JEAN-MARC ZANAROLI LE PARISIEN RÊVAIT DE MARTIGUES Ancien facteur, Jean-Marc s’est découvert peu à peu la passion du théâtre. De Paris à <strong>Martigues</strong>, il s’est affirmé dans cette voie, et a fini par créer la compagnie L’ombre folle dont les thèmes touchent volontiers à l’histoire locale MICHEL MAISONNEUVE // FRANÇOIS DÉLÉNA 42 REFLETS I FÉVRIER 2013
RENCONTRE JFondateur <strong>de</strong> la compagnie <strong>de</strong> théâtre L’ombre folle, Jean-Marc est à la fois auteur, metteur en scène, comédien. Ses thèmes touchent souvent à l’histoire locale. ean-Marc était un Parisien qui rêvait <strong>de</strong> <strong>Martigues</strong>. Il en rêvait parce que son père et sa mère étant tous <strong>de</strong>ux originaires <strong>de</strong> ce petit coin du Midi, c’est non loin du chenal <strong>de</strong> Caronte qu’il passait ses vacances, dans la maison familiale. Là, il entendait <strong>de</strong>s histoires. De pêcheurs, bien sûr, mais aussi <strong>de</strong> la vie ouvrière, puisque son grand-père qui travaillait autrefois pour la BP avait été un lea<strong>de</strong>r syndical. Au sortir <strong>de</strong> l’adolescence, Jean-Marc se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment orienter sa vie. Il entame une formation en animation, mais ne poursuit pas. Un peu velléitaire ? Peut-être, ou bien n’avait-il pas vraiment trouvé sa voie. « J’ai fait plusieurs petits boulots. Quand j’essaie d’en tenir le compte, j’arrive presque à la trentaine. Alors, un jour j’ai passé un concours pour entrer à La Poste et je suis <strong>de</strong>venu facteur. » Il le reste durant dix-sept ans. D’abord à Paris, jusqu’au jour où, pendant les vacances, justement, il rencontre sa future épouse à <strong>Martigues</strong>. Il continue sa carrière sur les bords <strong>de</strong> la Méditerranée, marié avec Murielle, prof à l’école <strong>de</strong> danse. Entre-temps, Jean-Marc explore une voie qui va lui ouvrir <strong>de</strong>s perspectives : le théâtre. « Pendant une dizaine d’années, j’ai fait du théâtre en amateur. Je suis entré dans une petite compagnie où je me suis occupé <strong>de</strong> la régie. Puis j’ai commencé à dire <strong>de</strong>s contes et peu à peu l’idée <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r une compagnie <strong>de</strong> théâtre amateur m’est venue. » La Poste appliquant le système <strong>de</strong>s départs en retraite anticipé, Jean-Marc se retrouve assez jeune retraité, avec <strong>de</strong> faibles revenus, mais l’envie <strong>de</strong> faire encore pas mal <strong>de</strong> choses. En filigrane, quelque chose se construit. D’autant qu’avec l’atelier théâtre, qu’il continue toujours et se retrouve parfois dans la situation d’un metteur en scène. Un souvenir <strong>de</strong> Neki Finalement, en 2010 il monte cette compagnie, avec quatre copains qui sont en atelier avec lui. Elle aura pour nom : L’ombre folle. La prési<strong>de</strong>nte en est la comédienne chanteuse Denise Efthimiadi. Le premier spectacle, appuyé sur <strong>de</strong>s textes du poète Jean Tardieu, sera joué à la salle Prévert. Il mêle la danse à l’art dramatique. Le mélange, c’est quelque chose que Jean-Marc affectionne particulièrement. Et surtout : « Raconter <strong>de</strong>s histoires, celles <strong>de</strong>s gens du peuple, et celle <strong>de</strong>s gens d’ici, aussi. » <strong>Martigues</strong> est un terrain fertile pour y laisser courir l’imaginaire, voire la légen<strong>de</strong>. Ainsi, un jour Jean-Marc rencontre un certain Jean Galanakis. Le nom lui est pratiquement inconnu, par contre le surnom lui parle : Neki. « Mon père m’avait raconté <strong>de</strong>s histoires à son sujet, Neki sauvait <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> la noya<strong>de</strong>, à <strong>Martigues</strong>, c’était un plongeur mythique. » Et la compagnie L’ombre folle lui rendra hommage, ainsi qu’à <strong>de</strong>ux autres personnes fameuses localement, dans la Trilogie martégale. Peu à peu, on fait appel à cette petite compagnie amatrice pour <strong>de</strong>s lectures en médiathèque, à Port-<strong>de</strong>- Bouc, puis à <strong>Martigues</strong> où, pour célébrer les 30 ans <strong>de</strong> la bibliothèque, Jean-Marc va accomplir une petite performance : un « marathon » <strong>de</strong> lecture à haute voix <strong>de</strong>vant un public <strong>de</strong> visiteurs nocturnes qui entendra le roman De purs désastres, <strong>de</strong> François Salvaing, en intégrale. On voit aussi L’ombre folle en action pour les 30 ans <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> danse. Les histoires du mon<strong>de</strong> ouvrier, Jean-Marc va aussi les mettre en scène dans un grand projet qui aboutira sous peu : « Verminck une Babel au bord du chenal <strong>de</strong> Caronte ». Rien moins que l’histoire <strong>de</strong> l’usine Verminck à propos <strong>de</strong> laquelle Jean-Marc précise : « À l’époque où <strong>Martigues</strong> ne comptait que 8 000 habitants, 1 000 personnes y travaillaient. » Recherches en archives, interviews d’anciens <strong>de</strong> l’usine, et aussi, retour sur les lieux <strong>de</strong> ses vacances enfantines, puisque la maison familiale se trouvait non loin <strong>de</strong> là. Ce spectacle sera présenté le 14 mai. Nous en reparlerons, mais sachez que ce projet aussi mélange les genres, les générations, les anecdotes, en fait, c’est tout ce qu’il aime. Sa voie, il semble cette fois l’avoir trouvée. ■ REFLETS I FÉVRIER 2013 43
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