LA THYROÏDE - Europa Ziekenhuizen

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LA THYROÏDE Thyroïde et grossesse Introduction ATTITUDES Hypothyroïdie Dr Marina van Ypersele Endocrinologie Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice La grossesse provoque des variations physiologiques de la fonction thyroïdienne secondaires à la majoration de la clairance iodée, à l’augmentation des besoins en hormones thyroïdiennes et au transfert d’iode vers le fœtus. La fonction thyroïdienne maternelle influence le développement neurologique du bébé, en particulier pendant le premier trimestre de la grossesse parce que la thyroïde fœtale n’est pas encore fonctionnelle. Les valeurs de référence de la TSH ne sont guère modifiées par la grossesse, en dehors d’une diminution de celle-ci durant le premier trimestre suite à l’effet « TSH-like » de l’HCG beta. Si en Belgique nous ne connaissons pas de carence iodée majeure responsable du crétinisme endémique, il existe cependant chez nous une carence modérée en iode (48% des femmes enceintes 18 | N°11 - MAI 2008 ont une excrétion urinaire d’iodure < 50 mcg/jour). Elle provoque une stimulation et de la fonction et de la croissance thyroïdienne, ce qui représente un facteur de goitrigenèse. D’autre part, des études épidémiologiques montrent qu’une hypothyroïdie primaire est retrouvée chez 3 à 10% des femmes en âge de procréer. Il est à noter que 1 à 2% des femmes enceintes reçoivent des hormones thyroïdiennes et 0.4% des femmes enceintes ont une TSH > 10 µU/ml. L’hypothyroïdie peut avoir des conséquences sur la fécondité, le bon déroulement de la grossesse, et surtout sur le développement fœtal. Des études montrent l’importance d’une fonction thyroïdienne parfaite pour le développement neuropsychologique du fœtus et les conséquences possibles d’une hypothyroïdie légère durant le premier trimestre de la grossesse. En dehors d’un déficit iodé, la première cause d’hypothyroïdie durant la grossesse est la thyroïdite auto-immune (maladie d’Hashimoto) avec des anticorps anti-microsomes et/ou anti-thyroglobuline. Les femmes atteintes d’une thyroïdite auto-immune ont plus souvent une dysfonction thyroïdienne en post partum (5%). Il n’y a pas encore de consensus dans la littérature en faveur d’un dépistage systématique de la fonction thyroïdienne chez les femmes en âge de procréer ; il semble cependant logique de le proposer en période préconceptionnelle. Les arguments contre ce dépistage sont son coût et l’induction d’une certaine anxiété. Une mesure de la fonction thyroïdienne doit être proposée à toutes les femmes ayant des antécédents personnels ou familiaux thyroïdiens et à celles souffrant d’une maladie auto-immune (diabète de type 1, …). Les anticorps anti-thyroïdiens Dr Albert Veys, Dr Brigitte Claeys, Mr Daniel Allemeersch Equipe labo Site Ste-Elisabeth Le dosage de la TSH est considéré comme l’approche la plus sensible d’un dysfonctionnement thyroïdien. En l’absence de traitement ou de situation particulière (grossesse, prise de Cordarone®), il est suffisant en première intention pour approcher la fonction thyroïdienne dans le cadre d’un bilan biologique de base sans signes d’appel. En fonction des recommandations de l’AACC (American Association of Clinical Chemistry) et de l’AACE (American Association of Clinical Endocrinologists), le laboratoire a porté depuis novembre 2006 les valeurs de référence adultes de la TSH à 0.3 - 3.0 µU/ml. Une TSH comprise entre 3 et 4.5 µU/ml constatée sur 2 prélèvements à intervalle de 3 semaines peut révéler un stade précoce de pathologie thyroïdienne et nécessiter une recherche d’anticorps thyroïdiens.

