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– Bosque travaille dans l’investissement. Consultant pour le gouvernement, je ne sais pas exactement
quoi. Il gagne beaucoup d’argent, mais il doit voyager tout le temps. Je n’ai jamais passé plus de deux ans
dans la même école. Nous avons vécu en Europe, en Asie, au Mexique et dans plusieurs villes des États-
Unis. Ces deux dernières années, j’étais à Portland, puis Bosque m’a emmené au Colorado.
– Tu as dû mener une vie très solitaire.
Il haussa les épaules.
– Je n’ai jamais vraiment eu d’amis, du moins pas d’amis proches. Je pense que ça explique pourquoi
je lis autant. Les livres ont toujours été de véritables compagnons.
Il se mit sur le côté, s’étendant par terre.
– C’est aussi pour ça que je fais beaucoup de randonnée. Je préfère la solitude à la foule. La nature
m’attire beaucoup.
Il frissonna.
– Sauf quand je tombe sur un grizzly là où il ne devrait pas y en avoir. Puis-je te poser une question,
maintenant ? demanda-t-il en me regardant avec intérêt. D’un ordre différent ?
J’ai bu la dernière gorgée.
– Bien sûr. Mais je n’ai pas terminé.
– Entendu. Il y a juste une chose que j’aimerais vraiment savoir.
Il s’est remis sur ses pieds et s’est redressé. Son mouvement m’a surprise, et je me suis levée d’un
bond, laissant tomber la tasse.
J’ai reculé d’un pas quand il a enlevé sa veste North Face et ôté son T-shirt.
– Regarde, dit-il en passant la main sur sa poitrine.
– Oui, très joli, murmurai-je. Tu fais de l’exercice, non ?
L’afflux de sang chaud dans mes veines me brûlait.
Il a serré les dents.
– Arrête. Tu sais de quoi je parle. Aucune trace. Ni là, ni sur ma jambe. Cet ours m’a griffé
profondément. Où sont les cicatrices ?
Je lui ai rendu son regard sérieux.
– Remets tes vêtements. Il fait trop froid pour prendre un bain de soleil.
J’avais toujours cru que mon corps était ma meilleure arme, fort, aussi résistant que le fer. Maintenant,
mes membres se ramollissaient. Je ne pouvais détourner les yeux de la courbe de ses épaules, du V que
dessinaient ses hanches au-dessus de son jean, du labyrinthe de lignes que formaient ses muscles sculptés,
de son sternum à son abdomen.
– Vas-tu répondre à ma question ?
Il commençait à avoir la chair de poule, mais ne bougeait toujours pas.
J’aurais voulu m’approcher de lui et poser les mains sur sa peau, vérifier si son pouls était aussi
rapide que le mien, sentir l’afflux de chaleur enivrant que provoquait en moi sa proximité.
– Oui, dis-je en lui montrant sa veste, trop effrayée pour m’approcher de lui. S’il te plaît, rhabille-toi.
– Je t’écoute, lança-t-il en me tournant le dos.
Il passa les bras dans les manches de son T-shirt. Puis il les leva pour y passer la tête, et mes yeux se
posèrent sur le dessin sombre qu’il portait à la nuque. Je n’avais pas repensé à ce tatouage depuis que je
lui avais sauvé la vie. Mais il était bien là, en forme de croix.
J’ai froncé les sourcils. On ne peut pas être sûr sans regarder sa nuque.
– J’attends.
Il ramassa sa veste et l’enfila. Je suis revenue au moment présent.
– Je t’ai guéri.
J’ai joint mes doigts pour lutter contre l’envie de le toucher.
– Je sais, lâcha-t-il en faisant un pas vers moi. Je l’ai senti quand j’ai…