3:HIKLTA=\UXUUU:?k@c@j@n@a - Consistoire de Paris
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Culture:<br />
Le patrimoine juif<br />
européen<br />
Diasporas :<br />
Les Juifs<br />
du roi Albert<br />
Mémoire :<br />
Les nouveaux<br />
marranes<br />
Israël : Le jour où éclata<br />
la guerre <strong>de</strong> Kippour<br />
Israël :<br />
les nouvelles<br />
générations<br />
Par Ami Bouganim<br />
N°293 - SEPTEMBRE 2009 - 3€<br />
M 01907 - 293 - F: 3,00 E<br />
3:<strong>HIKLTA=\UXUUU</strong>:?<strong>k@c@j@n@a</strong>;
N°293 - SEPTEMBRE 2009<br />
TICHRI<br />
4- La prière <strong>de</strong> Hanna par le Grand Rabbin Gilles Bernheim<br />
6- La mémoire du mon<strong>de</strong> par Joël Mergui<br />
8- "Sois très très humble" par le Grand Rabbin David Messas<br />
8- Les jours redoutables<br />
10- "Pour l'amour <strong>de</strong> la mémoire" par Albert Bensoussan<br />
KIPPOUR 1973<br />
12- "Chalom, chalom, veeyn chalom" par Josy Eisenberg<br />
ISRAËL<br />
15- "Welcome Sir and good Luck"… par Ami Bouganim<br />
ECONOMIE<br />
19- Euphorie à la bourse <strong>de</strong> Tel-Aviv par Philippe Meyer<br />
HUMEUR<br />
20- Interrogations par VM<br />
DIASPORA<br />
22- Les Juifs du roi Albert Par Gérard Silvain<br />
LA VIE DU CONSISTOIRE -26<br />
BONNES FEUILLES<br />
40- Les nouveaux marranes par Paul Giniewski<br />
MÉMOIRE<br />
42- "Il faut laisser du temps au temps" par Paul Shaffer<br />
CULTURE<br />
43- Le patrimoine juif européen par Dominique Jarrassé<br />
LIVRES<br />
46- Les éditeurs annoncent<br />
CINEMA<br />
47- L'éducation carcérale d'un apprenti parrain par Elie Korchia<br />
COURRIER -48<br />
CARNET -49<br />
VERBATIM -50<br />
INFORMATION JUIVE<br />
17, rue Saint-Georges<br />
75009 <strong>Paris</strong><br />
Rédaction :<br />
01 48 74 34 17<br />
Administration :<br />
01 48 74 29 87<br />
Fax : 01 48 74 41 97<br />
infoj@consistoire.org<br />
Fondateur :<br />
Jacques Lazarus<br />
Gérant <strong>de</strong> la SARL,<br />
directeur <strong>de</strong> la publication :<br />
Philippe Meyer<br />
Directeur :<br />
Victor Malka<br />
victor.malka.infoj@consistoire.org<br />
AU SOMMAIRE D’<br />
A NOS LECTEURS<br />
Au-<strong>de</strong>là du lot <strong>de</strong> bonnes et <strong>de</strong> mauvaises<br />
nouvelles qui font le quotidien <strong>de</strong> chacun<br />
d'entre-nous et qui finalement rythment<br />
nos vies, l'année écoulée a été marquée par<br />
une conjonction exceptionnelle d'événements<br />
majeurs pour le mon<strong>de</strong> dans son<br />
ensemble. Crise économique et financière, élection <strong>de</strong> Barack<br />
Obama à la Maison Blanche, déclenchement <strong>de</strong> la grippe A, arrivée <strong>de</strong> Benjamin<br />
Netanyahu à la tête du gouvernement en Israël et nouvelle donne au Proche-Orient,<br />
réélection très contestée du Prési<strong>de</strong>nt iranien : autant d'événements <strong>de</strong> premier plan<br />
pour lesquels rien n'est joué, dont l'histoire reste à être écrite et dont l'évolution <strong>de</strong>ssinera<br />
en gran<strong>de</strong> partie les contours et le contenu <strong>de</strong> l'année à venir.<br />
Rarement dans un passé récent, un début d'année n'aura été dominé par <strong>de</strong>s<br />
incertitu<strong>de</strong>s aussi fortes sur un nombre aussi élevé <strong>de</strong> sujets aussi importants. Rarement<br />
leur issue aura été aussi imprévisible. Rarement leurs conséquences à venir auront été<br />
aussi fortes et durables. En fonction d'un scénario ou d'un autre pour chacun d'entreeux,<br />
le mon<strong>de</strong> en sortira différent.<br />
Une telle situation fait naître au niveau individuel et collectif un défi à la fois terrifiant<br />
et passionnant, comme le sont ces Dix jours redoutables entre Roch Hachana et Yom<br />
Kippour, les yamim noraïm, qui sont comme chaque année sur notre route, pour aussi<br />
nous permettre <strong>de</strong> nous y préparer.<br />
Et comment, à l'aube <strong>de</strong> cette nouvelle année, ne pas penser à notre frère Guilad<br />
Shalit qui va passer ses troisièmes fêtes <strong>de</strong> Tichri consécutives en captivité, loin <strong>de</strong> sa<br />
famille et <strong>de</strong> ses proches ? Parmi toutes les incertitu<strong>de</strong>s qui sont <strong>de</strong>vant nous, l'attente<br />
<strong>de</strong> son retour sain et sauf parmi les siens occupera encore et toujours une place centrale<br />
dans nos esprits.<br />
Dans un mon<strong>de</strong> tellement incertain, Information Juive continuera à vous en faire<br />
l'écho le plus fidèle et à vous en fournir les analyses les plus pertinentes, pour vous ai<strong>de</strong>r<br />
à mieux le décrypter et donc à mieux le comprendre. A cet égard, notre constant effort<br />
<strong>de</strong> développement, marqué il y a <strong>de</strong>ux ans exactement par le lancement <strong>de</strong> cette nouvelle<br />
formule qui vise à en améliorer tant la forme que le fond, va se poursuivre. De nouveaux<br />
projets vous seront proposés dans les semaines à venir afin d'aller toujours plus loin<br />
dans l'essor <strong>de</strong> votre journal, avec votre soutien et votre ai<strong>de</strong> qui en <strong>de</strong>meurent les<br />
conditions premières.<br />
Dans un mon<strong>de</strong> tellement incertain, nous resterons avant tout attaché à mériter la<br />
confiance que vous nous accor<strong>de</strong>z <strong>de</strong>puis si longtemps et à vous fournir cette information<br />
juive <strong>de</strong> qualité que vous êtes en droit d'attendre et qui a toujours été notre unique<br />
exigence.<br />
Qu'il me soit permis, au nom <strong>de</strong> l'équipe du journal, <strong>de</strong> vous souhaiter, ainsi qu'à<br />
vos proches, une année 5770 pleine <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> bonheur et <strong>de</strong> prospérité. Que la paix<br />
règne enfin sur Israël et accompagne l'ensemble du peuple juif.<br />
Chana Tova Oumetouka.<br />
Philippe Meyer<br />
Directeur <strong>de</strong> la Publication<br />
Editorialiste : Josy Eisenberg<br />
Chroniqueur : Guy Konopnicki<br />
Comité <strong>de</strong> rédaction : Josy Eisenberg,<br />
Michel Gurfinkiel, Victor Malka,<br />
Joël Mergui, Philippe Meyer<br />
Collaborateurs : Armand Abécassis,<br />
Anne-Julie Bémont, Albert Bensoussan,<br />
Paul Giniewski, Hélène Hadas-Lebel,<br />
Carol Iancu, Gérard Israël, André Kaspi,<br />
Naïm Kattan, Elie Korchia, O<strong>de</strong>tte Lang,<br />
Annie Lelièvre, Daniel Sibony.<br />
Administration :<br />
Jessica Toledano<br />
Maquette : Information Juive<br />
Photographies : Alain Azria<br />
Edité par S.a.r.l. Information Juive<br />
le journal <strong>de</strong>s communautés<br />
au capital <strong>de</strong> 304,90 €<br />
Durée <strong>de</strong> la société : 99 ans<br />
Commission paritaire <strong>de</strong>s journaux<br />
et publications : 0708K83580<br />
Dépôt légal n° 2270. N°ISSN : 1282-7363<br />
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Les INFORMATION manuscrits non JUIVE retenus Juin 2008 3<br />
ne sont pas renvoyés.
TICHRI<br />
La prière <strong>de</strong> Hanna *<br />
Comme l'enseignait déjà<br />
un maître du hassidisme,<br />
Rabbi Elimelekh <strong>de</strong><br />
Lizensk, "il y a toujours<br />
une raison <strong>de</strong> prier".<br />
Nous avons tous quelque<br />
chose, dans nos vies, que Dieu va utiliser<br />
pour nous amener à nous incliner<br />
<strong>de</strong>vant Lui. Pour certains, il va s'agir<br />
d'une maladie incurable ou d'une<br />
souffrance physique chronique. Pour<br />
d'autres, ce sont <strong>de</strong>s problèmes<br />
financiers, un mariage en difficulté ou<br />
un membre <strong>de</strong> leur famille qui les irrite<br />
profondément. Pour d'autres enfin, c'est<br />
une mauvaise habitu<strong>de</strong>, un rêve brisé<br />
ou un désir non réalisé qui invite à la<br />
prière.<br />
Pour Hanna, c'était sa stérilité,<br />
considérée comme une disgrâce. Une<br />
femme stérile jetait le discrédit sur son<br />
mari et sur leurs familles respectives, les<br />
exposant à la honte et aux critiques. Pour<br />
aggraver encore la profon<strong>de</strong> amertume<br />
due à sa stérilité, Peninna, la <strong>de</strong>uxième<br />
femme d'Elqana, mari <strong>de</strong> Hanna, était<br />
mère <strong>de</strong> plusieurs enfants et prenait<br />
plaisir à le rappeler à cette <strong>de</strong>rnière.<br />
Hanna était l'épouse préférée d'Elqana<br />
et, bien qu'elle fût tendrement aimée <strong>de</strong><br />
lui, cela ne suffisait pas à soulager sa<br />
souffrance émotionnelle. Elle se sentait<br />
impuissante face à cette situation,<br />
désespérée et profondément déprimée.<br />
Dieu l'avait rendue stérile et Dieu seul<br />
était en mesure <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r.<br />
Des générations auparavant, Sara<br />
avait été, elle aussi, stérile. Mais elle<br />
avait un plan. Elle élabora un stratagème<br />
afin <strong>de</strong> permettre la conception d'un fils<br />
pour son mari, Abraham. Bien qu'ils<br />
fussent tous <strong>de</strong>ux avancés en âge, Dieu<br />
leur avait fait la promesse d'une<br />
<strong>de</strong>scendance et d'un héritage, d'une<br />
lignée et d'une famille aussi nombreuse<br />
que les étoiles dans le ciel. Cependant,<br />
après <strong>de</strong> longues années sans le<br />
moindre signe <strong>de</strong> grossesse, Sara décida<br />
d'offrir à Abraham sa servante Agar, afin<br />
que celle-ci porte l'enfant <strong>de</strong> son mari à<br />
sa place. Au lieu <strong>de</strong> venir à Dieu dans<br />
son impuissance et d'attendre <strong>de</strong> Lui<br />
4 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
l'accomplissement <strong>de</strong> la promesse, en<br />
son temps, Sara préféra apporter sa<br />
propre solution au problème.<br />
Hanna, quant à elle, n'a pas voulu<br />
régler son problème elle-même, comme<br />
l'avait fait Sara. Elle s'est rendue au<br />
Temple <strong>de</strong> Silo et a répandu son âme<br />
<strong>de</strong>vant Dieu. Consciente <strong>de</strong> son<br />
impuissance à changer sa situation,<br />
Hanna connaissait le Dieu qui était<br />
capable <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r, plein <strong>de</strong> compassion<br />
à l'égard <strong>de</strong> ceux qui, dans le besoin, se<br />
tournent vers Lui. Elle pleurait et<br />
Le grand rabbin <strong>de</strong> France, Gilles Bernheim<br />
s'abandonnait entre les mains <strong>de</strong> Dieu<br />
dans une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> totale dépendance<br />
à Sa miséricor<strong>de</strong>. Alors qu'elle priait,<br />
Hanna parlait dans son cœur, sans qu'un<br />
son sortît <strong>de</strong> sa bouche, seules ses lèvres<br />
remuaient. Elle lui faisait tellement<br />
confiance qu'Il ne pouvait que répondre<br />
à son cri et venir à son ai<strong>de</strong>.<br />
Peu <strong>de</strong> temps après, Hanna fut<br />
enceinte et donna naissance au grand<br />
prophète Samuel. Cet enfant grandit<br />
pour <strong>de</strong>venir un homme béni <strong>de</strong> Dieu,<br />
<strong>de</strong>stiné à <strong>de</strong>venir le <strong>de</strong>rnier juge en<br />
PAR GILLES BERNHEIM, GRAND RABBIN DE FRANCE<br />
Israël et celui que l'Eternel avait choisi<br />
pour oindre David comme roi.<br />
Qu'est-ce que la prière et quelle est<br />
son efficacité? La prière fait partie <strong>de</strong> ces<br />
concepts nébuleux qui défient toute<br />
logique. Elle est bien davantage que le<br />
faire-part <strong>de</strong> nos besoins. Les prières <strong>de</strong><br />
ces femmes <strong>de</strong> l'histoire biblique ne<br />
détiennent ni secret à découvrir ni<br />
aucune formule garantissant une<br />
réponse divine. Dans la prière nous<br />
<strong>de</strong>mandons notre pain quotidien. Nous<br />
confessons nos fautes et nous partageons<br />
nos rêves, nous supplions Dieu d'obtenir<br />
miséricor<strong>de</strong> et nous rions <strong>de</strong> joie. Cela<br />
ne signifie pas que nous obtenions<br />
forcément tout ce que nous réclamons,<br />
mais nous sommes invités à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
avec une totale liberté sans crainte <strong>de</strong><br />
l'opinion <strong>de</strong>s hommes.<br />
S'il y a effectivement un secret à<br />
propos <strong>de</strong> la prière, c'est le suivant: nous<br />
sommes libres <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r. Pourtant,<br />
il arrive que nous ayons besoin<br />
d'encouragement pour continuer à<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r et à prier. Non pas que nous<br />
ne sachions pas comment prier, mais<br />
nous nous lassons facilement et,<br />
découragés, nous abandonnons. Il n'est<br />
pas nécessaire d'assister à une<br />
conférence sur les raisons pour<br />
lesquelles nous <strong>de</strong>vons prier. Il est en<br />
revanche utile d'avoir la présence <strong>de</strong><br />
quelqu'un auprès <strong>de</strong> nous pour nous<br />
encourager à persévérer. Car le meilleur<br />
encouragement rési<strong>de</strong> souvent dans la<br />
compagnie <strong>de</strong> ceux qui prient. S'il y<br />
S'il y a effectivement un secret à propos <strong>de</strong> la prière,<br />
c'est le suivant: nous sommes libres <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r.<br />
arrive, alors j'y parviendrai aussi! La<br />
prière est pour vous et moi. Puissent ces<br />
lignes nous encourager, en ce mois <strong>de</strong><br />
Tichri, alors que nous approchons<br />
ensemble du trône <strong>de</strong> Dieu.<br />
Chana Tova Oumetouka.<br />
---<br />
*La Haftara du 1er jour <strong>de</strong> Roch<br />
Hachana
TICHRI<br />
La mémoire<br />
du mon<strong>de</strong><br />
Le thème <strong>de</strong> la mémoire<br />
est un <strong>de</strong>s plus<br />
récurrents dans les<br />
textes <strong>de</strong> la tradition<br />
juive. Dans différents<br />
versets <strong>de</strong> la Torah, il<br />
nous est fait injonction <strong>de</strong> nous<br />
souvenir et <strong>de</strong> ne pas oublier. Moïse<br />
lui-même, dans les paroles d'adieu<br />
qu'il adresse au peuple hébreu,<br />
adjure nos ancêtres : "Souviens-toi <strong>de</strong>s<br />
jours antiques, médite sur la<br />
génération du lointain passé.<br />
Interroge ton père, il te l'apprendra ;<br />
tes grands parents, ils te l'expliqueront".<br />
Mais c'est au mois <strong>de</strong> Tichri et <strong>de</strong><br />
ses solennités en particulier, que ce<br />
thème revêt pour nous une<br />
importance considérable. C'est le mois<br />
au cours duquel nous sommes appelés<br />
à nous souvenir. De quoi ? D'abord,<br />
<strong>de</strong> la création du mon<strong>de</strong> et du fait<br />
qu'elle n'a pas été le fait du hasard.<br />
Des finalités <strong>de</strong> l'homme, <strong>de</strong> ses<br />
<strong>de</strong>voirs envers le ciel et <strong>de</strong> ses<br />
responsabilités envers les<br />
autres. De ce qu'il a fait et <strong>de</strong> ce<br />
qui lui reste à faire. Nous<br />
souvenir aussi que nous avons<br />
<strong>de</strong>s comptes à rendre au ciel<br />
ainsi qu'aux femmes et aux<br />
hommes qui nous entourent.<br />
Tichri est le mois au cours<br />
duquel nous sommes jugés<br />
mais c'est aussi celui <strong>de</strong> la<br />
confiance et <strong>de</strong> l'espérance.<br />
Nous souvenir enfin <strong>de</strong> ce<br />
que le repentir est à tout instant<br />
à la portée <strong>de</strong> l'homme. Ce concept <strong>de</strong><br />
la techouva est sans doute un <strong>de</strong>s plus<br />
forts et <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong>nses dans les textes<br />
<strong>de</strong> la liturgie <strong>de</strong> Tichri et<br />
singulièrement dans celle <strong>de</strong> Roch<br />
Hachana et <strong>de</strong> Kippour. Il ne signifie<br />
pas seulement retour et réponse. La<br />
techouva est également<br />
reconstruction, refonda-tion. Elle<br />
6 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
permet <strong>de</strong> réparer ce qui a été<br />
fautivement ou incomplè-tement<br />
accompli ou encore ce qui a été raté.<br />
Le repentir a pris dans nos différents<br />
textes <strong>de</strong> référence une importance<br />
telle que nos maîtres disent qu'il a été<br />
créé avant le mon<strong>de</strong> lui-même.<br />
Un <strong>de</strong>s dictons les plus connus dans<br />
la littérature rabbinique est celui qui<br />
prétend que " les portes <strong>de</strong> la prière<br />
peuvent parfois être fermées mais<br />
celles du repentir sont, elles, toujours<br />
ouvertes". C'est ainsi que Maïmoni<strong>de</strong><br />
évoque à propos <strong>de</strong> la techouva et <strong>de</strong><br />
Roch Hachana, que la sonnerie du<br />
chofar renferme une allusion<br />
essentielle au réveil, à l'examen <strong>de</strong> sa<br />
propre conduite et au souvenir <strong>de</strong> la<br />
Création.<br />
Personnellement, j'ai toujours<br />
considéré les diverses étapes qui<br />
ponctuent le mois <strong>de</strong> Tichri, l'un <strong>de</strong>s<br />
plus beau <strong>de</strong> notre calendrier, comme<br />
l'expression <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> nous<br />
PAR JOËL MERGUI*<br />
tourner <strong>de</strong> temps à autre vers nos<br />
racines. Parce qu'elles nous informent<br />
et qu'elles nous enrichissent.<br />
Comprendre ses racines est une tâche<br />
difficile mais indispensable. Un<br />
“J'ai toujours considéré les diverses étapes<br />
qui ponctuent le mois <strong>de</strong> Tichri comme<br />
l'expression <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> nous tourner<br />
<strong>de</strong> temps à autre vers nos racines.”<br />
éducateur kibboutznik, Moki Tsour,<br />
raconte l'exemple d'une personne qui<br />
ayant entendu parler <strong>de</strong> l'importance<br />
<strong>de</strong>s racines, déracinait chaque matin<br />
le jeune arbre qu'elle venait <strong>de</strong> planter<br />
pour l'examiner. L'arbre ne grandit<br />
jamais.<br />
On sait que Benjamin Disraéli resta<br />
farouchement attaché à ses racines<br />
juives. Un jour, il répondit ceci à un<br />
opposant politique qui raillait ses<br />
origines juives : " Quand les<br />
ancêtres <strong>de</strong> cet honorable<br />
monsieur n'étaient que <strong>de</strong>s brutes<br />
sauvages habitant dans une île<br />
inconnue, les miens étaient<br />
prêtres au Temple <strong>de</strong> Jérusalem".<br />
" Yom Hazikarone ", jour du<br />
souvenir que nous célébrons avec<br />
tant <strong>de</strong> foi et <strong>de</strong> ferveur dans<br />
toutes nos synagogues : c'est ainsi<br />
que la Bible appelle le jour <strong>de</strong><br />
l'an, Roch Hachana. Evoquer le<br />
passé et le comprendre nous ai<strong>de</strong><br />
à regar<strong>de</strong>r les événements sous<br />
leur jour véritable. Selon le<br />
Nahman <strong>de</strong> Braslaw, "C'est dans le<br />
souvenir que rési<strong>de</strong> le secret <strong>de</strong> la<br />
ré<strong>de</strong>mption". Et il est bon que cette<br />
inscription figure à l'entrée du Yad<br />
Vashem, le Mémorial <strong>de</strong> la Shoah.<br />
---<br />
*Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong> Central et<br />
<strong>de</strong> <strong>Paris</strong>
TICHRI<br />
“Sois très très humble”<br />
(Mishna Avoth)<br />
Hillel enseigne : " Quiconque se<br />
sert <strong>de</strong> la couronne (<strong>de</strong> la<br />
Torah) se perdra ". La Torah est<br />
la carte d'i<strong>de</strong>ntité d'Israël.<br />
Nous n'y lisons pas seulement notre histoire<br />
ancienne, nous y découvrons qui<br />
nous sommes aujourd'hui. Les rêves <strong>de</strong><br />
nos illustres ancêtres sont toujours nos<br />
rêves, leurs combats sont toujours nos<br />
combats. Cette Torah appartient donc à<br />
chacun. " La couronne <strong>de</strong> la Torah est<br />
posée <strong>de</strong>vant chaque homme, qui veut la<br />
prendre, vienne la prendre. " Hillel pose<br />
une condition à cette démocratisation du<br />
savoir : Ne pas user <strong>de</strong> la Torah à <strong>de</strong>s fins<br />
personnelles. La Torah ne peut servir que<br />
la noble tâche du service divin, non un<br />
intérêt privé, fût-ce pour être appelé "<br />
Rabbi ".<br />
Les jours redoutables<br />
Si j'avais à choisir, j'aimerais mieux ne<br />
pas mourir. Dans le mon<strong>de</strong> à venir en effet,<br />
il n'existe pas <strong>de</strong> "jours redoutables".Or, que<br />
peut faire l'âme humaine sans " les jours<br />
redoutables"? Chmelke <strong>de</strong> Nikolsbourg<br />
Puissè-je aimer le plus grand sage d'Israël<br />
comme Dieu aime le plus grand pervers<br />
Chlomo <strong>de</strong> Karlin<br />
Quand au sein du peuple règnent l'union<br />
et l'amour, qui a besoin d'un roi ?<br />
Yossef Leiner<br />
-Rabbi, apprenez-moi à craindre Dieu !<br />
-Cela, je ne le sais pas mais je peux<br />
t'apprendre à aimer Dieu : commence par<br />
aimer ton prochain! Men<strong>de</strong>l <strong>de</strong> Kotzk<br />
La voie du bien est unique. Les chemins<br />
du mal sont multiples.<br />
Chmouël <strong>de</strong> Chokhsov<br />
Nous ne savons absolument pas <strong>de</strong><br />
quelle façon nous <strong>de</strong>vons prier. Tout ce que<br />
nous savons c'est crier au secours selon le<br />
besoin et la détresse du moment.<br />
Ouri <strong>de</strong> Strelisk<br />
8 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
PAR DAVID MESSAS, GRAND RABBIN DE PARIS<br />
L'homme est toujours prompt à tirer profit<br />
<strong>de</strong> toute situation qui lui offrira un<br />
avantage. Le basculement vers l'orgueil<br />
<strong>de</strong>meure alors un piège permanent. Ne<br />
pas se servir <strong>de</strong> la Torah pour briller soimême,<br />
mais pour faire briller le nom divin<br />
reste un défi.<br />
Les fêtes <strong>de</strong> tichri représentent <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous<br />
exceptionnels pour ne pas basculer<br />
dans l'illusoire et découvrir le vrai<br />
sens <strong>de</strong> la vie. Alors que la société<br />
mo<strong>de</strong>rne nous fait miroiter que plus<br />
l'homme possè<strong>de</strong> et plus l'homme est heureux,<br />
la Torah nous enseigne au contraire.<br />
Que c'est, souvent, dans le dépouillement<br />
et la simplicité que l'homme peut trouver<br />
la joie authentique, la simha. J'en veux<br />
Il vaut mieux encore une ferveur sans<br />
prière qu'une prière sans ferveur.<br />
Bounam <strong>de</strong> Pssiskhé<br />
Si je savais que j'ai, une seule fois, prononcé<br />
un amen comme cela doit être dit réellement,<br />
je ne me ferais pas <strong>de</strong> soucis<br />
Moché <strong>de</strong> Kobryn<br />
Peut-être en effet toutes les portes du ciel<br />
se sont-elles fermées à nos prières? Mais pas<br />
celles du chant et <strong>de</strong>s cantiques.<br />
Nahman <strong>de</strong> Braslaw<br />
Le tsar prétend qu'il est le roi ainsi qu'Untel<br />
et Untel. Et moi je dis : que le Nom<strong>de</strong><br />
Dieu soit sanctifié et qu'il soit glorifié !<br />
Lévy Yitzhak <strong>de</strong> Berditchev<br />
Dieu ! Si nous n'avions pas <strong>de</strong> péchés, que<br />
ferais-tu <strong>de</strong> ton pardon ?<br />
Lévy Yitzhak <strong>de</strong> Berditchev<br />
Maître du mon<strong>de</strong> ! Je viens te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
ce qu'Israël représente à tes yeux. Il y a longtemps<br />
que tu ne t'occupes plus <strong>de</strong> ton peuple.<br />
Tu comptes beaucoup <strong>de</strong> peuples dans<br />
le mon<strong>de</strong>. Et chacun d'entre eux affirme que<br />
son Dieu est le vrai Dieu. Les Russes disent:<br />
" Notre Dieu est le roi du mon<strong>de</strong> " ; les Allemands<br />
: " Notre royaume est éternel " ; les<br />
pour preuve cette belle fête <strong>de</strong> Souccoth<br />
nommée " temps <strong>de</strong> notre joie ". Ici la joie<br />
se conjugue avec le fait <strong>de</strong> quitter sa<br />
<strong>de</strong>meure fixe pour entrer dans une<br />
<strong>de</strong>meure provisoire. Quitter la condition<br />
du sé<strong>de</strong>ntaire pour re<strong>de</strong>venir un noma<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>vant D., c'est affirmer que l'essentiel ne<br />
se trouve pas dans l'avoir, mais dans l'être.<br />
Nous comprenons pourquoi nous lisons<br />
Kohéleth à la fête <strong>de</strong> Souccoth. Le livre<br />
<strong>de</strong> l'Ecclésiaste commence en effet par :<br />
" vanité <strong>de</strong>s vanités " et s'achève par : "<br />
crains D. et accomplis Ses comman<strong>de</strong>ments,<br />
car c'est cela tout l'Homme. " Certes,<br />
tel est le sens <strong>de</strong> notre authentique<br />
humanité.<br />
Chana tova oumétouka.<br />
On sait que selon la tradition, c'est à Roch Hachana que chacun est jugé pour l'année à venir et c'est à Yom Kippour<br />
qu'est rendu le verdict définitif. Quant aux dix jours qui s'écoulent entre le début du Jour <strong>de</strong> l'an et la fin du Grand<br />
Pardon, ils sont appelés les jours <strong>de</strong> repentance. Les thèmes <strong>de</strong> la prière et <strong>de</strong> la techouva sont omniprésents dans<br />
la liturgie <strong>de</strong> ces journées. Voici, extrait du livre " Ainsi parlait le hassidisme " ( Editions du Cerf ) un bouquet <strong>de</strong><br />
formules relatives à ces thèmes.<br />
Anglais : " Notre roi est le seigneur <strong>de</strong> toute<br />
la terre ". Et moi, Lévy Yitzhak, fils <strong>de</strong> Sara,<br />
je dis : " Que ton Nom soit sanctifié ! ". Et je<br />
ne bougerai pas d'ici tant que tu ne nous<br />
envoies pas le Messie ".<br />
Lévy Yitzhak <strong>de</strong> Berditchev<br />
<br />
Le pardon ? Pour cela, il y a la journée <strong>de</strong><br />
Kippour. Mais pour se purifier, l'homme a<br />
besoin <strong>de</strong> lui-même ! Yitzhak <strong>de</strong> Worke<br />
L'âme humaine est comme une bougie :<br />
elle est, par moments, allumée et, à d'autres,<br />
éteinte ! Baal ChemTov<br />
Tout homme peut défoncer les portes du<br />
ciel et faire repentance ! Men<strong>de</strong>l <strong>de</strong> Kotzk<br />
Maître du mon<strong>de</strong> ! J'avoue avoir beaucoup<br />
péché contre toi mais toi non plus tu<br />
ne m'as pas donné que <strong>de</strong>s joies ! Alors, je<br />
te pardonne les peines, les malheurs et les<br />
douleurs que tu m'as envoyés. Et, à ton<br />
tour, pardonne-moi ! Yossef <strong>de</strong> Brod<br />
Plutôt que <strong>de</strong> se soucier <strong>de</strong> ce que l'on va<br />
faire <strong>de</strong>main, mieux vaut réparer ce qu'on a<br />
fait hier ! Baal Chem Tov
REPÈRES<br />
Tapis persan<br />
Ramin Parham et Michel Taubmann<br />
racontent dans le livre qu'ils publient<br />
chez Denoël (L'histoire secrète <strong>de</strong> la<br />
révolution iranienne ) ce que furent<br />
ces journées <strong>de</strong> février 1979 au cours<br />
<strong>de</strong>squelles le régime <strong>de</strong>s ayatollahs<br />
