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et je couvris son corps du mien, pour l’abriter de la pluie coupante. Puis je cachai mon visage sous mon
bras alors que le verre déchirait mes vêtements et ma peau.
Des cris et des bruits de pas résonnèrent dans la pièce. Je relevai le visage. Une vingtaine de
Chercheurs au moins surgirent par les fenêtres brisées, dans une vague d’acier étincelant et de flèches
sifflantes dirigées sur le Gardien. L’air autour de Bosque miroita et les projectiles rebondirent contre un
bouclier invisible. Il leva les bras. Les flammes dans la cheminée s’éteignirent et la lueur rouge
illuminant la pièce céda la place à de profondes ténèbres.
Quelques Chercheurs trébuchèrent et tombèrent ; d’autres s’arrêtèrent brusquement, essayant de se
repérer. Shay me poussa et se releva.
– Que s’est-il passé ?
– Des Chercheurs, sifflai-je. Plus que je n’en ai jamais vu.
Bosque rejeta la tête en arrière et hurla, faisant vibrer les livres sur les étagères. Je me couvris les
oreilles. L’obscurité de la pièce s’accumula en flaques distinctes qui s’élevèrent dans l’air, prenant forme
lentement. J’attrapai le bras de Shay, le souffle coupé.
– Est-ce que ce sont…? commença-t-il d’une voix tendue.
– Des spectres, murmurai-je. Pourtant c’est impossible.
– Pourquoi ? demanda-t-il, les yeux écarquillés, alors que les gardes de l’ombre descendaient sur les
envahisseurs.
Je repris mon souffle à grand-peine.
– Personne ne peut appeler plus d’un spectre à la fois. Ils sont trop difficiles à contrôler.
– Des spectres ! cria l’un des Chercheurs. Ethan, Connor ! Prenez le garçon et partez ! Les autres,
libérez-leur le passage.
Une Chercheuse hurla lorsque les vrilles noires s’enroulèrent autour de sa taille. Un autre sortit en vain
son épée pour se défendre du spectre qui l’engouffrait ; il émit des sons étranglés alors que son corps
disparaissait dans le voile noir.
– Allez ! Allez ! Allez ! hurla le premier Chercheur.
Le visage de Bosque se tordit de fureur. Les doigts crispés comme des serres, il désigna la porte de la
bibliothèque, tourna les mains et rejeta les bras en arrière. La porte s’ouvrit brusquement et la horde de
créatures qui attendaient sur le balcon se jeta dans la bataille, revenue à la vie. Les succubes et les
incubes crachaient et poussaient des cris stridents en volant dans la bibliothèque, soufflant des jets de
flammes. Les flèches des Chercheurs fendirent l’air. Plusieurs créatures ailées hurlèrent et tombèrent au
sol, des flèches garnies de plumes plantées dans leurs poitrines.
La chimère bondit dans la pièce et se jeta sur un Chercheur qui poussa un cri lorsqu’elle lui mordit
l’épaule, tandis que sa queue de serpent lui fouettait les jambes. Des pas traînants et des gémissements
annoncèrent l’arrivée des morts vivants qui se mêlèrent eux aussi à la bataille, la bouche grande ouverte,
les yeux vides et affamés. Certains Chercheurs lâchèrent leurs armes, hurlant à la vue de ces créatures
lentes et desséchées.
Bosque éclata de rire et agita les bras comme s’il dirigeait une symphonie. Le chœur de gémissements
augmenta en volume.
– Ne regardez pas les Perdus ! cria le premier Chercheur. Notre cible est tout ce qui compte !
– Monroe ! Le garçon est là !
Un homme se précipita vers nous. Je le reconnus aussitôt, même s’il ne saignait plus du nez.
Je lui montrai les crocs lorsqu’il brandit son arc.
– Pas le temps de discuter cette fois-ci, dit Ethan.
Je me transformai et je me jetai sur lui, mais deux carreaux d’arbalète se plantèrent dans ma poitrine et
me coupèrent le souffle. Entraînés par la force de mon saut, Ethan et moi roulâmes par terre. Je m’écrasai
contre un mur. La douleur remonta le long de ma colonne. Je sentis le sang couler sur mon ventre alors