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– Ne sois pas vulgaire, Calla, répondit-elle brusquement. C’est inconvenant.
– Tu vas le dire à papa ?
– Bien sûr que non. Il déteste déjà assez Émile comme ça, et tu as entendu ce qu’ont dit nos maîtres.
Notre coopération revêt une importance vitale ces temps-ci. Nos hommes ne peuvent pas se déchirer au
moment où nous essayons de mettre en place de nouvelles défenses. Ils peuvent se montrer si bêtes.
– Bêtes ?! Personne à part papa n’est autorisé à te toucher !
– Aucun homme inférieur n’est autorisé à me toucher. Là, il s’agit d’alphas rivaux. J’espère que tu
n’auras jamais à vivre ça. Émile saisit la moindre opportunité de provoquer ton père. Il a toujours voulu
prouver qu’il était l’alpha dominant des deux meutes. Ça n’a fait qu’empirer depuis le meurtre de
Corinne.
– Mais…
– Ça suffit, Calla, lâcha-t-elle en se tournant vers moi, la main levée. C’est terminé.
– Alors c’est ça, la finesse ? demandai-je, incapable de dissimuler mon indignation. Se comporter
comme une prostituée avec n’importe quel homme qui te rend visite au petit salon ?
Je me retrouvai par terre avant même d’avoir réalisé qu’elle m’avait frappée. Ma joue m’élançait.
Debout au-dessus de moi, ma mère avait encore le poing serré.
– Écoute-moi très attentivement, Calla. Je l’ai dit une fois, et je ne veux pas me répéter. Émile n’est
pas n’importe quel homme. Il est l’alpha Bane. On ne peut pas contrarier un mâle alpha, même quand on
appartient à un autre alpha. Ce serait risquer sa vie. Tu me comprends ?
J’étais trop hébétée pour parler.
– Tu me comprends ?
Je ne lui avais jamais vu un regard aussi dur.
– Oui, mère, chuchotai-je.
– Tu dois être fatiguée.
En un clin d’œil, elle changea d’expression, devenant la bienveillance même.
– Quand j’aurai terminé ici, je te préparerai une camomille et je te ferai couler un bain moussant. Une
grosse journée t’attend demain, ajouta-t-elle.
Je hochai la tête et je gravis l’escalier, sous le choc. La porte d’Ansel était fermée, de la musique s’en
échappait. Ma mère devait l’avoir envoyé à l’étage lorsque les Gardiens étaient arrivés. Il n’a rien
entendu.
J’envisageai de frapper, mais je préférai aller dans ma chambre, et laisser mon petit frère à ses rêves
de romance et d’amour véritable un peu plus longtemps. Je fermai ma porte et je me mis à pleurer, me
demandant de combien de temps je disposais avant que ma mère n’arrive avec mon infusion, et avant que
les Gardiens ne réalisent à quel point je les avais trahis.