a remplacé celui du shah en Iran. Les<br />
<strong>de</strong>ux auteurs racontent en particulier<br />
la journée du 18 février 1979, une<br />
journée au cours <strong>de</strong> laquelle Arafat<br />
fut reçu par Khomeiny. Le lea<strong>de</strong>r<br />
palestinien se rend ce jour-là à ce<br />
que fut la représentation<br />
diplomatique d'Israël en Iran : " Une<br />
foule compacte et brûlante <strong>de</strong> haine<br />
encercle le bâtiment, situé en plein<br />
cœur <strong>de</strong> la ville, à quelques pas du<br />
campus <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Téhéran.<br />
Victorieux, son keffieh presque défait<br />
Le bac à Bné Berak<br />
Selon une étu<strong>de</strong> rendue publique cet été par <strong>de</strong>s services officiels<br />
israéliens, il existe un grand écart dans les résultats du baccalauréat<br />
israélien entre d'une part les gran<strong>de</strong>s villes et d'autre part les villages<br />
pauvres et les quartiers orthodoxes. Ainsi 82,3 % <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> Kokhav<br />
Yaïr et 75,6 % <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> Ramat Hasharon à Tel Aviv ont réussi l'année<br />
<strong>de</strong>rnière leurs examens <strong>de</strong> " Bagrout ( le bac israélien ) tandis que 14,9<br />
% seulement <strong>de</strong>s élèves étudiant à Bne Berak ont réussi à passer ce cap.<br />
Un étudiant orthodoxe <strong>de</strong> 17 ans <strong>de</strong> Bné Berak a déclaré au journal<br />
Maariv : " Qu'ai-je besoin d'un quelconque bac ? L'étu<strong>de</strong> la Tora aiguise<br />
l'esprit plus que tous les bas réunis. Je serai étudiant en Torah et pour<br />
ce qui est <strong>de</strong> la vie quotidienne, il y aura ma femme ". Un autre étudiant<br />
ajoute : " Je n'ai pas besoin d'apprendre <strong>de</strong>s métiers qui m'ai<strong>de</strong>ront peutêtre<br />
à gagner ma vie. Nous avons vécu ainsi durant <strong>de</strong>s millénaires ".<br />
Une médaille<br />
Rabin<br />
Quatorze ans après qu'il ait été<br />
assassiné, la Banque d'Israël se<br />
prépare à mettre en circulation dans<br />
les mois qui viennent <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong><br />
monnaie portant effigie d'Itzhak<br />
Rabin, l'ancien premier ministre et<br />
Prix Nobel <strong>de</strong> la Paix 1994. C'est une<br />
tradition <strong>de</strong> la Banque nationale <strong>de</strong><br />
frapper <strong>de</strong>s monnaies à la mémoire<br />
<strong>de</strong> Prix Nobel. Ce fut notamment le<br />
cas pour Menahem Begin et pour<br />
l'écrivain Chaï Agnon, prix Nobel <strong>de</strong><br />
littérature.<br />
(…) Arafat ira saluer la foule <strong>de</strong>puis<br />
le balcon <strong>de</strong> la mission<br />
diplomatique. Sur la faça<strong>de</strong> en crépi<br />
jauni, au-<strong>de</strong>ssus d'un drapeau<br />
palestinien planté sur le balcon et<br />
d'un bouquet d'œillets rouges, <strong>de</strong>ux<br />
mots tagués en lettres rouges latines<br />
" Viva PLO ".Les Israéliens avaient<br />
pris soin <strong>de</strong> détruire tous les<br />
documents sensibles. Une foule<br />
déchaînée dévalisera les locaux,<br />
emportant en butin un gigantesque<br />
tapis persan .Celui-ci avait garni<br />
jadis les intérieurs <strong>de</strong> Son Excellence<br />
l'ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l'Allemagne nazie.<br />
Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la guerre, la<br />
communauté juive téhéranaise l'avait<br />
acheté et en avait fait don, dans les<br />
années 60, à la chancellerie<br />
israélienne. Il ne servira donc pas à<br />
garnir le parterre <strong>de</strong> la délégation <strong>de</strong><br />
Palestine à Téhéran".<br />
La colère<br />
du rabbin<br />
Un jeune rabbin, député <strong>de</strong> la<br />
Knesset et membre <strong>de</strong> la<br />
formation Chas, Hayim Amsellem,<br />
a défrayé la chronique en<br />
Israël au mois d'août. Il a accusé<br />
les responsables <strong>de</strong> son parti<br />
d'avoir abandonné en vérité les<br />
positions modérées <strong>de</strong>s Séfara<strong>de</strong>s<br />
dans <strong>de</strong>s questions religieuses.<br />
Bien plus, il accusé les<br />
responsables <strong>de</strong> son parti d'être<br />
<strong>de</strong>s hypocrites en ce qu'ils<br />
annoncent vouloir perpétuer les<br />
traditions séfara<strong>de</strong>s alors même<br />
qu'ils envoient leurs propres<br />
enfants dans <strong>de</strong>s établissements<br />
d'éducation ashkénazes. " Notre<br />
parti, ajoute-il, fonctionne selon<br />
<strong>de</strong>s règles <strong>de</strong>s yéchivot<br />
lituaniennes. Nous sommes<br />
responsables du sentiment d'infériorité<br />
que nous ressentons. C'est<br />
nous-mêmes qui entretenons ce<br />
sentiment ".<br />
Le rabbin Amsellem est âgé <strong>de</strong><br />
50 ans. Il est né dans une famille<br />
marocaine qui s'est installée en<br />
Algérie. Il avait six mois quand<br />
il a quitté avec sa famille<br />
l'Algérie pour la France et 12 ans<br />
quand il a fait son aliya en Israël.<br />
Il a été rabbin à Genève et a<br />
quitté la Suisse pour <strong>de</strong>venir, en<br />
2006, député du parlement<br />
israélien.<br />
Il est aujourd'hui candidat au<br />
poste <strong>de</strong> rabbin <strong>de</strong> la ville<br />
d'Ashdod.<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 9
TICHRI<br />
“Pour l'amour<br />
<strong>de</strong> la mémoire”<br />
Tichri frappe à notre porte<br />
comme la main <strong>de</strong> cet<br />
enfant matinal invitant<br />
aux selihot, aux prières<br />
<strong>de</strong> repentance, car ce<br />
mois qui voit la<br />
naissance <strong>de</strong> l’an neuf est aussi celui<br />
<strong>de</strong>s jours redoutables, les yamim<br />
noraïm, qui culminent au jeûne <strong>de</strong><br />
Kippour. Nous savons pleurer ce jourlà,<br />
et les motifs <strong>de</strong> désolation ne<br />
manquent pas. Nous pleurons sur les<br />
nôtres qui ne sont plus, les parents ,<br />
frères et soeurs, oncles et tantes, la<br />
famille d’année en année rétrécie. Nous<br />
pleurons sur nos morts bien plus que<br />
sur nos fautes supposées, dont la liste<br />
est si longue qu’elle en <strong>de</strong>vient,<br />
finalement, irréelle. Au <strong>de</strong>meurant, nous<br />
savons bien tout ce que nous avons à<br />
nous reprocher sans qu’on nous en dicte<br />
l’énumération confondante, mais<br />
saurons-nous échapper à l’automatisme<br />
<strong>de</strong> la prière qui nous fait croire,<br />
fallacieusement, qu’à l’issue du viddouï,<br />
<strong>de</strong> cette confession générale <strong>de</strong>s péchés,<br />
nous serons “purs” ? Les ennemis d’hier<br />
sont tout autant brouillés à l’issue du<br />
Kippour, les haines se prolongent, voire<br />
se renforcent, les bonnes résolutions ne<br />
sont que chiffon <strong>de</strong> prière, alors à quoi<br />
bon ? Qui n’a pas lu Qohèlet et n’en a<br />
pas retenu pour lui-même la leçon, n’a<br />
rien lu ni su. “L’œil n’est jamais rassasié<br />
<strong>de</strong> voir, ni l’oreille saturée d’entendre”.<br />
Dans mon labeur quotidien d’homme<br />
d’écriture et <strong>de</strong> passeur <strong>de</strong> textes, voilà<br />
que je tombe sur le roman <strong>de</strong> Héctor<br />
Abad Faciolince, L’oubli que nous serons<br />
(que je traduis pour Gallimard) et voilà<br />
que cet écrivain colombien a mis en<br />
exergue ces vers fulgurants <strong>de</strong> Yehouda<br />
Amihaï :<br />
Et pour l’amour <strong>de</strong> la mémoire<br />
je porte sur mon visage le visage <strong>de</strong> mon<br />
père.<br />
10 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
Le livre tout entier, pieuse<br />
remémoration, porte le visage du père<br />
et se présente comme un émouvant<br />
témoignage sur cet amour inouï qui<br />
liait l’enfant à son géniteur, et là je me<br />
suis reconnu dans ma propre<br />
démarche et mon sentiment le plus<br />
profond. Alors, comme je le fais<br />
toujours, je reprends à mon compte les<br />
lectures <strong>de</strong> l’auteur, et me voilà plongé<br />
dans cette poésie d’une <strong>de</strong>s plus<br />
gran<strong>de</strong>s voix poétiques d’Israël – prix<br />
Bialik, le plus prestigieux du pays.<br />
Yehouda Amihaï, qui a connu <strong>de</strong>ux<br />
guerres, d’abord dans la briga<strong>de</strong> juive<br />
au temps du mandat britannique,<br />
puis dans les rangs <strong>de</strong> Tsahal pour la<br />
guerre d’indépendance d’Israël, a écrit<br />
<strong>de</strong>s choses bouleversantes sur le<br />
combat et la perte définitive <strong>de</strong><br />
l’innocence :<br />
PAR ALBERT BENSOUSSAN<br />
En route pour le front nous avons<br />
couché dans un jardin d’enfants<br />
Un ours en peluche me servait d’oreiller<br />
Vers mon visage las <strong>de</strong>scendaient <strong>de</strong>s<br />
toupies<br />
Des trompettes et <strong>de</strong>s poupées<br />
Mais non <strong>de</strong>s anges<br />
Alors il se penche sur son propre<br />
fils, et il s’écrie : “Mon enfant sent la<br />
paix”. Définitivement le mon<strong>de</strong> à ses<br />
yeux se partage entre <strong>de</strong>ux o<strong>de</strong>urs,<br />
celle du vert paradis <strong>de</strong> l’enfance et<br />
celle du carnage <strong>de</strong>s bûchers, dont les<br />
flammes s’élèvent en buisson – le<br />
buisson ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Moïse – consumant<br />
le corps <strong>de</strong> l’homme, <strong>de</strong> l’humanité<br />
Et pour l'amour <strong>de</strong> la mémoire<br />
je porte sur mon visage le visage <strong>de</strong> mon père.<br />
Yehouda Amihaï<br />
tout entière. Lui, qui est croyant et fut<br />
élevé dans la stricte orthodoxie<br />
ashkénaze dans l’Allemagne <strong>de</strong> son<br />
enfance, se déchausse là, <strong>de</strong>vant le<br />
supplice <strong>de</strong>s hommes consumés, car<br />
cette terre est sacrée, elle est celle où<br />
l’homme souffre et se déchire, et parce<br />
que, écrit-il lumineusement “les<br />
hommes ont tous été <strong>de</strong>s enfants qui<br />
sentaient la paix”. Mais Dieu dans<br />
cette affaire ? La question, on le<br />
sait, <strong>de</strong>puis l’horreur concentrationnaire<br />
est bien : “Où était Dieu à<br />
Auschwitz?” mais Yehouda répond :<br />
Dieu a pitié <strong>de</strong>s petits enfants,<br />
Moins encore <strong>de</strong>s écoliers,<br />
Et plus du tout <strong>de</strong>s adultes<br />
Qu’ils laissent seuls.<br />
Non, pour lui, Dieu – qui est à<br />
l’image <strong>de</strong> son père définitivement<br />
en allé - n’est pas absent, et il a cette<br />
image terrifiante – et si juste, ence<br />
qu’elle envoie à la kappara <strong>de</strong><br />
Tichri :
La main <strong>de</strong> Dieu est dans le mon<strong>de</strong><br />
Comme la main <strong>de</strong> ma mère dans<br />
les entrailles du coq égorgé.<br />
Comment ne pas les entendre<br />
clamer et invectiver les pousse-aufeu,<br />
les va-t-en-guerre ? Etre<br />
pacifiste, est-ce donc un crime ?<br />
Surtout quand on a déjà donné son<br />
sang pour irriguer cette terre<br />
d’Israël. Comment ne pas être<br />
choqué <strong>de</strong>s réactions soulevées par<br />
l’attitu<strong>de</strong> – certes, pour le moins<br />
provocante avec son passeport<br />
palestinien en poche - <strong>de</strong> Daniel<br />
Barenboïm, l’un <strong>de</strong>s plus illustres<br />
musiciens <strong>de</strong> notre temps, alors que<br />
le chef israélien n’a qu’une<br />
ambition, lui qui a déjà tant<br />
souffert: l’avènement <strong>de</strong> la paix sur<br />
la terre d’Israël ? Aujourd’hui, quel<br />
malheur ! Le mot “paix” pour<br />
certains sonne comme une injure,<br />
ou une insanité. Sachons écouter<br />
un homme <strong>de</strong> souffrance tel que<br />
David Grossman lorsqu’il nous<br />
lance, avec les accents <strong>de</strong><br />
l’Ecclésiaste : “De la même manière<br />
qu’il y a <strong>de</strong>s guerres inévitables, il<br />
y a aussi <strong>de</strong>s paix inévitables”. Oui,<br />
inévitablement il y aura un temps<br />
<strong>de</strong> paix, comme le prédit le<br />
Prédicateur (Qohèlet).<br />
Alors pour Kippour, que peut-on<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r dans notre vœu <strong>de</strong><br />
Tikkoun olam, cette “réparation du<br />
mon<strong>de</strong>” voulue par les kabbalistes?<br />
Que les vases brisés, chers au<br />
romancier hiérosolomytain David<br />
Shahar, soient recollés, que les<br />
mains <strong>de</strong>s ennemis s’étreignent<br />
dans une chaleur humaine et un<br />
regard retrouvé d’enfance et<br />
d’innocence, comme le souhaite<br />
aussi, dans toute son œuvre, le<br />
cœur immense d’Amihai. Et<br />
gardons en mémoire, pour finir,<br />
TICHRI<br />
cette si belle métaphore qu’il<br />
développe sur Kippour à Jérusalem,<br />
cette “ville portuaire sur le rivage<br />
<strong>de</strong> l’éternité”:<br />
Le mont du Temple est un vaste et<br />
luxueux bateau <strong>de</strong> plaisance<br />
Le chofar retentit : une autre nef<br />
lève l’ancre.<br />
Les marins <strong>de</strong> Yom Kippour, en<br />
uniforme blanc, grimpent aux<br />
cordages <strong>de</strong>s prières les plus<br />
hautes…<br />
A. B.<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 11
KIPPOUR 1973<br />
“Chalom, chalom,<br />
veeyn chalom” PAR<br />
Je me trouvais dans la<br />
synagogue du prési<strong>de</strong>nt, à<br />
Jérusalem, lorsque les<br />
sirènes ont retenti. Des<br />
jeunes gens ont ouvert la<br />
porte et fait un signe.<br />
D'autres jeunes gens ont, sans un mot,<br />
déposé leur châle <strong>de</strong> prière, et sont<br />
sortis. Une jeep a démarré. Personne<br />
<strong>de</strong> songeait à la guerre. La guerre,<br />
maintenant, et en plein Kippour ?<br />
Impossible. Une alerte. Une alerte<br />
assez grave pour que l'on profane<br />
l'interdit <strong>de</strong> voyager à Kippour. Mais<br />
pas la guerre. Ceux qui résistaient ont<br />
continué d'observer Kippour : le<br />
jeûne, la prière, l'immobilité. On n'a<br />
pas ouvert la radio. J'avais décidé<br />
d'achever la journée <strong>de</strong>vant le Mur.<br />
J'y suis allé : la vieille ville était<br />
bouclée. On ne m'a pas laissé passer.<br />
Un vieux Yéménite invectivait le<br />
policier : <strong>de</strong> quel droit ? Les portes<br />
sont fermées, a dit l'agent. Les portes<br />
du Ciel sont ouvertes, a répondu le<br />
vieillard.<br />
" Je suis là pour te protéger.<br />
- Sot : c'est moi qui te protège<br />
lorsque je prie. "<br />
Il n'y a pas eu <strong>de</strong> profanation du<br />
Kippour ce jour-là. Du moins, je ne l'ai<br />
pas ressentie. L'angoisse et la vie<br />
étaient si évi<strong>de</strong>mment sacrées pour<br />
tous ! Abba Eban <strong>de</strong>vait parler,<br />
quelques jours après, du Pearl-Harbor<br />
moral. Non. Le Pearl-Harbor, c'est la<br />
guerre. Il n'y a pas <strong>de</strong> temps propre<br />
ou <strong>de</strong> temps sale pour faire <strong>de</strong>s choses<br />
sales. C'est la guerre qui est<br />
profanation. Attaquer le jour du<br />
Kippour, interrompre brutalement le<br />
dialogue d'Israël et <strong>de</strong> son Dieu, ce<br />
n'est rien d'autre qu'un Symptôme : le<br />
sacré s'est éclipsé, les mots et les rites<br />
ne sont plus sécurisants, l'état d'alerte<br />
est notre lot quotidien.<br />
12 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
Si c'est cela que les Arabes ont<br />
voulu montrer : rien n'est stable, rien<br />
n'est acquis, même le temps <strong>de</strong>s<br />
incantations nous est compté, et les<br />
mots prononcés par nos ancêtres<br />
peuvent être couverts par le bruit <strong>de</strong>s<br />
canons, alors, l'attaque du Kippour<br />
était bien pensée, dans la ligne du<br />
Chofar, <strong>de</strong> cette corne <strong>de</strong> bélier que<br />
l'on venait <strong>de</strong> sonner partout dans le<br />
mon<strong>de</strong>, comme chaque année, pour<br />
empêcher la conscience d'Israël <strong>de</strong><br />
s'assoupir. Mais s'il s'agissait d'une<br />
opération tactique et s'ils en<br />
attendaient un retard dans la<br />
mobilisation <strong>de</strong> l'armée d'Israël, quelle<br />
grossière -provi<strong>de</strong>ntielle, disaient mes<br />
amis- erreur d'appréciation !<br />
Immobilisé dans la prière, Israël était<br />
plus aisément mobilisable à Kippour<br />
que n'importe quel jour <strong>de</strong> l'année ?<br />
Ce jour-là, on ne voyage pas, les cafés<br />
sont fermés. Les uns sont à la<br />
synagogue, les autres à la maison.<br />
A 6 heures, Kippour s'arrête. Avant<br />
même <strong>de</strong> rompre le jeûne, chacun<br />
s'est précipité sur sa radio ou sur sa<br />
télévision. Dayan apparaît. Il explique<br />
qu'Israël n'a pas voulu faire la guerre<br />
préventive et que les Egyptiens ont<br />
franchi le canal. Il annonce qu'ils<br />
seront encore plus nombreux à le faire<br />
la nuit suivante. Puis, il tente <strong>de</strong> nous<br />
rassurer et achève son intervention,<br />
dans ce qui apparaît déjà comme le<br />
délire <strong>de</strong> la guerre du Kippour, par<br />
une sentence empruntée au rite : la<br />
guerre, dit-il, s'achèvera par une<br />
Hatima Tova, une bonne signature,<br />
une conclusion heureuse. C'est le vœu<br />
que les juifs adressent traditionnellement,<br />
ce jour-là, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux<br />
mille ans : obtenir une bonne<br />
signature <strong>de</strong> Dieu dans le livre <strong>de</strong> la<br />
vie, après avoir obtenu son pardon. Et<br />
ces hommes, quand commenceront-<br />
JOSY EISENBERG<br />
En octobre 1973, au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Kippour, notre ami le rabbin Josy Eisenberg avait publié cette<br />
tribune dans les colonnes du journal Le Mon<strong>de</strong>. Il nous a paru intéressant <strong>de</strong> la reproduire ici parce que<br />
quelques décennies après, elle n'a pas pris une ri<strong>de</strong>.<br />
ils à oublier et à pardonner ? Et Israël,<br />
lui pardonnera-t-on d'exister ?<br />
Qu'une armée prenne<br />
position contre moi…<br />
Cinq jours après le Kippour, c'est la<br />
fête <strong>de</strong>s Cabanes : sa préparation<br />
commence en même temps que la<br />
guerre. Le pays n'est plus qu'un<br />
immense réseau <strong>de</strong> communications.<br />
Les familles se téléphonent sans cesse<br />
pour s'informer <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> la<br />
mobilisation. Une angoisse indicible<br />
s'est abattue sur les cœurs, alors que<br />
les esprits fonctionnent avec diligence<br />
et rigueur. Quelquefois mes amis<br />
utilisent un mot qui me choque :<br />
untel a été, disent-ils, " pris ". Ce n'est<br />
qu'une façon <strong>de</strong> parler, mais qui<br />
évoque d'autres souvenirs. Et je pense,<br />
et je dis : naguère, quand un juif était<br />
" pris " c'était par ses bourreaux et non<br />
par ses frères, c'était dans la honte et<br />
non dans la ferveur. Mais je ne sais<br />
plus : être assassiné ou mourir les<br />
armes en main, ce n'est pas la même<br />
mort, mais c'est bien la même chose.<br />
Morts stériles, morts fécon<strong>de</strong>s : les<br />
beaux mots ne font pas <strong>de</strong> belles<br />
morts.<br />
Au marché, les juifs <strong>de</strong> Mea<br />
Shéarim, et les autres, achètent avec<br />
le même zèle les quatre espèces que<br />
l'on va agiter à Souccoth. Le temps<br />
s'est arrêté : ils examinent<br />
soigneusement, quelquefois durant<br />
un quart d'heure, l'extrémité <strong>de</strong>s<br />
branches <strong>de</strong> palmier, qu'ils achètent,<br />
ces branches qui ressemblent à <strong>de</strong>s<br />
épées <strong>de</strong> verdure, pour s'assurer<br />
qu'elles sont belles, entières,<br />
impeccables, propres aux exigences<br />
du rite. Je sens que je <strong>de</strong>viens fou ?<br />
Dans un ultime éclair <strong>de</strong> lucidité, je<br />
sais que nous sommes fous.
KIPPOUR 1973<br />
Fous <strong>de</strong> croire et <strong>de</strong> prier et <strong>de</strong><br />
faire les gestes, tous les gestes, et<br />
d'interpeller Dieu avec pu<strong>de</strong>ur et<br />
mo<strong>de</strong>stie, et <strong>de</strong> ne pas hurler. Et je<br />
sais que nous n'existerions pas si<br />
nous n'étions pas naïfs et fous,<br />
embrasés et illuminés, et que c'est la<br />
même folie qui anime les fous du<br />
Retour qui ont ressuscité les steppes<br />
et les marécages d'Israël.<br />
Et voilà qu'arrive Souccoth, et cette<br />
autre folie <strong>de</strong>s mots et <strong>de</strong>s rites. On<br />
va manger dans la Souccah, dont le<br />
tout est à ciel ouvert, mais sous terre.<br />
L'abri est préparé. Dîner aux<br />
chan<strong>de</strong>lles à cause du couvre-feu.<br />
Le mot Souccah signifie à la fois<br />
cabane et abris. Et comme toujours<br />
on vient <strong>de</strong> prononcer dans la prière<br />
du soir la phrase traditionnelle : "<br />
étends sur nous la Souccah <strong>de</strong> ta<br />
paix ". Et point n'est besoin <strong>de</strong> créer<br />
un rite nouveau. Entre Kippour et<br />
Souccoth, chaque année, après<br />
chaque office, on récite le psaume<br />
27 <strong>de</strong> David. Il commence ainsi : "<br />
Le Seigneur est ma lumière et mon<br />
salut : <strong>de</strong> qui aurais-je peur ? Le<br />
Seigneur est le rempart qui protège<br />
ma vie : qui redouterais-je ? Quand<br />
<strong>de</strong>s malfaiteurs m'approchent pour<br />
dévorer ma chair -mes adversaires<br />
et mes ennemis qui me guettentsont<br />
ceux qui bronchent et tombent.<br />
Qu'une armée prenne position contre<br />
moi, mon cœur n'éprouve aucune<br />
crainte ; que la guerre fasse rage<br />
contre moi, même alors je gar<strong>de</strong> ma<br />
confiance. "<br />
Est-ce que vraiment tout est<br />
écrit ?<br />
Un temps pour la guerre,<br />
un temps pour la paix<br />
A Souccoth, un enfant récite aussi,<br />
le matin, à la synagogue, la livre <strong>de</strong><br />
l'Ecclésiaste. Vanité <strong>de</strong>s vanités.<br />
Vanité du pouvoir, du plaisir, <strong>de</strong><br />
l'argent. Vanité <strong>de</strong> la science. Il est<br />
un temps pour tout, un temps pour<br />
vivre et un temps pour mourir. Un<br />
temps pour la guerre et un temps<br />
pour la paix.<br />
14 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
Il faudrait pouvoir tout raconter.<br />
Les éboueurs mobilisés, et un général<br />
en retraite - la seule retraite en Israël<br />
qui ne menace pas son existence -<br />
ramassant les poubelles dans les rues<br />
<strong>de</strong> Tel-Aviv. Ce permissionnaire <strong>de</strong><br />
vingt-trois que je prends en auto-stop<br />
aux portes <strong>de</strong> Tel-Aviv et que je<br />
conduis à Jérusalem. Il rentre du<br />
front. Sa femme est enceinte. Il a<br />
quatre heures pour la voir. Demian<br />
matin, il sera sur son tank dans le<br />
Sinaï. Ce prisonnier égyptien,<br />
désarmé, désarmant, qui parle à la<br />
télévision Israélienne, sans une<br />
pensée pour la guerre. De sa femme<br />
Mahsia et <strong>de</strong> son fils Ahmed, qui a<br />
onze ans, et qu'il espère bientôt revoir.<br />
De ces chants diffusés par la radio :<br />
vieux chants d'il y a quarante ans,<br />
refrains <strong>de</strong> prisonniers qui chantent<br />
l'amour <strong>de</strong> la terre, <strong>de</strong>s vignes et <strong>de</strong>s<br />
arbres. C'est une guerre d'amour.<br />
Chants <strong>de</strong>s combattants <strong>de</strong> 1948 : c'est<br />
une guerre d'hommes aux yeux froids.<br />
Chants empruntés à la Bible,<br />
prophétie d'Isaïe sur les épées<br />
transformées en socs <strong>de</strong> charrue,<br />
entrecoupés <strong>de</strong> brefs appels codés<br />
militaires, et, incessant, le mot "<br />
chalom " qui résonne. Chalom.<br />
Bonjour. Chalom, espoir. Chalom<br />
partout. Et pensée pour le prophète<br />
qui disait : " Chalom, chalom, veeyn<br />
chalom " (1). Et il n'y a pas la paix.<br />
On ne peut pas tout dire ni tout<br />
croire. Le plus poignant, c'est la<br />
solitu<strong>de</strong>. Douze pays arabes contre<br />
Israël. Et les autres ! Et la France ! Et<br />
ce combat inégal que <strong>de</strong>s analystes<br />
politiques reprocheraient presque à<br />
Israël ne n'avoir pas remporté aussi<br />
vite que d'habitu<strong>de</strong> !<br />
Les abonnés du miracle ont déçu.<br />
Patience. Et j'allais oublier l'essence<br />
qui précè<strong>de</strong> l'existence. Le combat est<br />
inégal, aujourd'hui plus qu'hier, mais<br />
personne ne doute qu'Israël vivra. Je<br />
ne puis expliquer comment, mais je<br />
sais pourquoi. Parce qu'Israël a la foi,<br />
une foi indéfinissable, frémissante et<br />
communicative, qui est quelquefois<br />
autre que la mienne. Ne serait-ce que<br />
pour cela, ne serait-ce que parce qu'il<br />
existe sur un coin <strong>de</strong> terre <strong>de</strong>s<br />
hommes qui croient encore<br />
aujourd'hui à quelque chose et<br />
Les hommes et le pays qui ven<strong>de</strong>nt leurs âmes aux<br />
Méphistophélès du pétrole entrent <strong>de</strong> plain-pied<br />
dans la damnation <strong>de</strong> l'histoire.<br />
ren<strong>de</strong>nt si dérisoires les gadgets <strong>de</strong> la<br />
logomachie <strong>de</strong> l'Occi<strong>de</strong>nt, oui, ne<br />
serait-ce que pour cela, Israël doit<br />
vivre, et Israël vivra pour que cette foi<br />
existe et pour qu'elle atteigne tous les<br />
hommes qui ont si soif <strong>de</strong> croire et<br />
sont tant altérés. Sur ce coin <strong>de</strong> terre,<br />
un juif aurait dit un jour : " Que mon<br />
sang retombe sur leurs têtes ".<br />
Il n'est point un seul historien <strong>de</strong>s<br />
religions qui pense aujourd'hui que<br />
Jésus aurait réellement pu prononcer<br />
une telle phrase : il aimait trop son<br />
peuple pour cela. Mais cette petite<br />
phrase <strong>de</strong>vrait faire réfléchir tous<br />
ceux, hommes d'Etat, marchands <strong>de</strong><br />
canons, redresseurs <strong>de</strong> torts et autres<br />
beaux esprits, qui jouent avec<br />
l'existence d'Israël, dans le jeu subtil<br />
et tamisé <strong>de</strong>s idéologies et <strong>de</strong>s<br />
escala<strong>de</strong>s calculées. Si personne n'est<br />
innocent, ce sont eux les vrais<br />
coupables : les hommes et le pays qui<br />
ven<strong>de</strong>nt leurs âmes aux<br />
Méphistophélès du pétrole entrent <strong>de</strong><br />
plain-pied dans la damnation <strong>de</strong><br />
l'histoire.<br />
Même si la justice n'est pas toujours<br />
immanente, ce crime-là ne paiera<br />
point. Le jour où nous nous<br />
présenterons <strong>de</strong>vant le jugement <strong>de</strong><br />
Dieu, j'aimerais être Israélien ou<br />
Arabe, pas Russe. J'aimerais aussi ne<br />
pas trembler d'être français.<br />
--<br />
(1)" Ils ont guéri la plaie <strong>de</strong> mon<br />
peuple à la légère en disant : " Paix,<br />
paix et point <strong>de</strong> paix " ." (Jérémie,<br />
XIV.)
