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25.06.2013 Views

BRIEFER Elodie Stage Paimpont Mai 2004 CARPENTIER Emilie DEPREZ Julien GUGLIELMINI Julien GUITON Samuel LEMAIRE Tiphaine Maîtrise de Biologie des Populations et des Ecosystèmes Organisation sociale des fourmis par la mise en évidence d'une coopération réalisée pour différentes activités à travers l'étude d'un réseau de fourmilières Hölldobler B. et Wilson E.O., 1994, Voyage chez les fourmis, Science ouverte, seuil.

BRIEFER Elodie Stage Paimpont Mai 2004<br />

CARPENTIER Emilie<br />

DEPREZ Juli<strong>en</strong><br />

GUGLIELMINI Juli<strong>en</strong><br />

GUITON Samuel<br />

LEMAIRE Tiphaine<br />

Maîtrise de Biologie <strong>des</strong> Popu<strong>la</strong>tions et <strong>des</strong> Ecosystèmes<br />

<strong>Organisation</strong> <strong>sociale</strong> <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong><br />

<strong>par</strong> <strong>la</strong> <strong>mise</strong> <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce d'une coopération réalisée pour<br />

différ<strong>en</strong>tes activités à travers l'étude d'un réseau de<br />

fourmilières<br />

Hölldobler B. et Wilson E.O., 1994, Voyage chez les <strong>fourmis</strong>, Sci<strong>en</strong>ce ouverte, seuil.


I-Introduction<br />

Bi<strong>en</strong> que ce<strong>la</strong> ne semble pas évid<strong>en</strong>t de prime abord, l'intérêt individuel passe <strong>par</strong>fois <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

coopération. Les exemples abond<strong>en</strong>t, dans tous les règnes. Mais les cas réels de vie <strong>en</strong> société sont plus<br />

rares, étant donnée <strong>la</strong> complexité de ce type de comportem<strong>en</strong>ts. On les retrouve tout de même chez les<br />

animaux, Vertébrés et Invertébrés. Chez ces derniers, le niveau d'organisation <strong>sociale</strong> le plus élevé est<br />

atteint <strong>par</strong> l'Ordre <strong>des</strong> Hyménoptères sociaux (Fourmis, abeilles, guêpes, bourdons) ainsi que <strong>par</strong> l'Ordre <strong>des</strong><br />

Isoptères (Termites). Ces insectes font <strong>par</strong>tie <strong>des</strong> sociétés supérieures définies selon trois critères (9) :<br />

-Individus d'une même société qui coopèr<strong>en</strong>t aux soins <strong>des</strong> jeunes.<br />

-Exist<strong>en</strong>ce d'un chevauchem<strong>en</strong>t de générations si bi<strong>en</strong> que les <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dants assist<strong>en</strong>t leurs <strong>par</strong><strong>en</strong>ts<br />

dans l'élevage <strong>des</strong> jeunes.<br />

-Exist<strong>en</strong>ce de castes spécialisées dans <strong>la</strong> reproduction aboutissant à une division du travail.<br />

Toute forme de vie <strong>sociale</strong> est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du indissociable d'un mode de communication efficace qui se<br />

caractérise chez les <strong>fourmis</strong> <strong>par</strong> <strong>des</strong> échanges d'informations <strong>par</strong> <strong>des</strong> signaux visuels, gustatifs, acoustiques,<br />

tactiles, et surtout olfactifs afin de permettre le fonctionnem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> société. Ces échanges peuv<strong>en</strong>t avoir<br />

lieu à différ<strong>en</strong>ts niveaux, inter et intraspécifique, témoignant d'une coopération <strong>en</strong>tre fourmilières aussi bi<strong>en</strong><br />

qu'au sein de <strong>la</strong> fourmilière. La littérature rec<strong>en</strong>se même <strong>des</strong> phénomènes de coopération avec d'autres<br />

insectes, <strong>par</strong>ticulièrem<strong>en</strong>t dans le cadre de <strong>la</strong> collecte de nourriture.<br />

Ces interactions illustr<strong>en</strong>t le haut degré de complexité de l'organisation <strong>sociale</strong> <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong>, et constitu<strong>en</strong>t le<br />

sujet de cette étude.<br />

II-Matériel et métho<strong>des</strong><br />

1) Cartographie et id<strong>en</strong>tification <strong>des</strong> espèces de fourmi<br />

En arrivant sur le site, il faut <strong>en</strong> premier lieu repérer les fourmilières afin de délimiter le terrain<br />

d'étude <strong>en</strong> fonction <strong>des</strong> nids prés<strong>en</strong>ts. Une fois les fourmilières repérées, une cartographie de <strong>la</strong> végétation<br />

dans <strong>la</strong> zone délimitée est réalisée, et les espèces de <strong>fourmis</strong> prés<strong>en</strong>tes id<strong>en</strong>tifiées. Notre site se situe à 950<br />

mètres <strong>en</strong>viron au Nord, Nord-Est <strong>par</strong> rapport aux bâtim<strong>en</strong>ts de TP.<br />

a) Détermination <strong>des</strong> espèces<br />

Une demi-douzaine de <strong>fourmis</strong> pour chaque fourmilière observée est capturée, à l'aide d'un<br />

aspirateur d'<strong>en</strong>tomologiste. Cette méthode prés<strong>en</strong>te deux inconvéni<strong>en</strong>ts majeurs: les <strong>fourmis</strong> peuv<strong>en</strong>t<br />

émettre de l'acide formique très désagréable, il est donc conseillé de ne pas aspirer trop souv<strong>en</strong>t dans ce cas,<br />

et les <strong>fourmis</strong> très rapi<strong>des</strong> sont difficiles à attraper. Les individus capturés sont <strong>en</strong>suite sacrifiés dans de<br />

l'alcool éthylique, puis observés sous loupe binocu<strong>la</strong>ire afin de pouvoir déterminer l'espèce. La<br />

détermination se fait à l'aide du petit guide pratique pour <strong>la</strong> détermination <strong>des</strong> principales espèces de<br />

<strong>fourmis</strong> de suisse (5). Des <strong>fourmis</strong> r<strong>en</strong>contrées dans le site d'étude peuv<strong>en</strong>t être égalem<strong>en</strong>t capturées et<br />

id<strong>en</strong>tifiées, bi<strong>en</strong> que <strong>la</strong> fourmilière n'ait pu être repérée. La couleur <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> est notée avant d'être <strong>mise</strong><br />

dans l'alcool, <strong>en</strong> raison de <strong>la</strong> perte de couleur <strong>par</strong> l'alcool, qui est un <strong>des</strong> critères de <strong>la</strong> détermination <strong>des</strong><br />

espèces.<br />

Dans notre site, trois espèces de fourmi ont été r<strong>en</strong>contrées : Formica rufa, Lasius niger et<br />

Tetramorium caespitum.<br />

b) Situation géographique <strong>des</strong> fourmilière<br />

La structure de <strong>la</strong> fourmilière est un facteur très important pour <strong>la</strong> survie de l'espèce. La<br />

construction va permettre à <strong>la</strong> société de passer <strong>la</strong> mauvaise saison à l'abri du froid et d'établir une<br />

régu<strong>la</strong>tion thermique pour <strong>la</strong> saison chaude (2). Les nids sont ainsi installés <strong>en</strong> fonction du v<strong>en</strong>t, et<br />

principalem<strong>en</strong>t à l'orée <strong>des</strong> bois.<br />

Pour les fourmilières de Formica rufa, <strong>la</strong> hauteur, <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur et <strong>la</strong> longueur <strong>des</strong> dômes, sont mesurées et les<br />

fourmilières ori<strong>en</strong>tées d'après <strong>la</strong> p<strong>en</strong>te du dôme, de même que l'angle <strong>des</strong> dômes <strong>par</strong> rapport au sol.


Les nids sont égalem<strong>en</strong>t p<strong>la</strong>cés selon les sources de nourriture et de matériaux de construction, qui<br />

pourrai<strong>en</strong>t se trouver à proximité bi<strong>en</strong> que les <strong>fourmis</strong> <strong>par</strong>cour<strong>en</strong>t de longues distances.<br />

Ainsi, <strong>la</strong> végétation (tronc, arbre), les variables <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales, les sources de nourriture pouvant <strong>en</strong>trer<br />

<strong>en</strong> interaction avec les fourmilières ont été étudiées. Pour les quatre fourmilières (F1, F2, F4 et F5), qui sont<br />

très proches les unes <strong>des</strong> autres, les résultats ont été reportés sur un <strong>des</strong>sin afin de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les<br />

différ<strong>en</strong>ts réseaux de pistes reliant les fourmilières et les sources <strong>en</strong>tre elles.<br />

2) <strong>Organisation</strong> <strong>sociale</strong><br />

Les <strong>fourmis</strong> sont <strong>des</strong> insectes sociaux, ce qui implique l'exist<strong>en</strong>ce dans une même colonie<br />

d'individus d'aspects qui peuv<strong>en</strong>t être radicalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>ts, <strong>par</strong> <strong>la</strong> taille et <strong>la</strong> forme. On <strong>par</strong>le de castes.<br />

Ces différ<strong>en</strong>ces de taille sont corrélées avec <strong>la</strong> fonction de chacune <strong>des</strong> castes. Selon <strong>la</strong> caste, on peut<br />

observer une ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong> tâches et une spécialisation de fonction (8).<br />

a) Observation <strong>des</strong> castes<br />

Afin de déterminer les différ<strong>en</strong>tes castes <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce dans les fourmilières, <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> du dôme F1<br />

