Palestine Carnet de notes - Vercheval, Véronique

PALESTINE
Carnet de notes
Photographe depuis plus de 25 ans, Véronique Vercheval se rend, pour la première
fois, en Palestine en avril 2002. Elle y découvre un pays profondément
meurtri. Au détour des rues, des maisons sont détruites, des murs sont éventrés
et les impacts de balles rappellent les combats permanents.
De Gaza à Ramallah, de Jénine à Hébron en passant par Naplouse, cette
photographe engagée nous fait partager le quotidien de celles et ceux que
son objectif a rencontrés. Elle traverse ce pays « lacéré par les implantations
israéliennes », mais où persistent, à côté des nombreux checkpoints, les universités,
les théâtres, les cafés et les marchés.
C’est avec beaucoup de pudeur que Véronique Vercheval nous fait pénétrer
dans le quotidien de ces Palestiniens et de ces Palestiniennes. Avec cette balade
photographique, elle nous guide au cœur d’une Palestine blessée mais vivante
et nous en offre une autre image. Car, comme elle le rappelle, « au-delà des
ruines, il y a toujours des hommes, des femmes, des enfants ».
30 euros
ISBN 2-8040-2183-1
D/2006/258/19
9 782804 021832
PALESTINE Carnet de notes Véronique Vercheval
PALESTINE
Carnet de notes
Photographies de
Véronique Vercheval
Textes de
Salim Tamari et
Michel Warchawski
Textes bilingues français – anglais

Palestine,
carnet de notes
par Véronique Vercheval
C’est la rage et le sentiment d’impuissance qui m’ont décidée à partir pour
la première fois en Palestine en avril 2002. J’accompagnais une mission
« 100 artistes en Palestine » organisée par l’IETM (réseau international
des arts du spectacle).
Maisons détruites, rues défoncées, murs éventrés, impacts de balles,...
Au-delà des ruines, il y a toujours des hommes, des femmes, des
enfants.
Mon appareil photographique m’a ouvert les portes des maisons. Nous
avons parlé, tentant de nous comprendre malgré la barrière des langues.
J’ai regardé, j’ai écouté. J’ai voulu réunir ici ces moments de rencontres,
montrer une autre image de la Palestine et des Palestiniens.
Ils ont parlé de résistance, de la nécessité de faire vivre la culture palestinienne,
de l’impossibilité de rester créatifs, de l’urgence de travailler
avec les enfants malgré l’occupation. Ils ont dit la difficulté de se projeter
dans l’avenir.
Ils m’ont emmenée dans les villes et dans les camps. J’ai traversé un
pays lacéré par les implantations israéliennes. Ils m’ont fait découvrir
les universités palestiniennes, les théâtres, les cafés, les marchés… et
les checkpoints.
Les visages passent si vite de l’espoir au désespoir !
La ville résiste dans la poussière. Les enfants jouent, les femmes sont
belles et les piétons marchent au milieu de la rue.
nnn
J’y suis retournée plusieurs fois depuis, accueillie comme témoin et,
très vite, en amie.

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Gaza, Ramallah, Jénine, Hébron, Naplouse… Toutes ces villes aux noms si familiers
se sont peuplées de visages, de voix, d’odeurs.
Bloquée pendant 7 heures au checkpoint d’Abou Holy, bande de Gaza, je regarde
les voitures qui arrivent dans la cohue. Des gamins crient pour vendre le thé. Des
hommes tentent de s’approcher du tank pour parlementer. « Reculez, où nous
tirons… » Ils reculent et attendent. Ce n’est pas de la patience, on meurt souvent
de s’énerver aux checkpoints. Alors, « on sourit, mais à l’intérieur, c’est dur, tu
sais. On a mal ! »
Je ne vois qu’une raison pour obliger des centaines de personnes à attendre ainsi
le bon vouloir de trois soldats : perturber l’esprit, détruire l’estime de soi, exaspérer
un peuple, le rendre fou, lui faire perdre patience… Avec les conséquences que
l’on connaît : « Que peux-tu encore perdre à part ta vie ? »
J’ai découvert Gaza, prison à ciel ouvert, et ses enfants dont je revois les visages
chaque fois que les informations parlent de bombardements, de vergers saccagés,
de maisons détruites, de mort de civils, de mort d’enfants.
Sont-elles encore en vie ces fillettes souriantes que je photographiais dans le
camp de réfugiés de Rafah ?
nnn
En 2005, je suis de retour en Palestine. Je ne m’attendais pas à être aussi émue
au passage du checkpoint de Kalandia. J’ai l’impression de revenir un peu chez
moi. Le mur avec ses tours menaçantes rend l’endroit beaucoup plus oppressant
qu’en 2002. En m’y déposant un soir, un ami me dit ne plus être venu jusque là
depuis longtemps. Normal. Savoir qu’on est enfermé suffit. Pas besoin d’aller voir
tous les jours ce qui vous emprisonne.
Avril 2005, Arafat est mort. Abou Mazen dirige le gouvernement. Le pays vit dans
l’attente des élections de juillet. L’ambiance est tendue. Le monde aime à penser
que tout va mieux, que le retrait de Gaza est le début de la paix. En Palestine, on
sait que ce retrait est un écran de fumée qui permet d’occulter la construction
d’un mur mordant chaque jour un peu plus sur les terres d’un pays qui n’en finit
pas de rétrécir.
nnn
Jérusalem Hôtel, le 20 juillet 2005, un jour avant le départ. …
Être là un jour à l’avance ! Demain je repars pour la Belgique. Les amis palestiniens,
qui savent de quoi ils parlent, m’ont conseillé d’être en Israël la veille du
départ. D’un jour à l’autre, ils peuvent boucler les territoires. « Tu risquerais de
rater ton avion. »

