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– JE SUIS SURPRISE QUE TU SOIS VENU, DIS-JE EN FAISANT les <strong>ce</strong>nt pas, mal à l’aise, et en<br />
scrutant l’orée de la forêt qui nous entourait. Tu dois être matinal. Pourquoi voulais-tu me retrouver ici ?<br />
Ce qui m’inquiétait surtout, c’était pourquoi je voulais tant qu’il soit là, moi.<br />
– Pas tant matinal qu’insomniaque. J’essaie de comprendre la folie dans laquelle je suis tombé. Et<br />
puis, j’étais <strong>ce</strong>nsé t’<strong>of</strong>frir un café.<br />
Il ouvrit son sac et en sortit un thermos et une petite tasse en fer-blanc.<br />
Je frissonnai, mais la froideur matinale n’y était pour rien.<br />
Avec un sourire taquin, il me servit une tasse du liquide noir comme du goudron et me la tendit.<br />
– Espresso ?<br />
– Merci, dis-je en riant. C’est <strong>ce</strong> que j’appelle de la randonnée de luxe.<br />
– Uniquement dans les grandes occasions.<br />
– Tu n’en veux pas ? demandai-je en regardant ses mains vides.<br />
– Je me suis dit qu’on pourrait partager la même tasse. Je te promets que je n’ai pas la gale !<br />
Je souris, fascinée par la manière dont le soleil faisait ressortir les mèches dorées dans ses cheveux<br />
châtains, légèrement ondulés.<br />
– Calla ? Ça va ? questionna-t-il en se penchant vers moi.<br />
J’<strong>au</strong>rais voulu qu’il m’empoigne comme dans mon rêve.<br />
Détournant le regard, je bus une gorgée de café. Il était extrêmement fort et absolument délicieux.<br />
– Tu sais, la plupart des gens ne retournent pas à l’endroit où ils ont failli mourir. On pourrait même<br />
dire que <strong>ce</strong>ux dotés d’un peu de sagesse l’évitent.<br />
Je lui tendis la tasse. Ses doigts effleurèrent les miens et ma pe<strong>au</strong> se mit à me picoter, ch<strong>au</strong>de, vivante.<br />
Lorsque ses lèvres touchèrent le métal, je frissonnai, comme si c’était moi qu’il avait embrassée. Est-<strong>ce</strong> à<br />
<strong>ce</strong>la que ressemble un baiser ? La même électricité que quand nos mains se touchent, mais sur les<br />
lèvres ?<br />
– Je ne suis pas comme la plupart des gens, dit-il en s’asseyant en tailleur.<br />
– Non, c’est vrai, acquiesçai-je en m’asseyant fa<strong>ce</strong> à lui.<br />
– Je ne manque pas de sagesse, <strong>ce</strong>pendant, ajouta-t-il en souriant. Je pense que l’ours va éviter <strong>ce</strong>t<br />
endroit pendant un bon moment. Tu es un loup très effrayant.<br />
– Et ça ne t’inquiète pas ?<br />
Il s’appuya sur les coudes et allongea les jambes.<br />
– Si tu voulais me manger, tu l’<strong>au</strong>rais déjà fait.<br />
– Je ne mange pas les gens.<br />
– CQFD.<br />
Il leva le visage vers le ciel, laissant le soleil le réch<strong>au</strong>ffer.<br />
– Tu devrais quand même avoir peur de moi, murmurai-je.<br />
– Pourquoi ? demanda-t-il en arrachant une fleur s<strong>au</strong>vage fanée.<br />
– Par<strong>ce</strong> que je pourrais te tuer.<br />
– L’ours m’<strong>au</strong>rait tué, rétorqua-t-il en pliant la tige de la fleur entre ses doigts. Tu l’en as empêché.<br />
Je n’<strong>au</strong>rais pas dû. Ces mots sont restés coincés dans ma gorge. J’ai regardé les petites boucles de ses<br />
cheveux, le doux sourire sur ses lèvres. Comment <strong>au</strong>rais-je pu le laisser mourir ? Il n’a rien fait de<br />
mal.