement en contact avec des
personnes de tous les continents. Environ 900
fois par an, des patients sont rapatriés en Suisse
à bord de l’un des trois avions-ambulance de
la Rega ou pris en charge par l’équipe médicale
de l’organisation dans un avion de ligne.
Chaque cas est minutieusement étudié : diagnostic,
risques, infrastructures médicales et logistiques
locales, autant d’éléments qui entrent en
ligne de compte pour décider du moment et des
modalités du rapatriement. A ce stade, la collaboration
entre le team de médecins conseils
et le chef d’opération est essentielle. Médecin
conseils, patient, proches et médecin local, tous
cherchent ensemble la solution la plus adéquate.
L’équipe des médecins conseils traite annuellement
environ 2000 appels de patients séjournant
à l’étranger.
Un lien avec la maison
La journée de travail d’un médecin conseils
de la Rega est intensive. A quoi ressemblent ses
loisirs ? Pour Regula Amiet, il y a tout d’abord le
soutien qu’elle continue d’apporter à l’orphelinat
de Xinjiang. A côté de cette activité, elle lit des
romans en anglais, teste de nouvelles recettes de
cuisine et écrit au moins 150 cartes et lettres par
année à des amis.
« Et souvent, je fais office de ‹ Bed & Breakfast
› pour mes amis du monde entier », raconte
Regula en riant. Elle jette un coup d’œil à son
écran, compose un numéro de téléphone et se
retrouve en contact avec un interlocuteur pour
qui ses conseils vont créer un premier lien avec
la maison et concrétiser le retour.
Maria Betschart
Portrait
Regula Amiet à la centrale
d’intervention de Zurich-Kloten.
En cas d’urgence médicale
à l’étranger, vous pouvez
joindre la centrale d’intervention
de la Rega au
+41 333 333 333.
15

Accidents de la route – le nouveau vis
En règle générale, on se représente les pompiers luttant contre le feu avec
tuyau et lance à incendie. Aujourd’hui, leurs tâches se sont diversifiées :
lors d’accidents de la route, ils interviennent avec cisaille et écarteur hydrauliques
pour désincarcérer les blessés et permettre ainsi aux médecins urgentistes et
sauveteurs professionnels de faire leur travail auprès des patients.
Les pompiers
• sont mobilisés par la police
• dégagent l’accès aux véhicules et aux patients
à l’aide d’un équipement lourd
• désincarcèrent les patients
• neutralisent le risque d’incendie
Le service de sauvetage
• administre les premiers soins aux blessés
• traite les patients selon leurs blessures
• alerte la Rega et d’autres services de sauvetage
• transporte les blessés au service des urgences
d’un hôpital
1
2
3
4
5
La Rega
• est alertée par la police, le service de sauvetage ou
des particuliers
• amène toujours un médecin urgentiste et un sauveteur
professionnel sur les lieux
• prend en charge les blessés
• évacue les blessés graves vers l’hôpital adéquat
La police
• est souvent la première sur les lieux
• sécurise le site de l’accident
• évalue la situation et mobilise d’autres
services de sauvetage
• administre les premiers soins aux blessés
• est responsable de l’inspection et du
dégagement des lieux de l‘accident
1
Désincarcération du bl
Les pompiers forment une équipe bien
Ces spécialistes maîtrisent les gestes q

age des secours
essé
rodée : chacun connaît son rôle et son matériel.
ui sauvent, même dans des conditions difficiles comme la pluie, la nuit et le froid.
2
3
4
5
La zone de préparation
La zone de préparation et de dépose des pompiers
est éloignée d’une dizaine de mètres du lieu de
l’accident : là s’y tiennent le véhicule d’intervention
et l’équipe prête à agir. Une ligne tracée à la craie
délimite les deux zones. Le matériel et les appareils
hydrauliques sont disposés au sol, prêts à
être utilisés.
L’officier d’évacuation reste près du véhicule
accidenté et mobilise les équipements et les
sauveteurs en fonction des besoins.
Ecarteur hydraulique
Avec une force hydraulique de 4 à 10 tonnes,
l’écarteur débloque les portières et agrandit les
ouvertures pour ménager un accès vers les blessés
coincés dans le véhicule. L’appareil pèse 23 kg.
Cisaille hydraulique
1
La cisaille hydraulique utilisée par les pompiers sert
à découper le toit du véhicule accidenté. Avec une
puissance de 15 à 20 tonnes, elle sectionne les montants
du toit. Elle pèse 15 kg.
Pour les endroits difficiles d’accès, les pompiers ont
recours à une cisaille plus petite et plus légère.
Officier d’évacuation
Demarmels
Alex
L’officier d’évacuation dirige l’équipe des pompiers au
front. D’entente avec les sauveteurs professionnels et
le médecin urgentiste, il coordonne la désincarcération
Illustration:
des personnes coincées dans les véhicules. ©

