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– Quel dommage, dit-il en me faisant un sourire mi-amical, mi-menaçant.
– Et pourquoi ça ? lançai-je en m’appuyant contre la table.
– Car j’allais te faire une proposition exceptionnelle, ajouta-t-il en prenant des notes dans son carnet.
– Quelle proposition ? demandai-je en regardant par-dessus son épaule.
Comme toujours, ses notations étaient parfaites, mais j’aimais faire semblant de douter de son sérieux.
J’ai lutté contre l’envie de lui arracher son stylo.
– Je ne pense pas pouvoir continuer à me montrer courtois si je doute de notre capacité à nous
comporter pacifiquement, dit-il avec un sourire ironique.
Je n’ai pas mordu à l’hameçon.
– Je suis intéressée, Ren. Que proposes-tu ?
Ses yeux brillèrent, argent sur noir.
– Efron organise une soirée VIP dans l’un de ses clubs à Vail, vendredi. Il y a une nouvelle huile en
ville, et notre maître va lui offrir un dîner bien arrosé, comme toujours. On voulait y aller. Tu peux venir
si tu veux. Emmène ta meute.
– Sérieusement ? demandai-je, surprise.
– Oserais-je jouer avec toi ? rétorqua-t-il en penchant la tête sur le côté, les yeux faussement innocents.
– Oui, répondis-je, ce qui le fit rire.
Cette fois, il me prit la main. Je ne bronchai pas lorsqu’il passa ses doigts sur les miens.
– L’offre tient toujours. C’est à prendre ou à laisser, conclut-il en retournant à ses notes.
Il retira sa main, et mon cœur se remit à battre frénétiquement.
– Quel club ?
– L’Éden.
J’ai serré les dents pour ne pas rester bouche bée.
– OK. On y sera. Merci.
Je m’étais exprimée avec nonchalance, même si l’impatience faisait trembler tous mes membres.
Il n’a pas dissimulé son sourire.
– Tous vos noms seront sur la liste.
Je me suis mordillé la lèvre.
– Quoi ? demanda-t-il, les sourcils froncés.
– Je ne suis pas sûre, pour Ansel.
Il haussa les épaules. Il agrippa le bord de la table et, se penchant en avant, s’étira le dos avec
langueur.
– Si son nom est sur la liste, il pourra entrer.
J’ai croisé les mains derrière mon dos, joignant mes doigts pour ne pas toucher ses muscles tendus.
– Il a quinze ans, dis-je en détournant les yeux des lignes déliées de son corps.
– Cosette aussi et elle sera là.
Il se rapprocha de moi.
– Te pardonnera-t-il si tu lui interdis de venir ?
– Sûrement pas, répondis-je en imaginant le visage outré de mon frère si je lui annonçais qu’il ne
pouvait pas nous accompagner.
– Son nom sera sur la liste. Mais c’est ton frère. C’est toi qui décides, Lily.
– Tu voudrais bien arrêter de m’appeler comme ça, s’il te plaît ?
– Pas question.
– Euh, salut ! fit une voix derrière moi.
Ren plissa le front et je me tournai vers le nouvel arrivant. C’était le randonneur.
Oh mon Dieu !
– Je peux te parler ? demanda-t-il.