(pour Formica rufa) sont prélevées et <strong>la</strong> taille mesurée depuis <strong>la</strong> tête jusqu'à l'abdom<strong>en</strong> à l'aide d'une loupe<br />

micrométrique. Pour être le plus précis possible, un grand nombre de <strong>fourmis</strong> (38 <strong>fourmis</strong>) est pris, étant<br />

ainsi représ<strong>en</strong>tatif <strong>des</strong> castes prés<strong>en</strong>tes. Sachant que le prélèvem<strong>en</strong>t est réalisé au-<strong>des</strong>sus de <strong>la</strong> fourmilière,<br />

les individus r<strong>en</strong>contrés seront principalem<strong>en</strong>t neutres (asexués), puisque l'essaimage <strong>des</strong> individus sexués<br />

se fait de juin à septembre (1). L'observation va permettre de savoir s'il existe un nombre de castes bi<strong>en</strong><br />

précis au sein <strong>des</strong> neutres, ou si ces <strong>fourmis</strong> sont ré<strong>par</strong>ties <strong>en</strong> un continuum ne permettant pas de dénombrer<br />

les castes.<br />

Des individus sexués, ailés et non ailés, ont pu être relevés <strong>en</strong> petit nombre autour <strong>des</strong> fourmilières<br />

(F1 et F2), et ainsi mesurés.<br />

b) Ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong> tâches<br />

Afin de savoir si les différ<strong>en</strong>tes castes ont <strong>des</strong> fonctions déterminées (cas <strong>des</strong> ouvrières et <strong>des</strong><br />

soldats), trois expéri<strong>en</strong>ces sont réalisées <strong>en</strong> <strong>par</strong>allèle, où <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> sont prélevées et mesurées de <strong>la</strong> tête à<br />

l'abdom<strong>en</strong>, <strong>par</strong> deux séries de dix (au minimum).<br />

• Entreti<strong>en</strong> du dôme : dans <strong>la</strong> fourmilière, les <strong>fourmis</strong> qui transportai<strong>en</strong>t du matériel de construction pour<br />

le nid ont été prélevées à l'aide d'une pince ou de l'aspirateur à fourmi.<br />

• Prise du miel<strong>la</strong>t : les <strong>fourmis</strong> montantes et <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dantes dans le pin, proche de <strong>la</strong> fourmilière F1, sont<br />

relevées et mesurées.<br />

• Attaque et transport <strong>des</strong> ch<strong>en</strong>illes : les <strong>fourmis</strong> qui transportai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> proies, type ch<strong>en</strong>ille ou pupe, ont<br />

égalem<strong>en</strong>t été prises, ainsi que les <strong>fourmis</strong> attaquant les ch<strong>en</strong>illes qui étai<strong>en</strong>t <strong>mise</strong>s sur le dôme ou à<br />

proximité.<br />

Les tâches comme l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>des</strong> galeries, de <strong>la</strong> loge royale et du couvain, nourrir <strong>la</strong> reine et évacuer<br />

les déchets ne pourront pas être observées, car il faudrait év<strong>en</strong>trer une <strong>des</strong> fourmilière pour voir ce qui ce<br />

passe à l'intérieur, ce qui n'est pas notre but.<br />

3) La microclimatologie<br />

Les <strong>par</strong>amètres microclimatiques sont <strong>des</strong> facteurs importants jouant un rôle dans l'organisation<br />

structurale <strong>des</strong> fourmilières, et leurs activités.<br />

a) Paramètres climatiques<br />

Un suivi climatique est réalisé pour les trois fourmilières F1, F2 et F4 sur une journée. Trois


<strong>par</strong>amètres ont été mesurés toutes les 30 minutes de 9h15 à 11h45, et de 13h30 à 17h30:<br />

• La température à l'intérieur et à l'extérieur <strong>des</strong> fourmilières à l'aide d'un thermomètre à alcool.<br />

• La vitesse du v<strong>en</strong>t, avec un anémomètre ori<strong>en</strong>té au Sud-Est, dans le s<strong>en</strong>s <strong>des</strong> p<strong>en</strong>tes <strong>des</strong> dômes.<br />

• L'humidité de l'air ambiant et au-<strong>des</strong>sus de chaque fourmilière, grâce à un hygromètre (LICOR).<br />

Ces <strong>par</strong>amètres pourront être mis <strong>en</strong> re<strong>la</strong>tion avec les flux, traduisant l'activité journalière <strong>des</strong><br />

<strong>fourmis</strong>.<br />

b) Microclimat lumineux, et ombrage<br />

Une technique de photographie hémisphérique est réalisée à l'aide d'un ap<strong>par</strong>eil photo numérique à<br />

objectif « Fish-eye », ori<strong>en</strong>té vers le nord. Avec le logiciel GLA (Gap Light Analyser), les images sont<br />

analysées et utilisées pour estimer les principaux <strong>par</strong>amètres de structure du couvert :<br />

• Ouverture de <strong>la</strong> canopée (%)<br />

• LAI (Leaf Area Index) : indice foliaire<br />

• Rayonnem<strong>en</strong>t arrivant sur les fourmilières (MJ/m²/j)<br />

• Rapport <strong>en</strong>tre le rayonnem<strong>en</strong>t transmis et le rayonnem<strong>en</strong>t incid<strong>en</strong>t (%)<br />

Ces <strong>par</strong>amètres r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte pour l'ori<strong>en</strong>tation et <strong>la</strong> structure <strong>des</strong> nids de Formica rufa.<br />

4) Activité journalière <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong><br />

Les <strong>fourmis</strong> <strong>des</strong> bois ont un rythme journalier d'activité qui dép<strong>en</strong>d <strong>en</strong> grande <strong>par</strong>tie <strong>des</strong> facteurs<br />

climatiques (2). Les activités principales sont celles de <strong>la</strong> récolte <strong>des</strong> proies et de miel<strong>la</strong>t, ainsi que l'apport<br />

de matériel de construction, l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> et <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> température, l'aération de <strong>la</strong> fourmilière. Il<br />

existe ainsi <strong>des</strong> flux continus de <strong>fourmis</strong> vers les sources de matériaux, de nourriture et égalem<strong>en</strong>t sur les<br />

pistes reliant les fourmilières <strong>en</strong>tre elles. L'activité journalière d'une fourmilière peut donc être estimée au<br />

moy<strong>en</strong> <strong>des</strong> flux. Avant de pouvoir les mesurer, il a fallu observer les pistes qui existai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les<br />

différ<strong>en</strong>tes fourmilières.<br />

Les flux sortant et <strong>en</strong>trant <strong>des</strong> fourmilières F1 et F2 sont mesurés à un <strong>en</strong>droit précis (cf. <strong>des</strong>sin)<br />

toutes les 30 minutes p<strong>en</strong>dant un intervalle de temps de 5 minutes, à l'aide d'un compteur manuel, de 9h15 à<br />

11h45 et 13h30 à 17h30. A <strong>par</strong>tir de ces résultats, le flux <strong>en</strong> individus <strong>par</strong> minute est calculé.<br />

5) Nutrition<br />

a) Préfér<strong>en</strong>ces alim<strong>en</strong>taires<br />

Afin de connaître les préfér<strong>en</strong>ces alim<strong>en</strong>taires <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> étudiées et de pouvoir ainsi réaliser de<br />

manière plus efficace une expéri<strong>en</strong>ce comportem<strong>en</strong>tale de recrutem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dehors de <strong>la</strong> fourmilière,<br />

différ<strong>en</strong>ts alim<strong>en</strong>ts ont été testés: ch<strong>en</strong>illes g<strong>la</strong>bres et velues, vivantes ou mortes, pain et pain d'épices. Ces<br />

substances alim<strong>en</strong>taires ont été déposées au sommet du dôme <strong>des</strong> fourmilières 1, et 2 et <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>en</strong>tre<br />

l'alim<strong>en</strong>t déposé et <strong>la</strong> vitesse de recrutem<strong>en</strong>t a été observée. Le temps <strong>en</strong>tre le dépôt de l'alim<strong>en</strong>t et le<br />

recrutem<strong>en</strong>t de cinq <strong>fourmis</strong> nécessaires à son transport à l'intérieur de <strong>la</strong> fourmilière est mesuré. Les<br />

alim<strong>en</strong>ts ont été c<strong>la</strong>ssés <strong>par</strong> ordre de préfér<strong>en</strong>ce et les plus efficaces pour le recrutem<strong>en</strong>t ont été utilisés dans<br />

l'expéri<strong>en</strong>ce suivante.<br />

b) Récolte du miel<strong>la</strong>t<br />

Des observations réalisées port<strong>en</strong>t sur les flux d'individus montant et <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dant sur une certaine<br />

portion d'un pin. D'une manière générale, les <strong>fourmis</strong> <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dantes prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>des</strong> abdom<strong>en</strong>s gonflés <strong>en</strong><br />

com<strong>par</strong>aison avec les <strong>fourmis</strong> montantes. L'hypothèse <strong>la</strong> plus vraisemb<strong>la</strong>ble est qu'il s'agit d'une piste reliant<br />

une ou plusieurs <strong>des</strong> fourmilières à une source de miel<strong>la</strong>t.<br />

Pour le tester, il a d'abord fallu vérifier qu'il existe une différ<strong>en</strong>ce significative de poids <strong>en</strong>tre les <strong>fourmis</strong><br />

montantes et celles qui <strong>des</strong>c<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t. Des prélèvem<strong>en</strong>ts ont été réalisés, échelonnés dans le temps afin de ne<br />

pas trop perturber ce flux. De plus, il est <strong>par</strong>fois difficile de savoir si <strong>la</strong> fourmi monte ou <strong>des</strong>c<strong>en</strong>d du pin, ou<br />

si une d'<strong>en</strong>tre elles re<strong>des</strong>c<strong>en</strong>d sans avoir pris de miel<strong>la</strong>t. Afin de ne pas obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> résultats biaisés, seuls<br />

les individus prés<strong>en</strong>tant un abdom<strong>en</strong> r<strong>en</strong>flé, reconnaissables aux stries b<strong>la</strong>nches sur l'abdom<strong>en</strong>, ont été


comptabilisés comme <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dant<br />

