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– Oui.
Il retira vivement sa main.
– Bon sang.
– Bon, et où nous mène cette visite, au fait ?
Je voulais m’éloigner de cette statue.
– Je pensais te montrer ma chambre, dit-il avec un sourire timide. Elle est au bout du couloir.
Il me conduisit jusqu’à la dernière porte sur la droite mais hésita.
– Alors ?
– J’essayais juste de me rappeler à quand remonte la dernière fois que je l’ai rangée.
– Le personnel de Bosque ne s’en charge pas pour toi ? rétorquai-je en lui donnant un petit coup dans
les côtes, un sourire aux lèvres.
– Ils pourraient, mais je leur ai demandé de ne pas le faire. Je n’ai pas envie que des inconnus fouillent
dans mes affaires.
– Surtout si ton livre de chevet est un ouvrage interdit.
– Oui, il y a ça aussi.
Il sourit et ouvrit la porte.
Sa chambre était à mi-chemin entre une chambre rangée et une chambre en bazar. Des piles de livres
s’élevaient sur le lit, et deux pulls étaient abandonnés sur une chaise en bois. La Guerre de tous contre
tous était posée, ouverte, sur un secrétaire ancien. Juste à côté, Haldis émettait une lueur terne à la
lumière de l’après-midi. Mais on voyait le sol, et il n’y avait pas de montagnes de vêtements sales en
équilibre précaire, comme dans ma chambre.
– Pas trop mal, dit Shay en passant la pièce en revue.
– Si c’était ma chambre, je parlerais d’une nette amélioration.
– C’est bon de savoir que je n’ai pas choqué une obsédée du ménage.
Je ris, et il s’approcha de moi, passant la main dans ses cheveux.
– Alors…, murmura-t-il.
Soudain, l’atmosphère se chargea d’électricité. J’avais conscience aiguë que Shay et moi étions seuls
dans sa chambre. Reprends-toi, Cal. Tu ne peux pas contrôler tes hormones pendant cinq minutes ?
Je passai la pièce en revue, troublée, essayant de briser la tension. J’avais beau vouloir qu’il me
touche, j’étais moins encline à prendre des risques depuis ma dispute avec Ren. Mes yeux se posèrent sur
une grosse malle à moitié cachée sous un jean.
– Qu’est-ce que c’est ? demandai-je en m’approchant.
– Rien de spécial, dit-il en me suivant. Juste des trucs que j’ai récupérés et que j’ai gardés avec moi au
fil des ans.
Je lui fis un sourire malicieux.
– Je ne te crois pas.
– Hé ! s’écria-t-il, en essayant d’attraper mon bras lorsque je me suis agenouillée près de la malle,
soulevant le loquet et le lourd couvercle.
Mais il n’avait pas été assez rapide.
J’éclatai aussitôt de rire.
– Il n’y a que des bandes dessinées.
– Oui, dit-il en réarrangeant les piles de livres. Mais ce sont toutes de très bonnes bandes dessinées, et
certaines sont très rares.
J’en feuilletai quelques-unes. Alors que je soulevais un tas, mes doigts effleurèrent quelque chose de
doux. Je fronçai les sourcils, repoussai les BD et enfonçai les doigts dans un tissu pelucheux. Lorsque je
sortis la main de la malle, je tenais une délicate couverture en laine.
Shay s’éclaircit la gorge.