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Culture:<br />

Le patrimoine juif<br />

européen<br />

Diasporas :<br />

Les Juifs<br />

du roi Albert<br />

Mémoire :<br />

Les nouveaux<br />

marranes<br />

Israël : Le jour où éclata<br />

la guerre <strong>de</strong> Kippour<br />

Israël :<br />

les nouvelles<br />

générations<br />

Par Ami Bouganim<br />

N°293 - SEPTEMBRE 2009 - 3€<br />

M 01907 - 293 - F: 3,00 E<br />

3:<strong>HIKLTA=\UXUUU</strong>:?<strong>k@c@j@n@a</strong>;


N°293 - SEPTEMBRE 2009<br />

TICHRI<br />

4- La prière <strong>de</strong> Hanna par le Grand Rabbin Gilles Bernheim<br />

6- La mémoire du mon<strong>de</strong> par Joël Mergui<br />

8- "Sois très très humble" par le Grand Rabbin David Messas<br />

8- Les jours redoutables<br />

10- "Pour l'amour <strong>de</strong> la mémoire" par Albert Bensoussan<br />

KIPPOUR 1973<br />

12- "Chalom, chalom, veeyn chalom" par Josy Eisenberg<br />

ISRAËL<br />

15- "Welcome Sir and good Luck"… par Ami Bouganim<br />

ECONOMIE<br />

19- Euphorie à la bourse <strong>de</strong> Tel-Aviv par Philippe Meyer<br />

HUMEUR<br />

20- Interrogations par VM<br />

DIASPORA<br />

22- Les Juifs du roi Albert Par Gérard Silvain<br />

LA VIE DU CONSISTOIRE -26<br />

BONNES FEUILLES<br />

40- Les nouveaux marranes par Paul Giniewski<br />

MÉMOIRE<br />

42- "Il faut laisser du temps au temps" par Paul Shaffer<br />

CULTURE<br />

43- Le patrimoine juif européen par Dominique Jarrassé<br />

LIVRES<br />

46- Les éditeurs annoncent<br />

CINEMA<br />

47- L'éducation carcérale d'un apprenti parrain par Elie Korchia<br />

COURRIER -48<br />

CARNET -49<br />

VERBATIM -50<br />

INFORMATION JUIVE<br />

17, rue Saint-Georges<br />

75009 <strong>Paris</strong><br />

Rédaction :<br />

01 48 74 34 17<br />

Administration :<br />

01 48 74 29 87<br />

Fax : 01 48 74 41 97<br />

infoj@consistoire.org<br />

Fondateur :<br />

Jacques Lazarus<br />

Gérant <strong>de</strong> la SARL,<br />

directeur <strong>de</strong> la publication :<br />

Philippe Meyer<br />

Directeur :<br />

Victor Malka<br />

victor.malka.infoj@consistoire.org<br />

AU SOMMAIRE D’<br />

A NOS LECTEURS<br />

Au-<strong>de</strong>là du lot <strong>de</strong> bonnes et <strong>de</strong> mauvaises<br />

nouvelles qui font le quotidien <strong>de</strong> chacun<br />

d'entre-nous et qui finalement rythment<br />

nos vies, l'année écoulée a été marquée par<br />

une conjonction exceptionnelle d'événements<br />

majeurs pour le mon<strong>de</strong> dans son<br />

ensemble. Crise économique et financière, élection <strong>de</strong> Barack<br />

Obama à la Maison Blanche, déclenchement <strong>de</strong> la grippe A, arrivée <strong>de</strong> Benjamin<br />

Netanyahu à la tête du gouvernement en Israël et nouvelle donne au Proche-Orient,<br />

réélection très contestée du Prési<strong>de</strong>nt iranien : autant d'événements <strong>de</strong> premier plan<br />

pour lesquels rien n'est joué, dont l'histoire reste à être écrite et dont l'évolution <strong>de</strong>ssinera<br />

en gran<strong>de</strong> partie les contours et le contenu <strong>de</strong> l'année à venir.<br />

Rarement dans un passé récent, un début d'année n'aura été dominé par <strong>de</strong>s<br />

incertitu<strong>de</strong>s aussi fortes sur un nombre aussi élevé <strong>de</strong> sujets aussi importants. Rarement<br />

leur issue aura été aussi imprévisible. Rarement leurs conséquences à venir auront été<br />

aussi fortes et durables. En fonction d'un scénario ou d'un autre pour chacun d'entreeux,<br />

le mon<strong>de</strong> en sortira différent.<br />

Une telle situation fait naître au niveau individuel et collectif un défi à la fois terrifiant<br />

et passionnant, comme le sont ces Dix jours redoutables entre Roch Hachana et Yom<br />

Kippour, les yamim noraïm, qui sont comme chaque année sur notre route, pour aussi<br />

nous permettre <strong>de</strong> nous y préparer.<br />

Et comment, à l'aube <strong>de</strong> cette nouvelle année, ne pas penser à notre frère Guilad<br />

Shalit qui va passer ses troisièmes fêtes <strong>de</strong> Tichri consécutives en captivité, loin <strong>de</strong> sa<br />

famille et <strong>de</strong> ses proches ? Parmi toutes les incertitu<strong>de</strong>s qui sont <strong>de</strong>vant nous, l'attente<br />

<strong>de</strong> son retour sain et sauf parmi les siens occupera encore et toujours une place centrale<br />

dans nos esprits.<br />

Dans un mon<strong>de</strong> tellement incertain, Information Juive continuera à vous en faire<br />

l'écho le plus fidèle et à vous en fournir les analyses les plus pertinentes, pour vous ai<strong>de</strong>r<br />

à mieux le décrypter et donc à mieux le comprendre. A cet égard, notre constant effort<br />

<strong>de</strong> développement, marqué il y a <strong>de</strong>ux ans exactement par le lancement <strong>de</strong> cette nouvelle<br />

formule qui vise à en améliorer tant la forme que le fond, va se poursuivre. De nouveaux<br />

projets vous seront proposés dans les semaines à venir afin d'aller toujours plus loin<br />

dans l'essor <strong>de</strong> votre journal, avec votre soutien et votre ai<strong>de</strong> qui en <strong>de</strong>meurent les<br />

conditions premières.<br />

Dans un mon<strong>de</strong> tellement incertain, nous resterons avant tout attaché à mériter la<br />

confiance que vous nous accor<strong>de</strong>z <strong>de</strong>puis si longtemps et à vous fournir cette information<br />

juive <strong>de</strong> qualité que vous êtes en droit d'attendre et qui a toujours été notre unique<br />

exigence.<br />

Qu'il me soit permis, au nom <strong>de</strong> l'équipe du journal, <strong>de</strong> vous souhaiter, ainsi qu'à<br />

vos proches, une année 5770 pleine <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> bonheur et <strong>de</strong> prospérité. Que la paix<br />

règne enfin sur Israël et accompagne l'ensemble du peuple juif.<br />

Chana Tova Oumetouka.<br />

Philippe Meyer<br />

Directeur <strong>de</strong> la Publication<br />

Editorialiste : Josy Eisenberg<br />

Chroniqueur : Guy Konopnicki<br />

Comité <strong>de</strong> rédaction : Josy Eisenberg,<br />

Michel Gurfinkiel, Victor Malka,<br />

Joël Mergui, Philippe Meyer<br />

Collaborateurs : Armand Abécassis,<br />

Anne-Julie Bémont, Albert Bensoussan,<br />

Paul Giniewski, Hélène Hadas-Lebel,<br />

Carol Iancu, Gérard Israël, André Kaspi,<br />

Naïm Kattan, Elie Korchia, O<strong>de</strong>tte Lang,<br />

Annie Lelièvre, Daniel Sibony.<br />

Administration :<br />

Jessica Toledano<br />

Maquette : Information Juive<br />

Photographies : Alain Azria<br />

Edité par S.a.r.l. Information Juive<br />

le journal <strong>de</strong>s communautés<br />

au capital <strong>de</strong> 304,90 €<br />

Durée <strong>de</strong> la société : 99 ans<br />

Commission paritaire <strong>de</strong>s journaux<br />

et publications : 0708K83580<br />

Dépôt légal n° 2270. N°ISSN : 1282-7363<br />

Impression : SPEI Imprimeur - Tél. : 03 83 29 31 84<br />

Les textes <strong>de</strong> publicité sont rédigés<br />

sous la responsabilité <strong>de</strong>s annonceurs<br />

et n’engagent pas Information juive.<br />

Abonnement annuel : 33 €<br />

Abonnement <strong>de</strong> soutien : 46 €<br />

Abonnement expédition avion : 37 €<br />

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Les INFORMATION manuscrits non JUIVE retenus Juin 2008 3<br />

ne sont pas renvoyés.


TICHRI<br />

La prière <strong>de</strong> Hanna *<br />

Comme l'enseignait déjà<br />

un maître du hassidisme,<br />

Rabbi Elimelekh <strong>de</strong><br />

Lizensk, "il y a toujours<br />

une raison <strong>de</strong> prier".<br />

Nous avons tous quelque<br />

chose, dans nos vies, que Dieu va utiliser<br />

pour nous amener à nous incliner<br />

<strong>de</strong>vant Lui. Pour certains, il va s'agir<br />

d'une maladie incurable ou d'une<br />

souffrance physique chronique. Pour<br />

d'autres, ce sont <strong>de</strong>s problèmes<br />

financiers, un mariage en difficulté ou<br />

un membre <strong>de</strong> leur famille qui les irrite<br />

profondément. Pour d'autres enfin, c'est<br />

une mauvaise habitu<strong>de</strong>, un rêve brisé<br />

ou un désir non réalisé qui invite à la<br />

prière.<br />

Pour Hanna, c'était sa stérilité,<br />

considérée comme une disgrâce. Une<br />

femme stérile jetait le discrédit sur son<br />

mari et sur leurs familles respectives, les<br />

exposant à la honte et aux critiques. Pour<br />

aggraver encore la profon<strong>de</strong> amertume<br />

due à sa stérilité, Peninna, la <strong>de</strong>uxième<br />

femme d'Elqana, mari <strong>de</strong> Hanna, était<br />

mère <strong>de</strong> plusieurs enfants et prenait<br />

plaisir à le rappeler à cette <strong>de</strong>rnière.<br />

Hanna était l'épouse préférée d'Elqana<br />

et, bien qu'elle fût tendrement aimée <strong>de</strong><br />

lui, cela ne suffisait pas à soulager sa<br />

souffrance émotionnelle. Elle se sentait<br />

impuissante face à cette situation,<br />

désespérée et profondément déprimée.<br />

Dieu l'avait rendue stérile et Dieu seul<br />

était en mesure <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r.<br />

Des générations auparavant, Sara<br />

avait été, elle aussi, stérile. Mais elle<br />

avait un plan. Elle élabora un stratagème<br />

afin <strong>de</strong> permettre la conception d'un fils<br />

pour son mari, Abraham. Bien qu'ils<br />

fussent tous <strong>de</strong>ux avancés en âge, Dieu<br />

leur avait fait la promesse d'une<br />

<strong>de</strong>scendance et d'un héritage, d'une<br />

lignée et d'une famille aussi nombreuse<br />

que les étoiles dans le ciel. Cependant,<br />

après <strong>de</strong> longues années sans le<br />

moindre signe <strong>de</strong> grossesse, Sara décida<br />

d'offrir à Abraham sa servante Agar, afin<br />

que celle-ci porte l'enfant <strong>de</strong> son mari à<br />

sa place. Au lieu <strong>de</strong> venir à Dieu dans<br />

son impuissance et d'attendre <strong>de</strong> Lui<br />

4 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

l'accomplissement <strong>de</strong> la promesse, en<br />

son temps, Sara préféra apporter sa<br />

propre solution au problème.<br />

Hanna, quant à elle, n'a pas voulu<br />

régler son problème elle-même, comme<br />

l'avait fait Sara. Elle s'est rendue au<br />

Temple <strong>de</strong> Silo et a répandu son âme<br />

<strong>de</strong>vant Dieu. Consciente <strong>de</strong> son<br />

impuissance à changer sa situation,<br />

Hanna connaissait le Dieu qui était<br />

capable <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r, plein <strong>de</strong> compassion<br />

à l'égard <strong>de</strong> ceux qui, dans le besoin, se<br />

tournent vers Lui. Elle pleurait et<br />

Le grand rabbin <strong>de</strong> France, Gilles Bernheim<br />

s'abandonnait entre les mains <strong>de</strong> Dieu<br />

dans une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> totale dépendance<br />

à Sa miséricor<strong>de</strong>. Alors qu'elle priait,<br />

Hanna parlait dans son cœur, sans qu'un<br />

son sortît <strong>de</strong> sa bouche, seules ses lèvres<br />

remuaient. Elle lui faisait tellement<br />

confiance qu'Il ne pouvait que répondre<br />

à son cri et venir à son ai<strong>de</strong>.<br />

Peu <strong>de</strong> temps après, Hanna fut<br />

enceinte et donna naissance au grand<br />

prophète Samuel. Cet enfant grandit<br />

pour <strong>de</strong>venir un homme béni <strong>de</strong> Dieu,<br />

<strong>de</strong>stiné à <strong>de</strong>venir le <strong>de</strong>rnier juge en<br />

PAR GILLES BERNHEIM, GRAND RABBIN DE FRANCE<br />

Israël et celui que l'Eternel avait choisi<br />

pour oindre David comme roi.<br />

Qu'est-ce que la prière et quelle est<br />

son efficacité? La prière fait partie <strong>de</strong> ces<br />

concepts nébuleux qui défient toute<br />

logique. Elle est bien davantage que le<br />

faire-part <strong>de</strong> nos besoins. Les prières <strong>de</strong><br />

ces femmes <strong>de</strong> l'histoire biblique ne<br />

détiennent ni secret à découvrir ni<br />

aucune formule garantissant une<br />

réponse divine. Dans la prière nous<br />

<strong>de</strong>mandons notre pain quotidien. Nous<br />

confessons nos fautes et nous partageons<br />

nos rêves, nous supplions Dieu d'obtenir<br />

miséricor<strong>de</strong> et nous rions <strong>de</strong> joie. Cela<br />

ne signifie pas que nous obtenions<br />

forcément tout ce que nous réclamons,<br />

mais nous sommes invités à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

avec une totale liberté sans crainte <strong>de</strong><br />

l'opinion <strong>de</strong>s hommes.<br />

S'il y a effectivement un secret à<br />

propos <strong>de</strong> la prière, c'est le suivant: nous<br />

sommes libres <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r. Pourtant,<br />

il arrive que nous ayons besoin<br />

d'encouragement pour continuer à<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r et à prier. Non pas que nous<br />

ne sachions pas comment prier, mais<br />

nous nous lassons facilement et,<br />

découragés, nous abandonnons. Il n'est<br />

pas nécessaire d'assister à une<br />

conférence sur les raisons pour<br />

lesquelles nous <strong>de</strong>vons prier. Il est en<br />

revanche utile d'avoir la présence <strong>de</strong><br />

quelqu'un auprès <strong>de</strong> nous pour nous<br />

encourager à persévérer. Car le meilleur<br />

encouragement rési<strong>de</strong> souvent dans la<br />

compagnie <strong>de</strong> ceux qui prient. S'il y<br />

S'il y a effectivement un secret à propos <strong>de</strong> la prière,<br />

c'est le suivant: nous sommes libres <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r.<br />

arrive, alors j'y parviendrai aussi! La<br />

prière est pour vous et moi. Puissent ces<br />

lignes nous encourager, en ce mois <strong>de</strong><br />

Tichri, alors que nous approchons<br />

ensemble du trône <strong>de</strong> Dieu.<br />

Chana Tova Oumetouka.<br />

---<br />

*La Haftara du 1er jour <strong>de</strong> Roch<br />

Hachana


TICHRI<br />

La mémoire<br />

du mon<strong>de</strong><br />

Le thème <strong>de</strong> la mémoire<br />

est un <strong>de</strong>s plus<br />

récurrents dans les<br />

textes <strong>de</strong> la tradition<br />

juive. Dans différents<br />

versets <strong>de</strong> la Torah, il<br />

nous est fait injonction <strong>de</strong> nous<br />

souvenir et <strong>de</strong> ne pas oublier. Moïse<br />

lui-même, dans les paroles d'adieu<br />

qu'il adresse au peuple hébreu,<br />

adjure nos ancêtres : "Souviens-toi <strong>de</strong>s<br />

jours antiques, médite sur la<br />

génération du lointain passé.<br />

Interroge ton père, il te l'apprendra ;<br />

tes grands parents, ils te l'expliqueront".<br />

Mais c'est au mois <strong>de</strong> Tichri et <strong>de</strong><br />

ses solennités en particulier, que ce<br />

thème revêt pour nous une<br />

importance considérable. C'est le mois<br />

au cours duquel nous sommes appelés<br />

à nous souvenir. De quoi ? D'abord,<br />

<strong>de</strong> la création du mon<strong>de</strong> et du fait<br />

qu'elle n'a pas été le fait du hasard.<br />

Des finalités <strong>de</strong> l'homme, <strong>de</strong> ses<br />

<strong>de</strong>voirs envers le ciel et <strong>de</strong> ses<br />

responsabilités envers les<br />

autres. De ce qu'il a fait et <strong>de</strong> ce<br />

qui lui reste à faire. Nous<br />

souvenir aussi que nous avons<br />

<strong>de</strong>s comptes à rendre au ciel<br />

ainsi qu'aux femmes et aux<br />

hommes qui nous entourent.<br />

Tichri est le mois au cours<br />

duquel nous sommes jugés<br />

mais c'est aussi celui <strong>de</strong> la<br />

confiance et <strong>de</strong> l'espérance.<br />

Nous souvenir enfin <strong>de</strong> ce<br />

que le repentir est à tout instant<br />

à la portée <strong>de</strong> l'homme. Ce concept <strong>de</strong><br />

la techouva est sans doute un <strong>de</strong>s plus<br />

forts et <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong>nses dans les textes<br />

<strong>de</strong> la liturgie <strong>de</strong> Tichri et<br />

singulièrement dans celle <strong>de</strong> Roch<br />

Hachana et <strong>de</strong> Kippour. Il ne signifie<br />

pas seulement retour et réponse. La<br />

techouva est également<br />

reconstruction, refonda-tion. Elle<br />

6 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

permet <strong>de</strong> réparer ce qui a été<br />

fautivement ou incomplè-tement<br />

accompli ou encore ce qui a été raté.<br />

Le repentir a pris dans nos différents<br />

textes <strong>de</strong> référence une importance<br />

telle que nos maîtres disent qu'il a été<br />

créé avant le mon<strong>de</strong> lui-même.<br />

Un <strong>de</strong>s dictons les plus connus dans<br />

la littérature rabbinique est celui qui<br />

prétend que " les portes <strong>de</strong> la prière<br />

peuvent parfois être fermées mais<br />

celles du repentir sont, elles, toujours<br />

ouvertes". C'est ainsi que Maïmoni<strong>de</strong><br />

évoque à propos <strong>de</strong> la techouva et <strong>de</strong><br />

Roch Hachana, que la sonnerie du<br />

chofar renferme une allusion<br />

essentielle au réveil, à l'examen <strong>de</strong> sa<br />

propre conduite et au souvenir <strong>de</strong> la<br />

Création.<br />

Personnellement, j'ai toujours<br />

considéré les diverses étapes qui<br />

ponctuent le mois <strong>de</strong> Tichri, l'un <strong>de</strong>s<br />

plus beau <strong>de</strong> notre calendrier, comme<br />

l'expression <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> nous<br />

PAR JOËL MERGUI*<br />

tourner <strong>de</strong> temps à autre vers nos<br />

racines. Parce qu'elles nous informent<br />

et qu'elles nous enrichissent.<br />

Comprendre ses racines est une tâche<br />

difficile mais indispensable. Un<br />

“J'ai toujours considéré les diverses étapes<br />

qui ponctuent le mois <strong>de</strong> Tichri comme<br />

l'expression <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> nous tourner<br />

<strong>de</strong> temps à autre vers nos racines.”<br />

éducateur kibboutznik, Moki Tsour,<br />

raconte l'exemple d'une personne qui<br />

ayant entendu parler <strong>de</strong> l'importance<br />

<strong>de</strong>s racines, déracinait chaque matin<br />

le jeune arbre qu'elle venait <strong>de</strong> planter<br />

pour l'examiner. L'arbre ne grandit<br />

jamais.<br />

On sait que Benjamin Disraéli resta<br />

farouchement attaché à ses racines<br />

juives. Un jour, il répondit ceci à un<br />

opposant politique qui raillait ses<br />

origines juives : " Quand les<br />

ancêtres <strong>de</strong> cet honorable<br />

monsieur n'étaient que <strong>de</strong>s brutes<br />

sauvages habitant dans une île<br />

inconnue, les miens étaient<br />

prêtres au Temple <strong>de</strong> Jérusalem".<br />

" Yom Hazikarone ", jour du<br />

souvenir que nous célébrons avec<br />

tant <strong>de</strong> foi et <strong>de</strong> ferveur dans<br />

toutes nos synagogues : c'est ainsi<br />

que la Bible appelle le jour <strong>de</strong><br />

l'an, Roch Hachana. Evoquer le<br />

passé et le comprendre nous ai<strong>de</strong><br />

à regar<strong>de</strong>r les événements sous<br />

leur jour véritable. Selon le<br />

Nahman <strong>de</strong> Braslaw, "C'est dans le<br />

souvenir que rési<strong>de</strong> le secret <strong>de</strong> la<br />

ré<strong>de</strong>mption". Et il est bon que cette<br />

inscription figure à l'entrée du Yad<br />

Vashem, le Mémorial <strong>de</strong> la Shoah.<br />

---<br />

*Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong> Central et<br />

<strong>de</strong> <strong>Paris</strong>


TICHRI<br />

“Sois très très humble”<br />

(Mishna Avoth)<br />

Hillel enseigne : " Quiconque se<br />

sert <strong>de</strong> la couronne (<strong>de</strong> la<br />

Torah) se perdra ". La Torah est<br />

la carte d'i<strong>de</strong>ntité d'Israël.<br />

Nous n'y lisons pas seulement notre histoire<br />

ancienne, nous y découvrons qui<br />

nous sommes aujourd'hui. Les rêves <strong>de</strong><br />

nos illustres ancêtres sont toujours nos<br />

rêves, leurs combats sont toujours nos<br />

combats. Cette Torah appartient donc à<br />

chacun. " La couronne <strong>de</strong> la Torah est<br />

posée <strong>de</strong>vant chaque homme, qui veut la<br />

prendre, vienne la prendre. " Hillel pose<br />

une condition à cette démocratisation du<br />

savoir : Ne pas user <strong>de</strong> la Torah à <strong>de</strong>s fins<br />

personnelles. La Torah ne peut servir que<br />

la noble tâche du service divin, non un<br />

intérêt privé, fût-ce pour être appelé "<br />

Rabbi ".<br />

Les jours redoutables<br />

Si j'avais à choisir, j'aimerais mieux ne<br />

pas mourir. Dans le mon<strong>de</strong> à venir en effet,<br />

il n'existe pas <strong>de</strong> "jours redoutables".Or, que<br />

peut faire l'âme humaine sans " les jours<br />

redoutables"? Chmelke <strong>de</strong> Nikolsbourg<br />

Puissè-je aimer le plus grand sage d'Israël<br />

comme Dieu aime le plus grand pervers<br />

Chlomo <strong>de</strong> Karlin<br />

Quand au sein du peuple règnent l'union<br />

et l'amour, qui a besoin d'un roi ?<br />

Yossef Leiner<br />

-Rabbi, apprenez-moi à craindre Dieu !<br />

-Cela, je ne le sais pas mais je peux<br />

t'apprendre à aimer Dieu : commence par<br />

aimer ton prochain! Men<strong>de</strong>l <strong>de</strong> Kotzk<br />

La voie du bien est unique. Les chemins<br />

du mal sont multiples.<br />

Chmouël <strong>de</strong> Chokhsov<br />

Nous ne savons absolument pas <strong>de</strong><br />

quelle façon nous <strong>de</strong>vons prier. Tout ce que<br />

nous savons c'est crier au secours selon le<br />

besoin et la détresse du moment.<br />

Ouri <strong>de</strong> Strelisk<br />

8 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

PAR DAVID MESSAS, GRAND RABBIN DE PARIS<br />

L'homme est toujours prompt à tirer profit<br />

<strong>de</strong> toute situation qui lui offrira un<br />

avantage. Le basculement vers l'orgueil<br />

<strong>de</strong>meure alors un piège permanent. Ne<br />

pas se servir <strong>de</strong> la Torah pour briller soimême,<br />

mais pour faire briller le nom divin<br />

reste un défi.<br />

Les fêtes <strong>de</strong> tichri représentent <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous<br />

exceptionnels pour ne pas basculer<br />

dans l'illusoire et découvrir le vrai<br />

sens <strong>de</strong> la vie. Alors que la société<br />

mo<strong>de</strong>rne nous fait miroiter que plus<br />

l'homme possè<strong>de</strong> et plus l'homme est heureux,<br />

la Torah nous enseigne au contraire.<br />

Que c'est, souvent, dans le dépouillement<br />

et la simplicité que l'homme peut trouver<br />

la joie authentique, la simha. J'en veux<br />

Il vaut mieux encore une ferveur sans<br />

prière qu'une prière sans ferveur.<br />

Bounam <strong>de</strong> Pssiskhé<br />

Si je savais que j'ai, une seule fois, prononcé<br />

un amen comme cela doit être dit réellement,<br />

je ne me ferais pas <strong>de</strong> soucis<br />

Moché <strong>de</strong> Kobryn<br />

Peut-être en effet toutes les portes du ciel<br />

se sont-elles fermées à nos prières? Mais pas<br />

celles du chant et <strong>de</strong>s cantiques.<br />

Nahman <strong>de</strong> Braslaw<br />

Le tsar prétend qu'il est le roi ainsi qu'Untel<br />

et Untel. Et moi je dis : que le Nom<strong>de</strong><br />

Dieu soit sanctifié et qu'il soit glorifié !<br />

Lévy Yitzhak <strong>de</strong> Berditchev<br />

Dieu ! Si nous n'avions pas <strong>de</strong> péchés, que<br />

ferais-tu <strong>de</strong> ton pardon ?<br />

Lévy Yitzhak <strong>de</strong> Berditchev<br />

Maître du mon<strong>de</strong> ! Je viens te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

ce qu'Israël représente à tes yeux. Il y a longtemps<br />

que tu ne t'occupes plus <strong>de</strong> ton peuple.<br />

Tu comptes beaucoup <strong>de</strong> peuples dans<br />

le mon<strong>de</strong>. Et chacun d'entre eux affirme que<br />

son Dieu est le vrai Dieu. Les Russes disent:<br />

" Notre Dieu est le roi du mon<strong>de</strong> " ; les Allemands<br />

: " Notre royaume est éternel " ; les<br />

pour preuve cette belle fête <strong>de</strong> Souccoth<br />

nommée " temps <strong>de</strong> notre joie ". Ici la joie<br />

se conjugue avec le fait <strong>de</strong> quitter sa<br />

<strong>de</strong>meure fixe pour entrer dans une<br />

<strong>de</strong>meure provisoire. Quitter la condition<br />

du sé<strong>de</strong>ntaire pour re<strong>de</strong>venir un noma<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>vant D., c'est affirmer que l'essentiel ne<br />

se trouve pas dans l'avoir, mais dans l'être.<br />

Nous comprenons pourquoi nous lisons<br />

Kohéleth à la fête <strong>de</strong> Souccoth. Le livre<br />

<strong>de</strong> l'Ecclésiaste commence en effet par :<br />

" vanité <strong>de</strong>s vanités " et s'achève par : "<br />

crains D. et accomplis Ses comman<strong>de</strong>ments,<br />

car c'est cela tout l'Homme. " Certes,<br />

tel est le sens <strong>de</strong> notre authentique<br />

humanité.<br />

Chana tova oumétouka.<br />

On sait que selon la tradition, c'est à Roch Hachana que chacun est jugé pour l'année à venir et c'est à Yom Kippour<br />

qu'est rendu le verdict définitif. Quant aux dix jours qui s'écoulent entre le début du Jour <strong>de</strong> l'an et la fin du Grand<br />

Pardon, ils sont appelés les jours <strong>de</strong> repentance. Les thèmes <strong>de</strong> la prière et <strong>de</strong> la techouva sont omniprésents dans<br />

la liturgie <strong>de</strong> ces journées. Voici, extrait du livre " Ainsi parlait le hassidisme " ( Editions du Cerf ) un bouquet <strong>de</strong><br />

formules relatives à ces thèmes.<br />

Anglais : " Notre roi est le seigneur <strong>de</strong> toute<br />

la terre ". Et moi, Lévy Yitzhak, fils <strong>de</strong> Sara,<br />

je dis : " Que ton Nom soit sanctifié ! ". Et je<br />

ne bougerai pas d'ici tant que tu ne nous<br />

envoies pas le Messie ".<br />

Lévy Yitzhak <strong>de</strong> Berditchev<br />

<br />

Le pardon ? Pour cela, il y a la journée <strong>de</strong><br />

Kippour. Mais pour se purifier, l'homme a<br />

besoin <strong>de</strong> lui-même ! Yitzhak <strong>de</strong> Worke<br />

L'âme humaine est comme une bougie :<br />

elle est, par moments, allumée et, à d'autres,<br />

éteinte ! Baal ChemTov<br />

Tout homme peut défoncer les portes du<br />

ciel et faire repentance ! Men<strong>de</strong>l <strong>de</strong> Kotzk<br />

Maître du mon<strong>de</strong> ! J'avoue avoir beaucoup<br />

péché contre toi mais toi non plus tu<br />

ne m'as pas donné que <strong>de</strong>s joies ! Alors, je<br />

te pardonne les peines, les malheurs et les<br />

douleurs que tu m'as envoyés. Et, à ton<br />

tour, pardonne-moi ! Yossef <strong>de</strong> Brod<br />

Plutôt que <strong>de</strong> se soucier <strong>de</strong> ce que l'on va<br />

faire <strong>de</strong>main, mieux vaut réparer ce qu'on a<br />

fait hier ! Baal Chem Tov


REPÈRES<br />

Tapis persan<br />

Ramin Parham et Michel Taubmann<br />

racontent dans le livre qu'ils publient<br />

chez Denoël (L'histoire secrète <strong>de</strong> la<br />

révolution iranienne ) ce que furent<br />

ces journées <strong>de</strong> février 1979 au cours<br />

<strong>de</strong>squelles le régime <strong>de</strong>s ayatollahs<br />

a remplacé celui du shah en Iran. Les<br />

<strong>de</strong>ux auteurs racontent en particulier<br />

la journée du 18 février 1979, une<br />

journée au cours <strong>de</strong> laquelle Arafat<br />

fut reçu par Khomeiny. Le lea<strong>de</strong>r<br />

palestinien se rend ce jour-là à ce<br />

que fut la représentation<br />

diplomatique d'Israël en Iran : " Une<br />

foule compacte et brûlante <strong>de</strong> haine<br />

encercle le bâtiment, situé en plein<br />

cœur <strong>de</strong> la ville, à quelques pas du<br />

campus <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Téhéran.<br />

Victorieux, son keffieh presque défait<br />

Le bac à Bné Berak<br />

Selon une étu<strong>de</strong> rendue publique cet été par <strong>de</strong>s services officiels<br />

israéliens, il existe un grand écart dans les résultats du baccalauréat<br />

israélien entre d'une part les gran<strong>de</strong>s villes et d'autre part les villages<br />

pauvres et les quartiers orthodoxes. Ainsi 82,3 % <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> Kokhav<br />

Yaïr et 75,6 % <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> Ramat Hasharon à Tel Aviv ont réussi l'année<br />

<strong>de</strong>rnière leurs examens <strong>de</strong> " Bagrout ( le bac israélien ) tandis que 14,9<br />

% seulement <strong>de</strong>s élèves étudiant à Bne Berak ont réussi à passer ce cap.<br />

Un étudiant orthodoxe <strong>de</strong> 17 ans <strong>de</strong> Bné Berak a déclaré au journal<br />

Maariv : " Qu'ai-je besoin d'un quelconque bac ? L'étu<strong>de</strong> la Tora aiguise<br />

l'esprit plus que tous les bas réunis. Je serai étudiant en Torah et pour<br />

ce qui est <strong>de</strong> la vie quotidienne, il y aura ma femme ". Un autre étudiant<br />

ajoute : " Je n'ai pas besoin d'apprendre <strong>de</strong>s métiers qui m'ai<strong>de</strong>ront peutêtre<br />

à gagner ma vie. Nous avons vécu ainsi durant <strong>de</strong>s millénaires ".<br />

