Le Syndrome d'Apnée Obstructive du Sommeil (SAOS) - ahrek
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<strong>Le</strong> <strong>Syndrome</strong> d’Apnée <strong>Obstructive</strong> <strong>du</strong> <strong>Sommeil</strong> (<strong>SAOS</strong>)<br />
Un problème de santé publique qui concerne aussi les<br />
kinésithérapeutes<br />
A. STAGNARA<br />
CHU Croix Rousse pneumologie LYON<br />
La face cachée de la maladie :<br />
Depuis 7 années les kinésithérapeutes sont appelés à poser un diagnostic qui met<br />
en exergue les désavantages des patients. Combien d’entre nous questionne leurs<br />
patients sur la qualité de leur sommeil et son retentissement sur la journée ? A<br />
l’époque ou le ministère de la santé veut créer une cellule sur le sommeil (1) tout<br />
professionnel de santé sait à quel point un sommeil non réparateur peut<br />
« handicaper » n’importe quel indivi<strong>du</strong>. Or 80% des apnéiques ignorent qu’ils sont<br />
atteints de cette maladie.<br />
<strong>Le</strong> <strong>SAOS</strong> est une maladie <strong>du</strong> sommeil à répercussion diurne qui altère la qualité<br />
de vie de nombreuses personnes.<br />
Définitions :<br />
UUne apnéeU (A) est une interruption d’au moins 10 secondes de la respiration.<br />
UUne hypopnéeU (H) est une diminution d’au moins 50% de la ventilation (> 10s).<br />
On parle de <strong>SAOS</strong> lorsque l’on dénombre au moins 5 A ou 10 A+H par heure de<br />
sommeil.<br />
Sur un plan physiopathologique (2) ces collapsus pharyngés surviennent sur le<br />
temps de dépression inspiratoire et sont facilités par :<br />
- le rétrécissement permanent <strong>du</strong> calibre <strong>du</strong> pharynx<br />
- l’augmentation de la compliance de la paroi pharyngée<br />
- la moindre efficacité des muscles dilatateurs <strong>du</strong> pharynx.<br />
Il existe une forte prévalence de cette maladie : pour le Pr Patrick LEVY plus de<br />
5% des a<strong>du</strong>ltes sont porteurs d’un <strong>SAOS</strong> et au delà de 50 ans, 10%.<br />
<strong>Le</strong>s facteurs de mortalité, morbidité (plus d’Hypertension Artérielle,<br />
d’Insuffisance Coronarienne et d’Accident Vasculaire Cérébral, d’accident de la<br />
route …) en font un problème de santé publique.<br />
Participation des kinésithérapeutes dans le dépistage des <strong>SAOS</strong><br />
La prise en charge de cette maladie est réalisée par de nombreux praticiens :<br />
médecins généralistes, cardiologues, réanimateurs, neurologues, psychiatres,<br />
gérontologues, pneumologues, ORL, …ET LES KINESITHERAPEUTES ???
UL’interrogatoire cibléU :<br />
- <strong>Le</strong> ronflement : tous les ronfleurs ne sont pas des <strong>SAOS</strong>, mais la quasitotalité<br />
des <strong>SAOS</strong> ronflent avec la particularité d’un ronflement<br />
irrégulier. La question la plus pertinente est : vous a-t-on dit que vous<br />
ronfliez ?<br />
- L’hypersomnolence diurne : symptôme cardinal <strong>du</strong> diagnostic. Elle n’est<br />
pas forcément mise en exergue par un patient habitué depuis de longue<br />
année à une baisse de la vigilance. <strong>Le</strong>s termes que l’on retrouve<br />
fréquemment sont : fatigue dès le lever, altération de la concentration.<br />
Son évaluation peut être chiffrée par le score d’Eptworth (3). Ce<br />
symptôme peur être lié à d’autres maladies comme les mouvements<br />
périodiques, l’hygiène de sommeil, le syndrome de narcolepsiecataplexie<br />
…<br />
- <strong>Le</strong>s arrêts respiratoires : constatés généralement par le conjoint ils<br />
sont une source d’angoisse et de consultation rapide lorsqu’ils sont<br />
importants (plusieurs minutes)<br />
- <strong>Le</strong>s céphalées matinales<br />
- La nycturie : peut être importante jusqu'à 6-7 fois par nuit. <strong>Le</strong> patient<br />
en attribue souvent la cause au fait qu’il boive beaucoup le soir (pas<br />
toujours de l’eau !!)<br />
- <strong>Le</strong>s étouffements ou cauchemars : ils nécessitent un éveil<br />
suffisamment long pour que le patient s’en souvienne.<br />
- L’impuissance et le trouble de la libido : avec la difficulté d’aborder le<br />
sujet avec franchise, cet aspect est parfois négligé.<br />
UL’examen morphologiqueU :<br />
- L’obésité : 70% ont un index IMC (poids/taille²) >30<br />
- <strong>Le</strong> tour de cou : utilisé régulièrement pour détecter un <strong>SAOS</strong> il montre<br />
l’importance de l’empâtement graisseux de cette zone qui aggrave le<br />
processus de collapsus pharyngé.<br />
