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Il hésita, son regard étonné parcourant lentement mon visage, puis il ajouta :
– … quand j’ai bu ton sang.
Mon cœur s’affola et je hochai la tête. Il me prit le bras. Ma peau me picota lorsqu’il remonta la
manche de ma veste et de mon pull. Ses doigts coururent légèrement sur mon avant-bras, envoyant des
frissons tièdes dans tout mon corps.
Cette sensation était à la fois étrange et familière. J’étais excitée comme avant de débuter une chasse.
Avec Ren, mon désir naissait subitement, comme la colère ou un défi. Shay m’évoquait la lente brûlure de
la passion, une chaleur blanche, insistante. Avec lui, il n’y avait plus de meute, de maître ou de maîtresse.
Juste moi et ce garçon dont le contact me torturait à des endroits réservés à quelqu’un d’autre.
– Regarde, ajouta-t-il en effleurant l’endroit où je m’étais mordue. Pas de trace non plus.
Nous nous sommes regardés dans les yeux pendant quelques instants, puis j’ai retiré mon bras et
redescendu la manche de ma veste sur ma peau fourmillante.
Tu ne peux pas faire ça, Calla. J’ai creusé la terre avec le bout de mon pied. Tu sais que tu ne peux
pas. Quoi que tu ressentes ici, tu n’es pas libre.
– Je guéris très vite, murmurai-je. Mon sang possède d’exceptionnelles vertus guérisseuses. Comme
celui de chaque Protecteur.
– Ça n’avait pas le goût de sang, rétorqua-t-il en passant la langue sur ses lèvres, comme s’il pouvait
encore me goûter.
J’ai serré les bras sur ma taille. J’avais envie qu’il me goûte de nouveau, et pas que mon sang.
– Non, parce que notre sang est différent. C’est l’un de nos plus grands atouts. Les Protecteurs peuvent
instantanément se soigner les uns les autres sur le champ de bataille. Cela nous rend presque
indestructibles.
– Je veux bien le croire.
– Voilà son but, mais comme tu l’as vu, nous pouvons soigner tout le monde, dis-je en donnant un coup
de pied dans un caillou. Seulement, nous ne sommes pas censés le faire.
Il regarda le caillou rebondir sur le sol.
– Alors pourquoi…
– Shay, s’il te plaît, écoute-moi. Le pouvoir de guérison des Protecteurs est sacré pour nous. Nous
devons seulement nous guérir mutuellement. Ce que j’ai fait… Quand je t’ai sauvé, j’ai violé nos lois. Ça
pourrait me coûter la vie si quelqu’un de mon monde l’apprenait. Tu comprends ?
– Tu as risqué ta vie pour me sauver ?
Il a fait un pas vers moi. Le sang battait à mes oreilles.
Puis, il a pris mon visage entre ses mains, s’approchant jusqu’à ce que ses lèvres touchent presque les
miennes. J’ai frémi. Alors que je le regardais dans les yeux, sentant son souffle chaud sur ma peau, j’ai su
que je recommencerais s’il le fallait, quel qu’en soit le prix.
– Je n’ai jamais voulu te mettre en danger, Calla, souffla-t-il. Jamais.
J’ai posé mes mains sur les siennes. Ses doigts se sont agrippés aux miens.
– Mais l’autre loup ? Bryn. Elle était là. Elle sait.
– Elle est mon compagnon de meute, mon second. Sa loyauté est absolue. Elle ne me trahirait jamais ;
elle préférerait mourir.
– Je ne te trahirai pas non plus, dit-il en souriant faiblement, encore secoué.
– Tu ne peux en parler à personne, ajoutai-je d’une voix que j’avais peine à maîtriser. S’il te plaît. Je
perdrais tout.
– Je comprends.
Nous nous sommes tus. Le calme de la clairière amplifiait notre silence. Je voulais qu’il
m’embrasse – j’aurais voulu qu’il sente le désir qui, je le savais, émanait de moi, tout comme le parfum
grisant de passion qu’il dégageait. Tu ne peux pas, Calla. Ce garçon n’est pas pour toi. J’ai fermé les