Une médaille<br />

Rabin<br />

Quatorze ans après qu'il ait été<br />

assassiné, la Banque d'Israël se<br />

prépare à mettre en circulation dans<br />

les mois qui viennent <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong><br />

monnaie portant effigie d'Itzhak<br />

Rabin, l'ancien premier ministre et<br />

Prix Nobel <strong>de</strong> la Paix 1994. C'est une<br />

tradition <strong>de</strong> la Banque nationale <strong>de</strong><br />

frapper <strong>de</strong>s monnaies à la mémoire<br />

<strong>de</strong> Prix Nobel. Ce fut notamment le<br />

cas pour Menahem Begin et pour<br />

l'écrivain Chaï Agnon, prix Nobel <strong>de</strong><br />

littérature.<br />

(…) Arafat ira saluer la foule <strong>de</strong>puis<br />

le balcon <strong>de</strong> la mission<br />

diplomatique. Sur la faça<strong>de</strong> en crépi<br />

jauni, au-<strong>de</strong>ssus d'un drapeau<br />

palestinien planté sur le balcon et<br />

d'un bouquet d'œillets rouges, <strong>de</strong>ux<br />

mots tagués en lettres rouges latines<br />

" Viva PLO ".Les Israéliens avaient<br />

pris soin <strong>de</strong> détruire tous les<br />

documents sensibles. Une foule<br />

déchaînée dévalisera les locaux,<br />

emportant en butin un gigantesque<br />

tapis persan .Celui-ci avait garni<br />

jadis les intérieurs <strong>de</strong> Son Excellence<br />

l'ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l'Allemagne nazie.<br />

Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la guerre, la<br />

communauté juive téhéranaise l'avait<br />

acheté et en avait fait don, dans les<br />

années 60, à la chancellerie<br />

israélienne. Il ne servira donc pas à<br />

garnir le parterre <strong>de</strong> la délégation <strong>de</strong><br />

Palestine à Téhéran".<br />

La colère<br />

du rabbin<br />

Un jeune rabbin, député <strong>de</strong> la<br />

Knesset et membre <strong>de</strong> la<br />

formation Chas, Hayim Amsellem,<br />

a défrayé la chronique en<br />

Israël au mois d'août. Il a accusé<br />

les responsables <strong>de</strong> son parti<br />

d'avoir abandonné en vérité les<br />

positions modérées <strong>de</strong>s Séfara<strong>de</strong>s<br />

dans <strong>de</strong>s questions religieuses.<br />

Bien plus, il accusé les<br />

responsables <strong>de</strong> son parti d'être<br />

<strong>de</strong>s hypocrites en ce qu'ils<br />

annoncent vouloir perpétuer les<br />

traditions séfara<strong>de</strong>s alors même<br />

qu'ils envoient leurs propres<br />

enfants dans <strong>de</strong>s établissements<br />

d'éducation ashkénazes. " Notre<br />

parti, ajoute-il, fonctionne selon<br />

<strong>de</strong>s règles <strong>de</strong>s yéchivot<br />

lituaniennes. Nous sommes<br />

responsables du sentiment d'infériorité<br />

que nous ressentons. C'est<br />

nous-mêmes qui entretenons ce<br />

sentiment ".<br />

Le rabbin Amsellem est âgé <strong>de</strong><br />

50 ans. Il est né dans une famille<br />

marocaine qui s'est installée en<br />

Algérie. Il avait six mois quand<br />

il a quitté avec sa famille<br />

l'Algérie pour la France et 12 ans<br />

quand il a fait son aliya en Israël.<br />

Il a été rabbin à Genève et a<br />

quitté la Suisse pour <strong>de</strong>venir, en<br />

2006, député du parlement<br />

israélien.<br />

Il est aujourd'hui candidat au<br />

poste <strong>de</strong> rabbin <strong>de</strong> la ville<br />

d'Ashdod.<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 9


TICHRI<br />

“Pour l'amour<br />

<strong>de</strong> la mémoire”<br />

Tichri frappe à notre porte<br />

comme la main <strong>de</strong> cet<br />

enfant matinal invitant<br />

aux selihot, aux prières<br />

<strong>de</strong> repentance, car ce<br />

mois qui voit la<br />

naissance <strong>de</strong> l’an neuf est aussi celui<br />

<strong>de</strong>s jours redoutables, les yamim<br />

noraïm, qui culminent au jeûne <strong>de</strong><br />

Kippour. Nous savons pleurer ce jourlà,<br />

et les motifs <strong>de</strong> désolation ne<br />

manquent pas. Nous pleurons sur les<br />

nôtres qui ne sont plus, les parents ,<br />

frères et soeurs, oncles et tantes, la<br />

famille d’année en année rétrécie. Nous<br />

pleurons sur nos morts bien plus que<br />

sur nos fautes supposées, dont la liste<br />

est si longue qu’elle en <strong>de</strong>vient,<br />

finalement, irréelle. Au <strong>de</strong>meurant, nous<br />

savons bien tout ce que nous avons à<br />

nous reprocher sans qu’on nous en dicte<br />

l’énumération confondante, mais<br />

saurons-nous échapper à l’automatisme<br />

<strong>de</strong> la prière qui nous fait croire,<br />

fallacieusement, qu’à l’issue du viddouï,<br />

<strong>de</strong> cette confession générale <strong>de</strong>s péchés,<br />

nous serons “purs” ? Les ennemis d’hier<br />

sont tout autant brouillés à l’issue du<br />

Kippour, les haines se prolongent, voire<br />

se renforcent, les bonnes résolutions ne<br />

sont que chiffon <strong>de</strong> prière, alors à quoi<br />

bon ? Qui n’a pas lu Qohèlet et n’en a<br />

pas retenu pour lui-même la leçon, n’a<br />

rien lu ni su. “L’œil n’est jamais rassasié<br />

<strong>de</strong> voir, ni l’oreille saturée d’entendre”.<br />

Dans mon labeur quotidien d’homme<br />

d’écriture et <strong>de</strong> passeur <strong>de</strong> textes, voilà<br />

que je tombe sur le roman <strong>de</strong> Héctor<br />

Abad Faciolince, L’oubli que nous serons<br />

(que je traduis pour Gallimard) et voilà<br />

que cet écrivain colombien a mis en<br />

exergue ces vers fulgurants <strong>de</strong> Yehouda<br />

Amihaï :<br />

Et pour l’amour <strong>de</strong> la mémoire<br />

je porte sur mon visage le visage <strong>de</strong> mon<br />

père.<br />

10 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

Le livre tout entier, pieuse<br />

remémoration, porte le visage du père<br />

et se présente comme un émouvant<br />

témoignage sur cet amour inouï qui<br />

liait l’enfant à son géniteur, et là je me<br />

suis reconnu dans ma propre<br />

démarche et mon sentiment le plus<br />

profond. Alors, comme je le fais<br />

toujours, je reprends à mon compte les<br />

lectures <strong>de</strong> l’auteur, et me voilà plongé<br />

dans cette poésie d’une <strong>de</strong>s plus<br />

gran<strong>de</strong>s voix poétiques d’Israël – prix<br />

Bialik, le plus prestigieux du pays.<br />

Yehouda Amihaï, qui a connu <strong>de</strong>ux<br />

guerres, d’abord dans la briga<strong>de</strong> juive<br />

au temps du mandat britannique,<br />

puis dans les rangs <strong>de</strong> Tsahal pour la<br />

guerre d’indépendance d’Israël, a écrit<br />

<strong>de</strong>s choses bouleversantes sur le<br />

combat et la perte définitive <strong>de</strong><br />

l’innocence :<br />

PAR ALBERT BENSOUSSAN<br />

En route pour le front nous avons<br />

couché dans un jardin d’enfants<br />

Un ours en peluche me servait d’oreiller<br />

Vers mon visage las <strong>de</strong>scendaient <strong>de</strong>s<br />

toupies<br />

Des trompettes et <strong>de</strong>s poupées<br />

Mais non <strong>de</strong>s anges<br />

Alors il se penche sur son propre<br />

fils, et il s’écrie : “Mon enfant sent la<br />

paix”. Définitivement le mon<strong>de</strong> à ses<br />

yeux se partage entre <strong>de</strong>ux o<strong>de</strong>urs,<br />

celle du vert paradis <strong>de</strong> l’enfance et<br />

celle du carnage <strong>de</strong>s bûchers, dont les<br />

flammes s’élèvent en buisson – le<br />

buisson ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Moïse – consumant<br />

le corps <strong>de</strong> l’homme, <strong>de</strong> l’humanité<br />

Et pour l'amour <strong>de</strong> la mémoire<br />

je porte sur mon visage le visage <strong>de</strong> mon père.<br />

Yehouda Amihaï<br />

tout entière. Lui, qui est croyant et fut<br />

élevé dans la stricte orthodoxie<br />

ashkénaze dans l’Allemagne <strong>de</strong> son<br />

enfance, se déchausse là, <strong>de</strong>vant le<br />

supplice <strong>de</strong>s hommes consumés, car<br />

cette terre est sacrée, elle est celle où<br />

l’homme souffre et se déchire, et parce<br />

que, écrit-il lumineusement “les<br />

hommes ont tous été <strong>de</strong>s enfants qui<br />

sentaient la paix”. Mais Dieu dans<br />

cette affaire ? La question, on le<br />

sait, <strong>de</strong>puis l’horreur concentrationnaire<br />

est bien : “Où était Dieu à<br />

Auschwitz?” mais Yehouda répond :<br />

Dieu a pitié <strong>de</strong>s petits enfants,<br />

Moins encore <strong>de</strong>s écoliers,<br />

Et plus du tout <strong>de</strong>s adultes<br />

Qu’ils laissent seuls.<br />

Non, pour lui, Dieu – qui est à<br />

l’image <strong>de</strong> son père définitivement<br />

en allé - n’est pas absent, et il a cette<br />

image terrifiante – et si juste, ence<br />

qu’elle envoie à la kappara <strong>de</strong><br />

Tichri :


La main <strong>de</strong> Dieu est dans le mon<strong>de</strong><br />

Comme la main <strong>de</strong> ma mère dans<br />

les entrailles du coq égorgé.<br />

Comment ne pas les entendre<br />

clamer et invectiver les pousse-aufeu,<br />

les va-t-en-guerre ? Etre<br />

pacifiste, est-ce donc un crime ?<br />

Surtout quand on a déjà donné son<br />

sang pour irriguer cette terre<br />

d’Israël. Comment ne pas être<br />

choqué <strong>de</strong>s réactions soulevées par<br />

l’attitu<strong>de</strong> – certes, pour le moins<br />

provocante avec son passeport<br />

palestinien en poche - <strong>de</strong> Daniel<br />

Barenboïm, l’un <strong>de</strong>s plus illustres<br />

musiciens <strong>de</strong> notre temps, alors que<br />

le chef israélien n’a qu’une<br />

ambition, lui qui a déjà tant<br />

souffert: l’avènement <strong>de</strong> la paix sur<br />

la terre d’Israël ? Aujourd’hui, quel<br />

malheur ! Le mot “paix” pour<br />

certains sonne comme une injure,<br />

ou une insanité. Sachons écouter<br />

un homme <strong>de</strong> souffrance tel que<br />

David Grossman lorsqu’il nous<br />

lance, avec les accents <strong>de</strong><br />

l’Ecclésiaste : “De la même manière<br />

qu’il y a <strong>de</strong>s guerres inévitables, il<br />

y a aussi <strong>de</strong>s paix inévitables”. Oui,<br />

inévitablement il y aura un temps<br />

<strong>de</strong> paix, comme le prédit le<br />

Prédicateur (Qohèlet).<br />

Alors pour Kippour, que peut-on<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r dans notre vœu <strong>de</strong><br />

Tikkoun olam, cette “réparation du<br />

mon<strong>de</strong>” voulue par les kabbalistes?<br />

Que les vases brisés, chers au<br />

romancier hiérosolomytain David<br />

Shahar, soient recollés, que les<br />

mains <strong>de</strong>s ennemis s’étreignent<br />

dans une chaleur humaine et un<br />

regard retrouvé d’enfance et<br />

d’innocence, comme le souhaite<br />

aussi, dans toute son œuvre, le<br />

cœur immense d’Amihai. Et<br />

gardons en mémoire, pour finir,<br />

TICHRI<br />

cette si belle métaphore qu’il<br />

développe sur Kippour à Jérusalem,<br />

cette “ville portuaire sur le rivage<br />

<strong>de</strong> l’éternité”:<br />

Le mont du Temple est un vaste et<br />

luxueux bateau <strong>de</strong> plaisance<br />

Le chofar retentit : une autre nef<br />

lève l’ancre.<br />

Les marins <strong>de</strong> Yom Kippour, en<br />

uniforme blanc, grimpent aux<br />

cordages <strong>de</strong>s prières les plus<br />

hautes…<br />

A. B.<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 11


KIPPOUR 1973<br />

“Chalom, chalom,<br />

veeyn chalom” PAR<br />

Je me trouvais dans la<br />

synagogue du prési<strong>de</strong>nt, à<br />

Jérusalem, lorsque les<br />

sirènes ont retenti. Des<br />

jeunes gens ont ouvert la<br />

porte et fait un signe.<br />

D'autres jeunes gens ont, sans un mot,<br />

déposé leur châle <strong>de</strong> prière, et sont<br />

sortis. Une jeep a démarré. Personne<br />

<strong>de</strong> songeait à la guerre. La guerre,<br />

maintenant, et en plein Kippour ?<br />

Impossible. Une alerte. Une alerte<br />

assez grave pour que l'on profane<br />

l'interdit <strong>de</strong> voyager à Kippour. Mais<br />

pas la guerre. Ceux qui résistaient ont<br />

continué d'observer Kippour : le<br />

jeûne, la prière, l'immobilité. On n'a<br />

pas ouvert la radio. J'avais décidé<br />

d'achever la journée <strong>de</strong>vant le Mur.<br />

J'y suis allé : la vieille ville était<br />

bouclée. On ne m'a pas laissé passer.<br />

Un vieux Yéménite invectivait le<br />

policier : <strong>de</strong> quel droit ? Les portes<br />

sont fermées, a dit l'agent. Les portes<br />

du Ciel sont ouvertes, a répondu le<br />

vieillard.<br />

" Je suis là pour te protéger.<br />

- Sot : c'est moi qui te protège<br />

lorsque je prie. "<br />

Il n'y a pas eu <strong>de</strong> profanation du<br />

Kippour ce jour-là. Du moins, je ne l'ai<br />

pas ressentie. L'angoisse et la vie<br />

étaient si évi<strong>de</strong>mment sacrées pour<br />

tous ! Abba Eban <strong>de</strong>vait parler,<br />

quelques jours après, du Pearl-Harbor<br />

moral. Non. Le Pearl-Harbor, c'est la<br />

guerre. Il n'y a pas <strong>de</strong> temps propre<br />

ou <strong>de</strong> temps sale pour faire <strong>de</strong>s choses<br />

sales. C'est la guerre qui est<br />

profanation. Attaquer le jour du<br />

Kippour, interrompre brutalement le<br />

dialogue d'Israël et <strong>de</strong> son Dieu, ce<br />

n'est rien d'autre qu'un Symptôme : le<br />

sacré s'est éclipsé, les mots et les rites<br />

ne sont plus sécurisants, l'état d'alerte<br />

est notre lot quotidien.<br />

12 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

Si c'est cela que les Arabes ont<br />

voulu montrer : rien n'est stable, rien<br />

n'est acquis, même le temps <strong>de</strong>s<br />

incantations nous est compté, et les<br />

mots prononcés par nos ancêtres<br />

peuvent être couverts par le bruit <strong>de</strong>s<br />

canons, alors, l'attaque du Kippour<br />

était bien pensée, dans la ligne du<br />

Chofar, <strong>de</strong> cette corne <strong>de</strong> bélier que<br />

l'on venait <strong>de</strong> sonner partout dans le<br />

mon<strong>de</strong>, comme chaque année, pour<br />

empêcher la conscience d'Israël <strong>de</strong><br />

s'assoupir. Mais s'il s'agissait d'une<br />

opération tactique et s'ils en<br />

attendaient un retard dans la<br />

mobilisation <strong>de</strong> l'armée d'Israël, quelle<br />

grossière -provi<strong>de</strong>ntielle, disaient mes<br />

amis- erreur d'appréciation !<br />

Immobilisé dans la prière, Israël était<br />

plus aisément mobilisable à Kippour<br />

que n'importe quel jour <strong>de</strong> l'année ?<br />

Ce jour-là, on ne voyage pas, les cafés<br />

sont fermés. Les uns sont à la<br />

synagogue, les autres à la maison.<br />

A 6 heures, Kippour s'arrête. Avant<br />

même <strong>de</strong> rompre le jeûne, chacun<br />

s'est précipité sur sa radio ou sur sa<br />

télévision. Dayan apparaît. Il explique<br />

qu'Israël n'a pas voulu faire la guerre<br />

préventive et que les Egyptiens ont<br />

franchi le canal. Il annonce qu'ils<br />

seront encore plus nombreux à le faire<br />

la nuit suivante. Puis, il tente <strong>de</strong> nous<br />

rassurer et achève son intervention,<br />

dans ce qui apparaît déjà comme le<br />

délire <strong>de</strong> la guerre du Kippour, par<br />

une sentence empruntée au rite : la<br />

guerre, dit-il, s'achèvera par une<br />

Hatima Tova, une bonne signature,<br />

une conclusion heureuse. C'est le vœu<br />

que les juifs adressent traditionnellement,<br />

ce jour-là, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux<br />

mille ans : obtenir une bonne<br />

signature <strong>de</strong> Dieu dans le livre <strong>de</strong> la<br />

vie, après avoir obtenu son pardon. Et<br />

ces hommes, quand commenceront-<br />

JOSY EISENBERG<br />

En octobre 1973, au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Kippour, notre ami le rabbin Josy Eisenberg avait publié cette<br />

tribune dans les colonnes du journal Le Mon<strong>de</strong>. Il nous a paru intéressant <strong>de</strong> la reproduire ici parce que<br />

quelques décennies après, elle n'a pas pris une ri<strong>de</strong>.<br />

ils à oublier et à pardonner ? Et Israël,<br />

lui pardonnera-t-on d'exister ?<br />

Qu'une armée prenne<br />

position contre moi…<br />

Cinq jours après le Kippour, c'est la<br />

fête <strong>de</strong>s Cabanes : sa préparation<br />

commence en même temps que la<br />

guerre. Le pays n'est plus qu'un<br />

immense réseau <strong>de</strong> communications.<br />

Les familles se téléphonent sans cesse<br />

pour s'informer <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> la<br />

mobilisation. Une angoisse indicible<br />

s'est abattue sur les cœurs, alors que<br />

les esprits fonctionnent avec diligence<br />

et rigueur. Quelquefois mes amis<br />

utilisent un mot qui me choque :<br />

untel a été, disent-ils, " pris ". Ce n'est<br />

qu'une façon <strong>de</strong> parler, mais qui<br />

évoque d'autres souvenirs. Et je pense,<br />

et je dis : naguère, quand un juif était<br />

" pris " c'était par ses bourreaux et non<br />

par ses frères, c'était dans la honte et<br />

non dans la ferveur. Mais je ne sais<br />

plus : être assassiné ou mourir les<br />

armes en main, ce n'est pas la même<br />

mort, mais c'est bien la même chose.<br />

Morts stériles, morts fécon<strong>de</strong>s : les<br />

beaux mots ne font pas <strong>de</strong> belles<br />

morts.<br />

Au marché, les juifs <strong>de</strong> Mea<br />

Shéarim, et les autres, achètent avec<br />

le même zèle les quatre espèces que<br />

l'on va agiter à Souccoth. Le temps<br />

s'est arrêté : ils examinent<br />

soigneusement, quelquefois durant<br />

un quart d'heure, l'extrémité <strong>de</strong>s<br />

branches <strong>de</strong> palmier, qu'ils achètent,<br />

ces branches qui ressemblent à <strong>de</strong>s<br />

épées <strong>de</strong> verdure, pour s'assurer<br />

qu'elles sont belles, entières,<br />

impeccables, propres aux exigences<br />

du rite. Je sens que je <strong>de</strong>viens fou ?<br />

Dans un ultime éclair <strong>de</strong> lucidité, je<br />

sais que nous sommes fous.


KIPPOUR 1973<br />

Fous <strong>de</strong> croire et <strong>de</strong> prier et <strong>de</strong><br />

faire les gestes, tous les gestes, et<br />

d'interpeller Dieu avec pu<strong>de</strong>ur et<br />

mo<strong>de</strong>stie, et <strong>de</strong> ne pas hurler. Et je<br />

sais que nous n'existerions pas si<br />

nous n'étions pas naïfs et fous,<br />

embrasés et illuminés, et que c'est la<br />

même folie qui anime les fous du<br />

Retour qui ont ressuscité les steppes<br />

et les marécages d'Israël.<br />

Et voilà qu'arrive Souccoth, et cette<br />

autre folie <strong>de</strong>s mots et <strong>de</strong>s rites. On<br />

va manger dans la Souccah, dont le<br />

tout est à ciel ouvert, mais sous terre.<br />

L'abri est préparé. Dîner aux<br />

chan<strong>de</strong>lles à cause du couvre-feu.<br />

Le mot Souccah signifie à la fois<br />

cabane et abris. Et comme toujours<br />

on vient <strong>de</strong> prononcer dans la prière<br />

du soir la phrase traditionnelle : "<br />

étends sur nous la Souccah <strong>de</strong> ta<br />

paix ". Et point n'est besoin <strong>de</strong> créer<br />

un rite nouveau. Entre Kippour et<br />

Souccoth, chaque année, après<br />

chaque office, on récite le psaume<br />

27 <strong>de</strong> David. Il commence ainsi : "<br />

Le Seigneur est ma lumière et mon<br />

salut : <strong>de</strong> qui aurais-je peur ? Le<br />

Seigneur est le rempart qui protège<br />

ma vie : qui redouterais-je ? Quand<br />

<strong>de</strong>s malfaiteurs m'approchent pour<br />

dévorer ma chair -mes adversaires<br />

et mes ennemis qui me guettentsont<br />

ceux qui bronchent et tombent.<br />

Qu'une armée prenne position contre<br />

moi, mon cœur n'éprouve aucune<br />

crainte ; que la guerre fasse rage<br />

contre moi, même alors je gar<strong>de</strong> ma<br />

confiance. "<br />

Est-ce que vraiment tout est<br />

écrit ?<br />

Un temps pour la guerre,<br />

un temps pour la paix<br />

A Souccoth, un enfant récite aussi,<br />

le matin, à la synagogue, la livre <strong>de</strong><br />

l'Ecclésiaste. Vanité <strong>de</strong>s vanités.<br />

Vanité du pouvoir, du plaisir, <strong>de</strong><br />

l'argent. Vanité <strong>de</strong> la science. Il est<br />

un temps pour tout, un temps pour<br />

vivre et un temps pour mourir. Un<br />

temps pour la guerre et un temps<br />

pour la paix.<br />

14 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

Il faudrait pouvoir tout raconter.<br />

Les éboueurs mobilisés, et un général<br />

en retraite - la seule retraite en Israël<br />

qui ne menace pas son existence -<br />

ramassant les poubelles dans les rues<br />

<strong>de</strong> Tel-Aviv. Ce permissionnaire <strong>de</strong><br />

vingt-trois que je prends en auto-stop<br />

aux portes <strong>de</strong> Tel-Aviv et que je<br />

conduis à Jérusalem. Il rentre du<br />

front. Sa femme est enceinte. Il a<br />

quatre heures pour la voir. Demian<br />

matin, il sera sur son tank dans le<br />

Sinaï. Ce prisonnier égyptien,<br />

désarmé, désarmant, qui parle à la<br />

télévision Israélienne, sans une<br />

pensée pour la guerre. De sa femme<br />

Mahsia et <strong>de</strong> son fils Ahmed, qui a<br />

onze ans, et qu'il espère bientôt revoir.<br />

De ces chants diffusés par la radio :<br />

vieux chants d'il y a quarante ans,<br />

refrains <strong>de</strong> prisonniers qui chantent<br />

l'amour <strong>de</strong> la terre, <strong>de</strong>s vignes et <strong>de</strong>s<br />

arbres. C'est une guerre d'amour.<br />

Chants <strong>de</strong>s combattants <strong>de</strong> 1948 : c'est<br />

une guerre d'hommes aux yeux froids.<br />

Chants empruntés à la Bible,<br />

prophétie d'Isaïe sur les épées<br />

transformées en socs <strong>de</strong> charrue,<br />

entrecoupés <strong>de</strong> brefs appels codés<br />

militaires, et, incessant, le mot "<br />

chalom " qui résonne. Chalom.<br />

Bonjour. Chalom, espoir. Chalom<br />

partout. Et pensée pour le prophète<br />

qui disait : " Chalom, chalom, veeyn<br />

chalom " (1). Et il n'y a pas la paix.<br />

On ne peut pas tout dire ni tout<br />

croire. Le plus poignant, c'est la<br />

solitu<strong>de</strong>. Douze pays arabes contre<br />

Israël. Et les autres ! Et la France ! Et<br />

ce combat inégal que <strong>de</strong>s analystes<br />

politiques reprocheraient presque à<br />

Israël ne n'avoir pas remporté aussi<br />

vite que d'habitu<strong>de</strong> !<br />

Les abonnés du miracle ont déçu.<br />

Patience. Et j'allais oublier l'essence<br />

qui précè<strong>de</strong> l'existence. Le combat est<br />

inégal, aujourd'hui plus qu'hier, mais<br />

personne ne doute qu'Israël vivra. Je<br />

ne puis expliquer comment, mais je<br />

sais pourquoi. Parce qu'Israël a la foi,<br />

une foi indéfinissable, frémissante et<br />

communicative, qui est quelquefois<br />

autre que la mienne. Ne serait-ce que<br />

pour cela, ne serait-ce que parce qu'il<br />

existe sur un coin <strong>de</strong> terre <strong>de</strong>s<br />

hommes qui croient encore<br />

aujourd'hui à quelque chose et<br />

Les hommes et le pays qui ven<strong>de</strong>nt leurs âmes aux<br />

Méphistophélès du pétrole entrent <strong>de</strong> plain-pied<br />

dans la damnation <strong>de</strong> l'histoire.<br />

ren<strong>de</strong>nt si dérisoires les gadgets <strong>de</strong> la<br />

logomachie <strong>de</strong> l'Occi<strong>de</strong>nt, oui, ne<br />

serait-ce que pour cela, Israël doit<br />

vivre, et Israël vivra pour que cette foi<br />

existe et pour qu'elle atteigne tous les<br />

hommes qui ont si soif <strong>de</strong> croire et<br />

sont tant altérés. Sur ce coin <strong>de</strong> terre,<br />

un juif aurait dit un jour : " Que mon<br />

sang retombe sur leurs têtes ".<br />

Il n'est point un seul historien <strong>de</strong>s<br />

religions qui pense aujourd'hui que<br />

Jésus aurait réellement pu prononcer<br />

une telle phrase : il aimait trop son<br />

peuple pour cela. Mais cette petite<br />

phrase <strong>de</strong>vrait faire réfléchir tous<br />

ceux, hommes d'Etat, marchands <strong>de</strong><br />

canons, redresseurs <strong>de</strong> torts et autres<br />

beaux esprits, qui jouent avec<br />

l'existence d'Israël, dans le jeu subtil<br />

et tamisé <strong>de</strong>s idéologies et <strong>de</strong>s<br />

escala<strong>de</strong>s calculées. Si personne n'est<br />

innocent, ce sont eux les vrais<br />

coupables : les hommes et le pays qui<br />

ven<strong>de</strong>nt leurs âmes aux<br />

Méphistophélès du pétrole entrent <strong>de</strong><br />

plain-pied dans la damnation <strong>de</strong><br />

l'histoire.<br />

Même si la justice n'est pas toujours<br />

immanente, ce crime-là ne paiera<br />

point. Le jour où nous nous<br />

présenterons <strong>de</strong>vant le jugement <strong>de</strong><br />

Dieu, j'aimerais être Israélien ou<br />

Arabe, pas Russe. J'aimerais aussi ne<br />

pas trembler d'être français.<br />

--<br />

(1)" Ils ont guéri la plaie <strong>de</strong> mon<br />

peuple à la légère en disant : " Paix,<br />

paix et point <strong>de</strong> paix " ." (Jérémie,<br />

XIV.)


Les nouvelles générations :<br />

“Welcome Sir<br />

and good Luck”…<br />

La première génération<br />

était composée <strong>de</strong><br />

personnes qui avaient<br />

connu la diaspora. En<br />

désertant les maisons<br />

d’étu<strong>de</strong>, en brisant les<br />

lanières <strong>de</strong>s phylactères, en rangeant<br />

les châles <strong>de</strong> prière, ils s’étaient<br />

enhardis à braver le ciel et c’était cette<br />

hardiesse qui leur imprimait l’énergie<br />

requise pour “conquérir la terre” et<br />

l’endurance nécessaire pour surmonter<br />

les écueils. Les pionniers sionistes du<br />

début du XXe siècle ne se recrutaient<br />

pas tant parmi les laïcs que parmi les<br />

religieux qui s’étaient arrachés au<br />

ghetto et à sa moisissure. C’est cette<br />

gran<strong>de</strong> hérésie qui a constitué le<br />

terreau où ont prise les racines sionistes<br />

et qui a fourni la sève qui les a nourries.<br />

Les premiers pionniers ne rompaient<br />

pas impunément avec la tradition. Ils<br />

conservaient, remisés dans l’arche <strong>de</strong><br />

leur mémoire, les rouleaux <strong>de</strong> la Loi.<br />

On l’a vu avec Ahahon David Gordon<br />

(1856-1922), Berl Katznelson (1887-<br />

En définitive, il se suici<strong>de</strong> dans les douches<br />

<strong>de</strong> la prison pour s'épargner la vision<br />

cauchemar<strong>de</strong>sque <strong>de</strong> sa déchéance. Sa gloire,<br />

sa disgrâce et sa mort sont symptomatiques d'une<br />

société aux humeurs exacerbées par la violence et<br />

l'arrivisme et où l'on ne distingue plus entre sphère<br />

privée et sphère publique…<br />

Doudou Topaz<br />

1944), voire David Ben Gourion (1886-<br />

1973). Ils connaissaient les textes, les<br />

comman<strong>de</strong>ments et les rites; ils les<br />

ont mobilisés pour donner l’allure<br />

d’un culte à leur culture <strong>de</strong> la<br />

terre.<br />

Parce qu’elle avait grandi dans<br />

une ambiance juive, la <strong>de</strong>uxième<br />

génération aussi avait <strong>de</strong>s<br />

rudiments <strong>de</strong> judaïsme. On<br />

connaissait encore les paroles du<br />

Shéma ; on pouvait encore lire le<br />

kaddish ; on était encore assez poli<br />

pour accueillir le Shabbat et s’en<br />

séparer.<br />

La troisième génération se<br />

révélait, elle, totalement inculte.<br />

En matière <strong>de</strong> sagesse <strong>de</strong>s nations<br />

autant qu’en Torah. Ses membres<br />

ne s’en réclamaient pas moins<br />

d’une certaine noblesse et se<br />

ISRAËL<br />

PAR AMI BOUGANIM<br />

posaient en “sel <strong>de</strong> la terre”. Or leur<br />

pensée et leur voix se contentaient <strong>de</strong><br />

suivre <strong>de</strong>s comportements et <strong>de</strong>s gestes<br />

irrémédiablement grégaires. “Grattez<br />

un prince belge”, disait Bau<strong>de</strong>laire,<br />

“vous trouverez un rustre.” On pourrait<br />

dire pareillement : “Grattez le vernis<br />

sioniste, vous trouverez un philistin.”<br />

Dans l’Antiquité, les Philistins<br />

habitaient la ban<strong>de</strong> côtière, les Hébreux<br />

les terres intérieures. Ils ne se<br />

disputaient pas seulement le sol, ils se<br />

disputaient aussi le ciel. Les premiers<br />

avaient leurs dieux et leurs cultes, les<br />

seconds les leurs. Les mœurs <strong>de</strong>s<br />

premiers étaient plus maritimes – nous<br />

dirions aujourd’hui méditerranéennes<br />

– qu’agrestes ; celles <strong>de</strong>s seconds,<br />

héritées d’ancêtres noma<strong>de</strong>s, ignoraient<br />

la mer. Les Philistins ont disparu <strong>de</strong><br />

l’histoire, laissant <strong>de</strong>rrière eux les récits<br />

qu’en propose la Bible et un soupçon<br />

<strong>de</strong> mauvais goût, sinon <strong>de</strong> veulerie, que<br />

leur garantit pour l’éternité l’acception<br />

mo<strong>de</strong>rne du mot philistin chez <strong>de</strong>s<br />

auteurs comme Matthew Arnold<br />

Frédéric Nietzsche. Le philistinisme<br />

israélien est d’autant plus pernicieux<br />

qu’il s’insinue partout, dans le mon<strong>de</strong><br />

culturel autant que dans le mon<strong>de</strong><br />

politique, dans la sphère privée autant<br />

que dans la sphère publique,<br />

philistinisme d’anciens parias <strong>de</strong>venus<br />

<strong>de</strong>s parvenus. Dans tous les domaines.<br />

Sans gran<strong>de</strong> classe. Sans gran<strong>de</strong>s<br />

politesses. Du bagout. Dans un anglais<br />

encore plus mercantile qu’à Londres<br />

ou Washington. On a <strong>de</strong> la beauté à en<br />

revendre, du talent à en revendre… <strong>de</strong>s<br />

armes à en revendre.<br />

Pendant <strong>de</strong> longues années, Doudou<br />

Topaz était le roi israélien du rating. Il<br />

animait <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> télé où l’on<br />

rivalisait <strong>de</strong> singeries, <strong>de</strong> rires et <strong>de</strong><br />

petits moments d’émotion. Il était si<br />

populaire qu’il pouvait se permettre,<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 15


