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Un sourire moqueur apparut au coin de ses lèvres.
– Tu es toujours plus gentille quand ton petit copain n’est pas dans les parages.
– Qui ? demandai-je, les sourcils froncés.
– Grand, brun, enragé, marmonna-t-il en passant ses doigts entre les miens.
– Ren ?
Je n’ai pas lâché sa main. J’aurais peut-être dû.
Il ne répondit pas, mais serra les mâchoires.
– Mon attitude n’avait rien à voir avec lui, rétorquai-je, incapable de maîtriser totalement ma mauvaise
humeur. J’étais en colère contre toi.
– Peu importe, répondit-il en retirant ses doigts.
Apparemment, je n’étais pas la seule à être furieuse.
– Allons par là, dis-je en m’engageant dans un petit chemin.
Contrairement aux autres sentiers du jardin, il était en terre, et non pavé de galets ronds. Il passait entre
de grands arbres à feuilles persistantes qui filtraient la lumière de la fin d’après-midi. Je m’arrêtai quand
nous arrivâmes à mon endroit préféré du jardin, une clairière entourée de pins. Je m’assis, à moitié
cachée par les fougères hautes.
Shay observa les alentours.
– Très joli.
– Oui, acquiesçai-je en étirant les bras vers le ciel, laissant le soleil réchauffer ma peau. Je viens ici
quand j’ai envie d’être seule.
– On se sent à l’abri, murmura-t-il en s’accroupissant près de moi. Isolé.
Ma robe s’était relevée lorsque je m’étais assise et je surpris le regard de Shay, posé à l’endroit où ma
peau disparaissait sous le tissu. Je me suis penchée vers lui.
– Embrasse-moi.
On aurait dit que je lui donnais un ordre, et ses épaules se sont raidies.
– S’il te plaît ? ajoutai-je.
Je n’aurais jamais cru qu’il me serait aussi difficile de demander quelque chose dont j’avais envie. Je
n’avais pas l’habitude.
Pour cette fois, que les Gardiens et leurs lois aillent au diable. Voilà ce qu’ils avaient gagné à
m’ordonner de passer du temps avec un garçon aussi beau. Mon premier baiser n’appartiendrait qu’à moi.
Shay se releva.
– Ne le prends pas mal, Calla. Ce n’est pas que je n’en ai pas envie.
– Tu en as envie ?
Une vague de chaleur me traversa, immédiatement remplacée par un sentiment de vide. Mais tu ne le
feras pas.
– Oui, bien sûr, dit-il, les bras croisés sur la poitrine, les muscles tendus. Mais tu es bouleversée et je
ne sais pas vraiment pourquoi tu me demandes ça.
Je tirai sur le bas de ma robe.
– Laisse tomber.
– Je veux bien t’aider à régler le problème qui te préoccupe, mais ce matin tu m’as envoyé balader, et
je ne veux pas t’embrasser aujourd’hui pour que tu m’envoies au diable demain.
Une fougère innocente paya le prix de mon humiliation ; je l’arrachai en entier, racines comprises.
– Je sais, je sais, lâchai-je en jetant les feuilles et la terre. Je suis désolée.
– Il va bientôt faire nuit, ajouta-t-il en me tendant la main. Tu possèdes peut-être la vision nocturne des
loups, mais pas moi.
– Parfois, j’oublie tes faiblesses, dis-je en refermant mes doigts sur les siens.
– Mes faiblesses ?