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SHAY ÉTAIT ADOSSÉ À SA FORD RANGER. IL ME FIT UN PETIT SIGNE quand j’apparus puis se
mit à fouiller dans son coffre, d’où il sortit une paire de piolets, qu’il attacha sur son dos.
Je changeai de forme quand je le vis essayer de réprimer un sourire.
– Quoi ?
– Je pensais simplement à la dernière fois que je suis venu ici, dit-il en resserrant les lacets de ses
chaussures de randonnée. Je me suis réveillé dans ma camionnette. J’ai cru que je m’étais endormi avant
même de faire mon excursion et que tout n’avait été qu’un rêve.
Je me penchai en avant, étirant les muscles de mon dos.
– Oui, c’était le but de la manœuvre.
– Tu m’as assommé et tu m’as traîné jusque-là, n’est-ce pas ?
– Je ne t’ai pas traîné, je t’ai porté.
Il rit et secoua la tête.
– Merci, alors. Prête ?
Shay s’avéra être un bon grimpeur, progressant avec grâce et régularité tandis que je bondissais devant
lui à travers les bois. Nous ne dûmes nous arrêter qu’une seule fois pour qu’il puisse fixer des crampons
à ses chaussures avant d’escalader un passage particulièrement gelé, que je franchis en deux grands sauts.
Sa paire de piolets était restée sur son dos pendant toute notre ascension.
Alors que nous approchions de la grotte, j’ai accéléré le rythme. La tête près du sol, je fis les cent pas.
Je ne pus empêcher un gémissement plaintif de s’échapper de ma gorge.
Shay m’a rejointe péniblement.
– Ça va aller, Calla.
Je repris ma forme humaine, ne cessant de piétiner dans la neige en regardant cette ouverture sombre
dans le flanc de la montagne, qui ressemblait à une bouche immense prête à nous avaler.
– Je n’en suis pas entièrement convaincue. Et si quelqu’un se rend compte que nous sommes venus ici ?
– Comment ça pourrait-il arriver ?
– Mon odeur, Shay. Si un Protecteur entre dans la grotte, il saura que je suis venue.
– Mais tu as dit que personne ne pouvait y entrer. Je pensais que c’était interdit.
– C’est le cas, mais…
– Tu veux faire demi-tour ?
Je le regardai, puis je regardai la grotte. À ce que j’en savais, aucun Protecteur n’avait jamais posé la
patte à l’intérieur. Pourquoi cela changerait-il aujourd’hui ?
– Alors, on le fait ou pas ? demanda-t-il
– On le fait, dis-je, chassant mes doutes.
Il posa son sac à dos et en sortit une lampe frontale. Nous avançâmes lentement dans la grotte, sa lampe
éclairant faiblement l’obscurité. Le souterrain semblait ne jamais vouloir s’arrêter.
Lorsque la lumière du dehors ne fut plus qu’une faible lueur, je me figeai, frappée par une odeur
étrange. Je repris ma forme de loup, reniflai l’air une nouvelle fois. Elle était bien là, distincte mais
inconnue, mélange de bois pourri et de gasoil. Je baissai la tête et m’avançai ventre à terre. Shay fit un
pas hésitant, balayant la caverne avec la lumière de sa lampe. Nous vîmes les os au même moment. Les
poils hérissés, je m’aplatis contre terre.
Éparpillés sur le sol de la grotte se trouvaient les restes blanchis d’animaux, principalement des cerfs.