ISRAËL<br />

en toute impunité, <strong>de</strong> briser les lunettes<br />

d’un critique qui dénonçait la veulerie<br />

<strong>de</strong> son animation et <strong>de</strong> mordre une<br />

actrice qui lui plaisait ou lui déplaisait.<br />

Il n’avait <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> montrer à la<br />

nation réunie autour du petit écran<br />

comment il rajeunissait <strong>de</strong> semaine en<br />

semaine. C’était avant la télé-réalité qui<br />

a bouleversé les grilles <strong>de</strong>s<br />

programmes. Topaz est tombé en<br />

disgrâce. On ne voulait plus <strong>de</strong> lui, il<br />

était trop paternaliste, il se posait en<br />

père amuseur <strong>de</strong> la nation. Il était d’un<br />

autre âge. A plus <strong>de</strong> soixante ans, quel<br />

que soit son look, on n’amuse pas <strong>de</strong>s<br />

jeunes <strong>de</strong> quatorze et seize ans. Il aurait<br />

pu se résoudre et vivre du trésor <strong>de</strong> télé<br />

qu’il a gagné à orchestrer pendant une<br />

décennie le divertissement <strong>de</strong> masse.<br />

Il est tout un art <strong>de</strong> se retirer <strong>de</strong> ce<br />

mon<strong>de</strong> ; il requiert discrétion et<br />

tendresse. Un jour on est sur le <strong>de</strong>vant<br />

<strong>de</strong> la scène ; le len<strong>de</strong>main, on doit<br />

gagner les coulisses. Topaz aurait pu<br />

se convertir dans la littérature et écrire<br />

ses mémoires ; dans la politique<br />

et représenter le saint peuple à<br />

la prestigieuse Knesset. Il aurait<br />

pu également retourner aux<br />

sources et <strong>de</strong>venir rabbin. Dans<br />

les trois cas, il aurait réussi sa<br />

mutation. Or il décida <strong>de</strong> se<br />

reconvertir dans la… pègre. La<br />

télévision ne voulait plus <strong>de</strong> lui,<br />

il allait la démolir. Il loue les<br />

services <strong>de</strong> voyous pour briser<br />

les os d’un producteur,<br />

malmener brutalement une<br />

coordinatrice <strong>de</strong>s programmes,<br />

intimi<strong>de</strong>r nombre d’animateurs<br />

<strong>de</strong> la nouvelle génération. Deux<br />

ou trois jours avant son<br />

arrestation, il s’écriait indigné<br />

<strong>de</strong>vant les caméras : “Vous êtes<br />

tombés sur la tête ! Me<br />

soupçonner, à moi, Doudou !”<br />

Deux ou trois semaines plus tard, il<br />

déclarait quelque chose dans le genre<br />

: “Après toute la joie que j’ai donnée au<br />

peuple, on me traite en vulgaire<br />

criminel !” Deux à trois mois plus tard<br />

: “Pourquoi s’acharne-t-on contre moi<br />

<strong>de</strong> la sorte ? Je me suis platement<br />

excusé. On a pardonné leurs crimes<br />

aux nazis et à moi on ne veut pas me<br />

pardonner.” En définitive, il se suici<strong>de</strong><br />

dans les douches <strong>de</strong> la prison pour<br />

s’épargner la vision cauchemar<strong>de</strong>sque<br />

16 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

<strong>de</strong> sa déchéance. Sa gloire, sa disgrâce<br />

et sa mort sont symptomatiques d’une<br />

société aux humeurs exacerbées par la<br />

violence et l’arrivisme et où l’on ne<br />

distingue plus entre sphère privée et<br />

sphère publique…<br />

Le récit d’Assi Dayan est une autre<br />

illustration <strong>de</strong> mes histoires sur la<br />

philistinisation <strong>de</strong>s caractères, <strong>de</strong>s<br />

mœurs et <strong>de</strong> l’ambiance dans le pays.<br />

C’est le fils du légendaire Moshé<br />

Dayan (1915-1981) qui, son ban<strong>de</strong>au<br />

sur l’œil, convoitait avec la même<br />

nonchalance les jeunes jupons et les<br />

ruines archéologiques. Lui-même était<br />

le fils <strong>de</strong> Shmuel Dayan (1891-1968),<br />

le visionnaire et bâtisseur <strong>de</strong> Nahalal,<br />

le premier moshav du pays. Dans sa<br />

jeunesse, Assi Dayan incarnait le bel et<br />

jeune sabra, dénué <strong>de</strong> tout complexe et<br />

<strong>de</strong> toute inhibition, libre <strong>de</strong> ses gestes<br />

et <strong>de</strong> ses regards. Il était si magnifique<br />

que Romain Gary l’a choisi pour<br />

incarner son rôle <strong>de</strong> pilote <strong>de</strong> chasse<br />

dans La Promesse <strong>de</strong> l’Aube. Il est<br />

réalisateur, scénariste, peintre, écrivain,<br />

poète… et tous les autres titres qu’on<br />

est en droit <strong>de</strong> briguer quand on porte<br />

un prestigieux nom. Ces <strong>de</strong>rnières<br />

années, il ne cessait <strong>de</strong> se dégra<strong>de</strong>r et<br />

chaque phase dans sa dégradation<br />

s’accompagnait <strong>de</strong> scandales<br />

domestiques. Il n’a pas un centime<br />

pour se nourrir ; il dépérit dans une<br />

misérable chambre ; il menace son<br />

énième compagne pour on ne sait quoi.<br />

On se montre indulgent à son égard.<br />

Les médias ; les autorités ; les<br />

tribunaux. Lors du <strong>de</strong>rnier scandale,<br />

avant que la plainte ne soit retirée, on<br />

l’a assigné en rési<strong>de</strong>nce dans la<br />

propriété d’un autre aventurier installé<br />

dans le désert. Le malheureux cherchait<br />

sa noblesse dans le talent, il s’est<br />

rabattu sur la drogue. Il ne s’en cache<br />

pas, il le clame à longueurs<br />

Burg ne se rase plus le matin sans chercher<br />

son nombril sur la glace.<br />

Abraham Burg<br />

d’interviews, il pose la déca<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong>vant les caméras. La voix ravinée par<br />

l’alcool, l’allure négligée et brimée par<br />

les ans et les avatars mondains, les<br />

ongles désincarnés. Sans plus <strong>de</strong><br />

noblesse et <strong>de</strong> distinction. On<br />

n’en continue pas moins <strong>de</strong> le<br />

ménager et <strong>de</strong> le dorloter. Avec<br />

lui, même le sel, censé<br />

conserver et se conserver,<br />

dégage <strong>de</strong>s relents <strong>de</strong><br />

déca<strong>de</strong>nce<br />

Chez les <strong>de</strong>ux personnages,<br />

la même vulgarité, la même<br />

veulerie se cacheraient <strong>de</strong>rrière<br />

l’art, bon ou mauvais. L’un<br />

donnait sa mégalomanie en<br />

spectacle, l’autre sa déchéance.<br />

L’un protestait à grands<br />

hurlements contre sa disgrâce,<br />

l’autre bafouillait <strong>de</strong> disgrâce<br />

universelle. Dans les coulisses,<br />

<strong>de</strong>rrière une caméra, sur le<br />

<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la scène. Ils n’auront<br />

cessé <strong>de</strong> défrayer la chronique.<br />

De leurs frasques et <strong>de</strong> leurs turpitu<strong>de</strong>s.<br />

On leur passait tout, on leur accordait<br />

je ne sais quelles circonstances<br />

atténuantes. L’un était un amuseur<br />

public se prenant pour une ve<strong>de</strong>tte <strong>de</strong><br />

culture, l’autre était le fils <strong>de</strong> son père<br />

et n’était pas mauvais acteur. De ce côté<br />

du mon<strong>de</strong>, le talent excuserait tout, le<br />

lignage encore plus. Tous <strong>de</strong>ux<br />

refusaient <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> scène, ils<br />

ne pouvaient renoncer aux caméras.<br />

Sinon ils menaçaient, chacun à sa


manière, <strong>de</strong> détruire la scène avec leur<br />

vie. Ce n’étaient que <strong>de</strong>ux petits Néron.<br />

Plutôt que <strong>de</strong> jouer <strong>de</strong> la lyre, ils<br />

battaient leurs producteurs ou leurs<br />

compagnes. Ni l’un ni l’autre ne<br />

voulaient se résoudre à leur<br />

décrépitu<strong>de</strong>. Ils ne sont plus ni aussi<br />

jeunes ni aussi beaux et les talents – <strong>de</strong><br />

cabotin dans le premier cas, d’acteur<br />

dans le second – changent avec les ans.<br />

Cette génération est née et a grandi<br />

avec le pays. Elle s’est tant convaincue<br />

<strong>de</strong> ses compétences, <strong>de</strong> ses habiletés,<br />

<strong>de</strong> ses talents… <strong>de</strong> sa supériorité qu’elle<br />

ne se sait pas vieillir : on ne vieillit pas<br />

quand on n’a pas mûri. Le malheur<br />

c’est que l’univers <strong>de</strong> Doudou Topaz et<br />

d’Assi Dayan est aussi celui d’hommes<br />

politiques <strong>de</strong> leur génération. Abraham<br />

Burg et Binyamin Natanyahou pour ne<br />

citer que <strong>de</strong>ux exemples parmi tant<br />

d’autres. Burg était l’une <strong>de</strong>s promesses<br />

les plus emblématiques <strong>de</strong> cette<br />

<strong>de</strong>uxième génération. Il était grand,<br />

beau, cultivé, intelligent. Il portait une<br />

kippa et montrait une telle libéralité<br />

religieuse qu’il a été parmi les premiers<br />

membres du parti travailliste, à<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la séparation <strong>de</strong> l’Etat et <strong>de</strong><br />

la Synagogue. Surtout, il était d’un haut<br />

lignage. Ni plus ni moins que le fils du<br />

mythique Yossef Burg (1909-1999),<br />

dirigeant historique du modéré parti<br />

sioniste religieux, un <strong>de</strong> ces hommes<br />

dont la gran<strong>de</strong> culture pourvoit d’une<br />

langue acérée sans être vulgaire ou<br />

violente. Un monument <strong>de</strong> sagesse,<br />

d’entregent et <strong>de</strong> cette virtu – sens<br />

civique – que Machiavel persiste à<br />

réclamer <strong>de</strong> l’homme politique. De son<br />

côté, Burg le fils a été député, prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> l’Agence juive, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

Knesset et il n’a pris ses retraites que<br />

pour exploiter le capital social qu’il a<br />

accumulé dans sa carrière et se lancer<br />

à son tour dans le… commerce. Sans<br />

renoncer pour autant aux privilèges<br />

matériels que lui garantissent ses<br />

mandats <strong>de</strong> député, <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

l’Agence juive, <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

Knesset. Il pousse la désintégration du<br />

mythe – le beau disciple-<strong>de</strong>-sage se<br />

mobilisant par patriotisme pour<br />

promouvoir l’intérêt public – jusqu’à<br />

prendre la nationalité française <strong>de</strong> son<br />

épouse et voter aux <strong>de</strong>rnières élections<br />

prési<strong>de</strong>ntielles. Il publie enfin un<br />

ouvrage où il se trahit davantage qu’il<br />

ne dénonce le sionisme qui l’a porté<br />

aux plus hautes fonctions au sein du<br />

Mouvement sioniste et <strong>de</strong> l’Etat. Burg<br />

ne se rase plus le matin sans chercher<br />

son nombril sur la glace. Il fait partie<br />

<strong>de</strong> cette ligue <strong>de</strong> “fils et filles <strong>de</strong>…”<br />

qu’on a hâtivement intronisés “princes<br />

et princesses” et qui se sont révélés,<br />

pour certains, <strong>de</strong> piètres “enfants gâtés”<br />

dans une démocratie qui aura manqué<br />

<strong>de</strong> se donner un Messie en guise <strong>de</strong><br />

monarque.<br />

Les structures étatiques, la nature du<br />

régime politique et les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

gouvernance ne cessent, autant le<br />

reconnaître, <strong>de</strong> régresser sous la<br />

pression <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> coalition, <strong>de</strong>s<br />

ISRAËL<br />

revendications sectorielles et <strong>de</strong><br />

l’incurie administrative. On a vite<br />

oublié le mot-clé <strong>de</strong> Ben Gourion qui<br />

préconisait le sens <strong>de</strong> l’Etat – <strong>de</strong>rrière<br />

sa mamlakhtiout ou souveraineté<br />

étatique – pour retourner au régime<br />

Une nouvelle génération est en train <strong>de</strong> monter.<br />

Moins bornée et dogmatique, moins exhibitionniste<br />

et brutale, plus dévouée à la cause juive que ce<br />

soit en diaspora ou en Israël.<br />

d’un ghetto ou d’un mellah. Le 31 mars<br />

2009, le gouvernement <strong>de</strong> coalition <strong>de</strong><br />

Natanyahou, formé <strong>de</strong> bric et <strong>de</strong> broc,<br />

comptait trente ministres et neuf viceministres<br />

pour un parlement <strong>de</strong> cent<br />

vingt membres. Ces <strong>de</strong>rniers prêtaient<br />

serment en présence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

milliardaires non israéliens qui<br />

n’avaient rien épargné pour assurer le<br />

retour aux affaires <strong>de</strong> leur poulain.<br />

Sheldon Harisson <strong>de</strong>s casinos et Ron<br />

Lau<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> beauté. Un<br />

gouvernement aussi pléthorique<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 17


ISRAËL<br />

réduisait le travail parlementaire à une<br />

vaine mascara<strong>de</strong>. Dans son discours<br />

comme chef <strong>de</strong> l’opposition, Tsipi Livni<br />

dénonçait le nombre <strong>de</strong> ministres sans<br />

portefeuille et <strong>de</strong>s vice-ministres <strong>de</strong><br />

rien. Le niveau <strong>de</strong>s ministres ne cessait<br />

<strong>de</strong> baisser, la démocratie est exacerbée<br />

dans ce qu’elle avait <strong>de</strong> plus vilain. On<br />

ne distingue plus entre gauche et<br />

droite, entre coalition et opposition. En<br />

outre, ce même gouvernement se<br />

donnait un rustre, bientôt sous<br />

inculpation, comme ministre <strong>de</strong>s<br />

Affaires étrangères.<br />

Natanyahou aussi ne se résout pas à<br />

<strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> la scène et surtout à<br />

changer <strong>de</strong> discours et <strong>de</strong><br />

dégaine. Pourtant le mon<strong>de</strong> a<br />

gran<strong>de</strong>ment changé autour <strong>de</strong><br />

lui. Le prési<strong>de</strong>nt américain lui<br />

dit à mots voilés qu’une époque<br />

est révolue. Celle où les Etats-<br />

Unis se laissaient convaincre<br />

qu’Israël servait ses intérêts<br />

stratégiques dans la région alors<br />

qu’il les <strong>de</strong>sservait. Celle où l’on<br />

pouvait mobiliser le Congrès et<br />

le Sénat contre l’administration.<br />

Celle où l’on pouvait arracher<br />

<strong>de</strong>s larmes aux donateurs pour<br />

couvrir les frasques d’une classe<br />

politique plus véreuse que<br />

dévouée à l’intérêt public. Celle<br />

où l’on ne s’engageait à arrêter<br />

les colonies que pour mieux les<br />

étendre. Natanyahou n’en<br />

persiste pas moins à miser sur la<br />

vulnérabilité du prési<strong>de</strong>nt<br />

américain, sur un accroc qui viendrait<br />

perturber sa vision stratégique, sur <strong>de</strong>s<br />

pressions d’on ne voit plus d’où elles<br />

pourraient venir. C’est, pour reprendre<br />

les considérations d’un Blanqui, un<br />

homme en caoutchouc dans une<br />

démocratie en plastique 1. D’un côté,<br />

la Shoah ; <strong>de</strong> l’autre, la Paix. L’une est<br />

indélébile ; l’autre inaccessible. Ce n’est<br />

pas un hasard si nous avons <strong>de</strong>s<br />

silhouettes écorchées et pantelantes qui<br />

ne comprennent pas qu’Obama ne<br />

partage ni leur vision stratégique ni leur<br />

pratique <strong>de</strong> la politique. C’est peut-être<br />

un niais – à l’aune <strong>de</strong> la politique<br />

israélienne ; il n’en incarne par moins<br />

une nouvelle sincérité – à l’aune du<br />

mon<strong>de</strong>. Quand on est <strong>de</strong> bons amis, on<br />

se dit tout. Or la vérité d’Obama se<br />

18 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

résumerait en une phrase qui dirait :<br />

Le soutien inconditionnel à Israël ne<br />

sert pas les intérêts stratégiques <strong>de</strong>s<br />

Etats-Unis. Un seul Etat entre la<br />

Méditerranée et le Jourdain est<br />

condamné à <strong>de</strong>venir arabe. Dans un<br />

siècle sinon une décennie. Seule la<br />

solution <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux Etats préserverait<br />

l’existence d’Israël. Quand la gar<strong>de</strong><br />

rapprochée <strong>de</strong> Natanyahou a compris<br />

que les règles du dialogue américanoisraélien<br />

avaient changé, on s’est mis<br />

à incriminer… la haine <strong>de</strong> soi <strong>de</strong>s<br />

conseillers juifs d’Obama. Sous<br />

l’administration <strong>de</strong> Natanyahou, Israël<br />

entre dans une phase délicate <strong>de</strong> son<br />

existence. Ce ne sera pas seulement un<br />

David Ben Gourion<br />

casse-tête pour les Nations, il risque <strong>de</strong><br />

le <strong>de</strong>venir pour les Juifs aussi.<br />

Pour le dire en termes moins<br />

diplomatiques, Israël risque <strong>de</strong> passer<br />

pour un Etat roquet. Un moustique se<br />

prenant pour une puissance et se<br />

comportant en moustique. Du moins<br />

présenterait-il <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> cette<br />

méchanceté dont Bau<strong>de</strong>laire disait<br />

qu’elle était la marque “<strong>de</strong>s petits pays<br />

[…], <strong>de</strong>s faibles, <strong>de</strong>s roquets et <strong>de</strong>s<br />

bossus”. Les Juifs américains ne<br />

s’ingèrent plus dans les affaires internes<br />

israéliennes. Ils ne se le permettraient<br />

pas, ils ne vont pas s’aliéner la classe<br />

politique, les médias et l’opinion<br />

publique israélienne. En outre, ils ne<br />

comprennent pas grand-chose à la<br />

chronique domestique <strong>de</strong> cette contrée<br />

levantine, ils ne cherchent plus à<br />

comprendre. On les a tant dissuadés<br />

<strong>de</strong> se mêler <strong>de</strong> ce qui se passe <strong>de</strong> ce<br />

côté du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> leur âme – on se<br />

souvient <strong>de</strong>s sorties intempestives <strong>de</strong><br />

l’écrivain A. B. Yehoshoua contre<br />

l’écrivain américain Leon Wieseltier –<br />

qu’ils ne visitent plus Israël. Ils se sont<br />

rabattus sur la politique américanoaméricaine.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s citoyens<br />

américains et ils veillent aux intérêts<br />

américains dans la région. Or ils ont<br />

l’outrecuidance <strong>de</strong> croire que ce sont<br />

les intérêts <strong>de</strong>s Etats-Unis qui servent<br />

ceux d’Israël et non le contraire. C’est<br />

Dennis Ross qui voyage à Téhéran, ce<br />

sont Daniel Shapiro et Jeffrey<br />

Feltman qui se ren<strong>de</strong>nt à<br />

Damas, c’est Martin Indyc qui<br />

conseille John Mitchell, etc.<br />

Je m’empresse <strong>de</strong> rassurer<br />

mes lecteurs. Cette génération<br />

est en train <strong>de</strong> disparaître.<br />

Bientôt, elle ne sera nulle part.<br />

Ni dans la recherche ni dans la<br />

culture ; ni aux comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

l’armée ni à celles <strong>de</strong>s<br />

ministères. Une nouvelle<br />

génération est en train <strong>de</strong><br />

monter. Moins bornée et<br />

dogmatique, moins<br />

exhibitionniste et brutale, plus<br />

dévouée à la cause juive que ce<br />

soit en diaspora ou en Israël.<br />

Elle n’émergera peut-être pas là<br />

où on l’attend. Ni dans les<br />

comités centraux <strong>de</strong>s partis<br />

israéliens ni dans les comités <strong>de</strong><br />

rédaction <strong>de</strong>s médias israéliens ; ni<br />

dans les universités israéliennes ni sur<br />

les scènes mondaines israéliennes. Une<br />

nouvelle génération, plus prompte, plus<br />

conséquente, plus habile, plus<br />

déterminée.<br />

Celle <strong>de</strong> Ram Emmanuel. Welcome<br />

sir and good luck !<br />

A.B<br />

----<br />

1 “Qu’est-ce qu’un démocrate, je vous<br />

prie ? <strong>de</strong>mandait ce brave Blanqui. C’est<br />

là un mot vague, banal, sans acception<br />

précise, un mot en caoutchouc .” A.<br />

Blanqui, “Lettre à Maillard”, le 6 juin<br />

1852, dans Instructions pour une prise<br />

d’armes, Sens et Tonka, p.380.


Euphorie à la bourse<br />

<strong>de</strong> Tel-Aviv PAR<br />

Les marchés financiers<br />

sont décidément incorrigibles.<br />

Après s'être<br />

effondrés, <strong>de</strong> la fin 2007<br />

au début 2009, les<br />

bourses mondiales<br />

affichent <strong>de</strong>puis le mois <strong>de</strong> mars<br />

<strong>de</strong>rnier un rebond tout aussi historique.<br />

Sur les six <strong>de</strong>rniers mois, la hausse<br />

enregistrée sur les principales places<br />

boursières est tout simplement la plus<br />

forte jamais observée <strong>de</strong>puis 50 ans !<br />

Les investisseurs parient sur la fin <strong>de</strong><br />

la crise, grâce aux mesures fortes prises<br />

par les autorités politiques et<br />

monétaires à travers le mon<strong>de</strong> pour la<br />

combattre. Sur fond d'indicateurs<br />

économiques donnant partout <strong>de</strong>s<br />

signes <strong>de</strong> redressement, tous tablent<br />

sur un scénario <strong>de</strong> reprise mondiale<br />

qui aurait déjà commencé et qui se<br />

renforcera en 2010.<br />

Dans ce climat ultra-optimiste, la<br />

bourse <strong>de</strong> Tel-Aviv, qui avait moins<br />

baissé que les autres au plus fort <strong>de</strong> la<br />

crise, affiche désormais les meilleures<br />

performances parmi les principales<br />

places internationales : <strong>de</strong>puis mars<br />

<strong>de</strong>rnier, la hausse y atteint 57%, contre<br />

40% pour New-York, 45% pour Tokyo<br />

et 42% pour <strong>Paris</strong>.<br />

La bourse israélienne profite certes<br />

<strong>de</strong> ce climat <strong>de</strong> confiance global, mais<br />

cette performance exceptionnelle et<br />

inédite par rapport aux autres<br />

principales places dans le mon<strong>de</strong>, tout<br />

comme la très bonne tenue du shekel<br />

<strong>de</strong>puis plusieurs mois, reflètent avant<br />

tout une très gran<strong>de</strong> confiance <strong>de</strong>s<br />

investisseurs dans l'économie<br />

israélienne.<br />

Grâce notamment à <strong>de</strong>s secteurs<br />

bancaire, immobilier et technologique<br />

qui n'ont pas été aussi frappés par la<br />

crise que dans les principales<br />

économies <strong>de</strong> la planète, les<br />

fondamentaux économiques israéliens<br />

résistent bien et apparaissent<br />

aujourd'hui comme particulièrement<br />

soli<strong>de</strong>s. D'une part, la croissance<br />

économique est re<strong>de</strong>venue positive au<br />

<strong>de</strong>uxième trimestre 2009 (+1.2%, après<br />

-3.2% au premier trimestre), un résultat<br />

qui n'a été observé ni aux Etats-Unis,<br />

ni en Europe. D'autre part, les finances<br />

publiques ont été davantage<br />

sauvegardées qu'ailleurs grâce à une<br />

rigueur budgétaire plus marquée et<br />

l'absence <strong>de</strong> nécessité <strong>de</strong> mettre en<br />

place un plan <strong>de</strong> relance trop<br />

gourmand en dépenses publiques<br />

comme cela a trop souvent été le cas<br />

dans les économies touchées par la<br />

crise. Par ailleurs, une certaine phase<br />

<strong>de</strong> stabilité politique et militaire <strong>de</strong>puis<br />

les <strong>de</strong>rnières élections générales est<br />

aussi <strong>de</strong> nature à rassurer les<br />

investisseurs.<br />

C'est dans ce contexte positif, que<br />

l'agence <strong>de</strong> notation internationale<br />

Moody's ainsi que l'OCDE ont<br />

récemment émis un jugement très<br />

positif sur l'économie israélienne,<br />

accompagné <strong>de</strong> perspectives très<br />

Un optimisme excessif et prématuré ?<br />

favorables, et que la Banque centrale<br />

d'Israël a décidé, le 24 août face aux<br />

signes <strong>de</strong> reprise, <strong>de</strong> relever son taux<br />

directeur (<strong>de</strong> 0.50% à 0.75%),<br />

confirmant ainsi par ce geste<br />

symbolique son optimisme pour les<br />

perspectives <strong>de</strong> reprise. Un tel geste<br />

n'a, pour l'heure, été décidé par aucune<br />

<strong>de</strong>s autres principales banques centrale<br />

dans le mon<strong>de</strong>.<br />

Ce rebond <strong>de</strong> la bourse <strong>de</strong> Tel-Aviv<br />

signifie-t-il cependant que la crise est<br />

ECONOMIE<br />

PHILIPPE MEYER<br />

terminée en Israël comme ailleurs ?<br />

Loin s'en faut. Sur le plan international,<br />

la solidité <strong>de</strong> la reprise<br />

mondiale, dont l'économie israélienne<br />

est tellement dépendante, n'est pour<br />

l'heure pas acquise. Sur le plan<br />

intérieur, malgré <strong>de</strong>s signaux<br />

La bourse <strong>de</strong> Tel-Aviv a rebondi <strong>de</strong> 57%<br />

<strong>de</strong>puis six mois, du jamais vu, contre 40%<br />

à New-York et à <strong>Paris</strong><br />

indéniablement encourageants, mais<br />

qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à être confirmés, le<br />

chômage continue <strong>de</strong> monter pour<br />

atteindre 8% et les problèmes sociaux<br />

<strong>de</strong>meurent largement préoccupants .<br />

Quant à la situation politique et<br />

militaire, qui peut aujourd'hui garantir<br />

une stabilité durable et l'absence <strong>de</strong><br />

nouvelles tensions dans les mois à<br />

venir ?<br />

Face aux exagérations coutumières<br />

<strong>de</strong>s marchés financiers, la pru<strong>de</strong>nce<br />

doit donc rester <strong>de</strong> mise. La récente<br />

crise n'était pas celle <strong>de</strong> 1929 et la<br />

reprise qui tente <strong>de</strong> se <strong>de</strong>ssiner ne sera<br />

pas fulgurante. Après une baisse<br />

vertigineuse, vient le temps d'un<br />

rebond surprenant. Les marchés ne<br />

connaissent malheureusement pas le<br />

juste milieu. Malgré le débat actuel sur<br />

les leçons à tirer <strong>de</strong> la crise, les<br />

marchés financiers restent trop<br />

nerveux, aveugles et excessifs. Cette<br />

incapacité chronique à refléter<br />

fidèlement la situation réelle <strong>de</strong><br />

l'économie, dans un sens comme dans<br />

l'autre, <strong>de</strong>meure un problème majeur,<br />

même si ses conséquences suscitent<br />

moins <strong>de</strong> réactions quand les marchés<br />

s'envolent que lorsqu'ils s'effondrent.<br />

Et pourtant, la responsabilité <strong>de</strong>s<br />

pouvoirs publics est d'éviter aussi bien<br />

un pessimisme infondé qu'un<br />

optimisme débridé. Dans les <strong>de</strong>ux cas,<br />

les risques encourus pour l'économie<br />

réelle sont trop importants pour être<br />

négligés.<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 19


HUMEUR<br />

Interrogations<br />

Six heures du matin. Les émissions<br />

<strong>de</strong> Kol Israël commencent<br />

régulièrement par la récitation par<br />

le speaker du Chema Israël. Moment<br />

<strong>de</strong> grâce et d'émotion. Instant privilégié<br />

qui éclaire la journée d'une<br />

lumière particulière.<br />

Que l'on soit pratiquant ou non !<br />

Un juif israélien, Uri Davis,<br />

vient d'être élu membre <strong>de</strong> la direction<br />

du Fatah. Ce sabra ayant<br />

épousé, en quatrièmes noces, une<br />

musulmane, il lui a fallu du même<br />

coup se convertir à l'islam. Il dit militer<br />

désormais pour la <strong>de</strong>struction<br />

pure et simple <strong>de</strong> l'Etat sioniste.<br />

Nous savons qu'il n'est pas le seul<br />

dans ce cas.<br />

Avez-vous remarqué que, malgré<br />

la Shoah et les plaies creusées au<br />

flanc du vingtième siècle, certains<br />

<strong>de</strong>s nôtres ont un talent supérieur<br />

quand il s'agit d'insulter ce qu'ils<br />

appellent encore leur peuple d'origine<br />

?<br />

Israël, pays <strong>de</strong> paradoxes ?<br />

Quiconque a pris un jour l'avion<br />

pour Tel Aviv ou pour les Etats-Unis<br />

sait que, s'il transporte dans ses<br />

bagages <strong>de</strong> cabine, une paire <strong>de</strong><br />

ciseaux, un dérisoire coupe-ongles<br />

ou le moindre flacon d'after shave, il<br />

en sera dépossédé sur le champ sans<br />

autre forme <strong>de</strong> procès. On ne plaisante<br />

pas, dans les aéroports, avec<br />

les dures exigences <strong>de</strong> la sécurité.<br />

Fort bien et nul, en vérité, ne<br />

trouve à y redire.<br />

Mais comment expliquer alors<br />

qu'un soldat ayant tout à la fois un<br />

passé <strong>de</strong> délinquant et un casier<br />

judiciaire puisse entrer comme il<br />

veut et à l'heure qu'il veut dans le<br />

Saint <strong>de</strong>s Saints <strong>de</strong> Tzahal, l'armée<br />

d'Israël : le bureau du chef d'étatmajor<br />

lui-même? Comment expliquer<br />

que ce soldat ait pu tout à loisir y<br />

photocopier la carte bancaire du<br />

général en chef et y dérober - entre<br />

20 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

On croyait que les<br />

secrets d'Israël étaient<br />

mieux gardés.<br />

Gaby Ashkénazi<br />

autres - un revolver, le tout revendu,<br />

le jour même à <strong>de</strong>s délinquants arabes<br />

appartenant à la pègre ?<br />

On peut sans difficulté imaginer<br />

ce qui se serait passé si le soldat en<br />

question avait placé une bombe sur<br />

le siège du général en chef ou s'il<br />

avait " simplement " installé <strong>de</strong>s<br />

micros dans le bureau du militaire<br />

le plus gradé du pays.<br />

On pensait que les secrets d'Israël<br />

étaient mieux gardés…<br />

Le cours traditionnel du<br />

regretté Emmanuel Lévinas avait, ce<br />

samedi-là, commencé après l'office,<br />

<strong>de</strong> manière inhabituelle. Le philosophe<br />

tenait à avertir les fidèles qui<br />

venaient l'écouter qu'il venait <strong>de</strong><br />

recevoir <strong>de</strong> l'un d'entre eux une lettre<br />

peu sympathique, évi<strong>de</strong>mment<br />

anonyme et dans laquelle on mettait<br />

en cause le peu <strong>de</strong> pratique religieuse<br />

dont il semblait faire preuve<br />

: " On me reproche notamment d'apporter<br />

avec moi le jour du shabbat<br />

les livres dont j'ai besoin ". Le philosophe<br />

semblait quelque peu attristé<br />

qu'on puisse ainsi lui reprocher <strong>de</strong><br />

ne pas se conduire en juif ultraorthodoxe,<br />

ce qu'il n'a jamais prétendu<br />

être.<br />

J'observai alors un à un les auditeurs<br />

présents et fis immédiatement<br />

part à l'un <strong>de</strong> mes amis que je<br />

croyais savoir qui était l'auteur <strong>de</strong> la<br />

lettre anonyme. Le cours terminé, je<br />

me dirigeai donc vers cet auditeur,<br />

un juif dont l'ultra- orthodoxie était<br />

manifestement équivalente à son<br />

ignorance. C'était un <strong>de</strong> ces juifs<br />

dont la tradition dit qu'ils sont " am<br />

haaaretz ", peuple <strong>de</strong> la terre.<br />

- Pourquoi as-tu envoyé cette lettre<br />

anonyme à M.Lévinas ?<br />

- Je l'ai fait parce que vous jouez<br />

tous, ici, à vous présenter en juifs<br />

religieux. Vous étudiez les commentaires<br />

<strong>de</strong> Rachi alors que vous n'êtes<br />

pas réellement observants. Vous êtes<br />

donc <strong>de</strong>s hypocrites et <strong>de</strong>s


mécréants. Je suis sûr que, vous<br />

autant que lui, irez tous brûler, le<br />

moment venu, en enfer!<br />

-L'enfer, après la mort, n'est en<br />

vérité qu'une vague hypothèse<br />

d'école, lui répondis-je. Mais il existe<br />

dans la vie <strong>de</strong> tous les jours un enfer,<br />

véritable celui-là, celui dans lequel<br />

certains semblent vivre. C'est celui<br />

<strong>de</strong> l'ignorance satisfaite d'elle-même,<br />

celui <strong>de</strong> l'extrémisme agressif et<br />

imbécile, <strong>de</strong> l'irrespect et <strong>de</strong> l'incompétence<br />