En bref
Signaler les câbles
et installations hors
d’usage !
Les câbles et téléphériques représentent
un grand danger pour les
hélicoptères. C’est pourquoi la Rega
a mis sur pied, voilà 10 ans, le projet
« Remove ». Objectif de l’opération :
démonter les câbles et installations
qui ne sont plus utilisés, sans que
cette mesure n’entraîne de frais
pour leurs propriétaires. Plus de 370
obstacles à la navigation aérienne
de ce type ont ainsi déjà été démontés
dans le cadre de « Remove ».
La Rega et l’Armée continuent à encourager
les propriétaires de câbles
et de téléphériques désaffectés à
s’adresser à la base Rega la plus
proche ou à contacter le 1414.
Nouveau site Web
de la Rega
La Rega a un nouveau site
Internet : découvrez ses contenus
clairement structurés et un accès
simplifié pour ses usagers.
Nous nous réjouissons de votre
visite !
www.rega.ch
Nouvelle identité
visuelle pour les
avions-ambulance
Rega
Comme neufs ! Après un contrôle
technique complet, les trois
avions-ambulance arborent une
nouvelle identité visuelle. La croix
suisse inclinée qui ornait déjà les
hélicoptères s’affiche désormais
fièrement sur les trois avions.
Elle se décline ainsi comme signe
distinctif sur l’ensemble de la flotte
Rega. Plus de détails sur le nouvel
habillage de nos trois avions-
ambulances sur notre site Web.
L’application iRega – un gain de temps précieux en cas d’urgence
iRega – l’application
d’urgence de la Rega
iRega, l’application gratuite pour iPhone, transmet automatiquement les données de géolocalisation
de l’émetteur de l’alarme à la centrale de la Rega : un gain de temps précieux lors de
situations d’urgence, en Suisse comme à l’étranger. L’application connaît un grand succès et
a fait ses preuves.
Lorsqu’une alarme parvient à la Rega, la
centrale d’intervention demande en priorité des
informations relatives à l’emplacement de l’appelant.
Cette localisation est souvent complexe,
et les recherches approfondies conduisent à la
perte de minutes cruciales. L’application iRega
pour iPhone apporte donc un soutien efficace
au processus d’alarme.
En cas d’urgence, iRega est utile aussi bien
en Suisse qu’à l’étranger. Deux simples clics
suffisent pour déclencher l’alarme. Via l’application,
la Rega peut ainsi immédiatement obtenir
les coordonnées et l’identité de l’utilisateur,
tout comme l’établissement d’une liaison téléphonique
directe avec la centrale d’intervention.
Une fois cet entretien téléphonique achevé, la
Rega engage alors la procédure de sauvetage
ou d’autres mesures adéquates.
Atterrissage précis sur le lieu de l’accident
iRega a déjà fait ses preuves à plusieurs
reprises lors de situations d’urgence en Suisse
et à l’étranger, comme par exemple pour une
mission de sauvetage menée dans le Münstertal
début mars. Une skieuse de randonnée accidentée
a alerté les secours avec iRega. L’application
a alors transmis sa position à la centrale d’intervention
avant d’établir la liaison téléphonique.
L’équipage de la base de Samedan a trouvé la
blessée peu de temps après, à l’endroit exact indiqué
par iRega.
Test de la fonction d’alarme
Le signal GPS doit préalablement être activé
dans les réglages de l’iPhone pour que la fonction
de géolocalisation de l’application soit opérationnelle.
Point essentiel : la transmission d’une
alerte par iRega implique une bonne couverture
du réseau mobile. Afin d’adopter les bons réflexes
en cas de réelle urgence, iRega propose un
système d’alarme test. Cette fonction fait l’objet
d’un grand succès depuis le lancement de l’application
voilà cinq mois : la Rega a en effet déjà
enregistré plusieurs dizaines de milliers de tests.
iRega peut aussi servir au quotidien : les fonctions
de cartographie indiquent l’emplacement
précis de l’utilisateur ou encore calculent les
coordonnées de n’importe quel endroit en divers
formats.
Wanda Bühler
L’application iRega est disponible dans l’App
Store suisse sous le mot clé « Rega » ou
« iRega ». Elle peut être téléchargée gratuitement
sur votre iPhone.

« Grand amateur de randonnées en montagne,
je me suis souvent demandé ce qui
arriverait si je me retrouvais dans une situation
délicate ou si je me perdais. Comment
cela se passerait-il si je décidais alors d’appeler
la Rega pour me tirer d’affaire ? Interviendrait-elle
pour m’évacuer si je n’étais pas
(encore) blessé ? Si oui, qui prendrait en
charge les coûts du sauvetage ? »
Lionel Berthod, Uster
Cher Monsieur,
La Rega répondrait bien sûr à votre appel ! Nous intervenons
quelles que soient les circonstances qui vous ont mis dans une
situation délicate. La Rega ne juge pas, elle sauve – pour autant
que les conditions météorologiques permettent à l’hélicoptère
de se rendre sur les lieux.
Dans le cas en question, les coûts du sauvetage ne seraient toutefois
pas remboursés par votre assurance-maladie ou accidents,
et ce pour les raisons suivantes :
L’assurance-maladie n’est pas tenue de prendre en charge l’évacuation
de personnes qui ne sont ni blessées ni malades. Pour sa
part, l’assurance-accidents est soumise au remboursement uniquement si notre
intervention est liée à au moins une cause extérieure extraordinaire – par exemple
une chute ou une glissade – ayant porté atteinte au corps humain (« notion d’accident
»). En l’état, aucune assurance ne paierait donc pour votre évacuation.
Celle-ci serait en revanche prise en charge par nos soins si vous figurez parmi
les donateurs de la Rega. En effet, pour les remercier de leur soutien, la Rega
décharge ses donateurs des frais de sauvetage non couverts par leur assureur.
Avec mes meilleures salutations
Andreas Kirsch
Responsable de l’administration des interventions
En bref
Vos questions
nous
intéressent !
?savoir
Qu’avez-vous toujours voulu
au sujet de la Rega ?
Envoyez-nous votre
« question posée à la Rega »
à l’adresse suivante :
Garde aérienne suisse
de sauvetage
Communication
« Question posée à la Rega »
Centre Rega
Case postale 1414
CH-8058 Zurich-Aéroport
Formulaire de contact
www.info.rega.ch
19