Au total, soixante <strong>fourmis</strong> ont été prélevées et pesées. Ces pesées ont été réalisées <strong>par</strong> groupe de<br />

cinq, car <strong>la</strong> précision <strong>des</strong> ba<strong>la</strong>nces disponibles ne nous permet pas de déterminer directem<strong>en</strong>t leur poids<br />

individuel. Ces soixante <strong>fourmis</strong> se ré<strong>par</strong>tiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tr<strong>en</strong>te <strong>fourmis</strong> montantes et tr<strong>en</strong>te <strong>fourmis</strong> <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dantes.<br />

Ensuite, à <strong>par</strong>tir du poids de chaque série de cinq, le poids individuel moy<strong>en</strong> est calculé. La moy<strong>en</strong>ne de ces<br />

poids mesurés donne une estimation assez précise.<br />

6) Comportem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong><br />

Dans une étude de comportem<strong>en</strong>t, il est nécessaire au préa<strong>la</strong>ble d'observer le comportem<strong>en</strong>t <strong>des</strong><br />

<strong>fourmis</strong> au sein de leur fourmilière, et lors de leurs différ<strong>en</strong>ts trajets autour de cette fourmilière. Les<br />

différ<strong>en</strong>tes activités de <strong>la</strong> journée peuv<strong>en</strong>t être ainsi connues, et permettre une <strong>mise</strong> <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce de protocoles.<br />

a) Activités individuelles<br />

En suivant le <strong>par</strong>cours de plusieurs <strong>fourmis</strong>, les sources év<strong>en</strong>tuelles de nourriture (miel<strong>la</strong>t et proies)<br />

et les sources de matériaux de construction peuv<strong>en</strong>t être déterminées. Cette observation indique les proies<br />

<strong>des</strong> <strong>fourmis</strong>, ainsi que les matériaux qu'elles utilis<strong>en</strong>t et les activités qu'elles réalis<strong>en</strong>t au cours de <strong>la</strong> journée.<br />

Les pistes sont ainsi repérées de même que les contacts év<strong>en</strong>tuels <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes fourmilières.<br />

Afin d'être sûr <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions s'exerçant <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes fourmilières et espèces de <strong>fourmis</strong>,<br />

plusieurs expéri<strong>en</strong>ces ont été m<strong>en</strong>ées.<br />

b) Marquage <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong><br />

Une cinquantaine de <strong>fourmis</strong> de <strong>la</strong> fourmilière F2 ont été prélevées au <strong>des</strong>sus du nid, à l'aide d'une<br />

pince, puis marquées sur l'abdom<strong>en</strong> avec du tipp-ex®. Pour éviter certaines contraintes aux <strong>fourmis</strong> après ce<br />

marquage, il est nécessaire de <strong>la</strong>isser sécher le b<strong>la</strong>nc quelques secon<strong>des</strong>. Cep<strong>en</strong>dant, cette méthode peut<br />

modifier le comportem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> pour deux raisons : si <strong>la</strong> fourmi est relâchée trop tôt, le b<strong>la</strong>nc n'est<br />

pas sec, et <strong>la</strong> fourmi se colle alors différ<strong>en</strong>tes brindilles traînant sur le sol. Au contraire, si elle est relâchée<br />

trop tard, les phéromones peuv<strong>en</strong>t être modifiées. Il faut donc s'assurer que le comportem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong><br />

marquées n'a pas été changé.<br />

c) Réactions déf<strong>en</strong>se/attaque<br />

Principe du test d'agressivité: Ces tests repos<strong>en</strong>t sur les capacités myrmécé<strong>en</strong>nes à discriminer les<br />

individus ap<strong>par</strong>t<strong>en</strong>ant à leur colonie. Cette reconnaissance s’effectue à <strong>par</strong>tir d’une com<strong>par</strong>aison <strong>en</strong>tre<br />

l’odeur coloniale, qui est apprise p<strong>en</strong>dant une période critique après l’éclosion, et l’odeur du congénère à<br />

id<strong>en</strong>tifier. L’odeur d’un individu dép<strong>en</strong>d principalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> hydrocarbures cuticu<strong>la</strong>ires. Elle est donc liée<br />

<strong>en</strong> <strong>par</strong>tie au génome mais égalem<strong>en</strong>t à <strong>des</strong> facteurs <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux comme <strong>la</strong> nourriture et l’odeur du<br />

milieu. L’hypothèse é<strong>mise</strong> est que <strong>la</strong> confrontation de deux individus de colonies différ<strong>en</strong>tes devrait<br />

conduire à <strong>des</strong> marques d’agressivité. Si <strong>en</strong> revanche ils sont de <strong>la</strong> même colonie, il devrait y avoir<br />

acceptation mutuelle. Dans ce cas si deux <strong>fourmis</strong> de deux nids différ<strong>en</strong>ts s’accept<strong>en</strong>t ce<strong>la</strong> signifie que<br />

les deux nids sont de <strong>la</strong> même colonie, on est alors dans le cadre d’un système polycalique.<br />

Afin de tester l’hypothèse de <strong>la</strong> polycalie chez Formica rufa, une fourmi préa<strong>la</strong>blem<strong>en</strong>t isolée est<br />

introduite sur le nid d'une fourmilière différ<strong>en</strong>te de <strong>la</strong> si<strong>en</strong>ne (expéri<strong>en</strong>ce r<strong>en</strong>ouvelée huit fois). Les réactions<br />

sont dès lors notées. Toutes les confrontations possibles pour les re<strong>la</strong>tions intraspécifiques, <strong>en</strong>tre nos<br />

fourmilières et avec celles <strong>des</strong> autres groupes, ont été réalisées chez Formica rufa. Des re<strong>la</strong>tions<br />

interspécifiques ont égalem<strong>en</strong>t été testés, <strong>en</strong> p<strong>la</strong>çant les <strong>fourmis</strong> <strong>des</strong> espèces Lasius niger et Tetramorium<br />

caespitum sur les nids <strong>des</strong> Formica rufa. Les fourmilières <strong>des</strong> L. niger et T. caespitum n'ayant pas été<br />

découverts, l'expéri<strong>en</strong>ce inverse n'a pas pu être pratiquée.<br />

d) Recrutem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dehors de <strong>la</strong> fourmilière<br />

Afin d’observer le recrutem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dehors de <strong>la</strong> fourmilière, une ch<strong>en</strong>ille g<strong>la</strong>bre vivante a été déposée<br />

à 30cm de <strong>la</strong> F2, cette distance semb<strong>la</strong>nt adéquate pour que <strong>la</strong> probabilité d’observer le phénomène souhaité


soit grande (cf. <strong>des</strong>sin). Ce dépôt a été effectué à un emp<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t exempt de tout passage d’individus<br />

(aucune fourmi n’a été observée à cet <strong>en</strong>droit p<strong>en</strong>dant un intervalle de temps de 10minutes). Une fourmi<br />

prov<strong>en</strong>ant de <strong>la</strong> F2 a <strong>en</strong>suite été déposée sur <strong>la</strong> ch<strong>en</strong>ille, marquant le temps T0. La fin de l’expéri<strong>en</strong>ce est<br />

marquée <strong>par</strong> le temps nécessaire au recrutem<strong>en</strong>t de cinq <strong>fourmis</strong>. Cette manipu<strong>la</strong>tion a été réalisée trois fois<br />

à trois <strong>en</strong>droits différ<strong>en</strong>ts autour de <strong>la</strong> F2.<br />

III-Résultats<br />

1) Les <strong>fourmis</strong> du site et leur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />

a) Description <strong>des</strong> espèces prés<strong>en</strong>tes<br />

Les <strong>fourmis</strong> sont <strong>des</strong> Invertébrés:<br />

Embranchem<strong>en</strong>t : Arthropo<strong>des</strong><br />

C<strong>la</strong>sse : Insectes<br />

Ordre : Hyménoptères<br />

Sous Ordre : Apocrites (groupe <strong>des</strong> Aculéates)<br />

Super Famille : Formicoidea<br />

Famille : Formicidae<br />

Sous-famille: Formicinae( F. rufa et L.niger) et Myrmicinae ( T.caespitum)<br />

Après une observation minutieuse de notre site, qui compr<strong>en</strong>d un mé<strong>la</strong>nge <strong>des</strong> <strong>la</strong>n<strong>des</strong> et <strong>des</strong> sousbois<br />

(cf. cartographie), cinq fourmilières <strong>en</strong> dôme ont été trouvées : quatre (F1, F2 ,F4 et F5), dans les<br />

<strong>la</strong>n<strong>des</strong> à <strong>la</strong> lisière du sous-bois, proches les unes <strong>des</strong> autres, et une éloignée <strong>des</strong> trois autres (F3) au pied d'un<br />

vieux chêne, toujours à <strong>la</strong> lisière <strong>des</strong> sous-bois.<br />

Ces quatre fourmilières ap<strong>par</strong>ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à l'espèce Formica rufa.<br />

Formica rufa ou fourmi rousse <strong>des</strong> bois, est une fourmi de 4 à 9mm pour les neutres, de couleur<br />

rouge et noire. Elle projette un v<strong>en</strong>in très riche <strong>en</strong> acide formique <strong>par</strong> l'extrémité de son abdom<strong>en</strong>, alors<br />

recourbé vers l'avant, quand elle est m<strong>en</strong>acée. Elles édifi<strong>en</strong>t de grands nids <strong>en</strong> dôme, faits de débris<br />

végétaux et situés à l'orée <strong>des</strong> bois. Elle est omnivore, avec une préfér<strong>en</strong>ce pour une nourriture carnée.<br />

Elles sont protégées dans certains pays d'Europe <strong>en</strong> raison de leur rôle dans <strong>la</strong> <strong>des</strong>truction <strong>des</strong> insectes<br />

nuisibles <strong>en</strong> forêt (3).<br />

Des <strong>fourmis</strong> de l'espèce Lasius niger, ont été repérées <strong>en</strong> assez grand nombre mais le nid n'a pu être<br />

id<strong>en</strong>tifié. Cep<strong>en</strong>dant, les <strong>fourmis</strong> trouvées se localisai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> grande majorité au pied d'un vieux chêne, côté<br />

sous-bois. Le nid semblerait se localiser sous <strong>la</strong> mousse, de nombreuses <strong>fourmis</strong> ayant été observées à cet<br />