Je suis partie ce matin, en car, de Naplouse. « Prends un taxi, tu vas perdre du
temps… Ne va pas en car avec les Palestiniens… » Naplouse-Ramallah en car,
70 km… 3 h de route. Deux checkpoints plus un contournement par les petites
routes de campagne pour en éviter un troisième… Arrêt à Ramallah, un taxi jusqu’au
checkpoint de Kalandia que l’on traverse à pied. Nouveau taxi jusqu’à Jérusalem-
Est. Au total, 4 h 30 de route pour faire 78 km, en Palestine.
Dans le car, on me dit : « Voyager en Palestine est une réelle souffrance. »
Premier checkpoint, tout le monde descend. Les femmes d’un côté, les hommes
de l’autre. Ne pas oublier les bagages. Les gamins sur-armés, en uniforme et gilet
pare-balles contrôlent les cartes d’identités. Ils ont 2O-25 ans. Je croise un regard.
Il m’a reconnue… Il refusait de me laisser entrer dans Naplouse, il y a deux jours :
« La ville est dangereuse. L’État d’Israël ne peut pas garantir votre sécurité. Nous
ne voulons pas vous laisser courir de risques… » La mitraillette est pointée sur moi.
Sourire. Je finis par passer avec l’aide d’une femme israélienne qui fait partie de
l’observatoire des barrages. Une heure pour passer de Palestine en Palestine.
Voyage au coeur de la Palestine. Témoins anciens de l’activité humaine, les champs
d’oliviers s’étendent en terrasses sur les collines. Sami me dit : « On va faire reconnaître
ce type de culture par l’Unesco. Ça n’existe nulle part ailleurs. Chez nous,
c’est là depuis des milliers d’années. » L’occupant israélien a arraché plus de
500 000 oliviers en 5 ans !
Paysages de collines aux pentes douces blessés par les colonies aux toits rouges
perchées sur les sommets. « Ils prennent nos meilleures collines et y construisent
leurs implantations. » Souvent les colons sont installés sur des points d’eau qu’ils
pompent, utilisent et envoient en Israël. Un citoyen israélien consomme en moyenne
cinq fois plus d’eau qu’un Palestinien.
nnn
C’était son anniversaire la semaine dernière. « Trente ans. Mais on n’a pas trente
ans ici. J’ai quarante ans. Non, cinquante. C’est ça, cinquante. On a tous cinquante
ans… » Sourire bizarre. Pas résigné, mais fatigué.
9