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Jeu des dix erreurs
L’avion-ambulance de la Rega rejoint Bâle depuis la Sardaigne.
Notre dessinateur Joggi a commis 10 erreurs en recopiant ce dessin. A toi de les retrouver !
Concours
Jeux et concours
© Illustration : Joggi / Peter Jost
Avions et hélicoptères sont régulièrement victimes
d’attaques aux rayons laser qui aveuglent les pilotes et
peuvent provoquer des accidents. Les hélicoptères de
sauvetage de la Rega sont souvent touchés. Relie les
nombres pour trouver la réponse à la question suivante!
Quel hélicoptère de la
Rega est ici en danger ?
A : l’AgustaWestland Da Vinci
B : l’Eurocopter EC 145
Envoie ta réponse sur une carte postale
d’ici au 18 juillet 2011 à :
Rega Base de Lausanne
« Quiz » Magazine des donateurs 1414
Route de Romanel 33
1018 Lausanne
La Rega tirera au sort dix gagnants
parmi les bonnes réponses.
Ils remporteront une paire de
jumelles d’une valeur de CHF 79.–.
Bonne chance !
Solution du magazine n o 75 :
l’avion-ambulance de la Rega a atterri à Cienfuegos, sur l’île de Cuba.
Les gagnants d’une montre Rega sont : Silas Brühwiler, Urdorf ;
Rosalina Campana, Lugano ; Kyra Dissler, Jona ; Johan Horisberger,
Echandens ; Ruben Jost, Ostermundigen ; Dorianne Köstinger, Yverdonles-Bains
; Amélie Lambert, Grattavache ; Mattia Lepori, Lavorgo ;
Jasmin Truppe, Winterthur ; Pascal Wüthrich, Saland
Félicitations !
21

Rétrospective
Saynète familiale: quand la réalité rejoint la fiction
Premier acte :
sous les applaudissements !
Second acte : avec la Rega.
Elle se réjouissait de changer d’air en Sardaigne. A mi-séjour, la dynamique grand-mère
Anna-Katharina Ritter vit un véritable cauchemar avec une double fracture du bassin, une
chambre d’hôpital bondée sans sonnette d’appel et un pronostic de six semaines clouée
au lit. Epilogue : l’avion-ambulance de la Rega l’a ramenée au pays.
Soirée de la Saint-Sylvestre 2009. Comme chaque année,
Anna-Katharina Ritter et ses deux petits-fils, âgés de 8 et 10 ans,
présentent à la famille une pièce de théâtre. Cette année, c’est un
polar : l’aîné des garçons joue le rôle d’un séducteur, à ses heures
voleur, et le cadet incarne le policier portant secours à une dame
élégante – la grand-mère à la ville. Le bandit se précipite sur elle
pour lui dérober son sac à main. Sous la violence du choc, elle tombe
à terre, sur le côté droit. D’instinct, elle amortit sa chute en mettant
son bras droit sous sa tête. Mais tout ça n’est que comédie ! La belle
dame remercie le brave policier qui l’aide à se relever et la famille
applaudit chaleureusement le trio de comédiens.
Septembre 2010 – agression en Sardaigne
Anna-Katharina Ritter est partie pour 15 jours de vacances en
Sardaigne, avec une amie. Le vendredi soir de la première semaine,
En bonne grand-mère, Anna-Katharina lit des histoires à ses deux petits-fils qui en raffolent.
après une journée d’excursion qui leur a ouvert l’appétit, les deux
femmes parcourent Alghero à la recherche d’un restaurant. Alors
qu’elles étudient le menu affiché à une devanture mal éclairée,
Madame Ritter se fait soudain bousculer. Tout va très vite. Juste
avant, elle avait bien entendu le vrombissement d’une moto, senti
une veste de cuir contre son épaule ; la voici à présent qui tombe
sur le côté droit. Elle hurle. La chute sur l’asphalte est brutale.
D’instinct, elle se protège en mettant son bras droit sous sa tête,
comme lors de la pièce de théâtre. Sauf que cette fois, c’est bien la
réalité ! Par chance, elle tombe sur le sac à main que l’agresseur
voulait lui dérober. Madame Ritter a très mal, et l’auriculaire de sa
main droite saigne. Quelques minutes plus tard, un policier arrive
sur les lieux et tente, avec l’aide de son amie, de la relever. Mais elle
ne peut pas se tenir sur sa jambe droite. Tant bien que mal, s’appuyant
sur son amie, elle gagne le restaurant : là, elle ne parvient
pas à s’asseoir et la position debout lui est tout aussi intolérable.