arrogante.<br />

Depuis ce jour-là, on ne le revit<br />

plus jamais au cours du samedi.<br />

On me dit qu'il se mit à fréquenter<br />

une yechiva dans le neuvième<br />

arrondissement <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>. Cela lui<br />

permettra au moins dans l'avenir <strong>de</strong><br />

signer <strong>de</strong> son nom son courrier et,<br />

à l'occasion, d'y formuler distinctement<br />

ses arguments.<br />

L'autre vient <strong>de</strong> se<br />

livrer à l'encontre du<br />

prési<strong>de</strong>nt américain à<br />

une attaque dont rien<br />

n'empêche <strong>de</strong> penser<br />

qu'elle est raciste et<br />

d'une lamentable<br />

bassesse.<br />

Ils savent, <strong>de</strong>puis leur plus<br />

tendre enfance, pour l'avoir appris<br />

dans le Pirké Avot, que le silence est<br />

d'or. Ils ont souvent enseigné à leurs<br />

disciples que tel maître du Talmud<br />

ne trouvait rien <strong>de</strong> meilleur pour la<br />

vie <strong>de</strong> l'homme que le silence. Mais<br />

eux-mêmes n'en font rien. Ils n'ont<br />

<strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> prendre position, <strong>de</strong><br />

manière intempestive et brutale, sur<br />

<strong>de</strong>s sujets dont ils ignorent tout et<br />

se soucient, au fond, comme d'une<br />

guigne, du mal que leurs propos<br />

imbéciles et parfois irresponsables<br />

peuvent faire tout à la fois au<br />

judaïsme, à l'Etat d'Israël et d'abord<br />

au métier, à la fonction et au sacerdoce<br />

qu'ils exercent.<br />

L'un d'entre eux - et non <strong>de</strong>s moindres<br />

puisqu'il a longtemps occupé<br />

les fonctions <strong>de</strong> grand rabbin d'Israël<br />

- annonce, en ce mois d'août,<br />

urbi et orbi que les juges d'Israël,<br />

parce qu'ils ont condamné un rabbin<br />

convaincu <strong>de</strong> corruption, sont<br />

<strong>de</strong>s " mécréants " (Vraiment ? Tous?<br />

Mais on y pense, les rabbins euxmêmes<br />

ne font-ils pas souvent office<br />

<strong>de</strong> juges?)<br />

Le même prélat du judaïsme a<br />

redit à haute et intelligible voix à<br />

ses fidèles - selon le site Internet du<br />

journal Maariv en date du 31 août - Barack Obama<br />

HUMEUR<br />

que ceux d'entre eux qui, à l'occasion<br />

d'une élection israélienne, mettront<br />

dans les urnes un bulletin du<br />

parti Chas sont assurés <strong>de</strong> gagner<br />

leur place au paradis. On ne savait<br />

pas, pour dire le moins, que l'entrée<br />

au jardin d'E<strong>de</strong>n était aussi facile<br />

et aussi aisée. On la croyait, au<br />

contraire, réservée à <strong>de</strong>s happy few,<br />

<strong>de</strong>s hommes d'exigence qui ont <strong>de</strong>s<br />

titres plus soli<strong>de</strong>s à faire valoir.<br />

L'autre, parce qu'il appartient à<br />

une famille <strong>de</strong> rabbins dont le nom<br />

fut prestigieux en d'autres temps et<br />

sous d'autres cieux, vient tout simplement,<br />

en évoquant une référence<br />

à un texte du Zohar, <strong>de</strong> se livrer à<br />

l'encontre du prési<strong>de</strong>nt américain,<br />

Barack Obama à une attaque dont<br />

rien n'empêche <strong>de</strong> penser qu'elle<br />

est raciste et d'une lamentable bassesse<br />

: " Comment un tel homme - a<br />

dit le lamentable rabbin - qui est<br />

noir peut-il donner un ordre quelconque<br />

à Israël alors qu'il appartient<br />

à une race d'esclaves ?".<br />

Faut-il vraiment commenter ? Il ne<br />

sert sans doute à rien <strong>de</strong> rappeler à<br />

<strong>de</strong> tels hommes d'une part que nous<br />

fumes nous-mêmes jadis esclaves en<br />

Egypte ( nous le crions assez dans<br />

nos différentes liturgies ) et, d'autre<br />

part, ce que nos maîtres ont <strong>de</strong> tout<br />

temps enseigné : la vie et la mort<br />

dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la langue (Mavet<br />

vehayim beyad lachone).<br />

Mon Dieu, pardonnez-leur d'oublier<br />

le soir ce qu'ils enseignent le<br />

matin dans leurs académies.<br />

Après tout, ils ne savent peut-être<br />

pas ce qu'ils disent !<br />

Qui a dit que les paroles s'envolent<br />

et que les écrits restent ?<br />

Voyez les pages écrites dans notre<br />

enfance quand le soleil les a longtemps<br />

brûlées. Aucun scribe n'y<br />

retrouverait ses petits !<br />

Quant aux paroles, il y a quelques<br />

milliers d'années, les Hébreux en<br />

ont entendu Dix énoncées dans un<br />

désert au haut d'une petite montagne<br />

et, <strong>de</strong>puis lors, ils s'y réfèrent<br />

sans se lasser !<br />

V.M<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 21


DIASPORA<br />

Les Juifs<br />

du roi Albert PAR<br />

22 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

GÉRARD SILVAIN<br />

Philippe Pierret, docteur en histoire <strong>de</strong>s religions, conservateur au Musée juif <strong>de</strong> Belgique et Gérard Silvain<br />

qui a publié <strong>de</strong> nombreux ouvrages sur l'histoire illustrée <strong>de</strong> la diaspora juive à partir <strong>de</strong> sa collection <strong>de</strong><br />

28.000 cartes postales anciennes ont uni leurs efforts pour présenter au lecteur cet ouvrage " Une mémoire<br />

<strong>de</strong> papier. Images <strong>de</strong> la vie juive en Belgique " (Luc Pire. Filipson Editions ). Plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cent- soixante petits<br />

bristols illustrés sont rassemblés dans ce livre qui constitue un véritable kaléidoscope du judaïsme belge.<br />

Nous avons rencontré les auteurs.<br />

I.J : Pourquoi l'histoire du judaïsme<br />

belge est-elle souvent méconnue ?<br />

Dans le sillage <strong>de</strong>s armées romaines,<br />

on signale l'arrivée <strong>de</strong>s Juifs dans la<br />

région entre les années 50 et 60 <strong>de</strong><br />

notre ère. Quelques rares vestiges<br />

archéologiques attestent la présence<br />

juive au moyen âge ; une stèle funéraire<br />

<strong>de</strong> 1255 découverte à Tirlemont ainsi<br />

que l'établissement, au même endroit,<br />

d'une importante yeshivah. La croisa<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> 1090, l'expulsion <strong>de</strong>s Juifs du<br />

Brabant en 1261, ainsi que les<br />

Le général Bernheim<br />

massacres qui ont accompagné la<br />

gran<strong>de</strong> peste <strong>de</strong> 1380,ont décimé les<br />

communautés entre le 11ème et le<br />

14ème siècle.<br />

I.J : Serait-ce parce que les juifs belges<br />

sont peu nombreux ou bien parce qu'ils ne<br />

se sont beaucoup illustrés dans le domaine<br />

intellectuel ?<br />

La faiblesse numérique <strong>de</strong> la<br />

communauté ainsi que l'absence <strong>de</strong><br />

personnalités emblématiques au niveau<br />

international, peuvent effectivement<br />

expliquer le peu d'intérêt<br />

<strong>de</strong>s historiens et <strong>de</strong>s<br />

chercheurs pour cette<br />

histoire. C'est d'autant<br />

plus regrettable que <strong>de</strong>s<br />

pistes passionnantes<br />

restent à explorer. On a<br />

recensé, par exemple, <strong>de</strong><br />

nombreuses " rues aux<br />

juifs " sans qu'aucune<br />

preuve n'ait été apportée<br />

concernant le passage ou<br />

l'établis-sement <strong>de</strong> Juifs<br />

à ces endroits !<br />

I.J : Il y a <strong>de</strong>s figures<br />

emblématiques du judaïsme<br />

belge. Vous évoquez les parcours<br />

du grand rabbin Aristi<strong>de</strong><br />

Astruc et du général<br />

Louis Bernheim. Qu'ont-ils<br />

représenté l'un et l'autre ?<br />

Alexandre Astruc,<br />

d'origine séfara<strong>de</strong>,<br />

représente une vision<br />

mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la morale<br />

sinaïtique. Concepteur<br />

d'une liturgie débarrassée<br />

<strong>de</strong> certains rites et <strong>de</strong><br />

traditions qu'il jugeait<br />

obsolètes, il est fortement<br />

controversé .C'est en<br />

Belgique que ses idées<br />

novatrices ont obtenu la<br />

plus large audience .Membre fondateur<br />

<strong>de</strong> l'Alliance Israélite Universelle, ce<br />

libéral a contribué, mieux que quiconque,à<br />

la compréhension du judaïsme<br />

parmi les non juifs.<br />

Quant au général Bernheim, le<br />

scandale qu'ont provoqué sa mort et ses<br />

obsèques ont éclipsé pour un temps sa<br />

brillante carrière militaire.<br />

I.J : Il y a eu <strong>de</strong> nombreuses familles juives<br />

qui ont contribué gran<strong>de</strong>ment à l'essor<br />

du royaume et notamment dans le domaine<br />

<strong>de</strong> la politique et <strong>de</strong> la banque…<br />

Dans notre ouvrage nous avons passé<br />

en revue l'ensemble <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />

familles <strong>de</strong> la bourgeoisie juive qui ont<br />

" fait " la Belgique sans oublier pour<br />

autant les petits qui ont œuvré à leur<br />

manière au dévelop-pement du<br />

royaume.<br />

I.J : Vous rappelez dans votre livre que<br />

Ludwig Lazar Zamenhof, l'inventeur <strong>de</strong> l'espéranto<br />

et le grand poète Hayim Nahman Bialik<br />

ont séjourné en Belgique.<br />

Il nous a semblé intéressant <strong>de</strong><br />

signaler les visites officielles à Bruxelles<br />

<strong>de</strong> gloires du judaïsme mondial, à<br />

l'exemple <strong>de</strong> Zamenhof, <strong>de</strong> Marcus<br />

Samuel ou <strong>de</strong> Bialik, car les<br />

manifestations qui avaient été<br />

organisées à ces occasions avaient attiré<br />

<strong>de</strong>s foules considérables dans la<br />

capitale.<br />

I.J : Aujourd'hui on évalue la population<br />

juive du pays entre 40.000 et 45.000<br />

âmes. Qu'est-ce qui caractérise ces communautés<br />

?<br />

Les juifs <strong>de</strong> Belgique ont les mêmes<br />

préoccupations que celles <strong>de</strong>s autres<br />

communautés à travers le mon<strong>de</strong> :<br />

recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong> l'antisémitisme,<br />

soutien à Israël, confrontations<br />

idéologiques entre laïques et religieux.


Cependant, les juifs d'Anvers se<br />

singularisent. Seuls en Europe, les<br />

15000 membres <strong>de</strong> cette communauté<br />

parlent encore le yddish et leur vie<br />

quotidienne est calquée sur celle <strong>de</strong>s<br />

shtetls d'avant la shoah.<br />

I.J : La communauté orthodoxe d'Anvers<br />

est l'une <strong>de</strong>s plus importantes d'Europe et<br />

l'une <strong>de</strong>s rares communautés juives au<br />

mon<strong>de</strong> où le yiddish est la première langue.<br />

Ainsi sur les 45 synagogues que compte le<br />

pays, 30 se trouvent à Anvers.<br />

Comment s'est formée cette communauté<br />

?<br />

Les crypto juifs s'installent à<br />

Anvers à la fin du XVème<br />

siècle. Dès le XVIème siècle ,ils<br />

achètent et ils ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

marchandises et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées très<br />

diverses mais ils s'investissent<br />

particulièrement dans le<br />

commerce du diamant. A partir<br />

<strong>de</strong> 1713, <strong>de</strong>s ashkénazes<br />

rejoignent les séfara<strong>de</strong>s et, à<br />

partir <strong>de</strong> 1832, une vague<br />

d'immigration, originaire<br />

d'Europe centrale et orientale,<br />

va numériquement submerger<br />

la communauté <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants<br />

<strong>de</strong>s expulsés d'Espagne.<br />

I.J : A la suite <strong>de</strong> quoi cette cité<br />

est-elle <strong>de</strong>venue la " ville du commerce<br />

du diamant " ?<br />

Ces orthodoxes vont finir par<br />

imposer leur langue<br />

vernaculaire à tous les acteurs<br />

participant au commerce et à<br />

l'industrie du diamant et ce<br />

jusqu'à nos jours . Cependant,<br />

<strong>de</strong>puis quelques années, le<br />

diamant est passé<br />

insensiblement <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong>s<br />

Juifs à celui <strong>de</strong>s Indiens.<br />

I.J : Vous notez qu'à la différence<br />

<strong>de</strong> la France, <strong>de</strong> l'Allemagne, <strong>de</strong> la Russie<br />

et <strong>de</strong> la Pologne, qui ont imprimé et diffusé<br />

<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> cartes postales<br />

antisémites, la Belgique, elle, n'a pas voulu<br />

exploiter ce filon commercial. Pour quelle<br />

raison ?<br />

Il faut savoir que la production <strong>de</strong> la<br />

carte postale ne répond qu'à <strong>de</strong>s critères<br />

<strong>de</strong> rentabilité. On peut subodorer<br />

qu'après une sérieuse étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> marché<br />

aucun éditeur n'a jugé utile d'investir<br />

Dans l'imaginaire collectif, la carte postale n'a<br />

représenté durant <strong>de</strong>s décennies qu'un souvenir <strong>de</strong><br />

voyage ou la corvée <strong>de</strong>s vœux <strong>de</strong> nouvel an.<br />

dans un marché déjà envahi par la<br />

concurrence agressive <strong>de</strong>s pays<br />

limitrophes.<br />

I.J : Vous considérez d'ailleurs que l'antisémitisme<br />

belge n'a jamais atteint les violences<br />

que l'on a connues en France et en<br />

Allemagne.<br />

Si vous faites allusion à la carte<br />

postale on peut considérer que les<br />

A l'heure du shofar<br />

caricaturistes belges n'ont pas atteint le<br />

<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> haine et <strong>de</strong> furie antisémites<br />

que l'on peut observer en Allemagne,<br />

en Hongrie ou en Russie, pour ne citer<br />

que ces trois pays.<br />

I.J : Vous rappelez aussi que le réseau Internet<br />

diffuse aujourd'hui à propos du célèbre<br />

Mannekenpis une légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> meurtre rituel.<br />

DIASPORA<br />

Internet ne fait que reprendre une<br />

légen<strong>de</strong> récurrente qui s'est transmise<br />

<strong>de</strong> bouche à oreille dans les milieux<br />

chrétiens <strong>de</strong>puis le Moyen Age,en dépit<br />

<strong>de</strong> plusieurs bulles papales mettant en<br />

gar<strong>de</strong> les autorités religieuses contre les<br />

exactions commises par les foules<br />

fanatisées à la suite <strong>de</strong>s accusations <strong>de</strong><br />

meurtre rituel.<br />

I.J : Dans votre travail, la carte postale<br />

vient , dites-vous, au secours <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

histoire, même si elle a été méprisée par<br />

les chercheurs et les sociologues. Dans<br />

quel sens ai<strong>de</strong>-t-elle à un éclairage <strong>de</strong> l'histoire<br />

d'un pays ?<br />

Dans l'imaginaire collectif, la carte<br />

postale n'a représenté durant <strong>de</strong>s<br />

décennies qu'un souvenir <strong>de</strong> voyage<br />

ou la corvée <strong>de</strong>s vœux <strong>de</strong><br />

nouvel an. Or <strong>de</strong>puis sa<br />

création en 1869, et<br />

particulièrement <strong>de</strong>puis<br />

qu'elle <strong>de</strong>vient illustrée dans<br />

les années 1880, le petit<br />

bristol a joué un rôle<br />

sociologique et mémoriel <strong>de</strong><br />

première importance. Sait-on<br />

par exemple que, grâce aux<br />

milliers <strong>de</strong> cartes postales<br />

éditées jusqu'en 1939, le<br />

centre historique <strong>de</strong> Varsovie,<br />

rasé par les nazis et les<br />

Soviétiques, a pu, en gran<strong>de</strong><br />

partie, être reconstitué.<br />

I.J : Comment expliquez-vous<br />

qu'il y ait et en Belgique très peu<br />

<strong>de</strong> cartes postales à thème juif ?<br />

Parce qu'aucun éditeur<br />

belge, fût-il juif, à l'instar d'un<br />

Marcovici, d'unVan Dantzig<br />

,d'un Rosenbaum ou d'un<br />

Nias, ne s'est intéressé à ce<br />

sujet. Toutes les cartes qui<br />

illustrent cette problématique<br />

entrent dans le cadre d'une<br />

production généraliste. Ainsi,<br />

les synagogues ont été photographiées<br />

comme<br />

monuments au même titre<br />

que les églises ou les temples<br />

protestants.<br />

I.J : A quel type <strong>de</strong> lecteur <strong>de</strong>stinez-vous<br />

votre travail ?<br />

Nous pensons que cet ouvrage est<br />

susceptible <strong>de</strong> toucher toutes les<br />

catégories <strong>de</strong> lecteurs curieux <strong>de</strong><br />

s'ouvrir sur un mon<strong>de</strong> méconnu. Les<br />

Juifs <strong>de</strong> Belgique ne sont-ils pas pour<br />

d'aucuns, à commencer par les Juifs<br />

eux-mêmes, <strong>de</strong>s éléphants roses ?<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 23


DIASPORA<br />

La petite fille<br />

<strong>de</strong> Cappa PAR<br />

Sur une photo célèbre <strong>de</strong><br />

Robert Cappa, prise en<br />

1949, une toute petite<br />

fille en haillons pleure<br />

<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s tentes<br />

dressées en plein<br />

désert. Comme ce document fait<br />

partie d’une série intitulée Camps <strong>de</strong><br />

réfugiés en Palestine, la plupart <strong>de</strong>s<br />

archivistes pensent aujourd’hui qu’il<br />

s’agit d’une réfugiée arabe. En fait,<br />

Cappa et la plupart <strong>de</strong> ses collègues<br />

utilisaient encore indifféremment, à<br />

cette époque, les termes <strong>de</strong> Palestine<br />

et d’Israël. La scène se déroule en<br />

Israël, et non en Cisjordanie ou à<br />

Gaza. La fillette est une réfugiée juive.<br />

Et elle est originaire d’un pays arabe.<br />

A la fin <strong>de</strong>s années 1940, plus d’un<br />

million <strong>de</strong> Juifs vivaient dans les pays<br />

d’islam, du Maghreb à l’Afghanistan<br />

: plus <strong>de</strong> six cents mille au Maghreb<br />

et en Libye, près <strong>de</strong> cent cinquante<br />

mille, respectivement, en Turquie, en<br />

Iran, cent mille en Egypte et au<br />

Yémen, soixante mille en Syrie et au<br />

Liban, quarante mille en Afghanistan.<br />

Cette population – Edoth ha Mizrah<br />

en hébreu, “Communautés <strong>de</strong><br />

l’Orient”, pratiquant le plus souvent<br />

le rite séphara<strong>de</strong> – a bénéficié d’une<br />

très forte croissance démographique<br />

jusque dans les années 1960, puis<br />

d’une croissance un plus modérée :<br />

multipliée par plus <strong>de</strong> trois en<br />

soixante ans, elle compte aujourd’hui<br />

plus <strong>de</strong> quatre millions d’âmes. Mais<br />

elle ne rési<strong>de</strong> plus dans ses pays<br />

d’origine : il ne reste que 3000 à 4000<br />

24 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

Juifs au Maroc, quelques centaines<br />

en Tunisie, vingt mille,<br />

respectivement, en Turquie et en Iran,<br />

quelques centaines en Syrie et au<br />

Yémen. Soit 3 à 4 % du chiffre<br />

originel. Les autres, plus <strong>de</strong> 95 %, ont<br />

été contraints à l’exil, par vagues<br />

successives ou simultanées. Les <strong>de</strong>ux<br />

tiers d’entre eux se sont réfugiés en<br />

Israël. Le troisième tiers s’est installé<br />

en Europe, notamment en France, en<br />

Italie et en Gran<strong>de</strong>-Bretagne, mais<br />

aussi aux Etats-Unis, au Canada, en<br />

Amérique latine, en Afrique<br />

subsahélienne ou en Australie.<br />

“Retour <strong>de</strong> balancier”<br />

On affirme communément que cet<br />

exo<strong>de</strong> est une conséquence<br />

malheureuse du conflit israélo-arabe,<br />

et que l’expulsion <strong>de</strong>s Juifs aurait fait<br />

suite, selon la règle du Talion, à celle<br />

<strong>de</strong>s Arabes palestiniens. En réalité,<br />

Les réfugiés juifs ont été intégrés, au fil <strong>de</strong>s ans, au<br />

sein <strong>de</strong> la société israélienne, tandis que les réfugiés<br />

arabes ont été pérennisés en tant que tels, à <strong>de</strong>s fins<br />

politiques ou stratégiques évi<strong>de</strong>ntes.<br />

l’éviction <strong>de</strong>s communautés <strong>de</strong><br />

l’Orient a commencé le plus souvent<br />

avant la fondation <strong>de</strong> l’Etat d’Israël<br />

en 1948. Et comme l’ont noté Laurent<br />

et Annie Chabry dans Politique et<br />

minorités au Proche-Orient<br />

(Maisonneuve et Larose, 1984), l’un<br />

<strong>de</strong>s livres les plus pénétrants sur la<br />

question, elle se déroule dans le cadre<br />

d’un “retour <strong>de</strong> balancier”<br />

géopolitique qui permet à la majorité<br />

musulmane, portée par un renouveau<br />

démographique, <strong>de</strong> se “venger” <strong>de</strong><br />

l’émancipation et <strong>de</strong> l’ascension<br />

sociale dont ont bénéficié les<br />

minorités non-musulmanes, grâce à<br />

la protection occi<strong>de</strong>ntale, <strong>de</strong>puis le<br />

MICHEL GURFINKIEL<br />

XIXe siècle. Les chrétiens subissent<br />

une longue suite <strong>de</strong> tragédies, du<br />

génoci<strong>de</strong> arménien au génoci<strong>de</strong><br />

assyrien, <strong>de</strong> celui-ci à la persécution<br />

<strong>de</strong>s coptes, <strong>de</strong>s atrocités <strong>de</strong> Dammour<br />

au “nettoyage ethnique” <strong>de</strong>s chrétiens<br />

<strong>de</strong> Cisjordanie après la mise en place,<br />

en 1994, <strong>de</strong> l’Autorité palestinienne.<br />

Les Juifs ne sont pas en reste. Dans<br />

presque tous les pays musulmans, ils<br />

fuient à la suite <strong>de</strong> violences (y<br />

compris <strong>de</strong> pogromes), <strong>de</strong><br />

harcèlements et <strong>de</strong> persécutions.<br />

Presque partout, le gouvernement<br />

prend <strong>de</strong>s mesures législatives ou<br />

réglementaires en vue d’accélérer leur<br />

exo<strong>de</strong> mais aussi <strong>de</strong> confisquer leurs<br />

biens. Dans certains pays, et non les<br />

moindres, les autorités coopèrent<br />

après 1948 avec les organisations<br />

sionistes ou le gouvernement <strong>de</strong><br />

Jérusalem en vue <strong>de</strong> transférer<br />

directement la population juive en<br />

Israël.<br />

“Le Farhoud”<br />

Depuis quelques années, certains<br />

Juifs originaires <strong>de</strong> pays d’Orient<br />

consacrent la date du 1er juin, selon le<br />

calendrier international, ou<br />

alternativement celle du 5 sivan, selon<br />

le calendrier juif, à la commémoration<br />

<strong>de</strong> leur expulsion. C’est en effet les 1er<br />

et 2 juin 1941, au moment <strong>de</strong> la fête <strong>de</strong><br />

Shavuoth et sept ans avant la fondation<br />

d’Israël, que l’une <strong>de</strong>s communautés<br />

les plus anciennes, les plus nombreuses<br />

et les plus prospères du mon<strong>de</strong> arabe<br />

– la communauté d’Irak - a subi un<br />

pogrome sans précé<strong>de</strong>nt, le Farhoud,<br />

et compris qu’elle n’avait plus d’avenir<br />

dans son pays.<br />

On compte près <strong>de</strong> cent cinquante<br />

mille Juifs en Irak au début <strong>de</strong>s années<br />

1940, soit 3 % <strong>de</strong> la population globale,<br />

alors estimée à 4,5 millions d’âmes. La<br />

moitié d’entre eux vivent à Bagdad,


vingt à trente mille au Kurdistan, près<br />

<strong>de</strong> cinquante mille dans le reste du<br />

pays. Disposant d’élites anglophones<br />

<strong>de</strong>puis le XIXe siècle, ils ont bénéficié<br />

<strong>de</strong> la confiance du premier souverain,<br />

le roi hachémite Fayçal ibn Hussein.<br />

De nombreux Juifs sont chefs<br />

d’entreprise, ingénieurs, avocats,<br />

banquiers, hauts fonctionnaires.<br />

Certains sont députés, sénateurs et<br />

même ministres. D’autres enfin sont<br />

écrivains, journalistes ou musiciens.<br />

Mais la situation a commencé à se<br />

dégra<strong>de</strong>r dès 1933, quand Ghazi Ier,<br />

playboy amateur <strong>de</strong> beaux<br />

uniformes, <strong>de</strong> voitures rapi<strong>de</strong>s et<br />

d’aéroplanes, succè<strong>de</strong> à Fayçal. Le<br />

nouveau souverain croit consoli<strong>de</strong>r<br />

son trône en misant sur le<br />

nationalisme arabe et l’islamisme,<br />

en se rapprochant <strong>de</strong> l’Allemagne<br />

hitlérienne et en multipliant les<br />

mesures contre les non-musulmans.<br />

Il se tue en 1939 dans un mystérieux<br />

acci<strong>de</strong>nt d’automobile. Mais<br />

l’extrémisme et son corollaire<br />

l’antisémitisme sont désormais<br />

installés au cœur <strong>de</strong> la vie politique.<br />

En mars 1941, un homme politique<br />

pro-allemand, Rashid Ali al-Ghaylani,<br />

tente d’établir une nouvelle dictature.<br />

Quand les Britanniques le renversent,<br />

trois mois plus tard, le “Farhoud”<br />

(“Grand Brigandage”) secoue Bagdad<br />

pendant <strong>de</strong>ux jours, les 1er et 2 juin. Il<br />

semble avoir été minutieusement<br />

organisé pendant les <strong>de</strong>rnières<br />

semaines du régime <strong>de</strong> Rashid Ali, qui<br />

comptait peut-être préparer <strong>de</strong> cette<br />

manière l’entrée en guerre officielle <strong>de</strong><br />

l’Irak aux côtés <strong>de</strong> l’Axe : les<br />

habitations et les commerces juifs<br />

avaient été marqués d’une main rouge,<br />

<strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> pogromistes, encadrés<br />

par <strong>de</strong>s militaires et <strong>de</strong>s étudiants<br />

membre <strong>de</strong> l’organisation pronazie Al-<br />

Futuwwa, avaient été affectées à<br />

chaque quartier <strong>de</strong> la capitale.<br />

Plusieurs quartiers sont pillés et<br />

incendiés. Près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents Juifs sont<br />

tués, plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille sont blessés,<br />

estropiés ou mutilés, <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong><br />

femmes ou <strong>de</strong> fillettes sont violées. Saul<br />

Silas Fathi, un témoin oculaire, raconte<br />

: “Le premier soir <strong>de</strong> la fête, nous<br />

n’eûmes qu’un repas léger,<br />

contrairement à toutes les habitu<strong>de</strong>s…<br />

Nous dormions sur la terrasse, en raison<br />

<strong>de</strong> la chaleur <strong>de</strong>s nuits d’été… Mais cette<br />

nuit là, nous ne pouvions nous<br />

endormir… Le ciel, au <strong>de</strong>ssus du centreville,<br />

avait une étrange couleur<br />

orangée… Quand mes parents s’en<br />

rendirent compte, ils se levèrent<br />

brusquement. Nous fîmes <strong>de</strong> même, et<br />

on ne nous ordonna pas <strong>de</strong> nous<br />

recoucher… Nos parents regardaient<br />

fixement l’incendie qui se propageaient<br />

Juifs d’Irak<br />

dans les quartiers juifs proches <strong>de</strong>s<br />

quartiers musulmans… Les flammes<br />

étaient visibles. On entendait le bois <strong>de</strong>s<br />

charpentes qui craquait… Bientôt, nous<br />

perçûmes <strong>de</strong>s hurlements, <strong>de</strong>s<br />

imprécations… Notre mère commença<br />

à pleurer. Notre père nous serra contre<br />

lui et pria à voix basse… Je m’éveillai le<br />

len<strong>de</strong>main matin en entendant <strong>de</strong>s cris…<br />

Sous nos yeux, <strong>de</strong>s gens se battaient à<br />

coups <strong>de</strong> couteau… Dans <strong>de</strong>s maisons<br />

voisines, <strong>de</strong>s Juifs sautaient <strong>de</strong> terrasse<br />

en terrasse, jusqu’à ce que <strong>de</strong>s voisins<br />

arabes, pris <strong>de</strong> pitié, les fassent entrer<br />

chez eux… L’armée<br />

britannique, qui<br />

avait désormais<br />

pris le contrôle <strong>de</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong><br />

l’Irak, restait aux<br />

portes <strong>de</strong> Bagdad<br />

et se désin-téressait<br />

<strong>de</strong> ce qui s’y<br />

passait… Les<br />

atrocités se poursuivirent<br />

jusque<br />

dans l’après-midi.<br />

C’est à ce moment<br />

que le Régent Abdul-Ilah,<br />

rétabli à la<br />

tête <strong>de</strong> l’Etat,<br />

DIASPORA<br />

ordonna à la Division Kur<strong>de</strong>, la seule<br />

unité <strong>de</strong> l’armée royale considérée<br />

comme fiable, d’entrer dans la ville, <strong>de</strong><br />

mettre fin aux désordres et d’arrêter les<br />

meneurs. A <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> l’après-midi,<br />

un soldat kur<strong>de</strong> fut placé en faction<br />

<strong>de</strong>vant notre maison.”<br />

En 1947-1948, l’Irak prend part à la<br />

première guerre contre Israël, bien qu’il<br />

n’ait pas <strong>de</strong> frontière commune avec ce<br />

pays. En mars 1950, une loi spéciale<br />

permet aux Juifs d’émigrer, à<br />

condition <strong>de</strong> renoncer à leur<br />

nationalité et d’abandonner leurs<br />

biens : mieux, les autorités coopèrent<br />

à cette fin avec les Israéliens. Près <strong>de</strong><br />

quatre-vingt dix mille Juifs s’en vont<br />

en moins d’un an, à travers plusieurs<br />

ponts aériens. En janvier 1951, <strong>de</strong>s<br />

attentats provoquent l’exo<strong>de</strong> <strong>de</strong> trente<br />

mille Juifs supplémentaires. Les<br />

autres seront contraints à l’exil dans<br />

les années 1960, après la chute <strong>de</strong> la<br />

monarchie. Plus <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s Juifs<br />

irakiens ont trouvé refuge en Israël.<br />

Les autres se sont installés en Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne et en Amérique du Nord.<br />

La même situation s’est répétée <strong>de</strong><br />

l’Atlantique au Pamir. L’un dans l’autre,<br />

il faudrait donc parler d’un “échange <strong>de</strong><br />

populations” global entre le mon<strong>de</strong><br />

islamique et Israël. A ceci près que<br />

l’initiative est venue du premier, et non<br />

du second. Et que les réfugiés juifs ont<br />

été intégrés, au fil <strong>de</strong>s ans, au sein <strong>de</strong> la<br />

société israélienne, tandis que les<br />

réfugiés arabes ont été pérennisés en<br />

tant que tels, à <strong>de</strong>s fins politiques ou<br />

stratégiques évi<strong>de</strong>ntes. M.G<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 25


