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– Il y a quelque chose à l’intérieur ? demandai-je.
Il le secoua, l’approcha de son oreille.
– Non, mais ce n’est pas complètement creux non plus. Je ne sais pas ce que c’est.
– Bon, on le découvrira plus tard. Pour l’instant, on doit redescendre avant que la prochaine patrouille
arrive.
Je passai mon bras sous le sien et l’entraînai vers la sortie.
– Est-ce qu’ils vont suivre nos traces ? s’inquiéta-t-il.
– Ça m’étonnerait. Ils ne vont pas reconnaître ton odeur. Ils croiront que c’est un loup normal qui est
passé par là.
– Cool.
Quand nous arrivâmes à l’entrée de la grotte, je me transformai en loup. Shay m’imita. Il secoua son
collier en me regardant, les yeux interrogateurs.
Viens, c’est le moment de courir. Je lui mordillai l’épaule pour jouer.
Il aboya et s’éloigna d’un saut, sans me quitter des yeux. Ses oreilles remuèrent et il gémit en donnant
des coups de patte dans la neige.
Je l’observai un moment et puis je compris.
Si tu as besoin de parler, concentre-toi sur ta pensée et envoie-la-moi.
Sa réponse hésitante pénétra tranquillement dans mon esprit.
D’accord.
Je lui fis un sourire de loup, la langue pendante, puis je me retournai et m’éloignai en direction de la
couverture des arbres. Je jetai un dernier coup d’œil derrière moi pour m’assurer qu’il me suivait. Il était
sur mes talons. Nous nous élançâmes dans la forêt, plongeant dans la poudreuse fraîche et profonde,
dévalant la pente comme si nous avions des ailes, franchissant d’un saut les cascades gelées, soulevant un
nuage de neige derrière nous. C’était comme si nous remontions le temps, de l’hiver à l’automne.
J’ai l’impression que je pourrais courir sans jamais m’arrêter, dit Shay, émerveillé.
Je glapis et donnai une accélération, me délectant de la puissance de mes membres.
La nuit enveloppait le bas de la montagne lorsque nous arrivâmes devant la camionnette de Shay. De
fins nuages gris voilaient à peine la lune vive, qui projetait ses rayons fantomatiques sur les pins.
Il changea de forme et s’approcha de sa Ford Ranger, cherchant ses clés dans sa poche. Elles tintèrent
dans ses mains lorsqu’il se tourna vers moi. Je repris forme humaine et j’allai le rejoindre.
– Je te ramène chez toi ?
Je regardai la lune, réprimant un soupir en me rappelant l’invitation de Ren à réguler la population de
cerfs.
– Je préfère courir. Avec tout le temps que nous avons passé à la bibliothèque, le grand air me manque.
Il me sourit.
– Oui. C’était incroyable. Tu dois tout le temps avoir envie d’être dehors.
– Je suis contente que ça te plaise, dis-je en m’approchant de lui.
Malgré sa transformation, il exhalait toujours cette odeur que j’aimais tant, celle des feuilles nouvelles,
qui contrastait vivement avec le parfum capiteux de la nuit d’automne.
– Je ne t’ai pas remercié de m’avoir sauvé la vie.
– Tu as sauvé la mienne à deux reprises, alors je t’en dois encore une, rétorqua-t-il en riant. Mais je ne
tiens pas vraiment à égaliser. Je préférerais que tu ne te retrouves plus au seuil de la mort, si c’est
possible.
– On est d’accord.
Je levai les yeux sur lui. Il observait mon visage, ses iris verts baignés de lune.
Il me caressa la joue.
– Tu veux rentrer chez toi ? demandai-je en prenant ses doigts dans ma main, laissant mon visage