L’ART DES TROIS PAS LONGUISTE FOR EVER Ils étaient 1536 joueurs à arriver <strong>de</strong>s quatre coins <strong>de</strong> France, pour honorer le 25 e grand prix d’hiver du jeu provençal lors <strong>de</strong> la semaine bouliste qui s’est déroulée du 19 au 27 janvier. Le premier ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> l’année pour ces amoureux <strong>de</strong> la longue. Ambiance… SOAZIC ANDRÉ // FRÉDÉRIC MUNOS 44 REFLETS I FÉVRIER 2013
LCinq cent douze équipes <strong>de</strong> trois joueurs ont participé au grand prix d’hiver du jeu provençal, la première partie <strong>de</strong> la semaine bouliste. e doux cliquetis <strong>de</strong>s boules qui s’entre - choquent a envahi, une nouvelle fois, La Halle pour la 25 e édition du grand prix d’hiver au jeu provençal, appelé aussi « la longue » ou bien encore « les trois pas ». Le dieu <strong>de</strong>s boules avait, pour ce premier jour <strong>de</strong> compétition, arrêté le froid glacial qui figeait la ville <strong>de</strong>puis quelques jours. Casquettes et bonnets vissés sur la tête et boule dans chaque main posée sur les hanches avec le chiffon qui dépasse, tout le mon<strong>de</strong> était prêt : « C’est la première compétition <strong>de</strong> l’année et nous sommes tous contents <strong>de</strong> nous retrouver, lance Monique Jaubert, la prési<strong>de</strong>nte du club la Velauxienne. Cette semaine est un moment très important pour moi et mon club. Il y a <strong>de</strong> très grands joueurs ! Je rêve que nous arrivions en finale. Cela n’est jamais arrivé. Ce serait un véritable honneur. » Appuyée sur les rambar<strong>de</strong>s qui délimitent les boulodromes, elle scrute le jeu avec délice : « C’est trois fois plus joli à regar<strong>de</strong>r que la pétanque, poursuit-elle. C’est prenant, passionnant, je me régale ! » À côté, Janine Aubert, ar<strong>de</strong>nte spectatrice, acquiesce joyeusement : « La longue, ce n’est pas pareil que la pétanque. Les joueurs sont plus respectueux <strong>de</strong>s règles. Ils s’adressent à l’arbitre <strong>de</strong> façon polie. Et puis, que ceux qui disent que ce n’est pas un sport viennent jouer à la longue pendant trois jours et ils verront s’ils n’ont pas mal aux jambes ! Vous vous ren<strong>de</strong>z compte <strong>de</strong>s kilomètres qu’ils font dans la journée ? » Le but du jeu provençal est le même que celui <strong>de</strong> la pétanque, à savoir s’approcher le plus près possible du cochonnet, mais un détail fait la différence, la taille du terrain. Celle d’un terrain <strong>de</strong> boules conventionnel fait entre six et dix mètres. À la longue, il fait entre quatorze et vingt mètres. « Lâche la boule ! » Du coup, la façon <strong>de</strong> tirer ou <strong>de</strong> pointer est différente. D’où les fameux trois pas. Chaque joueur développe sa propre gestuelle. C’est l’art du balancier, entre arrondi et allongé, qui mélange mouvement du tir et pas <strong>de</strong> danse, et si ce pas s’avère trop long, on entend un : « Oh ! Lâche la boule, ce n’est pas <strong>de</strong>s euros ! » L’assistance rigole, car si la longue est un vrai plaisir pour les yeux, elle l’est tout autant pour les oreilles. Du « T’as joué avec <strong>de</strong>s menottes aujourd’hui ! » au « Tu as le c… comme la porte d’Aix ! », « Tu as du vase ». Les vannes fusent plus vite que les boules. « C’est ce qui fait le charme <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> boules, chez nous en Provence », lance Janine. Les dames ne sont pas en reste. Il y a <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> femmes qui jouent à la longue, constate Alain Ca<strong>de</strong>nel, SPORT © Laurent Martin un pur longuiste : « Elles s’y mettent et elles sont douées. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi il y a <strong>de</strong>s tournois mixtes ou féminins. La boule en général c’est un jeu d’adresse et <strong>de</strong> précision, il n’y a pas lieu d’y avoir <strong>de</strong> catégorie. Je n’ai jamais compris ce cloisonnement entre les hommes et les femmes. » Pour ce qui est du podium, c’est bien <strong>de</strong>s hommes qui ont foulé ses marches, au bout <strong>de</strong> trois jours <strong>de</strong> compétition, ceux <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> Saint-André <strong>de</strong>s Alpes. Ils ont eu « du vase » mais surtout beaucoup <strong>de</strong> talent ! ■ Capitale <strong>de</strong> la boule La semaine bouliste est l’événement incontournable dans le milieu <strong>de</strong>s boules. Chaque année, au mois <strong>de</strong> janvier, La Halle <strong>de</strong> <strong>Martigues</strong> et les boulodromes présents sur la ville accueillent près <strong>de</strong> 5 000 joueurs. La semaine, qui est organisée par le club martégal <strong>de</strong> la Boule bleue, est ponctuée <strong>de</strong> différents concours : du jeu provençal, le national <strong>de</strong> pétanque, le national féminin, le concours handivali<strong>de</strong>s. REFLETS I FÉVRIER 2013 45