LA VIE DU CONSISTOIRE<br />

Coup d'envoi <strong>de</strong>s dix jours<br />

du <strong>Consistoire</strong><br />

Les Dix jours du<br />

<strong>Consistoire</strong>, crées il y a<br />

<strong>de</strong>ux ans par le Prési<strong>de</strong>nt<br />

Joël Mergui, se sont<br />

tenus pour la troisième<br />

année consécutive du 5<br />

au 15 septembre à <strong>Paris</strong> et dans les<br />

gran<strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> province, et ont débuté<br />

sur les chapeaux <strong>de</strong> roue. A l'instar <strong>de</strong>s<br />

années précé<strong>de</strong>ntes, les événements<br />

<strong>de</strong>stinés à mieux faire connaitre les<br />

missions, les fonctions et les actions du<br />

<strong>Consistoire</strong> se sont d'emblée succédé<br />

partout à un rythme effréné.<br />

La rentrée nationale du Talmud Torah<br />

à eu lieu le dimanche 6 septembre, avec<br />

cette année une innovation <strong>de</strong> taille à<br />

<strong>Paris</strong> et en Ile <strong>de</strong> France : l'utilisation <strong>de</strong><br />

nouveaux manuels pédagogiques (cf.<br />

détails les pages suivantes), un nouveau<br />

programme <strong>de</strong> lecture, et <strong>de</strong>s formations<br />

à venir <strong>de</strong>stinées au cadre enseignant.<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong>, Joël<br />

Mergui, a visité <strong>de</strong> nombreux centres à<br />

<strong>Paris</strong> et en région parisienne,<br />

notamment Vauquelin, Vincennes,<br />

Enghien, et les administrateurs du<br />

<strong>Consistoire</strong> ont également montré<br />

26 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

l'importance que représente pour eux<br />

la transmission <strong>de</strong>s valeurs du judaïsme<br />

à travers nos talmu<strong>de</strong>i torah, en<br />

participant activement sur le terrain à<br />

cette rentrée nationale.<br />

Le même jour, le <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong><br />

et le <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> France ont célébré<br />

le dixième anniversaire <strong>de</strong> la Journée<br />

Européenne <strong>de</strong> la Culture et du<br />

La chorale et les instruments <strong>de</strong> la Victoire lors du concert<br />

Le grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, le Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong>, le rabbin <strong>de</strong> la Victoire,<br />

le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Victoire et les <strong>de</strong>ux hazanim à la fin du concert liturgique<br />

Patrimoine Juifs. Cette journée,<br />

organisée <strong>de</strong>puis dix ans par Madame<br />

Michèle Rotman, Vice-Prési<strong>de</strong>nte du<br />

<strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, a rencontré un<br />

grand succès. Elle avait pour thème "<br />

Fêtes et Traditions du Judaïsme ", et a<br />

été marquée par un programme très<br />

<strong>de</strong>nse et varié à travers <strong>de</strong> très<br />

nombreuses communautés <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> et<br />

<strong>de</strong> Province qui avaient proposé <strong>de</strong><br />

multiples événements <strong>de</strong>stinés à faire<br />

découvrir différentes facettes <strong>de</strong> la<br />

culture juive. A <strong>Paris</strong> et en Ile <strong>de</strong> France,<br />

plus d'une dizaine <strong>de</strong> Synagogues ont<br />

ouvert leurs portes pour accueillir un<br />

public nombreux et intéressé par ce<br />

thème. Les rabbins et Prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />

Communautés ont organisé <strong>de</strong>s<br />

conférences, <strong>de</strong>s rencontres, ou <strong>de</strong>s<br />

expositions qui ont attiré un public très<br />

nombreux (notamment dans les<br />

communautés <strong>de</strong> Berith Chalom, <strong>de</strong><br />

Buffault, d'Ahavat Chalom, <strong>de</strong> Levallois<br />

ou <strong>de</strong> Chasseloup Laubat).<br />

Le concert <strong>de</strong> liturgie consistoriale<br />

organisé à la gran<strong>de</strong> synagogue <strong>de</strong> la<br />

Victoire a constitué un événement<br />

majeur. En présence du Grand Rabbin<br />

<strong>de</strong> <strong>Paris</strong> qui s'est exprimé sur le thème<br />

du mariage, du Prési<strong>de</strong>nt du


LA VIE DU CONSISTOIRE<br />

<strong>Consistoire</strong>, qui a parlé du thème du<br />

Chbbat, et du nouveau Rabbin <strong>de</strong> la<br />

synagogue <strong>de</strong> la Victoire, ce concert<br />

organisé par le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

communauté Jacques Canet, a<br />

comporté <strong>de</strong> très nombreux airs illustres<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rites alsacien/allemand et<br />

hispano/-portugais, chantés par les <strong>de</strong>ux<br />

hazanim <strong>de</strong> la Victoire, Adolphe Attia,<br />

1er Ministre Officiant et Aaron Hayoun,<br />

2ème officiant, et accompagnés <strong>de</strong>s<br />

chœurs et <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong> la<br />

synagogue.<br />

A quelques jours <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> Tichri,<br />

et <strong>de</strong>vant une nombreuse assistance,<br />

ce concert d'une très gran<strong>de</strong> tenue et<br />

empreint <strong>de</strong> beaucoup d'émotion, a<br />

rappelé avec intensité l'importance <strong>de</strong><br />

la liturgie juive dans nos synagogues,<br />

comme composante importante <strong>de</strong> la<br />

culture et <strong>de</strong> la tradition juive.<br />

Dans toute la France, le succès était<br />

aussi au ren<strong>de</strong>z-vous. A Angers, à<br />

Tours, à Arcachon, à Avignon, à<br />

Antibes, à La Rochelle et au Havre, les<br />

visiteurs se précipitaient dans les<br />

Synagogues. Grand succès aussi à<br />

Bor<strong>de</strong>aux, à Montpellier et à Nîmes. A<br />

Bayonne, 400 personnes, avec<br />

beaucoup <strong>de</strong> non-juifs, ainsi qu'à Belfort<br />

et à Cavaillon, l'unes <strong>de</strong>s plus vieilles<br />

Synagogues <strong>de</strong> France qui recevait 300<br />

personnes. Nantes et Colmar fêtèrent<br />

aussi l'événement. Une mention<br />

spéciale pour les <strong>Consistoire</strong>s<br />

Concordataires (Alsace et Moselle), à<br />

l'origine <strong>de</strong> cette action, et dont le<br />

programme était toujours aussi riche.<br />

Rentrée du Talmud Torah et Journée<br />

européenne <strong>de</strong> la culture juive<br />

Le Grand Rabbin <strong>de</strong> France Gilles<br />

Bernheim fit une conférence à la<br />

Synagogue <strong>de</strong> Mulhouse et marqua <strong>de</strong><br />

sa présence la Journée Européenne <strong>de</strong><br />

la Culture et du Patrimoine en cette<br />

région. Il inaugura, en même temps, le<br />

Centre Communautaire <strong>de</strong> Mulhouse.<br />

On notera également que la journée<br />

du 8 septembre a été consacrée au<br />

La rencontre avec les jeunes à Fleg<br />

Kavod aux ainés ainsi qu'au Bikour<br />

Holim, la visite aux mala<strong>de</strong>s, afin <strong>de</strong><br />

témoigner notre solidarité envers ceux<br />

qui ont besoin <strong>de</strong> nous. Les 10 Jours du<br />

<strong>Consistoire</strong> ont voulu mettre l'accent<br />

sur cet aspect <strong>de</strong> la générosité envers<br />

notre prochain.<br />

Par ailleurs, les manifestations en<br />

faveur <strong>de</strong> la jeunesse étaient au cœur<br />

<strong>de</strong> ce début <strong>de</strong> programme afin <strong>de</strong><br />

sensibiliser le plus grand nombre sur<br />

la nécessité <strong>de</strong> donner aux jeunes une<br />

place centrale au sein <strong>de</strong> notre<br />

communauté. En particulier la journée<br />

" jeunesse en mouvement " a eu lieu le<br />

8 septembre, <strong>de</strong>stinée à présenter<br />

toutes les actions conduites par le<br />

<strong>Consistoire</strong> en faveur <strong>de</strong>s jeunes :<br />

Centre Fleg, Team Roquette, Tikvatenou,<br />

la 'Hazac, …. Cette journée s'est<br />

achevée par une rencontre au centre<br />

Fleg avec l'ensemble <strong>de</strong>s composantes<br />

<strong>de</strong> ces actions au cours <strong>de</strong> laquelle un<br />

échange <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trois heures a eu<br />

lieu avec le Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong><br />

venu présenter les voeux <strong>de</strong> Chana<br />

Tova aux étudiants juifs <strong>de</strong> France, sur<br />

les grands thèmes <strong>de</strong> la jeunesse juive<br />

et <strong>de</strong> l'université, en présence<br />

notamment du maire du 6ème<br />

arrondissement Jean-Pierre Lecoq, du<br />

Prési<strong>de</strong>nt du Centre Fleg Daniel<br />

Vaniche, <strong>de</strong> Jack-Yves Bohbot et <strong>de</strong><br />

Murielle Schor. A l'issue <strong>de</strong> cette<br />

rencontre, les jeunes ont exprimé la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> création d'un " <strong>Consistoire</strong><br />

<strong>de</strong>s jeunes ", fédérant toutes les<br />

composantes représentant l'action du<br />

<strong>Consistoire</strong> pour la jeunesse dans les<br />

communautés en France, ce que le<br />

Prési<strong>de</strong>nt Mergui a immédiatement<br />

accepté. La responsabilité a été confiée<br />

par les participants à Shai Dahan.<br />

Au cours <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du<br />

programme, étaient notamment<br />

prévues la cérémonie <strong>de</strong>s Déportés à<br />

la synagogue <strong>de</strong> la Victoire le<br />

13 septembre, la soirée <strong>de</strong>s mariés <strong>de</strong><br />

Création du “<strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong>s jeunes”<br />

l'année le 14, la rencontre avec le Beth<br />

Din, et la cérémonie <strong>de</strong>s vœux à la<br />

communauté juive par le Ministre <strong>de</strong><br />

l'Intérieur le 15 organisée au<br />

<strong>Consistoire</strong>. A l'heure où nous écrivons<br />

ces lignes, les Dix jours n'en sont<br />

qu'à leur début et nous reviendrons le<br />

mois prochain sur l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s manifestations qui ont été<br />

proposées.<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 27


LA VIE DU CONSISTOIRE<br />

Rentrée du Talmud Torah :<br />

"Une vraie révolution<br />

dans l'enseignement"<br />

Le Le 6 septembre a eu lieu la rentrée nationale<br />

du Talmud Torah. A l'occasion <strong>de</strong> cette rentrée<br />

2009, le service éducatif du <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>,<br />

à l'initiative <strong>de</strong> son Prési<strong>de</strong>nt David Amar et <strong>de</strong><br />

son directeur Meir Moaty, et sous l'impulsion du<br />

grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> David Messas et du<br />

Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong> Joël Mergui, innove encore cette<br />

année, grâce au soutien <strong>de</strong> la FMS, avec la sortie <strong>de</strong> livres<br />

pédagogiques à l'attention <strong>de</strong>s<br />

Talmud Torah.<br />

28 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

Depuis un an, en effet, une<br />

équipe d'une dizaine <strong>de</strong><br />

personnes travaille sur <strong>de</strong>s<br />

ouvrages à l'attention <strong>de</strong>s<br />

élèves fréquentant le Talmud<br />

Torah. Cette équipe est<br />

composée d'enseignants en<br />

activité, <strong>de</strong> rabbins et grands<br />

rabbins, d'universitaires <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> renommée, d'illustrateurs,<br />

<strong>de</strong> gra-phistes, <strong>de</strong><br />

traducteurs, <strong>de</strong> relecteurs ...<br />

Un travail titanesque a été<br />

entrepris pour offrir aux<br />

enfants les meilleurs outils<br />

pédagogiques possibles. Cette<br />

série d'ouvrages est composée<br />

<strong>de</strong> vingt livres (dix livres <strong>de</strong> l'élève et dix livres du Maître),<br />

dans les domaines <strong>de</strong> la vie juive, <strong>de</strong>s personnages bibliques,<br />

<strong>de</strong>s textes bibliques, <strong>de</strong> l'histoire juive et <strong>de</strong> l'explication <strong>de</strong> la<br />

prière.<br />

Chaque livre comporte environ<br />

120 pages et contient une moyenne <strong>de</strong><br />

30 cours. Une gran<strong>de</strong> réflexion a été<br />

menée avant d'entreprendre l'écriture<br />

<strong>de</strong> ces ouvrages. Un audit sociologique<br />

a même été envoyé aux parents pour<br />

prendre en compte leur avis dans ce<br />

grand projet. Les livres sont colorés, avec<br />

<strong>de</strong>s illustrations pour chaque exercice,<br />

<strong>de</strong>s jeux, <strong>de</strong>s évaluations, <strong>de</strong>s travaux<br />

manuels inclus dans le livre (pour les<br />

petites classes) etc.<br />

Mais le plus important, c'est qu'un cours<br />

ne se répète pas d'année en année. L'idée<br />

<strong>de</strong> la H'azara à été gardé mais chaque<br />

thème transporte l'enfant dans une<br />

découverte. Par exemple, les livres "Textes<br />

bibliques", qui contiennent <strong>de</strong>s thèmes<br />

choisis du Houmach qu'un enfant va<br />

découvrir en kita guimel<br />

(âge durant lequel l'enfant<br />

sait lire), sont une vraie<br />

découverte <strong>de</strong> la Bible avec<br />

évi<strong>de</strong>ment le texte "mékori"<br />

du Houmach mais aussi un<br />

véritable apprentissage<br />

ludique <strong>de</strong> la façon<br />

d'étudier le Houmach. Les<br />

thèmes abordés sont variés<br />

et très riches.<br />

Le livre du Maître a<br />

également été innové. Un<br />

livre qui est l'i<strong>de</strong>ntique du<br />

livre <strong>de</strong> l'enfant mais avec<br />

<strong>de</strong>s annotations, <strong>de</strong>s idées<br />

dans les marges, un timing<br />

<strong>de</strong> cours, <strong>de</strong>s indications<br />

etc. Et les réponses aux<br />

exercices afin <strong>de</strong> lui faciliter<br />

sa tâche dans l'ensei-gnement. Bien sûr, rien ne remplacera<br />

un bon professeur qui suit une formation permanente.<br />

Une gran<strong>de</strong> interrogation en fin d'année est aussi très<br />

importante. C'est pour cela que sera renouvelée chaque année<br />

cette interrogation (qui a réuni 1500 enfants la <strong>de</strong>rnière fois)<br />

et qui comportera ces nouveaux apprentissages.<br />

A noter que ces livres conviendraient parfaitement à <strong>de</strong>s écoles<br />

juives. Les Talmud Torah non-affiliés au <strong>Consistoire</strong> et les<br />

écoles juives peuvent contacter le service éducatif pour une<br />

comman<strong>de</strong> ou même, si ils le désirent, travailler ensemble sur<br />

un programme annuel <strong>de</strong> Ko<strong>de</strong>sh incluant ces nouveaux outils.<br />

Mais les nouveautés <strong>de</strong> cette rentrée ne<br />

s'arrêtent pas là. Parce que les efforts déployés<br />

pour développer <strong>de</strong> nouveaux outils<br />

pédagogiques ont aussi vocation à bénéficier<br />

à tous les talmu<strong>de</strong>i Torah en France, à<br />

l'initiative <strong>de</strong> David Amar, une campagne <strong>de</strong><br />

formation à travers les gran<strong>de</strong>s communautés<br />

<strong>de</strong> province aura lieu très prochainement.<br />

La première communauté concernée sera<br />

Bor<strong>de</strong>aux. Cette campagne se déroulera dans<br />

le cadre d'ateliers itinérants avec pour support<br />

pédagogique <strong>de</strong>s livres d'une qualité et d'un<br />

enseignement exceptionnels ayant pour<br />

disciplines majeures la lecture, le Tanakh,<br />

les dinim et la vie juive.<br />

Il est à noter, d'ores et déjà, qu'une Journée<br />

Européenne <strong>de</strong> l'éducation est programmée<br />

pour Novembre 2009.


LA VIE DU CONSISTOIRE<br />

Comme chaque année, sous l'impulsion du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s services éducatifs David Amar, le <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> a<br />

organisé du 12 au 19 juillet un voyage en Israel (avec le soutien <strong>de</strong> l'agence juive) auquel ont participé 60 enfants<br />

<strong>de</strong> 10 à 14 ans. Ce voyage exceptionnel leur a permis <strong>de</strong> découvrir Israël comme ils ne l'ont jamais vu ! Kayak sur le<br />

jourdain, bala<strong>de</strong> à dos <strong>de</strong> chameau, croisiere sur la kineret, fouilles archeologiques, visite <strong>de</strong>s lieux saints, la cité <strong>de</strong><br />

David, repas <strong>de</strong> chabbat innoubliables... Les reservations sont dèja ouvertes pour juillet 2010.<br />

Appelez le 01.40.82.26.61<br />

Calendriers 5770 du <strong>Consistoire</strong><br />

Comme chaque année, le travail <strong>de</strong> préparation et <strong>de</strong> fabrication du nouveau<br />

calendrier 5770 <strong>de</strong> l'ACIP et <strong>de</strong> celui du <strong>Consistoire</strong> Central s'est poursuivi tout<br />

l'été pour finalement aboutir à une publication comme prévu à l'occasion <strong>de</strong>s<br />

fêtes <strong>de</strong> Tichri. Les nouveaux calendriers<br />

comportent notamment comme chaque année<br />

toutes les informations nécessaires concernant la<br />

vie <strong>de</strong>s différentes communautés à <strong>Paris</strong> et sa région<br />

ou en province, l'organisation et les missions <strong>de</strong>s<br />

services du <strong>Consistoire</strong>, les coordonnées <strong>de</strong>s<br />

synagogues, <strong>de</strong>s mikvaot, <strong>de</strong>s écoles ou <strong>de</strong>s<br />

commerces cacher, et la liste <strong>de</strong>s produits autorisés,<br />

et bien entendu le calendrier complet <strong>de</strong> l'année<br />

avec les horaires <strong>de</strong>s Chabbatot et <strong>de</strong>s fêtes. Ils<br />

seront disponibles sur simple <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au<br />

<strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> et au <strong>Consistoire</strong> Central rue<br />

Saint-Georges à <strong>Paris</strong>.<br />

Réunion avec les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> communautés<br />

pour la préparation <strong>de</strong>s 10 jours<br />

LPrési<strong>de</strong>nt Mergui a réunit le 22 juillet les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />

communautés pour une réunion <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>stinée à<br />

préparer l'organisation <strong>de</strong>s 10 jours du <strong>Consistoire</strong>. Le<br />

grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> David Messas et les administrateurs en<br />

charge <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong>s manifestations prévues étaient présents<br />

pour faire état <strong>de</strong>s projets envisagés dans les communautés<br />

concernées. Ces échanges ont permis <strong>de</strong> sensibiliser les<br />

Prési<strong>de</strong>nts à l'importance <strong>de</strong> ce ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> la rentrée, <strong>de</strong><br />

faire participer les communautés en amont <strong>de</strong> l'événement, et<br />

<strong>de</strong> recueillir <strong>de</strong> nombreuses réflexions et suggestions à ce sujet<br />

afin <strong>de</strong> créer ensemble, par la concertation et le dialogue, les<br />

conditions pour le succès <strong>de</strong> ces 10 jours qui sont <strong>de</strong>venus en<br />

peu <strong>de</strong> temps un classique <strong>de</strong> la vie du <strong>Consistoire</strong>.<br />

Déplacement du Prési<strong>de</strong>nt du<br />

<strong>Consistoire</strong> Central à Nice<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt Mergui s'est rendu à Nice le<br />

31 août <strong>de</strong>rnier pour rencontrer les<br />

responsables du <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong><br />

la région Nice - Côte d'Azur ainsi que le Grand<br />

Rabbin régional David Shouchana. Au cours <strong>de</strong>s<br />

nombreuses réunions <strong>de</strong> travail organisées dans<br />

un climat serein et constructif, il a notamment<br />

été analysé la situation financière ainsi que<br />

l'organisation <strong>de</strong> l'institution locale et régionale.<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt a fortement insisté pour mobiliser<br />

sur place toutes les énergies possibles afin <strong>de</strong><br />

parvenir ensemble à la situation la plus optimale<br />

pour tous et dans l'intérêt <strong>de</strong> la communauté<br />

juive <strong>de</strong> la région.<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 29


LA VIE DU CONSISTOIRE<br />

Emouvante soirée en l'honneur<br />

<strong>de</strong> Bar Mitzva et Bat Mitzva<br />

Comme il est désormais<br />

<strong>de</strong> tradition, l'ACIP, en<br />

plus <strong>de</strong> l'action sociale<br />

religieuse <strong>de</strong> proximité<br />

et d'urgence va au-<strong>de</strong>là.<br />

Avec l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> généreux<br />

mécènes, une cérémonie a été<br />

organisée en l'honneur <strong>de</strong> 10 Bar<br />

Mitzva et 1 Bat Mitzva dont les familles<br />

n'avaient pas les moyens financiers <strong>de</strong><br />

leur offrir une fête.<br />

Ces enfants étaient pour la plupart<br />

présentés par le CASIP et les<br />

Communautés Consistoriales qui les<br />

avaient préparés à la Bar Mitzva.<br />

Madame Michèle Heymann, Chef<br />

du Service Familial du CASIP ainsi que<br />

Madame Orly Ohayon Knafo,<br />

Educatrice avaient convié également<br />

les assistantes sociales chargées <strong>de</strong><br />

suivre les familles concernées.<br />

Monsieur le Grand Rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>,<br />

David Messas, le Prési<strong>de</strong>nt du<br />

<strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> Joël Mergui et le<br />

1er Vice-Prési<strong>de</strong>nt François Sitruk ont<br />

honoré cette soirée <strong>de</strong> leur présence.<br />

300 personnes composant les familles<br />

et amis ont été invités à prendre<br />

place dans la magnifique salle <strong>de</strong><br />

réception <strong>de</strong>s Salons Hoche où<br />

l'orchestre et l'animateur ont mis une<br />

ambiance extraordinaire au cours d'un<br />

somptueux dîner..<br />

Le Grand Rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> très ému a<br />

béni et embrassé chacun <strong>de</strong>s Bar Mitzva<br />

et les Prési<strong>de</strong>nts Joël Mergui et François<br />

Sitruk ont entamé une danse avec eux.<br />

Le message délivré en direction <strong>de</strong>s<br />

jeunes Bar et Bat Mitzva a été celui <strong>de</strong><br />

la solidarité dans les joies comme dans<br />

30 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

les peines qui caractérise notre<br />

Communauté.<br />

Avant les bénédictions et<br />

encouragements du Rabbin Joseph<br />

Touitou <strong>de</strong> Saint Brice, la soeur d'un<br />

Bar Mitzva prend la parole au nom <strong>de</strong><br />

toutes les familles et plus particulièrement<br />

au nom <strong>de</strong> tous les jeunes qui<br />

comme son frère fêtent aujourd'hui leur<br />

Bar Mitzva.<br />

" Je voudrais tout d'abord vous dire<br />

combien nous sommes émus d'être là,<br />

tous réunis autour d'une si belle fête.<br />

Je m'adresse en particulier à toutes<br />

ces personnes anonymes : bénévoles et<br />

généreuses qui s'unissent dans un<br />

même combat : AIDER, formant ainsi<br />

une chaîne <strong>de</strong> solidarité.<br />

Vous avez œuvré, dans l'ombre afin<br />

<strong>de</strong> nous projeter dans la lumière,<br />

chacun à votre niveau <strong>de</strong> compétence,<br />

dans la plus gran<strong>de</strong> discrétion, mo<strong>de</strong>stie<br />

et pu<strong>de</strong>ur afin que cette fête puisse avoir<br />

lieu.<br />

Aucun détail ne vous a échappé !<br />

Franchement, "c'est d'laballe !"<br />

Vous avez fait <strong>de</strong> nous les stars d'un<br />

soir et le souvenir <strong>de</strong> cette merveilleuse<br />

fête restera gravé à jamais dans nos<br />

cœurs.<br />

Comme nos petits copains, nous<br />

pourrons dire " on a fait une méga fête"<br />

J'espère qu'un jour, à notre tour, nous<br />

pourrons suivre votre exemple,<br />

dispensant ainsi cet amour à l'égard <strong>de</strong>s<br />

autres et <strong>de</strong> sa communauté.<br />

Je sais que vous n'atten<strong>de</strong>z ni éloges<br />

ni remerciements et que votre seule et<br />

unique récompense c'est l'accomplissement<br />

<strong>de</strong> la mitzva <strong>de</strong> Tsédaka ainsi<br />

que notre satis-faction.<br />

Eh bien croyez moi, c'est gagné! il n'y<br />

a qu'à regar<strong>de</strong>r toutes ces étincelles qui<br />

brillent dans nos yeux… ! Elles<br />

témoignent d'un immense bonheur qui<br />

profitera je l'espère l'année prochaine à<br />

d'autres familles dans les mêmes<br />

conditions. "<br />

Mais l'émotion n'en est pas restée là.<br />

En effet, <strong>de</strong> somptueux ca<strong>de</strong>aux<br />

compre-nant ordinateurs portables,<br />

bala<strong>de</strong>urs MP3, bracelets montre <strong>de</strong><br />

qualité, etc.. ont été remis à chacun <strong>de</strong>s<br />

Bar Mitzva lesquels, non prévenus, n'en<br />

croyaient pas leurs yeux, après avoir<br />

déjà bénéficié avant cette soirée <strong>de</strong><br />

beaux vêtements tant pour eux que<br />

pour leur famille.<br />

Les larmes <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong>s<br />

accompagnateurs et <strong>de</strong>s organisateurs<br />

et le visage comblé et émerveillé <strong>de</strong>s<br />

enfants constituent le témoignage le<br />

plus éloquent <strong>de</strong> cette soirée qui s'est<br />

terminée vers 1 h du matin dans la<br />

Simha et par <strong>de</strong>s danses.


CHANA TOVA<br />

Le Grand Rabbin <strong>de</strong> France et le<br />

Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong> Central<br />

<strong>de</strong> France<br />

adressent à toute la communauté<br />

juive leurs meilleurs voeux<br />

<strong>de</strong> Chana Tova à l'occasion<br />

<strong>de</strong> la nouvelle année 5770.<br />

Qu'elle soit placée sous le signe<br />

<strong>de</strong> la paix pour Israël et<br />

le peuple juif et que chacun<br />

soit inscrit dans le livre <strong>de</strong> la vie.<br />

19, rue Saint-Georges<br />

75009 PARIS<br />

HADASSAH FRANCE<br />

vous souhaite<br />

Shana Tova pour l'année 5770<br />

Le Docteur Sydney Ohana Prési<strong>de</strong>nt<br />

Michelle Israël Directrice<br />

Béatrice Birnbaum Chargée <strong>de</strong> Mission - CHU Hadassah<br />

Remercient tous les donateurs et amis pour leur générosité<br />

en faveur <strong>de</strong> l'Hôpital Universitaire Hadassah <strong>de</strong> Jérusalem<br />

Votre soutien nous est précieux. Merci.<br />

Hadassah France - 72, bd Haussmann - 75008 <strong>Paris</strong><br />

Tél. : 01.53.42.67.06 -/ www.hadassah.fr<br />

Le Grand Rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>,<br />

le Prési<strong>de</strong>nt et<br />

les Administrateurs du<br />

<strong>Consistoire</strong> Israélite <strong>de</strong> <strong>Paris</strong><br />

Ile <strong>de</strong> France<br />

adressent à la Communauté juive<br />

<strong>de</strong> <strong>Paris</strong> et sa région ainsi qu’à<br />

l’Etat d’Israël leurs vœux les plus<br />

chaleureux <strong>de</strong> Chana Tova<br />

que 5770 soit une année<br />

<strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> sérénité<br />

“Léchana Tova Tikatévou Vétihatémou”<br />

17, rue Saint-Georges - 75009 PARIS<br />

Tél. 01 40 82 26 26<br />

www.consistoire.org<br />

L’œuvre <strong>de</strong> Protection <strong>de</strong>s Enfants Juifs<br />

présente ses meilleurs vœux pour<br />

l’année 5770 à la communauté juive<br />

<strong>de</strong> France, à Israël et au peuple juif<br />

dans le mon<strong>de</strong>.<br />

10, rue Théodule Ribot - 75017 PARIS<br />

Monsieur le Grand Rabbin <strong>de</strong><br />

France Gilles Bernheim et Madame<br />

adressent à l'ensemble <strong>de</strong> la Communauté Juive<br />

<strong>de</strong> France tous leurs vœux<br />

<strong>de</strong> Chana Tova Oumétouka<br />

Que cette année 5770 apporte la Paix pour le<br />

peuple d'Israël.<br />

Que le Tout Puissant bénisse et protège l'ensemble<br />

<strong>de</strong> la Communauté Juive <strong>de</strong> France<br />

KEREN KAYEMETH LEISRAEL<br />

11, Rue du Quatre Septembre – 75002 PARIS<br />

Tél. : 01.42.86.88.88. – Fax : 01.42.60.18.13<br />

Site : www.kkl.fr<br />

E.mail : info@kkl.fr<br />

le K.K.L. <strong>de</strong> France<br />

souhaite à toute la Communauté Juive<br />

CHANA TOVA !<br />

Le K.K.L. soutient par son action<br />

la construction d’Eretz Israël<br />

Le K.K.L. développe la terre, plante <strong>de</strong>s<br />

arbres et aménage les réservoirs d’eau.<br />

Le K.K.L., la force tranquille du peuple Juif.<br />

AVEC NOUS POUR ISRAËL !<br />

Jean-François Guthmann, Prési<strong>de</strong>nt,<br />

Les membres du Conseil d’administration,<br />

Roger Fajnzylberg, Directeur général,<br />

Et l’ensemble <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> l’OSE<br />

vous adressent leurs meilleurs vœux pour cette nouvelle année 5770. Elle<br />

sera marquée pour l’OSE par l’ouverture du Centre Georges Lévy, centre<br />

<strong>de</strong> santé pour l’enfant, l’adolescent et la famille à <strong>Paris</strong> 75012, et d’une<br />

“petite maison” consacrée à la prise en charge <strong>de</strong>s enfants en danger ou<br />

en difficulté pour le département du Val-<strong>de</strong>-Marne, à Créteil.<br />

Avec vous, l’OSE mettra tout en œuvre pour aboutir à la réalisation<br />

<strong>de</strong>s projets qui nous tiennent à cœur.<br />

117 rue du Faubourg du Temple - 75010 <strong>Paris</strong><br />

Tél. : 01 53 38 20 20 - Fax : 01 53 38 20 12<br />

www.ose-france.org


Le Grand Rabbin <strong>de</strong> France, Gilles BERNHEIM,<br />

le Grand Rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, David MESSAS,<br />

le Rabbin Moshe SEBBAG, le Prési<strong>de</strong>nt Jacques CANET<br />

et les membres <strong>de</strong> la commission administrative <strong>de</strong> la<br />

Gran<strong>de</strong> synagogue <strong>de</strong> la Victoire<br />

adressent à toutes les familles <strong>de</strong> la communauté leurs meilleurs vœux<br />

<strong>de</strong> Chana Tova à l'occasion <strong>de</strong> la nouvelle année 5770.<br />

Le Presi<strong>de</strong>nt,<br />

le Conseil d’Administration,<br />

la Direction, les Professeurs,<br />

les Educateurs, le Personnel<br />

et tous les Enfants <strong>de</strong> LAVERSINE<br />

présentent leurs vœux <strong>de</strong><br />

Chana Tova<br />

à tous les anciens élèves ainsi qu’à la<br />

communauté avec le désir fervent que<br />

l’année 5770 soit l’année <strong>de</strong> paix<br />

pour Israël et le mon<strong>de</strong> entier.<br />

Tél. : 03 44 25 03 29<br />

Le Centre Israélite <strong>de</strong> Montmartre<br />

et les 150 enfants accueillis à :<br />

la Crèche Israélite<br />

la Crèche Marcel Bleustein-Blanchet<br />

au Jardin Maternel<br />

Les 75 personnes (25 à 30 familles) bénéficiant<br />

<strong>de</strong> l’hospitalité du Centre d’hébergement et réinsertion sociale.<br />