- L’examen de la cavité buccale et <strong>du</strong> squelette maxillo-facial peuvent<br />
mettre en évidence des facteurs prédisposant : allongement de la<br />
luette, base de la langue large, rétrognatisme …<br />
A partir de ces examens simples (interrogatoire et morphologie), en présence de<br />
plusieurs de ces critères, la forte suspicion d’un <strong>SAOS</strong>, peut justifier une<br />
consultation auprès d’un spécialiste<br />
ULa confirmation <strong>du</strong> diagnosticU est faite par :
- Un enregistrement simple de saturation nocturne qui peut par les<br />
valeurs et surtout par la morphologie de la courbe de SpO2 (hachurée<br />
et cyclique) renforcer la probabilité d’un <strong>SAOS</strong><br />
- Une polygraphie nocturne qui permet, à l’aide d’une mesure de la SpO2,<br />
de la fréquence cardiaque, des flux respiratoires et de sangles<br />
(abdominale et thoracique), de préciser si les apnées, hypopnées sont<br />
obstructives ou centrales. Il peut y avoir de « faux négatifs » lorsque<br />
le sujet dort très peu lors de la nuit d’examen<br />
- La polysomnographie est l’examen de référence qui permet de coupler<br />
l’analyse des événements respiratoires à un EEG. Cela permet de savoir<br />
quand le patient est éveillé et, lorsqu’il dort de savoir dans quel phase<br />
de sommeil il est.<br />
<strong>Le</strong> traitement<br />
A ce niveau encore le kinésithérapeute trouve sa place dans la mise en route de<br />
la ventilation par masque (4)<br />
ULa Pression Positive ContinueU : elle constitue le traitement de référence.<br />
L’application de cette « attelle pneumatique » empêche le collapsus pharyngé. <strong>Le</strong><br />
matériel est composé :<br />
D’un générateur de pression (turbine) dont on règle le<br />
niveau en général de 8 à 12 cm H2O. Cette pression peut<br />
être constante ou variable (autopilotée). Cependant les<br />
études scientifiques n’ont pas tranchées sur la supériorité<br />
d’un système par rapport à l’autre. Un mode de confort<br />
(Ciflex) peut améliorer l’observance.<br />
D’un circuit simple sans valve expiratoire.<br />
D’un humidificateur chauffant, si possible intégré, pour<br />
limiter des effets secondaires comme sécheresse et<br />
épitaxies.<br />
D’une interface avec fuites calibrées (code couleur<br />
transparent) : c’est un élément essentiel dans<br />
l’acceptation <strong>du</strong> traitement. Du fait des morphologies<br />
faciales très disparates, un choix important est<br />
nécessaire pour trouver le masque qui associe confort<br />
(absence de lésions) et efficacité (absence de fuites en<br />
dehors de celles intentionnelles). <strong>Le</strong>s fabricants mettent à<br />
notre disposition :<br />
• le masque nasal : le plus fréquent<br />
• les embouts narinaires
• le masque naso buccal en cas de fuites buccales<br />
importantes<br />
• le masque buccal : très rarement utilisé avec un<br />
choix extrêmement limité<br />
- U<strong>Le</strong>s autres traitementsU :<br />
o L’orthèse d’avancée mandibulaire : traitement de deuxième<br />
intention sur les échecs de PPC. Elle n’est pas sans effet<br />
secondaire.<br />
o La chirurgie : l’Uvulo- Palato-Pharyngoplastie (UPPP) ne diminue<br />
pas la mortalité et les complications à long terme.<br />
o L’hygiène de vie : amaigrissement, éviction de l’alcool et des<br />
somnifères sont trois éléments important qui permettent de<br />
revoir le traitement particulièrement pour les <strong>SAOS</strong> modérés.<br />
Conclusion<br />
<strong>Le</strong> kinésithérapeute est un intervenant important dans la chaîne de santé. Il<br />
participe à la fois dans le dépistage des <strong>SAOS</strong> et dans la mise en place <strong>du</strong><br />
traitement de référence qu’est la PPC.<br />
Il collabore ainsi à ce problème de santé publique, en permettant aux patients<br />
porteurs d’un <strong>SAOS</strong> de retrouver rapidement une meilleure qualité de vie et<br />
d’éviter parfois des accidents qui peuvent être mortels<br />
Référence :<br />
(1) Rapport sur le thème <strong>du</strong> sommeil présenté au ministre de la santé,<br />
Xavier Bertrand ; janvier 2007<br />
(2) Clodath M. Ryan and T. Douglas Bradley ; Pathogenesis of obstructive<br />
sleep apnea : J Appl Physiol 99:2440-2450,2005<br />
(3) Giles TL, Lasserson TJ, Smith BH, White J, Wright J, Cates CJ.<br />
Continuous positive airways pressure for obstructive sleep apnoea in<br />
a<strong>du</strong>lts ; meta-analyse Cochrane Database Syst Rev. 2006 Jul<br />
(4) Décret n°2000-577 <strong>du</strong> 27 juin 2000 Art.9b