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Dans toutes les familles, il y a des gens en prison, des morts, des maisons détruites…
Dans toutes les conversations, on entend les mots d’exil, de familles dispersées,
de retrouvailles impossibles. « Mes oncles et tantes vivent à Gaza. Je n’ai jamais
vu mes cousins. Ils ont huit ans. »
Chaque fois que j’arrive en Palestine, je passe chez elle. Dans sa cuisine, il y a un
énorme frigo. Il me semble disproportionné. Mais elle me dit, très naturellement,
qu’en cas de couvre-feu, il faut continuer à se nourrir. Je me sens honteuse de ne
pas avoir pensé à l’occupation…
À Ramallah, certains bars ont reçu des menaces et ne servent plus d’alcool pendant
le Ramadan. D’autres préfèrent fermer et en profitent pour faire des travaux. Dans
les conversations, on sent monter l’inquiétude. Un festival de danse a été interdit
au début du mois de juillet à Qalqilia : la municipalité vient de passer aux mains
du Hamas.
nnn
Neuf heures du matin. L’ambiance de la rue est survoltée. Les jeunes gens se massent
autour de journaux posés sur les voitures ou à même le trottoir. Garçons et filles
cherchent leurs noms dans les listes de ceux qui ont réussi à l’école secondaire.
L’un d’eux s’approche de moi, le visage éclatant de bonheur. « J’ai réussi… 92 %. »
Un autre s’éloigne, journal en main, mitraillette à l’épaule. « Il est recherché par
l’armée israélienne, mais il a réussi ses examens. » Oui, mais « est-il vraiment obligé
de se promener armé comme cela dans Ramallah ? » « Évidemment. Je te dis qu’il
est… » Ok. Je ne dis plus rien.
Deux militaires israéliens dans le souk de la vieille ville de Jérusalem… Je les
photographie. Ils sont fiers et souriants. Un homme passe. Il m’interpelle :
« C’est l’occupation, on ne photographie pas. » Je veux répondre. Il a disparu. Des
juifs religieux traversent le quartier. Les drapeaux israéliens flottent sur la maison
d’Ariel Sharon et sur celles des colons. Je suis au cœur du quartier musulman.

Je me promène dans les rues de Ramallah. On se regarde dans les yeux quand on
se croise. Sourires. « Alhan was alhan. » Bienvenue. La ville vit, pleine de bruit et
de parfum.
Les gens m’arrêtent : « Comment trouvez-vous notre pays ? » « Que pensez-vous de
la situation ? » Que répondre ? Des lieux communs, des choses tellement évidentes
que ce n’est même plus la peine d’en parler. Une honte, une folie, une absurdité.
« Comment croyez-vous que ça va évoluer ? »
nnn
22 juillet 2005. Je suis rentrée chez moi avec les souvenirs des soirées de Ramallah,
de la salle pleine pour le nouveau spectacle du théâtre Ashtar, de l’ouverture
du Festival du Cinéma Italien au Théâtre Al Kasaba, du vernissage de Steve
Sabella au Centre culturel français, des longues conversations dans le jardin du
Sangria où l’on boit du thé, du vin, du coca ou de la bière en fumant le narghilé.
De la musique.
Le jeudi soir, on danse au Grand Park ou à l’Almonds. La jeunesse se déchaîne sur
« I will survive… » Rien n’est jamais perdu…
J’ai rencontré en Palestine un peuple fier et digne. Privé de liberté depuis plus de
50 ans, humilié quotidiennement par un occupant arrogant et brutal, il a su garder
l’espoir. J’espère avoir pu, à travers mes images, en porter témoignage.
le 1 er novembre 2005.
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Derrière le mur, Ramallah, la Palestine…
Checkpoint de Kalandia, dimanche 3 avril 2005.
Behind the wall, Ramallah, Palestine…
Kalandia checkpoint, Sunday 3rd April 2005.
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Officiellement, le checkpoint de Surda n’existe plus mais
régulièrement une jeep israélienne se met au travers de la route
et interdit toute circulation. Aujourd’hui le barrage a duré trois heures.
Surda, le 10 juillet 2005.
The Surda checkpoint does not officially exist,
but an Israeli jeep regularly parks across the road
and prohibits all traffic. Today, the road block lasts 3 hours.
Surda, 10th July 2005.

50
Son fils de 17 ans a été abattu
il y a trois ans près du checkpoint.
L’armée a détruit sa maison et
ne lui a jamais rendu le corps.
Qualqilia, le 9 avril 2005.
Her son of 17 was beaten three years
ago near the checkpoint. The army
destroyed her house and has never
given her back the body.
Qualqilia, 9th April 2005.
Son fils Youssef de 24 ans
s’est fait exploser au pied du mur
en signe de protestation…
Qalqiliya, le 9 avril 2005.
Her son Youssef, 24 years old,
blew himself up at the foot of
the wall as a sign of protest…
Qalqiliya, 9th April 2005.

