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SHAY COURAIT DANS LES JARDINS DE ROWAN ESTATE LORSQUE je le rattrapai.
Je lui mordillai le talon. Tu es rapide. Je suis impressionnée.
De la neige scintillante le recouvrait. Il s’arrêta et se retourna vers moi. Est-ce que ça va ?
Je vais bien, répondis-je en le dépassant. Ne t’arrête pas, nous devons nous dépêcher.
Que s’est-il passé avec Ren ? demanda-t-il en m’emboîtant le pas.
Il va nous faire gagner un peu de temps.
Nous avons filé entre les haies sculptées et les fontaines en marbre, taries.
Tu es sûre que tu peux lui faire confiance ?
J’entendis de la colère sous cette question.
Oui. Ne t’inquiète pas pour ça, inquiète-toi seulement de nous sortir d’ici. On n’est pas encore tirés
d’affaire.
Nous reprîmes tous les deux notre forme humaine en atteignant les marches du manoir. Shay ouvrit la
porte, me prit la main, et nous courûmes dans l’escalier. Nos pas résonnaient dans les couloirs vides
alors que nous nous précipitions dans l’aile est, jusqu’à sa chambre. Le clair de lune se déversait par les
grandes fenêtres ; des ombres longues et grêles montaient et descendaient sur les murs, formant comme
des flaques d’encre sur le sol en marbre pâle. Tous mes nerfs hurlaient, mais je réussis à ne pas sursauter
quand nous passâmes devant les sculptures d’incubes.
Shay poussa la porte de sa chambre.
– Bon, prenons ce dont nous avons besoin, et fichons le camp.
Il sortit un sac de randonnée de son placard tandis que je faisais les cent pas près de la porte. Les
mains pleines de vêtements, il s’interrompit et me regarda.
– Tu veux m’emprunter un jean et un pull ? Ils seront trop grands mais ce serait sans doute mieux que ta
robe, dit-il en me détaillant des pieds à la tête. En revanche, tu vas devoir garder tes chaussures. Désolé.
Les joues brûlantes, je regardai ma robe, dont le bas était maculé de neige fondue et presque noir à
cause de la terre de la forêt.
– C’est bon, je porte des ballerines, elles ne me font pas trop mal. Mais oui, je veux bien me changer.
Il m’observa pendant un long moment, et la chaleur s’étendit de mes joues à mon corps entier, telles
des petites flammes léchant ma peau.
Finalement, il s’éclaircit la gorge et me lança un jean et un pull noir en laine d’agneau.
– Tiens, ceux-là ne sont pas très grands. Je… euh… Je vais tourner le dos pendant que tu te changes.
– D’accord, murmurai-je en me contorsionnant pour déboutonner ma robe.
Après trois tentatives ratées, j’ai poussé un juron, me demandant comment Bryn avait pu croire que
j’arriverais à m’extraire de cette robe. Alors, je pensai à Ren, et je rougis, partagée entre la culpabilité et
des désirs contraires.
– Ça va ? demanda Shay sans se retourner.
Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine.
– J’ai besoin que tu m’aides à déboutonner ma robe.
Je ne pouvais pas le voir, mais j’imaginais aisément son expression abasourdie.
– C’est une création de ma mère et Bryn m’a aidée à l’enfiler. Il y a un million de boutons minuscules,
que je n’arrive pas à attraper. Est-ce que tu voudrais bien me donner un coup de main, qu’on puisse s’en
aller, s’il te plaît ?