Dans le cadre d’une hypothyroïdie, en cas de prise d’hormones thyroïdiennes avant la grossesse, il est très souvent nécessaire (50 – 80% des cas) de majorer la dose dès la 5 ème semaine de gestation. Actuellement, on recommande de maintenir la TSH entre 0.5 et 1 µU/ml avec une T4 libre dans les limites de la normale. Certains auteurs proposent, dès la première semaine de retard des règles, de faire prendre deux doses supplémentaires par semaine d’hormones thyroïdiennes jusqu’à la première visite prénatale soit à 5-6 semaines de grossesse. Il faut contrôler la TSH et la T4 libre entre la 5 ème et la 7 ème semaine de grossesse puis toutes les 6 semaines environ durant la première moitié de la grossesse. Après l’accouchement, on n’oubliera pas de réduire immédiatement la substitution hormonale à la dose administrée avant la grossesse ; un contrôle biologique sera réalisé 2 mois plus tard. Hyperthyroïdie Une hyperthyroïdie peut également être découverte au décours d’une grossesse ; le diagnostic différentiel peut parfois s’avérer difficile. Le plus souvent, il s’agit d’une hyperthyroïdie non autoimmune secondaire à l’effet « TSH-like » de l’HCG beta. De part sa similitude avec la TSH, l’HCG est un faible agoniste du récepteur à la TSH, augmentant progressivement les valeurs de T3 et de T4 totales ; la TSH devient parfois quasi indosable, surtout à la fin du premier trimestre. A cette période, une hyperthyroïdie subclinique peut être observée dans 10 à 20% des grossesses ; elle est transitoire et ne nécessite pas de traitement dans la majorité des cas. Parfois, ce mécanisme se manifeste de manière très exagérée chez des femmes souffrant d’« hyperemesis gravidarum », avec un tableau de vomissements incoercibles et de perte de poids, et sur le plan biologique, une T4 libre nettement majorée. au laboratoire Les principaux anticorps thyroïdiens et leurs intérêts sont décrits ci-dessous. Les antigènes de la thyroïde sont constitués par : • la thyroperoxydase (enzyme clé de la biosynthèse thyroïdienne, appelée autrefois antigène microsomial) • la thyroglobuline • le récepteur de la TSH Parmi les pathologies réellement thyroïdiennes, la maladie de Basedow est l’étiologie la plus fréquente en cas d’hyperthyroïdie durant une grossesse. Sa prévalence est d’environ 0.2% des grossesses. Une hyperthyroïdie mal contrôlée expose la grossesse à un risque accru d’hypertension artérielle, de fausse couche, de travail prématuré, de retard de croissance, de décompensation cardiaque et même de mort in utero. Il peut également y avoir un risque d’hyperthyroïdie fœtale si la mère a gardé un taux élevé d’anticorps anti-récepteurs à la TSH (TSI) alors qu’elle est en euthyroïdie suite à une thyroïdectomie ou un traitement par radio-iode (donné au minimum 1 an avant la conception). Il est conseillé de doser ces anticorps TSI au début du 3 ème trimestre chez les mères ayant un antécédent de maladie de Basedow. S’ils sont positifs, une surveillance fœtale et néonatale particulières seront nécessaires. Après l’accouchement (ou une fausse couche), une thyroïdite peut être observée, plus fréquemment chez les patientes qui avaient un taux élevé d’anticorps anti-peroxydase au cours du premier trimestre de la grossesse. Elle va se manifester par une hyperthyroïdie brève (1-2 mois) et/ou une phase d’hypothyroïdie durant quelques mois avant la restauration d’une fonction normale (dans 80% des cas) dans les 12 mois qui suivent la naissance. La récidive est fréquente lors de grossesses ultérieures. Un traitement n’est pas toujours nécessaire et est fonction des symptômes et de leur durée. EN PRATIQUE - Chez toute femme en âge de procréer, faire une anamnèse familiale et personnelle d’antécédents endocriniens ainsi qu’un bilan biologique en fonction de celle-ci. - Avant la conception et au plus tard en début de grossesse, prescrire un supplément de vitamines « iodées ». - En cas d’hypothyroïdie ou d’immunité thyroïdienne connue, effectuer un contrôle de la TSH et des hormones avant la conception et à 5-6 semaines de grossesse, puis en fonction des résultats. Chaque antigène est susceptible d’induire la formation d’autoanticorps : • Les anti-thyroperoxydase (anti-TPO) sont des IgG dont le taux est corrélé avec l’abondance de l’infiltrat lymphoplasmocytaire de la thyroïde. Ils sont présents à des taux très élevés dans la maladie d’Hashimoto et à des taux généralement plus faibles dans d’autres thyropathies autoimmunes (Basedow, thyroïdite autoimmune asymptomatique, thyroïdite du post-partum). La prévalence de ces anticorps dans la population est reprise dans le tableau ci-après. LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE | 19

