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NOUS AVANCIONS DANS LE LABYRINTHE DE PINS. LES BOIS S’ÉTAIENT éclaircis ; les rayons
de lune dessinaient des colonnes de lumière fantomatique qui transperçaient les ténèbres.
Shay courait si près de moi que sa fourrure effleurait la mienne. Où allons-nous ?
Où est Haldis ? Où est le livre ? demandai-je en remuant les oreilles. Les hurlements avaient cessé, et
la forêt baignait dans un calme terrifiant.
Chez moi. Je décelai la peur dans sa réponse. Nous devons aller les chercher, n’est-ce pas ?
Ce sont les seuls indices qu’il nous reste. J’aurais voulu que la forêt revienne à la vie, me rassure
avec ses bruits familiers. Mais il n’y avait rien, que du vide. Et vu que les Gardiens veulent mettre la
main dessus, nous devons les emporter aussi loin que possible.
Où ça ? Où irons-nous ?
Je ne sais pas. Mon univers était sens dessus dessous ; je ne possédais aucune réponse. N’importe où
ailleurs qu’ici.
Je pourrai vivre avec. On ne peut pas dire que cet endroit me réussisse très bien.
Je lui mordillai le flanc, joueuse, contente qu’il essaie encore de faire de l’humour. Même après les
horribles événements qu’il avait vécus ce soir, il tentait d’alléger mon cœur.
On les a semés ? demanda-t-il en sautant par-dessus un tronc tombé à terre. Je ne les entends plus
hurler.
Mon sourire intérieur s’envola à ce rappel du silence de la nuit, et je frissonnai.
Continue de courir.
Du coin de l’œil, j’aperçus un bref mouvement dans l’ombre. Ne sachant ce que c’était, j’accélérai. La
neige tournoyait autour de moi.
Calla ! Le cri d’alarme de Shay retentit dans mon esprit alors qu’une forme massive sortait d’entre les
arbres et se jetait sur moi.
Le souffle coupé, je me suis effondrée dans la poudreuse. Mon assaillant et moi avons roulé et roulé
jusqu’à ce que je me retrouve sur le dos, clouée au sol. L’instant d’après, le visage humain de Ren
apparut au-dessus de moi.
Abasourdie par l’apparition de l’alpha, toujours vêtu de son smoking, la cravate desserrée et la
chemise froissée, je repris ma forme humaine et je le dévisageai.
Ses doigts s’enfonçaient dans mes épaules, me retenant contre le sol.
– On m’a envoyé te tuer, Calla. Te tuer et ramener Shay. Tu peux m’expliquer pourquoi ? demanda-t-il
d’une voix brisée, terrifiée.
– Ren, dis-je d’une voix tremblante. Laisse-moi t’expliquer. Je peux tout t’expliquer.
Avant que je puisse continuer, un grognement s’éleva. Toujours en loup, Shay avançait vers nous, ses
yeux vert pâle fixés sur Ren, ses crocs aiguisés comme des lames de rasoir. Ren fronça les sourcils, puis
écarquilla les yeux et pâlit. Je me tendis, m’attendant à ce qu’il se transforme immédiatement et attaque
Shay, mais il n’en fit rien. Il se releva brusquement et s’éloigna de moi, ses yeux passant de mon visage
au nouveau loup.
– Tu l’as transformé.
Sa voix se mit à trembler.
Il trébucha comme s’il était aveuglé et tomba contre le tronc épais d’un pin. Ses doigts se plantèrent
dans l’écorce.