<strong>en</strong>droit, mais aucun flux de <strong>fourmis</strong> n'a été observé. Cette espèce ne semble pas <strong>en</strong> constituer.<br />

Lasius niger, <strong>la</strong> fourmi noire <strong>des</strong> jardins, est une fourmi de 2 à 5 mm, de couleur brun sombre à<br />

noire. Elle est omnivore, mais avec une préfér<strong>en</strong>ce pour le miel<strong>la</strong>t <strong>des</strong> pucerons. Elle est abondante <strong>par</strong>tout<br />

et peut nicher aussi bi<strong>en</strong> dans les bois, dans les monticules terreux que sous les pierres (3).<br />

Le dernier jour <strong>des</strong> mesures, une troisième espèce a été id<strong>en</strong>tifiée, Tetramorium caespitum, dont<br />

l'<strong>en</strong>trée de <strong>la</strong> fourmilière constituée d'un trou a été observé près de F1. La fourmilière est localisée sous <strong>la</strong><br />

terre.<br />

Tetramorium caespitum mesure de 3 à 4 mm pour les neutres, est de couleur brun foncé à noir, avec<br />

un corps sculpté. Elle est très commune <strong>par</strong>tout, dans les terrains <strong>en</strong>soleillés et secs, argileux ou sablonneux.<br />

Elle construit son nid sous <strong>des</strong> pierres ou dans le sol. Dans ce cas, <strong>la</strong> fourmilière se signale <strong>par</strong> de grands<br />

dômes de terre (1). Aucun grand dôme n'a été observé sur notre site d'étude, ce qui suppose que leur nid se<br />

trouve sous une pierre.<br />

b) Descriptif <strong>des</strong> dômes<br />

Les <strong>fourmis</strong> de l'espèce Lasius niger n'ayant pu être observées que <strong>par</strong> groupes d'individus aux<br />

al<strong>en</strong>tours du chêne, elles n'ont pu être étudiées <strong>en</strong> re<strong>la</strong>tion avec leur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Le comportem<strong>en</strong>t<br />

général n'a donc pas été analysé.


Les dômes de Formica rufa sont constitués de débris végétaux, situés <strong>en</strong>tre les herbes, <strong>la</strong> bruyère,<br />

<strong>des</strong> restes de branches et de troncs d'arbres. Un pin et un chêne sont à proximité de ces quatre nids.<br />

La fourmilière F5, découverte le deuxième jour, est ap<strong>par</strong>emm<strong>en</strong>t construite dans une souche d'arbre<br />

au pied du chêne. Le premier jour, un flux de quelques <strong>fourmis</strong> isolées avait été repéré depuis <strong>la</strong> fourmilière<br />

F4 au chêne, mais aucune fourmi dans <strong>la</strong> souche n'avait été observée. Le l<strong>en</strong>demain, après <strong>des</strong>truction<br />

<strong>par</strong>tielle et accid<strong>en</strong>telle de <strong>la</strong> F4, un grand nombre de <strong>fourmis</strong> occupai<strong>en</strong>t <strong>la</strong> souche et montai<strong>en</strong>t dans<br />

l'arbre. Une <strong>en</strong>trée dans <strong>la</strong> souche a pu être id<strong>en</strong>tifiée.<br />

Mesures <strong>des</strong> dômes de Formica rufa<br />

Fourmilière Ori<strong>en</strong>tation Hauteur Largeur Longueur Angle<br />

1 Sud-Est 15cm 20cm 25cm 40°<br />

2 Sud, Sud-Est 20cm 30cm 30cm 30°<br />

3 Sud-Est 8-9cm 13cm 13cm 35°<br />

4 Est, Sud-Est 6cm 28cm 28cm 15°<br />

Le dôme de <strong>la</strong> fourmilière F3, qui est un nid isolé <strong>des</strong> quatre autres, est égalem<strong>en</strong>t le plus petit <strong>en</strong><br />

taille (13cm), mais assez haut et p<strong>en</strong>ché. Les pistes observées ne sont pas précises, elles se situ<strong>en</strong>t tout<br />

autour de <strong>la</strong> fourmilière, <strong>la</strong> plus marquée étant celle al<strong>la</strong>nt du nid à une souche et du nid au chêne.<br />

Les quatre autres fourmilières, situées au même <strong>en</strong>droit, sont très proches les unes <strong>des</strong> autres. La<br />

plus grande est <strong>la</strong> F2, haute de 20cm et de diamètre de 30cm, alors que <strong>la</strong> fourmilière F4 est ap<strong>la</strong>tie, donc<br />

de faible hauteur. Celle-ci prés<strong>en</strong>te une faible activité de <strong>fourmis</strong>, contrairem<strong>en</strong>t aux F1 et F2 plus actives.<br />

Les mesures de <strong>la</strong> fourmilière F5, ne sont pas très représ<strong>en</strong>tatives du nid, <strong>en</strong> raison de <strong>la</strong><br />

construction dans une souche, ce qui est inhabituel pour l'espèce.<br />

Toutes les fourmilières de Formica rufa sont ori<strong>en</strong>tées vers le Sud-Est. En général, les fourmilières<br />

les plus hautes, possèd<strong>en</strong>t les p<strong>en</strong>tes les plus inclinées.<br />

c)Microclimat et indice foliaire<br />

Pour l'espèce F. rufa, <strong>la</strong> fourmilière F2 prés<strong>en</strong>te <strong>la</strong> plus grande ouverture de canopée (50.64 %),<br />

suivi <strong>par</strong> <strong>la</strong> fourmilière F1 (46.92%) (cf. tableau annexe1). Ces deux mêmes fourmilières reçoiv<strong>en</strong>t plus de<br />

lumière: 77,06% pour <strong>la</strong> F1 et 77.07% pour <strong>la</strong> F2, et <strong>par</strong> conséqu<strong>en</strong>t possèd<strong>en</strong>t le plus grand rayonnem<strong>en</strong>t<br />

transmis, respectivem<strong>en</strong>t 4.90 et 4.91 MJ/m²/jour. En revanche, le couvert végétal est plus élevé pour les<br />

trois autres fourmilières F3, F4 et F5.<br />

d) Réseaux <strong>en</strong>tre les fourmilières et les sources d'approvisionnem<strong>en</strong>t<br />

Comme on l’a vu, un marquage a été réalisé sur <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> de <strong>la</strong> F2, ceci pour visualiser les sites<br />

d’approvisionnem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> fourmilière mais égalem<strong>en</strong>t pour voir si un échange d’individus était pratiqué<br />

<strong>en</strong>tre les nids voisins de notre site. Il se trouve que, sur une cinquantaine de <strong>fourmis</strong> marquées, l'une d'elles<br />

a été repérée sur <strong>la</strong> F4 et deux autres à moins de dix c<strong>en</strong>timètres de celle-ci. De même, une de ces <strong>fourmis</strong> a<br />

été observée sur <strong>la</strong> fourmilière F1 et plusieurs sur l'arbre à miel<strong>la</strong>t. Ces résultats sembl<strong>en</strong>t donc montrer<br />

qu’il existe <strong>des</strong> échanges d’individus <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes fourmilières du site.<br />

Les <strong>fourmis</strong> marquées surviv<strong>en</strong>t et continu<strong>en</strong>t à effectuer les différ<strong>en</strong>tes tâches de <strong>la</strong> fourmilière.<br />

Nous pouvons <strong>en</strong> déduire que le marquage ne change pas le comportem<strong>en</strong>t.<br />

Des observations régulières et plus approfondies ont permis de déterminer <strong>des</strong> pistes privilégiées (cf<br />

<strong>des</strong>sin). Ces pistes conduis<strong>en</strong>t :<br />

-aux sources de nourriture : miel<strong>la</strong>t sur le pin, terrain de chasse (ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t ch<strong>en</strong>illes) au<br />

niveau du chêne.<br />

-aux sources de matériaux de construction : autour de F1, F2, et au niveau de <strong>la</strong> souche. Ces<br />

matériaux sont principalem<strong>en</strong>t constitués de brindilles, aiguilles de pin, et débris végétaux comme <strong>des</strong><br />

pétales de fleurs d'ajonc.<br />

Il nous a égalem<strong>en</strong>t été permis d'observer <strong>des</strong> transports de <strong>fourmis</strong> <strong>par</strong> <strong>des</strong> congénères de même<br />

espèce <strong>en</strong>tre F4 et F5. Les prélèvem<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> individus transportés ont montré que ceux-ci étai<strong>en</strong>t vivants, et<br />

qu'ils ne se débattai<strong>en</strong>t pas.