Les 450 à 500 usagers qui prennent leurs repas chaque jour<br />

dans sa cantine sociale cachère<br />

Forment <strong>de</strong>s voeux pour la paix au Moyen-Orient<br />

et dans le mon<strong>de</strong> entier<br />

16, rue Lamarck 75018 PARIS<br />

LA FONDATION<br />

CASIP-COJASOR<br />

adresse à toute la communauté<br />

ses meilleurs vœux <strong>de</strong> bonne<br />

et heureuse année 5770<br />

en particulier aux plus démunis.<br />

8, rue <strong>de</strong> Pali-Kao<br />

75020 PARIS<br />

Le Crif<br />

présente à la communauté juive<br />

<strong>de</strong> France et à Israël ses vœux<br />

chaleureux <strong>de</strong> Chana Tova.<br />

Espace Rachi – 39 rue Broca - 75005 PARIS<br />

Tél. : 01 42 17 11 11 - Fax : 01 42 17 11 50<br />

email : infocrif @crif.org<br />

www.crif.org<br />

infos@lavictoire.org - Tél. :01 45 26 95 36<br />

Joëlle LEZMI, Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> WIZO-France,<br />

les Membres du Conseil d’Administration,<br />

La Directrice, le personnel, toute l’équipe <strong>de</strong> WIZO-France,<br />

vous souhaitent “chana tovatikatevou !”<br />

Que vous soyez tous inscrits dans le livre <strong>de</strong> la vie...<br />

Que cette année 5770 voit se réaliser nos communs espoirs <strong>de</strong> PAIX.<br />

A vous donateurs, adhérents, sympathisants, à tous ceux qui<br />

partagent cet idéal et cette espérance, nous présentons nos meilleurs<br />

voeux pour une année douce et sereine.<br />

WIZO - 10 rue Saint-Augustin - 75002 <strong>Paris</strong><br />

Tél. 01 48 01 97 70 - Fax : 01 48 01 97 77<br />

E-mail : wizo.france@wanadoo.fr - Site internet : wizo.asso.fr<br />

Les établissements Marco<br />

représentés par M. MIMOUN,<br />

spécialistes blindages, volets roulants<br />

et ri<strong>de</strong>aux métalliques,<br />

ont le plaisir et le bonheur <strong>de</strong> vous souhaiter<br />

à vous-même, à tous les membres et à tous<br />

ceux que vous aimez une année 5770<br />

extraordinaire mieux que l'année <strong>de</strong>rnière et<br />

moins bonne que l'année prochaine<br />

Avec mashiah tsidkenou<br />

LE NOUVEAU CENTRE<br />

COMMUNAUTAIRE DE PARIS<br />

présente à tous ses membres<br />

et amis ses meilleurs vœux <strong>de</strong> santé<br />

et bonheur à l’occasion <strong>de</strong> la<br />

nouvelle année, et les informe <strong>de</strong><br />

la reprise <strong>de</strong> toutes les activités.<br />

119, rue Lafayette - 75010 PARIS<br />

Tél. : 01 53 20 52 52<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt<br />

et le Comité Directeur<br />

<strong>de</strong> la FÉDÉRATION FRANCAISE<br />

SPORTIVE ET CULTURELLE<br />

MACCABI<br />

adressent à l’ensemble<br />

<strong>de</strong> la Communauté et au<br />

Mouvement Sportif Juif Français<br />

leurs Meilleurs Vœux pour 5770.<br />

4, rue <strong>de</strong> Nice - 75011 PARIS<br />

Tél. : 01 43 67 07 62<br />

BONNE ANNÉE<br />

L’Emprunt <strong>de</strong> l’Etat d’Israël<br />

(Bonds d’Israël)<br />

« L’Economie au Service <strong>de</strong> la Paix »<br />

vous présente ses meilleurs vœux<br />

pour l’année 5770.<br />

A.C.E.F.I.<br />

Association <strong>de</strong> Coopération Economique France Israël<br />

43, rue Le Peletier - 75009 PARIS<br />

Tél. : 01 42 85 85 50<br />

Fax : 01 42 80 48 39<br />

L’Association visites aux mala<strong>de</strong>s<br />

“BIKOUR HOLIM”<br />

(Fondée en 1956)<br />

adresse à tous ses adhérents et amis,<br />

ainsi qu’à tous les membres<br />

<strong>de</strong> la communauté ses meilleurs vœux<br />

pour une bonne année.<br />

Ai<strong>de</strong>z-nous afin qu’elle soit une année<br />

heureuse pour les plus démunis<br />

<strong>de</strong> notre communauté.<br />

17, rue d’Enghien - 75010 PARIS<br />

Tél. : 01 47 70 28 21


CHANA TOVA<br />

LA CENTRE COMMUNAUTAIRE<br />

ISRAÉLITE DU VESINET<br />

C.C.I.V.<br />

souhaite à la Communauté Juive <strong>de</strong> France<br />

et au peuple d’Israël ses meilleurs vœux <strong>de</strong><br />

Paix, <strong>de</strong> Bonheur et <strong>de</strong> Prospérité pour<br />

l’année 5770.<br />

vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />

L'Ai<strong>de</strong> aux aveugles<br />

Israéliens<br />

Association française agréée auprès<br />

du Ministère <strong>de</strong>s Affaires sociales d'Israël<br />

adresse à tous ses amis,<br />

membres donateurs, légataires,<br />

ses vœux les plus sincères.<br />

3, rue <strong>de</strong> la Cigogne - 68000 COLMAR<br />

Fédération<br />

<strong>de</strong>s Sociétés<br />

Juives <strong>de</strong> France<br />

70, rue Turbigo - 75003 PARIS<br />

Tél. 01 44 61 29 15<br />

Son Prési<strong>de</strong>nt<br />

Maurice Skornik<br />

Le conseil d’administration<br />

et toute son équipe<br />

adressent à toute<br />

la communauté<br />

<strong>de</strong> France<br />

leurs meilleurs vœux<br />

pour la nouvelle<br />

année 5770.<br />

L’Institut Weizmann <strong>de</strong>s Sciences est un centre<br />

multidisciplinaire, un jardin <strong>de</strong>s sciences à la pointe <strong>de</strong> la<br />

recherche scientifique dans le mon<strong>de</strong>.<br />

Dans ce Campus, <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> chercheurs, <strong>de</strong><br />

techniciens <strong>de</strong> laboratoires et d’étudiants s’embarquent<br />

chaque jour pour <strong>de</strong>s voyages fascinants vers l’inconnu<br />

afin <strong>de</strong> mieux comprendre la nature et la place <strong>de</strong> l’homme<br />

A tous nos Amis, Heureuse Année. Chana Tova<br />

INSTITUT WEIZMANN<br />

DES SCIENCES<br />

17, rue Mesnil - 75116 PARIS<br />

Tél. : 01.47.04.33.43 - Fax : 01.47.55.10.84<br />

e-mail : roberto@weizmann-france-europe.org<br />

www.weizmann-france-europe.org<br />

LE COMITE FRANÇAIS POUR<br />

YAD-VASHEM<br />

présente ses meilleurs voeux <strong>de</strong> bonne<br />

et heureuse année à ses ahérents et à<br />

toute la communauté. Et vous rappelle<br />

l'importance <strong>de</strong> remplir la feuille <strong>de</strong><br />

témoignage (DAF-ED) gratuitement<br />

mise à votre disposition.<br />

33, Rue Navier, 75017 PARIS<br />

Tél. : 01 47 20 99 57<br />

O D A S E J<br />

L’ŒUVRE D’ASSISTANCE SOCIALE A L’ENFANCE JUIVE<br />

est une association reconnue d’utilité publique par décret du 28 mai 1919<br />

est heureuse d’adresser à la<br />

Communauté juive <strong>de</strong> France<br />

ses meilleurs vœux à l’occasion<br />

<strong>de</strong> la nouvelle année 5770.<br />

39, rue Broca - 75005 PARIS<br />

Tél. : 01 42 17 07 57 – Fax : 01 42 17 07 67<br />

le Comité Féminin<br />

<strong>de</strong> L’ORT<br />

présente à tous ses membres et<br />

amis ses meilleurs vœux <strong>de</strong> bonheur<br />

pour l’année 5770.<br />

vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />

10, Villa d’Eylau - 75116 PARIS<br />

Tél. : 01 45 00 49 44<br />

5770<br />

Chrétiens et Juifs <strong>de</strong><br />

l’Amitié Judéo-Chrétienne<br />

<strong>de</strong> France<br />

présentent à toute la communauté juive<br />

leurs vœux les meilleurs à l’occasion<br />

<strong>de</strong> Roch Hachana.<br />

60, rue <strong>de</strong> Rome, 75008 PARIS<br />

Tél. : 01 45 22 12 38<br />

L’Association Culturelle<br />

<strong>de</strong>s Sourds Juifs <strong>de</strong> France<br />

présente à la communauté juive <strong>de</strong> France,<br />

à tous ses membres et à tous ses amis,<br />

ses vœux <strong>de</strong> Chana Tova.<br />

73, rue Curial - 75019 PARIS<br />

entrée : bât. Tour D<br />

Email : maria45@free.fr<br />

Fax : 01 42 09 25 93<br />

Jean Paul KLING,<br />

Prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> la Communauté Israélite<br />

<strong>de</strong> STRASBOURG<br />

et les Membres <strong>de</strong> la<br />

Commission Administrative<br />

adressent à tous les membres <strong>de</strong> la<br />

Communauté leurs vœux <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong><br />

bonheur et <strong>de</strong> paix pour l'année 5770.<br />

C.I.S. 1a, rue René Hirschler<br />

B.P. 30183 - 67005 Strasbourg Ce<strong>de</strong>x<br />

Tél. : 03 88 14 46 50<br />

MAGUEN DAVID ADOM FRANCE<br />

adresse ses meilleurs voeux <strong>de</strong> bonheur, <strong>de</strong><br />

prospérité et <strong>de</strong> santé à toute la communauté juive<br />

à l'occasion <strong>de</strong> Roch Hachana 5770.<br />

Merci <strong>de</strong> nous ai<strong>de</strong>r à sauver <strong>de</strong>s vies en Israël<br />

MDA France, 40 rue <strong>de</strong> Liège - 75008 <strong>Paris</strong> - 01 43 87 49 02<br />

mda-france@wanadoo.fr - www.mda-france.org<br />

En Israël, un seul numéro sauve <strong>de</strong>s vies : le 101<br />

ORT FRANCE<br />

EDUCATION ET FORMATION<br />

présente ses meilleurs vœux<br />

à la communauté à l’occasion<br />

<strong>de</strong> la nouvelle année.<br />

ASI – ABSI – KEREN’OR<br />

Gil et Karen TAÏEB ainsi que toute leur<br />

équipe remercient les généreux<br />

donateurs qui soutiennent leurs actions<br />

en faveur d’Israël et tout particulièrement<br />

<strong>de</strong> TSAHAL et leur présentent leurs<br />

meilleurs vœux à l’occasion <strong>de</strong>s fêtes<br />

<strong>de</strong> ROCH HACHANA 5770.<br />

236, Boulevard Voltaire<br />

75011 <strong>Paris</strong><br />

Tél. : 01 45 63 55 30<br />

L’Association Israélite d’Oranie en France<br />

“ Synagogue Elie DRAY ”<br />

le Prési<strong>de</strong>nt Joseph Georges BENAZERA<br />

le Rabbin Shélomo ZINI<br />

le Conseil d’Administration<br />

adressent à l’ensemble <strong>de</strong> nos institutions,<br />

à notre Communauté et à l’État d’Israël<br />

nos vœux les plus sincères <strong>de</strong> Chana Tova 5770<br />

218-220, rue du Faubourg St-Honoré - 75008 <strong>Paris</strong><br />

Tél. : 01 45 61 20 25 - Fax : 01 45 61 14 35<br />

e-mail : contact@syna-aio.org<br />

www.aio.syna.org


A.C.I.P. TOURNELLES<br />

La Commission Administrative<br />

adresse ses vœux<br />

cordiaux et chaleureux<br />

à toute la Communauté.<br />

21 bis rue <strong>de</strong>s Tournelles<br />

Tél : 01.42.74.32.80 - Fax : 01.48.04.93.74<br />

Mail : sthm@wanadoo.fr<br />

La Coopération Féminine<br />

vous souhaite une excellente année 5770<br />

Pour vous, votre famille et vos amis<br />

Vœux <strong>de</strong> paix dans le mon<strong>de</strong> pour Israël<br />

39, rue Broca - 75005 PARIS<br />

Tél. : 01 42 17 10 90 – Fax : 01 42 17 10 89<br />

www.cooperation-feminine.fr<br />

email : contact@cooperation-feminine.fr<br />

Les Fils et Filles<br />

<strong>de</strong>s Déportés Juifs <strong>de</strong> France<br />

vous souhaitent une heureuse nouvelle<br />

année et rappellent que ce sera celle<br />

du 67 è anniversaire <strong>de</strong> la déportation<br />

<strong>de</strong>s Juifs <strong>de</strong> France en 1942.<br />

32, rue La Boétie - 75008 PARIS<br />

Tél. : 01 45 61 18 78<br />

Monsieur Eric <strong>de</strong> Rothschild, Prési<strong>de</strong>nt<br />

Les Membres du Conseil d'Administration,<br />

La Direction Générale<br />

<strong>de</strong> la Fondation <strong>de</strong> Rothschild<br />

adressent leurs vœux les plus chaleureux<br />

aux rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> leurs établissements, à leurs<br />

familles et au personnel en ce début d'année 5770<br />

et leur souhaitent <strong>de</strong> passer les fêtes <strong>de</strong> Tichri<br />

dans la joie et le bonheur familial.<br />

76, rue <strong>de</strong> Picpus - 75012 PARIS<br />

Tél. : 01 44 68 72 98<br />

M. le rabbin Jonathan GUEZ<br />

Le prési<strong>de</strong>nt Michel DLUTO<br />

La commission administrative<br />

<strong>de</strong> la communauté israélite<br />

<strong>de</strong> la VARENNE-SAINT-HILAIRE<br />

souhaitent à tous leurs fidèles et amis leurs meilleurs<br />

vœux <strong>de</strong> bonheur, santé et prospérité pour l’année<br />

nouvelle 5770.<br />

10 bis, avenue du Château<br />

94210 LA VARENNE-SAINT-HILAIRE<br />

M. Zvi Ammar Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong><br />

et l’ensemble <strong>de</strong> son Conseil d’Administration<br />

Rav Reouven Ohana, Grand Rabbin <strong>de</strong> Marseille<br />

Rav Shmouel Melloul, Dayane <strong>de</strong> Marseille<br />

M. Elie Berrebi, Directeur Général<br />

et l’ensemble <strong>de</strong>s permanents<br />

Rabbiniques et Administratifs<br />

vous adressent leurs voeux les plus chaleureux <strong>de</strong><br />

Chana Tova - Année <strong>de</strong> Paix - <strong>de</strong> Santé -<br />

<strong>de</strong> Bonheur - pour tout le peuple juif.<br />

117-119, rue Breteuil - 13006 MARSEILLE<br />

Tél. : 04 91 37 49 64 - Fax : 04 91 37 83 89<br />

LA COMMUNAUTÉ JUIVE<br />

DE NIMES<br />

- L’Acing<br />

- Le Centre Communautaire<br />

- Wizo<br />

- Réseau Ezra <strong>de</strong> Nimes<br />

- BBYO<br />

- Cercle A. Cremieux<br />

- Association France-Israël<br />

vous adressent leurs<br />

meilleurs vœux pour la nouvelle année.<br />

vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />

40, rue Roussy, 30000 NIMES<br />

La Solidarité<br />

présente ses meilleurs vœux<br />

à ses membres et à ses amis<br />

ainsi qu'à toute la communauté<br />

pour l'année 5770.<br />

14, rue Saint-Lazare - 75009 PARIS<br />

BONNE SHANA ANNÉE TOVA<br />

Présente à la communauté Juive <strong>de</strong> France<br />

Une bonne et heureuse année,<br />

Pleine <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> joie et <strong>de</strong> prospérité.<br />

CHANA TOVA 5770 - hbve hnw<br />

BANK HAPOALIM FRANCE<br />

Bureau <strong>de</strong> représentation<br />

33 rue Marbeuf - 75008 <strong>Paris</strong><br />

Tél. : 01 56 88 20 00 - Fax : 01 42 25 15 51<br />

Le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt<br />

et les Membres <strong>de</strong> la Commission<br />

administrative <strong>de</strong> la Communauté<br />

Chasseloup-Laubat<br />

adressent leurs meilleurs vœux à tous leurs<br />

fidèles, à tous leurs amis et aux<br />

jeunes couples qu’ils ont eu la joie <strong>de</strong><br />

marier dans leur synagogue.<br />

14, rue Chasseloup-Laubat, 75015 PARIS<br />

CHANA TOVA<br />

5770<br />

A l’occasion <strong>de</strong> Roch Hachana 5770,<br />

Monsieur le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt et les<br />

Membres du Conseil D’Administration<br />

ont le plaisir et la joie d’offrir à tous<br />

les fidèles et leurs familles et aux<br />

sympathisants, leurs meilleurs voeux <strong>de</strong><br />

santé, <strong>de</strong> bonheur et <strong>de</strong> joie.<br />

5, impasse Copernic, 44000 NANTES<br />

Tél. : 02 40 73 48 92 - Fax : 02 40 73 96 44<br />

Le Grand Rabbin, Rav Senior<br />

Le Dayan, Rav Charbit<br />

Le Roch Kollel, Rav Zeev Taperman Chlita<br />

Le Rabbin du Habad, Rav Mellul<br />

Les Rabbanins <strong>de</strong> la Communauté <strong>de</strong> Créteil<br />

Le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Communauté <strong>de</strong> Créteil<br />

M. Albert Elharrar<br />

Les Membres du Conseil d’Administration<br />

Les Prési<strong>de</strong>nt(e)(s) d’Association<br />

adressent leurs voeux les plus chaleureux<br />

<strong>de</strong> bonheur, <strong>de</strong> prospérité, <strong>de</strong> réussite et<br />

<strong>de</strong> santé à tous les membres <strong>de</strong> leur<br />

communauté et souhaitent au pays et à<br />

l’Etat d’ISRAËL dont ils sont solidaires<br />

une année <strong>de</strong> paix.<br />

Centre Communautaire KYRIAT-EL<br />

Rue du 8-mai 1945 - 94000 CRÉTEIL<br />

Tél. : 01 43 77 01 70<br />

33


CHANA TOVA<br />

ACIP ANTONY<br />

Monsieur le Rabbin Raphaël EDERY<br />

Et la Commission Administrative d’Antony<br />

présente à toute la communauté Juive<br />

leurs voeux les plus chaleureux <strong>de</strong><br />

CHANA TOVA<br />

Que 5770 soit une année <strong>de</strong> Paix et Sérénité<br />

Communauté d’Antony<br />

M. Jacob DAHAN, Prési<strong>de</strong>nt,<br />

Le Rabbin et les membres <strong>de</strong><br />

la commission administrative<br />

implorent Le Tout Puissant d’accor<strong>de</strong>r<br />

au peuple juif et au mon<strong>de</strong> entier,<br />

une paix universelle.<br />

SYNAGOGUE<br />

ACIP “YISMAN MOCHÉ”<br />

42 Rue <strong>de</strong>s Saules - 75018 <strong>Paris</strong><br />

LE RABBIN, LE PRESIDENT<br />

ET LE COMITÉ PARISIEN<br />

DES ISRAÉLITES DE L’ALGÉROIS,<br />

LA COMMISSION ADMINISTRATIVE<br />

DE LA SYNAGOGUE<br />

BERITH CHALOM<br />

sont heureux d’adresser<br />

au grand rabbin <strong>de</strong> France,<br />

au grand rabbin du <strong>Consistoire</strong> Central,<br />

au grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>,<br />

au prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong><br />

ainsi qu’à leurs nombreux fidèles<br />

leurs vœux<br />

<strong>de</strong> bonne et heureuse année 5770.<br />

18, rue Saint-Lazare, 75009 PARIS<br />

berit.chalom@orange.fr<br />

Le Rabbin Mikaël JOURNO,<br />

Gilles BOUCHARA,<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong><br />

Fontenay aux Roses,<br />

et les membres du Conseil d'Administration<br />

adressent leurs vœux <strong>de</strong> Chana Tova<br />

à toute la communauté.<br />

17, avenue Paul Langevin<br />

92260 FONTENAY-AUX-ROSES<br />

Tél. / Fax : 01 46 60 75 94<br />

Le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt,<br />

le Comité, Les Membres <strong>de</strong><br />

la Synagogue BETH DAVID<br />

présentent à toute la communauté juive <strong>de</strong><br />

France ainsi qu'à l'État d'Israël leurs vœux<br />

les plus Chaleureux pour cette<br />

nouvelle année 5770.<br />

vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />

25, Avenue du Général <strong>de</strong> Gaulle<br />

94500 CHAMPIGNY SUR MARNE<br />

5770<br />

M. René Khalifa, Prési<strong>de</strong>nt<br />

M. Abraham Dahan, Ministre-officiant,<br />

les Membres <strong>de</strong> la Commission<br />

Administrative<br />

adressent aux fidèles <strong>de</strong> la<br />

FONDATION FLEISCHMAN<br />

et à leurs familles leurs meilleurs vœux<br />

pour la nouvelle année 5770.<br />

18, rue <strong>de</strong>s Ecouffes - 75004 PARIS<br />

Tél. : 01 48 87 97 86<br />

CHANA TOVA<br />

Le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt,<br />

les Membres <strong>de</strong> la Commission<br />

Administrative <strong>de</strong> la<br />

COMMUNAUTÉ DE CHELLES<br />

présentent leurs meilleurs vœux<br />

à l'occasion <strong>de</strong> cette nouvelle année 5770 à<br />

tous ses membres, ainsi qu'à la Communauté<br />

Juive <strong>de</strong> France.<br />

14, rue <strong>de</strong>s Anémones - 77500 CHELLES<br />

Tél. : 01 60 20 92 93<br />

LE RABBIN JEAN LEVY,<br />

LE RABBIN SIMON AZOULAY,<br />

M E JACQUES HUBERT GAHNASSIA,<br />

PRÉSIDENT,<br />

LA COMMISSION ADMINISTRATIVE<br />

<strong>de</strong> VAUQUELIN et TALLÉ ORA<br />

souhaitent à leurs fidèles et à toutes les<br />

communautés Chana Tova pour 5770.<br />

9, rue Vauquelin - 75005 PARIS - Tél. : 06 09 21 15 85<br />

www.synagoguevauquelin.com


Le Prési<strong>de</strong>nt Isaac Perez,<br />

le Rabbin Kotiel Berdugo,<br />

les Membres <strong>de</strong> la<br />

A.C.I.P.<br />

VERCINGETORIX<br />

Commission Administrative<br />

souhaitent à tous leurs fidèles, amis et à<br />

l'Etat d'Israël, leurs meilleurs vœux <strong>de</strong><br />

Chana Tova, <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> prospérité à<br />

l'occasion <strong>de</strong> cette nouvelle année 5770.<br />

vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />

les offices <strong>de</strong> Kippour se dérouleront au gymnase<br />

31 rue du Commandant Mouchotte - 75014 <strong>Paris</strong><br />

223, rue Vercingétorix - 75014 PARIS<br />

Tél. : 01 45 45 50 51<br />

CHANA TOVA<br />

5770<br />

Le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong><br />

CHOISY-ORLY-THIAIS<br />

adressent leurs meilleurs vœux<br />

à toute la communauté juive <strong>de</strong> France<br />

et au peuple d'Israël, particulièrement<br />

à la ville d'O3 Yehouda.<br />

28, avenue <strong>de</strong> Newburn<br />

94600 CHOISY-LE-ROI<br />

Tél. : 01 48 53 48 27<br />

Le Rabbin et les Presi<strong>de</strong>nts<br />

<strong>de</strong>s associations <strong>de</strong><br />

L’ACIP RIS-ORANGIS<br />

C.E.D.E.R. et D.P.M.<br />

adressent leurs meilleurs vœux <strong>de</strong><br />

Chana Tova à leurs adhérents et amis.<br />

1, rue Jean-Moulin - 91130 RIS-ORANGIS<br />

La Commission Administrative <strong>de</strong> la<br />

Communauté <strong>de</strong> Meudon-Clamart<br />

le Bureau <strong>de</strong> l’A.C.P. Meudon<br />

présentent à toute la communauté et à<br />

la ville jumelle Mazkeret Batya<br />

leurs voeux <strong>de</strong> Chana Tova.<br />

15, rue Millandy - 92360 MEUDON-LA-FORÊT<br />

Tél. : 01 46 32 64 82<br />

Le Rabbin Alain COHEN,<br />

le Prési<strong>de</strong>nt Salomon SEBBAG<br />

et la Commission Administrative<br />

<strong>de</strong> Courbevoie et La Garenne-Colombes<br />

vous souhaitent une bonne et heureuse année.<br />

hqvtmv hbve hnw<br />

ACIP : 13, rue L. M. Nordmann<br />

92250 LA GARENNE-COLOMBES<br />

Tél. : 01 47 88 43 44<br />

A l’occasion <strong>de</strong> la nouvelle année 5770<br />

Le Rabbin David Benaïm<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt Robert Attia<br />

La Commission Administrative <strong>de</strong><br />

ROISSY-EN-BRIE<br />

souhaitent une bonne et heureuse année,<br />

pleine <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> joie et <strong>de</strong> prospérité à toute<br />

la Communauté <strong>de</strong> ROISSY-EN-BRIE<br />

et <strong>de</strong> ses environs.<br />

1 Av Paul Cezanne - 77680 ROISSY-EN-BRIE<br />

Tél. 01 60 28 36 38<br />

Dany et Jean Bernard LEMMEL<br />

Robin et Silvie, Sonia<br />

Ont le plaisir <strong>de</strong> présenter à leurs<br />

famille et amis<br />

Leurs meilleurs vœux <strong>de</strong><br />

CHANA TOVA<br />

Thonon les Bains : 1 chemin <strong>de</strong> Bellevue<br />

Lausanne et Jérusalem<br />

La Commission Administrative<br />

<strong>de</strong> l’ACIP SEVRAN<br />

Présente à ses fidèles et à toute la<br />

communauté juive ses meilleurs<br />

voeux pour l’année 5770 et souhaite<br />

Paix et sécurité à l’État d’Israël.<br />

25, bis Rue du Docteur Roux BP 111<br />

93270 SEVRAN<br />

BONNE SHANA ANNÉE TOVA<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt<br />

Dr David ROUAH,<br />

le Rabbin<br />

M. David ELFASSI,<br />

l’Association Médicale<br />

et la Commission Administrative<br />

vous adressent tous leurs vœux<br />

pour l’année 5770.<br />

ACIP VITRY<br />

et RAMBAM 94<br />

A.C.I.V. – 127, av. Rouget <strong>de</strong> L’Isle,<br />

94400 Vitry - Tél. 01 46 80 67 54<br />

Les ETS BERTON-BALLARD<br />

et tous leurs collaborateurs vous<br />

présentent leurs bons vœux pour la<br />

nouvelle année<br />

114 Av. Marx Dormoy - 92120 MONTROUGE<br />

Le Rabbin A. DAHAN et<br />

son ai<strong>de</strong> M. KNAFO,<br />

le Prési<strong>de</strong>nt G. SITBON<br />

et les membres du Comité et<br />

<strong>de</strong> la Communauté,<br />

adressent à tous, ainsi qu’à l’Etat<br />

d’Israël leurs voeux sincères<br />

<strong>de</strong> CHANA TOVA 5770<br />

St-Ouen-L’Aumône / Cergy-Pontoise<br />

Ets SCHNERF<br />

ses Collaborateurs<br />

vous présentent<br />

leurs vœux les meilleurs<br />

pour cette Nouvelle année<br />

11 rue Notre Dame <strong>de</strong> Nazareth<br />

75003 <strong>Paris</strong><br />

Tél. 01 42 72 88 21


CHANA TOVA<br />

OHR HANNA<br />

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Organisation <strong>de</strong> Justice et <strong>de</strong> Bonté<br />

Toute l’équipe d’OHR HANNA adresse à tous<br />

ses amis et à toute la communauté ses<br />

meilleurs vœux <strong>de</strong> Chana Tova.<br />

Réfoua chelema à tous nos mala<strong>de</strong>s.<br />

Etre au service <strong>de</strong>s pauvres et <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s<br />

est le combat <strong>de</strong> OHR HANNA. Ensemble nous continuerons<br />

à agir au service <strong>de</strong>s nôtres.<br />

14 villa Bel-Air - 75012 PARIS<br />

Tél. : 01 43 43 40 70<br />

Denis Ktorza,<br />

Bernard Musicant<br />

et toute l’équipe <strong>de</strong> Connec’ sion<br />

vous présentent<br />

leurs meilleurs voeux <strong>de</strong> Chana Tova<br />

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e-mail : presi<strong>de</strong>nt@connec-sion.com<br />

www.connec-sion.com<br />

Roch Hachana<br />

Le SERVICE DE PROTECTION<br />

DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE<br />

souhaite à toute la communauté juive<br />

<strong>de</strong> France, une année <strong>de</strong> santé,<br />

<strong>de</strong> bonheur et <strong>de</strong> paix.<br />

SPCJ - 24h/24 - 7jours/7<br />

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Yvon ABISSEROR<br />

Prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> Surveillance<br />

CONSORTIUM EUROPEEN D’ECHANGES<br />

COMMERCIAUX INTERNATIONAUX<br />

Société Anonyme au Capital <strong>de</strong> 612 850 E<br />

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Chana<br />

SALOMON ROGER WARGA<br />

et ses collaborateurs<br />

vous présentent<br />

leurs bons vœux<br />

pour la nouvelle année.<br />

L'ESG-<strong>Paris</strong><br />

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Tél. : 01 53 36 44 00 - www.esg.fr<br />

Tova<br />

Que cette nouvelle année vous apporte<br />

joie, bonheur, santé et paix. Que cette<br />

année soit remplie d’événéments<br />

heureux et festifs.<br />

17-19, Rue Félicien David - 75016 PARIS<br />

Tél. : 01 47 20 00 00


MARBRERIE FUNERAIRE - POMPES FUNEBRES<br />

ETS L. BARBIER & FILS<br />

face au Cimetière <strong>Paris</strong>ien <strong>de</strong> Bagneux<br />

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13, Esplana<strong>de</strong> Auguste Perret - 94320 THIAIS<br />

Tél. : 01 46 86 73 80<br />

Vous présentent<br />

leurs meilleurs vœux<br />

BONNE SHANA ANNÉE TOVA<br />

Roch Hachana<br />

5770<br />

Toute l’équipe<br />

d’Information Juive,<br />

souhaite à tous les annonceurs,<br />

abonnés et lecteurs,<br />

ses meilleurs voeux <strong>de</strong><br />

Chana Tova<br />

pour cette nouvelle année 5770


BONNES FEUILLES<br />

Les nouveaux marranes<br />

Nous sommes comme<br />

une petite république,<br />

une communauté,<br />

une confrérie<br />

religieuse laïque, avec<br />

ses moeurs dictées<br />

par la pru<strong>de</strong>nce et la clan<strong>de</strong>stinité et<br />

par le réconfort que nous trouvons<br />

dans notre fraternité. Nous sommes<br />

une famille, un ghetto. Les solutions<br />

que nous avons trouvées à nos<br />

problèmes sont bien adaptées à ces<br />

problèmes, et dans les autres villes, les<br />

Juifs les imitent ou les ont trouvées<br />

eux-mêmes. Un jour, le rabbin Kapel<br />

nous a parlé <strong>de</strong>s Marranes, ces Juifs<br />

d’Espagne qui, pour se soustraire à<br />

l’Inquisition, adoptaient un masque<br />

chrétien, il y a près <strong>de</strong> cinq cents ans.<br />

Kapel n’a pas songé à nous expliquer<br />

qu’ils ont fait comme nous. Ou plutôt,<br />

nous faisons comme eux. Nous<br />

sommes le gibier traqué et nous vivons<br />

comme le gibier adapté efficacement<br />

à ses conditions <strong>de</strong> vie par les milliers<br />

<strong>de</strong> générations qui l’ont précédé.<br />

Nous ne communiquons que <strong>de</strong> vive<br />

voix. On ne s’envoie pas <strong>de</strong> lettres. On<br />

ne téléphone pas. On n’inscrit aucune<br />

adresse dans nos calepins et le mieux,<br />

c’est <strong>de</strong> ne pas connaître celles <strong>de</strong>s<br />

camara<strong>de</strong>s. On les appelle par leur<br />

prénom. Je ne connais presque aucun<br />

<strong>de</strong> leur nom <strong>de</strong> famille véritable, ou<br />

même <strong>de</strong> leurs noms <strong>de</strong> guerre.<br />

Les réunions ne sont pas annoncées.<br />

On sait que chez Marie-du-beurre et<br />

chez madame Jeanne on apprendra<br />

l’heure <strong>de</strong> la prochaine conférence et<br />

l’information est répercutée, on ne sait<br />

pas exactement comment. De toute<br />

façon, au chalet, on saura tout sur les<br />

exposés et les débats que préparent tels<br />

camara<strong>de</strong>s, ou mieux encore, on aura<br />

la surprise d’entendre l’écrivain Henri<br />

Hertz parler <strong>de</strong> littérature, <strong>de</strong> faire la<br />

connaissance du poète Joseph<br />

Milbauer. Surtout, nous retrouverons<br />

40 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

ceux que nous connaissons bien, et<br />

que nous aimons bien et leurs thèmes<br />

habituels dont la répétition nous<br />

rassure. Le rabbin Kapel expliquera les<br />

liens <strong>de</strong> l’idée sioniste avec la religion<br />

et le pays d’Israël, Elek exposera une<br />

nouvelle fois la pensée <strong>de</strong>s grands<br />

penseurs sionistes-socialistes, Berl<br />

Borochov ou Haïm Brenner.<br />

Notre usage pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la parole,<br />

notre réticence à nous confier à l’écrit<br />

ne veulent pas dire que nous avons<br />

pour règle absolue <strong>de</strong> nous passer <strong>de</strong><br />

la poste. Ma soeur Klara nous a écrit<br />

plusieurs fois <strong>de</strong> Chapareillan. Ses<br />

lettres n’ont pas été censurées.<br />

Toto nous écrivait quand nous étions<br />

encore en Belgique. Les enveloppes<br />

ouvertes par la censure étaient<br />

surchargées <strong>de</strong> tampons allemands,<br />

<strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong>s phrases entières étaient<br />

barrés <strong>de</strong> grands traits noirs opaques.<br />

Pour déjouer la censure, <strong>de</strong>s mots<br />

codés sont nés spontanément, qui<br />

puisent dans la logique, dans la langue<br />

hébraïque, dans le trésor culturel juif.<br />

Quand on ne comprend pas, un autre<br />

Juif, plus imaginatif, plus instruit<br />

dépannera. Aller chez Nyster veut dire<br />

se planquer, du verbe hébreu. Chez<br />

Halevi signifie en Espagne, du nom<br />

du grand poète juif hispanique<br />

Jehouda Halevi. Chez l’oncle Mayer,<br />

c’est en Suisse, du nom du dirigeant<br />

communautaire bien connu <strong>de</strong><br />

Genève. Les Talkim sont les Italiens<br />

(d’italkim), et les Allemands<br />

naturellement<br />

PAR PAUL GINIEWSKI<br />

Notre ami Paul Giniewski publie un nouveau livre " Une résistance juive " ( Editions Cheminements. 296<br />

pages, 22 euros) dans lequel l'auteur relate ses souvenirs <strong>de</strong> jeune militant d'un réseau <strong>de</strong> la Résistance juive<br />

