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– C’est vrai que nous serons plus en sécurité si tu prends un peu tes distances. Surtout le temps que tu
ajustes tes instincts de loup. Quant au reste…
Mon cœur battait si fort que je m’entendais à peine parler. Lorsque je me tournai vers lui, il se tenait
juste derrière moi, les yeux brillants comme le printemps.
– J’appartiens à Ren, dis-je à contrecœur, voulant que Shay m’embrasse et que le reste du monde
disparaisse. Je ne peux rien faire contre ça.
– Tu n’appartiens qu’à toi-même, rétorqua-t-il avec calme. Et je suis prêt à attendre que tu le
comprennes.
Secouée, je sortis les notes qu’il m’avait données ce matin, refusant de penser au peu de temps qu’il
nous restait. Il regarda par-dessus mon épaule.
– Alors, qu’est-ce que tu en penses ?
– Rien de plus que ce que tu as déjà dit, dis-je en les lui tendant.
– Que signifie « l’enfant de la moisson », à ton avis ? demanda-t-il, les sourcils froncés.
– Qu’on a encore des recherches à faire.
– Attends, lança-t-il en poussant un livre devant moi. Je me suis dit que tu aimerais voir ça de tes
propres yeux.
Je l’ouvris et je fixai la page manuscrite. Les Annales d’Haldis. Les dates inscrites au-dessous du titre
correspondaient aux cinq premières années de ma vie.
– La mère de Ren ?
Il hocha la tête. Je feuilletai l’ouvrage en silence jusqu’à la bonne page. Shay resta assis tranquillement
pendant que je lisais, même s’il s’agita lorsque je refermai le livre en essuyant les larmes sur mes joues.
– Mes parents étaient là. Les Gardiens ont envoyé les Nightshade à la poursuite des Chercheurs. Mais
la meute ne savait pas… personne ne savait ce qui était arrivé à Corinne. Les Gardiens l’ont donnée à un
spectre.
– Calla, dit-il en tendant la main vers moi.
Je reculai, secouant la tête.
– Ça va aller, esquivai-je en me dirigeant vers l’escalier en spirale qui menait au balcon. Nous avons
du travail.
Environ vingt minutes plus tard, je revins les bras chargés de livres. Je les laissai tomber sur la table.
Puis, prenant le plus gros de tous, je fis un faible sourire à Shay, et je me mis à lire.
Nous étions assis l’un à côté de l’autre. Le silence de la bibliothèque était rompu de temps à autre par
le grattement d’un crayon sur le papier ou le froissement d’une page tournée. L’obscurité avait envahi la
pièce. L’horloge sonna le passage d’une nouvelle heure.
Je relus le paragraphe sur les rituels de Sabbat que je venais de parcourir.
– Hé !
Shay se frotta les yeux et bâilla.
– Tu as trouvé quelque chose ?
Je lus une autre page de l’ouvrage Grands rites.
– Peut-être. Quand est ton anniversaire ?
– Le 1er août, répondit-il sans relever les yeux.
Je tapai dans mes mains. Ce bruit le fit sursauter.
– Quoi ?
Je bondis sur mes pieds, tournant sur moi-même pour fêter ma découverte.
– C’est toi ! Tu es l’enfant de la moisson. Ce sont des termes interchangeables : le Scion et l’enfant de
la moisson sont une seule et même personne.
– Qu’est-ce que tu racontes ? Mon anniversaire est en plein été ; l’enfant de la moisson ne devrait-il
pas être né en automne, à l’époque des récoltes ?