2) La ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong> tâches<br />

a) Les catégories de <strong>fourmis</strong><br />

Il existe plusieurs catégories de <strong>fourmis</strong>, dont deux fondam<strong>en</strong>tales: les sexuées et les neutres.<br />

Les sexuées sont représ<strong>en</strong>tées <strong>par</strong> <strong>des</strong> mâles et <strong>des</strong> femelles ailés, ou non (<strong>en</strong> général ils perd<strong>en</strong>t leurs<br />

ailes après le vol nuptial). Les reines et les mâles mesur<strong>en</strong>t de 9 à 11mm (1).<br />

Les neutres sont <strong>des</strong> ouvrières, de sexe femelle, aptères et stériles. Les ouvrières mesur<strong>en</strong>t de 4 à 9mm;<br />

ces types extrêmes sont dénommés minor et major; on appelle soldats les neutres majors qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> mandibules plus puissantes (1, 8).<br />

Ensemble <strong>des</strong> individus<br />

nombre d'individus<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

Graphique 1<br />

Nombre de Formica rufa (38 individus) récoltées <strong>par</strong> c<strong>la</strong>sse<br />

de taille<br />

4,5-5 5-5,5 5,5-6 6-6,5 6,5-7 7-7,5 7,5-8 8-8,5<br />

c<strong>la</strong>sses de taille <strong>en</strong> mm<br />

Ce tableau prés<strong>en</strong>te <strong>la</strong> ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong> individus récoltés aléatoirem<strong>en</strong>t sur les fourmilières F1, F2 et<br />

F4. Les individus sexués ne sortant <strong>en</strong> général pas de <strong>la</strong> fourmilière, mis à <strong>par</strong>t les mâles ailés <strong>en</strong>tre juin et<br />

septembre, selon les facteurs climatiques, les individus récoltés doiv<strong>en</strong>t être <strong>des</strong> ouvrières minor et major<br />

(soldats). Des mâles ont été découverts au cours <strong>des</strong> jours d’expéri<strong>en</strong>ce et mesurés. Les résultats concernant<br />

ces mesures sont prés<strong>en</strong>tés plus bas.<br />

La ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong> castes prés<strong>en</strong>te un continuum qui dém<strong>en</strong>tit <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce de castes<br />

morphologiquem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> délimitées. On observe cep<strong>en</strong>dant deux pics à 6-6,5mm et 7,5-8mm, qui<br />

correspond<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t aux ouvrières minor et major. Ce résultat permettra de déterminer <strong>la</strong> caste <strong>des</strong><br />

individus <strong>par</strong>ticipant aux différ<strong>en</strong>tes tâches de <strong>la</strong> fourmilière.<br />

Individus sexués<br />

Les mâles récoltés, un ailé et deux non ailés, mesur<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t 10mm et 9,5 et 10mm. Selon <strong>la</strong> taille,<br />

nous pouvons supposer qu’il s’agit bi<strong>en</strong> de mâles et non de reines, qui sont plus gran<strong>des</strong>. Nous n’avons pas<br />

pu <strong>en</strong> prélever plus pour faire une moy<strong>en</strong>ne et un écart-type car nous n’<strong>en</strong> avons pas observés d’autres, les<br />

facteurs climatiques n’étant pas propices.<br />

b) La spécialisation <strong>des</strong> fonctions


nombre d'individus<br />

10<br />

9<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong> tâches <strong>en</strong> fonction <strong>des</strong> c<strong>la</strong>sses de taille<br />

4,5-5 5-5,5 5,5-6 6-6,5 6,5-7 7-7,5 7,5-8 8-8,5<br />

c<strong>la</strong>sses de taille<br />

tailles <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> ram<strong>en</strong>ant<br />

<strong>des</strong> proies<br />

tailles <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> récoltant<br />

du miel<strong>la</strong>t<br />

taille <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong><br />

transporteuses de brindilles<br />

Graphique 2<br />

Les individus sont ici ré<strong>par</strong>tis <strong>par</strong> c<strong>la</strong>sses de taille et selon <strong>la</strong> tâche à <strong>la</strong>quelle ils étai<strong>en</strong>t affectés au<br />

mom<strong>en</strong>t du prélèvem<strong>en</strong>t. Les <strong>fourmis</strong> ram<strong>en</strong>ant <strong>des</strong> proies ont pour <strong>la</strong> majorité une taille de 6-6,5mm. Le<br />

nombre de <strong>fourmis</strong> récoltant du miel<strong>la</strong>t et celui <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> transportant <strong>des</strong> brindilles pour <strong>la</strong> construction<br />

de <strong>la</strong> fourmilière sont maximum pour une taille respectivem<strong>en</strong>t de 5,5-6mm et 5-6,5mm. En com<strong>par</strong>ant avec<br />

les résultats du graphique 1, on constate que <strong>la</strong> majorité <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> affectées aux différ<strong>en</strong>tes tâches<br />

étudiées dans cette expéri<strong>en</strong>ce sont <strong>des</strong> ouvrières minor. Les ouvrières major doiv<strong>en</strong>t donc s’occuper<br />

d’autres activités.<br />

3)Nutrition<br />

a) Préfér<strong>en</strong>ces alim<strong>en</strong>taires<br />

Selon les tests de préfér<strong>en</strong>ce de nourriture effectués, le recrutem<strong>en</strong>t pour capturer une ch<strong>en</strong>ille g<strong>la</strong>bre<br />

vivante déposée sur le dôme de <strong>la</strong> fourmilière pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 14,1 secon<strong>des</strong>. Si elles sont déposées<br />

mortes, elles sont <strong>en</strong>traînées dans <strong>la</strong> fourmilière mais ne nécessit<strong>en</strong>t pas de recrutem<strong>en</strong>t. Les ch<strong>en</strong>illes velues<br />

vivantes ou mortes sont dé<strong>la</strong>issées. Le pain d’épices et le pain sont récupérés <strong>par</strong> recrutem<strong>en</strong>t au bout d’un<br />

mom<strong>en</strong>t trop important pour pouvoir réaliser les analyses de recrutem<strong>en</strong>t à l’extérieur de <strong>la</strong> fourmilière. Ces<br />

résultats permett<strong>en</strong>t de choisir <strong>la</strong> ch<strong>en</strong>ille vivante comme appât pour observer le recrutem<strong>en</strong>t et le traçage de<br />

pistes <strong>par</strong>tant de <strong>la</strong> fourmilière.<br />

b) Coopération pour <strong>la</strong> nutrition<br />

Poids moy<strong>en</strong> <strong>en</strong> mg<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

Com<strong>par</strong>aison du poids moy<strong>en</strong> <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> montant et<br />

<strong>des</strong>c<strong>en</strong>dant du pin<br />

Fourmis montantes Fourmis <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dantes<br />

Graphique 3<br />

Un test de Stud<strong>en</strong>t à 5 degrés de liberté a été réalisé afin de vérifier que ces deux moy<strong>en</strong>nes sont<br />

significativem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes. Le test donne un p=0,006, ce qui est révé<strong>la</strong>teur d'une différ<strong>en</strong>ce hautem<strong>en</strong>t<br />

significative.


Mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce d'une trophal<strong>la</strong>xie<br />

Cet histogramme nous montre qu'il existe une différ<strong>en</strong>ce significative <strong>en</strong>tre le poids moy<strong>en</strong><br />

individuel <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> montantes et <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dantes, témoignant d'une prise de nourriture. Le poids moy<strong>en</strong> de<br />

miel<strong>la</strong>t ainsi prélevé <strong>par</strong> individu peut facilem<strong>en</strong>t être déduit <strong>par</strong> simple différ<strong>en</strong>ce; on trouve de cette<br />

manière une valeur de 11,67mg, soit <strong>en</strong>viron le double du poids d'une fourmi.<br />

Cette quantité de nourriture n'est bi<strong>en</strong> sûr pas <strong>des</strong>tinée à <strong>la</strong> consommation d'un seul individu. Ce<strong>la</strong><br />

implique un échange <strong>en</strong>tre <strong>fourmis</strong> au sein de <strong>la</strong> colonie, <strong>la</strong> trophal<strong>la</strong>xie, autrem<strong>en</strong>t dit une forme de<br />

coopération.<br />

Recrutem<strong>en</strong>t à l’extérieur de <strong>la</strong> fourmilière<br />

Bi<strong>en</strong> que cette expéri<strong>en</strong>ce n’a été répétée qu’un nombre réduit de fois, l’<strong>en</strong>semble de nos résultats a<br />

permis de supposer un schéma type de recrutem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> <strong>en</strong> dehors de <strong>la</strong> fourmilière :<br />

- t<strong>en</strong>tative d’immobilisation de <strong>la</strong> ch<strong>en</strong>ille <strong>par</strong> <strong>la</strong> fourmi déposée<br />

- retour de <strong>la</strong> fourmi vers <strong>la</strong> fourmilière<br />

- contact avec d’autres <strong>fourmis</strong><br />

- dép<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t de plusieurs <strong>fourmis</strong> <strong>en</strong> direction de <strong>la</strong> ch<strong>en</strong>ille<br />

- immobilisation de <strong>la</strong> ch<strong>en</strong>ille<br />

- acheminem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> ch<strong>en</strong>ille vers <strong>la</strong> fourmilière<br />

Lorsque <strong>la</strong> ch<strong>en</strong>ille a été acheminée, nous avons pu observer quelques <strong>fourmis</strong> qui continuai<strong>en</strong>t malgré tout<br />

à <strong>par</strong>courir le lieu.<br />

4) Tests d'agressivité<br />

fourmilière<br />

de dé<strong>par</strong>t<br />

fourmilière<br />

d'accueil 1 2 3 4 5<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

contact sans combat<br />

fuite de <strong>la</strong> fourmi importée<br />

fourmi<br />

marquée(F2) L.niger T.caespitum<br />

F <strong>en</strong>tre elles: l’intruse est inspectée p<strong>en</strong>dant une petite minute, sans immobilisation. Dans <strong>la</strong> moitié <strong>des</strong><br />

essais il lui arrive même de r<strong>en</strong>trer dans le dôme.<br />

F2-groupe 2 : immobilisation <strong>par</strong> une autochtone au niveau <strong>des</strong> pattes, inspection puis libération.<br />

F2-groupe 1 : immobilisation <strong>par</strong> de nombreuses autochtones (morsures <strong>des</strong> pattes et <strong>des</strong> ant<strong>en</strong>nes) p<strong>en</strong>dant<br />

quelques minutes, inspection <strong>par</strong> d’autres. Puis relâchée sans <strong>mise</strong> à mort.<br />

