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<strong>Il</strong> y a <strong>60</strong> <strong>ans</strong>, <strong>la</strong> <strong>rafle</strong> <strong>du</strong> <strong>lycée</strong> <strong>Le</strong> <strong>Braz</strong><br />
Parmi les 18 jeunes arrêtés par les Allemands, 3 sont fusillés et 9 déportés<br />
<strong>Il</strong> y a soixante <strong>ans</strong>, <strong>Le</strong> <strong>Braz</strong> qui était un <strong>lycée</strong> à l’époque, connaissait un épisode<br />
tragique de l’Occupation. A <strong>la</strong> recherche <strong>du</strong> meurtrier d’un vaguemestre abattu à<br />
Plérin, les Allemands procèdent à une <strong>rafle</strong> parmi les <strong>lycée</strong>ns. Trois sont fusillés,<br />
neuf autres déportés. Trois en ont réchappé dont Louis <strong>Le</strong> Faucheur. Témoignage.<br />
A 78 <strong>ans</strong>, le Plérinais Louis <strong>Le</strong> Faucheur garde intacte d<strong>ans</strong> sa mémoire cette scène<br />
<strong>du</strong> 10 décembre 1943. « Nous étions en cours de philo, raconte-t-il, ça s’est passé<br />
<strong>du</strong>rant <strong>la</strong> première heure. Un soldat allemand est entré s<strong>ans</strong> frapper, mitraillette à <strong>la</strong><br />
main. M. Bars a continué son cours. <strong>Le</strong> censeur est arrivé, accompagné d’un officier<br />
allemand et d’un civil. Cinq élèves de cette c<strong>la</strong>sse ont été appelés : <strong>Le</strong> Cornec, <strong>Le</strong><br />
Faucheur, <strong>Le</strong> Houérou, <strong>Le</strong> Joncour et Rinvet. » Escortés par des soldats, ces <strong>lycée</strong>ns<br />
de terminale rejoignent 13 autres jeunes d<strong>ans</strong> l’une des cours <strong>du</strong> <strong>lycée</strong>. Comme<br />
l’établissement avait été réquisitionné par les occupants et rebaptisé caserne Koërner, les<br />
élèves étaient répartis d<strong>ans</strong> les locaux de l’actuelle bibliothèque, <strong>du</strong> musée et là où se<br />
trouvent les meubles Pierre.<br />
A <strong>la</strong> recherche d’un revolver<br />
« Quand j’ai vu mon camarade Marcel Drillet, j’ai compris que les Allemands<br />
s’intéressaient aux réseaux de propagande que Jean Hudo avait montés d<strong>ans</strong> le <strong>lycée</strong>. »<br />
Au sein de ces groupes souvent animés par des Normaliens, dont l’école avait été fermée<br />
par le gouvernement de Vichy, les <strong>lycée</strong>ns col<strong>la</strong>ient des affiches, dessinaient des croix de<br />
Lorraine, marquaient leur opposition aux Allemands. Certains, comme Maurice <strong>Le</strong><br />
Tonturier et Yves Harnois en ont fait les frais. Ces deux <strong>lycée</strong>ns ont en effet été arrêtés<br />
par <strong>la</strong> police française, jugés et déportés en camp de concentration. Yves Harnois n’en<br />
reviendra pas.<br />
Malgré ces faits, les jeunes de <strong>Le</strong> <strong>Braz</strong> continuaient leur propagande. « On était<br />
inconscient <strong>du</strong> danger », se souvient Louis <strong>Le</strong> Faucheur. Et pourtant, quand les 18 de <strong>Le</strong><br />
<strong>Braz</strong> se sont retrouvés à <strong>la</strong> prison de Saint-Brieuc, ils ont commencé à se poser des<br />
questions. « Notre préoccupation était de communiquer avec nos parents. C’est ainsi que<br />
j’ai appris que les Allemands avaient fouillé ma chambre à <strong>la</strong> recherche d’un revolver. »<br />
Louis <strong>Le</strong> Faucheur et ses camarades comprennent que les soldats recherchent les
auteurs de l’assassinat d’un vaguemestre qui avait eu lieu quelques semaines plus<br />
tôt à Plérin.<br />
En camp de concentration<br />
3 des 4 jeunes qui participaient à l’opération sont identifiés : Pierre <strong>Le</strong> Cornec, Yves<br />
Sa<strong>la</strong>un et Georges Geffroy. <strong>Il</strong>s sont sortis <strong>du</strong> groupe et tr<strong>ans</strong>férés à Fresnes. Jugés par<br />
un tribunal allemand ils sont fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. « Neuf<br />
camarades sont libérés. <strong>Le</strong>s autres, dont je faisais partie, sont tr<strong>ans</strong>férés au camp de<br />
Compiègne avec un groupe de Saint-Quay et des collégiens de Dinan. Là-bas, il y avait<br />
une chapelle et une bibliothèque. On nous a donné un colis de <strong>la</strong> Croix-Rouge. On se<br />
sentait presque en liberté ! » Deux semaines plus tard, ce n’est pas en 3 e c<strong>la</strong>sse que les<br />
prisonniers sont embarqués, mais d<strong>ans</strong> des wagons à bestiaux. Direction le camp de<br />
Neuengamme, près de Hambourg. « J’y ai été 11 mois, avant d’être tr<strong>ans</strong>féré à<br />
Wöbbelin, un camp en construction, d’où j’ai été libéré le 2 mai 1945. » Louis <strong>Le</strong><br />
Faucheur et six autres <strong>lycée</strong>ns ont connu <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> cauchemar. Quatre décèdent quelques<br />
jours plus tard : Marcel Nogues, Raymond Quéré, Jean <strong>Le</strong>moine et Michel Rouvrais.<br />
Trois sont revenus : Pierre <strong>Le</strong> Joncour, Guy Al<strong>la</strong>in et Louis <strong>Le</strong> Faucheur. Ce dernier et<br />
Guy Al<strong>la</strong>in témoignent encore de ce triste épisode qui sera commémoré mercredi 10<br />
décembre d<strong>ans</strong> <strong>la</strong> cour <strong>du</strong> collège <strong>Le</strong> <strong>Braz</strong>.<br />
Source : Article de Ouest-France, 2 décembre 2003. Auteur : Jean-Jacques Rebours.