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SHAY ME REGARDA M’ÉTENDRE SUR SON LIT.
Ses yeux passèrent sur mon corps comme une caresse hésitante.
– Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?
– Plus de questions, murmurai-je. Embrasse-moi, c’est tout.
Il sourit et s’allongea à côté de moi ; sa main courut sur la courbe de mes hanches.
– Tu es sûre ?
– Oui.
Je passai mes bras autour de son cou et l’attirai à moi.
Ses lèvres touchèrent les miennes et je m’abandonnai à cette étreinte, me pressant contre son corps. Ses
mains caressèrent mon cou, puis glissèrent sur ma poitrine ; le bruit de mon cœur était assourdissant. Ses
doigts se dirigèrent vers les boutons de ma chemise.
Un bouton défait. Deux. Trois.
Ses lèvres effleurèrent mon oreille.
– Tu veux que j’arrête ?
À bout de souffle, incapable de répondre, je secouai la tête.
Sa bouche descendit sur mon cou. Puis plus bas.
Quelque part, dehors, j’entendis gronder le tonnerre.
Non. Pas le tonnerre.
Ce grondement, quoique très sourd, était beaucoup plus proche que l’orage.
Mes yeux glissèrent jusqu’au couloir, derrière la porte ouverte de la chambre.
Quelque chose se cachait dans l’ombre. Des yeux, tels des charbons ardents.
Ren continua de grogner en sortant du voile de l’obscurité qui avait camouflé sa fourrure gris foncé.
Je tentai de parler, en vain. Mes doigts se refermèrent sur le bras de Shay. Il releva les yeux et sourit.
– Je t’aime.
À ce moment-là, Ren se ramassa sur lui-même et s’élança en avant, mettant Shay à terre.
Alors qu’ils roulaient au sol, les mâchoires de Ren se refermèrent sur le cou de Shay.
J’entendis le bruit de la peau qui se déchire, le craquement des os, et je fermai les yeux.
Lorsque je les rouvris, Ren avait repris forme humaine. Il était accroupi au-dessus du corps immobile
de Shay.
Il se tourna vers moi.
– Je n’avais pas le choix, dit-il calmement. Tu es à moi.
– Je sais, chuchotai-je, sans bouger, alors qu’il s’approchait de moi. Je suis désolée.
Il se pencha et m’embrassa de ses lèvres encore humides du sang de Shay. Ce goût embrasa mes
veines. Je gémis, l’attrapai par sa chemise et l’attirai vers moi. Du coin de l’œil, je voyais le cadavre de
Shay qui miroitait, ne cessant de se transformer. De garçon à loup, de peau à fourrure, s’enfonçant dans
une flaque de sang, dans une transformation continue. Jusqu’à ce que, enfin, il disparaisse de ma vue.
Mes yeux s’ouvrirent. J’agrippai mon ventre noué, ravalant la bile qui me montait dans la gorge. La
pièce tourna plusieurs fois avant de se stabiliser. Je fixai le plafond de ma chambre ; mon exemplaire tout
abîmé des Garennes de Watership Down était ouvert sur ma poitrine. En quête de réconfort, j’en avais lu
quelques pages avant de m’endormir. Mon téléphone vibrait furieusement sur ma table de nuit. Je
l’attrapai et je consultai l’écran. Shay Doran.