F.rufa-L.niger et T.caespitum: Les espèces L. niger et T.caespitum s'<strong>en</strong>fui<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> fourmilière<br />

de Formica rufa et aucune interaction n'a lieu.<br />

5) Activité journalière et climatologie<br />

Action de <strong>la</strong> température :


température <strong>en</strong> °C<br />

4 0 ,0 0<br />

3 5 ,0 0<br />

3 0 ,0 0<br />

2 5 ,0 0<br />

2 0 ,0 0<br />

1 5 ,0 0<br />

1 0 ,0 0<br />

5 ,0 0<br />

0 ,0 0<br />

Im p a c t d e <strong>la</strong> re m p é ra tu re s u r le flu x e n fo n c tio n d e l'h e u re d e <strong>la</strong><br />

jo u rn é e p o u r l'e n s e m b le d e s fo u rm iliè re s<br />

9h15<br />

10h15<br />

Graphique4<br />

11h15<br />

12h15<br />

13h30<br />

14h30<br />

15h30<br />

h e u re d e <strong>la</strong> jo u rn é e<br />

16h30<br />

17h30<br />

1 4 ,0 0<br />

1 2 ,0 0<br />

1 0 ,0 0<br />

8 ,0 0<br />

6 ,0 0<br />

4 ,0 0<br />

2 ,0 0<br />

0 ,0 0<br />

flux <strong>en</strong> individus/min<br />

te m p é ra tu re m o y e n n e<br />

flu x m o y e n<br />

L’activité journalière <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> semble liée à <strong>la</strong> température extérieure. Le flux augm<strong>en</strong>te le matin<br />

pour atteindre son maximum à 12h15 lorsque <strong>la</strong> température se situe aux al<strong>en</strong>tours de 22°C. Au delà de<br />

cette température, le flux diminue. Le flux est donc maximal dans une gamme de température se situant<br />

<strong>en</strong>tre 18 et 25°C. Par ailleurs, un test statistique, réalisé grâce au logiciel Jump v.5.1 a permis de détecter<br />

une corré<strong>la</strong>tion <strong>en</strong>tre l'heure de <strong>la</strong> journée et le flux (p=0.0001), montrant deux pics d'activité : l'un <strong>en</strong> fin de<br />

matinée, l'autre <strong>en</strong> fin d'après-midi. Or <strong>la</strong> température est fortem<strong>en</strong>t corrélée à l'heure (p


température <strong>en</strong> °C<br />

4 0 ,0 0<br />

3 5 ,0 0<br />

3 0 ,0 0<br />

2 5 ,0 0<br />

2 0 ,0 0<br />

1 5 ,0 0<br />

1 0 ,0 0<br />

9h15<br />

Graphique 6<br />

Im p a c t d e <strong>la</strong> te m p é ra tu re e x té rie u re s u r <strong>la</strong> te m p é ra tu re<br />

in té rie u re e n fo n c tio n d e l'h e u re d e <strong>la</strong> jo u rn é e<br />

10h15<br />

11h15<br />

12h15<br />

13h30<br />

14h30<br />

15h30<br />

h e u re d e <strong>la</strong> j o u rn é e<br />

16h30<br />

17h30<br />

t e m p é ra tu re e x t é rie u re<br />

t e m p é ra tu re in té rie u re<br />

On constate que <strong>la</strong> température intérieure du dôme est toujours inférieure à <strong>la</strong> température extérieure,<br />

de plus le fait que <strong>la</strong> première augm<strong>en</strong>te moins vite que <strong>la</strong> seconde montre qu’il existe un phénomène de<br />

régu<strong>la</strong>tion thermique au sein du nid. Des observations directes du dôme nous ont permis de constater que le<br />

nombre et le diamètre <strong>des</strong> ouvertures augm<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t avec <strong>la</strong> chaleur, ce qui correspond certainem<strong>en</strong>t à une<br />

création de courants d’air au sein du dôme. L'analyse statistique nous montre que lorsque <strong>la</strong> température<br />

extérieure augm<strong>en</strong>te, <strong>la</strong> température intérieure augm<strong>en</strong>te aussi, mais moins vite (test presque significatif :<br />

p=0.0515). Par contre, les deux diminu<strong>en</strong>t aussi rapidem<strong>en</strong>t (une valeur p=0,8024 montre un test non<br />

significatif, donc dans ce cas, <strong>des</strong> p<strong>en</strong>tes de droites id<strong>en</strong>tiques). Ceci confirme certainem<strong>en</strong>t une régu<strong>la</strong>tion<br />

thermique contre les trop hautes températures. Si <strong>la</strong> température extérieure avait atteint <strong>des</strong> valeurs plus<br />

faibles, on aurait probablem<strong>en</strong>t constaté une régu<strong>la</strong>tion contre les trop faibles températures.<br />

Les flux vers <strong>la</strong> source de miel<strong>la</strong>t :<br />

8<br />

7,5<br />

7<br />

6,5<br />

6<br />

5,5<br />

5<br />

4,5<br />

4<br />

3,5<br />

3<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

0<br />

Graphique 7<br />

On peut tout d'abord noter que ces flux ne sont pas constants au cours de <strong>la</strong> journée. Ils sont très<br />

faibles dans <strong>la</strong> matinée et maximum aux al<strong>en</strong>tours de midi. Ce profil d'évolution semble re<strong>la</strong>tivem<strong>en</strong>t<br />

simi<strong>la</strong>ire à celui <strong>des</strong> flux moy<strong>en</strong>s, représ<strong>en</strong>tés sur ce graphique. Les flux montants et <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dants <strong>par</strong>aiss<strong>en</strong>t<br />

évoluer de <strong>la</strong> même façon au cours de <strong>la</strong> journée.<br />

Néanmoins, ces flux ont été mesurés <strong>en</strong> même temps que <strong>des</strong> prélèvem<strong>en</strong>ts. Or il <strong>par</strong>aît évid<strong>en</strong>t que<br />

si cinq <strong>fourmis</strong> montantes sont prélevées, le flux <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dant sera biaisé.<br />

IV-Discussion<br />

Evolution de l'int<strong>en</strong>sité <strong>des</strong> flux au cours de <strong>la</strong> journée<br />

9 h 30 10 h 30 11 h 30 12 h 30 13 h 30 14 h 30 15 h 30 16 h 30 17 h 30<br />

nombre d'individus montant<br />

nombre d'individus <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dants<br />

moy<strong>en</strong>ne flux


A- Réseau organisé <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes fourmilières: reflet de l'exist<strong>en</strong>ce d'une Polycalie<br />

Effet de l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> structure et <strong>la</strong> ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong> nids<br />

Les fourmilières de Formica rufa, dont <strong>la</strong> <strong>par</strong>tie supérieure est visible <strong>en</strong> surface, se localis<strong>en</strong>t<br />

ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t dans les <strong>la</strong>n<strong>des</strong>, à <strong>la</strong> lisière de <strong>la</strong> forêt. Cette position permet à <strong>la</strong> fois de recevoir <strong>la</strong> lumière<br />

du soleil, mais égalem<strong>en</strong>t de s'<strong>en</strong> protéger. En effet, les rayonnem<strong>en</strong>ts so<strong>la</strong>ires sont un facteur crucial pour <strong>la</strong><br />

vie de <strong>la</strong> fourmilière et son bon fonctionnem<strong>en</strong>t. Les dômes sont ori<strong>en</strong>tés au Sud-Est, optimisant ainsi <strong>la</strong><br />

capture de <strong>la</strong> lumière. Des données bibliographiques confirm<strong>en</strong>t cette ori<strong>en</strong>tation, qui est de règle pour <strong>la</strong><br />

plu<strong>par</strong>t <strong>des</strong> espèces. La forme <strong>des</strong> dômes dép<strong>en</strong>d fortem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> luminosité: plus <strong>la</strong> lumière est forte et plus<br />

le dômes est bas (1). Ce constat est difficile à confirmer dans notre cas, du fait que les plus petites<br />

fourmilières étai<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t à l'ombre, mais <strong>en</strong> début de formation ou pratiquem<strong>en</strong>t à l'abandon (de<br />

même pour le LAI, on ne peut conclure). Il aurait fallu pouvoir observer plus de fourmilières pour le<br />

constater. Cep<strong>en</strong>dant <strong>la</strong> forme, l'ori<strong>en</strong>tation et <strong>la</strong> position <strong>des</strong> dômes jou<strong>en</strong>t un rôle fondam<strong>en</strong>tal pour <strong>la</strong><br />

régu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> température. Ce besoin de réguler se manifeste au niveau du fonctionnem<strong>en</strong>t même de <strong>la</strong><br />

fourmilière. Au cours de <strong>la</strong> journée, <strong>des</strong> trous d'aération se form<strong>en</strong>t, puis sont obstrués <strong>la</strong> nuit. Les orifices<br />

du nid permett<strong>en</strong>t <strong>la</strong> v<strong>en</strong>ti<strong>la</strong>tion pour lutter contre l'élévation de température, alors que <strong>la</strong> nuit, <strong>la</strong> fermeture<br />

<strong>des</strong> trous évite <strong>la</strong> déperdition de chaleur (8). La température à l'intérieur du nid suit <strong>la</strong> température à<br />

l'extérieur mais reste toujours inférieure: l'apport du soleil reste fondam<strong>en</strong>tal <strong>en</strong> début de matinée afin<br />

d'élever <strong>la</strong> température, puis le jeu d'ouverture et fermeture <strong>des</strong> galeries mainti<strong>en</strong>t une température à<br />

l'intérieur et une humidité à <strong>la</strong> surface du dôme les plus stables possible.<br />

La littérature indique que l'humidité joue un rôle important dans <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion thermique au niveau<br />

<strong>des</strong> dômes. Le mainti<strong>en</strong> d'une couche de vapeur d'eau autour de <strong>la</strong> surface du dôme empêche durant <strong>la</strong> nuit<br />

les pertes radiatives de chaleur (8), ce qui explique pourquoi au matin l'humidité est plus élevée (50%) que<br />

<strong>la</strong> journée (30%). Il ap<strong>par</strong>aît donc que <strong>la</strong> surface du dôme constitue <strong>la</strong> clef de <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion thermique de <strong>la</strong><br />

fourmilière, indisp<strong>en</strong>sable au bon fonctionnem<strong>en</strong>t.<br />