Au théâtre ce soir : grand-mère et petits-fils interprètent, à Bâle,
un histoire digne d’un scénario de polar qui deviendra réalité quelques
mois plus tard, en Sardaigne.
Le policier appelle alors une ambulance qui mène la courageuse
grand-mère, toujours accompagnée de son amie, à l’hôpital.
Le trajet cahotant sur les pavés inégaux est atroce. Une fois aux
urgences, elle peut enfin s’étendre sur un brancard, rendant ainsi
les douleurs plus supportables.
Hospitalisation à l’étranger, rapatriement avec la Rega
Un peu plus tard, un sympathique médecin s’occupe d’elle.
Les radios sont formelles : double fracture du bassin, déplacement
articulaire et fracture de l’auriculaire droit. Pas étonnant que
Madame Ritter souffre même si personne n’a l’air de s’en soucier !
L’ambulance la transfère dans un hôpital orthopédique. Là, la blessée
est installée dans une chambre déjà complète ; Anna-Katharina
Ritter a donc un lit sans sonnette d’appel. « Si vous avez besoin de
nous, demandez à une autre patiente de sonner », s’entend dire la
Suissesse. Impossible de dormir : les événements, le choc, la douleur,
la soif et la faim la tourmentent. Le lendemain, c’est la visite
du médecin en grande pompe. Verdict : six semaines d’allitement,
avec interdiction formelle de bouger. Madame Ritter refuse de
rester ; passer six semaines dans une chambre d’hôpital bondée,
qui plus est dans un environnement inconnu, elle ne le supporterait
Rétrospective
pas. Il faut trouver une solution : elle existe et elle s’appelle Rega !
Un premier appel à la centrale d’intervention de la Garde aérienne
suisse de sauvetage, et tout s’enchaîne très vite. Encore une longue
nuit d’insomnie avant qu’enfin le dimanche Anna-Katharina Ritter,
accompagnée de son amie, soit transportée en ambulance à l’aéroport
où elle arrive juste à temps pour voir atterrir l’avion-ambulance
de la Rega. « Mes sauveteurs du ciel », dit-elle, très émue. Peu après,
le médecin de la Rega la rejoint dans l’ambulance et lui demande:
« Souffrez-vous ? » Elle ne retient alors plus ses larmes. C’est la
première fois que quelqu’un lui pose la question depuis son accident.
Grâce à la prévenance de l’équipage, elle a l’impression
d’être déjà de retour au pays. « C’était fantastique, je me sentais au
septième ciel, comme si j’étais passée de l’enfer au paradis »,
raconte-t-elle plus tard. Quant à sa première nuit dans un lit
d’hôpital bâlois, elle l’a passée à dormir. Enfin!
Guérison en Suisse et retour au travail en quelques mois
Contrairement au pronostic fait en Italie, la blessée ne passe que
neuf jours à l’hôpital, puis neuf autres en rééducation. Physiothérapeute
de profession, elle contribue au processus de guérison par des
exercices ciblés. En rééducation, elle s’exerce activement à monter
et descendre les escaliers afin de retrouver au plus vite son indépendance
et de retourner travailler. En effet, bien que retraitée, elle
adore son métier de professeur de tai-chi et de gymnastique.
D’expérience, elle sait qu’un entraînement physique régulier bien
ciblé est bénéfique à tous points de vue. C’est pourquoi elle est sûre
de retrouver la forme, même si, plusieurs mois après l’agression,
elle ressent parfois des douleurs et que son auriculaire lui cause
encore quelques soucis. Autre certitude: pas de polar au programme
du prochain nouvel-an familial !
Ariane Güngerich
A la ville comme à la scène, la dynamique retraitée a été agressée par derrière.
23

Prévention
Conseils aux vététistes pour allier plaisir et sécurité
La sécurité sur
deux roues
Tous les amateurs de randonnée vous le diront
: que ce soit à pied ou sur deux roues,
l’important c’est le chemin ! Deux cyclistes
expérimentés nous expliquent comment
concilier plaisir et sécurité.
24
Werner Gämperli, 41 ans, d’Obfelden (ZH), préfère de loin
enfourcher son vélo et passer par l’Üetliberg au lieu de prendre le
train pour aller travailler à Zurich : « J’adore sentir la nature et
voir poindre les premières lueurs du jour ». Et selon la saison,
il parvient au sommet du Hausberg au moment même où le soleil
se lève sur le lac.
D’avril à fin octobre, il se rend à son travail à VTT deux ou trois
fois par semaine ; il parcourt ainsi 50 kilomètres aller-retour,
toujours muni d’un casque, de lunettes et de gants. Des mesures
de protection suffisantes selon lui, car il emprunte uniquement
des chemins de randonnée larges et aisément praticables. Depuis
peu, il envisage tout de même de suivre un cours de conduite et
de sécurité afin de réduire au maximum les risques qu’il encourt
en avalant quelques 4000 kilomètres par an, essentiellement sur
des routes non goudronnées.
Rafael Rhyner, 35 ans, est lui aussi conscient des dangers
liés à la pratique du vélo. Ce dessinateur en bâtiment d’Ennenda,
dans le Canton de Glaris, conçoit des parcours, non pas pour les
randonneurs et cyclistes, mais pour les freeriders qui doivent en
venir à bout à l’aide de la gravité. Pas question pour eux de faire
preuve d’endurance et d’admirer le paysage : tout se joue dans la
technique et l’adresse.
Soucieux de la sécurité des cyclistes, « Tschäff » Rhyner veille
toujours, lorsqu’il construit ses tracés, à aménager des espaces de
chute suffisamment vastes et à ne pas placer les sauts à proximité
de rochers ou dans une pente où les coureurs arrivent à pleine
vitesse. Quand il se lance lui-même sur de tels parcours, il prend
des mesures nettement plus rigoureuses que le « citadin » Werner
Gämperli : un casque intégral lui couvre le visage – à commencer
par les mâchoires –, mais aussi des protège-genoux, des protègecoudes,
une protection dorsale et des lunettes spéciales.
Deux façons différentes de rouler, certes, mais avec des points
communs pour nos deux vététistes : l’un et l’autre contrôlent avant
chaque sortie la pression des pneus, les freins, les vis et écrous de
fixation ainsi que la fourche à suspension de leur vélo. Ils s’accordent
d’ailleurs à dire : « La prévention est importante : nous
préférons nettement être en selle qu’à bord d’un hélicoptère de
la Rega ! »
Francesco Argenton
Conseils de sécurité pour
les vététistes
1. Porter un casque
2. Porter des gants longs
3. Porter des lunettes de sport
4. Porter une protection dorsale
5. Choisir un vélo adapté à ses capacités
6. Faire contrôler son vélo régulièrement par un spécialiste
7. Choisir son itinéraire en fonction de ses capacités
8. Préparer ses sorties à l’aide de cartes détaillées
9. Adapter sa vitesse
10. Garder constamment les mains sur les freins dans
les descentes