<strong>LA</strong> <strong>THYROÏDE</strong><br />

Thyroïde et grossesse<br />

Introduction<br />

ATTITUDES<br />

Hypothyroïdie<br />

Dr Marina van Ypersele<br />

Endocrinologie<br />

Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice<br />

La grossesse provoque des variations physiologiques de<br />

la fonction thyroïdienne secondaires à la majoration de<br />

la clairance iodée, à l’augmentation des besoins en hormones<br />

thyroïdiennes et au transfert d’iode vers le fœtus.<br />

La fonction thyroïdienne maternelle influence le<br />

développement neurologique du bébé, en particulier<br />

pendant le premier trimestre de la grossesse parce que la<br />

thyroïde fœtale n’est pas encore fonctionnelle.<br />

Les valeurs de référence de la TSH ne sont guère modifiées<br />

par la grossesse, en dehors d’une diminution de celle-ci<br />

durant le premier trimestre suite à l’effet « TSH-like » de<br />

l’HCG beta.<br />

Si en Belgique nous ne connaissons pas de carence iodée majeure<br />

responsable du crétinisme endémique, il existe cependant chez<br />

nous une carence modérée en iode (48% des femmes enceintes<br />

18 | N°11 - MAI 2008<br />

ont une excrétion urinaire d’iodure < 50 mcg/jour). Elle provoque<br />

une stimulation et de la fonction et de la croissance thyroïdienne,<br />

ce qui représente un facteur de goitrigenèse.<br />

D’autre part, des études épidémiologiques montrent qu’une<br />

hypothyroïdie primaire est retrouvée chez 3 à 10% des femmes<br />

en âge de procréer. Il est à noter que 1 à 2% des femmes enceintes<br />

reçoivent des hormones thyroïdiennes et 0.4% des femmes<br />

enceintes ont une TSH > 10 µU/ml.<br />

L’hypothyroïdie peut avoir des conséquences sur la fécondité,<br />

le bon déroulement de la grossesse, et surtout sur le développement<br />

fœtal.<br />

Des études montrent l’importance d’une fonction thyroïdienne<br />

parfaite pour le développement neuropsychologique du fœtus et<br />

les conséquences possibles d’une hypothyroïdie légère durant le<br />

premier trimestre de la grossesse.<br />

En dehors d’un déficit iodé, la première cause d’hypothyroïdie durant<br />

la grossesse est la thyroïdite auto-immune (maladie d’Hashimoto)<br />

avec des anticorps anti-microsomes et/ou anti-thyroglobuline.<br />

Les femmes atteintes d’une thyroïdite auto-immune ont plus<br />

souvent une dysfonction thyroïdienne en post partum (5%).<br />

Il n’y a pas encore de consensus dans la littérature en faveur d’un<br />

dépistage systématique de la fonction thyroïdienne chez les<br />

femmes en âge de procréer ; il semble cependant logique de le<br />

proposer en période préconceptionnelle. Les arguments contre<br />

ce dépistage sont son coût et l’induction d’une certaine anxiété.<br />

Une mesure de la fonction thyroïdienne doit être proposée à<br />

toutes les femmes ayant des antécédents personnels ou familiaux<br />

thyroïdiens et à celles souffrant d’une maladie auto-immune<br />

(diabète de type 1, …).<br />

Les anticorps anti-thyroïdiens<br />

Dr Albert Veys,<br />

Dr Brigitte Claeys,<br />

Mr Daniel Allemeersch<br />

Equipe labo<br />

Site Ste-Elisabeth<br />

Le dosage de la TSH est considéré comme l’approche la<br />

plus sensible d’un dysfonctionnement thyroïdien.<br />

En l’absence de traitement ou de situation particulière (grossesse, prise<br />

de Cordarone®), il est suffisant en première intention pour approcher la<br />

fonction thyroïdienne dans le cadre d’un bilan biologique de base sans<br />

signes d’appel. En fonction des recommandations de l’AACC (American<br />

Association of Clinical Chemistry) et de l’AACE (American Association of<br />

Clinical Endocrinologists), le laboratoire a porté depuis novembre 2006<br />

les valeurs de référence adultes de la TSH à 0.3 - 3.0 µU/ml.<br />

Une TSH comprise entre 3 et 4.5 µU/ml constatée sur 2 prélèvements<br />

à intervalle de 3 semaines peut révéler un stade précoce de pathologie<br />

thyroïdienne et nécessiter une recherche d’anticorps thyroïdiens.

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