Reflets - Ville de Martigues

LCinq cent douze équipes de trois joueurs ont participé au grand prix d’hiver du jeu provençal, la première partie de la semaine bouliste.
e doux cliquetis des boules qui s’entre -
choquent a envahi, une nouvelle fois,
La Halle pour la 25 e édition du grand
prix d’hiver au jeu provençal, appelé aussi
« la longue » ou bien encore « les trois pas ».
Le dieu des boules avait, pour ce premier jour
de compétition, arrêté le froid glacial qui
figeait la ville depuis quelques jours.
Casquettes et bonnets vissés sur la tête et
boule dans chaque main posée sur les
hanches avec le chiffon qui dépasse, tout le
monde était prêt : « C’est la première compétition
de l’année et nous sommes tous contents de
nous retrouver, lance Monique Jaubert, la présidente
du club la Velauxienne. Cette semaine est
un moment très important pour moi et mon club.
Il y a de très grands joueurs ! Je rêve que nous arrivions
en finale. Cela n’est jamais arrivé. Ce serait
un véritable honneur. »
Appuyée sur les rambardes qui délimitent les
boulodromes, elle scrute le jeu avec délice :
« C’est trois fois plus joli à regarder que la
pétanque, poursuit-elle. C’est prenant, passionnant,
je me régale ! » À côté, Janine Aubert,
ardente spectatrice, acquiesce joyeusement :
« La longue, ce n’est pas pareil que la pétanque.
Les joueurs sont plus respectueux des règles. Ils
s’adressent à l’arbitre de façon polie. Et puis, que
ceux qui disent que ce n’est pas un sport viennent
jouer à la longue pendant trois jours et ils
verront s’ils n’ont pas mal aux jambes ! Vous vous
rendez compte des kilomètres qu’ils font dans la
journée ? » Le but du jeu provençal est le même
que celui de la pétanque, à savoir s’approcher
le plus près possible du cochonnet, mais un
détail fait la différence, la taille du terrain.
Celle d’un terrain de boules conventionnel fait
entre six et dix mètres. À la longue, il fait entre
quatorze et vingt mètres.
« Lâche la boule ! »
Du coup, la façon de tirer ou de pointer est différente.
D’où les fameux trois pas. Chaque
joueur développe sa propre gestuelle. C’est
l’art du balancier, entre arrondi et allongé, qui
mélange mouvement du tir et pas de danse, et
si ce pas s’avère trop long, on entend un :
« Oh ! Lâche la boule, ce n’est pas des euros ! »
L’assistance rigole, car si la longue est un vrai
plaisir pour les yeux, elle l’est tout autant pour
les oreilles. Du « T’as joué avec des menottes
aujourd’hui ! » au « Tu as le c… comme la porte
d’Aix ! », « Tu as du vase ». Les vannes fusent
plus vite que les boules. « C’est ce qui fait le
charme des parties de boules, chez nous en
Provence », lance Janine. Les dames ne sont
pas en reste. Il y a de plus en plus de femmes
qui jouent à la longue, constate Alain Cadenel,
SPORT
© Laurent Martin
un pur longuiste : « Elles s’y mettent et elles sont
douées. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi
il y a des tournois mixtes ou féminins. La boule en
général c’est un jeu d’adresse et de précision, il n’y
a pas lieu d’y avoir de catégorie. Je n’ai jamais
compris ce cloisonnement entre les hommes et les
femmes. » Pour ce qui est du podium, c’est bien
des hommes qui ont foulé ses marches, au
bout de trois jours de compétition, ceux de
l’équipe de Saint-André des Alpes. Ils ont eu
« du vase » mais surtout beaucoup de talent ! ■
Capitale de la boule
La semaine bouliste est l’événement
incontournable dans le milieu des boules.
Chaque année, au mois de janvier,
La Halle de Martigues et les boulodromes
présents sur la ville accueillent près
de 5 000 joueurs. La semaine, qui est
organisée par le club martégal
de la Boule bleue, est ponctuée
de différents concours : du jeu provençal,
le national de pétanque, le national féminin,
le concours handivalides.
REFLETS I FÉVRIER 2013 45