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Je regardai de plus près les piles d’os et je frissonnai. Le crâne énorme d’un ours me souriait.
– Calla.
J’entendis le murmure de Shay en même temps que le bruit d’un grattement.
Mes yeux parcoururent la grotte, mais je ne voyais rien dans l’obscurité. Le grattement se rapprochait.
Je gémis. Mes yeux suivaient la lumière qui allait et venait sur le sol.
Je venais de faire un pas lorsque le cri perçant de Shay résonna dans la grotte.
– Calla ! Au-dessus de toi ! Bouge !
Je me jetai en avant, et j’entendis une chose massive heurter le sol à l’endroit précis où je m’étais
tenue une seconde plus tôt.
– Oh mon Dieu ! s’exclama Shay, choqué.
Je fis volte-face en grondant.
L’araignée recluse me contemplait avec trois paires d’yeux brillants comme des flaques d’huile. Ses
longues pattes maigres étaient couvertes de poils soyeux et fins, et elles se mirent à trembler alors que
l’araignée se concentrait sur sa proie. Je reculai en lui montrant les crocs, essayant de paraître menaçante
malgré ma terreur. Elle était énorme, presque de la taille d’un cheval.
Son abdomen palpitait. Je sautai de droite à gauche, afin qu’elle garde son attention fixée sur moi. Elle
se précipita en avant à une vitesse incroyable. Je sentis une de ses huit pattes effleurer mon dos lorsque je
fis un bond sur le côté pour l’esquiver. Je tournai en rond, sachant que l’araignée était juste derrière moi.
J’entendais le raclement de ses pattes sur le sol en pierre. Le cœur battant à tout rompre, je me creusai la
tête pour trouver un plan d’attaque. Les loups n’avaient pas d’instinct naturel quand il s’agissait de tuer
des insectes mutants. Cette créature ne ressemblait en rien aux adversaires que j’avais affrontés dans le
passé.
Je décidai d’essayer de la blesser en attendant de trouver un coup fatal. Ma volte-face subite surprit
mon adversaire. Ses deux pattes de devant se levèrent et je bondis, attrapant l’un des membres entre mes
crocs et serrant les mâchoires. La patte grêle se brisa et je l’arrachai. Lorsque je retombai au sol et que je
lui fis face à nouveau, ses six yeux luisaient de douleur. L’immense créature tressautait, se préparant à
attaquer à nouveau. Son silence était plus terrifiant qu’un hurlement.
Elle se dressa sur ses pattes et chargea. Je sautai sur le côté, mais pas assez rapidement. Je m’écrasai
sur le sol en pierre froid, contre lequel me maintinrent deux des pattes de l’araignée. Je tendis le cou,
essayant de me défendre, de mordre ses pattes. Tremblante, je vis sa tête descendre vers mon épaule. Les
bruits de ma lutte désespérée se transformèrent en gémissement lorsque j’aperçus ses crochets. Mes
mâchoires se refermèrent sur une de ses pattes au moment où sa morsure perçait mon flanc.
Un son sourd précéda un bruit de déchirement, puis de succion. L’araignée lança une ruade, me
relâchant, et je m’écartai difficilement. Un liquide pâle et bleuâtre s’échappait des trous béants que Shay
avait creusés avec ses piolets. Furieux et déterminé, il frappa encore et encore le dos sans protection de
la créature. Folle de douleur, la recluse essaya de s’en prendre à son agresseur. Je m’élançai et lui
arrachai une autre patte. Elle chancela. Son sang bleu jaillissait sur le sol de la grotte. Les pattes de la
créature s’écartèrent, elle s’écroula et se mit à convulser. Shay courut jusqu’à elle et, les mâchoires
serrées, abaissa ses piolets entre les deux yeux centraux de la créature. Après un dernier sursaut, elle
s’immobilisa.
Shay poussa un long soupir et recula. Ses doigts tenaient fermement les poignées des piolets, et les
veines de ses bras saillaient. Je reniflai et tendis l’oreille, mais tout signal de danger imminent avait
disparu. Je changeai de forme et je me tournai vers lui.
Il écarquilla les yeux en me voyant abandonner ma position défensive.
– Tu es sûre qu’il n’y en a pas d’autre ?
– Oui, elle était seule.
Je me frottai le dos à l’endroit où les crochets de l’araignée avaient percé ma peau. Je sentis un filet de