Les nouvelles générations :<br />
“Welcome Sir<br />
and good Luck”…<br />
La première génération<br />
était composée <strong>de</strong><br />
personnes qui avaient<br />
connu la diaspora. En<br />
désertant les maisons<br />
d’étu<strong>de</strong>, en brisant les<br />
lanières <strong>de</strong>s phylactères, en rangeant<br />
les châles <strong>de</strong> prière, ils s’étaient<br />
enhardis à braver le ciel et c’était cette<br />
hardiesse qui leur imprimait l’énergie<br />
requise pour “conquérir la terre” et<br />
l’endurance nécessaire pour surmonter<br />
les écueils. Les pionniers sionistes du<br />
début du XXe siècle ne se recrutaient<br />
pas tant parmi les laïcs que parmi les<br />
religieux qui s’étaient arrachés au<br />
ghetto et à sa moisissure. C’est cette<br />
gran<strong>de</strong> hérésie qui a constitué le<br />
terreau où ont prise les racines sionistes<br />
et qui a fourni la sève qui les a nourries.<br />
Les premiers pionniers ne rompaient<br />
pas impunément avec la tradition. Ils<br />
conservaient, remisés dans l’arche <strong>de</strong><br />
leur mémoire, les rouleaux <strong>de</strong> la Loi.<br />
On l’a vu avec Ahahon David Gordon<br />
(1856-1922), Berl Katznelson (1887-<br />
En définitive, il se suici<strong>de</strong> dans les douches<br />
<strong>de</strong> la prison pour s'épargner la vision<br />
cauchemar<strong>de</strong>sque <strong>de</strong> sa déchéance. Sa gloire,<br />
sa disgrâce et sa mort sont symptomatiques d'une<br />
société aux humeurs exacerbées par la violence et<br />
l'arrivisme et où l'on ne distingue plus entre sphère<br />
privée et sphère publique…<br />
Doudou Topaz<br />
1944), voire David Ben Gourion (1886-<br />
1973). Ils connaissaient les textes, les<br />
comman<strong>de</strong>ments et les rites; ils les<br />
ont mobilisés pour donner l’allure<br />
d’un culte à leur culture <strong>de</strong> la<br />
terre.<br />
Parce qu’elle avait grandi dans<br />
une ambiance juive, la <strong>de</strong>uxième<br />
génération aussi avait <strong>de</strong>s<br />
rudiments <strong>de</strong> judaïsme. On<br />
connaissait encore les paroles du<br />
Shéma ; on pouvait encore lire le<br />
kaddish ; on était encore assez poli<br />
pour accueillir le Shabbat et s’en<br />
séparer.<br />
La troisième génération se<br />
révélait, elle, totalement inculte.<br />
En matière <strong>de</strong> sagesse <strong>de</strong>s nations<br />
autant qu’en Torah. Ses membres<br />
ne s’en réclamaient pas moins<br />
d’une certaine noblesse et se<br />
ISRAËL<br />
PAR AMI BOUGANIM<br />
posaient en “sel <strong>de</strong> la terre”. Or leur<br />
pensée et leur voix se contentaient <strong>de</strong><br />
suivre <strong>de</strong>s comportements et <strong>de</strong>s gestes<br />
irrémédiablement grégaires. “Grattez<br />
un prince belge”, disait Bau<strong>de</strong>laire,<br />
“vous trouverez un rustre.” On pourrait<br />
dire pareillement : “Grattez le vernis<br />
sioniste, vous trouverez un philistin.”<br />
Dans l’Antiquité, les Philistins<br />
habitaient la ban<strong>de</strong> côtière, les Hébreux<br />
les terres intérieures. Ils ne se<br />
disputaient pas seulement le sol, ils se<br />
disputaient aussi le ciel. Les premiers<br />
avaient leurs dieux et leurs cultes, les<br />
seconds les leurs. Les mœurs <strong>de</strong>s<br />
premiers étaient plus maritimes – nous<br />
dirions aujourd’hui méditerranéennes<br />
– qu’agrestes ; celles <strong>de</strong>s seconds,<br />
héritées d’ancêtres noma<strong>de</strong>s, ignoraient<br />
la mer. Les Philistins ont disparu <strong>de</strong><br />
l’histoire, laissant <strong>de</strong>rrière eux les récits<br />
qu’en propose la Bible et un soupçon<br />
<strong>de</strong> mauvais goût, sinon <strong>de</strong> veulerie, que<br />
leur garantit pour l’éternité l’acception<br />
mo<strong>de</strong>rne du mot philistin chez <strong>de</strong>s<br />
auteurs comme Matthew Arnold<br />
Frédéric Nietzsche. Le philistinisme<br />
israélien est d’autant plus pernicieux<br />
qu’il s’insinue partout, dans le mon<strong>de</strong><br />
culturel autant que dans le mon<strong>de</strong><br />
politique, dans la sphère privée autant<br />
que dans la sphère publique,<br />
philistinisme d’anciens parias <strong>de</strong>venus<br />
<strong>de</strong>s parvenus. Dans tous les domaines.<br />
Sans gran<strong>de</strong> classe. Sans gran<strong>de</strong>s<br />
politesses. Du bagout. Dans un anglais<br />
encore plus mercantile qu’à Londres<br />
ou Washington. On a <strong>de</strong> la beauté à en<br />
revendre, du talent à en revendre… <strong>de</strong>s<br />
armes à en revendre.<br />
Pendant <strong>de</strong> longues années, Doudou<br />
Topaz était le roi israélien du rating. Il<br />
animait <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> télé où l’on<br />
rivalisait <strong>de</strong> singeries, <strong>de</strong> rires et <strong>de</strong><br />
petits moments d’émotion. Il était si<br />
populaire qu’il pouvait se permettre,<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 15
ISRAËL<br />
en toute impunité, <strong>de</strong> briser les lunettes<br />
d’un critique qui dénonçait la veulerie<br />
<strong>de</strong> son animation et <strong>de</strong> mordre une<br />
actrice qui lui plaisait ou lui déplaisait.<br />
Il n’avait <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> montrer à la<br />
nation réunie autour du petit écran<br />
comment il rajeunissait <strong>de</strong> semaine en<br />
semaine. C’était avant la télé-réalité qui<br />
a bouleversé les grilles <strong>de</strong>s<br />
programmes. Topaz est tombé en<br />
disgrâce. On ne voulait plus <strong>de</strong> lui, il<br />
était trop paternaliste, il se posait en<br />
père amuseur <strong>de</strong> la nation. Il était d’un<br />
autre âge. A plus <strong>de</strong> soixante ans, quel<br />
que soit son look, on n’amuse pas <strong>de</strong>s<br />
jeunes <strong>de</strong> quatorze et seize ans. Il aurait<br />
pu se résoudre et vivre du trésor <strong>de</strong> télé<br />
qu’il a gagné à orchestrer pendant une<br />
décennie le divertissement <strong>de</strong> masse.<br />
Il est tout un art <strong>de</strong> se retirer <strong>de</strong> ce<br />
mon<strong>de</strong> ; il requiert discrétion et<br />
tendresse. Un jour on est sur le <strong>de</strong>vant<br />
<strong>de</strong> la scène ; le len<strong>de</strong>main, on doit<br />
gagner les coulisses. Topaz aurait pu<br />
se convertir dans la littérature et écrire<br />
ses mémoires ; dans la politique<br />
et représenter le saint peuple à<br />
la prestigieuse Knesset. Il aurait<br />
pu également retourner aux<br />
sources et <strong>de</strong>venir rabbin. Dans<br />
les trois cas, il aurait réussi sa<br />
mutation. Or il décida <strong>de</strong> se<br />
reconvertir dans la… pègre. La<br />
télévision ne voulait plus <strong>de</strong> lui,<br />
il allait la démolir. Il loue les<br />
services <strong>de</strong> voyous pour briser<br />
les os d’un producteur,<br />
malmener brutalement une<br />
coordinatrice <strong>de</strong>s programmes,<br />
intimi<strong>de</strong>r nombre d’animateurs<br />
<strong>de</strong> la nouvelle génération. Deux<br />
ou trois jours avant son<br />
arrestation, il s’écriait indigné<br />
<strong>de</strong>vant les caméras : “Vous êtes<br />
tombés sur la tête ! Me<br />
soupçonner, à moi, Doudou !”<br />
Deux ou trois semaines plus tard, il<br />
déclarait quelque chose dans le genre<br />
: “Après toute la joie que j’ai donnée au<br />
peuple, on me traite en vulgaire<br />
criminel !” Deux à trois mois plus tard<br />
: “Pourquoi s’acharne-t-on contre moi<br />
<strong>de</strong> la sorte ? Je me suis platement<br />
excusé. On a pardonné leurs crimes<br />
aux nazis et à moi on ne veut pas me<br />
pardonner.” En définitive, il se suici<strong>de</strong><br />
dans les douches <strong>de</strong> la prison pour<br />
s’épargner la vision cauchemar<strong>de</strong>sque<br />
16 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
<strong>de</strong> sa déchéance. Sa gloire, sa disgrâce<br />
et sa mort sont symptomatiques d’une<br />
société aux humeurs exacerbées par la<br />
violence et l’arrivisme et où l’on ne<br />
distingue plus entre sphère privée et<br />
sphère publique…<br />
Le récit d’Assi Dayan est une autre<br />
illustration <strong>de</strong> mes histoires sur la<br />
philistinisation <strong>de</strong>s caractères, <strong>de</strong>s<br />
mœurs et <strong>de</strong> l’ambiance dans le pays.<br />
C’est le fils du légendaire Moshé<br />
Dayan (1915-1981) qui, son ban<strong>de</strong>au<br />
sur l’œil, convoitait avec la même<br />
nonchalance les jeunes jupons et les<br />
ruines archéologiques. Lui-même était<br />
le fils <strong>de</strong> Shmuel Dayan (1891-1968),<br />
le visionnaire et bâtisseur <strong>de</strong> Nahalal,<br />
le premier moshav du pays. Dans sa<br />
jeunesse, Assi Dayan incarnait le bel et<br />
jeune sabra, dénué <strong>de</strong> tout complexe et<br />
<strong>de</strong> toute inhibition, libre <strong>de</strong> ses gestes<br />
et <strong>de</strong> ses regards. Il était si magnifique<br />
que Romain Gary l’a choisi pour<br />
incarner son rôle <strong>de</strong> pilote <strong>de</strong> chasse<br />
dans La Promesse <strong>de</strong> l’Aube. Il est<br />
réalisateur, scénariste, peintre, écrivain,<br />
poète… et tous les autres titres qu’on<br />
est en droit <strong>de</strong> briguer quand on porte<br />
un prestigieux nom. Ces <strong>de</strong>rnières<br />
années, il ne cessait <strong>de</strong> se dégra<strong>de</strong>r et<br />
chaque phase dans sa dégradation<br />
s’accompagnait <strong>de</strong> scandales<br />
domestiques. Il n’a pas un centime<br />
pour se nourrir ; il dépérit dans une<br />
misérable chambre ; il menace son<br />
énième compagne pour on ne sait quoi.<br />
On se montre indulgent à son égard.<br />
Les médias ; les autorités ; les<br />
tribunaux. Lors du <strong>de</strong>rnier scandale,<br />
avant que la plainte ne soit retirée, on<br />
l’a assigné en rési<strong>de</strong>nce dans la<br />
propriété d’un autre aventurier installé<br />
dans le désert. Le malheureux cherchait<br />
sa noblesse dans le talent, il s’est<br />
rabattu sur la drogue. Il ne s’en cache<br />
pas, il le clame à longueurs<br />
Burg ne se rase plus le matin sans chercher<br />
son nombril sur la glace.<br />
Abraham Burg<br />
d’interviews, il pose la déca<strong>de</strong>nce<br />
<strong>de</strong>vant les caméras. La voix ravinée par<br />
l’alcool, l’allure négligée et brimée par<br />
les ans et les avatars mondains, les<br />
ongles désincarnés. Sans plus <strong>de</strong><br />
noblesse et <strong>de</strong> distinction. On<br />
n’en continue pas moins <strong>de</strong> le<br />
ménager et <strong>de</strong> le dorloter. Avec<br />
lui, même le sel, censé<br />
conserver et se conserver,<br />
dégage <strong>de</strong>s relents <strong>de</strong><br />
déca<strong>de</strong>nce<br />
Chez les <strong>de</strong>ux personnages,<br />
la même vulgarité, la même<br />
veulerie se cacheraient <strong>de</strong>rrière<br />
l’art, bon ou mauvais. L’un<br />
donnait sa mégalomanie en<br />
spectacle, l’autre sa déchéance.<br />
L’un protestait à grands<br />
hurlements contre sa disgrâce,<br />
l’autre bafouillait <strong>de</strong> disgrâce<br />
universelle. Dans les coulisses,<br />
<strong>de</strong>rrière une caméra, sur le<br />
<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la scène. Ils n’auront<br />
cessé <strong>de</strong> défrayer la chronique.<br />
De leurs frasques et <strong>de</strong> leurs turpitu<strong>de</strong>s.<br />
On leur passait tout, on leur accordait<br />
je ne sais quelles circonstances<br />
atténuantes. L’un était un amuseur<br />
public se prenant pour une ve<strong>de</strong>tte <strong>de</strong><br />
culture, l’autre était le fils <strong>de</strong> son père<br />
et n’était pas mauvais acteur. De ce côté<br />
du mon<strong>de</strong>, le talent excuserait tout, le<br />
lignage encore plus. Tous <strong>de</strong>ux<br />
refusaient <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> scène, ils<br />
ne pouvaient renoncer aux caméras.<br />
Sinon ils menaçaient, chacun à sa
manière, <strong>de</strong> détruire la scène avec leur<br />
vie. Ce n’étaient que <strong>de</strong>ux petits Néron.<br />
Plutôt que <strong>de</strong> jouer <strong>de</strong> la lyre, ils<br />
battaient leurs producteurs ou leurs<br />
compagnes. Ni l’un ni l’autre ne<br />
voulaient se résoudre à leur<br />
décrépitu<strong>de</strong>. Ils ne sont plus ni aussi<br />
jeunes ni aussi beaux et les talents – <strong>de</strong><br />
cabotin dans le premier cas, d’acteur<br />
dans le second – changent avec les ans.<br />
Cette génération est née et a grandi<br />
avec le pays. Elle s’est tant convaincue<br />
<strong>de</strong> ses compétences, <strong>de</strong> ses habiletés,<br />
<strong>de</strong> ses talents… <strong>de</strong> sa supériorité qu’elle<br />
ne se sait pas vieillir : on ne vieillit pas<br />
quand on n’a pas mûri. Le malheur<br />
c’est que l’univers <strong>de</strong> Doudou Topaz et<br />
d’Assi Dayan est aussi celui d’hommes<br />
politiques <strong>de</strong> leur génération. Abraham<br />
Burg et Binyamin Natanyahou pour ne<br />
citer que <strong>de</strong>ux exemples parmi tant<br />
d’autres. Burg était l’une <strong>de</strong>s promesses<br />
les plus emblématiques <strong>de</strong> cette<br />
<strong>de</strong>uxième génération. Il était grand,<br />
beau, cultivé, intelligent. Il portait une<br />
kippa et montrait une telle libéralité<br />
religieuse qu’il a été parmi les premiers<br />
membres du parti travailliste, à<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la séparation <strong>de</strong> l’Etat et <strong>de</strong><br />
la Synagogue. Surtout, il était d’un haut<br />
lignage. Ni plus ni moins que le fils du<br />
mythique Yossef Burg (1909-1999),<br />
dirigeant historique du modéré parti<br />
sioniste religieux, un <strong>de</strong> ces hommes<br />
dont la gran<strong>de</strong> culture pourvoit d’une<br />
langue acérée sans être vulgaire ou<br />
violente. Un monument <strong>de</strong> sagesse,<br />
d’entregent et <strong>de</strong> cette virtu – sens<br />
civique – que Machiavel persiste à<br />
réclamer <strong>de</strong> l’homme politique. De son<br />
côté, Burg le fils a été député, prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> l’Agence juive, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />
Knesset et il n’a pris ses retraites que<br />
pour exploiter le capital social qu’il a<br />
accumulé dans sa carrière et se lancer<br />
à son tour dans le… commerce. Sans<br />
renoncer pour autant aux privilèges<br />
matériels que lui garantissent ses<br />
mandats <strong>de</strong> député, <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l’Agence juive, <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />
Knesset. Il pousse la désintégration du<br />
mythe – le beau disciple-<strong>de</strong>-sage se<br />
mobilisant par patriotisme pour<br />
promouvoir l’intérêt public – jusqu’à<br />
prendre la nationalité française <strong>de</strong> son<br />
épouse et voter aux <strong>de</strong>rnières élections<br />
prési<strong>de</strong>ntielles. Il publie enfin un<br />
ouvrage où il se trahit davantage qu’il<br />
ne dénonce le sionisme qui l’a porté<br />
aux plus hautes fonctions au sein du<br />
Mouvement sioniste et <strong>de</strong> l’Etat. Burg<br />
ne se rase plus le matin sans chercher<br />
son nombril sur la glace. Il fait partie<br />
<strong>de</strong> cette ligue <strong>de</strong> “fils et filles <strong>de</strong>…”<br />
qu’on a hâtivement intronisés “princes<br />
et princesses” et qui se sont révélés,<br />
pour certains, <strong>de</strong> piètres “enfants gâtés”<br />
dans une démocratie qui aura manqué<br />
<strong>de</strong> se donner un Messie en guise <strong>de</strong><br />
monarque.<br />
Les structures étatiques, la nature du<br />
régime politique et les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gouvernance ne cessent, autant le<br />
reconnaître, <strong>de</strong> régresser sous la<br />
pression <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> coalition, <strong>de</strong>s<br />
ISRAËL<br />
revendications sectorielles et <strong>de</strong><br />
l’incurie administrative. On a vite<br />
oublié le mot-clé <strong>de</strong> Ben Gourion qui<br />
préconisait le sens <strong>de</strong> l’Etat – <strong>de</strong>rrière<br />
sa mamlakhtiout ou souveraineté<br />
étatique – pour retourner au régime<br />
Une nouvelle génération est en train <strong>de</strong> monter.<br />
Moins bornée et dogmatique, moins exhibitionniste<br />
et brutale, plus dévouée à la cause juive que ce<br />
soit en diaspora ou en Israël.<br />
d’un ghetto ou d’un mellah. Le 31 mars<br />
2009, le gouvernement <strong>de</strong> coalition <strong>de</strong><br />
Natanyahou, formé <strong>de</strong> bric et <strong>de</strong> broc,<br />
comptait trente ministres et neuf viceministres<br />
pour un parlement <strong>de</strong> cent<br />
vingt membres. Ces <strong>de</strong>rniers prêtaient<br />
serment en présence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
milliardaires non israéliens qui<br />
n’avaient rien épargné pour assurer le<br />
retour aux affaires <strong>de</strong> leur poulain.<br />
Sheldon Harisson <strong>de</strong>s casinos et Ron<br />
Lau<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> beauté. Un<br />
gouvernement aussi pléthorique<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 17
ISRAËL<br />
réduisait le travail parlementaire à une<br />
vaine mascara<strong>de</strong>. Dans son discours<br />
comme chef <strong>de</strong> l’opposition, Tsipi Livni<br />
dénonçait le nombre <strong>de</strong> ministres sans<br />
portefeuille et <strong>de</strong>s vice-ministres <strong>de</strong><br />
rien. Le niveau <strong>de</strong>s ministres ne cessait<br />
<strong>de</strong> baisser, la démocratie est exacerbée<br />
dans ce qu’elle avait <strong>de</strong> plus vilain. On<br />
ne distingue plus entre gauche et<br />
droite, entre coalition et opposition. En<br />
outre, ce même gouvernement se<br />
donnait un rustre, bientôt sous<br />
inculpation, comme ministre <strong>de</strong>s<br />
Affaires étrangères.<br />
Natanyahou aussi ne se résout pas à<br />
<strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> la scène et surtout à<br />
changer <strong>de</strong> discours et <strong>de</strong><br />
dégaine. Pourtant le mon<strong>de</strong> a<br />
gran<strong>de</strong>ment changé autour <strong>de</strong><br />
lui. Le prési<strong>de</strong>nt américain lui<br />
dit à mots voilés qu’une époque<br />
est révolue. Celle où les Etats-<br />
Unis se laissaient convaincre<br />
qu’Israël servait ses intérêts<br />
stratégiques dans la région alors<br />
qu’il les <strong>de</strong>sservait. Celle où l’on<br />
pouvait mobiliser le Congrès et<br />
le Sénat contre l’administration.<br />
Celle où l’on pouvait arracher<br />
<strong>de</strong>s larmes aux donateurs pour<br />
couvrir les frasques d’une classe<br />
politique plus véreuse que<br />
dévouée à l’intérêt public. Celle<br />
où l’on ne s’engageait à arrêter<br />
les colonies que pour mieux les<br />
étendre. Natanyahou n’en<br />
persiste pas moins à miser sur la<br />
vulnérabilité du prési<strong>de</strong>nt<br />
américain, sur un accroc qui viendrait<br />
perturber sa vision stratégique, sur <strong>de</strong>s<br />
pressions d’on ne voit plus d’où elles<br />
pourraient venir. C’est, pour reprendre<br />
les considérations d’un Blanqui, un<br />
homme en caoutchouc dans une<br />
démocratie en plastique 1. D’un côté,<br />
la Shoah ; <strong>de</strong> l’autre, la Paix. L’une est<br />
indélébile ; l’autre inaccessible. Ce n’est<br />
pas un hasard si nous avons <strong>de</strong>s<br />
silhouettes écorchées et pantelantes qui<br />
ne comprennent pas qu’Obama ne<br />
partage ni leur vision stratégique ni leur<br />
pratique <strong>de</strong> la politique. C’est peut-être<br />
un niais – à l’aune <strong>de</strong> la politique<br />
israélienne ; il n’en incarne par moins<br />
une nouvelle sincérité – à l’aune du<br />
mon<strong>de</strong>. Quand on est <strong>de</strong> bons amis, on<br />
se dit tout. Or la vérité d’Obama se<br />
18 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
résumerait en une phrase qui dirait :<br />
Le soutien inconditionnel à Israël ne<br />
sert pas les intérêts stratégiques <strong>de</strong>s<br />
Etats-Unis. Un seul Etat entre la<br />
Méditerranée et le Jourdain est<br />
condamné à <strong>de</strong>venir arabe. Dans un<br />
siècle sinon une décennie. Seule la<br />
solution <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux Etats préserverait<br />
l’existence d’Israël. Quand la gar<strong>de</strong><br />
rapprochée <strong>de</strong> Natanyahou a compris<br />
que les règles du dialogue américanoisraélien<br />
avaient changé, on s’est mis<br />
à incriminer… la haine <strong>de</strong> soi <strong>de</strong>s<br />
conseillers juifs d’Obama. Sous<br />
l’administration <strong>de</strong> Natanyahou, Israël<br />
entre dans une phase délicate <strong>de</strong> son<br />
existence. Ce ne sera pas seulement un<br />
David Ben Gourion<br />
casse-tête pour les Nations, il risque <strong>de</strong><br />
le <strong>de</strong>venir pour les Juifs aussi.<br />
Pour le dire en termes moins<br />
diplomatiques, Israël risque <strong>de</strong> passer<br />
pour un Etat roquet. Un moustique se<br />
prenant pour une puissance et se<br />
comportant en moustique. Du moins<br />
présenterait-il <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> cette<br />
méchanceté dont Bau<strong>de</strong>laire disait<br />
qu’elle était la marque “<strong>de</strong>s petits pays<br />
[…], <strong>de</strong>s faibles, <strong>de</strong>s roquets et <strong>de</strong>s<br />
bossus”. Les Juifs américains ne<br />
s’ingèrent plus dans les affaires internes<br />
israéliennes. Ils ne se le permettraient<br />
pas, ils ne vont pas s’aliéner la classe<br />
politique, les médias et l’opinion<br />
publique israélienne. En outre, ils ne<br />
comprennent pas grand-chose à la<br />
chronique domestique <strong>de</strong> cette contrée<br />
levantine, ils ne cherchent plus à<br />
comprendre. On les a tant dissuadés<br />
<strong>de</strong> se mêler <strong>de</strong> ce qui se passe <strong>de</strong> ce<br />
côté du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> leur âme – on se<br />
souvient <strong>de</strong>s sorties intempestives <strong>de</strong><br />
l’écrivain A. B. Yehoshoua contre<br />
l’écrivain américain Leon Wieseltier –<br />
qu’ils ne visitent plus Israël. Ils se sont<br />
rabattus sur la politique américanoaméricaine.<br />
Ce sont <strong>de</strong>s citoyens<br />
américains et ils veillent aux intérêts<br />
américains dans la région. Or ils ont<br />
l’outrecuidance <strong>de</strong> croire que ce sont<br />
les intérêts <strong>de</strong>s Etats-Unis qui servent<br />
ceux d’Israël et non le contraire. C’est<br />
Dennis Ross qui voyage à Téhéran, ce<br />
sont Daniel Shapiro et Jeffrey<br />
Feltman qui se ren<strong>de</strong>nt à<br />
Damas, c’est Martin Indyc qui<br />
conseille John Mitchell, etc.<br />
Je m’empresse <strong>de</strong> rassurer<br />
mes lecteurs. Cette génération<br />
est en train <strong>de</strong> disparaître.<br />
Bientôt, elle ne sera nulle part.<br />
Ni dans la recherche ni dans la<br />
culture ; ni aux comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
l’armée ni à celles <strong>de</strong>s<br />
ministères. Une nouvelle<br />
génération est en train <strong>de</strong><br />
monter. Moins bornée et<br />
dogmatique, moins<br />
exhibitionniste et brutale, plus<br />
dévouée à la cause juive que ce<br />
soit en diaspora ou en Israël.<br />
Elle n’émergera peut-être pas là<br />
où on l’attend. Ni dans les<br />
comités centraux <strong>de</strong>s partis<br />
israéliens ni dans les comités <strong>de</strong><br />
rédaction <strong>de</strong>s médias israéliens ; ni<br />
dans les universités israéliennes ni sur<br />
les scènes mondaines israéliennes. Une<br />
nouvelle génération, plus prompte, plus<br />
conséquente, plus habile, plus<br />
déterminée.<br />
Celle <strong>de</strong> Ram Emmanuel. Welcome<br />
sir and good luck !<br />
A.B<br />
----<br />
1 “Qu’est-ce qu’un démocrate, je vous<br />
prie ? <strong>de</strong>mandait ce brave Blanqui. C’est<br />
là un mot vague, banal, sans acception<br />
précise, un mot en caoutchouc .” A.<br />
Blanqui, “Lettre à Maillard”, le 6 juin<br />
1852, dans Instructions pour une prise<br />
d’armes, Sens et Tonka, p.380.
Euphorie à la bourse<br />
<strong>de</strong> Tel-Aviv PAR<br />
Les marchés financiers<br />
sont décidément incorrigibles.<br />
Après s'être<br />
effondrés, <strong>de</strong> la fin 2007<br />
au début 2009, les<br />
bourses mondiales<br />
affichent <strong>de</strong>puis le mois <strong>de</strong> mars<br />
<strong>de</strong>rnier un rebond tout aussi historique.<br />
Sur les six <strong>de</strong>rniers mois, la hausse<br />
enregistrée sur les principales places<br />
boursières est tout simplement la plus<br />
forte jamais observée <strong>de</strong>puis 50 ans !<br />
Les investisseurs parient sur la fin <strong>de</strong><br />
la crise, grâce aux mesures fortes prises<br />
par les autorités politiques et<br />
monétaires à travers le mon<strong>de</strong> pour la<br />
combattre. Sur fond d'indicateurs<br />
économiques donnant partout <strong>de</strong>s<br />
signes <strong>de</strong> redressement, tous tablent<br />
sur un scénario <strong>de</strong> reprise mondiale<br />
qui aurait déjà commencé et qui se<br />
renforcera en 2010.<br />
Dans ce climat ultra-optimiste, la<br />
bourse <strong>de</strong> Tel-Aviv, qui avait moins<br />
baissé que les autres au plus fort <strong>de</strong> la<br />
crise, affiche désormais les meilleures<br />
performances parmi les principales<br />
places internationales : <strong>de</strong>puis mars<br />
<strong>de</strong>rnier, la hausse y atteint 57%, contre<br />
40% pour New-York, 45% pour Tokyo<br />
et 42% pour <strong>Paris</strong>.<br />
La bourse israélienne profite certes<br />
<strong>de</strong> ce climat <strong>de</strong> confiance global, mais<br />
cette performance exceptionnelle et<br />
inédite par rapport aux autres<br />
principales places dans le mon<strong>de</strong>, tout<br />
comme la très bonne tenue du shekel<br />
<strong>de</strong>puis plusieurs mois, reflètent avant<br />
tout une très gran<strong>de</strong> confiance <strong>de</strong>s<br />
investisseurs dans l'économie<br />
israélienne.<br />
Grâce notamment à <strong>de</strong>s secteurs<br />
bancaire, immobilier et technologique<br />
qui n'ont pas été aussi frappés par la<br />
crise que dans les principales<br />
économies <strong>de</strong> la planète, les<br />
fondamentaux économiques israéliens<br />
résistent bien et apparaissent<br />
aujourd'hui comme particulièrement<br />
soli<strong>de</strong>s. D'une part, la croissance<br />
économique est re<strong>de</strong>venue positive au<br />
<strong>de</strong>uxième trimestre 2009 (+1.2%, après<br />
-3.2% au premier trimestre), un résultat<br />
qui n'a été observé ni aux Etats-Unis,<br />
ni en Europe. D'autre part, les finances<br />
publiques ont été davantage<br />
sauvegardées qu'ailleurs grâce à une<br />
rigueur budgétaire plus marquée et<br />
l'absence <strong>de</strong> nécessité <strong>de</strong> mettre en<br />
place un plan <strong>de</strong> relance trop<br />
gourmand en dépenses publiques<br />
comme cela a trop souvent été le cas<br />
dans les économies touchées par la<br />
crise. Par ailleurs, une certaine phase<br />
<strong>de</strong> stabilité politique et militaire <strong>de</strong>puis<br />
les <strong>de</strong>rnières élections générales est<br />
aussi <strong>de</strong> nature à rassurer les<br />
investisseurs.<br />
C'est dans ce contexte positif, que<br />
l'agence <strong>de</strong> notation internationale<br />
Moody's ainsi que l'OCDE ont<br />
récemment émis un jugement très<br />
positif sur l'économie israélienne,<br />
accompagné <strong>de</strong> perspectives très<br />
Un optimisme excessif et prématuré ?<br />
favorables, et que la Banque centrale<br />
d'Israël a décidé, le 24 août face aux<br />
signes <strong>de</strong> reprise, <strong>de</strong> relever son taux<br />
directeur (<strong>de</strong> 0.50% à 0.75%),<br />
confirmant ainsi par ce geste<br />
symbolique son optimisme pour les<br />
perspectives <strong>de</strong> reprise. Un tel geste<br />
n'a, pour l'heure, été décidé par aucune<br />
<strong>de</strong>s autres principales banques centrale<br />
dans le mon<strong>de</strong>.<br />
Ce rebond <strong>de</strong> la bourse <strong>de</strong> Tel-Aviv<br />
signifie-t-il cependant que la crise est<br />
ECONOMIE<br />
PHILIPPE MEYER<br />
terminée en Israël comme ailleurs ?<br />
Loin s'en faut. Sur le plan international,<br />
la solidité <strong>de</strong> la reprise<br />
mondiale, dont l'économie israélienne<br />
est tellement dépendante, n'est pour<br />
l'heure pas acquise. Sur le plan<br />
intérieur, malgré <strong>de</strong>s signaux<br />
La bourse <strong>de</strong> Tel-Aviv a rebondi <strong>de</strong> 57%<br />
<strong>de</strong>puis six mois, du jamais vu, contre 40%<br />
à New-York et à <strong>Paris</strong><br />
indéniablement encourageants, mais<br />
qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à être confirmés, le<br />
chômage continue <strong>de</strong> monter pour<br />
atteindre 8% et les problèmes sociaux<br />
<strong>de</strong>meurent largement préoccupants .<br />
Quant à la situation politique et<br />
militaire, qui peut aujourd'hui garantir<br />
une stabilité durable et l'absence <strong>de</strong><br />
nouvelles tensions dans les mois à<br />
venir ?<br />
Face aux exagérations coutumières<br />
<strong>de</strong>s marchés financiers, la pru<strong>de</strong>nce<br />
doit donc rester <strong>de</strong> mise. La récente<br />
crise n'était pas celle <strong>de</strong> 1929 et la<br />
reprise qui tente <strong>de</strong> se <strong>de</strong>ssiner ne sera<br />
pas fulgurante. Après une baisse<br />
vertigineuse, vient le temps d'un<br />
rebond surprenant. Les marchés ne<br />
connaissent malheureusement pas le<br />
juste milieu. Malgré le débat actuel sur<br />
les leçons à tirer <strong>de</strong> la crise, les<br />
marchés financiers restent trop<br />
