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marmonnait des mots inintelligibles, serrant les dents, essayant de dominer Shay. Mais il n’avait pas sorti
d’arme.
– Allez, petit, siffla-t-il. Je ne vais pas te faire de mal. Laisse-moi une chance de m’expliquer. Connor,
viens par ici et donne-moi un coup de main.
Pour toute réponse, Shay lui donna un coup de poing dans la mâchoire. Puis un autre en pleine figure.
– Je suis sérieux, petit, reprit le Chercheur en crachant du sang, d’une voix soudain pâteuse et nasale.
J’ai compris que Shay lui avait cassé le nez.
– Nous sommes là pour t’aider.
– Arrête de tourner autour du pot, Ethan. On n’a pas le temps de discuter. Défends-toi. Un coup à la tête
ne va pas le tuer.
Le dénommé Connor me quitta des yeux pendant une seconde et j’en profitai pour m’élancer en avant,
me glissant sous ses lames aiguisées.
Il jura, se tourna pour me suivre, mais je contournai la table en direction de Shay. Ethan leva un bras, si
bien que mes mâchoires se refermèrent sur son biceps et non sur sa gorge. Il hurla, essayant de se
dégager, mais j’enfonçai mes crocs plus profondément et tirai dans le sens opposé. Shay bondit sur ses
pieds et courut de l’autre côté de l’étagère.
– Lâche-le, sale chienne ! hurla Connor.
Je m’éloignai d’Ethan lorsque Connor plongea sur nous. Dans l’élan, il tomba lourdement sur son
compagnon. Ethan poussa un cri, avant que le choc lui coupe le souffle.
– Pousse-toi, Calla ! s’écria Shay.
Je fis un bond sur le côté et une avalanche de livres se déversa sur les deux Chercheurs. Je sentis un
courant d’air passer entre mes poils lorsque les étagères s’écrasèrent à quelques centimètres seulement
de moi.
Je regardai Shay, puis je changeai de forme, et je me précipitai vers lui, secouant la tête en voyant son
petit sourire suffisant.
– Tu es blessé ? demandai-je en l’examinant de haut en bas.
– Quoi ? Pas de baiser ? répliqua-t-il en désignant l’amoncellement de livres, de bois et de Chercheurs
inertes. Je suis un héros.
– Tu es impossible.
– J’essaie seulement de te prouver que je suis aussi fort que ton loup. Récupérons le livre et partons
d’ici.
Shay sauta par-dessus le fouillis, glissa le livre dans son sac à dos, attrapa mon sac, puis se dépêcha
de revenir vers moi.
Des bras et des jambes sortaient de sous les livres, et je vis un doigt remuer.
– Je devrais vraiment les tuer, murmurai-je.
– Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée, dit Shay en pointant le pouce vers la section centrale
de la bibliothèque. Nous allons bientôt avoir du public.
– Il y a eu un bruit terrible. Ça venait de là-bas derrière.
Un lecteur apparut, stupéfait, suivi de la bibliothécaire.
– Oh mon Dieu ! s’écria l’homme en laissant tomber ses lunettes de lecture. Il y a quelqu’un coincé làdessous
?
– Appelez les urgences ! Vous avez vu ce qui est arrivé ? nous demanda la bibliothécaire.
Elle pressa les mains sur sa poitrine et j’eus peur qu’elle ne fasse une crise cardiaque.
– Vous les connaissez ?
L’homme avait sorti son téléphone, mais continuait de fixer le tas de livres, incrédule. La
bibliothécaire lui arracha l’appareil des mains et se mit à composer le numéro en marmonnant. Pas de
crise cardiaque, juste une comédienne.