Grand concours
Ton dessin pour l’anniver-
Ton dessin:
saire de la Rega
Ton dessin doit être réalisé sur une feuille A4 au format
horizontal. Laisses libre cours à ton imagination et utilises
tant crayons, peinture que collages. L’essentiel ?
Ton dessin doit représenter la Rega.
Ton œuvre doit nous parvenir d’ici au 18 juillet 2011.
Inscris ton nom, prénom, adresse et numéro de téléphone
ainsi que ta date de naissance au verso de ton dessin et
envoie-le nous, sans le plier, à l’adresse suivante:
Garde aérienne suisse de sauvetage Rega
«Concours de dessin»
Case postale 1414
8058 Zurich-Aéroport
Les gagnants:
Un jury sélectionnera les douze meilleurs dessins parmi
tous les envois. Dès le 1 er août 2011, les douze œuvres
fi nalistes seront publiées sur le site Internet de la Rega
à l’adresse suivante : www.concours.rega.ch. Les
internautes pourront alors voter pour leur image préférée
durant deux semaines. Au fi nal, les trois dessins qui
auront récolté le plus de voix seront primés !
Les prix:
Les trois œuvres primées orneront l’un des sacs de
la Rega en 2012 et seront reproduites sur des cartes
postales couleurs. Les auteurs des trois dessins pourront
choisir un cadeau d’un montant de 100 CHF dans l’offre
de la boutique Rega.
Les douze fi nalistes seront également invités à venir
visiter avec leur famille le Centre Rega situé à l’aéroport
de Zurich (la date sera fi xée ultérieurement) et recevront
un modèle réduit d’hélicoptère de la Rega d’une valeur
de 29 CHF.
Et maintenant, à tes
pinceaux et crayons!
Dominic, 10 ans
Jeremias, 8 ans
Tu as entre cinq et douze ans
et tu aimes dessiner? La Rega
fête son soixantième anniversaire
l’an prochain. Pour l’occasion,
fais-lui un joli dessin et participe
à notre grand concours.
Dylan, 5 ans
Les coulisses de la Rega
Conditions de participation
Sont autorisés à participer les enfants âgés de cinq à douze ans (année de naissance jusqu’à 1999 comprise) domiciliés en Suisse. En sont exclus les enfants des collaborateurs de la Rega. Les fi nalistes et
gagnants seront avertis par écrit. Aucun prix ne sera versé en espèces. Tout recours juridique est exclu. Chaque participant ne peut présenter qu’un seul dessin. Le dessin doit être une création personnelle
et ne doit pas contenir d’éléments réalisés par des tiers qui violeraient les droits d’auteur. En acceptant que leur enfant participe au concours, les parents cèdent gracieusement à la Rega la totalité des
droits d’auteur et des droits sur le design relatifs à l’œuvre de leur enfant. Ils acceptent également que la photo et le nom de leur enfant apparaissent dans les différents médias de la Rega, si ce dernier fait
partie des fi nalistes ou des gagnants. Les dessins originaux des douze fi nalistes restent en la possession de la Rega et peuvent être utilisés librement par celle-ci. Les autres participants peuvent récupérer
leurs dessins originaux s’ils en expriment le vœu et joignent à cet effet à leur envoi une enveloppe préaffranchie.
25