nerveux, aveugles et excessifs. Cette<br />
incapacité chronique à refléter<br />
fidèlement la situation réelle <strong>de</strong><br />
l'économie, dans un sens comme dans<br />
l'autre, <strong>de</strong>meure un problème majeur,<br />
même si ses conséquences suscitent<br />
moins <strong>de</strong> réactions quand les marchés<br />
s'envolent que lorsqu'ils s'effondrent.<br />
Et pourtant, la responsabilité <strong>de</strong>s<br />
pouvoirs publics est d'éviter aussi bien<br />
un pessimisme infondé qu'un<br />
optimisme débridé. Dans les <strong>de</strong>ux cas,<br />
les risques encourus pour l'économie<br />
réelle sont trop importants pour être<br />
négligés.<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 19
HUMEUR<br />
Interrogations<br />
Six heures du matin. Les émissions<br />
<strong>de</strong> Kol Israël commencent<br />
régulièrement par la récitation par<br />
le speaker du Chema Israël. Moment<br />
<strong>de</strong> grâce et d'émotion. Instant privilégié<br />
qui éclaire la journée d'une<br />
lumière particulière.<br />
Que l'on soit pratiquant ou non !<br />
Un juif israélien, Uri Davis,<br />
vient d'être élu membre <strong>de</strong> la direction<br />
du Fatah. Ce sabra ayant<br />
épousé, en quatrièmes noces, une<br />
musulmane, il lui a fallu du même<br />
coup se convertir à l'islam. Il dit militer<br />
désormais pour la <strong>de</strong>struction<br />
pure et simple <strong>de</strong> l'Etat sioniste.<br />
Nous savons qu'il n'est pas le seul<br />
dans ce cas.<br />
Avez-vous remarqué que, malgré<br />
la Shoah et les plaies creusées au<br />
flanc du vingtième siècle, certains<br />
<strong>de</strong>s nôtres ont un talent supérieur<br />
quand il s'agit d'insulter ce qu'ils<br />
appellent encore leur peuple d'origine<br />
?<br />
Israël, pays <strong>de</strong> paradoxes ?<br />
Quiconque a pris un jour l'avion<br />
pour Tel Aviv ou pour les Etats-Unis<br />
sait que, s'il transporte dans ses<br />
bagages <strong>de</strong> cabine, une paire <strong>de</strong><br />
ciseaux, un dérisoire coupe-ongles<br />
ou le moindre flacon d'after shave, il<br />
en sera dépossédé sur le champ sans<br />
autre forme <strong>de</strong> procès. On ne plaisante<br />
pas, dans les aéroports, avec<br />
les dures exigences <strong>de</strong> la sécurité.<br />
Fort bien et nul, en vérité, ne<br />
trouve à y redire.<br />
Mais comment expliquer alors<br />
qu'un soldat ayant tout à la fois un<br />
passé <strong>de</strong> délinquant et un casier<br />
judiciaire puisse entrer comme il<br />
veut et à l'heure qu'il veut dans le<br />
Saint <strong>de</strong>s Saints <strong>de</strong> Tzahal, l'armée<br />
d'Israël : le bureau du chef d'étatmajor<br />
lui-même? Comment expliquer<br />
que ce soldat ait pu tout à loisir y<br />
photocopier la carte bancaire du<br />
général en chef et y dérober - entre<br />
20 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
On croyait que les<br />
secrets d'Israël étaient<br />
mieux gardés.<br />
Gaby Ashkénazi<br />
autres - un revolver, le tout revendu,<br />
le jour même à <strong>de</strong>s délinquants arabes<br />
appartenant à la pègre ?<br />
On peut sans difficulté imaginer<br />
ce qui se serait passé si le soldat en<br />
question avait placé une bombe sur<br />
le siège du général en chef ou s'il<br />
avait " simplement " installé <strong>de</strong>s<br />
micros dans le bureau du militaire<br />
le plus gradé du pays.<br />
On pensait que les secrets d'Israël<br />
étaient mieux gardés…<br />
Le cours traditionnel du<br />
regretté Emmanuel Lévinas avait, ce<br />
samedi-là, commencé après l'office,<br />
<strong>de</strong> manière inhabituelle. Le philosophe<br />
tenait à avertir les fidèles qui<br />
venaient l'écouter qu'il venait <strong>de</strong><br />
recevoir <strong>de</strong> l'un d'entre eux une lettre<br />
peu sympathique, évi<strong>de</strong>mment<br />
anonyme et dans laquelle on mettait<br />
en cause le peu <strong>de</strong> pratique religieuse<br />
dont il semblait faire preuve<br />
: " On me reproche notamment d'apporter<br />
avec moi le jour du shabbat<br />
les livres dont j'ai besoin ". Le philosophe<br />
semblait quelque peu attristé<br />
qu'on puisse ainsi lui reprocher <strong>de</strong><br />
ne pas se conduire en juif ultraorthodoxe,<br />
ce qu'il n'a jamais prétendu<br />
être.<br />
J'observai alors un à un les auditeurs<br />
présents et fis immédiatement<br />
part à l'un <strong>de</strong> mes amis que je<br />
croyais savoir qui était l'auteur <strong>de</strong> la<br />
lettre anonyme. Le cours terminé, je<br />
me dirigeai donc vers cet auditeur,<br />
un juif dont l'ultra- orthodoxie était<br />
manifestement équivalente à son<br />
ignorance. C'était un <strong>de</strong> ces juifs<br />
dont la tradition dit qu'ils sont " am<br />
haaaretz ", peuple <strong>de</strong> la terre.<br />
- Pourquoi as-tu envoyé cette lettre<br />
anonyme à M.Lévinas ?<br />
- Je l'ai fait parce que vous jouez<br />
tous, ici, à vous présenter en juifs<br />
religieux. Vous étudiez les commentaires<br />
<strong>de</strong> Rachi alors que vous n'êtes<br />
pas réellement observants. Vous êtes<br />
donc <strong>de</strong>s hypocrites et <strong>de</strong>s
mécréants. Je suis sûr que, vous<br />
autant que lui, irez tous brûler, le<br />
moment venu, en enfer!<br />
-L'enfer, après la mort, n'est en<br />
vérité qu'une vague hypothèse<br />
d'école, lui répondis-je. Mais il existe<br />
dans la vie <strong>de</strong> tous les jours un enfer,<br />
véritable celui-là, celui dans lequel<br />
certains semblent vivre. C'est celui<br />
<strong>de</strong> l'ignorance satisfaite d'elle-même,<br />
celui <strong>de</strong> l'extrémisme agressif et<br />
imbécile, <strong>de</strong> l'irrespect et <strong>de</strong> l'incompétence<br />
arrogante.<br />
Depuis ce jour-là, on ne le revit<br />
plus jamais au cours du samedi.<br />
On me dit qu'il se mit à fréquenter<br />
une yechiva dans le neuvième<br />
arrondissement <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>. Cela lui<br />
permettra au moins dans l'avenir <strong>de</strong><br />
signer <strong>de</strong> son nom son courrier et,<br />
à l'occasion, d'y formuler distinctement<br />
ses arguments.<br />
L'autre vient <strong>de</strong> se<br />
livrer à l'encontre du<br />
prési<strong>de</strong>nt américain à<br />
une attaque dont rien<br />
n'empêche <strong>de</strong> penser<br />
qu'elle est raciste et<br />
d'une lamentable<br />
bassesse.<br />
Ils savent, <strong>de</strong>puis leur plus<br />
tendre enfance, pour l'avoir appris<br />
dans le Pirké Avot, que le silence est<br />
d'or. Ils ont souvent enseigné à leurs<br />
disciples que tel maître du Talmud<br />
ne trouvait rien <strong>de</strong> meilleur pour la<br />
vie <strong>de</strong> l'homme que le silence. Mais<br />
eux-mêmes n'en font rien. Ils n'ont<br />
<strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> prendre position, <strong>de</strong><br />
manière intempestive et brutale, sur<br />
<strong>de</strong>s sujets dont ils ignorent tout et<br />
se soucient, au fond, comme d'une<br />
guigne, du mal que leurs propos<br />
imbéciles et parfois irresponsables<br />
peuvent faire tout à la fois au<br />
judaïsme, à l'Etat d'Israël et d'abord<br />
au métier, à la fonction et au sacerdoce<br />
qu'ils exercent.<br />
L'un d'entre eux - et non <strong>de</strong>s moindres<br />
puisqu'il a longtemps occupé<br />
les fonctions <strong>de</strong> grand rabbin d'Israël<br />
- annonce, en ce mois d'août,<br />
urbi et orbi que les juges d'Israël,<br />
parce qu'ils ont condamné un rabbin<br />
convaincu <strong>de</strong> corruption, sont<br />
<strong>de</strong>s " mécréants " (Vraiment ? Tous?<br />
Mais on y pense, les rabbins euxmêmes<br />
ne font-ils pas souvent office<br />
<strong>de</strong> juges?)<br />
Le même prélat du judaïsme a<br />
redit à haute et intelligible voix à<br />
ses fidèles - selon le site Internet du<br />
journal Maariv en date du 31 août - Barack Obama<br />
HUMEUR<br />
que ceux d'entre eux qui, à l'occasion<br />
d'une élection israélienne, mettront<br />
dans les urnes un bulletin du<br />
parti Chas sont assurés <strong>de</strong> gagner<br />
leur place au paradis. On ne savait<br />
pas, pour dire le moins, que l'entrée<br />
au jardin d'E<strong>de</strong>n était aussi facile<br />
et aussi aisée. On la croyait, au<br />
contraire, réservée à <strong>de</strong>s happy few,<br />
<strong>de</strong>s hommes d'exigence qui ont <strong>de</strong>s<br />
titres plus soli<strong>de</strong>s à faire valoir.<br />
L'autre, parce qu'il appartient à<br />
une famille <strong>de</strong> rabbins dont le nom<br />
fut prestigieux en d'autres temps et<br />
sous d'autres cieux, vient tout simplement,<br />
en évoquant une référence<br />
à un texte du Zohar, <strong>de</strong> se livrer à<br />
l'encontre du prési<strong>de</strong>nt américain,<br />
Barack Obama à une attaque dont<br />
rien n'empêche <strong>de</strong> penser qu'elle<br />
est raciste et d'une lamentable bassesse<br />
: " Comment un tel homme - a<br />
dit le lamentable rabbin - qui est<br />
noir peut-il donner un ordre quelconque<br />
à Israël alors qu'il appartient<br />
à une race d'esclaves ?".<br />
Faut-il vraiment commenter ? Il ne<br />
sert sans doute à rien <strong>de</strong> rappeler à<br />
<strong>de</strong> tels hommes d'une part que nous<br />
fumes nous-mêmes jadis esclaves en<br />
Egypte ( nous le crions assez dans<br />
nos différentes liturgies ) et, d'autre<br />
part, ce que nos maîtres ont <strong>de</strong> tout<br />
temps enseigné : la vie et la mort<br />
dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la langue (Mavet<br />
vehayim beyad lachone).<br />
Mon Dieu, pardonnez-leur d'oublier<br />
le soir ce qu'ils enseignent le<br />
matin dans leurs académies.<br />
Après tout, ils ne savent peut-être<br />
pas ce qu'ils disent !<br />
Qui a dit que les paroles s'envolent<br />
et que les écrits restent ?<br />
Voyez les pages écrites dans notre<br />
enfance quand le soleil les a longtemps<br />
brûlées. Aucun scribe n'y<br />
retrouverait ses petits !<br />
Quant aux paroles, il y a quelques<br />
milliers d'années, les Hébreux en<br />
ont entendu Dix énoncées dans un<br />
désert au haut d'une petite montagne<br />
et, <strong>de</strong>puis lors, ils s'y réfèrent<br />
sans se lasser !<br />
V.M<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 21
DIASPORA<br />
Les Juifs<br />
du roi Albert PAR<br />
22 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
GÉRARD SILVAIN<br />
Philippe Pierret, docteur en histoire <strong>de</strong>s religions, conservateur au Musée juif <strong>de</strong> Belgique et Gérard Silvain<br />
qui a publié <strong>de</strong> nombreux ouvrages sur l'histoire illustrée <strong>de</strong> la diaspora juive à partir <strong>de</strong> sa collection <strong>de</strong><br />
28.000 cartes postales anciennes ont uni leurs efforts pour présenter au lecteur cet ouvrage " Une mémoire<br />
<strong>de</strong> papier. Images <strong>de</strong> la vie juive en Belgique " (Luc Pire. Filipson Editions ). Plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cent- soixante petits<br />
bristols illustrés sont rassemblés dans ce livre qui constitue un véritable kaléidoscope du judaïsme belge.<br />
Nous avons rencontré les auteurs.<br />
I.J : Pourquoi l'histoire du judaïsme<br />
belge est-elle souvent méconnue ?<br />
Dans le sillage <strong>de</strong>s armées romaines,<br />
on signale l'arrivée <strong>de</strong>s Juifs dans la<br />
région entre les années 50 et 60 <strong>de</strong><br />
notre ère. Quelques rares vestiges<br />
archéologiques attestent la présence<br />
juive au moyen âge ; une stèle funéraire<br />
<strong>de</strong> 1255 découverte à Tirlemont ainsi<br />
que l'établissement, au même endroit,<br />
d'une importante yeshivah. La croisa<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> 1090, l'expulsion <strong>de</strong>s Juifs du<br />
Brabant en 1261, ainsi que les<br />
Le général Bernheim<br />
massacres qui ont accompagné la<br />
gran<strong>de</strong> peste <strong>de</strong> 1380,ont décimé les<br />
communautés entre le 11ème et le<br />
14ème siècle.<br />
I.J : Serait-ce parce que les juifs belges<br />
sont peu nombreux ou bien parce qu'ils ne<br />
se sont beaucoup illustrés dans le domaine<br />
intellectuel ?<br />
La faiblesse numérique <strong>de</strong> la<br />
communauté ainsi que l'absence <strong>de</strong><br />
personnalités emblématiques au niveau<br />
international, peuvent effectivement<br />
expliquer le peu d'intérêt<br />
<strong>de</strong>s historiens et <strong>de</strong>s<br />
chercheurs pour cette<br />
histoire. C'est d'autant<br />
plus regrettable que <strong>de</strong>s<br />
pistes passionnantes<br />
restent à explorer. On a<br />
recensé, par exemple, <strong>de</strong><br />
nombreuses " rues aux<br />
juifs " sans qu'aucune<br />
preuve n'ait été apportée<br />
concernant le passage ou<br />
l'établis-sement <strong>de</strong> Juifs<br />
à ces endroits !<br />
I.J : Il y a <strong>de</strong>s figures<br />
emblématiques du judaïsme<br />
belge. Vous évoquez les parcours<br />
du grand rabbin Aristi<strong>de</strong><br />
Astruc et du général<br />
Louis Bernheim. Qu'ont-ils<br />
représenté l'un et l'autre ?<br />
Alexandre Astruc,<br />
d'origine séfara<strong>de</strong>,<br />
représente une vision<br />
mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la morale<br />
sinaïtique. Concepteur<br />
d'une liturgie débarrassée<br />
<strong>de</strong> certains rites et <strong>de</strong><br />
traditions qu'il jugeait<br />
obsolètes, il est fortement<br />
controversé .C'est en<br />
Belgique que ses idées<br />
novatrices ont obtenu la<br />
plus large audience .Membre fondateur<br />
<strong>de</strong> l'Alliance Israélite Universelle, ce<br />
libéral a contribué, mieux que quiconque,à<br />
la compréhension du judaïsme<br />
parmi les non juifs.<br />
Quant au général Bernheim, le<br />
scandale qu'ont provoqué sa mort et ses<br />
obsèques ont éclipsé pour un temps sa<br />
brillante carrière militaire.<br />
I.J : Il y a eu <strong>de</strong> nombreuses familles juives<br />
qui ont contribué gran<strong>de</strong>ment à l'essor<br />
du royaume et notamment dans le domaine<br />
<strong>de</strong> la politique et <strong>de</strong> la banque…<br />
Dans notre ouvrage nous avons passé<br />
en revue l'ensemble <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />
familles <strong>de</strong> la bourgeoisie juive qui ont<br />
" fait " la Belgique sans oublier pour<br />
autant les petits qui ont œuvré à leur<br />
manière au dévelop-pement du<br />
royaume.<br />
I.J : Vous rappelez dans votre livre que<br />
Ludwig Lazar Zamenhof, l'inventeur <strong>de</strong> l'espéranto<br />
et le grand poète Hayim Nahman Bialik<br />
ont séjourné en Belgique.<br />
Il nous a semblé intéressant <strong>de</strong><br />
signaler les visites officielles à Bruxelles<br />
<strong>de</strong> gloires du judaïsme mondial, à<br />
l'exemple <strong>de</strong> Zamenhof, <strong>de</strong> Marcus<br />
Samuel ou <strong>de</strong> Bialik, car les<br />
manifestations qui avaient été<br />
organisées à ces occasions avaient attiré<br />
<strong>de</strong>s foules considérables dans la<br />
capitale.<br />
I.J : Aujourd'hui on évalue la population<br />
juive du pays entre 40.000 et 45.000<br />
âmes. Qu'est-ce qui caractérise ces communautés<br />
?<br />
Les juifs <strong>de</strong> Belgique ont les mêmes<br />
préoccupations que celles <strong>de</strong>s autres<br />
communautés à travers le mon<strong>de</strong> :<br />
recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong> l'antisémitisme,<br />
soutien à Israël, confrontations<br />
idéologiques entre laïques et religieux.
Cependant, les juifs d'Anvers se<br />
singularisent. Seuls en Europe, les<br />
15000 membres <strong>de</strong> cette communauté<br />
parlent encore le yddish et leur vie<br />
quotidienne est calquée sur celle <strong>de</strong>s<br />
shtetls d'avant la shoah.<br />
I.J : La communauté orthodoxe d'Anvers<br />
est l'une <strong>de</strong>s plus importantes d'Europe et<br />
l'une <strong>de</strong>s rares communautés juives au<br />
mon<strong>de</strong> où le yiddish est la première langue.<br />
Ainsi sur les 45 synagogues que compte le<br />
pays, 30 se trouvent à Anvers.<br />
Comment s'est formée cette communauté<br />
?<br />
Les crypto juifs s'installent à<br />
Anvers à la fin du XVème<br />
siècle. Dès le XVIème siècle ,ils<br />
achètent et ils ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />
marchandises et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées très<br />
diverses mais ils s'investissent<br />
particulièrement dans le<br />
commerce du diamant. A partir<br />
<strong>de</strong> 1713, <strong>de</strong>s ashkénazes<br />
rejoignent les séfara<strong>de</strong>s et, à<br />
partir <strong>de</strong> 1832, une vague<br />
d'immigration, originaire<br />
d'Europe centrale et orientale,<br />
va numériquement submerger<br />
la communauté <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants<br />
<strong>de</strong>s expulsés d'Espagne.<br />
I.J : A la suite <strong>de</strong> quoi cette cité<br />
est-elle <strong>de</strong>venue la " ville du commerce<br />
du diamant " ?<br />
Ces orthodoxes vont finir par<br />
imposer leur langue<br />
vernaculaire à tous les acteurs<br />
participant au commerce et à<br />
l'industrie du diamant et ce<br />
jusqu'à nos jours . Cependant,<br />
<strong>de</strong>puis quelques années, le<br />
diamant est passé<br />
insensiblement <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong>s<br />
Juifs à celui <strong>de</strong>s Indiens.<br />
I.J : Vous notez qu'à la différence<br />
<strong>de</strong> la France, <strong>de</strong> l'Allemagne, <strong>de</strong> la Russie<br />
et <strong>de</strong> la Pologne, qui ont imprimé et diffusé<br />
<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> cartes postales<br />
antisémites, la Belgique, elle, n'a pas voulu<br />
exploiter ce filon commercial. Pour quelle<br />
raison ?<br />
Il faut savoir que la production <strong>de</strong> la<br />
carte postale ne répond qu'à <strong>de</strong>s critères<br />
<strong>de</strong> rentabilité. On peut subodorer<br />
qu'après une sérieuse étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> marché<br />
aucun éditeur n'a jugé utile d'investir<br />
Dans l'imaginaire collectif, la carte postale n'a<br />
représenté durant <strong>de</strong>s décennies qu'un souvenir <strong>de</strong><br />
voyage ou la corvée <strong>de</strong>s vœux <strong>de</strong> nouvel an.<br />
dans un marché déjà envahi par la<br />
concurrence agressive <strong>de</strong>s pays<br />
limitrophes.<br />
I.J : Vous considérez d'ailleurs que l'antisémitisme<br />
belge n'a jamais atteint les violences<br />
que l'on a connues en France et en<br />
Allemagne.<br />
Si vous faites allusion à la carte<br />
postale on peut considérer que les<br />
A l'heure du shofar<br />
caricaturistes belges n'ont pas atteint le<br />
<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> haine et <strong>de</strong> furie antisémites<br />
que l'on peut observer en Allemagne,<br />
en Hongrie ou en Russie, pour ne citer<br />
que ces trois pays.<br />
I.J : Vous rappelez aussi que le réseau Internet<br />
diffuse aujourd'hui à propos du célèbre<br />
Mannekenpis une légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> meurtre rituel.<br />
DIASPORA<br />
Internet ne fait que reprendre une<br />
légen<strong>de</strong> récurrente qui s'est transmise<br />
<strong>de</strong> bouche à oreille dans les milieux<br />
chrétiens <strong>de</strong>puis le Moyen Age,en dépit<br />
<strong>de</strong> plusieurs bulles papales mettant en<br />
gar<strong>de</strong> les autorités religieuses contre les<br />
exactions commises par les foules<br />
fanatisées à la suite <strong>de</strong>s accusations <strong>de</strong><br />
meurtre rituel.<br />
I.J : Dans votre travail, la carte postale<br />
vient , dites-vous, au secours <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
histoire, même si elle a été méprisée par<br />
les chercheurs et les sociologues. Dans<br />
quel sens ai<strong>de</strong>-t-elle à un éclairage <strong>de</strong> l'histoire<br />
d'un pays ?<br />
Dans l'imaginaire collectif, la carte<br />
postale n'a représenté durant <strong>de</strong>s<br />
décennies qu'un souvenir <strong>de</strong> voyage<br />
ou la corvée <strong>de</strong>s vœux <strong>de</strong><br />
nouvel an. Or <strong>de</strong>puis sa<br />
création en 1869, et<br />
particulièrement <strong>de</strong>puis<br />
qu'elle <strong>de</strong>vient illustrée dans<br />
les années 1880, le petit<br />
bristol a joué un rôle<br />
sociologique et mémoriel <strong>de</strong><br />
première importance. Sait-on<br />
par exemple que, grâce aux<br />
milliers <strong>de</strong> cartes postales<br />
éditées jusqu'en 1939, le<br />
centre historique <strong>de</strong> Varsovie,<br />
rasé par les nazis et les<br />
Soviétiques, a pu, en gran<strong>de</strong><br />
partie, être reconstitué.<br />
I.J : Comment expliquez-vous<br />
qu'il y ait et en Belgique très peu<br />
<strong>de</strong> cartes postales à thème juif ?<br />
Parce qu'aucun éditeur<br />
belge, fût-il juif, à l'instar d'un<br />
Marcovici, d'unVan Dantzig<br />
,d'un Rosenbaum ou d'un<br />
Nias, ne s'est intéressé à ce<br />
sujet. Toutes les cartes qui<br />
illustrent cette problématique<br />
entrent dans le cadre d'une<br />
production généraliste. Ainsi,<br />
les synagogues ont été photographiées<br />
comme<br />
monuments au même titre<br />
que les églises ou les temples<br />
protestants.<br />
I.J : A quel type <strong>de</strong> lecteur <strong>de</strong>stinez-vous<br />
votre travail ?<br />
Nous pensons que cet ouvrage est<br />
susceptible <strong>de</strong> toucher toutes les<br />
catégories <strong>de</strong> lecteurs curieux <strong>de</strong><br />
s'ouvrir sur un mon<strong>de</strong> méconnu. Les<br />
Juifs <strong>de</strong> Belgique ne sont-ils pas pour<br />
d'aucuns, à commencer par les Juifs<br />
eux-mêmes, <strong>de</strong>s éléphants roses ?<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 23
DIASPORA<br />
La petite fille<br />
<strong>de</strong> Cappa PAR<br />
Sur une photo célèbre <strong>de</strong><br />
Robert Cappa, prise en<br />
1949, une toute petite<br />
fille en haillons pleure<br />
<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s tentes<br />
dressées en plein<br />
désert. Comme ce document fait<br />
partie d’une série intitulée Camps <strong>de</strong><br />
réfugiés en Palestine, la plupart <strong>de</strong>s<br />
archivistes pensent aujourd’hui qu’il<br />
s’agit d’une réfugiée arabe. En fait,<br />
Cappa et la plupart <strong>de</strong> ses collègues<br />
utilisaient encore indifféremment, à<br />
cette époque, les termes <strong>de</strong> Palestine<br />
et d’Israël. La scène se déroule en<br />
Israël, et non en Cisjordanie ou à<br />
Gaza. La fillette est une réfugiée juive.<br />
Et elle est originaire d’un pays arabe.<br />
A la fin <strong>de</strong>s années 1940, plus d’un<br />
million <strong>de</strong> Juifs vivaient dans les pays<br />
d’islam, du Maghreb à l’Afghanistan<br />
: plus <strong>de</strong> six cents mille au Maghreb<br />
et en Libye, près <strong>de</strong> cent cinquante<br />
mille, respectivement, en Turquie, en<br />
Iran, cent mille en Egypte et au<br />
Yémen, soixante mille en Syrie et au<br />
Liban, quarante mille en Afghanistan.<br />
Cette population – Edoth ha Mizrah<br />
en hébreu, “Communautés <strong>de</strong><br />
l’Orient”, pratiquant le plus souvent<br />
le rite séphara<strong>de</strong> – a bénéficié d’une<br />
très forte croissance démographique<br />
jusque dans les années 1960, puis<br />
d’une croissance un plus modérée :<br />
multipliée par plus <strong>de</strong> trois en<br />
soixante ans, elle compte aujourd’hui<br />
plus <strong>de</strong> quatre millions d’âmes. Mais<br />
elle ne rési<strong>de</strong> plus dans ses pays<br />
d’origine : il ne reste que 3000 à 4000<br />
24 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
Juifs au Maroc, quelques centaines<br />
en Tunisie, vingt mille,<br />
respectivement, en Turquie et en Iran,<br />
quelques centaines en Syrie et au<br />
Yémen. Soit 3 à 4 % du chiffre<br />
originel. Les autres, plus <strong>de</strong> 95 %, ont<br />
été contraints à l’exil, par vagues<br />
successives ou simultanées. Les <strong>de</strong>ux<br />
tiers d’entre eux se sont réfugiés en<br />
Israël. Le troisième tiers s’est installé<br />
en Europe, notamment en France, en<br />
Italie et en Gran<strong>de</strong>-Bretagne, mais<br />
aussi aux Etats-Unis, au Canada, en<br />
Amérique latine, en Afrique<br />
subsahélienne ou en Australie.<br />
“Retour <strong>de</strong> balancier”<br />
On affirme communément que cet<br />
exo<strong>de</strong> est une conséquence<br />
malheureuse du conflit israélo-arabe,<br />
et que l’expulsion <strong>de</strong>s Juifs aurait fait<br />
suite, selon la règle du Talion, à celle<br />
<strong>de</strong>s Arabes palestiniens. En réalité,<br />
Les réfugiés juifs ont été intégrés, au fil <strong>de</strong>s ans, au<br />
sein <strong>de</strong> la société israélienne, tandis que les réfugiés<br />
arabes ont été pérennisés en tant que tels, à <strong>de</strong>s fins<br />
politiques ou stratégiques évi<strong>de</strong>ntes.<br />
l’éviction <strong>de</strong>s communautés <strong>de</strong><br />
l’Orient a commencé le plus souvent<br />
avant la fondation <strong>de</strong> l’Etat d’Israël<br />
en 1948. Et comme l’ont noté Laurent<br />
et Annie Chabry dans Politique et<br />
minorités au Proche-Orient<br />
(Maisonneuve et Larose, 1984), l’un<br />
<strong>de</strong>s livres les plus pénétrants sur la<br />
question, elle se déroule dans le cadre<br />
d’un “retour <strong>de</strong> balancier”<br />
géopolitique qui permet à la majorité<br />
musulmane, portée par un renouveau<br />
démographique, <strong>de</strong> se “venger” <strong>de</strong><br />
l’émancipation et <strong>de</strong> l’ascension<br />
sociale dont ont bénéficié les<br />
minorités non-musulmanes, grâce à<br />
la protection occi<strong>de</strong>ntale, <strong>de</strong>puis le<br />
MICHEL GURFINKIEL<br />
XIXe siècle. Les chrétiens subissent<br />
une longue suite <strong>de</strong> tragédies, du<br />
génoci<strong>de</strong> arménien au génoci<strong>de</strong><br />
assyrien, <strong>de</strong> celui-ci à la persécution<br />
<strong>de</strong>s coptes, <strong>de</strong>s atrocités <strong>de</strong> Dammour<br />
au “nettoyage ethnique” <strong>de</strong>s chrétiens<br />
<strong>de</strong> Cisjordanie après la mise en place,<br />
en 1994, <strong>de</strong> l’Autorité palestinienne.<br />
Les Juifs ne sont pas en reste. Dans<br />
presque tous les pays musulmans, ils<br />
fuient à la suite <strong>de</strong> violences (y<br />
compris <strong>de</strong> pogromes), <strong>de</strong><br />
harcèlements et <strong>de</strong> persécutions.<br />
Presque partout, le gouvernement<br />
prend <strong>de</strong>s mesures législatives ou<br />
réglementaires en vue d’accélérer leur<br />
exo<strong>de</strong> mais aussi <strong>de</strong> confisquer leurs<br />
biens. Dans certains pays, et non les<br />
moindres, les autorités coopèrent<br />
après 1948 avec les organisations<br />
sionistes ou le gouvernement <strong>de</strong><br />
Jérusalem en vue <strong>de</strong> transférer<br />
directement la population juive en<br />
Israël.<br />
“Le Farhoud”<br />
Depuis quelques années, certains<br />
Juifs originaires <strong>de</strong> pays d’Orient<br />
consacrent la date du 1er juin, selon le<br />
calendrier international, ou<br />
alternativement celle du 5 sivan, selon<br />
le calendrier juif, à la commémoration<br />
<strong>de</strong> leur expulsion. C’est en effet les 1er<br />
et 2 juin 1941, au moment <strong>de</strong> la fête <strong>de</strong><br />
Shavuoth et sept ans avant la fondation<br />
d’Israël, que l’une <strong>de</strong>s communautés<br />
les plus anciennes, les plus nombreuses<br />
et les plus prospères du mon<strong>de</strong> arabe<br />
– la communauté d’Irak - a subi un<br />
pogrome sans précé<strong>de</strong>nt, le Farhoud,<br />
et compris qu’elle n’avait plus d’avenir<br />
dans son pays.<br />
On compte près <strong>de</strong> cent cinquante<br />
mille Juifs en Irak au début <strong>de</strong>s années<br />
1940, soit 3 % <strong>de</strong> la population globale,<br />
alors estimée à 4,5 millions d’âmes. La<br />
moitié d’entre eux vivent à Bagdad,
vingt à trente mille au Kurdistan, près<br />
<strong>de</strong> cinquante mille dans le reste du<br />
pays. Disposant d’élites anglophones<br />
<strong>de</strong>puis le XIXe siècle, ils ont bénéficié<br />
<strong>de</strong> la confiance du premier souverain,<br />
le roi hachémite Fayçal ibn Hussein.<br />
De nombreux Juifs sont chefs<br />
d’entreprise, ingénieurs, avocats,<br />
banquiers, hauts fonctionnaires.<br />
Certains sont députés, sénateurs et<br />
même ministres. D’autres enfin sont<br />
écrivains, journalistes ou musiciens.<br />
Mais la situation a commencé à se<br />
dégra<strong>de</strong>r dès 1933, quand Ghazi Ier,<br />
playboy amateur <strong>de</strong> beaux<br />
uniformes, <strong>de</strong> voitures rapi<strong>de</strong>s et<br />
d’aéroplanes, succè<strong>de</strong> à Fayçal. Le<br />
nouveau souverain croit consoli<strong>de</strong>r<br />
son trône en misant sur le<br />
nationalisme arabe et l’islamisme,<br />
en se rapprochant <strong>de</strong> l’Allemagne<br />
hitlérienne et en multipliant les<br />
mesures contre les non-musulmans.<br />
Il se tue en 1939 dans un mystérieux<br />
acci<strong>de</strong>nt d’automobile. Mais<br />
l’extrémisme et son corollaire<br />
l’antisémitisme sont désormais<br />
installés au cœur <strong>de</strong> la vie politique.<br />
En mars 1941, un homme politique<br />
pro-allemand, Rashid Ali al-Ghaylani,<br />
tente d’établir une nouvelle dictature.<br />
Quand les Britanniques le renversent,<br />
trois mois plus tard, le “Farhoud”<br />
(“Grand Brigandage”) secoue Bagdad<br />
pendant <strong>de</strong>ux jours, les 1er et 2 juin. Il<br />
semble avoir été minutieusement<br />
organisé pendant les <strong>de</strong>rnières<br />
semaines du régime <strong>de</strong> Rashid Ali, qui<br />
comptait peut-être préparer <strong>de</strong> cette<br />
manière l’entrée en guerre officielle <strong>de</strong><br />
