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l’autre pièce lorsqu’il me prit la main. Je le regardai. Il souriait.
– On fait ça ensemble.
Il m’attira à lui et nous franchîmes les derniers centimètres à petits pas.
Le tunnel s’ouvrait sur une grande pièce de forme sphérique. Des vagues de lumière rouille, ocre et
écarlate ondulaient sur les murs. Je me rendis compte qu’ils étaient recouverts de cristaux qui reflétaient
les nuances innombrables du rouge émanant du centre de la pièce.
Au milieu de celle-ci se trouvait une femme. Elle flottait plutôt qu’elle ne tenait debout, sa silhouette
fantomatique miroitant dans la lumière chaude. Je me raidis lorsque ses yeux se posèrent sur nous. Mais
elle souriait. Son regard s’arrêta sur Shay et elle tendit les mains vers lui, lui faisant signe d’approcher.
Bouché bée, je tentai de lui attraper le bras lorsqu’il lâcha ma main pour aller rapidement la rejoindre.
Mais c’était trop tard. Lorsqu’il prit les deux mains de la femme dans les siennes, je voulus lui hurler de
faire attention, mais mon corps, de ma langue à mes orteils, était paralysé.
La lumière se mit à vaciller puis s’intensifia si rapidement que je me couvris les yeux de la main. Tout
à coup elle s’éteignit, nous plongeant dans le noir. Je sursautai lorsque Shay ralluma sa lampe frontale.
Puis, je me ruai vers lui, terrifiée à l’idée qu’il ait été blessé.
– Que s’est-il passé ? m’exclamai-je en examinant son corps à la recherche de blessures. Pourquoi astu
couru vers elle comme ça ?
Il me regarda d’un air étonné.
– Tu ne l’as pas entendue ?
– Entendu quoi ? demandai-je, craignant toujours que cette femme étrange lui ait fait du mal.
Une expression émerveillée apparut sur son visage.
– C’était tellement beau. Elle a chanté, et la mélodie était celle d’une chanson que je connais depuis
toujours, mais que je n’avais pas entendue depuis des années.
– Qu’est-ce qu’elle a dit ?
– « Puisse le Scion porter la croix, murmura-t-il. La croix est le point d’ancrage de la vie. Ici repose
Haldis. »
– Ici repose Haldis ?
Ça n’avait aucun sens.
Il baissa les yeux et je suivis son regard. La lumière de la lampe éclairait directement ses mains. Elles
n’étaient pas vides. Un cylindre long et étroit, recourbé de chaque côté, reposait sur ses paumes. À la
lumière, l’objet reflétait la multitude de nuances qui avaient scintillé sur le mur de la grotte.
– Qu’est-ce que c’est ? interrogeai-je, les sourcils froncés.
– C’est Haldis, répondit-il d’une voix envoûtée.
– Euh, oui. Mais c’est quoi ?
– Je ne sais pas. Ça ne pèse pas lourd, et c’est tiède. Comme si c’était plein d’énergie.
– Vraiment ?
Je tendis un doigt. À peine avais-je touché l’objet que je ramenai ma main vers moi en jurant.
– Calla ? appela-t-il d’une voix inquiète.
– Ça m’a fait mal, dis-je en regardant le cylindre, mon doigt palpitant encore de douleur. Très mal.
Comme s’il m’avait mordu. Je suppose que tu es le seul à pouvoir le toucher.
– Seulement moi ?
Il referma les doigts autour d’Haldis, dans un geste protecteur, et le tourna dans ses mains pour mieux
l’examiner.
– Intéressant, dit-il.
– Qu’est-ce que c’est ? rétorquai-je en me penchant par-dessus son épaule.
– Il y a une ouverture à un bout. Comme une fente.
Il inclina le cylindre pour me la montrer.