<strong>de</strong> France, le MJS ( Mouvement <strong>de</strong> la jeunesse sioniste) .<br />

Cependant, la préoccupation centrale <strong>de</strong> l'œuvre <strong>de</strong> Paul Giniewski, le conflit israélo-arabe, n'est pas absente<br />

<strong>de</strong> ses souvenirs <strong>de</strong> jeunesse : le peuple juif en lutte pour sa survie en Europe, se battait alors déjà sur un<br />

<strong>de</strong>uxième front, en Erets Israël. Nous publions ci-<strong>de</strong>ssous un extrait du livre.<br />

Amalec, l’ennemi héréditaire, ou<br />

Aman, le sanguinaire ministre du roi<br />

Assuérus qui voulait exterminer les<br />

Juifs <strong>de</strong> Perse, et dont on célèbre la<br />

déconfiture lors <strong>de</strong> la fête <strong>de</strong> Pourim.<br />

Quel Juif ne déchiffrerait pas ces<br />

transpositions transparentes ? Hitler,<br />

c’est évi<strong>de</strong>mment pharaon.<br />

Les travestissements linguistiques<br />

varient à l’infini. Tout Juif comprendra<br />

que lorsqu’on lui donne <strong>de</strong>s nouvelles<br />

<strong>de</strong> M. le curé, qui a célébré la première<br />

communion du fils, on lui parle <strong>de</strong> M.<br />

le rabbin qui a célébré sa bar-mitsva.<br />

L’UGIF est la famille Brith (qui veut<br />

dire alliance), Xavier Vallat <strong>de</strong>vient<br />

quinze, entrer à l’hôpital peut signifier<br />

être arrêté ; <strong>de</strong>voir se suralimenter,<br />

avoir besoin d’une carte d’alimentation<br />

; avoir la jaunisse, porter l’étoile jaune,<br />

donc, ne pas encore être planqué. C’est<br />

rudimentaire, approximatif, et cela<br />

fonctionne. Un Juif est un Breton. Le<br />

maquis <strong>de</strong> l’Armée juive est l’auberge.<br />

Et ainsi, indéfiniment.<br />

Tout Juif comprendra que lorsqu'on lui donne <strong>de</strong>s<br />

nouvelles <strong>de</strong> M. le curé, qui a célébré la première<br />

communion du fils, on lui parle <strong>de</strong> M. le rabbin qui<br />

a célébré sa bar-mitsva.<br />

Notre étrange vocabulaire, nos<br />

allusions à notre histoire et à la langue<br />

sacrée et renaissante en Palestine,<br />

dictés par la nécessité, expriment aussi<br />

notre jubilation intérieure <strong>de</strong> réussir à<br />

exprimer notre judaïsme, à faire<br />

étalage <strong>de</strong> notre richesse culturelle et<br />

historique <strong>de</strong>vant les Allemands et<br />

impunément. Même si nous nous<br />

attachons peu à peu à notre nom<br />

d’emprunt, notre spécificité, notre<br />

authenticité rejaillissent. Quand la<br />

troupe Rashi <strong>de</strong>s EIF <strong>de</strong>venait la<br />

troupe Pasteur <strong>de</strong>s Éclaireurs


unionistes, elle afficha le portrait <strong>de</strong><br />

Pasteur dans son local, mais n’avait<br />

nullement renoncé à parler <strong>de</strong> Rashi à<br />

ses louveteaux. L’occultation <strong>de</strong> Rashi<br />

renforçait sa présence réelle. Notre<br />

groupe MJS ne porte pas <strong>de</strong> nom<br />

d’emprunt.<br />

C’est le gdoud, simplement. Venir<br />

au gdoud est une expression d’une<br />

infinie richesse. C’est revenir à nous,<br />

au foyer, à la maison. En plein coeur<br />

<strong>de</strong> Grenoble occupée et sous la férule<br />

<strong>de</strong> Vichy, c’est se débarrasser pour un<br />

moment <strong>de</strong> son métier <strong>de</strong> placeur <strong>de</strong><br />

contrats d’assurance, d’étudiant, <strong>de</strong><br />

contremaître en maroquinerie que<br />

nous sommes <strong>de</strong>venus, reprendre<br />

conscience que c’est pour la durée<br />

d’un interlu<strong>de</strong>. C’est entrer, comme<br />

un plongeur, dans sa cloche <strong>de</strong><br />

plongée qui lui permettra <strong>de</strong> respirer<br />

dans un milieu qui n’est pas le sien.<br />

Le scaphandrier se déplace sous l’eau,<br />

mais il n’est pas un poisson. La<br />

comparaison n’est pas aventurée. Je<br />

ressemble à ceux que je côtoie dans<br />

la rue, dans les trains, dans les<br />

autocars, je parle leur langue sans<br />

doute mieux qu’eux, et je les sens<br />

étrangers. Ils ne sont pas comme moi,<br />

comme nous, en permanent danger<br />

<strong>de</strong> mort. Le Maréchal, qu’ils l’aiment<br />

ou non, a mis fin à leur guerre, ils<br />

sont démobilisés. Nous, les résistants<br />

juifs et tous les autres Juifs, sommes<br />

<strong>de</strong>s mobilisés forcés permanents. S’il<br />

y avait une rafle, cette paysanne<br />

transportant <strong>de</strong>s poulets dans un<br />

panier s’en tirerait sans problème. Ma<br />

mère, certainement pas. Si les<br />

Allemands ou les chasseurs <strong>de</strong> Juifs<br />

déshabillaient le paysan, il ne<br />

risquerait rien. Moi, je serais pris. Au<strong>de</strong>là<br />

d’une adaptation parfaite, il reste<br />

cette irréductible différence. Il faut<br />

en permanence ne pas l’oublier, se<br />

fondre encore mieux dans la masse,<br />

s’adapter, mais tout peut s’effondrer<br />

en un instant. On ne trouve <strong>de</strong><br />

véritable détente que sur notre île<br />

déserte, entre nous. Véritable ?<br />

Illusoire ? Je sais bien que nos “bifs”<br />

et nos “synthés” et nos co<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

langage sont <strong>de</strong>s succédanés<br />

d’armures, peut-être seulement <strong>de</strong>s<br />

armures <strong>de</strong> théâtre en carton-pâte.<br />

Efficaces ? Les coquilles <strong>de</strong>s<br />

escargots, les carapaces <strong>de</strong>s tortues<br />

le sont contre certaines pressions. Pas<br />

contre <strong>de</strong>s marteaux-pilons.<br />

Je sais bien que nous ne vivons pas<br />

en autarcie. Nous n’avons pas sécrété<br />

tout seul notre carapace. Nous<br />

recevons beaucoup du milieu. Je suis<br />

bien placé, comme tous mes<br />

camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> “l’éducation physique”,<br />

pour savoir ce que nous <strong>de</strong>vons à nos<br />

sympathisants et alliés, les mairies,<br />

les curés, les secrétaires <strong>de</strong> mairies<br />

qui nous ai<strong>de</strong>nt, à tous ceux qui<br />

donnent abri aux Juifs cachés. Que<br />

ferions-nous sans eux ?<br />

Je sais bien, aussi, qu’ils sont peutêtre<br />

les arbres qui cachent la forêt<br />

touffue. Les autres sont également<br />

présents.<br />

Les vichyssois, les miliciens, les<br />

dénonciateurs. Et après ceux qui sont<br />

activement hostiles, la gran<strong>de</strong> masse<br />

<strong>de</strong>s indifférents, tels ces enseignants<br />

et fonctionnaires qui n’ont pas<br />

protesté quand Pétain a institué le<br />

BONNES FEUILLES<br />

statut <strong>de</strong>s Juifs. Je les juge peut-être<br />

trop sévèrement ? Moi aussi, après tout,<br />

si je m’examinais avec probité, je me<br />

découvrirais bien <strong>de</strong>s points communs<br />

avec eux. Suis-je réellement préoccupé<br />

<strong>de</strong>s jeunes du STO dont je fais état ?<br />

Même si nous nous attachons peu à peu<br />

à notre nom d'emprunt, notre spécificité,<br />

notre authenticité rejaillissent.<br />

O D A S E J<br />

Par le sort <strong>de</strong>s prisonniers <strong>de</strong> guerre<br />

français ? Et je trouve mon plaisir avec<br />

les comédies <strong>de</strong> Plaute et les rigueurs<br />

<strong>de</strong>s Parnassiens, tandis que ma soeur<br />

Rosa et Lily Abelew sont dans les<br />

camps. Et chacun <strong>de</strong> nous, Georges,<br />

Toto, même le sévère Simon, et tous les<br />

autres, ont sûrement leurs plaisirs<br />

secrets, leurs équivalents <strong>de</strong> Plaute. Je<br />

pense à mon oncle Benno, le frère <strong>de</strong><br />

ma mère. Il aimait les dictons, comme<br />

mon père. Quand j’étais enfant, il<br />

répétait souvent : “Je<strong>de</strong>s Tierchen hat<br />

sein laisirchen” (Chaque petite bestiole<br />

a ses petites joies).<br />

L’ŒUVRE D’ASSISTANCE SOCIALE A L’ENFANCE JUIVE<br />

est une association reconnue d’utilité publique par décret du 28 mai 1919<br />

Parce qu’un enfant heureux<br />

<strong>de</strong>vient un adulte qui a <strong>de</strong> meilleures chances<br />

<strong>de</strong> construire son avenir et celui<br />

<strong>de</strong> la communauté<br />

L’ODASEJ a pour mission<br />

d’ai<strong>de</strong>r les enfants et les adolescents défavorisés ou<br />

en difficulté sur le territoire national<br />

Leur avenir<br />

est entre vos mains<br />

Transmettez votre nom à un programme<br />

<strong>de</strong> solidarité…<br />

Perpétuez la mémoire <strong>de</strong> vos parents…<br />

… Faites un legs ou une donation à l’ODASEJ<br />

Que vous ayez <strong>de</strong>s héritiers ou non, vous pouvez faire<br />

un legs ou une donation en faveur <strong>de</strong> l’ODASEJ<br />

en exonération <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> succession ou <strong>de</strong> mutation<br />

Pour un ren<strong>de</strong>z-vous confi<strong>de</strong>ntiel<br />

Appelez Tony SULTAN<br />

Tél. : 01 42 17 07 57 • Fax : 01 42 17 07 67<br />

ODASEJ ESPACE RACHI, 39, RUE BROCA, 75005 PARIS<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 41


MÉMOIRE<br />

“Il faut laisser<br />

du temps au temps” PAR<br />

Jamais je n’ai pensé que cette<br />

maxime pourrait trouver sa<br />

justification dans une<br />

décision que j’ai prise il y a<br />

60 ans ! Lors <strong>de</strong> ma<br />

déportation en septembre<br />

1942, mon père, reconnu<br />

intransportable, avait été autorisé à<br />

rester dans le camp <strong>de</strong> Noé, en Haute<br />

Garonne. Il avait alors 46 ans. Puis ce<br />

furent trois années à Auschwitz.<br />

Evadé après la “marche <strong>de</strong> la mort”,<br />

rapatrié via O<strong>de</strong>ssa, débarqué à<br />

Marseille, j’avais pris le train me<br />

ramenant à Revel, l’endroit où mes<br />

parents, ma sœur et moi avions été<br />

arrêtés. Durant ce voyage je m’étais<br />

mis à rêver que je retrouverais mon<br />

père, certes pas en parfaite santé, mais<br />

vivant et heureux <strong>de</strong> m’entourer <strong>de</strong> son<br />

affection, après ces années <strong>de</strong><br />

souffrances.<br />

De retour enfin dans cette petite ville<br />

du Sud-Ouest, gran<strong>de</strong> a été ma<br />

déception <strong>de</strong> ne pas être attendu à la<br />

gare. Je me suis précipité chez une<br />

amie <strong>de</strong> mes parents car j’avais gardé<br />

le souvenir du chaleureux accueil<br />

qu’elle nous avait réservé lors <strong>de</strong> notre<br />

arrivée <strong>de</strong> Bruxelles, au début <strong>de</strong> la<br />

guerre, en mai 1940.<br />

Après d’affectueuses retrouvailles, je<br />

<strong>de</strong>mandai aussitôt quel avait été le sort<br />

<strong>de</strong> mon père. La nouvelle qu’il était<br />

mort un an après notre déportation vint<br />

s’ajouter au <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> tous les miens.<br />

J’allais donc <strong>de</strong>voir seul affronter<br />

l’avenir et me frayer un chemin dans<br />

la vie !<br />

Accompagné par cette amie qui<br />

m’est <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>venue très chère, je me<br />

suis rendu au cimetière <strong>de</strong> Revel : là,<br />

au milieu <strong>de</strong> toutes les tombes, sur une<br />

planchette noire, étaient inscrits le nom<br />

<strong>de</strong> mon père et la date <strong>de</strong> son décès.<br />

Il me fallait très rapi<strong>de</strong>ment acheter<br />

une concession afin que sa dépouille<br />

puisse reposer en paix et n’aille pas<br />

rejoindre la fosse commune.<br />

42 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

Puis a commencé pour moi l’effort<br />

<strong>de</strong> la réintégration dans la vie normale.<br />

J’ai repris <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s au terme<br />

<strong>de</strong>squelles j’ai trouvé un emploi à <strong>Paris</strong><br />

et dès que mes moyens financiers me<br />

l’ont permis, j’ai décidé d’ériger une<br />

sépulture digne <strong>de</strong> mon père.<br />

Afin <strong>de</strong> respecter nos traditions, il<br />

m’aurait fallu transférer son corps<br />

dans un carré juif <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s<br />

cimetières parisiens. J’ai hésité à le<br />

faire; pensant à tort ou à raison que<br />

mon père, durant sa <strong>de</strong>rnière année<br />

<strong>de</strong> vie, avait été entouré par les gens<br />

du pays lesquels lui avaient apporté<br />

ai<strong>de</strong> et consolation. En outre ils<br />

auraient pu considérer mon geste<br />

comme une marque d’ingratitu<strong>de</strong> ou<br />

encore imaginer que j’estimais leur<br />

cimetière indigne <strong>de</strong> la dépouille <strong>de</strong><br />

mon père. Ma décision fut alors, bien<br />

que conscient d’enfreindre nos<br />

usages, <strong>de</strong> laisser mon père reposer à<br />

l’endroit où il avait été enterré. Je<br />

faisais graver sur la pierre tombale un<br />

Maguen David ainsi que les noms <strong>de</strong><br />

ma mère et <strong>de</strong> ma sœur, avec la<br />

mention “Déportées en 1942 mortes<br />

à Auschwitz”.<br />

Guidé par l’idée que cette seule<br />

tombe juive inciterait le passant à s’y<br />

arrêter, à se poser <strong>de</strong>s questions sur<br />

cette présence insolite et à vouloir<br />

connaître l’histoire <strong>de</strong> ma famille et<br />

plus particulièrement celle <strong>de</strong> la<br />

déportation. Quelques années plus<br />

tard, nommé citoyen d’honneur <strong>de</strong> la<br />

petite ville <strong>de</strong> Revel, j’ai constaté à<br />

cette occasion à quel point cette tombe<br />

était ignorée et j’ai pensé que mon<br />

choix, il y a soixante ans, avait été<br />

erroné.<br />

Je fis part <strong>de</strong> ma frustration à mon<br />

ami Jules Soletchnik qui avait été élève<br />

au Collège durant les années noires.<br />

Sa réponse m’a rasséréné. Il ne<br />

manquait jamais, me confia-t-il, en se<br />

rendant à Revel <strong>de</strong> déposer une petite<br />

pierre sur la tombe qu’il considérait un<br />

peu comme la sépulture <strong>de</strong> son père,<br />

Résistant, déporté en juillet 1944 et<br />

PAUL SHAFFER *<br />

mort à Bergen-Belsen. Son propos a<br />

suffi pour réduire un peu mon regret<br />

quant à ma décision d’autrefois.<br />

Des années se sont écoulées <strong>de</strong>puis<br />

sans qu’aucun autre événement ne<br />

vienne me consoler <strong>de</strong> la décision que<br />

j’avais prise, avec l’espoir <strong>de</strong> maintenir<br />

à cet endroit la mémoire <strong>de</strong> la Shoah.<br />

Mais voilà qu’invité il y a quelques<br />

mois à témoigner <strong>de</strong> mon histoire et<br />

<strong>de</strong> celle <strong>de</strong> ma famille, dans une<br />

classe terminale du lycée professionnel<br />

<strong>de</strong> Revel, le professeur, Mme<br />

Christelle Febvre, me fit part du<br />

souhait <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> se rendre sur<br />

la tombe <strong>de</strong> mon père et me<br />

<strong>de</strong>manda donc son emplacement.<br />

Ces élèves avaient l’âge que j’avais<br />

lors <strong>de</strong> mon arrestation. Ils avaient<br />

déjà, avant ma venue, travaillé sur<br />

mon livre autobiographique “Le<br />

Soleil voilé” où je mentionnais<br />

l’existence <strong>de</strong> cette tombe. Par<br />

ailleurs ils s’étaient rendus au camp<br />

d’Auschwitz-Birkenau. De retour,<br />

l’un d’eux, âgé <strong>de</strong> 18 ans, a écrit une<br />

lettre admirable.<br />

Cette lettre comportait quelques<br />

phrases simples m’assurant combien<br />

les élèves avaient été heureux <strong>de</strong> se<br />

recueillir sur la tombe <strong>de</strong> mon père,<br />

<strong>de</strong> la fleurir et <strong>de</strong> parler encore une<br />

fois <strong>de</strong> la déportation et se termine<br />

ainsi: “ Nous tâcherons dans le futur<br />

d’être les porteurs <strong>de</strong>s graines<br />

plantées par vous et vos mots.”<br />

Et c’est alors qu’ayant témoigné à<br />

Mme Christelle Febvre, non<br />

seulement <strong>de</strong> ma reconnaissance<br />

mais aussi <strong>de</strong> ma profon<strong>de</strong> émotion,<br />

j’ai reçu <strong>de</strong> sa part un message très<br />

court… : “Mon cher Paul, dorénavant,<br />

chaque année, j’irai sur la<br />

tombe <strong>de</strong> votre père” !<br />

—<br />

(*) Prési<strong>de</strong>nt du Comité francais pour<br />

Yad Vashem ; auteur du livre : “Le<br />

Soleil voilé” Auschwitz 1942-45,<br />

préface <strong>de</strong> Simone Veil.


Le patrimoine<br />

juif européen<br />

Existe-t-il un patrimoine<br />

juif européen ? Evoquer<br />

le “patrimoine juif”<br />

nécessite d’emblée <strong>de</strong> se<br />

placer à l’échelle<br />

européenne, non seulement<br />

parce que les Juifs ont connu dès<br />

l’antiquité, par leurs incessants<br />

déplacements, un <strong>de</strong>stin européen,<br />

mais aussi parce qu’ils ont<br />

indéniablement contribué à l’élaboration<br />

<strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la culture<br />

européenne, parallèlement aux legs<br />

grec, romain et chrétien. Or, il n’est pas<br />

<strong>de</strong> meilleur témoin (et acteur) <strong>de</strong> ce<br />

processus que le patrimoine juif. Il<br />

résulte d’une symbiose i<strong>de</strong>ntitaire et<br />

symbolique qui transparaît dans les<br />

coutumes religieuses et sociales, dans<br />

les objets, les monuments et les textes,<br />

dans les échanges aussi bien<br />

commerciaux qu’intellectuels dont les<br />

Juifs furent le moteur.<br />

Non porteurs d’une tradition<br />

esthétique, les Juifs ont pu en tout lieu<br />

adapter leurs aspirations aux formes<br />

locales et même les transporter. Produit<br />

<strong>de</strong> synthèses multiculturelles, le<br />

patrimoine juif est ancré dans la réalité<br />

historique <strong>de</strong> chaque pays et<br />

transcen<strong>de</strong> les particularismes par la<br />

multiplicité <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités à partir<br />

<strong>de</strong>squelles il se constitue. Le judaïsme<br />

est lui-même riche <strong>de</strong> plusieurs<br />

traditions qui ont essaimé à travers<br />

l’Europe : ainsi les séfara<strong>de</strong>s ont<br />

diffusé leur langue et certains éléments<br />

<strong>de</strong> culture espagnole à Venise,<br />

Thessalonique, Istanbul, Bor<strong>de</strong>aux,<br />

Amsterdam… La yiddishkeit du mon<strong>de</strong><br />

achkenaze constitue aussi une riche<br />

culture transnationale <strong>de</strong> la Russie à<br />

l’Alsace.<br />

Les monuments reflètent cette<br />

diversité, tels les précieux témoignages<br />

<strong>de</strong> l’art mudéjar que sont les<br />

synagogues d’Espagne, les oratoires<br />

italiens qui entremêlent les motifs juifs<br />

aux fastes <strong>de</strong> la Renaissance et du<br />

baroque, les synagogues-forteresses et<br />

les chefs-d’œuvre en bois <strong>de</strong> Galicie,<br />

<strong>de</strong> Lituanie, <strong>de</strong> Pologne et d’Ukraine,<br />

les stèles baroques <strong>de</strong>s cimetières<br />

d’Europe centrale… Même après<br />

l’émancipation qui accélère le<br />

processus <strong>de</strong> nationalisation <strong>de</strong>s Juifs,<br />

les édifices juifs attestent ces échanges<br />

artistiques : l’orientalisme, par<br />

exemple, se déploie <strong>de</strong> Saint-<br />

Pétersbourg à Florence en passant par<br />

Budapest et Liverpool.<br />

Une saveur à peu<br />

près homogène<br />

Les historiens ont souligné le rôle<br />

d’intermédiaires joué par les Juifs,<br />

surtout <strong>de</strong>puis le Xe siècle qui les voit<br />

se déplacer le long <strong>de</strong>s vallées du<br />

Rhône, du Rhin, du Danube… Leur<br />

diaspora suit les axes majeurs<br />

CULTURE<br />

PAR DOMINIQUE JARRASSÉ *<br />

Le 6 septembre <strong>de</strong>rnier a été célébrée dans un grand nombre <strong>de</strong> pays du continent européen la Journée<br />

européenne <strong>de</strong> la culture juive. La journée a été placée cette année sous le signe du patrimoine et <strong>de</strong>s traditions<br />

juives, et a également constitué en France un <strong>de</strong>s coups d'envoi <strong>de</strong>s "Dix jours du <strong>Consistoire</strong>". Notre ami<br />

Dominique Jarrassé tente <strong>de</strong> définir ci-<strong>de</strong>ssous les contours et le contenu <strong>de</strong> cette culture juive.<br />

Dominique Jarrassé<br />

d’échanges : ils ne sont pas seulement<br />

actifs dans le commerce et la banque –<br />

<strong>de</strong>s prêteurs du Moyen Age aux<br />

Rothschild – ils sont mé<strong>de</strong>cins,<br />

diplomates, traducteurs… Ils<br />

transmettent une part <strong>de</strong> l’héritage grec<br />

recueilli par le mon<strong>de</strong> arabe avec lequel<br />

ils sont en contact. Quand les royaumes<br />

chrétiens d’Occi<strong>de</strong>nt les expulsent, ils<br />

se réfugient en Europe centrale et dans<br />

l’empire ottoman ; ces migrations sont<br />

encore l’occasion <strong>de</strong> transferts <strong>de</strong><br />

connaissances et d’idées.<br />

Tirer un sens européen <strong>de</strong> cette<br />

histoire inscrite dans le patrimoine,<br />

c’est, d’une part, mesurer la<br />

contribution <strong>de</strong>s Juifs à une culture<br />

européenne qui ne peut exister que<br />

dans l’ouverture à l’altérité (tous les<br />

totalitarismes s’en prennent à eux, non<br />

sans raison, puisque leur existence est<br />

la garantie du pluralisme), d’autre part,<br />

comprendre leur rôle <strong>de</strong> “liant”. Nous<br />

aurions envie <strong>de</strong> reprendre cette<br />

étrange métaphore du défenseur <strong>de</strong> la<br />

mo<strong>de</strong>rnité que fut le critique allemand<br />

Wilhelm Uh<strong>de</strong> dans son Picasso et la<br />

tradition française (1928) : selon lui,<br />

les Juifs, promoteurs d’une “peinture<br />

européenne” face aux replis nationaux,<br />

amenaient la diversité <strong>de</strong> l’Europe à<br />

son accomplissement. Il écrivait :<br />

“Sans eux, entre ses différentes races,<br />

se creuseraient d’infranchissables<br />

abîmes. Les Juifs sont le condiment qui<br />

procure au ragoût <strong>de</strong>s peuples une<br />

saveur à peu près homogène.”<br />

Souvent les Juifs ont été <strong>de</strong> vrais<br />

Européens, car d’emblée capables <strong>de</strong><br />

transcen<strong>de</strong>r l’attachement, certes<br />

légitime, aux patries étroites pour<br />

participer d’i<strong>de</strong>ntités plurielles.<br />

Combien <strong>de</strong> penseurs polyglottes <strong>de</strong><br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 43


CULTURE<br />

stature européenne, tel Rachi,<br />

Champenois formé dans la vallée du<br />

Rhin, dont le commentaire talmudique<br />

est si essentiel qu’il est lu dans toute<br />

l’Europe, puis dans le mon<strong>de</strong> entier, tel<br />

Kafka, Juif <strong>de</strong> langue alleman<strong>de</strong> vivant<br />

à Prague, tel Elias Canetti… Qui<br />

réduirait Freud à Vienne ? La judéité<br />

<strong>de</strong> Stefan Zweig n’est pas étrangère à<br />

son sentiment d’européen effaré par la<br />

disparition d’un mon<strong>de</strong>, mais animé <strong>de</strong><br />

l’espoir d’une renaissance par <strong>de</strong>là les<br />

nationalismes meurtriers. Les Juifs<br />

furent très tôt européens, parce que<br />

dans ces guerres fratrici<strong>de</strong>s qui ont<br />

ensanglanté l’Europe <strong>de</strong>puis le XIXe<br />

siècle, ils se sont fait tuer dans chaque<br />

camp ; et cela parut absur<strong>de</strong> à ceux<br />

qui ne faisaient qu’anticiper ce qui<br />

<strong>de</strong>vrait aussi apparaître inconcevable<br />

à tout Européen.<br />

Dans une Europe multiculturelle,<br />

l’expérience juive est primordiale :<br />

combien <strong>de</strong> fois n’a-t-on pas invoqué<br />

leur exemple dans les débats sur<br />

l’intégration <strong>de</strong>s étrangers extraeuropéens<br />

! Evi<strong>de</strong>mment, il n’est pas<br />

jusqu’à la Shoah qui n’ait, dans<br />

l’ampleur <strong>de</strong> sa monstruosité, une<br />

44 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

Synagogue <strong>de</strong> la Paix à Strasbourg<br />

dimension européenne : ce sont tous<br />

les Juifs d’Europe qu’ont rêvé<br />

d’exterminer les nazis et leurs<br />

complices <strong>de</strong> toutes nationalités. Les<br />

traces omniprésentes <strong>de</strong> ce crime<br />

rappellent la facilité avec laquelle<br />

l’homme cè<strong>de</strong> à l’immon<strong>de</strong>. Tout lieu<br />

juif européen, même s’il n’est pas un<br />

camp ou un mémorial, en porte<br />

inévitablement la marque.<br />

Mais il convient <strong>de</strong> ne pas limiter le<br />

patrimoine juif à sa dimension<br />

testamentaire (voire vétérotestamentaire<br />

!), mémorielle et<br />

victimaire. Il est vivant et sa fonction<br />

dans la construction <strong>de</strong> la culture<br />

européenne tient à la transmission <strong>de</strong><br />

valeurs positives et actuelles. Il est<br />

significatif qu’en pleine montée <strong>de</strong>s<br />

périls, à Londres en 1931, d’éminents<br />

spécialistes aient voulu dresser<br />

l’inventaire du Legs d’Israël. Or, un <strong>de</strong>s<br />

contributeurs, Clau<strong>de</strong> G. Montefiore,<br />

inconsciemment prophétique,<br />

dénonçait cette vision d’un judaïsme<br />

momifié : “Si en 1900, écrivait-il, tous<br />

Les communautés juives <strong>de</strong>meurant<br />

en Europe assurent la continuité entre un passé<br />

<strong>de</strong>ux fois millénaire et un avenir qu'elles veulent<br />

justement européen.<br />

les Israélites avaient subi une complète<br />

extermination, les essais ci-<strong>de</strong>ssus<br />

auraient pu être écrits exactement<br />

comme ils l’ont été.” En matière <strong>de</strong><br />

patrimoine juif européen, il convient<br />

donc d’éviter l’écueil d’une vision<br />

passéiste en valorisant un héritage<br />

vivant. Les communautés juives<br />

<strong>de</strong>meurant en Europe assurent la<br />

continuité entre un passé <strong>de</strong>ux fois<br />

millénaire et un avenir qu’elles veulent<br />

justement européen.<br />

Une expérience intéressante a été<br />

lancée par le Conseil <strong>de</strong> l’Europe qui,


en mai 2004, a labellisé un “Itinéraire<br />

européen du patrimoine juif” offrant<br />

plusieurs facettes. Au premier titre,<br />

parce qu’il n’est pas d’itinéraire sans<br />

ancrage dans l’espace, il s’agit<br />

évi<strong>de</strong>mment du patrimoine immobilier,<br />

quartiers <strong>de</strong> ville à Amsterdam,<br />

Cracovie ou <strong>Paris</strong>, ju<strong>de</strong>rias ou ghettos<br />

extraordinairement conservés comme<br />

à Venise, Gérone ou T?ebíc<br />

(République tchèque), milliers <strong>de</strong><br />

cimetières – <strong>de</strong> l’humble carré perdu<br />

dans la campagne aux amoncellements<br />

<strong>de</strong> Prague et aux nécropoles<br />

monumentales, mikvaot (bains rituels)<br />

<strong>de</strong> Spire, Montpellier ou Besalú…<br />

Quant aux synagogues, symboles<br />

même <strong>de</strong> la présence juive, l’Europe en<br />

conserve d’innombrables <strong>de</strong>puis<br />

l’antiquité (Délos, Stobi en Macédoine,<br />

Ostie…) et le Moyen Age (Rouen,<br />

Prague, Sopron en Hongrie, Tomar au<br />

Portugal, Cracovie…) Ce sont <strong>de</strong>s<br />

milliers <strong>de</strong> synagogues, malgré les<br />

<strong>de</strong>structions massives (près <strong>de</strong> 2000 en<br />

Allemagne, 2000 sur 8000 en Pologne),<br />

qui attestent aujourd’hui la dispersion<br />

<strong>de</strong>s Juifs dans les métropoles, mais<br />

aussi en zone rurale : combien<br />

symbolique est toujours leur<br />

implantation dans une cité, à l’image<br />

du statut <strong>de</strong>s Juifs dans la société !<br />

Certaines sont <strong>de</strong>s chefs-d’œuvre<br />

artistiques, <strong>de</strong> tous les styles possibles,<br />

alors que d’autres, humbles, offrent <strong>de</strong>s<br />

témoignages vernaculaires non moins<br />

précieux. Car, évi<strong>de</strong>mment, il serait<br />

réducteur <strong>de</strong> ne voir le patrimoine juif<br />

que sous son aspect monumental ; <strong>de</strong><br />

plus, par <strong>de</strong>là les beautés<br />

architecturales, il est porteur <strong>de</strong> sens.<br />

Toutefois ce n’est pas tant dans la pierre<br />

que dans le texte, le rite et la spiritualité<br />

que rési<strong>de</strong>nt les valeurs patrimoniales<br />

du judaïsme. Le plus souvent d’essence<br />

religieuse, ce patrimoine est aussi<br />

culturel, artistique, musical, littéraire,<br />

mais il conserve toujours une<br />

dimension morale : visiter le<br />

patrimoine juif revient à recevoir<br />

l’enseignement <strong>de</strong> valeurs<br />

fondamentales, à comprendre l’autre.<br />

Les droits <strong>de</strong> l’Homme ne sont-ils pas<br />

d’abord inscrits dans la Tora et aux<br />

pignons <strong>de</strong>s synagogues ?<br />

Support essentiel <strong>de</strong> la préservation<br />

et <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> ce patrimoine juif<br />

européen, un réseau <strong>de</strong> musées s’est<br />

créé, à la fois parce qu’ils sont <strong>de</strong>s<br />

cadres pédagogiques d’interprétation<br />

et parce que peuvent y être proposées<br />

<strong>de</strong>s expériences et <strong>de</strong>s structures<br />

originales, que l’on songe au Musée<br />

juif <strong>de</strong> Berlin. C’est là que sont<br />

rassemblées <strong>de</strong>s collections d’objets<br />

rituels, <strong>de</strong> manuscrits, d’œuvres d’art,<br />

les archives et les documentations<br />

irremplaçables que complètent les<br />

bibliothèques juives, comme celle,<br />

exceptionnelle, <strong>de</strong> l’Alliance Israélite<br />

Universelle à <strong>Paris</strong>.<br />

Cependant il reste une autre<br />

dimension du patrimoine juif difficile<br />

à mettre en valeur lorsqu’il n’y a pas <strong>de</strong><br />

support “monumental”. Comment<br />

évoquer Rachi à Troyes, où certains<br />

visiteurs prennent la synagogue, toute<br />

récente, pour celle du grand maître ?<br />

Peut-on présenter Rabenou Tam à<br />

Ramerupt ? Comment situer<br />

Maïmoni<strong>de</strong> à Cordoue autrement que<br />

par une statue ? Un <strong>de</strong>rnier exemple<br />

peut révéler une dimension qu’un<br />

itinéraire culturel a du mal à restituer<br />

: où ancrer une figure aussi<br />

fondamentale que le Baal Chem Tov,<br />

fondateur du hassidisme au XVIIIe<br />

siècle ? Parfois, <strong>de</strong>s lieux existent où<br />

souffle seulement l’esprit : ainsi à<br />

Ouman (Ukraine), quel rayonnement<br />

vivant a gardé la tombe <strong>de</strong> rabbi<br />

Nachman <strong>de</strong> Breslev ! Car mettre en<br />

lumière le patrimoine juif ne consiste<br />

pas seulement à retenir les éléments<br />

intégrés à la culture européenne, c’est<br />

aussi découvrir les composantes les<br />

plus spécifiques et authentiques <strong>de</strong> la<br />

culture juive elle-même. Des journées<br />

européennes <strong>de</strong> la culture juive s’y<br />

efforcent, mais il faut parfois réussir un<br />

tour <strong>de</strong> force pour partager une culture<br />

et accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s strates plus profon<strong>de</strong>s<br />