l’Irak aux côtés <strong>de</strong> l’Axe : les<br />
habitations et les commerces juifs<br />
avaient été marqués d’une main rouge,<br />
<strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> pogromistes, encadrés<br />
par <strong>de</strong>s militaires et <strong>de</strong>s étudiants<br />
membre <strong>de</strong> l’organisation pronazie Al-<br />
Futuwwa, avaient été affectées à<br />
chaque quartier <strong>de</strong> la capitale.<br />
Plusieurs quartiers sont pillés et<br />
incendiés. Près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents Juifs sont<br />
tués, plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille sont blessés,<br />
estropiés ou mutilés, <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong><br />
femmes ou <strong>de</strong> fillettes sont violées. Saul<br />
Silas Fathi, un témoin oculaire, raconte<br />
: “Le premier soir <strong>de</strong> la fête, nous<br />
n’eûmes qu’un repas léger,<br />
contrairement à toutes les habitu<strong>de</strong>s…<br />
Nous dormions sur la terrasse, en raison<br />
<strong>de</strong> la chaleur <strong>de</strong>s nuits d’été… Mais cette<br />
nuit là, nous ne pouvions nous<br />
endormir… Le ciel, au <strong>de</strong>ssus du centreville,<br />
avait une étrange couleur<br />
orangée… Quand mes parents s’en<br />
rendirent compte, ils se levèrent<br />
brusquement. Nous fîmes <strong>de</strong> même, et<br />
on ne nous ordonna pas <strong>de</strong> nous<br />
recoucher… Nos parents regardaient<br />
fixement l’incendie qui se propageaient<br />
Juifs d’Irak<br />
dans les quartiers juifs proches <strong>de</strong>s<br />
quartiers musulmans… Les flammes<br />
étaient visibles. On entendait le bois <strong>de</strong>s<br />
charpentes qui craquait… Bientôt, nous<br />
perçûmes <strong>de</strong>s hurlements, <strong>de</strong>s<br />
imprécations… Notre mère commença<br />
à pleurer. Notre père nous serra contre<br />
lui et pria à voix basse… Je m’éveillai le<br />
len<strong>de</strong>main matin en entendant <strong>de</strong>s cris…<br />
Sous nos yeux, <strong>de</strong>s gens se battaient à<br />
coups <strong>de</strong> couteau… Dans <strong>de</strong>s maisons<br />
voisines, <strong>de</strong>s Juifs sautaient <strong>de</strong> terrasse<br />
en terrasse, jusqu’à ce que <strong>de</strong>s voisins<br />
arabes, pris <strong>de</strong> pitié, les fassent entrer<br />
chez eux… L’armée<br />
britannique, qui<br />
avait désormais<br />
pris le contrôle <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong><br />
l’Irak, restait aux<br />
portes <strong>de</strong> Bagdad<br />
et se désin-téressait<br />
<strong>de</strong> ce qui s’y<br />
passait… Les<br />
atrocités se poursuivirent<br />
jusque<br />
dans l’après-midi.<br />
C’est à ce moment<br />
que le Régent Abdul-Ilah,<br />
rétabli à la<br />
tête <strong>de</strong> l’Etat,<br />
DIASPORA<br />
ordonna à la Division Kur<strong>de</strong>, la seule<br />
unité <strong>de</strong> l’armée royale considérée<br />
comme fiable, d’entrer dans la ville, <strong>de</strong><br />
mettre fin aux désordres et d’arrêter les<br />
meneurs. A <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> l’après-midi,<br />
un soldat kur<strong>de</strong> fut placé en faction<br />
<strong>de</strong>vant notre maison.”<br />
En 1947-1948, l’Irak prend part à la<br />
première guerre contre Israël, bien qu’il<br />
n’ait pas <strong>de</strong> frontière commune avec ce<br />
pays. En mars 1950, une loi spéciale<br />
permet aux Juifs d’émigrer, à<br />
condition <strong>de</strong> renoncer à leur<br />
nationalité et d’abandonner leurs<br />
biens : mieux, les autorités coopèrent<br />
à cette fin avec les Israéliens. Près <strong>de</strong><br />
quatre-vingt dix mille Juifs s’en vont<br />
en moins d’un an, à travers plusieurs<br />
ponts aériens. En janvier 1951, <strong>de</strong>s<br />
attentats provoquent l’exo<strong>de</strong> <strong>de</strong> trente<br />
mille Juifs supplémentaires. Les<br />
autres seront contraints à l’exil dans<br />
les années 1960, après la chute <strong>de</strong> la<br />
monarchie. Plus <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s Juifs<br />
irakiens ont trouvé refuge en Israël.<br />
Les autres se sont installés en Gran<strong>de</strong>-<br />
Bretagne et en Amérique du Nord.<br />
La même situation s’est répétée <strong>de</strong><br />
l’Atlantique au Pamir. L’un dans l’autre,<br />
il faudrait donc parler d’un “échange <strong>de</strong><br />
populations” global entre le mon<strong>de</strong><br />
islamique et Israël. A ceci près que<br />
l’initiative est venue du premier, et non<br />
du second. Et que les réfugiés juifs ont<br />
été intégrés, au fil <strong>de</strong>s ans, au sein <strong>de</strong> la<br />
société israélienne, tandis que les<br />
réfugiés arabes ont été pérennisés en<br />
tant que tels, à <strong>de</strong>s fins politiques ou<br />
stratégiques évi<strong>de</strong>ntes. M.G<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 25
LA VIE DU CONSISTOIRE<br />
Coup d'envoi <strong>de</strong>s dix jours<br />
du <strong>Consistoire</strong><br />
Les Dix jours du<br />
<strong>Consistoire</strong>, crées il y a<br />
<strong>de</strong>ux ans par le Prési<strong>de</strong>nt<br />
Joël Mergui, se sont<br />
tenus pour la troisième<br />
année consécutive du 5<br />
au 15 septembre à <strong>Paris</strong> et dans les<br />
gran<strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> province, et ont débuté<br />
sur les chapeaux <strong>de</strong> roue. A l'instar <strong>de</strong>s<br />
années précé<strong>de</strong>ntes, les événements<br />
<strong>de</strong>stinés à mieux faire connaitre les<br />
missions, les fonctions et les actions du<br />
<strong>Consistoire</strong> se sont d'emblée succédé<br />
partout à un rythme effréné.<br />
La rentrée nationale du Talmud Torah<br />
à eu lieu le dimanche 6 septembre, avec<br />
cette année une innovation <strong>de</strong> taille à<br />
<strong>Paris</strong> et en Ile <strong>de</strong> France : l'utilisation <strong>de</strong><br />
nouveaux manuels pédagogiques (cf.<br />
détails les pages suivantes), un nouveau<br />
programme <strong>de</strong> lecture, et <strong>de</strong>s formations<br />
à venir <strong>de</strong>stinées au cadre enseignant.<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong>, Joël<br />
Mergui, a visité <strong>de</strong> nombreux centres à<br />
<strong>Paris</strong> et en région parisienne,<br />
notamment Vauquelin, Vincennes,<br />
Enghien, et les administrateurs du<br />
<strong>Consistoire</strong> ont également montré<br />
26 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
l'importance que représente pour eux<br />
la transmission <strong>de</strong>s valeurs du judaïsme<br />
à travers nos talmu<strong>de</strong>i torah, en<br />
participant activement sur le terrain à<br />
cette rentrée nationale.<br />
Le même jour, le <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong><br />
et le <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> France ont célébré<br />
le dixième anniversaire <strong>de</strong> la Journée<br />
Européenne <strong>de</strong> la Culture et du<br />
La chorale et les instruments <strong>de</strong> la Victoire lors du concert<br />
Le grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, le Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong>, le rabbin <strong>de</strong> la Victoire,<br />
le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Victoire et les <strong>de</strong>ux hazanim à la fin du concert liturgique<br />
Patrimoine Juifs. Cette journée,<br />
organisée <strong>de</strong>puis dix ans par Madame<br />
Michèle Rotman, Vice-Prési<strong>de</strong>nte du<br />
<strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, a rencontré un<br />
grand succès. Elle avait pour thème "<br />
Fêtes et Traditions du Judaïsme ", et a<br />
été marquée par un programme très<br />
<strong>de</strong>nse et varié à travers <strong>de</strong> très<br />
nombreuses communautés <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> et<br />
<strong>de</strong> Province qui avaient proposé <strong>de</strong><br />
multiples événements <strong>de</strong>stinés à faire<br />
découvrir différentes facettes <strong>de</strong> la<br />
culture juive. A <strong>Paris</strong> et en Ile <strong>de</strong> France,<br />
plus d'une dizaine <strong>de</strong> Synagogues ont<br />
ouvert leurs portes pour accueillir un<br />
public nombreux et intéressé par ce<br />
thème. Les rabbins et Prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />
Communautés ont organisé <strong>de</strong>s<br />
conférences, <strong>de</strong>s rencontres, ou <strong>de</strong>s<br />
expositions qui ont attiré un public très<br />
nombreux (notamment dans les<br />
communautés <strong>de</strong> Berith Chalom, <strong>de</strong><br />
Buffault, d'Ahavat Chalom, <strong>de</strong> Levallois<br />
ou <strong>de</strong> Chasseloup Laubat).<br />
Le concert <strong>de</strong> liturgie consistoriale<br />
organisé à la gran<strong>de</strong> synagogue <strong>de</strong> la<br />
Victoire a constitué un événement<br />
majeur. En présence du Grand Rabbin<br />
<strong>de</strong> <strong>Paris</strong> qui s'est exprimé sur le thème<br />
du mariage, du Prési<strong>de</strong>nt du
LA VIE DU CONSISTOIRE<br />
<strong>Consistoire</strong>, qui a parlé du thème du<br />
Chbbat, et du nouveau Rabbin <strong>de</strong> la<br />
synagogue <strong>de</strong> la Victoire, ce concert<br />
organisé par le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />
communauté Jacques Canet, a<br />
comporté <strong>de</strong> très nombreux airs illustres<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rites alsacien/allemand et<br />
hispano/-portugais, chantés par les <strong>de</strong>ux<br />
hazanim <strong>de</strong> la Victoire, Adolphe Attia,<br />
1er Ministre Officiant et Aaron Hayoun,<br />
2ème officiant, et accompagnés <strong>de</strong>s<br />
chœurs et <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong> la<br />
synagogue.<br />
A quelques jours <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> Tichri,<br />
et <strong>de</strong>vant une nombreuse assistance,<br />
ce concert d'une très gran<strong>de</strong> tenue et<br />
empreint <strong>de</strong> beaucoup d'émotion, a<br />
rappelé avec intensité l'importance <strong>de</strong><br />
la liturgie juive dans nos synagogues,<br />
comme composante importante <strong>de</strong> la<br />
culture et <strong>de</strong> la tradition juive.<br />
Dans toute la France, le succès était<br />
aussi au ren<strong>de</strong>z-vous. A Angers, à<br />
Tours, à Arcachon, à Avignon, à<br />
Antibes, à La Rochelle et au Havre, les<br />
visiteurs se précipitaient dans les<br />
Synagogues. Grand succès aussi à<br />
Bor<strong>de</strong>aux, à Montpellier et à Nîmes. A<br />
Bayonne, 400 personnes, avec<br />
beaucoup <strong>de</strong> non-juifs, ainsi qu'à Belfort<br />
et à Cavaillon, l'unes <strong>de</strong>s plus vieilles<br />
Synagogues <strong>de</strong> France qui recevait 300<br />
personnes. Nantes et Colmar fêtèrent<br />
aussi l'événement. Une mention<br />
spéciale pour les <strong>Consistoire</strong>s<br />
Concordataires (Alsace et Moselle), à<br />
l'origine <strong>de</strong> cette action, et dont le<br />
programme était toujours aussi riche.<br />
Rentrée du Talmud Torah et Journée<br />
européenne <strong>de</strong> la culture juive<br />
Le Grand Rabbin <strong>de</strong> France Gilles<br />
Bernheim fit une conférence à la<br />
Synagogue <strong>de</strong> Mulhouse et marqua <strong>de</strong><br />
sa présence la Journée Européenne <strong>de</strong><br />
la Culture et du Patrimoine en cette<br />
région. Il inaugura, en même temps, le<br />
Centre Communautaire <strong>de</strong> Mulhouse.<br />
On notera également que la journée<br />
du 8 septembre a été consacrée au<br />
La rencontre avec les jeunes à Fleg<br />
Kavod aux ainés ainsi qu'au Bikour<br />
Holim, la visite aux mala<strong>de</strong>s, afin <strong>de</strong><br />
témoigner notre solidarité envers ceux<br />
qui ont besoin <strong>de</strong> nous. Les 10 Jours du<br />
<strong>Consistoire</strong> ont voulu mettre l'accent<br />
sur cet aspect <strong>de</strong> la générosité envers<br />
notre prochain.<br />
Par ailleurs, les manifestations en<br />
faveur <strong>de</strong> la jeunesse étaient au cœur<br />
<strong>de</strong> ce début <strong>de</strong> programme afin <strong>de</strong><br />
sensibiliser le plus grand nombre sur<br />
la nécessité <strong>de</strong> donner aux jeunes une<br />
place centrale au sein <strong>de</strong> notre<br />
communauté. En particulier la journée<br />
" jeunesse en mouvement " a eu lieu le<br />
8 septembre, <strong>de</strong>stinée à présenter<br />
toutes les actions conduites par le<br />
<strong>Consistoire</strong> en faveur <strong>de</strong>s jeunes :<br />
Centre Fleg, Team Roquette, Tikvatenou,<br />
la 'Hazac, …. Cette journée s'est<br />
achevée par une rencontre au centre<br />
Fleg avec l'ensemble <strong>de</strong>s composantes<br />
<strong>de</strong> ces actions au cours <strong>de</strong> laquelle un<br />
échange <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trois heures a eu<br />
lieu avec le Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong><br />
venu présenter les voeux <strong>de</strong> Chana<br />
Tova aux étudiants juifs <strong>de</strong> France, sur<br />
les grands thèmes <strong>de</strong> la jeunesse juive<br />
et <strong>de</strong> l'université, en présence<br />
notamment du maire du 6ème<br />
arrondissement Jean-Pierre Lecoq, du<br />
Prési<strong>de</strong>nt du Centre Fleg Daniel<br />
Vaniche, <strong>de</strong> Jack-Yves Bohbot et <strong>de</strong><br />
Murielle Schor. A l'issue <strong>de</strong> cette<br />
rencontre, les jeunes ont exprimé la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> création d'un " <strong>Consistoire</strong><br />
<strong>de</strong>s jeunes ", fédérant toutes les<br />
composantes représentant l'action du<br />
<strong>Consistoire</strong> pour la jeunesse dans les<br />
communautés en France, ce que le<br />
Prési<strong>de</strong>nt Mergui a immédiatement<br />
accepté. La responsabilité a été confiée<br />
par les participants à Shai Dahan.<br />
Au cours <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du<br />
programme, étaient notamment<br />
prévues la cérémonie <strong>de</strong>s Déportés à<br />
la synagogue <strong>de</strong> la Victoire le<br />
13 septembre, la soirée <strong>de</strong>s mariés <strong>de</strong><br />
Création du “<strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong>s jeunes”<br />
l'année le 14, la rencontre avec le Beth<br />
Din, et la cérémonie <strong>de</strong>s vœux à la<br />
communauté juive par le Ministre <strong>de</strong><br />
l'Intérieur le 15 organisée au<br />
<strong>Consistoire</strong>. A l'heure où nous écrivons<br />
ces lignes, les Dix jours n'en sont<br />
qu'à leur début et nous reviendrons le<br />
mois prochain sur l'ensemble<br />
<strong>de</strong>s manifestations qui ont été<br />
proposées.<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 27
LA VIE DU CONSISTOIRE<br />
Rentrée du Talmud Torah :<br />
"Une vraie révolution<br />
dans l'enseignement"<br />
Le Le 6 septembre a eu lieu la rentrée nationale<br />
du Talmud Torah. A l'occasion <strong>de</strong> cette rentrée<br />
2009, le service éducatif du <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>,<br />
à l'initiative <strong>de</strong> son Prési<strong>de</strong>nt David Amar et <strong>de</strong><br />
son directeur Meir Moaty, et sous l'impulsion du<br />
grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> David Messas et du<br />
Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong> Joël Mergui, innove encore cette<br />
année, grâce au soutien <strong>de</strong> la FMS, avec la sortie <strong>de</strong> livres<br />
pédagogiques à l'attention <strong>de</strong>s<br />
Talmud Torah.<br />
28 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
Depuis un an, en effet, une<br />
équipe d'une dizaine <strong>de</strong><br />
personnes travaille sur <strong>de</strong>s<br />
ouvrages à l'attention <strong>de</strong>s<br />
élèves fréquentant le Talmud<br />
Torah. Cette équipe est<br />
composée d'enseignants en<br />
activité, <strong>de</strong> rabbins et grands<br />
rabbins, d'universitaires <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong> renommée, d'illustrateurs,<br />
<strong>de</strong> gra-phistes, <strong>de</strong><br />
traducteurs, <strong>de</strong> relecteurs ...<br />
Un travail titanesque a été<br />
entrepris pour offrir aux<br />
enfants les meilleurs outils<br />
pédagogiques possibles. Cette<br />
série d'ouvrages est composée<br />
<strong>de</strong> vingt livres (dix livres <strong>de</strong> l'élève et dix livres du Maître),<br />
dans les domaines <strong>de</strong> la vie juive, <strong>de</strong>s personnages bibliques,<br />
<strong>de</strong>s textes bibliques, <strong>de</strong> l'histoire juive et <strong>de</strong> l'explication <strong>de</strong> la<br />
prière.<br />
Chaque livre comporte environ<br />
120 pages et contient une moyenne <strong>de</strong><br />
30 cours. Une gran<strong>de</strong> réflexion a été<br />
menée avant d'entreprendre l'écriture<br />
<strong>de</strong> ces ouvrages. Un audit sociologique<br />
a même été envoyé aux parents pour<br />
prendre en compte leur avis dans ce<br />
grand projet. Les livres sont colorés, avec<br />
<strong>de</strong>s illustrations pour chaque exercice,<br />
<strong>de</strong>s jeux, <strong>de</strong>s évaluations, <strong>de</strong>s travaux<br />
manuels inclus dans le livre (pour les<br />
petites classes) etc.<br />
Mais le plus important, c'est qu'un cours<br />
ne se répète pas d'année en année. L'idée<br />
<strong>de</strong> la H'azara à été gardé mais chaque<br />
thème transporte l'enfant dans une<br />
découverte. Par exemple, les livres "Textes<br />
bibliques", qui contiennent <strong>de</strong>s thèmes<br />
choisis du Houmach qu'un enfant va<br />
découvrir en kita guimel<br />
(âge durant lequel l'enfant<br />
sait lire), sont une vraie<br />
découverte <strong>de</strong> la Bible avec<br />
évi<strong>de</strong>ment le texte "mékori"<br />
du Houmach mais aussi un<br />
véritable apprentissage<br />
ludique <strong>de</strong> la façon<br />
d'étudier le Houmach. Les<br />
thèmes abordés sont variés<br />
et très riches.<br />
Le livre du Maître a<br />
également été innové. Un<br />
livre qui est l'i<strong>de</strong>ntique du<br />
livre <strong>de</strong> l'enfant mais avec<br />
<strong>de</strong>s annotations, <strong>de</strong>s idées<br />
dans les marges, un timing<br />
<strong>de</strong> cours, <strong>de</strong>s indications<br />
etc. Et les réponses aux<br />
exercices afin <strong>de</strong> lui faciliter<br />
sa tâche dans l'ensei-gnement. Bien sûr, rien ne remplacera<br />
un bon professeur qui suit une formation permanente.<br />
Une gran<strong>de</strong> interrogation en fin d'année est aussi très<br />
importante. C'est pour cela que sera renouvelée chaque année<br />
cette interrogation (qui a réuni 1500 enfants la <strong>de</strong>rnière fois)<br />
et qui comportera ces nouveaux apprentissages.<br />
A noter que ces livres conviendraient parfaitement à <strong>de</strong>s écoles<br />
juives. Les Talmud Torah non-affiliés au <strong>Consistoire</strong> et les<br />
écoles juives peuvent contacter le service éducatif pour une<br />
comman<strong>de</strong> ou même, si ils le désirent, travailler ensemble sur<br />
un programme annuel <strong>de</strong> Ko<strong>de</strong>sh incluant ces nouveaux outils.<br />
Mais les nouveautés <strong>de</strong> cette rentrée ne<br />
s'arrêtent pas là. Parce que les efforts déployés<br />
pour développer <strong>de</strong> nouveaux outils<br />
pédagogiques ont aussi vocation à bénéficier<br />
à tous les talmu<strong>de</strong>i Torah en France, à<br />
l'initiative <strong>de</strong> David Amar, une campagne <strong>de</strong><br />
formation à travers les gran<strong>de</strong>s communautés<br />
<strong>de</strong> province aura lieu très prochainement.<br />
La première communauté concernée sera<br />
Bor<strong>de</strong>aux. Cette campagne se déroulera dans<br />
le cadre d'ateliers itinérants avec pour support<br />
pédagogique <strong>de</strong>s livres d'une qualité et d'un<br />
enseignement exceptionnels ayant pour<br />
disciplines majeures la lecture, le Tanakh,<br />
les dinim et la vie juive.<br />
Il est à noter, d'ores et déjà, qu'une Journée<br />
Européenne <strong>de</strong> l'éducation est programmée<br />
pour Novembre 2009.
LA VIE DU CONSISTOIRE<br />
Comme chaque année, sous l'impulsion du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s services éducatifs David Amar, le <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> a<br />
organisé du 12 au 19 juillet un voyage en Israel (avec le soutien <strong>de</strong> l'agence juive) auquel ont participé 60 enfants<br />
<strong>de</strong> 10 à 14 ans. Ce voyage exceptionnel leur a permis <strong>de</strong> découvrir Israël comme ils ne l'ont jamais vu ! Kayak sur le<br />
jourdain, bala<strong>de</strong> à dos <strong>de</strong> chameau, croisiere sur la kineret, fouilles archeologiques, visite <strong>de</strong>s lieux saints, la cité <strong>de</strong><br />
David, repas <strong>de</strong> chabbat innoubliables... Les reservations sont dèja ouvertes pour juillet 2010.<br />
Appelez le 01.40.82.26.61<br />
Calendriers 5770 du <strong>Consistoire</strong><br />
Comme chaque année, le travail <strong>de</strong> préparation et <strong>de</strong> fabrication du nouveau<br />
calendrier 5770 <strong>de</strong> l'ACIP et <strong>de</strong> celui du <strong>Consistoire</strong> Central s'est poursuivi tout<br />
l'été pour finalement aboutir à une publication comme prévu à l'occasion <strong>de</strong>s<br />
fêtes <strong>de</strong> Tichri. Les nouveaux calendriers<br />
comportent notamment comme chaque année<br />
toutes les informations nécessaires concernant la<br />
vie <strong>de</strong>s différentes communautés à <strong>Paris</strong> et sa région<br />
ou en province, l'organisation et les missions <strong>de</strong>s<br />
services du <strong>Consistoire</strong>, les coordonnées <strong>de</strong>s<br />
synagogues, <strong>de</strong>s mikvaot, <strong>de</strong>s écoles ou <strong>de</strong>s<br />
commerces cacher, et la liste <strong>de</strong>s produits autorisés,<br />
et bien entendu le calendrier complet <strong>de</strong> l'année<br />
avec les horaires <strong>de</strong>s Chabbatot et <strong>de</strong>s fêtes. Ils<br />
seront disponibles sur simple <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au<br />
<strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> et au <strong>Consistoire</strong> Central rue<br />
Saint-Georges à <strong>Paris</strong>.<br />
Réunion avec les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> communautés<br />
pour la préparation <strong>de</strong>s 10 jours<br />
LPrési<strong>de</strong>nt Mergui a réunit le 22 juillet les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />
communautés pour une réunion <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>stinée à<br />
préparer l'organisation <strong>de</strong>s 10 jours du <strong>Consistoire</strong>. Le<br />
grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> David Messas et les administrateurs en<br />
charge <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong>s manifestations prévues étaient présents<br />
pour faire état <strong>de</strong>s projets envisagés dans les communautés<br />
concernées. Ces échanges ont permis <strong>de</strong> sensibiliser les<br />
Prési<strong>de</strong>nts à l'importance <strong>de</strong> ce ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> la rentrée, <strong>de</strong><br />
faire participer les communautés en amont <strong>de</strong> l'événement, et<br />
<strong>de</strong> recueillir <strong>de</strong> nombreuses réflexions et suggestions à ce sujet<br />
afin <strong>de</strong> créer ensemble, par la concertation et le dialogue, les<br />
conditions pour le succès <strong>de</strong> ces 10 jours qui sont <strong>de</strong>venus en<br />
peu <strong>de</strong> temps un classique <strong>de</strong> la vie du <strong>Consistoire</strong>.<br />
Déplacement du Prési<strong>de</strong>nt du<br />
<strong>Consistoire</strong> Central à Nice<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt Mergui s'est rendu à Nice le<br />
31 août <strong>de</strong>rnier pour rencontrer les<br />
responsables du <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong><br />
la région Nice - Côte d'Azur ainsi que le Grand<br />
Rabbin régional David Shouchana. Au cours <strong>de</strong>s<br />
nombreuses réunions <strong>de</strong> travail organisées dans<br />
un climat serein et constructif, il a notamment<br />
été analysé la situation financière ainsi que<br />
l'organisation <strong>de</strong> l'institution locale et régionale.<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt a fortement insisté pour mobiliser<br />
sur place toutes les énergies possibles afin <strong>de</strong><br />
parvenir ensemble à la situation la plus optimale<br />
pour tous et dans l'intérêt <strong>de</strong> la communauté<br />
juive <strong>de</strong> la région.<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 29
LA VIE DU CONSISTOIRE<br />
Emouvante soirée en l'honneur<br />
<strong>de</strong> Bar Mitzva et Bat Mitzva<br />
Comme il est désormais<br />
<strong>de</strong> tradition, l'ACIP, en<br />
plus <strong>de</strong> l'action sociale<br />
religieuse <strong>de</strong> proximité<br />
et d'urgence va au-<strong>de</strong>là.<br />
Avec l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> généreux<br />
mécènes, une cérémonie a été<br />
organisée en l'honneur <strong>de</strong> 10 Bar<br />
Mitzva et 1 Bat Mitzva dont les familles<br />
n'avaient pas les moyens financiers <strong>de</strong><br />
leur offrir une fête.<br />
Ces enfants étaient pour la plupart<br />
présentés par le CASIP et les<br />
Communautés Consistoriales qui les<br />
avaient préparés à la Bar Mitzva.<br />
Madame Michèle Heymann, Chef<br />
du Service Familial du CASIP ainsi que<br />
Madame Orly Ohayon Knafo,<br />
Educatrice avaient convié également<br />
les assistantes sociales chargées <strong>de</strong><br />
suivre les familles concernées.<br />
Monsieur le Grand Rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>,<br />
David Messas, le Prési<strong>de</strong>nt du<br />
<strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> Joël Mergui et le<br />
1er Vice-Prési<strong>de</strong>nt François Sitruk ont<br />
honoré cette soirée <strong>de</strong> leur présence.<br />
300 personnes composant les familles<br />
et amis ont été invités à prendre<br />
place dans la magnifique salle <strong>de</strong><br />
réception <strong>de</strong>s Salons Hoche où<br />
l'orchestre et l'animateur ont mis une<br />
ambiance extraordinaire au cours d'un<br />
somptueux dîner..<br />
Le Grand Rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> très ému a<br />
béni et embrassé chacun <strong>de</strong>s Bar Mitzva<br />
et les Prési<strong>de</strong>nts Joël Mergui et François<br />
Sitruk ont entamé une danse avec eux.<br />
Le message délivré en direction <strong>de</strong>s<br />
jeunes Bar et Bat Mitzva a été celui <strong>de</strong><br />
la solidarité dans les joies comme dans<br />
30 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
les peines qui caractérise notre<br />
Communauté.<br />
Avant les bénédictions et<br />
encouragements du Rabbin Joseph<br />
Touitou <strong>de</strong> Saint Brice, la soeur d'un<br />
Bar Mitzva prend la parole au nom <strong>de</strong><br />
toutes les familles et plus particulièrement<br />
au nom <strong>de</strong> tous les jeunes qui<br />
comme son frère fêtent aujourd'hui leur<br />
Bar Mitzva.<br />
" Je voudrais tout d'abord vous dire<br />
combien nous sommes émus d'être là,<br />
tous réunis autour d'une si belle fête.<br />
Je m'adresse en particulier à toutes<br />
ces personnes anonymes : bénévoles et<br />
généreuses qui s'unissent dans un<br />
même combat : AIDER, formant ainsi<br />
une chaîne <strong>de</strong> solidarité.<br />
Vous avez œuvré, dans l'ombre afin<br />
<strong>de</strong> nous projeter dans la lumière,<br />
chacun à votre niveau <strong>de</strong> compétence,<br />
dans la plus gran<strong>de</strong> discrétion, mo<strong>de</strong>stie<br />
et pu<strong>de</strong>ur afin que cette fête puisse avoir<br />
lieu.<br />
Aucun détail ne vous a échappé !<br />
Franchement, "c'est d'laballe !"<br />
Vous avez fait <strong>de</strong> nous les stars d'un<br />
soir et le souvenir <strong>de</strong> cette merveilleuse<br />
fête restera gravé à jamais dans nos<br />
cœurs.<br />
Comme nos petits copains, nous<br />
pourrons dire " on a fait une méga fête"<br />
J'espère qu'un jour, à notre tour, nous<br />
pourrons suivre votre exemple,<br />
dispensant ainsi cet amour à l'égard <strong>de</strong>s<br />
autres et <strong>de</strong> sa communauté.<br />
Je sais que vous n'atten<strong>de</strong>z ni éloges<br />
ni remerciements et que votre seule et<br />
unique récompense c'est l'accomplissement<br />
<strong>de</strong> la mitzva <strong>de</strong> Tsédaka ainsi<br />
que notre satis-faction.<br />
Eh bien croyez moi, c'est gagné! il n'y<br />
a qu'à regar<strong>de</strong>r toutes ces étincelles qui<br />
brillent dans nos yeux… ! Elles<br />
témoignent d'un immense bonheur qui<br />
profitera je l'espère l'année prochaine à<br />
d'autres familles dans les mêmes<br />
conditions. "<br />
Mais l'émotion n'en est pas restée là.<br />
En effet, <strong>de</strong> somptueux ca<strong>de</strong>aux<br />
compre-nant ordinateurs portables,<br />
bala<strong>de</strong>urs MP3, bracelets montre <strong>de</strong><br />
qualité, etc.. ont été remis à chacun <strong>de</strong>s<br />
Bar Mitzva lesquels, non prévenus, n'en<br />
croyaient pas leurs yeux, après avoir<br />
déjà bénéficié avant cette soirée <strong>de</strong><br />
beaux vêtements tant pour eux que<br />
pour leur famille.<br />
Les larmes <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong>s<br />
accompagnateurs et <strong>de</strong>s organisateurs<br />
et le visage comblé et émerveillé <strong>de</strong>s<br />
enfants constituent le témoignage le<br />
plus éloquent <strong>de</strong> cette soirée qui s'est<br />
terminée vers 1 h du matin dans la<br />
Simha et par <strong>de</strong>s danses.
