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– C’est ma mère qui l’a tricotée pour moi.<br />
– Je me souviens, dis-je en passant les doigts sur le doux tissu torsadé. Tu m’as dit que c’était la seule<br />
chose qui te reste d’elle.<br />
Il me prit la couverture des mains.<br />
– Quelque chose ne va pas ? demandai-je, craignant de l’avoir <strong>of</strong>fensé en la sortant de la malle.<br />
– Je ne sais pas, murmura-t-il. C’est bizarre.<br />
– Quoi ?<br />
– La couverture. On dirait… qu’elle a une odeur différente. Et pourtant elle n’est pas proche de mon<br />
nez.<br />
– Oh, fis-je en hochant la tête. Son odeur est la même, c’est toi qui as changé. Ton odorat est be<strong>au</strong>coup<br />
plus développé. Tous tes sens sont plus aiguisés désormais.<br />
Il plissa le front, porta la couverture à son nez, inspira pr<strong>of</strong>ondément. Je me levai d’un bond en le<br />
voyant fermer les yeux et tituber en étouffant un cri.<br />
– Shay ? demandai-je en lui prenant le bras. Que se passe-t-il ?<br />
– Je…, commença-t-il d’une voix chargée d’émotion. Je me souviens… Je revois son visage. Je me<br />
rappelle son rire.<br />
– Oh, Shay, murmurai-je en l’attirant à moi.<br />
Il ouvrit des yeux pleins de souvenirs.<br />
– Ça ne peut pas être réel.<br />
– Si. Les odeurs et la mémoire sont intimement liées. Tes sens de Protecteur ont libéré <strong>ce</strong>s souvenirs.<br />
– Peut-être, dit-il, les sourcils froncés.<br />
– Ça t’a paru réel ? Familier ?<br />
– Plus que tout.<br />
– Alors c’est bien ta mère.<br />
Il tordit la couverture entre ses mains.<br />
– Attends une seconde… Non, impossible.<br />
– Shay ?<br />
Il me prit la main et m’entraîna dans le couloir.<br />
– Quoi ? demandai-je alors que nous retournions à toute allure sur le palier.<br />
Il ne répondit pas et s’arrêta devant la grande porte en bois qui menait à la bibliothèque. Il sortit de sa<br />
poche de jean un objet qui ressemblait à un coute<strong>au</strong> suisse et l’introduisit dans la serrure. J’entendis un<br />
clic et la porte s’ouvrit.<br />
Il entra sans rien dire. Je le suivis d’un pas hésitant, tout en parcourant des yeux la bibliothèque. C’était<br />
de loin la piè<strong>ce</strong> la plus grande que j’avais jamais vue, à l’ex<strong>ce</strong>ption du gymnase du lycée. Elle s’élevait<br />
sur deux étages. Trois des murs comportaient des étagères encastrées allant du sol <strong>au</strong> plafond. Un escalier<br />
en fer forgé, en spirale, menait <strong>au</strong> balcon qui entourait le tiers supérieur des rayonnages. Je n’avais<br />
jamais vu <strong>au</strong>tant de <strong>livre</strong>s.<br />
Pas étonnant que Shay n’ait pas résisté à la tentation d’y entrer. Magnifique et terrifiante, la<br />
bibliothèque semblait trop parfaite pour être sûre, comme une plante carnivore attirant les insectes grâ<strong>ce</strong><br />
à ses fleurs vives.<br />
– C’est incroyable, soufflai-je.<br />
Shay regardait le seul mur qui n’était pas couvert de <strong>livre</strong>s. De grands vitr<strong>au</strong>x encadraient une immense<br />
cheminée, assez grande pour que deux adultes puissent s’y tenir debout, et <strong>au</strong>-dessus de laquelle était<br />
pendu un portrait.<br />
Contrairement <strong>au</strong>x portraits grotesques alignés dans les couloirs de Rowan Estate, <strong>ce</strong>lui-ci semblait<br />
plus traditionnel, même si ses sujets arboraient une expression grave, presque sévère. Une femme vêtue<br />
d’une robe blanche et simple était assise dans un f<strong>au</strong>teuil. Ses cheveux, de la couleur du chocolat noir,