Étape de formation d'une nouvelle fourmilière<br />

La F5 pourrait être le début de <strong>la</strong> fondation d'un nouveau nid, utilisant une souche comme support,<br />

mais qui pourrait être plus tard de même structure que les autres avec <strong>des</strong> débris végétaux. D'ailleurs, il<br />

semblerait que le comportem<strong>en</strong>t de transport de congénères vivants et volontaires soit typique d'un<br />

changem<strong>en</strong>t de fourmilière (6).<br />

Interactions <strong>en</strong>tre fourmilières<br />

Ces résultats montr<strong>en</strong>t que dans aucun cas il n’y a <strong>mise</strong> à mort de l’intrus ce qui semble aller dans le<br />

s<strong>en</strong>s de <strong>la</strong> polycalie puisque celle-ci repose sur le fait que <strong>des</strong> nids distincts ap<strong>par</strong>t<strong>en</strong>ant à une même colonie<br />

peuv<strong>en</strong>t s’échanger <strong>des</strong> individus et coopérer.<br />

S’il y a vraim<strong>en</strong>t un libre échange <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes fourmilières, <strong>des</strong> tests génétiques mesurant le<br />

coeffici<strong>en</strong>t d’ap<strong>par</strong><strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t intra et inter nids d’une colonie devrai<strong>en</strong>t donner <strong>des</strong> résultats id<strong>en</strong>tiques.<br />

Cep<strong>en</strong>dant le fait que l’intérêt porté à l’intrus augm<strong>en</strong>te avec <strong>la</strong> distance <strong>la</strong>isse p<strong>en</strong>ser que les limites<br />

du territoire de <strong>la</strong> colonie ne sont pas <strong>par</strong>faitem<strong>en</strong>t délimitées. Il aurait ainsi pu être intéressant d’effectuer<br />

<strong>des</strong> tests <strong>en</strong>tre nids distants de plusieurs dizaines de kilomètres, voire de régions différ<strong>en</strong>tes. En effet, dans<br />

ce cas il est peu probable que ceux-ci ap<strong>par</strong>ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> même colonie, or si les résultats montr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core<br />

une abs<strong>en</strong>ce d’agressivité, plutôt que de système polycalique il faudrait alors <strong>par</strong>ler d’unicolonialité. Ce<br />

système caractérise les espèces qui n’agress<strong>en</strong>t jamais leurs congénères, quelque soit leur prov<strong>en</strong>ance. Bi<strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du les expéri<strong>en</strong>ces m<strong>en</strong>ées durant ce stage sont bi<strong>en</strong> insuffisantes pour tirer ce type de conclusions.<br />

Il faut préciser que les expéri<strong>en</strong>ces m<strong>en</strong>ées dans cette optique n’étai<strong>en</strong>t peut-être pas assez<br />

rigoureuses pour donner <strong>des</strong> résultats <strong>par</strong>faitem<strong>en</strong>t interprétables. Le nombre de répétition étant<br />

re<strong>la</strong>tivem<strong>en</strong>t restreint, le suivi d’une fourmi <strong>en</strong> <strong>par</strong>ticulier sur une fourmilière est très difficile.<br />

Il aurait pu être intéressant d’effectuer <strong>des</strong> tests d’agressivité <strong>en</strong> <strong>la</strong>boratoire. Ceux-ci revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à<br />

confronter deux <strong>fourmis</strong> dans une boite de pétri et de noter les types et le temps d'interactions qu’elles


éalis<strong>en</strong>t. Ces tests sont très souv<strong>en</strong>t utilisés pour tester les re<strong>la</strong>tions <strong>en</strong>tre fourmilières. Si les manipu<strong>la</strong>tions<br />

<strong>en</strong> <strong>la</strong>boratoire ont l’inconvéni<strong>en</strong>t de ne pas t<strong>en</strong>ir compte <strong>des</strong> conditions naturelles elles ont cep<strong>en</strong>dant<br />

l’avantage d’être souv<strong>en</strong>t plus faciles à réaliser.<br />

Une autre observation qui nous a permis de conclure à l'exist<strong>en</strong>ce d'une polycalie est <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce de<br />

<strong>fourmis</strong> marquées sur <strong>la</strong> F1 ainsi que <strong>la</strong> F4, alors qu'elles prov<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> F2.<br />

B- Coopération dans l'<strong>Organisation</strong> au sein d'une fourmilière<br />

Chez les insectes sociaux, le polymorphisme s'applique à l'exist<strong>en</strong>ce d'une variation non génétique<br />

au sein d'une espèce donnée se traduisant <strong>par</strong> l'ap<strong>par</strong>ition de plusieurs castes. En effet, <strong>la</strong> ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong><br />

castes chez Formica rufa prés<strong>en</strong>te, d'après nos résultats, un continuum avec <strong>des</strong> c<strong>la</strong>sses de taille plus<br />

représ<strong>en</strong>tées que les autres. Ces résultats permett<strong>en</strong>t de supposer qu'il existe bi<strong>en</strong> <strong>des</strong> castes<br />

morphologiquem<strong>en</strong>t distinctes, mais qu'il existe égalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> variation au sein <strong>des</strong> castes.<br />

L'observation rapide d'une fourmilière donne un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'agitation désordonnée. En réalité, <strong>la</strong><br />

somme d'actes individuels qui sembl<strong>en</strong>t non coordonnés aboutit à un fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>par</strong>faitem<strong>en</strong>t adapté. A<br />

un instant donné, chaque individu accomplit une tâche <strong>par</strong>ticulière ou reste inactif.<br />

L'organisation <strong>par</strong> caste est à l'origine d' une ré<strong>par</strong>tition du travail, ou polyéthisme. Les ouvrières<br />

rest<strong>en</strong>t à l'intérieur du nid pour s'occuper ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t du couvain, d'autres creus<strong>en</strong>t <strong>des</strong> galeries, et les<br />

soldats mont<strong>en</strong>t <strong>la</strong> garde près <strong>des</strong> orifices. Ceux-ci sont <strong>par</strong>fois mis à contribution pour broyer et ma<strong>la</strong>xer <strong>la</strong><br />

nourriture avec leurs mandibules puissantes.<br />

Les ouvrières qui travaill<strong>en</strong>t à l'extérieur s'occup<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> construction du dôme, de son <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> et<br />

surtout circul<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> recherche de nourriture. Wilson (1978) note qu'il existe une re<strong>la</strong>tion <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> taille <strong>des</strong><br />

ouvrières et celle <strong>des</strong> matériaux ou <strong>des</strong> proies qu'elles transport<strong>en</strong>t. Pour <strong>des</strong> raisons pratiques, ceci n'a pas<br />

pu être observé dans notre étude. En ce qui concerne <strong>la</strong> taille <strong>des</strong> ouvrières affectées à <strong>la</strong> recherche de<br />

proies, <strong>la</strong> récolte du miel<strong>la</strong>t et le ramassage <strong>des</strong> brindilles nécessaires à <strong>la</strong> construction de <strong>la</strong> fourmilière, nos<br />

résultats montr<strong>en</strong>t qu'il s'agit <strong>des</strong> ouvrières minor, les major ou soldats s'affairant sur le dôme. Ces dernières<br />

n'ont pas pu être prélevées.<br />

La nutrition<br />

C - Coopération pour <strong>la</strong> nutrition<br />

La nourriture consommée <strong>par</strong> Formica rufa se ré<strong>par</strong>tit ainsi : 62% miel<strong>la</strong>t <strong>des</strong> pucerons, 4,5% sève<br />

écoulée <strong>des</strong> blessures <strong>des</strong> arbres, 0.2% de graines, 34% d'insectes dont seulem<strong>en</strong>t 1,7 % d'insectes nuisibles,<br />

0,3% divers (champignons, cadavres) (4).<br />

La consommation d'insectes se ré<strong>par</strong>tit <strong>en</strong>tre 14% de Diptères, 9% d'Hyménoptères, 5% de<br />

Coléoptères, 4% de Lépidoptères, 3% de <strong>la</strong>rves et 3% de Psocoptères (7).<br />

Nos résultats ont montré que les <strong>fourmis</strong> sont très frian<strong>des</strong> <strong>des</strong> ch<strong>en</strong>illes g<strong>la</strong>bres.<br />

Trophobiose et trophal<strong>la</strong>xie<br />

Les conifères, sur lesquels les Fourmis rousses <strong>des</strong> bois se nourriss<strong>en</strong>t, ne possèd<strong>en</strong>t pas d'organe<br />

excréteur, et les <strong>fourmis</strong> ne sont pas capables de prélever le miel<strong>la</strong>t à l'intérieur <strong>des</strong> conduits végétaux. Ces<br />

observations permett<strong>en</strong>t donc de supposer que les <strong>fourmis</strong> utilis<strong>en</strong>t un intermédiaire insecte. En effet,<br />

certains insectes de l'ordre <strong>des</strong> Homoptères, comme les pucerons, aspir<strong>en</strong>t <strong>par</strong> leur ap<strong>par</strong>eil buccal de type<br />

piqueur-suceur <strong>la</strong> sève é<strong>la</strong>borée mais celle-ci étant peu chargée <strong>en</strong> élém<strong>en</strong>ts azotés, nécessaires à leur<br />

développem<strong>en</strong>t, ils se débarrass<strong>en</strong>t du surplus de matière sucrée. Cette substance liquide, très riche <strong>en</strong> sucre<br />

une fois, rejetée est récupérée <strong>par</strong> les <strong>fourmis</strong> qui le stock<strong>en</strong>t dans leur estomac social. Cette re<strong>la</strong>tion<br />

<strong>par</strong>ticulière <strong>en</strong>tre ces insectes est appelée trophobiose (2). Les pucerons ainsi que <strong>la</strong> trophobiose n'ont pu<br />

être observés.<br />

Une fois le produit de <strong>la</strong> chasse ou de <strong>la</strong> récolte ram<strong>en</strong>é au sein de <strong>la</strong> société, les ouvrières <strong>la</strong><br />

distribu<strong>en</strong>t à l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> congénères <strong>la</strong>rvaires et adultes. Les alim<strong>en</strong>ts solubles sont découpés <strong>en</strong> petits


fragm<strong>en</strong>ts et distribués plus ou moins mâchés aux <strong>la</strong>rves. L'alim<strong>en</strong>t liquide donne lieu à <strong>des</strong> échanges<br />

complexes qui constitu<strong>en</strong>t <strong>la</strong> trophal<strong>la</strong>xie, que nous n'avons malheureusem<strong>en</strong>t pas eu l'occasion d'observer.<br />