CHANA TOVA<br />
Le Grand Rabbin <strong>de</strong> France et le<br />
Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong> Central<br />
<strong>de</strong> France<br />
adressent à toute la communauté<br />
juive leurs meilleurs voeux<br />
<strong>de</strong> Chana Tova à l'occasion<br />
<strong>de</strong> la nouvelle année 5770.<br />
Qu'elle soit placée sous le signe<br />
<strong>de</strong> la paix pour Israël et<br />
le peuple juif et que chacun<br />
soit inscrit dans le livre <strong>de</strong> la vie.<br />
19, rue Saint-Georges<br />
75009 PARIS<br />
HADASSAH FRANCE<br />
vous souhaite<br />
Shana Tova pour l'année 5770<br />
Le Docteur Sydney Ohana Prési<strong>de</strong>nt<br />
Michelle Israël Directrice<br />
Béatrice Birnbaum Chargée <strong>de</strong> Mission - CHU Hadassah<br />
Remercient tous les donateurs et amis pour leur générosité<br />
en faveur <strong>de</strong> l'Hôpital Universitaire Hadassah <strong>de</strong> Jérusalem<br />
Votre soutien nous est précieux. Merci.<br />
Hadassah France - 72, bd Haussmann - 75008 <strong>Paris</strong><br />
Tél. : 01.53.42.67.06 -/ www.hadassah.fr<br />
Le Grand Rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>,<br />
le Prési<strong>de</strong>nt et<br />
les Administrateurs du<br />
<strong>Consistoire</strong> Israélite <strong>de</strong> <strong>Paris</strong><br />
Ile <strong>de</strong> France<br />
adressent à la Communauté juive<br />
<strong>de</strong> <strong>Paris</strong> et sa région ainsi qu’à<br />
l’Etat d’Israël leurs vœux les plus<br />
chaleureux <strong>de</strong> Chana Tova<br />
que 5770 soit une année<br />
<strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> sérénité<br />
“Léchana Tova Tikatévou Vétihatémou”<br />
17, rue Saint-Georges - 75009 PARIS<br />
Tél. 01 40 82 26 26<br />
www.consistoire.org<br />
L’œuvre <strong>de</strong> Protection <strong>de</strong>s Enfants Juifs<br />
présente ses meilleurs vœux pour<br />
l’année 5770 à la communauté juive<br />
<strong>de</strong> France, à Israël et au peuple juif<br />
dans le mon<strong>de</strong>.<br />
10, rue Théodule Ribot - 75017 PARIS<br />
Monsieur le Grand Rabbin <strong>de</strong><br />
France Gilles Bernheim et Madame<br />
adressent à l'ensemble <strong>de</strong> la Communauté Juive<br />
<strong>de</strong> France tous leurs vœux<br />
<strong>de</strong> Chana Tova Oumétouka<br />
Que cette année 5770 apporte la Paix pour le<br />
peuple d'Israël.<br />
Que le Tout Puissant bénisse et protège l'ensemble<br />
<strong>de</strong> la Communauté Juive <strong>de</strong> France<br />
KEREN KAYEMETH LEISRAEL<br />
11, Rue du Quatre Septembre – 75002 PARIS<br />
Tél. : 01.42.86.88.88. – Fax : 01.42.60.18.13<br />
Site : www.kkl.fr<br />
E.mail : info@kkl.fr<br />
le K.K.L. <strong>de</strong> France<br />
souhaite à toute la Communauté Juive<br />
CHANA TOVA !<br />
Le K.K.L. soutient par son action<br />
la construction d’Eretz Israël<br />
Le K.K.L. développe la terre, plante <strong>de</strong>s<br />
arbres et aménage les réservoirs d’eau.<br />
Le K.K.L., la force tranquille du peuple Juif.<br />
AVEC NOUS POUR ISRAËL !<br />
Jean-François Guthmann, Prési<strong>de</strong>nt,<br />
Les membres du Conseil d’administration,<br />
Roger Fajnzylberg, Directeur général,<br />
Et l’ensemble <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> l’OSE<br />
vous adressent leurs meilleurs vœux pour cette nouvelle année 5770. Elle<br />
sera marquée pour l’OSE par l’ouverture du Centre Georges Lévy, centre<br />
<strong>de</strong> santé pour l’enfant, l’adolescent et la famille à <strong>Paris</strong> 75012, et d’une<br />
“petite maison” consacrée à la prise en charge <strong>de</strong>s enfants en danger ou<br />
en difficulté pour le département du Val-<strong>de</strong>-Marne, à Créteil.<br />
Avec vous, l’OSE mettra tout en œuvre pour aboutir à la réalisation<br />
<strong>de</strong>s projets qui nous tiennent à cœur.<br />
117 rue du Faubourg du Temple - 75010 <strong>Paris</strong><br />
Tél. : 01 53 38 20 20 - Fax : 01 53 38 20 12<br />
www.ose-france.org
Le Grand Rabbin <strong>de</strong> France, Gilles BERNHEIM,<br />
le Grand Rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, David MESSAS,<br />
le Rabbin Moshe SEBBAG, le Prési<strong>de</strong>nt Jacques CANET<br />
et les membres <strong>de</strong> la commission administrative <strong>de</strong> la<br />
Gran<strong>de</strong> synagogue <strong>de</strong> la Victoire<br />
adressent à toutes les familles <strong>de</strong> la communauté leurs meilleurs vœux<br />
<strong>de</strong> Chana Tova à l'occasion <strong>de</strong> la nouvelle année 5770.<br />
Le Presi<strong>de</strong>nt,<br />
le Conseil d’Administration,<br />
la Direction, les Professeurs,<br />
les Educateurs, le Personnel<br />
et tous les Enfants <strong>de</strong> LAVERSINE<br />
présentent leurs vœux <strong>de</strong><br />
Chana Tova<br />
à tous les anciens élèves ainsi qu’à la<br />
communauté avec le désir fervent que<br />
l’année 5770 soit l’année <strong>de</strong> paix<br />
pour Israël et le mon<strong>de</strong> entier.<br />
Tél. : 03 44 25 03 29<br />
Le Centre Israélite <strong>de</strong> Montmartre<br />
et les 150 enfants accueillis à :<br />
la Crèche Israélite<br />
la Crèche Marcel Bleustein-Blanchet<br />
au Jardin Maternel<br />
Les 75 personnes (25 à 30 familles) bénéficiant<br />
<strong>de</strong> l’hospitalité du Centre d’hébergement et réinsertion sociale.<br />
Les 450 à 500 usagers qui prennent leurs repas chaque jour<br />
dans sa cantine sociale cachère<br />
Forment <strong>de</strong>s voeux pour la paix au Moyen-Orient<br />
et dans le mon<strong>de</strong> entier<br />
16, rue Lamarck 75018 PARIS<br />
LA FONDATION<br />
CASIP-COJASOR<br />
adresse à toute la communauté<br />
ses meilleurs vœux <strong>de</strong> bonne<br />
et heureuse année 5770<br />
en particulier aux plus démunis.<br />
8, rue <strong>de</strong> Pali-Kao<br />
75020 PARIS<br />
Le Crif<br />
présente à la communauté juive<br />
<strong>de</strong> France et à Israël ses vœux<br />
chaleureux <strong>de</strong> Chana Tova.<br />
Espace Rachi – 39 rue Broca - 75005 PARIS<br />
Tél. : 01 42 17 11 11 - Fax : 01 42 17 11 50<br />
email : infocrif @crif.org<br />
www.crif.org<br />
infos@lavictoire.org - Tél. :01 45 26 95 36<br />
Joëlle LEZMI, Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> WIZO-France,<br />
les Membres du Conseil d’Administration,<br />
La Directrice, le personnel, toute l’équipe <strong>de</strong> WIZO-France,<br />
vous souhaitent “chana tovatikatevou !”<br />
Que vous soyez tous inscrits dans le livre <strong>de</strong> la vie...<br />
Que cette année 5770 voit se réaliser nos communs espoirs <strong>de</strong> PAIX.<br />
A vous donateurs, adhérents, sympathisants, à tous ceux qui<br />
partagent cet idéal et cette espérance, nous présentons nos meilleurs<br />
voeux pour une année douce et sereine.<br />
WIZO - 10 rue Saint-Augustin - 75002 <strong>Paris</strong><br />
Tél. 01 48 01 97 70 - Fax : 01 48 01 97 77<br />
E-mail : wizo.france@wanadoo.fr - Site internet : wizo.asso.fr<br />
Les établissements Marco<br />
représentés par M. MIMOUN,<br />
spécialistes blindages, volets roulants<br />
et ri<strong>de</strong>aux métalliques,<br />
ont le plaisir et le bonheur <strong>de</strong> vous souhaiter<br />
à vous-même, à tous les membres et à tous<br />
ceux que vous aimez une année 5770<br />
extraordinaire mieux que l'année <strong>de</strong>rnière et<br />
moins bonne que l'année prochaine<br />
Avec mashiah tsidkenou<br />
LE NOUVEAU CENTRE<br />
COMMUNAUTAIRE DE PARIS<br />
présente à tous ses membres<br />
et amis ses meilleurs vœux <strong>de</strong> santé<br />
et bonheur à l’occasion <strong>de</strong> la<br />
nouvelle année, et les informe <strong>de</strong><br />
la reprise <strong>de</strong> toutes les activités.<br />
119, rue Lafayette - 75010 PARIS<br />
Tél. : 01 53 20 52 52<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt<br />
et le Comité Directeur<br />
<strong>de</strong> la FÉDÉRATION FRANCAISE<br />
SPORTIVE ET CULTURELLE<br />
MACCABI<br />
adressent à l’ensemble<br />
<strong>de</strong> la Communauté et au<br />
Mouvement Sportif Juif Français<br />
leurs Meilleurs Vœux pour 5770.<br />
4, rue <strong>de</strong> Nice - 75011 PARIS<br />
Tél. : 01 43 67 07 62<br />
BONNE ANNÉE<br />
L’Emprunt <strong>de</strong> l’Etat d’Israël<br />
(Bonds d’Israël)<br />
« L’Economie au Service <strong>de</strong> la Paix »<br />
vous présente ses meilleurs vœux<br />
pour l’année 5770.<br />
A.C.E.F.I.<br />
Association <strong>de</strong> Coopération Economique France Israël<br />
43, rue Le Peletier - 75009 PARIS<br />
Tél. : 01 42 85 85 50<br />
Fax : 01 42 80 48 39<br />
L’Association visites aux mala<strong>de</strong>s<br />
“BIKOUR HOLIM”<br />
(Fondée en 1956)<br />
adresse à tous ses adhérents et amis,<br />
ainsi qu’à tous les membres<br />
<strong>de</strong> la communauté ses meilleurs vœux<br />
pour une bonne année.<br />
Ai<strong>de</strong>z-nous afin qu’elle soit une année<br />
heureuse pour les plus démunis<br />
<strong>de</strong> notre communauté.<br />
17, rue d’Enghien - 75010 PARIS<br />
Tél. : 01 47 70 28 21
CHANA TOVA<br />
LA CENTRE COMMUNAUTAIRE<br />
ISRAÉLITE DU VESINET<br />
C.C.I.V.<br />
souhaite à la Communauté Juive <strong>de</strong> France<br />
et au peuple d’Israël ses meilleurs vœux <strong>de</strong><br />
Paix, <strong>de</strong> Bonheur et <strong>de</strong> Prospérité pour<br />
l’année 5770.<br />
vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />
L'Ai<strong>de</strong> aux aveugles<br />
Israéliens<br />
Association française agréée auprès<br />
du Ministère <strong>de</strong>s Affaires sociales d'Israël<br />
adresse à tous ses amis,<br />
membres donateurs, légataires,<br />
ses vœux les plus sincères.<br />
3, rue <strong>de</strong> la Cigogne - 68000 COLMAR<br />
Fédération<br />
<strong>de</strong>s Sociétés<br />
Juives <strong>de</strong> France<br />
70, rue Turbigo - 75003 PARIS<br />
Tél. 01 44 61 29 15<br />
Son Prési<strong>de</strong>nt<br />
Maurice Skornik<br />
Le conseil d’administration<br />
et toute son équipe<br />
adressent à toute<br />
la communauté<br />
<strong>de</strong> France<br />
leurs meilleurs vœux<br />
pour la nouvelle<br />
année 5770.<br />
L’Institut Weizmann <strong>de</strong>s Sciences est un centre<br />
multidisciplinaire, un jardin <strong>de</strong>s sciences à la pointe <strong>de</strong> la<br />
recherche scientifique dans le mon<strong>de</strong>.<br />
Dans ce Campus, <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> chercheurs, <strong>de</strong><br />
techniciens <strong>de</strong> laboratoires et d’étudiants s’embarquent<br />
chaque jour pour <strong>de</strong>s voyages fascinants vers l’inconnu<br />
afin <strong>de</strong> mieux comprendre la nature et la place <strong>de</strong> l’homme<br />
A tous nos Amis, Heureuse Année. Chana Tova<br />
INSTITUT WEIZMANN<br />
DES SCIENCES<br />
17, rue Mesnil - 75116 PARIS<br />
Tél. : 01.47.04.33.43 - Fax : 01.47.55.10.84<br />
e-mail : roberto@weizmann-france-europe.org<br />
www.weizmann-france-europe.org<br />
LE COMITE FRANÇAIS POUR<br />
YAD-VASHEM<br />
présente ses meilleurs voeux <strong>de</strong> bonne<br />
et heureuse année à ses ahérents et à<br />
toute la communauté. Et vous rappelle<br />
l'importance <strong>de</strong> remplir la feuille <strong>de</strong><br />
témoignage (DAF-ED) gratuitement<br />
mise à votre disposition.<br />
33, Rue Navier, 75017 PARIS<br />
Tél. : 01 47 20 99 57<br />
O D A S E J<br />
L’ŒUVRE D’ASSISTANCE SOCIALE A L’ENFANCE JUIVE<br />
est une association reconnue d’utilité publique par décret du 28 mai 1919<br />
est heureuse d’adresser à la<br />
Communauté juive <strong>de</strong> France<br />
ses meilleurs vœux à l’occasion<br />
<strong>de</strong> la nouvelle année 5770.<br />
39, rue Broca - 75005 PARIS<br />
Tél. : 01 42 17 07 57 – Fax : 01 42 17 07 67<br />
le Comité Féminin<br />
<strong>de</strong> L’ORT<br />
présente à tous ses membres et<br />
amis ses meilleurs vœux <strong>de</strong> bonheur<br />
pour l’année 5770.<br />
vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />
10, Villa d’Eylau - 75116 PARIS<br />
Tél. : 01 45 00 49 44<br />
5770<br />
Chrétiens et Juifs <strong>de</strong><br />
l’Amitié Judéo-Chrétienne<br />
<strong>de</strong> France<br />
présentent à toute la communauté juive<br />
leurs vœux les meilleurs à l’occasion<br />
<strong>de</strong> Roch Hachana.<br />
60, rue <strong>de</strong> Rome, 75008 PARIS<br />
Tél. : 01 45 22 12 38<br />
L’Association Culturelle<br />
<strong>de</strong>s Sourds Juifs <strong>de</strong> France<br />
présente à la communauté juive <strong>de</strong> France,<br />
à tous ses membres et à tous ses amis,<br />
ses vœux <strong>de</strong> Chana Tova.<br />
73, rue Curial - 75019 PARIS<br />
entrée : bât. Tour D<br />
Email : maria45@free.fr<br />
Fax : 01 42 09 25 93<br />
Jean Paul KLING,<br />
Prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> la Communauté Israélite<br />
<strong>de</strong> STRASBOURG<br />
et les Membres <strong>de</strong> la<br />
Commission Administrative<br />
adressent à tous les membres <strong>de</strong> la<br />
Communauté leurs vœux <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong><br />
bonheur et <strong>de</strong> paix pour l'année 5770.<br />
C.I.S. 1a, rue René Hirschler<br />
B.P. 30183 - 67005 Strasbourg Ce<strong>de</strong>x<br />
Tél. : 03 88 14 46 50<br />
MAGUEN DAVID ADOM FRANCE<br />
adresse ses meilleurs voeux <strong>de</strong> bonheur, <strong>de</strong><br />
prospérité et <strong>de</strong> santé à toute la communauté juive<br />
à l'occasion <strong>de</strong> Roch Hachana 5770.<br />
Merci <strong>de</strong> nous ai<strong>de</strong>r à sauver <strong>de</strong>s vies en Israël<br />
MDA France, 40 rue <strong>de</strong> Liège - 75008 <strong>Paris</strong> - 01 43 87 49 02<br />
mda-france@wanadoo.fr - www.mda-france.org<br />
En Israël, un seul numéro sauve <strong>de</strong>s vies : le 101<br />
ORT FRANCE<br />
EDUCATION ET FORMATION<br />
présente ses meilleurs vœux<br />
à la communauté à l’occasion<br />
<strong>de</strong> la nouvelle année.<br />
ASI – ABSI – KEREN’OR<br />
Gil et Karen TAÏEB ainsi que toute leur<br />
équipe remercient les généreux<br />
donateurs qui soutiennent leurs actions<br />
en faveur d’Israël et tout particulièrement<br />
<strong>de</strong> TSAHAL et leur présentent leurs<br />
meilleurs vœux à l’occasion <strong>de</strong>s fêtes<br />
<strong>de</strong> ROCH HACHANA 5770.<br />
236, Boulevard Voltaire<br />
75011 <strong>Paris</strong><br />
Tél. : 01 45 63 55 30<br />
L’Association Israélite d’Oranie en France<br />
“ Synagogue Elie DRAY ”<br />
le Prési<strong>de</strong>nt Joseph Georges BENAZERA<br />
le Rabbin Shélomo ZINI<br />
le Conseil d’Administration<br />
adressent à l’ensemble <strong>de</strong> nos institutions,<br />
à notre Communauté et à l’État d’Israël<br />
nos vœux les plus sincères <strong>de</strong> Chana Tova 5770<br />
218-220, rue du Faubourg St-Honoré - 75008 <strong>Paris</strong><br />
Tél. : 01 45 61 20 25 - Fax : 01 45 61 14 35<br />
e-mail : contact@syna-aio.org<br />
www.aio.syna.org
A.C.I.P. TOURNELLES<br />
La Commission Administrative<br />
adresse ses vœux<br />
cordiaux et chaleureux<br />
à toute la Communauté.<br />
21 bis rue <strong>de</strong>s Tournelles<br />
Tél : 01.42.74.32.80 - Fax : 01.48.04.93.74<br />
Mail : sthm@wanadoo.fr<br />
La Coopération Féminine<br />
vous souhaite une excellente année 5770<br />
Pour vous, votre famille et vos amis<br />
Vœux <strong>de</strong> paix dans le mon<strong>de</strong> pour Israël<br />
39, rue Broca - 75005 PARIS<br />
Tél. : 01 42 17 10 90 – Fax : 01 42 17 10 89<br />
www.cooperation-feminine.fr<br />
email : contact@cooperation-feminine.fr<br />
Les Fils et Filles<br />
<strong>de</strong>s Déportés Juifs <strong>de</strong> France<br />
vous souhaitent une heureuse nouvelle<br />
année et rappellent que ce sera celle<br />
du 67 è anniversaire <strong>de</strong> la déportation<br />
<strong>de</strong>s Juifs <strong>de</strong> France en 1942.<br />
32, rue La Boétie - 75008 PARIS<br />
Tél. : 01 45 61 18 78<br />
Monsieur Eric <strong>de</strong> Rothschild, Prési<strong>de</strong>nt<br />
Les Membres du Conseil d'Administration,<br />
La Direction Générale<br />
<strong>de</strong> la Fondation <strong>de</strong> Rothschild<br />
adressent leurs vœux les plus chaleureux<br />
aux rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> leurs établissements, à leurs<br />
familles et au personnel en ce début d'année 5770<br />
et leur souhaitent <strong>de</strong> passer les fêtes <strong>de</strong> Tichri<br />
dans la joie et le bonheur familial.<br />
76, rue <strong>de</strong> Picpus - 75012 PARIS<br />
Tél. : 01 44 68 72 98<br />
M. le rabbin Jonathan GUEZ<br />
Le prési<strong>de</strong>nt Michel DLUTO<br />
La commission administrative<br />
<strong>de</strong> la communauté israélite<br />
<strong>de</strong> la VARENNE-SAINT-HILAIRE<br />
souhaitent à tous leurs fidèles et amis leurs meilleurs<br />
vœux <strong>de</strong> bonheur, santé et prospérité pour l’année<br />
nouvelle 5770.<br />
10 bis, avenue du Château<br />
94210 LA VARENNE-SAINT-HILAIRE<br />
M. Zvi Ammar Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong><br />
et l’ensemble <strong>de</strong> son Conseil d’Administration<br />
Rav Reouven Ohana, Grand Rabbin <strong>de</strong> Marseille<br />
Rav Shmouel Melloul, Dayane <strong>de</strong> Marseille<br />
M. Elie Berrebi, Directeur Général<br />
et l’ensemble <strong>de</strong>s permanents<br />
Rabbiniques et Administratifs<br />
vous adressent leurs voeux les plus chaleureux <strong>de</strong><br />
Chana Tova - Année <strong>de</strong> Paix - <strong>de</strong> Santé -<br />
<strong>de</strong> Bonheur - pour tout le peuple juif.<br />
117-119, rue Breteuil - 13006 MARSEILLE<br />
Tél. : 04 91 37 49 64 - Fax : 04 91 37 83 89<br />
LA COMMUNAUTÉ JUIVE<br />
DE NIMES<br />
- L’Acing<br />
- Le Centre Communautaire<br />
- Wizo<br />
- Réseau Ezra <strong>de</strong> Nimes<br />
- BBYO<br />
- Cercle A. Cremieux<br />
- Association France-Israël<br />
vous adressent leurs<br />
meilleurs vœux pour la nouvelle année.<br />
vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />
40, rue Roussy, 30000 NIMES<br />
La Solidarité<br />
présente ses meilleurs vœux<br />
à ses membres et à ses amis<br />
ainsi qu'à toute la communauté<br />
pour l'année 5770.<br />
14, rue Saint-Lazare - 75009 PARIS<br />
BONNE SHANA ANNÉE TOVA<br />
Présente à la communauté Juive <strong>de</strong> France<br />
Une bonne et heureuse année,<br />
Pleine <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> joie et <strong>de</strong> prospérité.<br />
CHANA TOVA 5770 - hbve hnw<br />
BANK HAPOALIM FRANCE<br />
Bureau <strong>de</strong> représentation<br />
33 rue Marbeuf - 75008 <strong>Paris</strong><br />
Tél. : 01 56 88 20 00 - Fax : 01 42 25 15 51<br />
Le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt<br />
et les Membres <strong>de</strong> la Commission<br />
administrative <strong>de</strong> la Communauté<br />
Chasseloup-Laubat<br />
adressent leurs meilleurs vœux à tous leurs<br />
fidèles, à tous leurs amis et aux<br />
jeunes couples qu’ils ont eu la joie <strong>de</strong><br />
marier dans leur synagogue.<br />
14, rue Chasseloup-Laubat, 75015 PARIS<br />
CHANA TOVA<br />
5770<br />
A l’occasion <strong>de</strong> Roch Hachana 5770,<br />
Monsieur le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt et les<br />
Membres du Conseil D’Administration<br />
ont le plaisir et la joie d’offrir à tous<br />
les fidèles et leurs familles et aux<br />
sympathisants, leurs meilleurs voeux <strong>de</strong><br />
santé, <strong>de</strong> bonheur et <strong>de</strong> joie.<br />
5, impasse Copernic, 44000 NANTES<br />
Tél. : 02 40 73 48 92 - Fax : 02 40 73 96 44<br />
Le Grand Rabbin, Rav Senior<br />
Le Dayan, Rav Charbit<br />
Le Roch Kollel, Rav Zeev Taperman Chlita<br />
Le Rabbin du Habad, Rav Mellul<br />
Les Rabbanins <strong>de</strong> la Communauté <strong>de</strong> Créteil<br />
Le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Communauté <strong>de</strong> Créteil<br />
M. Albert Elharrar<br />
Les Membres du Conseil d’Administration<br />
Les Prési<strong>de</strong>nt(e)(s) d’Association<br />
adressent leurs voeux les plus chaleureux<br />
<strong>de</strong> bonheur, <strong>de</strong> prospérité, <strong>de</strong> réussite et<br />
<strong>de</strong> santé à tous les membres <strong>de</strong> leur<br />
communauté et souhaitent au pays et à<br />
l’Etat d’ISRAËL dont ils sont solidaires<br />
une année <strong>de</strong> paix.<br />
Centre Communautaire KYRIAT-EL<br />
Rue du 8-mai 1945 - 94000 CRÉTEIL<br />
Tél. : 01 43 77 01 70<br />
33
CHANA TOVA<br />
ACIP ANTONY<br />
Monsieur le Rabbin Raphaël EDERY<br />
Et la Commission Administrative d’Antony<br />
présente à toute la communauté Juive<br />
leurs voeux les plus chaleureux <strong>de</strong><br />
CHANA TOVA<br />
Que 5770 soit une année <strong>de</strong> Paix et Sérénité<br />
Communauté d’Antony<br />
M. Jacob DAHAN, Prési<strong>de</strong>nt,<br />
Le Rabbin et les membres <strong>de</strong><br />
la commission administrative<br />
implorent Le Tout Puissant d’accor<strong>de</strong>r<br />
au peuple juif et au mon<strong>de</strong> entier,<br />
une paix universelle.<br />
SYNAGOGUE<br />
ACIP “YISMAN MOCHÉ”<br />
42 Rue <strong>de</strong>s Saules - 75018 <strong>Paris</strong><br />
LE RABBIN, LE PRESIDENT<br />
ET LE COMITÉ PARISIEN<br />
DES ISRAÉLITES DE L’ALGÉROIS,<br />
LA COMMISSION ADMINISTRATIVE<br />
DE LA SYNAGOGUE<br />
BERITH CHALOM<br />
sont heureux d’adresser<br />
au grand rabbin <strong>de</strong> France,<br />
au grand rabbin du <strong>Consistoire</strong> Central,<br />
au grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>,<br />
au prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong><br />
ainsi qu’à leurs nombreux fidèles<br />
leurs vœux<br />
<strong>de</strong> bonne et heureuse année 5770.<br />
18, rue Saint-Lazare, 75009 PARIS<br />
berit.chalom@orange.fr<br />
Le Rabbin Mikaël JOURNO,<br />
Gilles BOUCHARA,<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong><br />
Fontenay aux Roses,<br />
et les membres du Conseil d'Administration<br />
adressent leurs vœux <strong>de</strong> Chana Tova<br />
à toute la communauté.<br />
17, avenue Paul Langevin<br />
92260 FONTENAY-AUX-ROSES<br />
Tél. / Fax : 01 46 60 75 94<br />
Le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt,<br />
le Comité, Les Membres <strong>de</strong><br />
la Synagogue BETH DAVID<br />
présentent à toute la communauté juive <strong>de</strong><br />
France ainsi qu'à l'État d'Israël leurs vœux<br />
les plus Chaleureux pour cette<br />
nouvelle année 5770.<br />
vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />
25, Avenue du Général <strong>de</strong> Gaulle<br />
94500 CHAMPIGNY SUR MARNE<br />
5770<br />
M. René Khalifa, Prési<strong>de</strong>nt<br />
M. Abraham Dahan, Ministre-officiant,<br />
les Membres <strong>de</strong> la Commission<br />
Administrative<br />
adressent aux fidèles <strong>de</strong> la<br />
FONDATION FLEISCHMAN<br />
et à leurs familles leurs meilleurs vœux<br />
pour la nouvelle année 5770.<br />
18, rue <strong>de</strong>s Ecouffes - 75004 PARIS<br />
Tél. : 01 48 87 97 86<br />
CHANA TOVA<br />
Le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt,<br />
les Membres <strong>de</strong> la Commission<br />
Administrative <strong>de</strong> la<br />
COMMUNAUTÉ DE CHELLES<br />
présentent leurs meilleurs vœux<br />
à l'occasion <strong>de</strong> cette nouvelle année 5770 à<br />
tous ses membres, ainsi qu'à la Communauté<br />
Juive <strong>de</strong> France.<br />
14, rue <strong>de</strong>s Anémones - 77500 CHELLES<br />
Tél. : 01 60 20 92 93<br />
LE RABBIN JEAN LEVY,<br />
LE RABBIN SIMON AZOULAY,<br />
M E JACQUES HUBERT GAHNASSIA,<br />
PRÉSIDENT,<br />
LA COMMISSION ADMINISTRATIVE<br />
<strong>de</strong> VAUQUELIN et TALLÉ ORA<br />
souhaitent à leurs fidèles et à toutes les<br />
communautés Chana Tova pour 5770.<br />
9, rue Vauquelin - 75005 PARIS - Tél. : 06 09 21 15 85<br />
www.synagoguevauquelin.com
Le Prési<strong>de</strong>nt Isaac Perez,<br />
le Rabbin Kotiel Berdugo,<br />
les Membres <strong>de</strong> la<br />
A.C.I.P.<br />
VERCINGETORIX<br />
Commission Administrative<br />
souhaitent à tous leurs fidèles, amis et à<br />
l'Etat d'Israël, leurs meilleurs vœux <strong>de</strong><br />
Chana Tova, <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> prospérité à<br />
l'occasion <strong>de</strong> cette nouvelle année 5770.<br />
vmtctv vbtkt hbve hnwl<br />
les offices <strong>de</strong> Kippour se dérouleront au gymnase<br />
31 rue du Commandant Mouchotte - 75014 <strong>Paris</strong><br />
223, rue Vercingétorix - 75014 PARIS<br />
Tél. : 01 45 45 50 51<br />
CHANA TOVA<br />
5770<br />
Le Rabbin, le Prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong><br />
CHOISY-ORLY-THIAIS<br />
adressent leurs meilleurs vœux<br />
à toute la communauté juive <strong>de</strong> France<br />
et au peuple d'Israël, particulièrement<br />
à la ville d'O3 Yehouda.<br />
28, avenue <strong>de</strong> Newburn<br />
94600 CHOISY-LE-ROI<br />
Tél. : 01 48 53 48 27<br />
Le Rabbin et les Presi<strong>de</strong>nts<br />
<strong>de</strong>s associations <strong>de</strong><br />
L’ACIP RIS-ORANGIS<br />
C.E.D.E.R. et D.P.M.<br />
adressent leurs meilleurs vœux <strong>de</strong><br />
Chana Tova à leurs adhérents et amis.<br />
1, rue Jean-Moulin - 91130 RIS-ORANGIS<br />
La Commission Administrative <strong>de</strong> la<br />
Communauté <strong>de</strong> Meudon-Clamart<br />
le Bureau <strong>de</strong> l’A.C.P. Meudon<br />
présentent à toute la communauté et à<br />
la ville jumelle Mazkeret Batya<br />
leurs voeux <strong>de</strong> Chana Tova.<br />
15, rue Millandy - 92360 MEUDON-LA-FORÊT<br />
Tél. : 01 46 32 64 82<br />
Le Rabbin Alain COHEN,<br />
le Prési<strong>de</strong>nt Salomon SEBBAG<br />
et la Commission Administrative<br />
<strong>de</strong> Courbevoie et La Garenne-Colombes<br />
vous souhaitent une bonne et heureuse année.<br />
hqvtmv hbve hnw<br />
ACIP : 13, rue L. M. Nordmann<br />
92250 LA GARENNE-COLOMBES<br />
Tél. : 01 47 88 43 44<br />
A l’occasion <strong>de</strong> la nouvelle année 5770<br />
Le Rabbin David Benaïm<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt Robert Attia<br />
La Commission Administrative <strong>de</strong><br />
ROISSY-EN-BRIE<br />
souhaitent une bonne et heureuse année,<br />
pleine <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> joie et <strong>de</strong> prospérité à toute<br />
la Communauté <strong>de</strong> ROISSY-EN-BRIE<br />
et <strong>de</strong> ses environs.<br />
1 Av Paul Cezanne - 77680 ROISSY-EN-BRIE<br />
Tél. 01 60 28 36 38<br />
Dany et Jean Bernard LEMMEL<br />
Robin et Silvie, Sonia<br />
Ont le plaisir <strong>de</strong> présenter à leurs<br />
famille et amis<br />
Leurs meilleurs vœux <strong>de</strong><br />
CHANA TOVA<br />
Thonon les Bains : 1 chemin <strong>de</strong> Bellevue<br />
Lausanne et Jérusalem<br />
La Commission Administrative<br />
<strong>de</strong> l’ACIP SEVRAN<br />
Présente à ses fidèles et à toute la<br />
communauté juive ses meilleurs<br />
voeux pour l’année 5770 et souhaite<br />
Paix et sécurité à l’État d’Israël.<br />
25, bis Rue du Docteur Roux BP 111<br />
93270 SEVRAN<br />
BONNE SHANA ANNÉE TOVA<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt<br />
Dr David ROUAH,<br />
le Rabbin<br />
M. David ELFASSI,<br />
l’Association Médicale<br />
et la Commission Administrative<br />
vous adressent tous leurs vœux<br />
pour l’année 5770.<br />
ACIP VITRY<br />
et RAMBAM 94<br />
A.C.I.V. – 127, av. Rouget <strong>de</strong> L’Isle,<br />
94400 Vitry - Tél. 01 46 80 67 54<br />
Les ETS BERTON-BALLARD<br />
et tous leurs collaborateurs vous<br />
présentent leurs bons vœux pour la<br />
nouvelle année<br />
114 Av. Marx Dormoy - 92120 MONTROUGE<br />
Le Rabbin A. DAHAN et<br />
son ai<strong>de</strong> M. KNAFO,<br />
le Prési<strong>de</strong>nt G. SITBON<br />
et les membres du Comité et<br />
<strong>de</strong> la Communauté,<br />
adressent à tous, ainsi qu’à l’Etat<br />
d’Israël leurs voeux sincères<br />
<strong>de</strong> CHANA TOVA 5770<br />
St-Ouen-L’Aumône / Cergy-Pontoise<br />
Ets SCHNERF<br />
ses Collaborateurs<br />
vous présentent<br />
leurs vœux les meilleurs<br />
pour cette Nouvelle année<br />
11 rue Notre Dame <strong>de</strong> Nazareth<br />
75003 <strong>Paris</strong><br />
Tél. 01 42 72 88 21
CHANA TOVA<br />
OHR HANNA<br />
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Organisation <strong>de</strong> Justice et <strong>de</strong> Bonté<br />
Toute l’équipe d’OHR HANNA adresse à tous<br />
ses amis et à toute la communauté ses<br />
meilleurs vœux <strong>de</strong> Chana Tova.<br />
Réfoua chelema à tous nos mala<strong>de</strong>s.<br />
Etre au service <strong>de</strong>s pauvres et <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s<br />
est le combat <strong>de</strong> OHR HANNA. Ensemble nous continuerons<br />
à agir au service <strong>de</strong>s nôtres.<br />
14 villa Bel-Air - 75012 PARIS<br />
Tél. : 01 43 43 40 70<br />
Denis Ktorza,<br />
Bernard Musicant<br />
et toute l’équipe <strong>de</strong> Connec’ sion<br />
vous présentent<br />
leurs meilleurs voeux <strong>de</strong> Chana Tova<br />
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e-mail : presi<strong>de</strong>nt@connec-sion.com<br />
www.connec-sion.com<br />
Roch Hachana<br />
Le SERVICE DE PROTECTION<br />
DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE<br />
souhaite à toute la communauté juive<br />
<strong>de</strong> France, une année <strong>de</strong> santé,<br />
<strong>de</strong> bonheur et <strong>de</strong> paix.<br />
SPCJ - 24h/24 - 7jours/7<br />
N°Vert 0 800 18 26 26<br />
Yvon ABISSEROR<br />
Prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> Surveillance<br />
CONSORTIUM EUROPEEN D’ECHANGES<br />
COMMERCIAUX INTERNATIONAUX<br />
Société Anonyme au Capital <strong>de</strong> 612 850 E<br />
IMPORT EXPORT PRODUITS ALIMENTAIRES<br />
12-14, avenue François-Sommer<br />
92167 ANTONY-CEDEX<br />
Téléphone : 01 42 37 60 60<br />
Fax : 01 42 37 01 89<br />
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Votre concessionnaire<br />
NISSAN<br />
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BONNE ANNÉE À TOUTE LA<br />
COMMUNAUTÉ. JE VOUS AIME<br />
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Chana<br />
SALOMON ROGER WARGA<br />
et ses collaborateurs<br />
vous présentent<br />
leurs bons vœux<br />
pour la nouvelle année.<br />
L'ESG-<strong>Paris</strong><br />
du Groupe<br />
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souhaite à ses étudiants, diplômés<br />
et leurs proches parents<br />
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Tél. : 01 53 36 44 00 - www.esg.fr<br />
Tova<br />
Que cette nouvelle année vous apporte<br />
joie, bonheur, santé et paix. Que cette<br />
année soit remplie d’événéments<br />
heureux et festifs.<br />
17-19, Rue Félicien David - 75016 PARIS<br />
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Vous présentent<br />
leurs meilleurs vœux<br />
BONNE SHANA ANNÉE TOVA<br />
Roch Hachana<br />
5770<br />
Toute l’équipe<br />
d’Information Juive,<br />
souhaite à tous les annonceurs,<br />
abonnés et lecteurs,<br />
ses meilleurs voeux <strong>de</strong><br />
Chana Tova<br />
pour cette nouvelle année 5770
BONNES FEUILLES<br />
Les nouveaux marranes<br />
Nous sommes comme<br />
une petite république,<br />
une communauté,<br />
une confrérie<br />
religieuse laïque, avec<br />
ses moeurs dictées<br />
par la pru<strong>de</strong>nce et la clan<strong>de</strong>stinité et<br />
par le réconfort que nous trouvons<br />
dans notre fraternité. Nous sommes<br />
une famille, un ghetto. Les solutions<br />
que nous avons trouvées à nos<br />
problèmes sont bien adaptées à ces<br />
problèmes, et dans les autres villes, les<br />
Juifs les imitent ou les ont trouvées<br />
eux-mêmes. Un jour, le rabbin Kapel<br />
nous a parlé <strong>de</strong>s Marranes, ces Juifs<br />
d’Espagne qui, pour se soustraire à<br />
l’Inquisition, adoptaient un masque<br />
chrétien, il y a près <strong>de</strong> cinq cents ans.<br />
Kapel n’a pas songé à nous expliquer<br />
qu’ils ont fait comme nous. Ou plutôt,<br />
nous faisons comme eux. Nous<br />
sommes le gibier traqué et nous vivons<br />
comme le gibier adapté efficacement<br />
à ses conditions <strong>de</strong> vie par les milliers<br />
<strong>de</strong> générations qui l’ont précédé.<br />
Nous ne communiquons que <strong>de</strong> vive<br />
voix. On ne s’envoie pas <strong>de</strong> lettres. On<br />
ne téléphone pas. On n’inscrit aucune<br />
adresse dans nos calepins et le mieux,<br />
c’est <strong>de</strong> ne pas connaître celles <strong>de</strong>s<br />
camara<strong>de</strong>s. On les appelle par leur<br />
prénom. Je ne connais presque aucun<br />
<strong>de</strong> leur nom <strong>de</strong> famille véritable, ou<br />
même <strong>de</strong> leurs noms <strong>de</strong> guerre.<br />
Les réunions ne sont pas annoncées.<br />
On sait que chez Marie-du-beurre et<br />
chez madame Jeanne on apprendra<br />
l’heure <strong>de</strong> la prochaine conférence et<br />
l’information est répercutée, on ne sait<br />
pas exactement comment. De toute<br />
façon, au chalet, on saura tout sur les<br />
exposés et les débats que préparent tels<br />
camara<strong>de</strong>s, ou mieux encore, on aura<br />
la surprise d’entendre l’écrivain Henri<br />
Hertz parler <strong>de</strong> littérature, <strong>de</strong> faire la<br />
connaissance du poète Joseph<br />
Milbauer. Surtout, nous retrouverons<br />
40 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
ceux que nous connaissons bien, et<br />
que nous aimons bien et leurs thèmes<br />
habituels dont la répétition nous<br />
rassure. Le rabbin Kapel expliquera les<br />
liens <strong>de</strong> l’idée sioniste avec la religion<br />
et le pays d’Israël, Elek exposera une<br />
nouvelle fois la pensée <strong>de</strong>s grands<br />
penseurs sionistes-socialistes, Berl<br />
Borochov ou Haïm Brenner.<br />
Notre usage pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la parole,<br />
notre réticence à nous confier à l’écrit<br />
ne veulent pas dire que nous avons<br />
pour règle absolue <strong>de</strong> nous passer <strong>de</strong><br />
la poste. Ma soeur Klara nous a écrit<br />
plusieurs fois <strong>de</strong> Chapareillan. Ses<br />
lettres n’ont pas été censurées.<br />
Toto nous écrivait quand nous étions<br />
encore en Belgique. Les enveloppes<br />
ouvertes par la censure étaient<br />
surchargées <strong>de</strong> tampons allemands,<br />
<strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong>s phrases entières étaient<br />
barrés <strong>de</strong> grands traits noirs opaques.<br />
Pour déjouer la censure, <strong>de</strong>s mots<br />
codés sont nés spontanément, qui<br />
puisent dans la logique, dans la langue<br />
hébraïque, dans le trésor culturel juif.<br />
Quand on ne comprend pas, un autre<br />
Juif, plus imaginatif, plus instruit<br />
dépannera. Aller chez Nyster veut dire<br />
se planquer, du verbe hébreu. Chez<br />
Halevi signifie en Espagne, du nom<br />
du grand poète juif hispanique<br />
Jehouda Halevi. Chez l’oncle Mayer,<br />
c’est en Suisse, du nom du dirigeant<br />
communautaire bien connu <strong>de</strong><br />
Genève. Les Talkim sont les Italiens<br />
(d’italkim), et les Allemands<br />
naturellement<br />
PAR PAUL GINIEWSKI<br />
Notre ami Paul Giniewski publie un nouveau livre " Une résistance juive " ( Editions Cheminements. 296<br />
pages, 22 euros) dans lequel l'auteur relate ses souvenirs <strong>de</strong> jeune militant d'un réseau <strong>de</strong> la Résistance juive<br />
<strong>de</strong> France, le MJS ( Mouvement <strong>de</strong> la jeunesse sioniste) .<br />
Cependant, la préoccupation centrale <strong>de</strong> l'œuvre <strong>de</strong> Paul Giniewski, le conflit israélo-arabe, n'est pas absente<br />
<strong>de</strong> ses souvenirs <strong>de</strong> jeunesse : le peuple juif en lutte pour sa survie en Europe, se battait alors déjà sur un<br />
<strong>de</strong>uxième front, en Erets Israël. Nous publions ci-<strong>de</strong>ssous un extrait du livre.<br />