Une classe de 35 filles assiste à une animation donnée par Iman et Shadi du Théâtre Ashtar.
Ils les aident à parler de leurs expériences. Quinze d’entre elles se sont trouvées directement
dans la ligne de tir d’un soldat ou d’un tank. Les traumatismes sont énormes...
Camp d’Amari, le 1 mai 2002.
A class of 35 girls takes part in a workshop led by Iman and Shadi of Ashtar Theatre,
who help them talk about their experiences. Fifteen of them have been directly in the firing line
of soldiers or tanks. The traumas are enormous.
Amari camp, 1st May 2002.
59

Université El Azhar,
Gaza, le 10 décembre 2002.
University El Azhar,
Gaza, 10th December 2002.
A l’université de Gaza le port
du voile est généralisé.
Quelques jeunes femmes résistent.
Le 10 décembre 2002.
At the University of Gaza,
wearing the veil is widespread.
Some young women resist.
10th December 2002.
67

14 h. Nous sommes collées l’une à l’autre depuis plus d’une heure dans le taxi. Son mari vient de sortir.
Elle me regarde enfin. Dans le langage des yeux, des mains, elle accepte la photographie.
Je voudrais connaître son visage.
Checkpoint d’Abou Holi, le 9 décembre 2002.
2:00 pm. We have been jammed together in the taxi, one against the other, for over an hour.
Her husband has just got out. Finally she looks at me. In the language of the eyes, of the hands,
she accepts to be photographed. I would like to see her face.
Abou Holi checkpoint, 9th December 2002.
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« C’est très dur d’être rationnel. Nous sommes toujours dans l’émotionnel. Nous devons réagir par la non-violence,
mais ils ont tous les plans pour nous détruire. Il faut arriver à vivre, à réagir pour nous et pas contre l’occupation.
En ne tombant jamais dans la collaboration, il faut assimiler l’occupation et se renforcer.
Alors seulement on pourra se libérer. »
Checkpoint de Surda, Ramallah, le 15 décembre 2002.
“IIt’s very hard to be rational. We are constantly in a state of emotion. We must react non-violently,
but they all have plans to destroy us. It’s necessary to manage to live, to react for ourselves and not against the
occupation. By not falling into collaboration, we must assimilate the occupation and strengthen ourselves.
Only then can we free ourselves.”
Surda checkpoint, Ramallah, 15th December 2002.
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Sarah a 20 ans. Elle vit chez ses parents
avec ses deux sœurs. Les fenêtres n’ont
pas de vitre. Nous communiquons par
gestes, par sourires, avec quelques rares
mots d’anglais. Je veux lui envoyer les
photos. Elle n’a pas d’adresse, jamais reçu
de courrier. Elle cueille deux clémentines
qu’elle m’offre avant le départ.
Camp de Aqbet Jaber, Jéricho,
le12 décembre 2002.
Sarah is 20. She lives with her parents
and two sisters. The house has no glass
in the windows. We communicate with
gestures, smiles, the rare English word.
I want to send her the photos. She has
no address, has never received any mail.
She picks two clementines that she
offers to me before I leave.
Aqbet Jaber camp, Jericho,
12th December 2002.
95

Un des bâtiments de l’Autorité palestinienne. « On croyait aux accords d’Oslo. On parlait du futur.
Tout était possible. Nous avons vécu dans un rêve pendant 5 ans. Puis, un matin, en 2000,
on s’est réveillés et tout était fini. Nous devions vivre en paix dans deux États.
Mais les Israéliens n’y croyaient pas. »
Ramallah, le 15 décembre 2002.
One of the Palestinian Authority’s buildings. “We believed in the Oslo Agreement.
We talked about the future. Everything was possible. We lived in a dream for five years,
then in 2000, we woke up and everything was finished. We had to live in peace
in two States. But the Israelis didn’t believe it.“
Ramallah, 15th December 2002.
102