CULTURE<br />

qu’un peu <strong>de</strong> musique folklorique. De<br />

plus, il faut avoir conscience <strong>de</strong>s<br />

dangers qui guettent encore le<br />

patrimoine juif et <strong>de</strong>s actions immenses<br />

à engager, car il est clair que ce<br />

patrimoine n’était pas uniquement celui<br />

Le plus souvent d'essence religieuse, ce<br />

patrimoine est aussi culturel, artistique, musical,<br />

littéraire, mais il conserve toujours une dimension<br />

morale : visiter le patrimoine juif revient à recevoir<br />

l'enseignement <strong>de</strong> valeurs fondamentales, à<br />

comprendre l'autre.<br />

<strong>de</strong>s Juifs, mais celui <strong>de</strong> chaque nation<br />

et <strong>de</strong> toute l’Europe. D’ailleurs, la<br />

dimension européenne <strong>de</strong> la culture<br />

juive semble naturelle : quand, en<br />

1996, sur une initiative née à<br />

Strasbourg, la ville <strong>de</strong> la synagogue <strong>de</strong><br />

la Paix1, est lancée l’idée d’une Journée<br />

Portes ouvertes dans les synagogues<br />

d’Alsace, trois ans après elle <strong>de</strong>vient les<br />

Journées Européennes <strong>de</strong> la Culture<br />

Juive, à laquelle participent aujourd’hui<br />

30 pays !<br />

C’est donc un patrimoine, également<br />

en <strong>de</strong>venir, qui peut ai<strong>de</strong>r même à la<br />

construction européenne, puisque pas<br />

un seul pays européen n’en est<br />

dépourvu. Certes le “condiment” a été<br />

durement éprouvé par la saignée <strong>de</strong> la<br />

Shoah, mais il a également été revivifié<br />

par les Juifs chassés <strong>de</strong>s pays<br />

musulmans qui sont venus ajouter leur<br />

histoire et leur culture à celles <strong>de</strong>s Juifs<br />

d’Europe, en renouveler l’i<strong>de</strong>ntité. Or<br />

c’est là la fonction première du<br />

patrimoine, fon<strong>de</strong>r l’i<strong>de</strong>ntité et la mettre<br />

en dialogue. Le patrimoine juif<br />

européen est ainsi découverte d’une<br />

part <strong>de</strong> la culture européenne, donc <strong>de</strong><br />

l’autre et <strong>de</strong> soi-même.<br />

—<br />

*Dominique Jarrassé est professeur<br />

d'histoire et d'art contemporain à<br />

l'université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux et àl'Ecole du<br />

Louvre. Il est par ailleurs spécialiste <strong>de</strong><br />

l'histoire <strong>de</strong>s synagogues en Europe, une<br />

histoire à laquelle il a consacré <strong>de</strong><br />

nombreux ouvrages. Il travaille<br />

actuellement sur un livre consacré à<br />

l'histoire <strong>de</strong>s synagogues en Tunisie.<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 45


LIVRES<br />

Les éditeurs<br />

annoncent<br />

Une heure avant la fin du mon<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> Joseph Roth.<br />

Les textes choisis pour ce recueil,<br />

dans l'œuvre journalistique <strong>de</strong> Roth,<br />

dénoncent le développement en<br />

Allemagne d'un nationalisme agressif<br />

dès les années vingt. Joseph Roth est<br />

né en Autriche en 1894 et il est mort à<br />

<strong>Paris</strong> en 1939. ( Editions Liana Lévi )<br />

A lire dans la prochaine livraison<br />

<strong>de</strong> l'excellente revue Le Meilleur <strong>de</strong>s<br />

mon<strong>de</strong>s (que publient les éditions<br />

Denoel) une étu<strong>de</strong> sur "la fascination<br />

totalitaire" chez Besancenot et Badiou.<br />

Bob Maloubier publie chez<br />

Calmann-Lévy, en collaboration avec<br />

Brigitte Rossigneux, un livre <strong>de</strong><br />

souvenirs " Les coups tordus <strong>de</strong> Winston<br />

Churchill". La face cachée <strong>de</strong> celui<br />

qu'on a appelé "le vieux lion".<br />

Historien, directeur <strong>de</strong> recherche<br />

au CNRS, Michel Dreyfus publie aux<br />

éditions <strong>de</strong> La Découverte "L'antisémitisme<br />

à gauche. Histoire d'un<br />

paradoxe <strong>de</strong> 1830 à nos jours". Voici<br />

comment l'éditeur présente ce travail :<br />

"C'est une plongée historique<br />

passionnante que propose ce livre, en<br />

espérant ai<strong>de</strong>r la gauche à se confronter<br />

à cette question délicate et douloureuse,<br />

non pour battre sa coulpe dans une<br />

autoflagellation masochiste, mais pour<br />

rester vigilante contre un danger<br />

toujours possible". Nous reviendrons<br />

prochainement sur ce livre.<br />

Yuri Slezkine est professeur<br />

d'histoire et directeur <strong>de</strong> l'Institut<br />

d'étu<strong>de</strong>s slaves, est-européennes et<br />

eurasiennes à l'université <strong>de</strong> Californie<br />

à Berkeley. Son livre " Le siècle juif "<br />

publié aux Etats-Unis a été couronné<br />

par plusieurs prix et a été reconnu<br />

comme un véritable chef d'œuvre. Voici<br />

ce que dit <strong>de</strong> ce livre l'historien Walter<br />

Laqueur, spécialiste du sionisme :<br />

46 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

"Tomber sur une œuvre aussi<br />

audacieuse, originale et panoramique<br />

en cet âge <strong>de</strong> spécialisation étroite n'est<br />

pas seulement un heureux événement ;<br />

c'est presque une sensation ". Traduit<br />

<strong>de</strong> l'anglais par Marc Saint-Upéry.<br />

Les éditions du Seuil annoncent<br />

la publication du livre posthume<br />

d'André Schwarz Bart, l'auteur du<br />

Dernier <strong>de</strong>s Justes. Ce livre " L'étoile<br />

du matin " est le <strong>de</strong>rnier texte sur lequel<br />

ait travaillé l'un <strong>de</strong>s plus célèbres Prix<br />

Goncourt.<br />

A noter enfin la parution aux<br />

Editions <strong>de</strong> l'Atelier une étu<strong>de</strong> que<br />

Séverine Mathieu consacre à la<br />

"transmission du judaïsme dans les<br />

couples mixtes".Mme Mathieu est<br />

agrégée <strong>de</strong> sciences sociales et docteur<br />

en sociologie.


L'éducation carcérale<br />

d'un apprenti parrain<br />

On nous avait bien prédit<br />

qu'Un pro-phète<br />

(Grand Prix du festival<br />

<strong>de</strong> Cannes cette<br />

année) serait le filmchoc<br />

<strong>de</strong> cette rentrée<br />

2009, mais il n'en <strong>de</strong>meure pas moins<br />

que l'effet <strong>de</strong> surprise reste entier au<br />

sortir <strong>de</strong> la projection <strong>de</strong> ce longmétrage<br />

magistralement maîtrisé, au<br />

scénario foisonnant et à l'interprétation<br />

impeccable.<br />

Un stupéfiant film <strong>de</strong> genre (à<br />

déconseiller toutefois aux âmes<br />

sensibles) qui ne ressemble à aucun<br />

autre, parvient à créer ses propres co<strong>de</strong>s<br />

et son propre univers, et qui permet à<br />

Jacques Audiard <strong>de</strong> sublimer encore<br />

une fois son cinéma dans une <strong>de</strong> ces<br />

oeuvres noires dont il a le secret.<br />

Le réalisateur parvient en effet à nous<br />

scotcher à notre fauteuil durant près <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux heures et <strong>de</strong>mie au travers du<br />

parcours initiatique et hors du commun<br />

<strong>de</strong> son anti-héros, le jeune Malik El<br />

Djebena, incarné à l'écran par un acteur<br />

débutant impressionnant dénommé<br />

Tahar Rahim.<br />

Un jeune acteur français <strong>de</strong> 27 ans<br />

que l'on avait pu apercevoir dans la<br />

série La Commune sur Canal plus et<br />

qui parvient, ni plus ni moins, à tenir<br />

aujourd'hui la dragée haute à l'un <strong>de</strong>s<br />

monstres sacrés du théâtre<br />

contemporain (et désormais du 7ème<br />

art hexagonal), Niels Arestrup, que l'on<br />

avait quitté il y a quatre ans en père <strong>de</strong><br />

Romain Duris dans le remarquable De<br />

battre mon coeur s'est arrêté.<br />

Et même s'il n'est plus question d'un<br />

rapport père-fils au sens strict du terme,<br />

Jacques Audiard revient à nouveau à<br />

son thème <strong>de</strong> prédilection, celui qui<br />

transcen<strong>de</strong> son oeuvre quelque soit le<br />

sujet choisi : le récit <strong>de</strong> la formation<br />

(pour ne pas dire la transformation) d'un<br />

jeune homme qui se cherche au travers<br />

<strong>de</strong> sa relation contrariée à l'image<br />

paternelle.<br />

Un thème qui était déjà à l'origine <strong>de</strong><br />

sa toute première réalisation en 1994 (à<br />

l'âge <strong>de</strong> 42 ans), Regar<strong>de</strong> les hommes<br />

tomber, sombre road-mavie entre <strong>de</strong>ux<br />

hommes que tout sépare, brillamment<br />

interprétés par Mathieu Kassovitz (une<br />

belle trouvaille à l'époque, César du<br />

meilleur espoir) et Jean-Louis<br />

Trintignant, <strong>de</strong>ux comédiens que l'on<br />

retrouvait <strong>de</strong>ux ans plus tard dans le<br />

non moins réussi Un héros très discret,<br />

excellente adaptation du roman<br />

éponyme <strong>de</strong> Jean-François Deniau.<br />

Enfin, après une magnifique histoire<br />

d'amour sur fond <strong>de</strong> splendi<strong>de</strong> film noir,<br />

Sur mes lèvres, (César du meilleur<br />

scénario en 2002) viendra l'année <strong>de</strong> la<br />

consécration en 2006 avec les huit<br />

Césars remportés par De battre mon<br />

coeur s'est arrêté, dont celui du meilleur<br />

film, du meilleur réalisateur et du<br />

meilleur second rôle masculin (avec<br />

déjà un grand Niels Arestrup) pour ce<br />

remake très personnel <strong>de</strong> Mélodie pour<br />

un tueur.<br />

Habitué à mettre la barre toujours<br />

plus haut, Audiard s’est ici attaqué à un<br />

script d’Ab<strong>de</strong>l Raouf Dafri (à qui l'on<br />

<strong>de</strong>vait déjà le scénario <strong>de</strong> Mesrine l'an<br />

passé) et Nicolas Peufaillit, autour <strong>de</strong><br />

l'implacable ascension d'un détenu très<br />

discret...<br />

Un projet ambitieux et terriblement<br />

difficile à mener puisque sur les 11<br />

millions d'euros <strong>de</strong> budget du film, <strong>de</strong>ux<br />

CINEMA<br />

PAR ELIE KORCHIA<br />

millions et <strong>de</strong>mi auront servi à<br />

construire une véritable enceinte<br />

carcérale, dans laquelle se déroule la<br />

quasi-intégralité <strong>de</strong> ce long métrage,<br />

qui retrace à la perfection l'incarcération<br />

<strong>de</strong> Malik et son impitoyable<br />

apprentissage <strong>de</strong> la vie en prison, lui<br />

qui pénètre en Centrale à 19 ans,<br />

analphabète, sans famille et sans<br />

soutien.<br />

En effet, afin <strong>de</strong> pouvoir survivre<br />

dans l'enceinte <strong>de</strong> cette Centrale, et<br />

bien avant <strong>de</strong> pouvoir songer à vivre<br />

<strong>de</strong> nouveau à l'extérieur, Malik (qui<br />

vient d'être condamné à six ans <strong>de</strong><br />

réclusion pour s'en être pris à <strong>de</strong>s<br />

policiers) va <strong>de</strong>voir naviguer <strong>de</strong> son<br />

mieux entre les <strong>de</strong>ux clans qui font<br />

régner leur loi dans la prison, les<br />

Corses (regroupés autour <strong>de</strong> leur chef,<br />

César Luciani) qui semblent<br />

représenter l'ordre ancien, et les<br />

“Barbus”, musulmans, qui représentent<br />

en quelque sorte la génération<br />

montante.<br />

Un Malik particulièrement vif et<br />

luci<strong>de</strong>, qui ne roule que “pour sa<br />

gueule” alors même qu'il se retrouve<br />

rapi<strong>de</strong>ment pris sous la coupe <strong>de</strong><br />

César Luciani (campé par un<br />

phénoménal Arestrup), qu'il fait l'objet<br />

<strong>de</strong> l'hostilité <strong>de</strong> sa propre communauté<br />

et qu'il est victime <strong>de</strong> multiples<br />

humiliations, le clan corse allant même<br />

jusqu'à l'obliger <strong>de</strong> tuer un autre<br />

détenu, « frère » maghrébin, qui doit<br />

témoigner dans un procès à hauts<br />

risques, et ce au cours d'une séquence<br />

à couper le souffle.<br />

Autant vous dire que vous ne sortirez<br />

donc pas tout à fait in<strong>de</strong>mne <strong>de</strong> ce<br />

long-métrage aux incessants rebondissements,<br />

à la limite du thriller, du polar<br />

et du documentaire, où la violence<br />

n'est jamais gratuite mais toujours<br />

présente, et que vous gar<strong>de</strong>rez<br />

sûrement longtemps en vous le visage<br />

<strong>de</strong> ce jeune Machiavel <strong>de</strong> banlieue qui<br />

a bien appris les leçons d'une prison<br />

qui fait ici office d'école <strong>de</strong> vie, où la<br />

loi du plus malin est parfois la plus<br />

forte et où il faut savoir in fine tuer le<br />

père pour survivre au meurtre d'un<br />

frère.<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 47


COURRIER<br />

Mort d'un ami<br />

Thierry Jonquet est parti un<br />

soir du mois d'août sans faire <strong>de</strong><br />

bruit. Il était sans conteste, avec<br />

Didier Daenincks, le meilleur<br />

auteur français <strong>de</strong> roman noir.<br />

C'était également quelqu'un<br />

pour qui les mots justice et<br />

dignité <strong>de</strong> l'homme signifiaient<br />

quelque chose. Curieusement,<br />

nous avons suivi <strong>de</strong>s chemins<br />

(presque) parallèles et, bien plus<br />

tard, je me suis retrouvé dans ses<br />

personnages (autobiographiques)<br />

<strong>de</strong> "Rouge c'est la vie" ; peut-être<br />

ai je même rencontré fortuitement<br />

sa future compagne qui militait<br />

alors au mouvement Dror. J'ai<br />

exercé dans l'hôpital où il avait<br />

travaillé en tant<br />

qu'ergothérapeute à une époque<br />

où commençaient à naître ses<br />

talents d'écrivain ; on se prêtait<br />

alors son livre "Le bal <strong>de</strong>s débris"<br />

(à l'époque épuisé et introuvable)<br />

inspiré <strong>de</strong> personnages bien réels<br />

<strong>de</strong> cet hôpital.<br />

COMMUNAUTÉS<br />

Une rencontre internationale<br />

<strong>de</strong>s juifs <strong>de</strong> Fès<br />

Plus que tous les autres<br />

originaires du Maroc, les juifs<br />

fassis, qu'ils soient installés en<br />

Europe, en Israël, au Canada, aux<br />

Etats-Unis, en Amérique du Sud<br />

ou en Australie et la poignée<br />

d'entre eux qui sont restés dans<br />

leur ville origine ont conservé<br />

intact le sentiment d'appartenance<br />

à une communauté.<br />

Les liens sont restés très forts et<br />

la nostalgie atteint même ceux qui<br />

étaient trop jeunes ou ceux qui,<br />

nés ailleurs, ne connaissent <strong>de</strong><br />

leur i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> fassis que les<br />

récits <strong>de</strong> leurs parents ou grands<br />

parents, comme s'ils étaient<br />

imprégnés du <strong>de</strong>stin impérial et<br />

48 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

Il aimait les "petites gens" <strong>de</strong><br />

<strong>Paris</strong>, <strong>de</strong> la banlieue mais il avait<br />

également saisi le risque <strong>de</strong><br />

dérives antisémites <strong>de</strong> certains<br />

groupes activistes ou <strong>de</strong><br />

délinquants : bien avant le<br />

meurtre d'Ilan Halimi, il avait<br />

écrit un livre (hélas) prémonitoire<br />

"Ils sont votre épouvante et vous<br />

êtes leur crainte" qui n'a pas<br />

forcément été bien apprécié dans<br />

les milieux bien pensants.<br />

C'est à l'occasion <strong>de</strong> la<br />

signature <strong>de</strong> ce livre que je l'ai<br />

enfin rencontré au cercle Bernard<br />

Lazare où il dédicaçait ses<br />

romans.<br />

Dr Guy CZERTOK<br />

Simon Konianski<br />

<strong>de</strong> Micha Wald<br />

Ce n'est certes pas un grand<br />

film et je doute que le critique<br />

cinématographique d'InfoJ s'y<br />

intéresse.<br />

<strong>de</strong> l'histoire tourmentée mais très<br />

affirmée <strong>de</strong> leur communauté.<br />

"La rencontre internationale <strong>de</strong>s<br />

juifs <strong>de</strong> Fès à Fès" organisée du<br />

26 octobre au 1er novembre<br />

prochains à l'initiative du Centre<br />

communautaire <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, n'aura<br />

donc "rien d'habituel et<br />

d'impersonnel", comme l'indique<br />

Edmond Elalouf, le prési<strong>de</strong>nt du<br />

Centre, dans l'éditorial <strong>de</strong> la très<br />

belle brochure réalisée à<br />

l'occasion <strong>de</strong> ce voyage. Six jours<br />

d'une rencontre interfamiliale,<br />

intergénérationnelle mais aussi<br />

<strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> la même<br />

génération qui ont partagé <strong>de</strong>s<br />

tranches <strong>de</strong> vie et se sont perdues<br />

<strong>de</strong> vue. Des retrouvailles, donc<br />

mais aussi l'occasion unique <strong>de</strong><br />

redécouvrir Fès après tant<br />

d'années ; pour d'autres, celui <strong>de</strong><br />

C'est un road movie juif assez<br />

mal fichu mais diantrement<br />

attachant, notamment pour les<br />

enfants <strong>de</strong> parents persécutés<br />

pendant la guerre et parlant avec<br />

un accent à couper au couteau un<br />

français mélangé <strong>de</strong> yiddish.<br />

On y découvre un acteur <strong>de</strong><br />

génie Abraham Leber plus vrai<br />

que nature et s'il faut ne retenir<br />

qu'une scène on gar<strong>de</strong>ra en<br />

mémoire celle où il envoie "<br />

caquen " <strong>de</strong>s policiers allemands<br />

qui l'ont arrêté pour excès <strong>de</strong><br />

vitesse.<br />

Mais ce film n'est pas<br />

seulement drôle, il est également<br />

tendre et il montre les difficultés<br />

relationnelles entre les enfants <strong>de</strong><br />

survivants et leurs parents malgré<br />

l'amour éprouvé mais jamais<br />

exprimé.<br />

C'est à eux que s'adresse ce film<br />

sorti à la sauvette en août à <strong>Paris</strong>.<br />

Guy CZERTOK<br />

découvrir Fès dont leurs parents<br />

ou grands-parents leur ont parlé<br />

si souvent.<br />

Et quel programme !<br />

Découverte <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> la<br />

mémoire collective <strong>de</strong>s juifs fassis,<br />

le très ancien Mellah et le<br />

cimetière juif, ainsi que la<br />

Médina, un "Chabbat plein"<br />

célébré en commun , un grand<br />

concert <strong>de</strong> musique andalouse,<br />

un colloque sur "la contribution<br />

<strong>de</strong> la communauté juive <strong>de</strong> Fès à<br />

l'histoire <strong>de</strong> la ville et à celle du<br />

judaïsme marocain."<br />

--<br />

Programme sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au<br />

Centre communautaire <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> :<br />

119, rue Lafayette 75010 <strong>Paris</strong> ou<br />

sur www.centrecomparis.com<br />

Places limitées !


CARNET<br />

Naissance<br />

Lucie Esther<br />

est née le 4 août au foyer <strong>de</strong> nos amis Dan et Vanessa Oiknine.<br />

Nous présentons aux parents et aux grands parents nos<br />

meilleurs vœux et un sincère mazal tov.<br />

Mariages<br />

Mlle Sandra Berdugo, la fille <strong>de</strong> notre ami David<br />

Berdugo et M. Gilles Cohen ont célébré leur mariage à<br />

Jérusalem. La bénédiction nuptiale a été donnée au jeune<br />

couple le 13 août par le grand rabbin d'Israël M.Shlomo<br />

Amar et par le grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> M.David Messas.<br />

Nous présentons aux <strong>de</strong>ux familles nos vœux et un très<br />

sincère Mazal tov.<br />

Nathan Bouskila, le fils <strong>de</strong> nos bons amis Huguette<br />

et Simon Bouskila (directeur <strong>de</strong> l'Ecole Akiva à Strasbourg)<br />

a célébré son mariage avec Mlle Solika Benitah, la fille <strong>de</strong><br />

Virginie et Yaacov Benitah.<br />

La bénédiction nuptiale a été donnée au jeune couple le<br />

mardi 18 août à l'hôtel Ramat Rahel à Jérusalem.<br />

Nous présentons aux jeunes mariés nos très sincères<br />

félicitations et un très sincère mazal tov aux familles.<br />

Nécrologie<br />

Moshe Marciano<br />

La gran<strong>de</strong>ur d'un homme se mesure très souvent au vi<strong>de</strong><br />

qu'il laisse <strong>de</strong>rrière lui...<br />

C'est en effet avec une infinie tristesse que nous avons appris<br />

la disparition <strong>de</strong> Moshe Marciano, le 5 août <strong>de</strong>rnier à<br />

Jérusalem. Moshe Marciano aura marqué son époque très<br />

tôt à Casablanca. Il remplit, dans la discrétion, le rôle <strong>de</strong><br />

lea<strong>de</strong>r dans sa communauté, notamment dans la<br />

restructuration <strong>de</strong>s activités sociales et éducatives au profit<br />

<strong>de</strong>s personnes défavorisées. Il a su être un remarquable<br />

organisateur et c'est dans les années 50 qu'il contribua à<br />

l'organisation <strong>de</strong> la Alya <strong>de</strong>s Juifs du Maroc par <strong>de</strong>s activités<br />

<strong>de</strong> l'ombre.<br />

Ses qualités <strong>de</strong> militant dévoué et audacieux auront fait <strong>de</strong><br />

lui une <strong>de</strong>s personnalités les plus attachantes. Il réalisa son<br />

grand rêve en s'installant avec sa famille en 1968 à<br />

Jérusalem, où il poursuivra son œuvre sociale au profit <strong>de</strong>s<br />

plus démunis, ainsi que son action éducative, en direction<br />

<strong>de</strong> nombreuse Yechivot.<br />

Moshe Marciano est le père <strong>de</strong> notre ami Raphy Marciano,<br />

directeur du Centre communautaire juif <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>.<br />

Il a, jusqu'à son <strong>de</strong>rnier souffle, inculqué à ses enfants l'idéal<br />

<strong>de</strong> dévouement au service <strong>de</strong>s autres, le goût <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>,<br />

l'importance d'une vie consacrée aux mitsvoth, la passion<br />

<strong>de</strong> l'engagement et l'amour d'Eretz Israël.<br />

Il laissera le souvenir d'un homme marqué par la droiture.<br />

Edmond ELALOUF<br />

Monsieur Adolphe Isaac EL-BAZE ZL, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

l’oratoire du Foyer Israélite <strong>de</strong> Neuilly sur seine 1963-<br />

1985 est décédé le 7 aout 2009 dans sa 96eme année.<br />

Il a été le fondateur <strong>de</strong>s éclaireurs israélites du<br />

département <strong>de</strong> Constantine, Officier <strong>de</strong> l'ordre national<br />

du Mérite, pupille <strong>de</strong> la nation, ancien combattant,<br />

inspecteur central honoraire auprès du Ministère <strong>de</strong>s<br />

finances.<br />

Il repose désormais selon son vœu à Jérusalem au<br />

cimetière <strong>de</strong> Givat Shaul où le Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong><br />

Central lui a rendu un chaleureux hommage.<br />

Le mois a été célébré le 7 septembre 2009 à la synagogue<br />

<strong>de</strong> la rue Ancelle à Neuilly et le Chabbat suivant à la<br />

synagogue <strong>de</strong> Puteaux.<br />

La rédaction présente ses sincères condoléances à Mme<br />

Georgette EL-BAZE son épouse, ses enfants, ses petits<br />

enfants et arrières petits enfants.<br />

Tous ceux qui l’ont connu se rappelleront d’un homme juste<br />

et droit.<br />

Allègre Pinto<br />

Nous avons appris avec peine le décès <strong>de</strong><br />

Mme Allègre Pinto, la veuve <strong>de</strong> Jean Pinto.<br />

Elle était la sœur <strong>de</strong> notre excellent confrère et ami André<br />

Benezra.<br />

A ses enfants et à sa famille, Information juive présente ses<br />

sincères condoléances.<br />

INFORMATION JUIVE Septembre 2009 49


VERBATIM<br />

ALAIN FINKIELKRAUT.<br />

Philosophe :<br />

" La France n'est pas seulement la<br />

patrie <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme, c'est<br />

une terre <strong>de</strong> vieille civilisation. Au<br />

cœur <strong>de</strong> cette civilisation, il y a la<br />

mixité, une visibilité heureuse <strong>de</strong>s<br />

femmes qui remonte à l'amour<br />

courtois et que nous <strong>de</strong>vons<br />

absolument maintenir. Cessons <strong>de</strong><br />

tout formuler dans l'idiome <strong>de</strong>s droits<br />

<strong>de</strong> l'homme ".<br />

IVAN RIOUFOL.<br />

Chroniqueur :<br />

" Où sont les manifestations et les<br />

boycotts du mon<strong>de</strong> islamique face au<br />

sort brutal que réserve la Chine aux<br />

Ouïgours musulmans du Kinjiang ?<br />

Apparemment seuls les Palestiniens<br />

méritent la mobilisation arabomusulmane<br />

"<br />

PATRICK LOZÈS.<br />

Prési<strong>de</strong>nt du Conseil représentatif <strong>de</strong>s<br />

associations noires <strong>de</strong> France :<br />

" Dans quinze ans, la France aura un<br />

prési<strong>de</strong>nt noir. Serai-je candidat ? Il<br />

ne faut jurer <strong>de</strong> rien ! "<br />

MARCEL GAUCHET.<br />

Philosophe :<br />

" Nous vivons un déplacement<br />

radical <strong>de</strong>s repères intellectuels "<br />

RÉGIS DEBRAY.<br />

Philosophe :<br />

" Seuls les exilés comprennent<br />

vraiment à quelle nation ils prennent<br />

part. Le meilleur vaccin contre la<br />

dénégation du particulier qui<br />

50 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />

BRUNO PATINO.<br />

Directeur <strong>de</strong> France Culture :<br />

" J'en reste à ce que disait Lévinas : Croire,<br />

célébrer, transmettre "<br />

imprègne tant d'intellectuels, c'est <strong>de</strong><br />

mêler les langues et <strong>de</strong> se frotter aux<br />

autres "<br />

BARACK OBAMA.<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s Etats-Unis :<br />

" Michelle a un look fabuleux, moi, je<br />

suis plutôt mal fagoté. Il y a encore<br />

quelques années, je n'avais que<br />

quatre costumes. Elle me taquinait<br />

parce qu'on commençait à voir au<br />

travers "<br />

JEAN-FRANÇOIS COLOSSIMO.<br />

Théologien :<br />

" Ahmadinejad n'a cessé <strong>de</strong> dire qu'il<br />

allait détruire Israël et on ne voit<br />

vraiment pas pourquoi Israël ne<br />

prendrait pas cette menace au<br />

sérieux ".<br />

OLIVIER POIVRE D'ARVOR.<br />

Coordinateur <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> la<br />

culture française :<br />

" Les vrais clivages sont entre<br />

immobilisme et mouvement "<br />

ALAIN MINC.<br />

Essayiste :<br />

" Le PS n'aura un lea<strong>de</strong>r que quand il<br />

aura changé <strong>de</strong> constitution. Il reste<br />

parlementaire dans ses gènes et sa<br />

vie intérieure dans un<br />

environnement totalement<br />

prési<strong>de</strong>ntiel. Toutsepasse à la<br />

proportionnelle, comme au<br />

Parlement israélien… "<br />

ALEXANDRE ADLER.<br />

Historien ( à propos <strong>de</strong> ce que révèle<br />

l'affaire Fofana) :<br />

" Après l'antisémitisme violent<br />

comme un vomissement <strong>de</strong>s<br />

Proudhon, <strong>de</strong>s Drumont et <strong>de</strong>s<br />

Bernanos, voici venu l'antisémitisme<br />

insinuant et presque invisible <strong>de</strong>s<br />

Badiou ".<br />

DOUGLAS KENNEDY.<br />

Ecrivain américain :<br />

" Les gens qui préten<strong>de</strong>nt que<br />

l'écriture est une souffrance<br />

permanente m'énervent.. Oui, c'est<br />

dur, oui, on est seul. Mais c'est plus<br />

agréable que <strong>de</strong> travailler en usine ".<br />

JULIA KRISTEVA.<br />

Psychanalyste et écrivain :<br />

" Après <strong>de</strong>ux guerres mondiales et<br />

quelques guerres froi<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>vant le<br />

spectre lancinant <strong>de</strong>s heurts <strong>de</strong>s<br />

religions, le début du troisième<br />

millénaire paraît tenté par un<br />

dirigisme soft qui se croit capable <strong>de</strong><br />

résorber conflits et divergences ".

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