Amalec, l’ennemi héréditaire, ou<br />
Aman, le sanguinaire ministre du roi<br />
Assuérus qui voulait exterminer les<br />
Juifs <strong>de</strong> Perse, et dont on célèbre la<br />
déconfiture lors <strong>de</strong> la fête <strong>de</strong> Pourim.<br />
Quel Juif ne déchiffrerait pas ces<br />
transpositions transparentes ? Hitler,<br />
c’est évi<strong>de</strong>mment pharaon.<br />
Les travestissements linguistiques<br />
varient à l’infini. Tout Juif comprendra<br />
que lorsqu’on lui donne <strong>de</strong>s nouvelles<br />
<strong>de</strong> M. le curé, qui a célébré la première<br />
communion du fils, on lui parle <strong>de</strong> M.<br />
le rabbin qui a célébré sa bar-mitsva.<br />
L’UGIF est la famille Brith (qui veut<br />
dire alliance), Xavier Vallat <strong>de</strong>vient<br />
quinze, entrer à l’hôpital peut signifier<br />
être arrêté ; <strong>de</strong>voir se suralimenter,<br />
avoir besoin d’une carte d’alimentation<br />
; avoir la jaunisse, porter l’étoile jaune,<br />
donc, ne pas encore être planqué. C’est<br />
rudimentaire, approximatif, et cela<br />
fonctionne. Un Juif est un Breton. Le<br />
maquis <strong>de</strong> l’Armée juive est l’auberge.<br />
Et ainsi, indéfiniment.<br />
Tout Juif comprendra que lorsqu'on lui donne <strong>de</strong>s<br />
nouvelles <strong>de</strong> M. le curé, qui a célébré la première<br />
communion du fils, on lui parle <strong>de</strong> M. le rabbin qui<br />
a célébré sa bar-mitsva.<br />
Notre étrange vocabulaire, nos<br />
allusions à notre histoire et à la langue<br />
sacrée et renaissante en Palestine,<br />
dictés par la nécessité, expriment aussi<br />
notre jubilation intérieure <strong>de</strong> réussir à<br />
exprimer notre judaïsme, à faire<br />
étalage <strong>de</strong> notre richesse culturelle et<br />
historique <strong>de</strong>vant les Allemands et<br />
impunément. Même si nous nous<br />
attachons peu à peu à notre nom<br />
d’emprunt, notre spécificité, notre<br />
authenticité rejaillissent. Quand la<br />
troupe Rashi <strong>de</strong>s EIF <strong>de</strong>venait la<br />
troupe Pasteur <strong>de</strong>s Éclaireurs
unionistes, elle afficha le portrait <strong>de</strong><br />
Pasteur dans son local, mais n’avait<br />
nullement renoncé à parler <strong>de</strong> Rashi à<br />
ses louveteaux. L’occultation <strong>de</strong> Rashi<br />
renforçait sa présence réelle. Notre<br />
groupe MJS ne porte pas <strong>de</strong> nom<br />
d’emprunt.<br />
C’est le gdoud, simplement. Venir<br />
au gdoud est une expression d’une<br />
infinie richesse. C’est revenir à nous,<br />
au foyer, à la maison. En plein coeur<br />
<strong>de</strong> Grenoble occupée et sous la férule<br />
<strong>de</strong> Vichy, c’est se débarrasser pour un<br />
moment <strong>de</strong> son métier <strong>de</strong> placeur <strong>de</strong><br />
contrats d’assurance, d’étudiant, <strong>de</strong><br />
contremaître en maroquinerie que<br />
nous sommes <strong>de</strong>venus, reprendre<br />
conscience que c’est pour la durée<br />
d’un interlu<strong>de</strong>. C’est entrer, comme<br />
un plongeur, dans sa cloche <strong>de</strong><br />
plongée qui lui permettra <strong>de</strong> respirer<br />
dans un milieu qui n’est pas le sien.<br />
Le scaphandrier se déplace sous l’eau,<br />
mais il n’est pas un poisson. La<br />
comparaison n’est pas aventurée. Je<br />
ressemble à ceux que je côtoie dans<br />
la rue, dans les trains, dans les<br />
autocars, je parle leur langue sans<br />
doute mieux qu’eux, et je les sens<br />
étrangers. Ils ne sont pas comme moi,<br />
comme nous, en permanent danger<br />
<strong>de</strong> mort. Le Maréchal, qu’ils l’aiment<br />
ou non, a mis fin à leur guerre, ils<br />
sont démobilisés. Nous, les résistants<br />
juifs et tous les autres Juifs, sommes<br />
<strong>de</strong>s mobilisés forcés permanents. S’il<br />
y avait une rafle, cette paysanne<br />
transportant <strong>de</strong>s poulets dans un<br />
panier s’en tirerait sans problème. Ma<br />
mère, certainement pas. Si les<br />
Allemands ou les chasseurs <strong>de</strong> Juifs<br />
déshabillaient le paysan, il ne<br />
risquerait rien. Moi, je serais pris. Au<strong>de</strong>là<br />
d’une adaptation parfaite, il reste<br />
cette irréductible différence. Il faut<br />
en permanence ne pas l’oublier, se<br />
fondre encore mieux dans la masse,<br />
s’adapter, mais tout peut s’effondrer<br />
en un instant. On ne trouve <strong>de</strong><br />
véritable détente que sur notre île<br />
déserte, entre nous. Véritable ?<br />
Illusoire ? Je sais bien que nos “bifs”<br />
et nos “synthés” et nos co<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
langage sont <strong>de</strong>s succédanés<br />
d’armures, peut-être seulement <strong>de</strong>s<br />
armures <strong>de</strong> théâtre en carton-pâte.<br />
Efficaces ? Les coquilles <strong>de</strong>s<br />
escargots, les carapaces <strong>de</strong>s tortues<br />
le sont contre certaines pressions. Pas<br />
contre <strong>de</strong>s marteaux-pilons.<br />
Je sais bien que nous ne vivons pas<br />
en autarcie. Nous n’avons pas sécrété<br />
tout seul notre carapace. Nous<br />
recevons beaucoup du milieu. Je suis<br />
bien placé, comme tous mes<br />
camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> “l’éducation physique”,<br />
pour savoir ce que nous <strong>de</strong>vons à nos<br />
sympathisants et alliés, les mairies,<br />
les curés, les secrétaires <strong>de</strong> mairies<br />
qui nous ai<strong>de</strong>nt, à tous ceux qui<br />
donnent abri aux Juifs cachés. Que<br />
ferions-nous sans eux ?<br />
Je sais bien, aussi, qu’ils sont peutêtre<br />
les arbres qui cachent la forêt<br />
touffue. Les autres sont également<br />
présents.<br />
Les vichyssois, les miliciens, les<br />
dénonciateurs. Et après ceux qui sont<br />
activement hostiles, la gran<strong>de</strong> masse<br />
<strong>de</strong>s indifférents, tels ces enseignants<br />
et fonctionnaires qui n’ont pas<br />
protesté quand Pétain a institué le<br />
BONNES FEUILLES<br />
statut <strong>de</strong>s Juifs. Je les juge peut-être<br />
trop sévèrement ? Moi aussi, après tout,<br />
si je m’examinais avec probité, je me<br />
découvrirais bien <strong>de</strong>s points communs<br />
avec eux. Suis-je réellement préoccupé<br />
<strong>de</strong>s jeunes du STO dont je fais état ?<br />
Même si nous nous attachons peu à peu<br />
à notre nom d'emprunt, notre spécificité,<br />
notre authenticité rejaillissent.<br />
O D A S E J<br />
Par le sort <strong>de</strong>s prisonniers <strong>de</strong> guerre<br />
français ? Et je trouve mon plaisir avec<br />
les comédies <strong>de</strong> Plaute et les rigueurs<br />
<strong>de</strong>s Parnassiens, tandis que ma soeur<br />
Rosa et Lily Abelew sont dans les<br />
camps. Et chacun <strong>de</strong> nous, Georges,<br />
Toto, même le sévère Simon, et tous les<br />
autres, ont sûrement leurs plaisirs<br />
secrets, leurs équivalents <strong>de</strong> Plaute. Je<br />
pense à mon oncle Benno, le frère <strong>de</strong><br />
ma mère. Il aimait les dictons, comme<br />
mon père. Quand j’étais enfant, il<br />
répétait souvent : “Je<strong>de</strong>s Tierchen hat<br />
sein laisirchen” (Chaque petite bestiole<br />
a ses petites joies).<br />
L’ŒUVRE D’ASSISTANCE SOCIALE A L’ENFANCE JUIVE<br />
est une association reconnue d’utilité publique par décret du 28 mai 1919<br />
Parce qu’un enfant heureux<br />
<strong>de</strong>vient un adulte qui a <strong>de</strong> meilleures chances<br />
<strong>de</strong> construire son avenir et celui<br />
<strong>de</strong> la communauté<br />
L’ODASEJ a pour mission<br />
d’ai<strong>de</strong>r les enfants et les adolescents défavorisés ou<br />
en difficulté sur le territoire national<br />
Leur avenir<br />
est entre vos mains<br />
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<strong>de</strong> solidarité…<br />
Perpétuez la mémoire <strong>de</strong> vos parents…<br />
… Faites un legs ou une donation à l’ODASEJ<br />
Que vous ayez <strong>de</strong>s héritiers ou non, vous pouvez faire<br />
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INFORMATION JUIVE Septembre 2009 41
MÉMOIRE<br />
“Il faut laisser<br />
du temps au temps” PAR<br />
Jamais je n’ai pensé que cette<br />
maxime pourrait trouver sa<br />
justification dans une<br />
décision que j’ai prise il y a<br />
60 ans ! Lors <strong>de</strong> ma<br />
déportation en septembre<br />
1942, mon père, reconnu<br />
intransportable, avait été autorisé à<br />
rester dans le camp <strong>de</strong> Noé, en Haute<br />
Garonne. Il avait alors 46 ans. Puis ce<br />
furent trois années à Auschwitz.<br />
Evadé après la “marche <strong>de</strong> la mort”,<br />
rapatrié via O<strong>de</strong>ssa, débarqué à<br />
Marseille, j’avais pris le train me<br />
ramenant à Revel, l’endroit où mes<br />
parents, ma sœur et moi avions été<br />
arrêtés. Durant ce voyage je m’étais<br />
mis à rêver que je retrouverais mon<br />
père, certes pas en parfaite santé, mais<br />
vivant et heureux <strong>de</strong> m’entourer <strong>de</strong> son<br />
affection, après ces années <strong>de</strong><br />
souffrances.<br />
De retour enfin dans cette petite ville<br />
du Sud-Ouest, gran<strong>de</strong> a été ma<br />
déception <strong>de</strong> ne pas être attendu à la<br />
gare. Je me suis précipité chez une<br />
amie <strong>de</strong> mes parents car j’avais gardé<br />
le souvenir du chaleureux accueil<br />
qu’elle nous avait réservé lors <strong>de</strong> notre<br />
arrivée <strong>de</strong> Bruxelles, au début <strong>de</strong> la<br />
guerre, en mai 1940.<br />
Après d’affectueuses retrouvailles, je<br />
<strong>de</strong>mandai aussitôt quel avait été le sort<br />
<strong>de</strong> mon père. La nouvelle qu’il était<br />
mort un an après notre déportation vint<br />
s’ajouter au <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> tous les miens.<br />
J’allais donc <strong>de</strong>voir seul affronter<br />
l’avenir et me frayer un chemin dans<br />
la vie !<br />
Accompagné par cette amie qui<br />
m’est <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>venue très chère, je me<br />
suis rendu au cimetière <strong>de</strong> Revel : là,<br />
au milieu <strong>de</strong> toutes les tombes, sur une<br />
planchette noire, étaient inscrits le nom<br />
<strong>de</strong> mon père et la date <strong>de</strong> son décès.<br />
Il me fallait très rapi<strong>de</strong>ment acheter<br />
une concession afin que sa dépouille<br />
puisse reposer en paix et n’aille pas<br />
rejoindre la fosse commune.<br />
42 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
Puis a commencé pour moi l’effort<br />
<strong>de</strong> la réintégration dans la vie normale.<br />
J’ai repris <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s au terme<br />
<strong>de</strong>squelles j’ai trouvé un emploi à <strong>Paris</strong><br />
et dès que mes moyens financiers me<br />
l’ont permis, j’ai décidé d’ériger une<br />
sépulture digne <strong>de</strong> mon père.<br />
Afin <strong>de</strong> respecter nos traditions, il<br />
m’aurait fallu transférer son corps<br />
dans un carré juif <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s<br />
cimetières parisiens. J’ai hésité à le<br />
faire; pensant à tort ou à raison que<br />
mon père, durant sa <strong>de</strong>rnière année<br />
<strong>de</strong> vie, avait été entouré par les gens<br />
du pays lesquels lui avaient apporté<br />
ai<strong>de</strong> et consolation. En outre ils<br />
auraient pu considérer mon geste<br />
comme une marque d’ingratitu<strong>de</strong> ou<br />
encore imaginer que j’estimais leur<br />
cimetière indigne <strong>de</strong> la dépouille <strong>de</strong><br />
mon père. Ma décision fut alors, bien<br />
que conscient d’enfreindre nos<br />
usages, <strong>de</strong> laisser mon père reposer à<br />
l’endroit où il avait été enterré. Je<br />
faisais graver sur la pierre tombale un<br />
Maguen David ainsi que les noms <strong>de</strong><br />
ma mère et <strong>de</strong> ma sœur, avec la<br />
mention “Déportées en 1942 mortes<br />
à Auschwitz”.<br />
Guidé par l’idée que cette seule<br />
tombe juive inciterait le passant à s’y<br />
arrêter, à se poser <strong>de</strong>s questions sur<br />
cette présence insolite et à vouloir<br />
connaître l’histoire <strong>de</strong> ma famille et<br />
plus particulièrement celle <strong>de</strong> la<br />
déportation. Quelques années plus<br />
tard, nommé citoyen d’honneur <strong>de</strong> la<br />
petite ville <strong>de</strong> Revel, j’ai constaté à<br />
cette occasion à quel point cette tombe<br />
était ignorée et j’ai pensé que mon<br />
choix, il y a soixante ans, avait été<br />
erroné.<br />
Je fis part <strong>de</strong> ma frustration à mon<br />
ami Jules Soletchnik qui avait été élève<br />
au Collège durant les années noires.<br />
Sa réponse m’a rasséréné. Il ne<br />
manquait jamais, me confia-t-il, en se<br />
rendant à Revel <strong>de</strong> déposer une petite<br />
pierre sur la tombe qu’il considérait un<br />
peu comme la sépulture <strong>de</strong> son père,<br />
Résistant, déporté en juillet 1944 et<br />
PAUL SHAFFER *<br />
mort à Bergen-Belsen. Son propos a<br />
suffi pour réduire un peu mon regret<br />
quant à ma décision d’autrefois.<br />
Des années se sont écoulées <strong>de</strong>puis<br />
sans qu’aucun autre événement ne<br />
vienne me consoler <strong>de</strong> la décision que<br />
j’avais prise, avec l’espoir <strong>de</strong> maintenir<br />
à cet endroit la mémoire <strong>de</strong> la Shoah.<br />
Mais voilà qu’invité il y a quelques<br />
mois à témoigner <strong>de</strong> mon histoire et<br />
<strong>de</strong> celle <strong>de</strong> ma famille, dans une<br />
classe terminale du lycée professionnel<br />
<strong>de</strong> Revel, le professeur, Mme<br />
Christelle Febvre, me fit part du<br />
souhait <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> se rendre sur<br />
la tombe <strong>de</strong> mon père et me<br />
<strong>de</strong>manda donc son emplacement.<br />
Ces élèves avaient l’âge que j’avais<br />
lors <strong>de</strong> mon arrestation. Ils avaient<br />
déjà, avant ma venue, travaillé sur<br />
mon livre autobiographique “Le<br />
Soleil voilé” où je mentionnais<br />
l’existence <strong>de</strong> cette tombe. Par<br />
ailleurs ils s’étaient rendus au camp<br />
d’Auschwitz-Birkenau. De retour,<br />
l’un d’eux, âgé <strong>de</strong> 18 ans, a écrit une<br />
lettre admirable.<br />
Cette lettre comportait quelques<br />
phrases simples m’assurant combien<br />
les élèves avaient été heureux <strong>de</strong> se<br />
recueillir sur la tombe <strong>de</strong> mon père,<br />
<strong>de</strong> la fleurir et <strong>de</strong> parler encore une<br />
fois <strong>de</strong> la déportation et se termine<br />
ainsi: “ Nous tâcherons dans le futur<br />
d’être les porteurs <strong>de</strong>s graines<br />
plantées par vous et vos mots.”<br />
Et c’est alors qu’ayant témoigné à<br />
Mme Christelle Febvre, non<br />
seulement <strong>de</strong> ma reconnaissance<br />
mais aussi <strong>de</strong> ma profon<strong>de</strong> émotion,<br />
j’ai reçu <strong>de</strong> sa part un message très<br />
court… : “Mon cher Paul, dorénavant,<br />
chaque année, j’irai sur la<br />
tombe <strong>de</strong> votre père” !<br />
—<br />
(*) Prési<strong>de</strong>nt du Comité francais pour<br />
Yad Vashem ; auteur du livre : “Le<br />
Soleil voilé” Auschwitz 1942-45,<br />
préface <strong>de</strong> Simone Veil.
Le patrimoine<br />
juif européen<br />
Existe-t-il un patrimoine<br />
juif européen ? Evoquer<br />
le “patrimoine juif”<br />
nécessite d’emblée <strong>de</strong> se<br />
placer à l’échelle<br />
européenne, non seulement<br />
parce que les Juifs ont connu dès<br />
l’antiquité, par leurs incessants<br />
déplacements, un <strong>de</strong>stin européen,<br />
mais aussi parce qu’ils ont<br />
indéniablement contribué à l’élaboration<br />
<strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la culture<br />
européenne, parallèlement aux legs<br />
grec, romain et chrétien. Or, il n’est pas<br />
<strong>de</strong> meilleur témoin (et acteur) <strong>de</strong> ce<br />
processus que le patrimoine juif. Il<br />
résulte d’une symbiose i<strong>de</strong>ntitaire et<br />
symbolique qui transparaît dans les<br />
coutumes religieuses et sociales, dans<br />
les objets, les monuments et les textes,<br />
dans les échanges aussi bien<br />
commerciaux qu’intellectuels dont les<br />
Juifs furent le moteur.<br />
Non porteurs d’une tradition<br />
esthétique, les Juifs ont pu en tout lieu<br />
adapter leurs aspirations aux formes<br />
locales et même les transporter. Produit<br />
<strong>de</strong> synthèses multiculturelles, le<br />
patrimoine juif est ancré dans la réalité<br />
historique <strong>de</strong> chaque pays et<br />
transcen<strong>de</strong> les particularismes par la<br />
multiplicité <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités à partir<br />
<strong>de</strong>squelles il se constitue. Le judaïsme<br />
est lui-même riche <strong>de</strong> plusieurs<br />
traditions qui ont essaimé à travers<br />
l’Europe : ainsi les séfara<strong>de</strong>s ont<br />
diffusé leur langue et certains éléments<br />
<strong>de</strong> culture espagnole à Venise,<br />
Thessalonique, Istanbul, Bor<strong>de</strong>aux,<br />
Amsterdam… La yiddishkeit du mon<strong>de</strong><br />
achkenaze constitue aussi une riche<br />
culture transnationale <strong>de</strong> la Russie à<br />
l’Alsace.<br />
Les monuments reflètent cette<br />
diversité, tels les précieux témoignages<br />
<strong>de</strong> l’art mudéjar que sont les<br />
synagogues d’Espagne, les oratoires<br />
italiens qui entremêlent les motifs juifs<br />
aux fastes <strong>de</strong> la Renaissance et du<br />
baroque, les synagogues-forteresses et<br />
les chefs-d’œuvre en bois <strong>de</strong> Galicie,<br />
<strong>de</strong> Lituanie, <strong>de</strong> Pologne et d’Ukraine,<br />
les stèles baroques <strong>de</strong>s cimetières<br />
d’Europe centrale… Même après<br />
l’émancipation qui accélère le<br />
processus <strong>de</strong> nationalisation <strong>de</strong>s Juifs,<br />
les édifices juifs attestent ces échanges<br />
artistiques : l’orientalisme, par<br />
exemple, se déploie <strong>de</strong> Saint-<br />
Pétersbourg à Florence en passant par<br />
Budapest et Liverpool.<br />
Une saveur à peu<br />
près homogène<br />
Les historiens ont souligné le rôle<br />
d’intermédiaires joué par les Juifs,<br />
surtout <strong>de</strong>puis le Xe siècle qui les voit<br />
se déplacer le long <strong>de</strong>s vallées du<br />
Rhône, du Rhin, du Danube… Leur<br />
diaspora suit les axes majeurs<br />
CULTURE<br />
PAR DOMINIQUE JARRASSÉ *<br />
Le 6 septembre <strong>de</strong>rnier a été célébrée dans un grand nombre <strong>de</strong> pays du continent européen la Journée<br />
européenne <strong>de</strong> la culture juive. La journée a été placée cette année sous le signe du patrimoine et <strong>de</strong>s traditions<br />
juives, et a également constitué en France un <strong>de</strong>s coups d'envoi <strong>de</strong>s "Dix jours du <strong>Consistoire</strong>". Notre ami<br />
Dominique Jarrassé tente <strong>de</strong> définir ci-<strong>de</strong>ssous les contours et le contenu <strong>de</strong> cette culture juive.<br />
Dominique Jarrassé<br />
d’échanges : ils ne sont pas seulement<br />
actifs dans le commerce et la banque –<br />
<strong>de</strong>s prêteurs du Moyen Age aux<br />
Rothschild – ils sont mé<strong>de</strong>cins,<br />
diplomates, traducteurs… Ils<br />
transmettent une part <strong>de</strong> l’héritage grec<br />
recueilli par le mon<strong>de</strong> arabe avec lequel<br />
ils sont en contact. Quand les royaumes<br />
chrétiens d’Occi<strong>de</strong>nt les expulsent, ils<br />
se réfugient en Europe centrale et dans<br />
l’empire ottoman ; ces migrations sont<br />
encore l’occasion <strong>de</strong> transferts <strong>de</strong><br />
connaissances et d’idées.<br />
Tirer un sens européen <strong>de</strong> cette<br />
histoire inscrite dans le patrimoine,<br />
c’est, d’une part, mesurer la<br />
contribution <strong>de</strong>s Juifs à une culture<br />
européenne qui ne peut exister que<br />
dans l’ouverture à l’altérité (tous les<br />
totalitarismes s’en prennent à eux, non<br />
sans raison, puisque leur existence est<br />
la garantie du pluralisme), d’autre part,<br />
comprendre leur rôle <strong>de</strong> “liant”. Nous<br />
aurions envie <strong>de</strong> reprendre cette<br />
étrange métaphore du défenseur <strong>de</strong> la<br />
mo<strong>de</strong>rnité que fut le critique allemand<br />
Wilhelm Uh<strong>de</strong> dans son Picasso et la<br />
tradition française (1928) : selon lui,<br />
les Juifs, promoteurs d’une “peinture<br />
européenne” face aux replis nationaux,<br />
amenaient la diversité <strong>de</strong> l’Europe à<br />
son accomplissement. Il écrivait :<br />
“Sans eux, entre ses différentes races,<br />
se creuseraient d’infranchissables<br />
abîmes. Les Juifs sont le condiment qui<br />
procure au ragoût <strong>de</strong>s peuples une<br />
saveur à peu près homogène.”<br />
Souvent les Juifs ont été <strong>de</strong> vrais<br />
Européens, car d’emblée capables <strong>de</strong><br />
transcen<strong>de</strong>r l’attachement, certes<br />
légitime, aux patries étroites pour<br />
participer d’i<strong>de</strong>ntités plurielles.<br />
Combien <strong>de</strong> penseurs polyglottes <strong>de</strong><br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 43
CULTURE<br />
stature européenne, tel Rachi,<br />
Champenois formé dans la vallée du<br />
Rhin, dont le commentaire talmudique<br />
est si essentiel qu’il est lu dans toute<br />
l’Europe, puis dans le mon<strong>de</strong> entier, tel<br />
Kafka, Juif <strong>de</strong> langue alleman<strong>de</strong> vivant<br />
à Prague, tel Elias Canetti… Qui<br />
réduirait Freud à Vienne ? La judéité<br />
<strong>de</strong> Stefan Zweig n’est pas étrangère à<br />
son sentiment d’européen effaré par la<br />
disparition d’un mon<strong>de</strong>, mais animé <strong>de</strong><br />
l’espoir d’une renaissance par <strong>de</strong>là les<br />
nationalismes meurtriers. Les Juifs<br />
furent très tôt européens, parce que<br />
dans ces guerres fratrici<strong>de</strong>s qui ont<br />
ensanglanté l’Europe <strong>de</strong>puis le XIXe<br />
siècle, ils se sont fait tuer dans chaque<br />
camp ; et cela parut absur<strong>de</strong> à ceux<br />
qui ne faisaient qu’anticiper ce qui<br />
<strong>de</strong>vrait aussi apparaître inconcevable<br />
à tout Européen.<br />
Dans une Europe multiculturelle,<br />
l’expérience juive est primordiale :<br />
combien <strong>de</strong> fois n’a-t-on pas invoqué<br />
leur exemple dans les débats sur<br />
l’intégration <strong>de</strong>s étrangers extraeuropéens<br />
! Evi<strong>de</strong>mment, il n’est pas<br />
jusqu’à la Shoah qui n’ait, dans<br />
l’ampleur <strong>de</strong> sa monstruosité, une<br />
44 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
Synagogue <strong>de</strong> la Paix à Strasbourg<br />
dimension européenne : ce sont tous<br />
les Juifs d’Europe qu’ont rêvé<br />
d’exterminer les nazis et leurs<br />
complices <strong>de</strong> toutes nationalités. Les<br />
traces omniprésentes <strong>de</strong> ce crime<br />
rappellent la facilité avec laquelle<br />
l’homme cè<strong>de</strong> à l’immon<strong>de</strong>. Tout lieu<br />
juif européen, même s’il n’est pas un<br />
camp ou un mémorial, en porte<br />
inévitablement la marque.<br />
Mais il convient <strong>de</strong> ne pas limiter le<br />
patrimoine juif à sa dimension<br />
testamentaire (voire vétérotestamentaire<br />
!), mémorielle et<br />
victimaire. Il est vivant et sa fonction<br />
dans la construction <strong>de</strong> la culture<br />
européenne tient à la transmission <strong>de</strong><br />
valeurs positives et actuelles. Il est<br />
significatif qu’en pleine montée <strong>de</strong>s<br />
périls, à Londres en 1931, d’éminents<br />
spécialistes aient voulu dresser<br />
l’inventaire du Legs d’Israël. Or, un <strong>de</strong>s<br />
contributeurs, Clau<strong>de</strong> G. Montefiore,<br />
inconsciemment prophétique,<br />
dénonçait cette vision d’un judaïsme<br />
momifié : “Si en 1900, écrivait-il, tous<br />
Les communautés juives <strong>de</strong>meurant<br />
en Europe assurent la continuité entre un passé<br />
<strong>de</strong>ux fois millénaire et un avenir qu'elles veulent<br />
justement européen.<br />
les Israélites avaient subi une complète<br />
extermination, les essais ci-<strong>de</strong>ssus<br />
auraient pu être écrits exactement<br />
comme ils l’ont été.” En matière <strong>de</strong><br />
patrimoine juif européen, il convient<br />
donc d’éviter l’écueil d’une vision<br />
passéiste en valorisant un héritage<br />
vivant. Les communautés juives<br />
<strong>de</strong>meurant en Europe assurent la<br />
continuité entre un passé <strong>de</strong>ux fois<br />
millénaire et un avenir qu’elles veulent<br />
justement européen.<br />
Une expérience intéressante a été<br />
lancée par le Conseil <strong>de</strong> l’Europe qui,
en mai 2004, a labellisé un “Itinéraire<br />
européen du patrimoine juif” offrant<br />
plusieurs facettes. Au premier titre,<br />
parce qu’il n’est pas d’itinéraire sans<br />
ancrage dans l’espace, il s’agit<br />
évi<strong>de</strong>mment du patrimoine immobilier,<br />
quartiers <strong>de</strong> ville à Amsterdam,<br />
Cracovie ou <strong>Paris</strong>, ju<strong>de</strong>rias ou ghettos<br />
extraordinairement conservés comme<br />
à Venise, Gérone ou T?ebíc<br />
(République tchèque), milliers <strong>de</strong><br />
cimetières – <strong>de</strong> l’humble carré perdu<br />
dans la campagne aux amoncellements<br />
<strong>de</strong> Prague et aux nécropoles<br />
monumentales, mikvaot (bains rituels)<br />
<strong>de</strong> Spire, Montpellier ou Besalú…<br />
Quant aux synagogues, symboles<br />
même <strong>de</strong> la présence juive, l’Europe en<br />
conserve d’innombrables <strong>de</strong>puis<br />
l’antiquité (Délos, Stobi en Macédoine,<br />
Ostie…) et le Moyen Age (Rouen,<br />
Prague, Sopron en Hongrie, Tomar au<br />
Portugal, Cracovie…) Ce sont <strong>de</strong>s<br />
milliers <strong>de</strong> synagogues, malgré les<br />
<strong>de</strong>structions massives (près <strong>de</strong> 2000 en<br />
Allemagne, 2000 sur 8000 en Pologne),<br />
qui attestent aujourd’hui la dispersion<br />
<strong>de</strong>s Juifs dans les métropoles, mais<br />
aussi en zone rurale : combien<br />
symbolique est toujours leur<br />
implantation dans une cité, à l’image<br />
du statut <strong>de</strong>s Juifs dans la société !<br />
Certaines sont <strong>de</strong>s chefs-d’œuvre<br />
artistiques, <strong>de</strong> tous les styles possibles,<br />
alors que d’autres, humbles, offrent <strong>de</strong>s<br />
témoignages vernaculaires non moins<br />
précieux. Car, évi<strong>de</strong>mment, il serait<br />
réducteur <strong>de</strong> ne voir le patrimoine juif<br />
que sous son aspect monumental ; <strong>de</strong><br />
plus, par <strong>de</strong>là les beautés<br />
architecturales, il est porteur <strong>de</strong> sens.<br />
Toutefois ce n’est pas tant dans la pierre<br />
que dans le texte, le rite et la spiritualité<br />
que rési<strong>de</strong>nt les valeurs patrimoniales<br />
du judaïsme. Le plus souvent d’essence<br />
religieuse, ce patrimoine est aussi<br />
culturel, artistique, musical, littéraire,<br />
mais il conserve toujours une<br />
dimension morale : visiter le<br />
patrimoine juif revient à recevoir<br />
l’enseignement <strong>de</strong> valeurs<br />
fondamentales, à comprendre l’autre.<br />
Les droits <strong>de</strong> l’Homme ne sont-ils pas<br />
d’abord inscrits dans la Tora et aux<br />
pignons <strong>de</strong>s synagogues ?<br />
Support essentiel <strong>de</strong> la préservation<br />
et <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> ce patrimoine juif<br />
européen, un réseau <strong>de</strong> musées s’est<br />
créé, à la fois parce qu’ils sont <strong>de</strong>s<br />
cadres pédagogiques d’interprétation<br />
et parce que peuvent y être proposées<br />
<strong>de</strong>s expériences et <strong>de</strong>s structures<br />
originales, que l’on songe au Musée<br />
juif <strong>de</strong> Berlin. C’est là que sont<br />
rassemblées <strong>de</strong>s collections d’objets<br />
rituels, <strong>de</strong> manuscrits, d’œuvres d’art,<br />
les archives et les documentations<br />
irremplaçables que complètent les<br />
bibliothèques juives, comme celle,<br />
exceptionnelle, <strong>de</strong> l’Alliance Israélite<br />
Universelle à <strong>Paris</strong>.<br />
Cependant il reste une autre<br />
dimension du patrimoine juif difficile<br />
à mettre en valeur lorsqu’il n’y a pas <strong>de</strong><br />
support “monumental”. Comment<br />
évoquer Rachi à Troyes, où certains<br />
visiteurs prennent la synagogue, toute<br />
récente, pour celle du grand maître ?<br />
Peut-on présenter Rabenou Tam à<br />
Ramerupt ? Comment situer<br />
Maïmoni<strong>de</strong> à Cordoue autrement que<br />
par une statue ? Un <strong>de</strong>rnier exemple<br />
peut révéler une dimension qu’un<br />
itinéraire culturel a du mal à restituer<br />
: où ancrer une figure aussi<br />
fondamentale que le Baal Chem Tov,<br />
fondateur du hassidisme au XVIIIe<br />
siècle ? Parfois, <strong>de</strong>s lieux existent où<br />
souffle seulement l’esprit : ainsi à<br />
Ouman (Ukraine), quel rayonnement<br />
vivant a gardé la tombe <strong>de</strong> rabbi<br />
Nachman <strong>de</strong> Breslev ! Car mettre en<br />
lumière le patrimoine juif ne consiste<br />
pas seulement à retenir les éléments<br />
intégrés à la culture européenne, c’est<br />
aussi découvrir les composantes les<br />
plus spécifiques et authentiques <strong>de</strong> la<br />
culture juive elle-même. Des journées<br />
européennes <strong>de</strong> la culture juive s’y<br />
efforcent, mais il faut parfois réussir un<br />
tour <strong>de</strong> force pour partager une culture<br />
et accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s strates plus profon<strong>de</strong>s<br />
CULTURE<br />
qu’un peu <strong>de</strong> musique folklorique. De<br />
plus, il faut avoir conscience <strong>de</strong>s<br />
dangers qui guettent encore le<br />
patrimoine juif et <strong>de</strong>s actions immenses<br />
à engager, car il est clair que ce<br />
patrimoine n’était pas uniquement celui<br />
Le plus souvent d'essence religieuse, ce<br />
patrimoine est aussi culturel, artistique, musical,<br />
littéraire, mais il conserve toujours une dimension<br />
morale : visiter le patrimoine juif revient à recevoir<br />
l'enseignement <strong>de</strong> valeurs fondamentales, à<br />
comprendre l'autre.<br />
<strong>de</strong>s Juifs, mais celui <strong>de</strong> chaque nation<br />
et <strong>de</strong> toute l’Europe. D’ailleurs, la<br />
dimension européenne <strong>de</strong> la culture<br />
juive semble naturelle : quand, en<br />
1996, sur une initiative née à<br />
Strasbourg, la ville <strong>de</strong> la synagogue <strong>de</strong><br />
la Paix1, est lancée l’idée d’une Journée<br />
Portes ouvertes dans les synagogues<br />
d’Alsace, trois ans après elle <strong>de</strong>vient les<br />
Journées Européennes <strong>de</strong> la Culture<br />
Juive, à laquelle participent aujourd’hui<br />
30 pays !<br />
C’est donc un patrimoine, également<br />
en <strong>de</strong>venir, qui peut ai<strong>de</strong>r même à la<br />
construction européenne, puisque pas<br />
un seul pays européen n’en est<br />
dépourvu. Certes le “condiment” a été<br />
durement éprouvé par la saignée <strong>de</strong> la<br />
Shoah, mais il a également été revivifié<br />
par les Juifs chassés <strong>de</strong>s pays<br />
musulmans qui sont venus ajouter leur<br />
histoire et leur culture à celles <strong>de</strong>s Juifs<br />
d’Europe, en renouveler l’i<strong>de</strong>ntité. Or<br />
c’est là la fonction première du<br />
patrimoine, fon<strong>de</strong>r l’i<strong>de</strong>ntité et la mettre<br />
en dialogue. Le patrimoine juif<br />
européen est ainsi découverte d’une<br />
part <strong>de</strong> la culture européenne, donc <strong>de</strong><br />
l’autre et <strong>de</strong> soi-même.<br />
—<br />
*Dominique Jarrassé est professeur<br />
d'histoire et d'art contemporain à<br />
l'université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux et àl'Ecole du<br />
Louvre. Il est par ailleurs spécialiste <strong>de</strong><br />
l'histoire <strong>de</strong>s synagogues en Europe, une<br />
histoire à laquelle il a consacré <strong>de</strong><br />
nombreux ouvrages. Il travaille<br />
actuellement sur un livre consacré à<br />
l'histoire <strong>de</strong>s synagogues en Tunisie.<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 45
LIVRES<br />
Les éditeurs<br />
annoncent<br />
Une heure avant la fin du mon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> Joseph Roth.<br />
Les textes choisis pour ce recueil,<br />
dans l'œuvre journalistique <strong>de</strong> Roth,<br />
dénoncent le développement en<br />
Allemagne d'un nationalisme agressif<br />
dès les années vingt. Joseph Roth est<br />
né en Autriche en 1894 et il est mort à<br />
<strong>Paris</strong> en 1939. ( Editions Liana Lévi )<br />
A lire dans la prochaine livraison<br />
<strong>de</strong> l'excellente revue Le Meilleur <strong>de</strong>s<br />
mon<strong>de</strong>s (que publient les éditions<br />
Denoel) une étu<strong>de</strong> sur "la fascination<br />
totalitaire" chez Besancenot et Badiou.<br />
Bob Maloubier publie chez<br />
Calmann-Lévy, en collaboration avec<br />
Brigitte Rossigneux, un livre <strong>de</strong><br />
souvenirs " Les coups tordus <strong>de</strong> Winston<br />
Churchill". La face cachée <strong>de</strong> celui<br />
qu'on a appelé "le vieux lion".<br />
Historien, directeur <strong>de</strong> recherche<br />
au CNRS, Michel Dreyfus publie aux<br />
éditions <strong>de</strong> La Découverte "L'antisémitisme<br />
à gauche. Histoire d'un<br />
paradoxe <strong>de</strong> 1830 à nos jours". Voici<br />
comment l'éditeur présente ce travail :<br />
"C'est une plongée historique<br />
passionnante que propose ce livre, en<br />
espérant ai<strong>de</strong>r la gauche à se confronter<br />
à cette question délicate et douloureuse,<br />
non pour battre sa coulpe dans une<br />
autoflagellation masochiste, mais pour<br />
rester vigilante contre un danger<br />
toujours possible". Nous reviendrons<br />
prochainement sur ce livre.<br />
Yuri Slezkine est professeur<br />
d'histoire et directeur <strong>de</strong> l'Institut<br />
d'étu<strong>de</strong>s slaves, est-européennes et<br />
eurasiennes à l'université <strong>de</strong> Californie<br />
à Berkeley. Son livre " Le siècle juif "<br />
publié aux Etats-Unis a été couronné<br />
par plusieurs prix et a été reconnu<br />
comme un véritable chef d'œuvre. Voici<br />
ce que dit <strong>de</strong> ce livre l'historien Walter<br />
Laqueur, spécialiste du sionisme :<br />
46 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
"Tomber sur une œuvre aussi<br />
audacieuse, originale et panoramique<br />
en cet âge <strong>de</strong> spécialisation étroite n'est<br />
pas seulement un heureux événement ;<br />
c'est presque une sensation ". Traduit<br />
<strong>de</strong> l'anglais par Marc Saint-Upéry.<br />
Les éditions du Seuil annoncent<br />
la publication du livre posthume<br />
d'André Schwarz Bart, l'auteur du<br />
Dernier <strong>de</strong>s Justes. Ce livre " L'étoile<br />
du matin " est le <strong>de</strong>rnier texte sur lequel<br />
ait travaillé l'un <strong>de</strong>s plus célèbres Prix<br />
Goncourt.<br />
A noter enfin la parution aux<br />
Editions <strong>de</strong> l'Atelier une étu<strong>de</strong> que<br />
Séverine Mathieu consacre à la<br />
"transmission du judaïsme dans les<br />
couples mixtes".Mme Mathieu est<br />
agrégée <strong>de</strong> sciences sociales et docteur<br />
en sociologie.
