PRENONS LE TEMPS TEMPS Histoire Esprit Turc Un illustre Martégal oublié page 39 Gros plan La route <strong>de</strong> Saint-Pierre page 40 Rencontre Jean-Marc Zanaroli Le Parisien rêvait <strong>de</strong> <strong>Martigues</strong> page 42 Sport L’art <strong>de</strong>s trois pas Longuiste for ever page 44 Portfolio <strong>Martigues</strong> Un ville d’eau page 46 // Agenda Sept artistes en lumière page 48 Permanences État civil page 50 Le Père Noël en son palais Animations, jeux, ateliers, La Halle avait sorti le grand jeu pour accueillir, fin décembre, cet invité <strong>de</strong> marque tant attendu par les enfants ! © Frédéric Munos
ESPRIT TURC UN ILLUSTRE MARTÉGAL OUBLIÉ SOAZIC ANDRÉ // ARCHIVES HISTOIRE Notable, entrepreneur, homme d’affaire et un peu aventurier, Esprit Turc marqua la ville <strong>de</strong> son empreinte en façonnant, entre autres, les rives du quartier <strong>de</strong> L’Île Esprit Turc est né un 27 août 1642 à Ferrières dans la maison <strong>de</strong> son grandpère Antoine Turc (sur l’actuelle place Jean Jaurès). Est-ce le fait que son père Jacques était « adonné à la débauche et a <strong>de</strong> sy gran<strong>de</strong> inclination au jeu » comme l’écrivit son grand-père (le plus gros propriétaire terrien <strong>de</strong> la ville) sur son testament pour le <strong>de</strong>stituer <strong>de</strong> la gestion du patrimoine familial et avoir vu sa mère, Margueritte Cornille, traquée par les créanciers, que le jeune Esprit développa très tôt le sens <strong>de</strong>s responsabilités et s’imposa comme le représentant <strong>de</strong> la famille ? « C’était un être exceptionnel, reconnaît René Cornet qui a écrit une biographie sur ce personnage. Il était ambitieux et entreprenant et surtout très intelligent, doué pour les affaires. C’était un meneur d’hommes. Et son objectif était <strong>de</strong> reconstituer le patrimoine familial dilapidé par son père. » En août 1666, il se marie avec Anne Mathieu avec laquelle il aura quatre enfants. Cette <strong>de</strong>rnière est la fille d’un riche négociant du quartier <strong>de</strong> L’Île et Esprit <strong>de</strong>vient homme d’affaires dans le sillage <strong>de</strong> son beaupère. Sa première idée est <strong>de</strong> récupérer la bourdigue <strong>de</strong> Vauroux (un canal) située au cœur <strong>de</strong> L’Île afin <strong>de</strong> la combler pour créer du terrain à bâtir. C’était une vieille idée déjà imaginée par la <strong>Ville</strong>, qui avait dû y renoncer face au mécontentement <strong>de</strong>s pêcheurs. Le comblement fut réalisé sur une centaine <strong>de</strong> mètres, sur une largeur <strong>de</strong> 14,50 mètres. Fermeture <strong>de</strong>s extrémités par <strong>de</strong>s ouvrages en bois, assèchement par pompage, apport <strong>de</strong> 2 000 m 3 <strong>de</strong> matériaux <strong>de</strong> remplissage… Le goût <strong>de</strong> l’aventure Le chantier fut aussi colossal qu’innovant. Dès 1672, les bâtisses se construisent dans un parfait alignement et une nouvelle rue est créée : « Rue neuve <strong>de</strong> Vauroux ». Esprit s’est réservé <strong>de</strong>ux parcelles <strong>de</strong> terrain où il va édifier <strong>de</strong>s entrepôts, <strong>de</strong>s magasins et une <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> famille, l’hôtel <strong>de</strong> Colla <strong>de</strong> Pradines. Cette bâtisse, rachetée par la <strong>Ville</strong> en 1808 fera office <strong>de</strong> mairie jusqu’en 1983, puis <strong>de</strong>viendra tribunal d’instance. Après cette belle réussite, Esprit Turc <strong>de</strong>vient en 1671 conseiller du quartier <strong>de</strong> L’Île et est ensuite désigné Viguier <strong>de</strong> la ville, une sorte d’adjoint au maire. Dès 1674, il initie <strong>de</strong> gros travaux comme la construction <strong>de</strong> l’église Saint-Louis, le comblement <strong>de</strong>s fossés <strong>de</strong> Jonquières et Ferrières. Non satisfait <strong>de</strong> son statut <strong>de</strong> bourgeois fortuné, son goût <strong>de</strong> l’aventure le fait monter à Paris en 1677 pour s’enquérir auprès <strong>de</strong> l’intendant maritime <strong>de</strong> Louis XIV, <strong>de</strong>s grands chantiers en Provence. Il décroche, par la suite, le contrat <strong>de</strong> réaménagement du port d’Antibes, puis la construction du nouvel arsenal <strong>de</strong> Port Royal. Il intervient aussi sur Toulon, à partir <strong>de</strong> 1682. Bien sûr, en homme d’affaires accompli, il n’oublie pas <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong> bonnes affaires immobilières. En 1688, Esprit Turc meurt lors d’une visite du chantier <strong>de</strong> l’arsenal <strong>de</strong> Toulon où il reçoit sur la tête un morceau <strong>de</strong> bois. Il avait quarante-six ans. ■ Mardis du patrimoine Le 12 février, à 18 h 30, salle <strong>de</strong>s conférences, Pierre Coste, docteur en histoire, abor<strong>de</strong>ra le thème: L’âge d’or <strong>de</strong> <strong>Martigues</strong> (1580-1690), <strong>de</strong>s origines aux conséquences <strong>de</strong> l’Acte d’union <strong>de</strong> 1581. Suivra, à 20 h, la présentation du premier tome <strong>de</strong> l’ouvrage « Histoire et récits du pays <strong>de</strong> <strong>Martigues</strong> ». Il s’agit d’un recueil d’articles présentés au public dans le cadre <strong>de</strong>s Mardis du patrimoine, dont celui <strong>de</strong> René Cornet : « Esprit Turc, un Martégal au temps <strong>de</strong> Louis XIV ». REFLETS I FÉVRIER 2013 39