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– Pourquoi ? rétorquai-je plus brutalement que je ne l’aurais souhaité.
J’avais envie de lui parler, mais ce n’était pas possible. Sans le regarder, j’ai senti que Ren était
surpris par mon hostilité. L’agressivité de ma question avait réveillé l’alpha. Il s’est rapproché de moi.
J’ignorais si je lui en étais reconnaissante ou si j’étais offensée. Après tout, j’étais une alpha, moi aussi.
Le regard du nouveau s’est posé sur Ren. Je vis l’expression menaçante de ce dernier se refléter dans
ses yeux. Aucun humain ne pouvait résister au regard furieux d’un Protecteur, surtout lorsqu’il émanait
d’un alpha. Je ressentis presque de la pitié pour lui.
– Pour rien, laisse tomber, murmura Shay dont le regard nerveux passait sans cesse de moi à Ren, qui
avait posé les mains sur mes hanches.
J’étais partagée entre l’envie d’arracher les mains de Ren et le soulagement que m’apportait sa
proximité. Je me délectais de leur force, mais je lui en voulais d’essayer de me posséder. Je lui ai jeté un
coup d’œil irrité. Puis j’ai reposé les yeux sur notre invité importun. Je ne veux pas que Shay me voie
comme ça.
Shay secoua la tête comme pour sortir d’un brouillard gênant. La sonnerie retentit et il s’en alla
rapidement.
– Bizarre, ce type, lança Ren en me relâchant. Il est nouveau, non ?
– Je crois, oui. Il était avec Bryn et moi en première heure et il s’est retrouvé assis à côté de moi. Il
voulait sans doute des renseignements, dis-je en essayant de prendre un air ennuyé. Il ne doit pas encore
connaître les règles. On ne se mélange pas.
Ren se remit à ranger notre matériel.
– Ah oui, cette règle !
– Ce n’est pas parce que tu as du mal à respecter les limites que tout le monde est comme toi,
commentai-je d’une voix mielleuse. Nous autres suivons le souhait des Gardiens.
Il se contenta de hausser les épaules.
Bon sang, arrête d’être aussi arrogant.
– Bon, je suis affamée. Tu t’occupes de ça ? demandai-je en désignant les béchers et les flacons qu’il
fallait ranger dans les placards de la classe.
– Pas de problème.
– Merci.
J’attrapai mon sac et sortis rapidement.
Les Protecteurs prenaient toujours leur déjeuner à un bout de la cafétéria. Même si les deux meutes
mangeaient à des tables différentes, nous restions toujours à proximité l’une de l’autre. À l’autre
extrémité de la cafétéria se trouvaient les enfants des Gardiens, habillés en Gucci et en Prada, répugnant
visiblement à s’approcher de nous. Les élèves humains étaient pris en sandwich entre les loups et les
enfants de nos maîtres. Parfois, les mortels me faisaient de la peine. Dans leur propre monde, ils
détenaient un pouvoir immense. Mais pas ici. Au lycée de la Montagne, ils savaient qu’ils se trouvaient
tout en bas de la chaîne alimentaire.
Ansel et Mason étaient déjà installés à notre table, et je me suis assise à côté de mon frère.
– Que voulait Ren ? demanda Ansel, les yeux brillants d’impatience.
Mason se pencha en avant, intéressé, mais ne dit rien.
– Attendons que tout le monde soit là.
J’ai sorti de mon sac un sandwich à la dinde.
Ansel poussa un grognement et je lui lançai un regard d’avertissement. Les pieds en métal de sa chaise
grincèrent lorsque Bryn s’assit près de moi. Fey se laissa tomber à côté de Mason.
J’ai passé en revue les membres de ma meute avant d’observer la table voisine, où se trouvaient les
Bane. Sabine tambourinait sur la table de ses longs ongles laqués et murmurait à l’oreille de Cosette, une
blonde plus jeune. Celle-ci retroussa les lèvres. Elle avait la peau si pâle qu’elle en était presque