L'éducation carcérale<br />
d'un apprenti parrain<br />
On nous avait bien prédit<br />
qu'Un pro-phète<br />
(Grand Prix du festival<br />
<strong>de</strong> Cannes cette<br />
année) serait le filmchoc<br />
<strong>de</strong> cette rentrée<br />
2009, mais il n'en <strong>de</strong>meure pas moins<br />
que l'effet <strong>de</strong> surprise reste entier au<br />
sortir <strong>de</strong> la projection <strong>de</strong> ce longmétrage<br />
magistralement maîtrisé, au<br />
scénario foisonnant et à l'interprétation<br />
impeccable.<br />
Un stupéfiant film <strong>de</strong> genre (à<br />
déconseiller toutefois aux âmes<br />
sensibles) qui ne ressemble à aucun<br />
autre, parvient à créer ses propres co<strong>de</strong>s<br />
et son propre univers, et qui permet à<br />
Jacques Audiard <strong>de</strong> sublimer encore<br />
une fois son cinéma dans une <strong>de</strong> ces<br />
oeuvres noires dont il a le secret.<br />
Le réalisateur parvient en effet à nous<br />
scotcher à notre fauteuil durant près <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux heures et <strong>de</strong>mie au travers du<br />
parcours initiatique et hors du commun<br />
<strong>de</strong> son anti-héros, le jeune Malik El<br />
Djebena, incarné à l'écran par un acteur<br />
débutant impressionnant dénommé<br />
Tahar Rahim.<br />
Un jeune acteur français <strong>de</strong> 27 ans<br />
que l'on avait pu apercevoir dans la<br />
série La Commune sur Canal plus et<br />
qui parvient, ni plus ni moins, à tenir<br />
aujourd'hui la dragée haute à l'un <strong>de</strong>s<br />
monstres sacrés du théâtre<br />
contemporain (et désormais du 7ème<br />
art hexagonal), Niels Arestrup, que l'on<br />
avait quitté il y a quatre ans en père <strong>de</strong><br />
Romain Duris dans le remarquable De<br />
battre mon coeur s'est arrêté.<br />
Et même s'il n'est plus question d'un<br />
rapport père-fils au sens strict du terme,<br />
Jacques Audiard revient à nouveau à<br />
son thème <strong>de</strong> prédilection, celui qui<br />
transcen<strong>de</strong> son oeuvre quelque soit le<br />
sujet choisi : le récit <strong>de</strong> la formation<br />
(pour ne pas dire la transformation) d'un<br />
jeune homme qui se cherche au travers<br />
<strong>de</strong> sa relation contrariée à l'image<br />
paternelle.<br />
Un thème qui était déjà à l'origine <strong>de</strong><br />
sa toute première réalisation en 1994 (à<br />
l'âge <strong>de</strong> 42 ans), Regar<strong>de</strong> les hommes<br />
tomber, sombre road-mavie entre <strong>de</strong>ux<br />
hommes que tout sépare, brillamment<br />
interprétés par Mathieu Kassovitz (une<br />
belle trouvaille à l'époque, César du<br />
meilleur espoir) et Jean-Louis<br />
Trintignant, <strong>de</strong>ux comédiens que l'on<br />
retrouvait <strong>de</strong>ux ans plus tard dans le<br />
non moins réussi Un héros très discret,<br />
excellente adaptation du roman<br />
éponyme <strong>de</strong> Jean-François Deniau.<br />
Enfin, après une magnifique histoire<br />
d'amour sur fond <strong>de</strong> splendi<strong>de</strong> film noir,<br />
Sur mes lèvres, (César du meilleur<br />
scénario en 2002) viendra l'année <strong>de</strong> la<br />
consécration en 2006 avec les huit<br />
Césars remportés par De battre mon<br />
coeur s'est arrêté, dont celui du meilleur<br />
film, du meilleur réalisateur et du<br />
meilleur second rôle masculin (avec<br />
déjà un grand Niels Arestrup) pour ce<br />
remake très personnel <strong>de</strong> Mélodie pour<br />
un tueur.<br />
Habitué à mettre la barre toujours<br />
plus haut, Audiard s’est ici attaqué à un<br />
script d’Ab<strong>de</strong>l Raouf Dafri (à qui l'on<br />
<strong>de</strong>vait déjà le scénario <strong>de</strong> Mesrine l'an<br />
passé) et Nicolas Peufaillit, autour <strong>de</strong><br />
l'implacable ascension d'un détenu très<br />
discret...<br />
Un projet ambitieux et terriblement<br />
difficile à mener puisque sur les 11<br />
millions d'euros <strong>de</strong> budget du film, <strong>de</strong>ux<br />
CINEMA<br />
PAR ELIE KORCHIA<br />
millions et <strong>de</strong>mi auront servi à<br />
construire une véritable enceinte<br />
carcérale, dans laquelle se déroule la<br />
quasi-intégralité <strong>de</strong> ce long métrage,<br />
qui retrace à la perfection l'incarcération<br />
<strong>de</strong> Malik et son impitoyable<br />
apprentissage <strong>de</strong> la vie en prison, lui<br />
qui pénètre en Centrale à 19 ans,<br />
analphabète, sans famille et sans<br />
soutien.<br />
En effet, afin <strong>de</strong> pouvoir survivre<br />
dans l'enceinte <strong>de</strong> cette Centrale, et<br />
bien avant <strong>de</strong> pouvoir songer à vivre<br />
<strong>de</strong> nouveau à l'extérieur, Malik (qui<br />
vient d'être condamné à six ans <strong>de</strong><br />
réclusion pour s'en être pris à <strong>de</strong>s<br />
policiers) va <strong>de</strong>voir naviguer <strong>de</strong> son<br />
mieux entre les <strong>de</strong>ux clans qui font<br />
régner leur loi dans la prison, les<br />
Corses (regroupés autour <strong>de</strong> leur chef,<br />
César Luciani) qui semblent<br />
représenter l'ordre ancien, et les<br />
“Barbus”, musulmans, qui représentent<br />
en quelque sorte la génération<br />
montante.<br />
Un Malik particulièrement vif et<br />
luci<strong>de</strong>, qui ne roule que “pour sa<br />
gueule” alors même qu'il se retrouve<br />
rapi<strong>de</strong>ment pris sous la coupe <strong>de</strong><br />
César Luciani (campé par un<br />
phénoménal Arestrup), qu'il fait l'objet<br />
<strong>de</strong> l'hostilité <strong>de</strong> sa propre communauté<br />
et qu'il est victime <strong>de</strong> multiples<br />
humiliations, le clan corse allant même<br />
jusqu'à l'obliger <strong>de</strong> tuer un autre<br />
détenu, « frère » maghrébin, qui doit<br />
témoigner dans un procès à hauts<br />
risques, et ce au cours d'une séquence<br />
à couper le souffle.<br />
Autant vous dire que vous ne sortirez<br />
donc pas tout à fait in<strong>de</strong>mne <strong>de</strong> ce<br />
long-métrage aux incessants rebondissements,<br />
à la limite du thriller, du polar<br />
et du documentaire, où la violence<br />
n'est jamais gratuite mais toujours<br />
présente, et que vous gar<strong>de</strong>rez<br />
sûrement longtemps en vous le visage<br />
<strong>de</strong> ce jeune Machiavel <strong>de</strong> banlieue qui<br />
a bien appris les leçons d'une prison<br />
qui fait ici office d'école <strong>de</strong> vie, où la<br />
loi du plus malin est parfois la plus<br />
forte et où il faut savoir in fine tuer le<br />
père pour survivre au meurtre d'un<br />
frère.<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 47
COURRIER<br />
Mort d'un ami<br />
Thierry Jonquet est parti un<br />
soir du mois d'août sans faire <strong>de</strong><br />
bruit. Il était sans conteste, avec<br />
Didier Daenincks, le meilleur<br />
auteur français <strong>de</strong> roman noir.<br />
C'était également quelqu'un<br />
pour qui les mots justice et<br />
dignité <strong>de</strong> l'homme signifiaient<br />
quelque chose. Curieusement,<br />
nous avons suivi <strong>de</strong>s chemins<br />
(presque) parallèles et, bien plus<br />
tard, je me suis retrouvé dans ses<br />
personnages (autobiographiques)<br />
<strong>de</strong> "Rouge c'est la vie" ; peut-être<br />
ai je même rencontré fortuitement<br />
sa future compagne qui militait<br />
alors au mouvement Dror. J'ai<br />
exercé dans l'hôpital où il avait<br />
travaillé en tant<br />
qu'ergothérapeute à une époque<br />
où commençaient à naître ses<br />
talents d'écrivain ; on se prêtait<br />
alors son livre "Le bal <strong>de</strong>s débris"<br />
(à l'époque épuisé et introuvable)<br />
inspiré <strong>de</strong> personnages bien réels<br />
<strong>de</strong> cet hôpital.<br />
COMMUNAUTÉS<br />
Une rencontre internationale<br />
<strong>de</strong>s juifs <strong>de</strong> Fès<br />
Plus que tous les autres<br />
originaires du Maroc, les juifs<br />
fassis, qu'ils soient installés en<br />
Europe, en Israël, au Canada, aux<br />
Etats-Unis, en Amérique du Sud<br />
ou en Australie et la poignée<br />
d'entre eux qui sont restés dans<br />
leur ville origine ont conservé<br />
intact le sentiment d'appartenance<br />
à une communauté.<br />
Les liens sont restés très forts et<br />
la nostalgie atteint même ceux qui<br />
étaient trop jeunes ou ceux qui,<br />
nés ailleurs, ne connaissent <strong>de</strong><br />
leur i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> fassis que les<br />
récits <strong>de</strong> leurs parents ou grands<br />
parents, comme s'ils étaient<br />
imprégnés du <strong>de</strong>stin impérial et<br />
48 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
Il aimait les "petites gens" <strong>de</strong><br />
<strong>Paris</strong>, <strong>de</strong> la banlieue mais il avait<br />
également saisi le risque <strong>de</strong><br />
dérives antisémites <strong>de</strong> certains<br />
groupes activistes ou <strong>de</strong><br />
délinquants : bien avant le<br />
meurtre d'Ilan Halimi, il avait<br />
écrit un livre (hélas) prémonitoire<br />
"Ils sont votre épouvante et vous<br />
êtes leur crainte" qui n'a pas<br />
forcément été bien apprécié dans<br />
les milieux bien pensants.<br />
C'est à l'occasion <strong>de</strong> la<br />
signature <strong>de</strong> ce livre que je l'ai<br />
enfin rencontré au cercle Bernard<br />
Lazare où il dédicaçait ses<br />
romans.<br />
Dr Guy CZERTOK<br />
Simon Konianski<br />
<strong>de</strong> Micha Wald<br />
Ce n'est certes pas un grand<br />
film et je doute que le critique<br />
cinématographique d'InfoJ s'y<br />
intéresse.<br />
<strong>de</strong> l'histoire tourmentée mais très<br />
affirmée <strong>de</strong> leur communauté.<br />
"La rencontre internationale <strong>de</strong>s<br />
juifs <strong>de</strong> Fès à Fès" organisée du<br />
26 octobre au 1er novembre<br />
prochains à l'initiative du Centre<br />
communautaire <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, n'aura<br />
donc "rien d'habituel et<br />
d'impersonnel", comme l'indique<br />
Edmond Elalouf, le prési<strong>de</strong>nt du<br />
Centre, dans l'éditorial <strong>de</strong> la très<br />
belle brochure réalisée à<br />
l'occasion <strong>de</strong> ce voyage. Six jours<br />
d'une rencontre interfamiliale,<br />
intergénérationnelle mais aussi<br />
<strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> la même<br />
génération qui ont partagé <strong>de</strong>s<br />
tranches <strong>de</strong> vie et se sont perdues<br />
<strong>de</strong> vue. Des retrouvailles, donc<br />
mais aussi l'occasion unique <strong>de</strong><br />
redécouvrir Fès après tant<br />
d'années ; pour d'autres, celui <strong>de</strong><br />
C'est un road movie juif assez<br />
mal fichu mais diantrement<br />
attachant, notamment pour les<br />
enfants <strong>de</strong> parents persécutés<br />
pendant la guerre et parlant avec<br />
un accent à couper au couteau un<br />
français mélangé <strong>de</strong> yiddish.<br />
On y découvre un acteur <strong>de</strong><br />
génie Abraham Leber plus vrai<br />
que nature et s'il faut ne retenir<br />
qu'une scène on gar<strong>de</strong>ra en<br />
mémoire celle où il envoie "<br />
caquen " <strong>de</strong>s policiers allemands<br />
qui l'ont arrêté pour excès <strong>de</strong><br />
vitesse.<br />
Mais ce film n'est pas<br />
seulement drôle, il est également<br />
tendre et il montre les difficultés<br />
relationnelles entre les enfants <strong>de</strong><br />
survivants et leurs parents malgré<br />
l'amour éprouvé mais jamais<br />
exprimé.<br />
C'est à eux que s'adresse ce film<br />
sorti à la sauvette en août à <strong>Paris</strong>.<br />
Guy CZERTOK<br />
découvrir Fès dont leurs parents<br />
ou grands-parents leur ont parlé<br />
si souvent.<br />
Et quel programme !<br />
Découverte <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> la<br />
mémoire collective <strong>de</strong>s juifs fassis,<br />
le très ancien Mellah et le<br />
cimetière juif, ainsi que la<br />
Médina, un "Chabbat plein"<br />
célébré en commun , un grand<br />
concert <strong>de</strong> musique andalouse,<br />
un colloque sur "la contribution<br />
<strong>de</strong> la communauté juive <strong>de</strong> Fès à<br />
l'histoire <strong>de</strong> la ville et à celle du<br />
judaïsme marocain."<br />
--<br />
Programme sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au<br />
Centre communautaire <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> :<br />
119, rue Lafayette 75010 <strong>Paris</strong> ou<br />
sur www.centrecomparis.com<br />
Places limitées !
CARNET<br />
Naissance<br />
Lucie Esther<br />
est née le 4 août au foyer <strong>de</strong> nos amis Dan et Vanessa Oiknine.<br />
Nous présentons aux parents et aux grands parents nos<br />
meilleurs vœux et un sincère mazal tov.<br />
Mariages<br />
Mlle Sandra Berdugo, la fille <strong>de</strong> notre ami David<br />
Berdugo et M. Gilles Cohen ont célébré leur mariage à<br />
Jérusalem. La bénédiction nuptiale a été donnée au jeune<br />
couple le 13 août par le grand rabbin d'Israël M.Shlomo<br />
Amar et par le grand rabbin <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> M.David Messas.<br />
Nous présentons aux <strong>de</strong>ux familles nos vœux et un très<br />
sincère Mazal tov.<br />
Nathan Bouskila, le fils <strong>de</strong> nos bons amis Huguette<br />
et Simon Bouskila (directeur <strong>de</strong> l'Ecole Akiva à Strasbourg)<br />
a célébré son mariage avec Mlle Solika Benitah, la fille <strong>de</strong><br />
Virginie et Yaacov Benitah.<br />
La bénédiction nuptiale a été donnée au jeune couple le<br />
mardi 18 août à l'hôtel Ramat Rahel à Jérusalem.<br />
Nous présentons aux jeunes mariés nos très sincères<br />
félicitations et un très sincère mazal tov aux familles.<br />
Nécrologie<br />
Moshe Marciano<br />
La gran<strong>de</strong>ur d'un homme se mesure très souvent au vi<strong>de</strong><br />
qu'il laisse <strong>de</strong>rrière lui...<br />
C'est en effet avec une infinie tristesse que nous avons appris<br />
la disparition <strong>de</strong> Moshe Marciano, le 5 août <strong>de</strong>rnier à<br />
Jérusalem. Moshe Marciano aura marqué son époque très<br />
tôt à Casablanca. Il remplit, dans la discrétion, le rôle <strong>de</strong><br />
lea<strong>de</strong>r dans sa communauté, notamment dans la<br />
restructuration <strong>de</strong>s activités sociales et éducatives au profit<br />
<strong>de</strong>s personnes défavorisées. Il a su être un remarquable<br />
organisateur et c'est dans les années 50 qu'il contribua à<br />
l'organisation <strong>de</strong> la Alya <strong>de</strong>s Juifs du Maroc par <strong>de</strong>s activités<br />
<strong>de</strong> l'ombre.<br />
Ses qualités <strong>de</strong> militant dévoué et audacieux auront fait <strong>de</strong><br />
lui une <strong>de</strong>s personnalités les plus attachantes. Il réalisa son<br />
grand rêve en s'installant avec sa famille en 1968 à<br />
Jérusalem, où il poursuivra son œuvre sociale au profit <strong>de</strong>s<br />
plus démunis, ainsi que son action éducative, en direction<br />
<strong>de</strong> nombreuse Yechivot.<br />
Moshe Marciano est le père <strong>de</strong> notre ami Raphy Marciano,<br />
directeur du Centre communautaire juif <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>.<br />
Il a, jusqu'à son <strong>de</strong>rnier souffle, inculqué à ses enfants l'idéal<br />
<strong>de</strong> dévouement au service <strong>de</strong>s autres, le goût <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>,<br />
l'importance d'une vie consacrée aux mitsvoth, la passion<br />
<strong>de</strong> l'engagement et l'amour d'Eretz Israël.<br />
Il laissera le souvenir d'un homme marqué par la droiture.<br />
Edmond ELALOUF<br />
Monsieur Adolphe Isaac EL-BAZE ZL, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l’oratoire du Foyer Israélite <strong>de</strong> Neuilly sur seine 1963-<br />
1985 est décédé le 7 aout 2009 dans sa 96eme année.<br />
Il a été le fondateur <strong>de</strong>s éclaireurs israélites du<br />
département <strong>de</strong> Constantine, Officier <strong>de</strong> l'ordre national<br />
du Mérite, pupille <strong>de</strong> la nation, ancien combattant,<br />
inspecteur central honoraire auprès du Ministère <strong>de</strong>s<br />
finances.<br />
Il repose désormais selon son vœu à Jérusalem au<br />
cimetière <strong>de</strong> Givat Shaul où le Prési<strong>de</strong>nt du <strong>Consistoire</strong><br />
Central lui a rendu un chaleureux hommage.<br />
Le mois a été célébré le 7 septembre 2009 à la synagogue<br />
<strong>de</strong> la rue Ancelle à Neuilly et le Chabbat suivant à la<br />
synagogue <strong>de</strong> Puteaux.<br />
La rédaction présente ses sincères condoléances à Mme<br />
Georgette EL-BAZE son épouse, ses enfants, ses petits<br />
enfants et arrières petits enfants.<br />
Tous ceux qui l’ont connu se rappelleront d’un homme juste<br />
et droit.<br />
Allègre Pinto<br />
Nous avons appris avec peine le décès <strong>de</strong><br />
Mme Allègre Pinto, la veuve <strong>de</strong> Jean Pinto.<br />
Elle était la sœur <strong>de</strong> notre excellent confrère et ami André<br />
Benezra.<br />
A ses enfants et à sa famille, Information juive présente ses<br />
sincères condoléances.<br />
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 49
VERBATIM<br />
ALAIN FINKIELKRAUT.<br />
Philosophe :<br />
" La France n'est pas seulement la<br />
patrie <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme, c'est<br />
une terre <strong>de</strong> vieille civilisation. Au<br />
cœur <strong>de</strong> cette civilisation, il y a la<br />
mixité, une visibilité heureuse <strong>de</strong>s<br />
femmes qui remonte à l'amour<br />
courtois et que nous <strong>de</strong>vons<br />
absolument maintenir. Cessons <strong>de</strong><br />
tout formuler dans l'idiome <strong>de</strong>s droits<br />
<strong>de</strong> l'homme ".<br />
IVAN RIOUFOL.<br />
Chroniqueur :<br />
" Où sont les manifestations et les<br />
boycotts du mon<strong>de</strong> islamique face au<br />
sort brutal que réserve la Chine aux<br />
Ouïgours musulmans du Kinjiang ?<br />
Apparemment seuls les Palestiniens<br />
méritent la mobilisation arabomusulmane<br />
"<br />
PATRICK LOZÈS.<br />
Prési<strong>de</strong>nt du Conseil représentatif <strong>de</strong>s<br />
associations noires <strong>de</strong> France :<br />
" Dans quinze ans, la France aura un<br />
prési<strong>de</strong>nt noir. Serai-je candidat ? Il<br />
ne faut jurer <strong>de</strong> rien ! "<br />
MARCEL GAUCHET.<br />
Philosophe :<br />
" Nous vivons un déplacement<br />
radical <strong>de</strong>s repères intellectuels "<br />
RÉGIS DEBRAY.<br />
Philosophe :<br />
" Seuls les exilés comprennent<br />
vraiment à quelle nation ils prennent<br />
part. Le meilleur vaccin contre la<br />
dénégation du particulier qui<br />
50 INFORMATION JUIVE Septembre 2009<br />
BRUNO PATINO.<br />
Directeur <strong>de</strong> France Culture :<br />
" J'en reste à ce que disait Lévinas : Croire,<br />
célébrer, transmettre "<br />
imprègne tant d'intellectuels, c'est <strong>de</strong><br />
mêler les langues et <strong>de</strong> se frotter aux<br />
autres "<br />
BARACK OBAMA.<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s Etats-Unis :<br />
" Michelle a un look fabuleux, moi, je<br />
suis plutôt mal fagoté. Il y a encore<br />
quelques années, je n'avais que<br />
quatre costumes. Elle me taquinait<br />
parce qu'on commençait à voir au<br />
travers "<br />
JEAN-FRANÇOIS COLOSSIMO.<br />
Théologien :<br />
" Ahmadinejad n'a cessé <strong>de</strong> dire qu'il<br />
allait détruire Israël et on ne voit<br />
vraiment pas pourquoi Israël ne<br />
prendrait pas cette menace au<br />
sérieux ".<br />
OLIVIER POIVRE D'ARVOR.<br />
Coordinateur <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> la<br />
culture française :<br />
" Les vrais clivages sont entre<br />
immobilisme et mouvement "<br />
ALAIN MINC.<br />
Essayiste :<br />
" Le PS n'aura un lea<strong>de</strong>r que quand il<br />
aura changé <strong>de</strong> constitution. Il reste<br />
parlementaire dans ses gènes et sa<br />
vie intérieure dans un<br />
environnement totalement<br />
prési<strong>de</strong>ntiel. Toutsepasse à la<br />
proportionnelle, comme au<br />
Parlement israélien… "<br />
ALEXANDRE ADLER.<br />
Historien ( à propos <strong>de</strong> ce que révèle<br />
l'affaire Fofana) :<br />
" Après l'antisémitisme violent<br />
comme un vomissement <strong>de</strong>s<br />
Proudhon, <strong>de</strong>s Drumont et <strong>de</strong>s<br />
Bernanos, voici venu l'antisémitisme<br />
insinuant et presque invisible <strong>de</strong>s<br />
Badiou ".<br />
DOUGLAS KENNEDY.<br />
Ecrivain américain :<br />
" Les gens qui préten<strong>de</strong>nt que<br />
l'écriture est une souffrance<br />
permanente m'énervent.. Oui, c'est<br />
dur, oui, on est seul. Mais c'est plus<br />
agréable que <strong>de</strong> travailler en usine ".<br />
JULIA KRISTEVA.<br />
Psychanalyste et écrivain :<br />
" Après <strong>de</strong>ux guerres mondiales et<br />
quelques guerres froi<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>vant le<br />
spectre lancinant <strong>de</strong>s heurts <strong>de</strong>s<br />
religions, le début du troisième<br />
millénaire paraît tenté par un<br />
dirigisme soft qui se croit capable <strong>de</strong><br />
résorber conflits et divergences ".