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LES CRIS DU SURRÉALISME - André Parinaud

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yeux une forme très avancée et extrêmement intéressante de l’idée révolutionnaire, nous avons<br />

essayé de dialoguer avec ces intellectuels cubains, nous avons fait nôtres un certain nombre de<br />

conceptions de la révolution cubaine de l’époque, qui a bien changé depuis d’ailleurs. Ensuite,<br />

après ce voyage à Cuba, nous sommes allés, nombreux d’entre nous nous sommes rendus à<br />

Prague pendant le Printemps de Prague en avril, juste avant les événements de mai en France, en<br />

avril 68, où ont eu lieu dans les principales villes de Tchécoslovaquie, à Prague, à Bratislava et à<br />

Brno, une importante exposition surréaliste que nous avons réalisée avec nos camarades tchèques<br />

et où nous avons également tenu des conférences et dialogué avec les principaux intellectuels<br />

révolutionnaires de Tchécoslovaquie. Cela marque…, enfin dans ces trois ans dont je parlais il y a<br />

eu en somme trois étapes importantes historiquement, je crois : La Havane, Prague et Paris en<br />

mai 68. Ce qui s’est passé probablement, c’est que tout cela a été si soudain Ŕ à peine revenionsnous<br />

de Prague en effet que nous étions affrontés à l’effervescence de mai 68 Ŕ que cela a été si<br />

soudain que peut-être nous n’avons pas su, à ce moment-là, prendre la mesure exacte des<br />

événements. Nous sommes intervenus d’une manière très passionnelle, je dois dire, sur le<br />

problème et même sur le fond des choses où il n’y avait aucun doute possible ; nous avons tous<br />

reconnu en mai 68 le principal des exigences fondamentales du surréalisme, sur un plan politique<br />

certes, mais au-delà du plan politique bien sûr, parce qu’il s’agissait véritablement, et le mot de<br />

Marx et Rimbaud : « Transformer le monde », « Changer la vie », qui traîne partout maintenant,<br />

n’oublions pas que c’est le surréalisme, c’est le mot d’ordre surréaliste que nous avons maintenu<br />

contre vents et marées pendant des années et des années et qu’à cette époque-là il n’avait que peu<br />

d’écho. Eh bien, il est évident qu’en 68, qu’en mai 68, ce qui s’est passé en France, ça était<br />

comme le surgissement de cette vieille taupe que nous étions et que le surréalisme a creusé dans<br />

les mentalités, dans les mœurs et au niveau des exigences les plus radicales de la personne<br />

humaine qui inclut le plan politique mais qui le dépasse considérablement. Mai 68, ça était certes<br />

pour nous l’explosion de la jeunesse, mais d’une jeunesse qui est toute révolte, qui est entièrement<br />

déterminée par sa révolte et je dis bien par sa révolte en deçà et au-delà de l’idée de Révolution.<br />

Ce qui nous a exaltés dans mai 68, c’est que…, au début tout au moins et après nous avons été un<br />

peu plus réservés, c’est que tout ce qui était de caractère institutionnel et doctrinal et systématique<br />

semblait être balayé par un courant d’une puissance extraordinaire et qui était, qui se plaçait, il<br />

faut le dire, sous le signe de l’anarchie et du drapeau noir.<br />

<br />

A.P. José Pierre, l’avenir pour vous ? Je parle de l’avenir du mouvement, l’avenir des idées, pas<br />

l’avenir…<br />

<br />

J.P. Ce sont deux choses différentes : l’avenir du mouvement et l’avenir de l’idée. Moi,<br />

l’avenir de l’idée, l’idée a le plus bel avenir qui soit devant elle ; d’ailleurs le surréalisme se porte<br />

très bien, il me semble, sans qu’il y ait un mouvement. Ceci dit, je ne désespère pas non plus,<br />

comme Jean Schuster, bien que je sois bien incapable de prévoir sur quelle modalité de voir<br />

réapparaître une activité qui reprendrait le drapeau, pourquoi pas ?, mais encore une fois je ne<br />

vois pas dans l’immédiat la possibilité, je n’ai pas de solution, je n’ai pas de formules toutes<br />

prêtes.<br />

<br />

A.P. Est-ce que ça vous manque, si j’ose dire, à vous et à vos amis, cette absence du mouvement, cette<br />

absence de réunions régulières, cette absence d’échanges ?<br />

<br />

J.P. Eh bien, il est certain que, ne serait-ce que sur le plan affectif, il y a… il y a quand<br />

même…, nous avons été habitués, moi pendant presque vingt ans et Jean Schuster pendant<br />

davantage encore, à un échange presque quotidien où les esprits quelquefois se heurtaient bien<br />

entendu, mais enfin étaient amenés à s’opposer, à dialoguer et à s’épouser évidemment. Il y avait<br />

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