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– Sache que je serai juste derrière toi, dit-elle en me prenant le bras. Aucun membre de la meute ne
laissera la situation dégénérer.
– Vous n’avez pas le droit de participer, rétorquai-je en la laissant m’entraîner dans la forêt.
– Tu crois qu’ils seraient capables de nous arrêter si tu avais des ennuis ? demanda-t-elle en me
donnant un coup de coude, me soutirant un sourire.
– Merci.
– Et tu es magnifique, ajouta-t-elle.
– Je ressemble à une meringue.
– À une magnifique meringue.
Nos rires se transformèrent en nuages miniatures dans l’air froid de la nuit. Nous avancions dans
l’obscurité, Bryn me guidant le long d’un sentier que je ne connaissais pas, de plus en plus profondément
dans la forêt. Une fine couche de neige scintillait comme un tapis de diamants. Les bruits du bal
s’atténuèrent puis disparurent. J’ai profité de la sérénité de la neige immaculée, sachant que je la
tacherais bientôt du sang d’une créature. Je levai les yeux vers la lune, me demandant à nouveau quelle
serait notre proie lors de la mise à mort.
La Lune de Sang. La Lune du Chasseur. C’est une nuit pour tuer. Je laissai le clair de lune se déverser
sur moi, espérant qu’il attiserait ma faim. Mais mes instincts étaient enfouis sous ma peur.
– C’est encore loin ? demandai-je, mais je vis la lueur des torches avant que Bryn n’ait pu répondre.
Des flammes dansaient derrière les grands pins qui encerclaient la clairière comme les barreaux d’une
prison.
– Je dois y aller en premier, dit-elle en me serrant dans ses bras, m’abandonnant à l’extérieur du
cercle. Naomi a dit que tu saurais quand venir. Tout va bien se passer. N’oublie pas, tu es la meilleure.
– Bien sûr.
Mais je ne me sentais pas du tout la meilleure ; j’avais l’impression d’avoir un morceau de pudding à
la place de l’estomac.
– Et il paraît que les fiancées jouent souvent les divas dans ces cas-là, ajouta-t-elle en souriant. Alors
si tu veux, tu peux le faire attendre un peu ; ça lui fera du bien.
– D’accord. À tout à l’heure.
– Je t’aime, Cal.
Elle m’embrassa sur la joue et s’éloigna en direction des torches.
Je la regardai partir, m’efforçant de calmer les battements de mon cœur, de ralentir mon souffle. Je ne
faisais pas confiance à mes membres ; mon corps me semblait bizarre, déséquilibré, comme celui d’un
poulain apprenant à marcher.
Calla, tu sais que tu dois le faire. C’est pour ça que tu as été conçue. C’est ce que tu es.
Alors pourquoi avais-je envie de m’enfuir ? N’aurais-je pas dû être attirée par mon destin ?
Je posai les mains sur mon visage, essayant de me calmer. Un battement de tambour régulier s’éleva,
appelant les esprits dans le rituel. Prenant mes lourdes jupes dans ma main, j’ai commencé à me diriger
vers la clairière, pour apercevoir ce qui m’attendait.
L’odeur me figea sur place. Je regardai autour de moi, paniquée. C’était impossible. Et pourtant, elle
était reconnaissable entre toutes, cette odeur de pluie et de plantes tournées vers le soleil. Shay.
L’espace d’un instant, j’imaginai la cérémonie. Efron disant « Si quelqu’un s’oppose à cette union,
qu’il parle maintenant ou se taise à jamais », Shay sortant de l’ombre et m’arrachant des bras de Ren.
Je suis en train de perdre la tête. J’essayai de chasser cette odeur et cette vision délirante. Cela ne
pouvait pas être réel. Non seulement j’étais persuadée que personne ne pouvait s’opposer à l’union
pendant le rituel, mais Shay ne serait pas là pour me sauver. Impossible.
Néanmoins, quand j’inspirai à nouveau, l’odeur était toujours là, m’appelant dans les ombres de la
forêt, loin de la pinède. J’hésitai, déchirée entre l’obligation d’aller à la cérémonie et le besoin de savoir