Tarig est chauffeur de taxi comme beaucoup de jeunes hommes qui n’ont pu, pour cause
d’occupation, terminer leurs études. Quand il passe devant une patrouille israélienne
ou un checkpoint, il cache la photo du Ché qu’il garde toujours sur son pare-brise.
Ramallah, le 7 avril 2005.
Like many young men, Tarig is a taxi driver who hasn’t been able to finish his studies because
of the occupation. When he passes in front of an Israeli patrol or a checkpoint,
he hides the photo of Ché which he always keeps on his windscreen.
Ramallah, 7th April 2005.
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Après avoir détruit de nombreux puits et malgré les promesses d’Oslo, l’occupant israélien
interdit de nouveaux forages malgré le cruel besoin en eau des Palestiniens .
La communauté internationale aide à la réhabilitation d’anciens puits domestiques.
Kufr Rai, le 16 juillet 2005.
After having demolished numerous wells and despite the Oslo promises, the Israeli occupier prohibits
drilling for new wells - for which Palestinians have a desperate need. The international community
helps with the rehabilitation of old domestic wells.
Kufr Rai, 16th July 2005
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La construction du mur à la lisière du camp d’Aïda,
dans la banlieue de Bethléem, s’est terminée hier .
Le 14 juillet 2005.
The construction of the wall finished yesterday on the edge
of Aida camp, in the suburbs of Bethlehem.
14th July, 2005.
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52 % des 6 600 étudiants de l’université de Bir Zeit sont des femmes.
L’éducation est un geste de résistance. Est-ce un hasard si l’armée israélienne
a fait fermer cette université 14 fois dans son histoire ?
Université de Bir Zeit, le 13 juillet 2005.
52 % of the 6,600 students at Bir Zeit University are women. Education is an act of resistance.
Is it just by chance that the Israeli Army has closed this university 14 times in its history ?
Bir Zeit university, 13th July 2005.
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Preface
by Serge Hustache, Secretary General of PAC
The multiplication of images coming from the
Middle East results in confusing our perception of
a reality, the sense of which is increasingly difficult
to perceive. Most of these images only concern the
mediated aspect of a conflict which has almost
become banal, so often has it made headline news,
from tragedy to tragedy: destroyed homes, funeral
processions, demonstrations or assassinations. One
after another, these images fade from our memory
and leave us with an impression of transience, even
emptiness. In photos, ordinary people and their daily
lives become blurred.
Too rare are the magic moments which invite us to
linger on the images, and to feel the emotions of
those who are on the other side of the film.
Véronique Vercheval’s personal vision is not neutral.
It is first and foremost that of someone who is
engaged. In her we see a deep desire for communion
with those who are on the other side of the lens.
If, as an artist, she expresses and gives the best of
herself, the militant in her is concerned to give voice
to those who are deprived of it. For years her work
has been dedicated to this engagement. Whether
it is through the exhibition “Requests for Asylum”,
her reporting about the workers of Wallonia or the
condition of women, Véronique’s photographs are a
cry for more humanity and respect between human
beings. With “Palestine Notebook”, the artist does
not only want to witness, she wants to act; she is
sending us a message.
Paul Klee said “Art does not reproduce the visible,
it makes visible.”. Leafing through this album, the
reader will discover a universe which may seem
hopeless but where men and women full of energy
and hope are living. Through the magic of her photography
Palestinians become flesh and blood, our
sisters, brothers … like us.
This summer I had the opportunity to meet Véronique
in the Aida refugee camp near Bethlehem. Tension
was palpable as the population was outraged before
the wall which had just been erected, a mere few
days before, facing their windows. A concrete monster
which crushed their homes in its arrogant shadow.
“Before, we could see the sun rise over our hills
and our land”, an old woman told us. ”Now for us,
the sun only rises at noon.” A few metres from her,
some kids amused themselves by throwing stones in
the direction of the wall in secret hope that it would
suddenly crumble as in a fairy tale or The Thousand
and One Nights. In Véronique it is impossible to find
the traditional agitation and attitude of the reporter
in search of the ‘sensational’. On the contrary, in the
face of the injustice of which we were impotent
witnesses, there was in her a sort of modesty which
scarcely hid her reserved anger.
If everyone agrees that the solution, quite obviously,
can only be political, the recognition of the Other—
without which no sustainable peace can be constructed—is
something infinitely more inexpressible :
to feel “the Other” so that she becomes “oneself”.
Art is the most beautiful vehicle for this collective
and mutual appropriation. It is on the ruins
of this land said to be thrice blessed, that Jean
Genet, Wole Soyinka, Breyten Breytenbach and
Jean-Luc Godard among others, put their talent to
the service of a people from whom others would