Les flux<br />

Les ouvrières à <strong>la</strong> recherche de nourriture ne circul<strong>en</strong>t pas au hasard dans le territoire mais se<br />

dép<strong>la</strong>c<strong>en</strong>t le long <strong>des</strong> pistes qui <strong>par</strong>t<strong>en</strong>t dans toutes les directions à <strong>par</strong>tir du nid et conduis<strong>en</strong>t aux lieux les<br />

plus riches <strong>en</strong> alim<strong>en</strong>ts du champ trophoporique.<br />

Les pistes de <strong>la</strong>rgeur variable au cours du trajet conduis<strong>en</strong>t à <strong>des</strong> arbres exploités <strong>par</strong> <strong>des</strong> pucerons<br />

ou se perd<strong>en</strong>t dans le sous-bois. Certains auteurs ont observés que ce sont toujours les même ouvrières qui<br />

emprunt<strong>en</strong>t une piste donnée, autre preuve d'une division du travail.<br />

Une grande variabilité existe lorsqu'on étudie les flux <strong>en</strong> fonction <strong>des</strong> heures de <strong>la</strong> journée. En fait,<br />

de jour comme de nuit, il se trouve toujours <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> poursuivant leurs actions de chasse et de récolte.<br />

Chaque espèce de fourmi possède une heure d'activité de pointe <strong>par</strong>ticulière, qui pour F.rufa se situe, selon<br />

nos résultats, <strong>en</strong> fin de matinée.<br />

La coopération<br />

Les résultats sur l'attaque <strong>des</strong> ch<strong>en</strong>illes <strong>par</strong> recrutem<strong>en</strong>t illustr<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> le système de <strong>la</strong> coopération.<br />

Une ch<strong>en</strong>ille étant de masse et de volume re<strong>la</strong>tivem<strong>en</strong>t important, elle est maîtrisée et acheminée plus vite<br />

<strong>par</strong> <strong>la</strong> coordination <strong>des</strong> efforts de plusieurs individus. Cette col<strong>la</strong>boration observée à de nombreuses reprises<br />

durant nos étu<strong>des</strong> fait <strong>par</strong>tie <strong>des</strong> exemples démontrant l'efficacité d'un tel mode de fonctionnem<strong>en</strong>t.<br />

A <strong>par</strong>tir de nos observations, nous avons pu supposer qu'il y avait création de pistes <strong>en</strong> direction <strong>des</strong><br />

ch<strong>en</strong>illes. Bi<strong>en</strong> que l'<strong>en</strong>droit du dépôt était totalem<strong>en</strong>t dépourvu de <strong>fourmis</strong> avant le début de l'expéri<strong>en</strong>ce,<br />

on observe <strong>en</strong>suite <strong>la</strong> formation d'un flux vers <strong>la</strong> ch<strong>en</strong>ille qui persiste même après son <strong>en</strong>trée dans <strong>la</strong><br />

fourmilière.<br />

La communication<br />

Les observations de <strong>la</strong> ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong> tâches, <strong>des</strong> flux et de <strong>la</strong> coopération permett<strong>en</strong>t de conclure à<br />

<strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d'une communication indisp<strong>en</strong>sable <strong>en</strong>tre les <strong>fourmis</strong> pour une certaine organisation <strong>sociale</strong>. En<br />

effet, malgré un cerveau de taille très réduite, les <strong>fourmis</strong> sont capables de créer <strong>des</strong> li<strong>en</strong>s complexes, ceci<br />

<strong>en</strong> ajustant leur comportem<strong>en</strong>t <strong>par</strong> rapport à une série limitée de stimuli hautem<strong>en</strong>t spécifiques.<br />

Dans notre étude, le calcul <strong>des</strong> flux et les observations sur le recrutem<strong>en</strong>t ont permis de montrer<br />

l'exist<strong>en</strong>ce de pistes bi<strong>en</strong> déterminées. Ces pistes sont possibles grâce à <strong>des</strong> substances odorantes, un certain<br />

terpène pour une piste <strong>par</strong>ticulière, que chaque individu est capable de produire et de reconnaître. En effet,<br />

39 composés ont été rec<strong>en</strong>sés chez Formica rufa, <strong>la</strong> plu<strong>par</strong>t d'<strong>en</strong>tre eux constituant une série homologues de<br />

n-alcanes (4).<br />

L'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> résultats sur <strong>la</strong> nutrition suppos<strong>en</strong>t un certain «<strong>la</strong>ngage» <strong>en</strong>tre les individus. Il a été<br />

montré que <strong>la</strong> requête de nourriture était signalée <strong>par</strong> un tapotem<strong>en</strong>t sur les pièces buccales inférieures.<br />

La coopération est donc basée sur quelques dizaines de signaux qui guid<strong>en</strong>t chaque fourmi dans ses<br />

activités quotidi<strong>en</strong>nes au service de <strong>la</strong> collectivité.<br />

Perspectives<br />

Nos mesures ont été effectuées sur trois jours seulem<strong>en</strong>t, ce qui nous a obligé à limiter nos<br />

expéri<strong>en</strong>ces. Nous aurions souhaité, <strong>par</strong> exemple, approfondir les expéri<strong>en</strong>ces de recrutem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dehors de<br />

<strong>la</strong> fourmilière et les formations de pistes, observer plus <strong>en</strong> détail <strong>la</strong> fourmilière 5, découverte l'avant-dernier<br />

jour <strong>des</strong> mesures et prés<strong>en</strong>tant <strong>des</strong> caractéristiques <strong>par</strong>ticulières ou <strong>en</strong>core observer l’impact <strong>des</strong> variations<br />

climatique sur l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> activités <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong>, nos observations ayant été réalisées dans <strong>des</strong> conditions<br />

re<strong>la</strong>tivem<strong>en</strong>t constantes à une seule période de l’année.<br />

Le principal biais de notre étude est <strong>la</strong> probable dis<strong>par</strong>ition <strong>des</strong> pistes dû à notre prés<strong>en</strong>ce sur le terrain. Ce<br />

biais était cep<strong>en</strong>dant difficile à éviter.


V-Conclusion<br />

La <strong>mise</strong> <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce de <strong>la</strong> coopération à l'origine de l'organisation <strong>sociale</strong> <strong>des</strong> <strong>fourmis</strong> reflète le<br />

comportem<strong>en</strong>t altruiste répandu chez les Hyménoptères.<br />

Selon <strong>la</strong> règle de Hamilton, <strong>la</strong> coopération <strong>en</strong>tre individus ne doit exister que lorsque le bénéfice <strong>en</strong><br />

terme de <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dance, à savoir de transmission de gènes, est supérieur au coût <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré <strong>par</strong> cette<br />

coopération. Ce coût peut varier, du simple don de nourriture au sacrifice individuel.<br />

Même sans pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte <strong>la</strong> transmission de gènes, on constate que ce comportem<strong>en</strong>t est une<br />

stratégie qui permet un développem<strong>en</strong>t incontestable. Il suffit de considérer <strong>la</strong> ré<strong>par</strong>tition globale <strong>des</strong><br />

<strong>fourmis</strong> : on les retrouve dans <strong>la</strong> grande majorité <strong>des</strong> biomes terrestres, y compris certaines zones boréales.<br />

Les <strong>fourmis</strong> du groupe de Formica rufa peuv<strong>en</strong>t servir d'indicateurs du bon état biologique <strong>des</strong> forêts<br />

(6). En effet, le volume du dôme semble susceptible de modifications très rapide <strong>en</strong> re<strong>la</strong>tion avec les<br />

pressions naturelles ou humaines qui s'exerc<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> forêt.<br />

Une forêt bi<strong>en</strong> peuplée <strong>en</strong> Fourmis rousses est moins attaquée <strong>par</strong> les insectes qu'une forêt pauvre <strong>en</strong><br />

<strong>fourmis</strong>. Une proportion d'insectes nuisibles à <strong>la</strong> santé <strong>des</strong> forêts (Lépidoptères, Coléoptères, Homosphères)<br />

figur<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> masse de proies ram<strong>en</strong>ées au nid.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, un certain nombre d'insectes capturés sont au contraire utiles. Un autre caractère négatif<br />

dû à <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce de ces <strong>fourmis</strong> ti<strong>en</strong>t à leur attirance pour le miel<strong>la</strong>t <strong>des</strong> pucerons. En effet, <strong>la</strong> trophobiose<br />

induit <strong>la</strong> prospérité de certaines popu<strong>la</strong>tions de pucerons qui produis<strong>en</strong>t <strong>des</strong> dégâts dans l'accroissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong><br />

arbres.<br />

Bi<strong>en</strong> qu'il y ait <strong>des</strong> aspects négatifs à <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce de <strong>fourmis</strong> rousses, le bi<strong>la</strong>n positif de leur action a<br />

<strong>en</strong>couragé les forestiers à multiplier artificiellem<strong>en</strong>t les colonies dans les forêts à faible popu<strong>la</strong>tion.<br />

Elles conditionn<strong>en</strong>t <strong>la</strong> vie et dirig<strong>en</strong>t l’évolution d’innombrables p<strong>la</strong>ntes et animaux, <strong>en</strong> étant les<br />

principaux prédateurs <strong>des</strong> insectes et araignées. Elles assur<strong>en</strong>t <strong>la</strong> dispersion d’un grand nombre d’espèces<br />

végétales. Elles remu<strong>en</strong>t plus de terre que les lombrics, et ce faisant mainti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> circu<strong>la</strong>tion d’énormes<br />

quantité de nutrim<strong>en</strong>ts ess<strong>en</strong>tiels à <strong>la</strong> santé <strong>des</strong> écosystèmes terrestres (6).

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