Suisse romande
Regarder vers l’avenir : la philosophie d’Adrien, accidenté à trois reprises.
Greffe du cuir chevelu en 1 ère mondiale au CHUV
Se réapproprier
l’image de soi
Le sort s’acharne sur Adrien, agriculteur vaudois. Une journée
pluvieuse de juin se termine pour lui par une intervention
chirurgicale majeure. La présence d’esprit du jeune marié et
l’efficience des partenaires de sauvetage contribuent au résultat,
inespéré !
Les travaux agricoles battent leur plein dans le Nord Vaudois en
ce samedi 6 juin 2009. Avant de terminer sa journée, Adrien tient à
nettoyer son épandeuse à fumier à l’aide d’un laveur haute pression.
La saleté déposée sur l’essieu arrière est tenace, il se penche pour
mieux y accéder. Une erreur d’appréciation, sa longue chevelure
noire se prend dans l’axe. Le destin frappe à nouveau ! Sévèrement
brûlé sur le crâne à 13 mois, balafré à la joue par une tronçonneuse
à l’âge de 4 ans, Adrien voit à 35 ans sa vie basculer une nouvelle
fois. Une vive douleur, le sentiment de perdre une partie de soi…
Avec sang froid, le malheureux se précipite pour arrêter la
machine tournant à 300 tours/minute, monte sur le marchepied du
tracteur pour s’entrevoir dans le rétroviseur. Il tente ensuite en vain
de contacter son épouse, Mélanie, à l’aide de son portable et parvient
après plusieurs essais à joindre la compagne de son père : « Appelle
une ambulance, je suis scalpé… ». Adrien saigne, mais ne ressent
pas de douleur particulière, juste une immense colère de rester à vie,
et de par sa faute, « l’homme à la casquette ».
Une question de minutes
Son épouse prévenue entre-temps se précipite sur les lieux ;
elle ne pouvait imaginer une telle vision ! Arrivés à 17h40, les ambulanciers
des eHnv (Etablissements Hospitaliers du Nord Vaudois)
posent très vite pansements et perfusions et décident d’appeler
la Rega. L’hélicoptère de la base de Lausanne se pose à 18h00
à quelques mètres du hangar agricole. Pour le médecin Rega,
le Dr méd. Pierre-Nicolas Carron, aucune atteinte vitale ne menace
le patient à court terme, mais la réimplantation du cuir chevelu
26
nécessite le recours rapide au plateau technique du CHUV (Centre
Hospitalier Universitaire Vaudois). Sans attendre, il contacte le
service de chirurgie plastique et anticipe la venue d’Adrien. Dans
l’intervalle, Daniel Enggist, sauveteur professionnel Rega, dénoue
la chevelure restée sous l’épandeuse, découpe le scalp avec minutie
et l’emballe dans un sachet stérile. A 18h30, Laurent Racine, pilote,
pose l’Eurocopter EC 145 sur l’héliport lausannois. L’équipe du
service de chirurgie plastique attend l’équipage aux urgences.
La Dr esse Perno-Jonna, médecin de garde ce samedi là, a alerté
un de ses confrères, le Dr méd. Moez Beldi, en congé en Valais.
Dans l’attente de sa venue, elle nettoie pendant près d’une heure le
cuir chevelu, en vue de sa réimplantation. A 20h45, Adrien entre
en salle d’opération. Fatigué par la perte de sang et les calmants
administrés, il ne formule qu’un souhait : « conduire son nouveau
tracteur ». L’intervention dure plus de dix heures et se solde par une
totale réussite, une 1ère mondiale ! « Aucune littérature médicale ne
relate à ce jour un cas semblable, une greffe de peau originale à si
grande échelle reste rarissime », précise le Prof. Wassim Raffoul,
chef du service de chirurgie plastique du CHUV.
Microchirurgie, travail d’orfèvre
La difficulté réside à suturer les vaisseaux arrachés un à un.
Après les avoir identifiés à l’aide d’un microscope de pointe,
le Dr méd. Beldi utilise la technique de suture graduelle, du plus
grand au plus petit, de l’ordre du 1 ⁄3 de mm... Resté par une chance
inouïe d’une pièce, le scalp est ainsi refixé à la boîte crânienne.
Adrien quitte l’hôpital après deux semaines, impatient de retrouver
son bétail. Après plusieurs mois, seules de minimes séquelles subsistent
au niveau des glandes lacrymales. Les cicatrices peu apparentes
et l’expression du front retrouvée permettent à Adrien de
reprendre, petit à petit, possession de son image. Il se souvient de la
qualité d’écoute et de la franchise des soignants : « Chacun a su dans
l’urgence prendre le temps ». Mélanie relève le soutien inconditionnel
de la Dr esse Perno et ne peut oublier la phrase d’une infirmière :
« Vous allez retrouver votre mari comme il était avant ! ».
Le patient en ligne de mire
Cette intervention inhabituelle démontre la parfaite coordination
des partenaires de la chaîne des secours : rapide prise en charge
des ambulanciers, clairvoyance et anticipation de l’équipage Rega,
excellence des urgences et du service de chirurgie plastique du
CHUV. Pour le Prof. Raffoul, « la solidarité » est le maître-mot de
ce succès. « Le patient est au centre de notre travail quotidien, il
l’emporte sur toute considération pécuniaire. Seul l’engagement
solidaire de tous les intervenants conduit à la réussite ! ».
Marie-Christine Repond