deprive its memory, its culture and its history. For
them, art is engagement and the awakening of the
conscience. Véronique Vercheval’s work fits into this
same perspective, in the most beautiful and noble
sense of the term. Her notebook is an invitation to
a voyage, in the form of a photographic journey of
great artistic value.
Let yourself then be guided by Véronique along the
pathways of this Palestine, wounded but so full of
life that there is no doubt that one day the sun will
shine again with strength and vigour … and well
before the twelve bells of noon.
Palestine Journal
by Véronique Vercheval
It was anger and a feeling of powerlessness which
made me decide to go to Palestine for the first time,
in April 2002. I accompanied a project, “100 Artists
in Palestine”, organised by IETM (international
network for the contemporary performing arts).
Destroyed houses, broken-down roads, walls ripped
open, bullet holes… Beyond the ruins, there are still
men, women, children.
My camera opened doors for me. We spoke, trying
to understand each other despite the barrier of
language. I looked, I listened. I wanted to bring
together here these moments, these meetings.
I wished to show another image of Palestine and
the Palestinians.
They spoke of resistance, of the necessity to keep
Palestinian culture alive, of the impossibility to
remain creative, of the urgency of working with
children despite—and especially because—of the
occupation. They told of their difficulty to think
about the future.
They led me to villages and camps. I crossed a
country dismembered by Israeli settlements. They
led me to discover Palestinian universities, theatres,
cafés, markets… and checkpoints.
Faces changed so quickly from hope to despair!
The city resists in the dust. Children play, the women
are beautiful and pedestrians walk in the middle
of the street.
nnn
I returned several times, welcomed as a witness and
very soon as a friend. Gaza, Ramallah, Jenin, Hebron,
Nablus… All these cities with such familiar names
are populated by faces, voices, smells.
nnn
Blocked for 7 hours at the Abou Holy checkpoint
in the Gaza Strip. Looking at the cars which arrive
in the crush. Kids yell, selling tea. Men try to get
closer to the tank to negotiate. “Get back, or we’ll
fire…” They withdraw and wait. It’s not patience.
Often at the checkpoints, the level of irritation is
maddening. Then… “We smile, but inside it’s rough,
you know. It hurts.”
I don’t see any reason to force hundreds of people
to wait in this way, dependent upon the good will
of three soldiers: disturbing their minds, destroying
self esteem, exasperating a whole population, driving
them crazy, causing them to lose patience…
With the consequences that we know: “what more
can I lose except my life?”
I discovered Gaza—an open air prison—and its children,
whose faces I see each time I hear news reports
telling of bombings, devastated orchards, destroyed
houses, civilian deaths, children’s deaths.
Are they still alive, these smiling little girls I photographed
in the Rafah refugee camp?
nnn
2005, I am again in Palestine. I didn’t expect to be
so moved at Kalandia checkpoint. A slight feeling
of coming back home. The wall with its threatening
towers makes the place much more oppressive
than in 2002. While taking me there one evening, a
friend tells me he hasn’t been there for a long time.
Normal. To know that one is locked up is enough.
There’s no need to go every day to see what’s locking
you up.
April 2005, Arafat is dead, Abou Mazen leads the
government. The country is living in wait of the July
elections. The ambiance is tense. Everyone likes to
think that everything is going well, that the Israeli
retreat from Gaza is the beginning of peace. In
Palestine, you know that this retreat is a smoke
screen covering up the acceleration of the construction
of the wall, daily gobbling up more land from
a country which is constantly shrinking.
nnn
Jerusalem Hotel, 20th July 2005, a day before
my departure. To be there one day ahead of time!
Tomorrow I leave for Belgium. Palestinian friends,
who know what they’re talking about, have advised
me to be in Israel the day before I leave. From one
day to another, the Territories can be blocked. “You
risk missing your flight.”
I’d left this morning from Nablus. In a bus. “Take a
taxi, you’re going to lose time… Don’t go in a bus
with the Palestinians.” Nablus – Ramallah by bus,
70 km… 3 hours on the road. Two checkpoints plus
a detour on small country roads in order to avoid
a third. Stop in Ramallah, a taxi up to the Kalandia
checkpoint which you must cross on foot. A new
taxi to East Jerusalem. In total, 4 and a half hours
on the road to go 78 km. In Palestine.
In the bus, they tell me, “travelling in Palestine is
agony”. First checkpoint, everyone gets out. Don’t
forget the baggage. Women on one side, men on the
other. Heavily-armed kids in uniform with bullet
proof vests check identity cards. They are 20 or 25
years old. I meet the gaze of one. He recognises me.
He had refused to let me enter Nablus two days ago,
“The city is dangerous. The State of Israel cannot
guarantee your security. We don’t want you to run
any risk.” The machine gun is pointed towards me.
Smile. I end up getting through with the help of an
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