Voler seul mais en équipe
Voler sans autre assistance qu’une aile sur le
dos et une poignée de gaz. Voler en se dirigeant
uniquement par les mouvements de son corps.
Voler à 250 kilomètres à l’heure, avec pour seule
limite la quantité de carburant…
Pour beaucoup, ce qui est parfaitement
naturel chez un oiseau semble dangereux, à la
limite de l’inconscience voire même fou pour un
homme. Nombreux sont ceux qui considèrent
que je prends des risques inconsidérés, risquant
ma vie à chaque envol.
Bien sûr, ma passion m’éloigne de la pétanque
dominicale ou du jeu de cartes ! Mais le sentiment
de sécurité qui m’habite lors de mes vols est le
fruit d’un ensemble de précautions : des études,
évaluations et préparation de plans me permettent
de strictement définir et limiter le danger. Et surtout,
d’une équipe technique qui met tout en
œuvre pour prévenir les éventuels problèmes et
y remédier s’ils surviennent.
Impossible, même pour le meilleur des pilotes,
de prendre place sous mon aile sans une
préparation spécifique. Avant de voler, il faut
savoir atterrir en parachute. Equipé de mon aile,
même vide de tout carburant, je pèse 50 kilos
de plus qu’un parachutiste normal. Il est donc
primordial de bénéficier d’une solide expérience
en la matière. L’aile – après une dizaine d’années
d’expérimentations empiriques – a été développée
en soufflerie chez RUAG, entreprise suisse
d’aéronautique, ce qui lui donne une stabilité
garante de sécurité. Finies les oscillations et les
vibrations parasites qui demandaient toute ma
concentration et toute mon énergie il y a quelques
années. Avant le décollage, tous les paramètres
sont auscultés, et la moindre hésitation d’un
réacteur interrompt ma tentative.
Lorsque j’évolue, tout paraît facile. Un mouvement
de la tête et je tourne, monte ou descends.
Mais la faible force d’inertie de l’aile implique
des réactions très vives à toutes les sollicitations.
Elle réagit au moindre mouvement et peut devenir
incontrôlable.
Il n’est pas rare que je sois parti en vrille,
en particulier avec les prototypes précédents.
Mais là encore, les mesures de sécurité sont très
strictes. Je dispose de 3 parachutes. Deux pour
moi et un réservé à l’aile pour le cas où je devrais
la larguer. Ce qui est arrivé plusieurs fois, lorsque
instable à mon altitude de sécurité, j’ai dû abandonner
l’aile et me poser en urgence. C’est un
altimètre sonore qui m’indique l’altitude critique
à laquelle je parviens. Et là encore – mesure
sécuritaire essentielle – il arrive un moment où il
n’est plus question de réfléchir : seul un réflexe
salvateur, répété des centaines de fois, évite de
mettre ma vie en danger.
L’imprévu, je l’ai connu de nombreuses fois.
Certains très cruels, comme lors de la préparation
d’un grand airshow à Al-Ain lorsque la
sangle du parachute de mon aile a cédé, et qu’elle
s’est écrasée. Détruite. Mais celui où l’importance
de la préparation et des professionnels dont
je m’entoure a été la plus vitale est certainement
la tentative de traversée du détroit de Gibraltar
par la partie océanique. Gêné par une visibilité
médiocre, incapable de remonter au-dessus des
nuages, j’ai dû mon salut aux hélicoptères de la
marine espagnole qui veillaient sur moi : ils
m’ont retrouvé grâce au SOS de ma Breitling
Emergency. Cette montre a la particularité d’être
dotée d’un émetteur capable de lancer un signal
de détresse aux aéronefs et bateaux des environs.
Le premier homme à avoir bénéficié de cette
technologie dans une opération de sauvetage est
par ailleurs un parachutiste suisse. Ce jour-là,
tiré d’une eau à 12 degrés dans des vagues de
plus d’un mètre, j’ai pensé aux sauveteurs de la
Rega qui, en quelques minutes, apportent la
médecine d’urgence sur le lieu d’intervention,
quelle que soit la nature du problème à prendre
en charge.
Grand amateur de sports de glisse, grand
voyageur à travers le monde, j’ai alors eu une
pensée pour tous ceux qui me permettent d’écrire
aujourd’hui ces lignes et sur lesquels – même si
j’espère ne jamais en avoir besoin – je sais pouvoir
compter.
Yves « Jetman » Rossy
Homme volant
Invité
27

Histoire
Panne de moteur, atterrissage d’urgence et remorquage spectaculaire
1965 – sauvetage aérien pour…
un avion de sauvetage
Avec à son actif plus de 10 000 atterrissages et décollages sur
la neige et la glace engadinoises, le pilote et hôtelier de Saint-Moritz
Fredy Wissel avait déjà secouru maintes personnes en détresse.
Ce jour-là, c’est son avion, tombé en panne de moteur, qui a dû être
délivré du glacier au cours d’une spectaculaire opération de remorquage.
Unique dans l’histoire :
opération de remorquage d’un avion tombé
en panne de moteur sur un glacier.
28
Moteur bloqué, le train d’atterrissage profondément
enfoncé dans la neige : le « Brigadyr »
HB-EZC attend les secours à près de 3000
mètres d’altitude, dans la solitude du glacier de
Pers, situé à une bonne vingtaine de kilomètres
de Samedan. Le « Brigadyr » a beau être un
avion léger, ses 1000 kilos représentent tout de
même un défi de taille pour un sauvetage dans de
telles conditions ! En particulier car, dans les
années 60, il n’y avait pas encore d’hélicoptères
de transport aussi performants qu’aujourd’hui.
Un claquement sec et l’hélice s’arrête
En ce jour ensoleillé du mois de mars 1965,
Fredy Wissel et ses passagers – un couple d’Allemands
séduits par le panorama grandiose du
massif de la Bernina – décident d’aller y faire un
tour en avion. La visibilité est parfaite et tout se
passe à merveille jusqu’à ce que, soudain, un
claquement sec retentisse et l’hélice s’arrête de
tourner. On n’entend alors plus que le sifflement

du vent : impossible de redémarrer le moteur,
et un vol plané jusqu’à Samedan est hors de question.
Wissel n’a pas d’autre choix que d’effectuer
un atterrissage d’urgence sur le glacier de Pers.
Grâce à son talent de pilote et à sa connaissance
des lieux, il y parvient aisément. Aucun blessé
n’est à déplorer et les guides de montagne ramèneront
tout le monde sain et sauf le jour même
dans la vallée. Mais il reste un problème de
taille : muni d’un ancrage provisoire contre le
vent, l’avion bloqué attend, seul, sur le glacier.
Des secours venus du Valais
Des jours durant, Wissel cherche une solution
pour sauver son avion. Finalement, son collègue
valaisan Hermann Geiger – lui aussi pionnier
du sauvetage aérien – lui viendra prêter
main forte. Parti de Sion, il atterrit avec son
Pilatus Porter flambant neuf à Samedan. Les
deux pilotes imaginent alors une opération de
secours inédite : Geiger atterrira sur le glacier,
Hermann Geiger démêle les cordes de remorquage avant le décollage.
remorquera l’avion en panne jusqu’au-dessus de
Samedan, lieu où il larguera Wissel qui fera
atterrir son « Brygadyr » en vol plané.
Geiger et Wissel mettent au point les détails
de l’opération, calculent les distances de dé-
collage, bricolent un système de fixation et un
dispositif de largage efficaces de la corde de remorquage,
tout en surveillant attentivement
l’évolution de la météo.
Mais il ne faudrait surtout pas que l’Office
fédéral de l’air de l’époque, à Berne, ait vent de
leur projet, car il le leur interdirait aussitôt !
L’opération de remorquage est lancée
Le 29 mars 1965, tout est prêt. Les assistants
de Wissel sont montés sur le glacier pour dégager
l’avion de la neige et le débarrasser de tout matériel
inutile, afin de l’alléger au maximum.
L’essence et l’huile sont pompées dans des bidons.
Ils ont également balisé la « piste de décollage
» et planté un drapeau dans la neige pour
Histoire
Hermann Geiger
27.10.1914 – 26.8.1966
1939 brevet de pilote
1951 premier atterrissage
sur glacier au Kanderfirn
1957 pilote d’hélicoptère à la
Garde aérienne de sauvetage
9000 heures de vol en avion
2600 heures de vol en hélicoptère
Hermann Geiger, un des pionniers
de l’aviation professionnelle et du
sauvetage aérien en montagne,
fut le premier pilote en chef de
la Rega puis devient cofondateur
d’Air-Glaciers en Valais.
En reconnaissance de ses mérites,
le pape Jean XXIII le décora de
l’ordre de Saint-Grégoire en 1959.
Au cours des plus de 600 sauvetages
aériens menés tant en avion
qu’en hélicoptère, Geiger a secouru
maintes personnes en détresse.
Ses interventions étaient connues
loin à la ronde grâce à la radio,
au cinéma et à la télévision.
A l’époque, en Suisse, il était un
véritable héros national.
Hermann Geiger est décédé le
26 août 1966 suite à une collision
avec un autre avion sur la piste
de l’aéroport de Sion.
29

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Hermann Geiger, à bord de son Pilatus Porter, remorque le « Brygadyr » de Fredy Wissel jusqu’à Samedan.
marquer le point de non-retour : au-delà, si
l’avion de Wissel n’est toujours pas en l’air,
Geiger devra le larguer, le laissant à son destin.
L’issue, pour son ami, serait alors fatale.
Dernière vérification des cordes, des fixations
et du dispositif de largage. Avant de monter dans
leur avion respectif, Geiger et Wissel se serrent la
main une dernière fois et se regardent sans mot
dire : ils savent qu’ils ne peuvent plus reculer.
Geiger pousse les gaz à fond, les cordes se
tendent et les deux machines glissent vers la
vallée. Au soulagement général, le duo se re-
De retour à Samedan, assistants et pilotes trinquent au succès de l’opération.
trouve rapidement dans les airs et disparaît en
direction de Samedan. Le reste n’est que routine :
largué au-dessus de l’aéroport, Wissel amorce
son vol plané et atterrit sur la piste 21 comme si
de rien n’était – sauf que l’hélice est à l’arrêt !
Une petite fête réservée aux participants de
l’aventure clôt en beauté cet exploit aérien et
console les deux pilotes du blâme reçu de l’Office
fédéral de l’air, parvenu le jour-même à
Samedan pour leur ordonner de ne plus jamais
rien tenter d’aussi téméraire.
Walter Stünzi
Fredy Wissel
10.3.1905 – 20.3.1994
Histoire
1939 brevet de pilote de planeur
1946 brevet de pilote
1950 premier atterrissage en
montagne à la Corviglia
(alt. 2400 m)
Hôtelier à Saint-Moritz,
Fredy Wissel était aussi un pilote
passionné.
Victor Hug, pilote militaire et
sauveteur aérien au glacier du
Gauli en 1946, lui a très tôt
enseigné la technique d’atterrissage
en montagne.
Premier pilote sur glaciers
de l’aviation civile suisse,
Wissel accomplit les premières
missions de sauvetage pour
la Rega.
En mission pour la Rega, Wissel
a secouru, durant sa carrière de
pilote, des dizaines de personnes
et d’animaux dans les montagnes
de l’Engadine.
31

P.P. / Journal
CH-1019 Lausanne
Rega, PF 1414, 8058 Zürich-Flughafen
Service donateurs
Jour et nuit, en Suisse comme à l’étranger – vous pouvez compter sur nous
Votre soutien est précieux !
Peut-être figurez-vous parmi nos donatrices et donateurs fidèles, auquel cas nous vous en
remercions sincèrement. « Heureusement, je n’ai encore jamais eu besoin de la Rega » – voilà
une pensée qui vous a peut-être déjà traversé l’esprit. Or, un regard par-dessus l’épaule d’un
lecteur de journal montre à quel point la Rega est souvent présente au cœur de l’action et
de nos vies…
Au Tessin…
L’A2 en direction du Gothard
a dû être fermée pendant
plusieurs heures. Grâce à l’intervention
rapide des services de
sauvetage…
Au bord du Léman…
Après sa naissance prématurée
au Montreux Jazz Festival,
la petite Valérie a été transférée
par hélicoptère à Lausanne pour
la suite de son traitement…
A Las Palmas…
La plupart des membres du
groupe de plongée ont bénéficié
d’une prise en charge médicale
sur place. Quant au couple
suisse, il a été rapatrié dans les
meilleurs délais par la Rega…
A la lecture de l’article sur le Tessin, l’automobiliste qui est en vous se rappelle ses dernières vacances
en Italie. En tant que parent, vous êtes soulagé d’apprendre que la soirée au festival de jazz s’achève
avec une issue heureuse. Globe-trotteur, vous êtes content d’avoir bien préparé votre prochain voyage à
l’étranger.
Que votre attachement à la Rega relève d’un acte solidaire ou résulte d’une expérience personnelle,
votre contribution de donateur nous permet de porter secours et assistance à toute personne tributaire de
notre aide.
René Fritschi
Responsable de la Centrale des donateurs
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